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 indigo go up to heaven today. (FREYDIS)

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Salem

nothing's gonna change my world
Salem

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MessageSujet: indigo go up to heaven today. (FREYDIS) indigo go up to heaven today. (FREYDIS) EmptyVen 24 Jan 2020 - 19:34


Yes, she had eyes like the moon.
♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.


- Arrrrrgggggg !

Un hurlement de douleur qui explose dans la pénombre. Entre les quatre murs de cette vaste pièce lugubre, à quelque part égaré en ces vernaculaires souffrances inattendues qui inlassablement frémissent dans les amères luisantes, il n’est pas rare d’entendre ces échos aussi effroyables. Ce qui n’est pas coutume, toutefois, c’est d’associer ces beuglements de supplicier à la voix du maître brasseur et propriétaire des ces lieux.

- Par tous les diables, Bloom ! Mais fais attention !

- Tu me demandes l’impossible, Salem. As-tu vu l’état de ton dos ? On dirait que tu t’es vautré dans un nid de fils barbelés !  

- Tu devrais voir l’état des autres gaaa----ARRRRGGGG !!!!!!!!!!!!

Mes griffes de cerbère sitôt me lacèrent la chair des paumes, alors que mon poing d’acier fait dangereusement craquer la surface en chaîne lustré de mon zinc, s’abatant par deux fois sur le bois et ricocher sur je ne sais pas trop quoi de rutilant qui vient de rebondir comme un éclat de rire clairsemé sur la brique brune de mon mur et présentement dégouline sur les lattes de mon plancher comme la vomissure d’un de mes plus régulier client alcoolo et c’est-à-dire ce veuf dépressif qui me sert de paternel.  

- Enfer et damnation ! Sobre, je ne survivrai pas à cette boucherie...

- Tu viens tout juste de pulvériser contre le mur, la dernière bouteille de bourbon, Salem, siffle ainsi donc Bloom, sourire caustique aux lippes, l’allure demi-innocente, demi-manante, alors qu’il s’affère à triturer cette carne de bête qui par toute évidence a connue de biens meilleurs jours. Une voie-lacté sanguinolente, cramoisie et sirupeuse, voilà ce que les sombres prunelles de Bloom contemplent, alors que l’acier des petites pinces chirurgicales s’enfonce dans les plaies infectés avec autant de délicatesse qu’un môme sadique qui se plait à décapiter les poupées de chiffon de sa frangine.  Mon échine, mes omoplates, mon dos ployé sous le poids des cruelles meurtrissures, tout n’est que servile à l’abondance d’une horrible pénitence, alors que traînent dans les glaises de mes chairs, ces éclisses d’argent rutilants qui exhibent à la lune, le hurlement du loup qui en mes entrailles agonise et souffre le martyr. Frissonnant, à la fois de froid et de brûlure, mes poings crispés tremblent jusqu’à l’ultime fêlure, alors que le masque de l’homme cherche à vouloir tomber, là où dans les azurs désormais se reflète le jaune ambré de la bête en souffrance qui veut se déchaîner de la frêle armature de chair balafrée. Mon âme hybride rentre en conflit, bientôt je vais me disloquer.        

Au courant de cette brûlante douleur en laquelle je m'abandonne, enivré, à la fois engorgé dans ce torrent luciférien, mes deux billes à la fois d’or et saphir cherchent en vain quelque chose à la quelle s’accrocher alors que la voix soudainement tendre de Bloom se fait entendre dans mon dos et me livre enfin de quoi éperdument me cramponner.

- Penses à quelque chose d’agréable. Parles-moi d’Elle, Salem.

Silena.
Un magma de sensations bourdonnantes, viscéralement, m’envahit, m’abdique, tel un ruissèlement de braises ardentes qui ondoient et valsent en les ténèbres de ma poitrine, là où palpite cet erratique épuisé qui soudain semble être sans ménagement propulsé au cœur d’un céleste brasier perçant ainsi les épais réseaux d’ambres et d’ombres. Mes deux billes de miel et d’un bleu javellisé doucement se cachent derrière mes paupières, là où sur celles-ci je sens poindre et s’appesantir le doucereux poids de son auguste mémorial alors qu’à jamais maintenant elle me rappelle la rougeur du corail.

