In my body I'm a disaster.

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SUITE DE : WALKING ON AIR.
RevealDown, quelques heures plus tard.

Une clarté à l’infinie moirée par les nuances du pourpre et les cristaux d’argent. Un moment de peur et de pure frayeur. Hors de la conscience et hors de l'harmonie de cette nuit épouvantable, les voix rageuses se perdent dans à l’ombre des pénombres alors que les bruits maraudent parmi la brume et les démunis. Des images qui se confondent et les souvenirs qui bruyamment rebondissent contre les parois balafrées de mon crâne douloureux. Des instants imparfaits pour un moment défait. Ne plus savoir définir les lisières des impossibles et des vérités. Le défilement cruel d’un cauchemar qui peut me paraître toutefois trop réel. Plonger mes sentinelles de givre en le regard de la foudre et m’y brûler la rétine jusqu’à ce que le monde ne devienne que la résine d’une trop pâle aurore.

Nos destins piégés dans les langueurs. Nos avenirs gelés dans les torpeurs. Nos vies cadenassées dans les verrous de l’Horreur. Ne plus savoir définir les lisières des impossibles et des vérités. Perdu dans le vertige d’un lourd réveil, je me retrouve allongé au cœur d’une nature qui comme dans la pénombre d’un temple parvient à m’observer d’un regard bien trop familier. Des dédales de symboles et d’imposants piliers qui me communiquent l’immense confusion de me retrouver dans l’antre primitif d’une création mère et porteuse d’un mystère fragilement gardé. Mes sens s’éveillent également alors que mon esprit se dégourdi d’un sommeil comme déjà oublié.  Sur mes chairs je découvre les parfums du sang et les poussières d’une autre erre qui comme un encensoir sur mon corps fulminent toujours. Strass et suie d’un songe comme éveillé maintenant je poursuis.  

Ne plus savoir définir les lisières des impossibles et des vérités.
Me revoilà atterris au creux de cette forêt hantée par les maudits.

- Hunter ?! Bridget ?! Majandra ?!

Ma voix qui comme un appel au secours les recherches et les appelles. Le souvenir trop parfait de leurs visages teintés par l’opale de la peur et le cramoisie d’un ultimatum assassin. Le guet-apens et l’embuscade qui surgit des confins de ma mémoire enchevêtrée. Un songe au début vague comme un mirage et bientôt tangible comme de la braise rougeoyante. Le message avant notre naufrage. Et mon erratique, entre mes côtes, ne devient qu’une pierre de feu qui d’un simple effleurement s’embrase et laisse s’épanouir la flamme rutilante.

- HUNTER ?! Un hurlement poussé aux quatre vents alors que péniblement, aidé de ma main appuyé contre l’écorce rugueuse d’un géant arbre, je me relève sur mes jambes et entame le premier pas du vagabond d’allure ivre qui ne se souvient de rien et à la fois de tout.

- Hunter, mais où est-ce que tu es, bordel, un murmure poussé que pour moi-même alors que mes pas lentement me guident sur un sentier jonché de feuilles mortes et de racines.

Une sensation de vertige, soudainement atterrit là en mon for intérieur et comme par magie. Une magie noire qui s’embaume de l’immonde et laideur. Le flash qui comme la pellicule d’un film à demi calciné par l’incendie, retombe devant mon regard anesthésié qui contemple désormais un point imaginaire et se reproduit une scène bien trop précise. Mais autour de moi, de quoi parle le vent et de quoi peuvent bien trembler les branches ?

Alors que jaillit de mon âme, l’éclair rugissant qui me pousse à hurler le plus brisé des cris.

Chevalier désormais dépourvu de son armure, je me laisse retomber à genoux contre la terre, ployé et vulnérable à la réminiscence de revoir Ses deux pierres d’émeraude être traversés par les rayons mortuaires et d’entendre à nouveau la secousse de Son corps de nymphe venir rejoindre la poussière. Son cadavre faisant grâce aux splendeurs des couchants oxydés alors que de Son cou lacéré se mélange à l’eau mystique Son sang bien trop sacré. Les murmures profonds de Sa vie inconnue qui s’expirent dans l’air alors que se sont en allés avec Elle les plus insolubles mystères.

- Freydis…

Le souvenir de son prénom qui me revient et sans comprendre pourquoi. Dans l’horreur, quelqu’un, sans doute, l’a hurlé aux abois alors que moi l’on m’a contraint à une incompréhensible sûreté. En palpitation avec la violence de cette nuit, voilà que je me réveil ici au beau milieu de cette forêt hantée par les maudits.

- HUNTER !!!!!!!!!!!

