❝ THE DEVIL WITHIN, feat. Basile & Denver. ❞

Sa rapidité est déconcertante, presque surnaturelle. Pourtant, tu la sais bien humaine. Elle enchaîne les attaques sans te laisser le moindre répit, bouffée par cette rage au ventre qui ne la quitte jamais. Cette colère qui la dévore menace de te submerger à chaque nouvel assaut de la blondinette mais tu prends sur toi. Concentré sur cette boule de haine qui enfle dans ton estomac, tu baisses ta garde et elle en profite pour te faucher au niveau des jambes. D'un seul coup, tu te sens partir en arrière et tu t'étales de tout ton long sur le sol. Le souffle coupé, tu restes à terre, ton regard rivé vers le plafond. Très vite, tu vois une tête blonde se pencher vers toi, une moue déçue déformant son visage angélique.

— Tu n'as fait que parer mes attaques, qu'elle t'accuses.

Tu soupirs, partagé entre l'envie de rire et celle de l'étrangler. Tu optes pour la première option, sachant pertinemment que tes envies de meurtres ne sont pas les tiennes.

— Crois-moi, c'était déjà bien assez.
— Bien assez insuffisant, tu veux dire. Tu feras comment le jour où tu sera amené à te battre pour sauver ta carcasse de géant? Tu secouera ta crinière de licorne?

Elle module sa voix pour y insuffler de la moquerie teintée de condescendance, sauf que toi, tu vois au-delà. Derrière cette attitude désinvolte se cache une inquiétude réelle pour toi. Tu déplores la violence, elle le sait pertinemment sans pour autant abandonner l'idée de faire de toi un guerrier.

— Un truc te déplaît avec cette méthode?

Ton sourire atteint ses défenses. Le coin de ses lèvres frémissent jusqu'à s'étirer discrètement en coin. Tu choisis ce moment pour tendre ta main vers elle et Roxane la saisit, t'aidant à te relever. Tu aimerai bien lui demander pourquoi elle est si chiffonnée depuis ce matin, toutefois, tu t'abstiens. Comme à chaque fois, ou presque, elle ira se murer dans un mutisme hostile avant de te laisser en plan. Alors tu vous épargnes un tel débâcle en la prenant dans tes bras. La surprise raidit son corps mais très vite, elle se laisse aller, posant ses mains dans ton dos.

— Tu pues, qu'elle murmure.
— Toi aussi, p'tite tête.

Malgré vos relents de transpiration suite à vos heures d'entraînement dans la salle prévue à cet effet au sein de l'agence, vous restez ainsi un temps indéterminé. Jusqu'à ce que vous entendiez la démarche rapide et assuré d'Elkan venir droit vers vous. Il n'en faut pas plus pour que la blonde se décolle de ta carcasse de gros nounours. L'envie de la charrier t'es coupée lorsque tu vois le viking à l'embrasure de la porte darder ses prunelles limpides droit vers toi.

— J'ai une nouvelle qui ne va pas te plaire.

* * *

Les archives de l'agence comptent plusieurs affaires non résolues mais tu ne saurai dire pourquoi, des cas  te marquent plus que d'autres. Comme si la violence de certains actes parvenaient à percer tes os à la lecture des rapports.

— Je suis à la morgue et Linda confirme, il s'agit bien du même mode opératoire, t'informe Roxane par téléphone.
— Un copycat, que tu souffles en t'éloignant d'un petit sentier pour t'enfoncer à travers la forêt.

La lune est pleine dans le ciel nocturne mais ses rayons peinent à traverser les feuillages des arbres qui t'entourent. Plus tu t'éloignes de ce sentier et plus ton parcours s'obscurcit. Cela ne t'empêche pas d'avancer, persuadé d'emprunter le bon chemin.

— T'es certain de ne pas vouloir de moi?
— Non ça va aller. Je te rappel plus tard.
— Dans une heure, si je n'ai pas de nouvelles, je viens te chercher.
— Okay.

Tu raccroches et te concentre. La peur s'imprime dans ta chair. Tu entends des hurlements se jouer à l'intérieur de ton crâne. Une violence incroyable qui te cloue un instant sur place. Des pleurs. Des regrets. Tu n'as plus aucun doute, c'est ici que le meurtre a eu lieu.

Tu perçois quelque chose de plus insidieux et déstabilisant. Tu jubiles et savoures. Le désespoir te gonfle le cœur d'une euphorie affligeante. Quelque chose cloche. Mais quoi?