- Rien. Il n’y a plus rien à dire, Bloom, ce murmure écorchant le ciment de mes lippes, ayant trouvé fin à mes tourments alors que dans le secret de cette angoisse immense, survient le périssable déclin de son adieu suprême et qui ironiquement me rend à l’instant plus humain. Comme une jetée d’encre au cœur de l’océan, les nuances ambrées de la créature lupine se mêlent, pour finalement disparaître et laisser briller les profondeurs de ce bleu astral qui ne s’avère être que le miroir d’une âme fêlée et rongée par la rouille de ses émois blasphématoires.

- Ça tombe bien, parce que j’ai finis, avise l’homme de main, qui à l’aide de ses pinces retire les derniers fragments d’argent qu’il dépose soigneusement sur l’essuie-tout.

- Tu rigoles ?

- Non. Tu en avais peut-être peu à dire sur Elle, Salem, mais tu en avais long à penser…

Par tous les Diables, ce bougre vil et sournois m’a eu en beauté ! Orgueilleux, renfrogné, je me contente de me nicher une clope entre les lippes et de l’embraser d’un craquement d’allumette, troquant de l’autre patte le verre de bourbon contre un glass de whiskey que je m’enfourne d’un trait dans le fond de la gueule.

- La prochaine fois que tu veux dégommer les malfrats qui traînent dans nos vergers, penses à m’appeler, veux-tu ? Un jour, sinon, cet aspect territorial de ta personne, Salem, ça va te tuer !

Sur ce sage conseil, on toque à la porte.
Chose qui d’instinct nous ramène à l’ordre, Bloom s’empressant de receler les vestiges de sa chirurgie sanglante au creux de la lingette qu’il enfourne dans sa poche de jean alors que moi je renfile de peine et de misère sur mon dos mutilé ma chemise ensanglantée que je boutonne à la vitesse d’un centenaire… ce qui n’est pas loin d’être mon cas. D’un geste de main, je fais signe à Bloom qu’il peut tirer sa révérence et ouvrir au visiteur alors que moi je traîne ma douloureuse carcasse derrière l’étendu de mon vaste bureau.

- Oh, mademoiselle Freydis ! Comme il fait plaisir d’enfin apercevoir un visage familier, qu’accueille mon homme de main, le sourire sincèrement ravi, alors qu’il libère la voie et invite la jolie brunette à poser pieds entre les quatre murs de ce mystique bureau.
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Freydis

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Freydis

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MessageSujet: Re: indigo go up to heaven today. (FREYDIS) indigo go up to heaven today. (FREYDIS) EmptyMar 3 Mar 2020 - 14:19

SUITE DE: Avoiding truth and never learn


Un peu plus tôt, sur une plage d'Azuria Creek.



- Nom d'une baleine!!! Kôhl, elle respire! Vient vite, dépêche-toi!

Cette voix grave perce ainsi le brouillard de ma léthargie et fait vibrer les parois de ma boîte crânienne endolori. Aposthrophée, je tente d'aller à sa rencontre, par tout les moyens, mais étrangement, je demeure perdu dans le labyrinthe nébuleux de mes délires, désespérément à la recherche d'une issue pour m'en extirper. Mes paupières frémissent et face à l'effort exigé, une pléiade de petits sillons se dessinnent autour de mes yeux et au centre de mes sourcils désormais froncés.

- Oui, c'est ça... reviens parmi nous ma p'tite. Ton heure n'est pas venue, les dieux ont d'autres projets pour toi!

La brumaille se dissipe progressivement et j'arrive à émerger des vapes anesthésiées de l'inconscience qui me tenaille. Je sens mes muscles sérieusement engourdit et mon corps tout cotonneux. Enfin, d'un effort colossale, le sombre rideau de mes cils se soulève, laissant alors une lumière intense inonder ma vue. Et c'est beaucoup trop violent comme retour à la réalité! Tout juste avant que je ne referme mes yeux, l'espace d'une fraction de seconde, j'arrive à discerner une paire de bottes de pluie vert forêt, en caoutchouc épais et de longue jambes revêtue d'une espèce de salopette luisante. Le revers de mon bras se plaque systématiquement contre ma figure et d'un mouvement rapide, je me retourne sur le dos, frottant d'une main paresseuse, mon visage encore ankylosé par les vestiges d'une nuit agitée. Des grains de sable indésirables sont demeurés collés contre ma joue et se sont même glissés jusque dans ma bouche. Je tente de les chasser, mais ils se montrent plutôt tenaces, et bien vite je décide de jeter l'éponge et me contente plutôt de concentrer mes efforts afin d'affronter la clarté du soleil et ultimement, me redresser. Ce qui, je dois avouer, n'est pas chose aisée. Une plainte rauque s'échappe d'entre mes lèvres cyanosées, pendant que je m'exécute et je sens aussitôt une paire de mains venir à ma rencontre pour rendre mon labeur moins pénible. Leur chaleur me réchauffe les flancs et me confronte à la réalité: je suis frigorifiée... frigorifiée et complètement trempée!

