Phoebe Fudging Parker. Alcatraz doit trouver un moyen de s’en débarrasser ! C’est pour une question de vie ou de mort. Elle est blindée en du béton armé, est aussi têtue qu’une mule et comble de son malheur ; bien qu’il donne le meilleur de lui-même pour la mettre hors de ses gonds, elle semble désormais vaccinée contre sa connerie légendaire. PIRE ENCORE… l’élève dépasse le maître et pour Alcatraz c’est une pilule qui s’avale difficilement. Des siècles et des siècles qu’on l’a élu grand souverain des illusions, qu’il tourmente moult âmes en perditions par le biais de celles-ci, mais voilà qu’il se casse le nez sur l’endurance de cette Phoebe Fudging Parker ! Une épine à son pied. Une peau de banane sur laquelle Alcatraz glisse constamment. À quoi bon être un Géni du Mal, si le méphistophélique pouvoir de ce dernier s’avère aussi utile qu’un fucking hot-dog dans un trench coat ?! Tu vois, faible créature humanoïde que tu es, l’ascendance qu’elle peut avoir sur lui ?!? Le voilà enguirlandé en des expressions saugrenues qui ne veulent absolument rien dire. Un hot-dog dans un trench coat… franchement !
- Relish, ketchup et moutarde. Dans les deux, s’il vous plaît, qu’il avise, le démon féroce, faisant le pied de grue au salut de ce petit chariot fumant comme un sauna et aux arômes de saucisses fumées si alléchantes que cela lui ouvre en le trou funèbre du bid’ une faim et appétit d’ogre. Ce besoin vital qu’est de manger, claquemuré sous cette enveloppe charnelle, Alcatraz s’y accommode plus ou moins bien. Et aussi nous pouvons comprendre l’origine de cette expression comprenant un hot-dog et le fameux trench coat.
Le vendeur, franchement quelconque avec sa moustache et son tablier, accaparé à beurrer de garniture les deux saucisses fichées en deux pains se permet une curieuse œillade à l’égard de son client. Séduisant, jeune, dans la fleur de l’âge, il est le genre de gus que volontiers le monde aime se pâmer à ses pieds et pourtant celui-ci semble s’être pris dans les filets d’une indicible tourmente alors le marchand hasarde :
- C’est à cause d’une fille, n’est-ce pas ?
- Hin ?! qu’il s’étonne, Alcatraz, une moue estomaquée lui constipant sa gueule d’ange alors qu’il appose ses huileuses diaphanes en le regard inquisiteur de son interlocuteur.
- T’as pas l’air dans ton assiette, mon p’tit. Alors je me demandais si ce n’était pas à cause d’une fille. Elles sont douées, pour ça.
- Pour quoi ?
- Nous tourner en bourrique. J’te raconte pas ce que m’a fait endurer ma femme et combien de temps cela m’a pris avant de réussir à l’inviter à sortir avec moi. L’amour, vois-tu, mon p’tit, c’est comme une fleur. Ça prend du temps, du soleil, des soins, pour qu’il s’épanouisse. Il ne faut pas lâcher l’affaire. Tout arrive à point à qui sait attendre.
- Uh-hun…
- T’es sceptique ?
C’est pas qu’il est sceptique, Alcatraz. Juste qu’il doute que ces conseils de psy de macadam puissent être propice pour une histoire de malédiction satanique et de vœux qu’une stupide humaine bornée s’entête à ne pas vouloir formuler et ainsi le contraint à s’enchaîner à elle comme un vieux chien galleux. Point d’amour entre eux. Qu’un désire fou et essoufflant de se débarrasser d’elle. Peu importe le prix.
- Les cadeaux. T’as déjà pensé à lui offrir un petit quelque chose ?
Là ça fait tilte entre ses deux biscuits. Maiiiiisssssss ouiiiii ! Absolument. Pourquoi il n’y a pas songé plus tôt ? Phoebe Fudging Parker est peut-être désormais immunisée contre ses illusions, mais elle demeure vulnérable à tout ce qui est palpable et réel. Elle fera moins les fières, une fois qu’elle aura déballé cette jolie boîte de tarentules qu’Alcatraz se prévoit d’acheter… une fois cassé la croûte !