S’il vous plait. Ramenez-moi mon frère.
Je vous en pris, qu’il soit sain et sauf.

Ce cadavre, cette fille dont moi et Derek avaient croisés quelques temps plus tôt au Devil’s Tail. Elle se trouvait là. Elle semblait tout connaître de ce monde – de cette vie… mais surtout du surnaturel qu’englobe cette dimension. Je m’étais enthousiasmé par toutes ses annonces. D’être un superhéros comme je l’arborais fièrement avec mon pyjama Captain America me semblait être réellement intéressant comme initiative. Tout ça était-ce vrai ? Tout ça s’avérait être la vérité ou un rêve purement mentale. Tout était possible en ce moment et je doutais de moi-même. La pauvre Freydis avait perdu la vie si brutalement. Je n’oublierais jamais cette image… enfin… jusqu’à ce que je réalise que la peau de sa gorge se fusionne comme par magie pour la voir rouvrir les yeux et reprendre vie soudainement. Impossible… enfin… un autre truc impossible. J’étais abasourdie par cette révélation. C’était une putain de Wolverine celle-là ? Même que je pouvais la comparer à la jolie cheerleader blonde dans la série Heroes.. wow ! Je m’apprêtais à réagir lorsque Shaenna claque des doigts et nous fait disparaitre.

[…]

Ma tête. Elle était lourde. Elle était abasourdie par toute cette magie et cette confusion qui m’enveloppait. Je ne comprenais plus rien, mais je réalisais que je rêvais. Tout ça n’était qu’un rêve. Une illusion qui semblait si réelle que je me souvenais du contact de ma peau avec ceux qui m’entouraient. Je me rappelais l’odeur qui découlait de ce petit village, de cette forêt. Même la douceur du vent sur ma peau… pourquoi ? comment ? Mes yeux finissent par se décoller et je vis la clarté de la lune. La lune ? « Putain de merde… » Soufflais-je en me frottant les yeux. Comment pouvais-je voir la lune si je me retrouvais dans mon lit… à l’intérieur de ma maison…. Non non… je n’y étais pas. Au contraire. Je me retrouvais sur un sol de terre et d’herbes bien froid à la cime d’un sapin. « What the fuck… » Dis-je en me redressant. Est-ce que ça signifiait que je n’avais pas rêvé ? J’étais dehors. Shaenna, Freydis, Elvendyr, les vampires, les anges. « TOUT EST VRAI ???? » Hurlais-je à travers la forêt. Je baisse mon regard vers mon pyjama taché par la parcelle de terre sous mes pieds. « Non, mais c’est une blague là ? Come on ! Mon pyjama préféré ! » Et aussitôt j’entendis des hurlements à travers la forêt. C’était mon frère qui criait mon nom. Je porte mes mains à ma bouche et hurle à mon tour. « DEREK !!!! » Et je me mets à courir comme jamais à travers les racines et les branches pour rejoindre le son de sa voix. Je m’arrête face à lui complètement essoufflé par ma course. « Il se passe quoi.. on fout quoi ici ! » J’étais sous le choc. Pétrifié même...

In my body I'm a disaster.

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Elle perce ma solitude oppressante et angoissante. Je relève la tête et ces deux somnambules qui me servent d’yeux essaient en vain de suivre l’invisible sillage. Elle a quelque chose qui rassure et apaise. Sa voix. Cet écho lointain transperçant les murmures d’une forêt profonde, assassine et bien trop obscur pour y errer. Sa voix parvient facilement à laisser mourir les chuchotements de la nature, ces simulacres d’un outre-monde qui planent en les arabesques de mes pensées ombragées d'une mort qui martyrise mes retrouvailles avec mon frère.

- Hunter ! Sur mes lèvres, son prénom ne fait qu’à peine y glisser, me redressant sur mes deux jambes et suivant l’écho de sa voix.

Mon frère.
Mon frère jumeau.
Ma chair et mon sang.
L’écho de mon être.
L'autre partition.
Je croyais l’avoir perdu.
Je pensais qu’ils me l’avaient arraché.

Et haut loin dans le clair-obscur de ce matin argenté je vois sa silhouette qui en trombe fait irruption des profondeurs des bois. Patte gauche, empoté de fatigue et de bouleversements, j’enjambe les obstacles et remonte au niveau de mon frère. Il a le regard fou de celui qui a confronté plus vaste encore que la Folie elle-même. Je m’empresse de le prendre dans mes bras et de lui bafouiller un truc qui ressemble à :

- Je—j’sais pas ce qu’on fout ici, Hunt’ !

Je m’écarte de lui et entame un examen sommaire pour m’assurer de son état.