- Woah, doucement ma p'tite dame!

Son corps trapus me surplombe et projette sur moi une ombre impressionnante dans laquelle je me confine volontiers. Mes paupières papillonnent, comme pour chasser ses relents de rêves qui embrument encore mon esprit. Devant moi se dessine une vaste plage de sable léché par les vagues d'un océan plutôt calme, avec à son extrême droite, un quais de bois au bout duquel sont amarés quelques bateaux de pêche.

- J'ai l'impression que la nuit n'a pas été clémente avec vous! Vous devriez y aller mollo...

Dit une seconde voix qui provient de mes arrières. Prise de cours, je sursaute et tourne promptement la tête dans sa direction. Il est plus svelte que l'autre et ses bras semblent étrangement plus long que la moyenne, lui prodiguant un air badin qu'on ne peut tout simplement pas prendre au sérieux. Les traits de son visage ainsi que sa barbe au duvet clairsemé trahissent son jeune âge et, à coup sûr, son manque d'expérience. En dépit de leur différence de gabarit, il sont pourtant affublés du même accoutrement: une paire de bottes vertes en caoutchouc épais, une salopette noir luisante enfilée par dessus un impers de la même couleur que leurs bottes, ainsi qu'un chapeau souple en tissus munis d'une longue visière qui fait tout le tour de leur tête.

OH MERDE! La nuit dernière!!! Je me souviens exactement de ce qui s'est produit la nuit dernière. Balthazar, l'homme quasi-tronc, les égouts, le TALISMAN!!!! Un éclair me frappe de plein fouet. Mon coeur manque un battement dans ma poitrine. Sitôt, mes mains palpent mes hanches et le reste de mon corps, à la recherche de la proéminence de l'objet, mais hélas, il ne se trouve pas sur moi. Désespérée, je me retourne alors sur mes genoux et entame une fouille intensive du sol sablonneux, espérant repérer sa pierre rouge luisante à travers les grains dorés, mais rien. RIEN!

- Vous avez perdu quelque chose!?

Me questionne l'homme plus âgé en se voûtant au dessus de moi, déposant une main bienveillante sur mon épaule qui s'agite. Je me redresse et marque une pause en posant mes mains contre mes genoux chancelants, sentant mon souffle érailler ma gorge désespérément aride.

- Oui, un pendentif en or sertit de pierres rouges... vous ne l'auriez pas vu?

Demandai-je en me redressant enfin de tout mon long, le souffle court.

- Non, désolé ma p'tite dame, on trouve beaucoup de choses sur les plages, mais hélas il est rare qu'on y déniche des objets de grandes valeurs..

Je serre les dents, toise l'homme d'un regard méfiant et fais un pas vers lui en attrapant brusquement le col de son impers entre mes dextres serrés.

- Ne me mentez pas!!! C'est vous qui l'avez! Alors... qui vous envoie!!?

Ma voix est monté de plusieurs tons et lance ainsi les hostilités, néanmoins, l'homme ne bouge pas d'un poil de barbe. Il me considère d'un regard interrogateur et lorsque son acolyte fait un pas dans notre direction, il s'empresse de l'interrompre d'un geste de main.

- Ça va Kôhl.

Dit-il à l'endroit du jeune homme. Son regard est doux et protecteur, comme celui d'un père... et j'ai comme l'intuition que c'est ce qu'il est: le géniteur de l'autre gringalet. Il n'est pas effrayé le moins du monde par ma démonstration de force. Mes poings demeurent agrippés au tissus de son vêtement pendant que j'examine attentivement les traits de son visage, à la recherche de quelque chose de louche qui le trahirait; une étincelle cupide dans ses iris ou encore un tremblement suspect à la commissure de ses lèvres. Je suis à l'affût, aguerrit, mais pourtant, je ne décèle rien de compromettant chez lui. Soit il joue bien son jeux, soit il est réellement innocent. Mais je le laisserai rien au hasard!