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De long, en large et à travers, le démon féroce a passé au crible les Everglades. Choper des bestioles à sang froid, du temps où il était de cuivre, d’agilité et d’invincibilité drapé, il le faisait avec les doigts dans le nez. Mais calfeutré en les faiblesses de cette alcôve de chairs aussi suave que le cul d’un mioche, cela ne complique non seulement la donne, mais castre et pas qu’un peu tout élan de virilité. Armé d’un filet, dans la cambrousse, il a seulement l’air d’un p’tit gars pas habile qui cherche et traque des papillons. HORS ce qu’Alcatraz veut se sont des araignées et serpents. Et sur ce bout de terre humide et marécageux, à la pelle, il y en a, de ces bestioles. Y’en a tellement, que c’est pas lui qui a finit par trouver les créatures rampantes ; mais plutôt elles qui ont finies par lui tomber dessus à l’effet d’un pot de fleur qu’on se récolte sur le dessus du crâne. Résultat des courses ? Alcatraz, bien qu’immortel, s’est coltiné quelques morsures de serpents et une infection considérée par assez patente pour qu’on lui prescrive des antibiotiques. C’est pourquoi on le voit souvent errer clopinclopant sur les trottoirs du centre-ville, avec cette horrible dégaine d’estropié-picoté qui rappelle celle d’un enfant de la lune. Google it si tu sais pas à quoi cela ressemble.
Et c’est à l’embranchement d’une gorge citadine inondée de gens, que les azurs surannés du démon l’aperçurent. Elle… et sa longue chevelure d’ébène, ses mirettes d’un bleu saphirs irradiant et ce minois de poupée d’albâtre qu’Alcatraz saurait reconnaître entre mille.
Une réminiscence d’outre-tombe. Un zéphire de dragon qui par affres et balafres souffle sur des vestiges encore fumants et incandescents. Agitant et faisant voltiger en cet ère vaurienne des braises oxydées et rubigineuses d’un Autrefois désormais pas si lointain.
Qu’est-ce qu’Elle fout là ici sur Terre ?!
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- MARY FLOWERY !?
Une beuglante en la promiscuité verdoyante et salutaire de cette forêt. Une bouteille comme lancée en les brumes et écumes d’une mer et d’univers qui se confondent.
C’est quoi ce bordel ?!
nothing's gonna change my world
Invité
Sujet: Re: the war we made. (MARY) Dim 11 Avr 2021 - 16:42
Un Temps, solitaire et âpre, s'était écoulé sans bruit, filant les astres chatoyants à la toile d'une nuit éternelle. Au fond des bois, la fille aux mémoires sépulcrales ne souriait plus aux éclats d'aurores. Elle survivait comme l'on respire, sans conscience et sans âme, perdue au cœur d'un nulle part silencieux. L'absolue solitude finissait par lui ronger les artères. La lèpre de l'indifférence l'abîmait ainsi au bout d'un monde qui ne la concernait plus. Ne perdurait que son affection à l'égard de ses chiens. L'Homme était mauvais et pervers, n'est-il pas, et les autres créatures, découvertes grâce à Sibélius, avaient bien d'autres chats à tuer ou à tourmenter qu'une humble brunette, une parmi tant et tant d'autres humains.
Les jours et les nuits s'amoncelaient en tas diffus, insipides, répétitifs. Elle bossait pour s'occuper l'esprit, pour oublier l'inoubliable, pour sourire aux plumes des nuages, pour rire aux grenouilles chantantes. Pour rien, pour tout. Pour se fuir, pour échapper à ses semblables qui ne pouvaient la comprendre. Le seul ami, -un vampire, quelle ironie- qui avait trouvé grâce à son cœur s'en était allé vers d'autres cieux ou d'autres enfers, là où elle ne pouvait le rejoindre. Et si peu d'intérêts la retenaient ici-bas. Alors, d'une certaine manière, elle se laissait mourir. Une terrienne de plus ou de moins, quelle différence ?
Mais parfois, tout ça mordait trop fort, faisait trop mal. La tour d'ivoire devenait ébène, morbide. En ses soleils noirs, elle avait besoin de se perdre dans la foule, de renouer un semblant de contact avec les gens.
***
C'était si rare que se balader dans les rues grouillantes lui semblaient toujours étrange. Elle marchait en flânant, avait l'impression de flotter, rêveuse, ici et autre part à la fois. Ça l'amusait de déambuler sans but précis, observant les passants comme l'on savourait une pièce de théâtre. De temps à autre, elle souriait à une môme qui criait, écoutait sans voir le brouhaha, les rires, les mots trop forts ou les regards trop tristes. S'enivrait des couleurs, des mouvements, des odeurs.
Par moments, ses yeux la brûlaient, à fleur d'une émotion incompressible, incompréhensible. Elle ne savait même plus pleurer.
Cet après-midi là, elle traîna en ville longtemps, jusqu'à l'épuisement, les pieds en feu. Le crépuscule tombait. Nonchalante, elle rejoignait son vieux pick-up garé à l'écart, au bord de la forêt quand soudain, elle entendit son nom qui claqua dans l'air.
