Tenter le diable est un jeu bien dangereux. Tu le sais. Tu le sais pour avoir que trop de fois erré à l’oxydé des oriflammes et ondulé à l’incandescence de leurs flammes. Ces brûlures éparses qui, jusque dans les fibres de tes os, impriment à l’effervescence d’un brasier rutilent, sa marque. Le sceau du malin. Cicatrice rougeoyante et sirupeuse qui en magma engorge ce caverneux ravin qui te sert de poitrine. Ce galop d’étoiles qui n’a d’égale que ce mal trivial qui inlassablement afflige comme attise les intersites pantelants de ton erratique hybride. Ce phœnix embrasé qui peut renaître de ses cendres, ou tout simplement croupir à l’orange et or de cette galaxie comète qui toujours fait des siennes et t’approches dangereusement d’un soleil qui plus jamais ne t’émerveille. Parce qu’un jour, un beau foutu jour, tout s’est écroulé. Un jour, un foutu beau jour, tout s’est arrêté. Un jour, un beau foutu jour, la vie telle que tu la connaissais s’est expiré et a vacillé vers ce trou noir qui te néantise complètement.
Une main apposée sur l’écorce rugueuse d’un géant arbre derrière lequel, lâchement, tu te caches, c’est en tournant le dos à ton illustre forêt de symboles, que tu as fait le choix de laisser errer ton armature mortelle. Les vapeurs humides et fraîches de la clairière s’élèvent doucement dans l’aube, cette matinée comme restée voilée d’une obscurité qui s’éternise, laissant planer dans l’air ce suaire de bruine et de brume qui vous enveloppe dans un nuage de coton. Ce qui apporte une étrange atmosphère de conifère au cœur de ce décor champêtre et bucolique de périphérie vaste et verdoyante. Aux lisières de lesquelles, succombant à tes plus hurlantes prières, tes ambrées, qui semblent avoir pris les feux des pierres précieuses, viennent guetter ce qui à toujours est la source de tes frayeurs diurnes. Pour toi, il est toujours mieux de se faire petit, parfois même invisible, pour éviter la collision des vos astres. Et vu ton gabarit, pour l’éviter, cette fameuse collision, tu dois te tenir loin et bien caché dans les fourrées boisées. T’as un peu une allure de fauve tapie dans les hautes herbes. Patient, serein, c’est à peine si tu oses respirer, pour venir épier ce que tu te meurs de constater.
Constater les dégâts et dommages collatéraux. Les Dieux, cette nuit, ils ont manqués d’indulgence et d’humanité à votre égard. Encore. La foudre des Hunters a encore frappé. Et qui c’est qui accoure une fois de plus à la poursuite de ce serpent de feu qui ce coup-ci a foudroyé ce repère des rebus de la société ? Freyja. Soupiraux de ton âme étrangère, celle que tu préfères préserver la constance à distance, te lovant en son souffle éphémère que tu distingues grâce à ta fine ouïe. Elle déblatère ces discours qui tant t’exaspèrent alors que toujours mieux tu la perds. Le massacre du Skull and Bones. Bien sûr, la nouvelle, elle est venue jusqu’à tes oreilles et là tu as peur pour Elle. Parce qu’un jour, un beau foutu jour, tout s’est écroulé. Un jour, un foutu beau jour, tout s’est arrêté. Un jour, un beau foutu jour, la vie telle que tu la connaissais s’est expiré et a vacillé vers ce trou noir qui te néantise complètement.
Tenter le diable est un jeu bien dangereux. Tu le sais. Mais tu ne peux t’empêcher de vouloir te rapprocher. Parce que tu veux La voir. Tu désespères de La voir. Tu veux savoir comment Elle va et surtout si Elle se porte bien. Tu vibres, t’enfièvres, frémis à la tonalité de Sa voix que si bien tu entends et interceptes. Ces paroles de métal qui, comme un couperet, rebondissent sur ton plexus solaire comme la plus profonde des incisions alors qu’en ce décor de campagne tu t’échines à n’être qu’une ombre supplémentaire à la nuée de ce spectres que vous pouvez tous les deux idolâtrer.
La structure en bois de la grange, devant laquelle ta sœur et la mystérieuse étrangère se tiennent, te donne une impression de vaisseau fantôme, ainsi à la merci de la nappe de brume qui l’assiège et langoureusement l’effleure. Lestement, tu t’emmitoufles de ces vapeurs opalines, poussant dangereusement les risques de te faire surprendre, alors que tu ne veux simplement observer et à proprement parler l’espionner.
- … sincèrement désolée. J’aurais aimé faire ta rencontre aux rapports de d’autres circonstances, Freydis. Salem m’a tenue au courant de ce que tu as essayé de faire ? Ça prend une sacrée paire d’ovaires, pour débouler comme ça dans les bureaux du maire de Willow Fall et lui balancer à la gueule cette belle tarte à la crème fouettée.
Ambitionnant d’aller te cacher derrière l’abreuvoir, t’essaies au mieux d’éviter la majestueuse épopée de ce mustang pur sang qui sans aucune pudeur hennie à ton oreille et te renifle à grandes goulées la crinière. Les dernières bribes de conversation te faisant immanquablement froncé les sourcils, alors que ton cul lourdement vient s’écraser sur sol terreux de cette petite planque improvisée. Le mustang à petits trots suivant ton preste sillage à travers l’enclos et pour ironie du sort venir se désaltéré à bruyantes lapées d’eau fraîche alors que coincé entre ses lourds et imposants sabots, t’as une vu plutôt dérangeante et disons-le chevaleresque de son anatomie…
- Comme nous tous, tu as essayé. Comme nous tous, tu as compris, n’est-ce pas ? Il y a cette sorte de spleen, dans sa voix. Une réalité brisé qui jusqu’à présent n’avait jamais autant vibré. Même si tu as échoué. Même si cela est vain. Je tiens à te remercier. Car de la plus petite étincelle peut jaillir la plus redoutable des flammes, Freydis. Ne l’oublie pas. Jamais.
Mais dans quel nid de vipères, est-ce que ta sœur est en train de s’y fourrer le pied ?