- J'ai l'air du genre à porter des bijoux? Non, parce que sérieusement, j'ai comme l'impression que ça jurerait avec mon style! Rigole-t-il en échangeant une œillade complice avec son partenaire, néanmoins ce dernier ne rit pas. Il semble nerveux. Je serre les dents et soutiens son regard... Sérieusement, je n'ai pas envie de rigoler et le temps me manque cruellement! Allez-y fouillez-moi si vous voulez, ça fait un sacré bail qu'une femme n'a pas posée ses mains sur moi, alors je ne m'en plaindrai certainement pas!

Mes poumons se vident de découragement et mon nez se fronce. Je me sens un peu ridicule et bien que mon comportement frôle la paranoïa, je ne peux faire confiance à personne et je dois absolument retrouver ce talisman. Alors mes mains s'exécutent et tâtent le corps du vieil homme... sans résultat. Celui-ci hausse les épaules et incline ses paumes vers le ciel en pinçant ses lèvres d'un air désolé. Et voilà que je pousse la grossièreté encore plus loin en exigeant de fouiller également son présumé fils! Comme je l'ai mentionné plus haut, je ne compte rien laisser au hasard! Hélas aucun d'eux ne détient l'objet de ma convoitise.

- Voyez, je ne vous mentais pas. Désolé pour votre pendentif, il devait vous être très cher pour que vous vous mettiez dans un tel état.


****


Skull and bones, Alder Lake



Trois
Petits
Coups
Cognés
À la porte de bois...
Et en moins d'une minute celle-ci s'entrouvre, laissant apparaître un visage familier qui, d'emblée, étire mes lippes en un large sourire qui dépasse la convenance. Bloom. Le fidèle homme de main. Le bras droit de Salem. J'affectionne particulièrement ce bougre! Son regard sombre et malicieux anime chez moi une folle envie de le sonder attentivement pendant de longues minutes, dans l'espoir d'arriver à résoudre ses énigmes et peut-être percer les mystères qui érige son personnage. Il est de ses gens énigmatiques qui éveillent un certain intérêt chez moi, allant bien au delà de son allure physique franchement pas désagréable à regarder. Néanmoins, il ne fait aucun doute qu'en dépit de tout mes efforts, le jardin de ses secrets demeurera à jamais bien dissimulé dans le gouffre de ses iris impénétrables. C'est d'ailleurs un aspect qu'il a en commun avec Salem. Salem... voilà un autre être difficile à cerner! Néanmoins, au fil du temps, j'ai finit par lâcher prise, sachant pertinemment que je n'arriverais jamais à percer tout ses secrets, ni même à comprendre tout les engrenages complexes de ses machinations.

- Merci Bloom, c'est un bonheur de te voir également. Dis-je en lui renvoyant son sourire, puis je m'incline légèrement vers lui. Hé, il y a une jolie rousse à la table sept qui demande à te voir. Elle dit vouloir prendre sa revanche... Nous nous tournons à l'unissons et lançons un coup d'oeil à la dites rouquine, qui nous envoie la main en guise de bonjour, scrupuleusement installée devant son jeux d'échec. Gyda adore Bloom. Probablement autant que son oncle Salem. Et ces parties d'échec sont devenue un rituel sacré lorsqu'on leur rend visite au skull ans bones. Il faut dire qu'à cette heure-ci, l'endroit est suffisamment tranquille pour je que puisse me permettre d'emmener ma fille avec moi. Je te paris une bière qu'elle te met une raclée! Le taquinai-je en m'appuyant contre le cadre se la porte pour le laisser sortir de la pièce.

Enfin, pour la première fois depuis qu'on m'a ouvert, mon attention se dirige vers Salem. Il se tient derrière son large bureau, au centre de la pièce, affairé à boutonner sur son torse une chemise trouée et maculée de sang.

- Whoa. Dis-je en refermant la porte sur mon passage. Je ne suis pas la seule qui a passé une nuit mouvementée. Un coup de main? Je fais un geste de tête vers ses mains qui semblent galérer à travers tremblement et douleur réprimé. Sans attendre de réponse, je contourne son bureau et me met à sa hauteur pour refermer les dernier boutons (ignorant son langage corporelle qui me dit: non je peux m'en occuper seul), tout en le réprimandant d'un ton narquois: Je m'évertue à te dire que mon sang pourrait te guérir rapidement de ce genre de blessures, (faisant allusion à l'argent face auquel il est vulnérable) mais têtu comme tu es, tu préfères jouer les martyrs et restes fermé et dégoûté à l'idée de mélanger nos sang. Pire qu'un mioche!