- Tu. Tu vas bien ? Tu n’as rien ? Il y avait… ces… trucs… ils ont…

Putain. Ils l’ont tué… de sang froid et sous nos yeux.
Freydis…
Le bonheur de retrouver mon frère, à cette pensée, est néantisé…

La confusion s’emparait de mon âme tandis que mon esprit craignait le pire. Nous étions dans la forêt profonde moi et mon frère jumeau. Comment était-ce possible ? Nous étions pourtant en premier lieu dans notre lit à dormir comme des ogres pour se réveiller dans le village d’un monde inconnu – limite de la fiction. Il y avait eu Caleb, le copain de Bridget et barman du Devil’s Tail, puis ensuite la jolie Freydis. Mon regard se ferma un moment pour tenter de vaincre ses douloureux souvenirs. C’était impossible. Ça ne pouvait pas être réel tout ça. Je les ouvre à nouveau et constante que j’étais toujours là aux côtés de Derek, dans cette dense forêt. « Oui… je vais bien… mais si on est ici, tous les deux, c’est que tout ça était vrai. Que Freydis… Caleb… ils sont vraiment morts…et ça veut dire que. » Je m’arrête en me laissant tomber sur moi-même au sol. Je porte mon visage dans le creux de mes mains pour réfléchir un moment. J’avais cet drôle d’impression. Comme si je manquais de suffoquer. Faisais-je une crise de panique. Je pris un moment, posant ma main contre ma poitrine pour reprendre le dessus. Mes yeux suivirent la silhouette de mon frère face à moi jusqu’à ce qu’ils rejoignent son visage. « Des putains de vampires Derek. Tu peux être certain que dès demain, je vais dévaliser tout l’ail qu’ils vendent à la superette, tu peux aller à l’église…. Si je ne me trompe pas maman a déjà dit qu’ils vendaient des gallons d’eau bénite. Le Reverand MacDougall est mieux d’être compétant parce qu’on n’a pas besoin de se faire arnaquer là-dessus…. Ah oui, tu crois qu’il a encore la boîte de babiole de grand-mère dans le sous-sol. Je suis certain qu’il y avait tout plein de crucifie. » Je paniquais et je voulais nous protéger du mieux que je le pourrais. Tout ça, était-ce que pour la fiction ou ça fonctionnait réellement contre les vampires ? Je voyais que l’état d’esprit de mon frère songeait encore au sacrifice de Freydis. Je savais que cette jolie brunette lui avait tapé dans l’œil. C’était malheureux. Elle était réellement bonne. Je n’avais pas vu Derek regarder une femme de cette manière depuis son divorce avec Nell.

In my body I'm a disaster.

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Impuissant, je l’observe sombrer dans les désastreux méandres de la folie. Son discourt de survivaliste invétéré n’étant que la fine pointe de l’iceberg qui se profile sournoisement droit devant. Car je sais très bien ce qu’il fera de toutes ses armes récoltés : les murs de notre maison seront tapissés de crucifix et sous nos oreillers nous sera empilée une montagne de gousses d’ail. Scène que je redoute déjà. Et je ne peux m’empêcher toutefois de froncer les sourcils, au songe d’un détail précis :

- Mais le Révérend MacDougall, c’est pas lui que les flics ont coffré, le mois dernier, pour satanisme ou pédophilie ? Il me semble qu’il y avait un article, dans le journal, qui parlait des atrocités perpétuées dans le sous-sol de l’église ?

À moins que cela soit le curé du village ? De nos jours, de toute manière, les prêtres, ils sont tous louches et je suis heureux que ma défunte petite fille n’ai jamais eu affaire à eux ! La faune alentour s’anime et s’éveille dans les ténèbres de la forêt, ce qui d’instinct me fais frissonner alors que je dévisage les périphéries comme à la recherches de réponses que je sais que je ne trouverais jamais. Je laisse trépasser un battement de cœur, et puis un autre. Ma respiration retenue un court instant se déliant doucement alors que j’essaie en vain de recouvrer une sainteté d’esprit. Mais l’horreur de cette nuit persiste, résiste à la moindre esquisse de sérénité et je comprends qu’il me prendra une éternité de misère supplémentaire avant de laisser s’éteindre à l’ombre de mon cœur mutilé la brûlure irradiante…

Freydis. Son nom comme marqué d’un fer chauffé à blanc sur absolument tous les recoins de mon esprit.

- Hunter, on… on va évaluer toutes les possibilités et démarches à suivre. C’est sûr qu’on va le faire. Mais pas ici. Pas maintenant. Il faut se tirer d’ici et vite !

Épuisé. Terrassé.
J’ai faim, qu’est-ce qu’on boit ?

THE END
sujet terminé & verrouillé.