- ️ FICHE  BY DISTURBED -

But I crept into your heart.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

RevealDown, 1975.

Un hurlement dans la pénombre. Et survient le silence total. Ce qu’il restera de la dépouille au petit matin ? Rien. Hormis peut-être quelques gouttelettes de sang, que l’arrosée  aura si vite effacée. Un petit coup d’œil à la voûte céleste… et la satisfaction de reconnaître que seuls les géants de la nuit seront les fidèles témoins de ce qu’il vient de se produire ici-bas. Avec le temps, l’on apprend à être plus subtile… plus discret... plus fourbe et insidieux. Au crépuscule du soir, il est plus facile de frapper, plus excitant de laisser grandir et s’épanouir dans la nuit ce rêve igné de meurtre. Au crépuscule du soir, parmi les clous diamantés et le plafond d'ébène, il se recèle dans l’agonie prolongé une infinie poésie. Un indéniable charme, où se mélangent doucement la rigidité d’un crime et l’origine du Vice lui-même, qui du fond de l’abîme bleuté expulse son rire monstrueusement grisant. Avec le temps, au crépuscule du soir, la lucidité se meurt alors que vient au monde la désolante utopie. L’imaginaire carmine et le pourpre de son euphorie. Par les flashs rubigineux qui assaillent la rétine, en le marasme extraordinaire de cette anatomie de Crime, aussi rutilante et claire que l’acier des eux, se fauche contre les parois de l’encéphale cette soif de vouloir coucher son âme sur le papier alors que la Muse déjà trépasse et vers l’abîme Elle se noie.

Alors revient la rage et le syndrome de la page blanche.
Alors repasse dans le flux des veines, la Haine pour l’Humaine -trop faible et inférieure- gisant au salut du gargantuesque génie qui désormais ne la contemple pour ce qu’Elle sera demain ; un amas de charogne déclamatoire et pestilentielle qui sustentera l’appétence d’un Autre et ajoutera son zeste empoisonné en les entrailles malades de la planète Terre.

L’instant crédule. La lame, cruelle et froide, emblème d’une foudre nerveuse, qui replonge dans la carne carmine de la gorge et déchire le peu qu’il en reste. Le flux corailleur entame l’inéluctable course sur la verdure, esquisse d’un Pourpre sublime qui trace son chemin et présage la Fin. La Muse n’est désormais plus que le souvenir d’un gargouillis inaudible et l’achèvement d’un visage tordue de Mort.

Un petit coup d’œil à la voûte céleste… et la satisfaction de reconnaître que seuls les géants de la nuit seront les fidèles témoins de ce qu’il vient de se produire ici-bas.

• • •

RevealDown, de nos jours...

Derrière mes paupières tombales reviennent à la charge ce songe de cadavre froid, courrouçant mes lippes de Son arrière-goût putride et putréfié. Une subreptice gangrène faisant resurgir du vieil essaim de ma cervelle, les serviles aspics qui docilement se prolongent et prolifèrent sur la charogne de mes augustes mémoires.  Le souvenir froidement et sans aucune pudeur assassiné par l’éclat persifleur d’un instant T à la fois enrageant et déboussolant. Le sombre sourcil inquisiteur qui s’arque sous le marbre translucide de mon front appesanti par le redoutable dilemme cornélien alors que mes fielleuses diaphanes cherchent et trouvent l’Auteur de ce sans pitié carnage.

Que vois-je ? Que vois-je ?
Qui erre ? Qui erre ?
Qui ose venir ici ?
Un petit quelque chose qui s’apparente à un sens de la Justice ?
Ou un petit contretemps de rien du tout ?  

Drapé de mes noires et profondes ténèbres légendaires, à pas feutrés j’immerge en le sillage contemplateur de l’indésirable Visiteur… ce profanateur de tombeau à ciel ouvert qui n’a d’extraordinaire que la large carrure et l’ample grandeur qui me surplombent.  

- Avec ma maigre silhouette, je joue souvent aux osselets. Le plus grand de tout les autres qui me composent est le fémur. Qui suis-je ?

Que vois-je ? Que vois-je ?
Qui erre ? Qui erre ?
Qui ose venir ici ?
Un petit quelque chose qui s’apparente à un sens de la Justice ?
Ou un petit contretemps de rien du tout ?