Mon sourire empreint de malice est fendu jusqu'aux oreilles. Je retourne devant le bureau et prends place sur un fauteuil, me voûtant vers l'avant pour déposer mes bras sur le zinc et entrecroiser mes dextres. Puis, je lui lance l'ultime question, à laquelle je le sais, je n'aurai probablement que des bribes de réponses:

- Alors, tu veux parler de tes déboires?
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Salem

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MessageSujet: Re: indigo go up to heaven today. (FREYDIS) indigo go up to heaven today. (FREYDIS) EmptyMer 11 Mar 2020 - 15:52


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Les histoires se pâment, lorsqu’ici les trois coups portés sur la planche de bois se fanent et s’étiolent. Sur le seuil qui doucement laisse voir son jour, apparait un personnage et son indissociable légende. Une péripétie qui se veut être racontée. Une épopée vécue et qui désormais se veut être entendue. Un bagage parfois lourd ou léger, que des épaules fatiguées ne se peuvent plus de charrier et qu’en désespoir de cause l’on fini tout simplement par laisser choir là, sur ce seuil qui doucement laisse voir son jour. Parfois dans l’abysse nouvellement créée, une légende s’écroule et se brise par millier d’éphémères dans la pénombre alors que d’autres un peu plus soignées et bien gardées finissent par briller dans le crépuscule. Invisibles somnambules qui sommeillent là entre rêve et vertu sur les étagères et viennent orner de leurs palabres passagères ces moires délétères qui me surveillent et prospèrent. Les histoires se pâment, lorsqu’ici les trois coups portés sur la planche de bois se fanent et s’étiolent…

Chevalier, qu’une apocalypse l’a depuis longtemps vaincu, roi d’un empire à toujours déchu, je suis assis là, à l’affut, de ces histoires qui sont allées et puis venues. Sur mon crâne de cerbère, mes oreilles attentivement se dressent, écoutant vos songes et vos prières qui, tel un linceul opalin, viennent recouvrir ce cœur gangrené par les balafres d’une âme hybride qui se veut être seule et dans le contrecoup irrévocablement m’esseule. Chevalier d’une apocalypse encore à ce jour irrésolue, roi d’un empire qui pour de bon l’a déçu, installé sur ce trône de fer qui tant m’exaspère, je reste là, immuablement enseveli sous les sédiments de rancœur, d’amertume, de rancune et de peine qui terriblement vous blasphèment alors que sur ma tête de cerbère s’appose la prose de la couronne épinée de vos légendes et histoires passées. Juché sur le dôme de ce bastion d’une civilisation échouée et ravagée, par deux fois je me suis moi-même abreuvé des larmes du Diable et noyé dans les coffins de son âme,  pour m’extirper de ces infâmes, les os cassés et l’âme pour l’éternité rompue… à la fois fêlé entre rêve et vertu, pour autant que j’ai pu, apporter une différence en ce monde reclus dans les ténèbres et qui jamais repu se goinfre de ces légendes en lesquels notre royaume lui-même s’évertue et nous tue. Vos histoires sont les veinures qui à toujours fourmillent et serpentent jusqu’au Skull and Bones et m’engorgent la cervelle de vos antécédents assassins et à la lueur carmine. Je suis aux premiers loges, placé à la ligne de front, lorsque, comme des dominos, vos espoirs illusoires s’écroulent et vous accablent. Marchand de sable qui avec ruse marchande vos âmes, je vous accueille dans l’ombre de mon antre et écoute vos histoires et discerne vos besoins. Pulsent et pulsent encore avec violence, vos instants de désespérance qui vous séduit et vous hypnose jusqu’ici !  

Les histoires se pâment, lorsque là les trois coups portés sur la planche de bois se fanent et s’étiolent. Il n’est pas pacte de sang, ou pointer du doigt quelconque méchant, lorsque d’un signe de main je vous invite à mon bureau et que se prolonge dans la nuit le fil de vos ennuis. Magouille, manigance, préface, ignominie, ruse, propagande, en ces temps de guerre, tous les coups sont permis et mes lucifériennes machineries, soyez-en certains ; elles vous enduisent comme elles me grisent. Sur le seuil qui doucement laisse voir son jour, apparait un personnage et son indissociable légende.