Surprise, elle se retourna brusquement, déjà méfiante. Un type, belle gueule, grand, sûr de lui, se tenait tout près d'elle sans qu'elle n'ait perçu sa présence. Détestable. Et puis, il connaissait son nom ?!!!
-On s'connait ?
Agressive, le ton mauvais. Quelque chose la mettait en panique.
nothing's gonna change my world
Aleksey Freeman
MESSAGES : 353 BARGE DEPUIS : 24/11/2020 ROYAUME : Enchaîné à une flûte de pan, en RevealDown, Floride, planète Terre.
Sujet: Re: the war we made. (MARY) Lun 19 Avr 2021 - 9:20
L’âpre interrogation lui arrache du magma rougeoyant des lombes un stupre d’émois que le démon féroce n’est pas certain de comprendre. Juché si loin du cœur, sa fallacieuse conscience, bien qu’éponge empathique, n’a pas l’habitude de véhiculer ce genre de palabre et l’ombre de l’inconfort qui soudain erre sur l’éther de ses traits est sans aucune équivoque. L’azur vitrifié de malice, sourcils légèrement froissés, le sourire goguenard miroitant en l’incongruité de cet instant T creuse paresseusement de fines ridules à la commissure de ses lippes alors qu’il hasarde un pas en sa direction. Aussi muet ou dissimulé qu’un cloître, Alcatraz risque une immersion complète en ces mirettes où se confondent l’eau et l’azur ; réminiscence à ce lointain voltaïque électrifiant la langueur des proses passées et désormais outrepassées. Faute est d’admettre que ce mirage d’autrefois ne se souvient pas de lui et le Prince Déchu en demeure moucheté d’incrédulité…
- Oui et non, qu’il siffle, plein de confusion lui-même, sa folle tête dodelinant sur des cervicales qu’Alcatraz découvre tendues tels des élastiques sur le point de se rompre alors que bras croisés sur la stèle de son poitrail il risque un pas supplémentaire en sa direction.
Un instant. Une seconde, toujours baigné en ce bleu-gris d’abîme qui tremble, le démon anéanti les digues et laisse les grands flots de cette âme déclamatoire le submerger par houles tumultueuses. Souffle et murmure, rigole liquoreuse au départ aussi effacé qu’un filet d’eau… mais qui bien rapidement prend les ondes et nuances d’une rivière de larmes et la déferlante d’un orage follet à en devenir. Dans l’onde saisissante et trouble ; il ressent tout et cette petite mort dans l’âme le pâme sans aucune pudeur sur la guillotine de l’errance.
Elle erre ici-bas avec la paresse des nuages. Elle occupe toutes les chambres de ce monde d’ici-bas avec la prestance et l’indolence d’un fantôme alangui de flânerie et léthargie. Karmacoma d’une âme anesthésiée, mais qui pourtant lui rappelle le dérangeant mirage d’une Autre ténébreuse triomphant en le suaire de cette enveloppe de chair identique. Redessiné par le lourd cortège de ces émois maudits, Alcatraz essaie de comprendre ce qu’il ne comprend pas. Laborieux effort pour lui qui à toujours se prend en pleine gueule la mosaïque des chakras humains. Elle lui ressemble. Elle lui ressemble tellement. Une histoire de doppelganger, peut-être ?
Mû par une idée aussi saugrenue que déphasée, le démon rafle le seuil de ce mirage sans prendre la peine de s’essuyer les pattes sur le tapis d’entrée et lui saisi les menottes en le cimetière de ses paumes avec l’air engourdi de ce pape grandiloquent qui s’enfume les méninges d’encens. Sous le contact errant de cette maladroite étreinte entre leurs mains, ce mirage lui renvoi tous les reflets, tous les grands airs d’apothéoses et tous les lointains Passés révolus. Un débris d’acier explosant par myriade en l’Azur, Alcatraz expire :
- Je t’ai presque confondue avec une autre, mais un peu d’Elle persiste et existe. T’es la même Flowery, mais avec un genre de renouveau… un quelque chose de plus beau ?
Il lui libère les mains, se recule et l’ausculte sous toutes les fissures et fêlures.
- L’Enfer est ainsi donc vraiment en train de se vider et toutes les tourmentes dérivent ici ? Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
La Vie essaie sur sa grisaille d’hiver de laisser filtrer un peu de ces longs jours printaniers, mais en la profondeur des arbres bourgeonnant persiste la nuit sempiternelle et la débâcle enténébrée des tombeaux. Une crypte à la grandiloquence d’une Juliette larmoyante qu’Alcatraz se damne de visiter…
Pas sûr que son étrangeté d’interlocutrice soit du même avis. Il va morfler. Grave, le démon féroce.