Freydis.
Un écrin qui s’ouvre et laisse s’échapper dans les oxydées de mon esprit, ces moires de miel et de sel. Les lucarnes de mon spleenétique psyché se referment sur les sombres pensées et préfèrent laisser jaillir la nacre de souvenir à la fois cristallisée et gelées dans cette caverne souterraine qui ne s’avère n’être rien d’autre que abîme à ce qui profondément sinue sur mon âme. Rare, très rare, seront les personnes qui ici-bas sont descendues. Sur les doigts de ma patte. Je peux les compter sur les doigts de ma patte, ces précieuses vagabondes qui ainsi désormais reposent en les replis de mon erratique encore bon et vertueux. Doigts tremblants, maladroits, empotés, ils essaient d’agripper ces derniers petits merdeux de boutons alors que mes sentinelles azurés dérivent de cette besogne hardie pour venir observer les deux silhouettes qui s’attardent et s’entremêlent civilement sur le pas de ma porte. Distrait, discret, ronchon, empreint d’une mauvaise humeur pour la cause de mon mauvais quart d’heure de cette nuit, tortueux dans ma torture qui se lamente sournoisement sur mon échine, le spectre d’un sourire malgré tout se profile sur le marbre de mes lippes. Gyda est là. Enfin un peu de lumière et de douceur, dans les confins de cette taverne ignominieuse et balafrée ! Bloom adore d’amour ce petit bout de femme et je ne suis point surpris de le découvrir aussi guimauve et douillet qu’un gros ourson en peluche. Grand gamin, il glousse un bon coup et tire sa révérence.  Ooohhh qu’il va se faire battre à plate couture, le Bloom ! Gyda est une redoutable adversaire aux échecs, je l’ai découvert à mes dépends !

La porte se referme sur les vives calomnies extérieures, les deux adultes se retrouvent enfin seuls et au travers de ce doucereux sillage viennent se poser sur nos fronts diurnes les réflexions et leurs célestes moires. En résumé ? Je m’envase dans ma mauvaise caricature de Perceval le grognon, ce grand-père têtu et malcommode qui le cœur gonflé d’orgueil et de fierté refuse l’aide de sa dulcinée de petite sœur, Géraldine qui, connaissant les humeurs de son frère, se contrefou pas mal de sa gueule de déterrée et ignore ce vague balayage de paluche qui essaie de chasser les doigts de fée accrochées sur le dernier bouton de la chemise. Un mot d’église refoulée au creux du gosier et clip le bouton est fixé et Géraldine vient comme une fleur poser son  séant sur la chaise des invités…

- Gnagnagna, pire qu’un mioche, gnagnagna, que je fais miroir, bon entendeur, caricaturant le reproche de manière puérile et moue goguenarde flottant sur ma gueule pour finir par être la cerise sur le cake de ce cliché : C’est parce que je m’évanouie à la vue du sang, milady. Mais ne le répètes à personne. J’ai une réputation de gros dur à cuire à faire tenir et préserver.  

C’est vrai que je suis dégoûté à l’idée de mélanger nos hémoglobines. Rien à voir avec ses techniques nouvellement apprises concernant lesdites transfusions sanguines, disons simplement que c’est pour une question de principe d’entreligne à ne jamais franchir et ternir entre nous. De liens sacrés que l’on ne doit surtout pas aberrer. Bref, c’est trop long à expliquer.

- Mouarf ! Business as usual. Rien qui ne vaut la peine de déblatérer sur, dis-je, aussi lugubre qu'une dalle funéraire, alors que je vois briller la sournoise petite lueur dans le creux de ses pupilles. Elle savait. Elle appréhendait cette tirade. Par tous les enfers, n’ai-je plus aucun mystère pour elle ? Ceci étant un doux euphémisme, on s’entend qu’on se comprend ?!

Ma main gauche vient chercher et puis agripper la poignée d’un tiroir que doucement j’ouvre, attrapant dans sa roulade la bouteille de fort qui y repose et les deux verres qui lui tiennent compagnie. Ce tord-boyau, elle le reconnaitra.

- Parles-moi plutôt des tiens. Comment s’est déroulé ton petit séjour chez nos amis les crustacés et ventouses ?! As-tu trouvé ce que tu cherchais ? Tu me sembles revenir d’Azuria Creek, plutôt bredouille. Et ne sont pas là les effluves pestilentiels de leurs aqueducs que je flaire sur tes chairs et habits, milady ?!

Narquois, à ma fielleuse mirette se profile un petit wink de circonstance alors que je déverse le nectar alcoolisé dans nos deux verres et fais glisser le sien vers elle en faisant mine d’hésiter un court instant :

- Tu préfères à même la bouteille, peut-être ?
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