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 Chap. 2 - Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres. Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres. Le bois retentissant sur le pavé des cours. Charles Baudelaire ☆☆ Mary ☆☆

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MessageSujet: Chap. 2 - Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres. Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres. Le bois retentissant sur le pavé des cours. Charles Baudelaire ☆☆ Mary ☆☆ Chap. 2 - Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres. Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres. Le bois retentissant sur le pavé des cours. Charles Baudelaire ☆☆ Mary ☆☆ EmptyVen 25 Sep 2020 - 22:26

Chap. 2 - Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres. Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres. Le bois retentissant sur le pavé des cours. Charles Baudelaire ☆☆ Mary ☆☆ 527a93748d875a313a65b84dd33b95c6

L'Été se mourait à la naissance de l'Automne. Voilà des mois que Sibelius veillait sans relâche sur sa Promesse, comme l'on protégeait coûte que coûte la vie de la chair de sa chair... Excepté, que là, il ne pouvait pas la bouffer, cette chair. Comment ça les parents humains n'ont pas pour habitude de déguster leurs rejetons ?! D'où proviennent vos sources, je... ! Soupir intérieur et drame chaotique. Au milieu de nulle part, entre deux brins d'Ailleurs. Le vampire courait à vitesse... eh bien vampirique, par la forêt solitaire qu'il aimait mieux que les terres plaines, moins sûres, mais plus courtes. Le chemin tout tracé, il ne laissait pas une minute se perdre dans ses données. Où allait-il comme ça ? Sauver la reine de l'inconscience, de toute évidence. Il avait pris la fâcheuse habitude de courir constamment après Mary et ses innombrables folies humaines. S'il avait toujours porté beaucoup d'importance à sa discrétion dans sa quête face aux Flowery, il fallait bien admettre qu'avec celle-ci, ses plans avaient été compromis dès leur première rencontre fracassante... et qu'il était bien tard maintenant pour faire comme si rien n'était. Contre toute attente, il en venait parfois à apprécier sa compagnie. Elle n'était pas si barbante que ça, pour une poche de sang. Bien moins ensorcelée par les sentiments futiles et risibles, typiquement humains, qu'il ne voyaient pas d'un bon œil, qui ne l'amusaient pas le moins du monde. Sibelius et ses vampiriques festoiements, Sibelius et ses conquêtes à chaque nuitée, Sibelius et ce trop plein de Vie, pour ce trop vrai de Mort, qu'il vivait. Quelle arrogance. Quelle amertume. Quelle vérité.

La soirée s'écoula si vite qu'il ne vit pas même la lune s'émouvoir et les arbres s’agiter. Tout devint si calme, si flou. Il avait perdu le loup de vue, mais surtout d’ouï. Que s'était-il passé ? Où s'était-il trompé ? Agacé de s'être perdu ainsi alors que le temps lui était si couteux, le vampire continua encore un moment à l'aveuglette. Puis ce fut étrange, comme un mirage en pleine ère glacière. Une lumière dans les ténèbres. Étrange lueur émergente. Il s'y laissa guider, doucement au pas, sur ses gardes. Arrivé devant un prétentieux château au milieu des noirceurs, le brun ne sut se positionner, entre méfiance et persécution théâtrale typiquement Sibelienne. Il avait traversé à de nombreuses reprises cette forêt, vu chaque recoin, et jamais il ne s'était retrouvé ici, si loin.

— Oh naaaaan, ça y est, on part dans les clichés, ça me fait plus rire, camarade, comme si c'était pas suffisamment ridicule comme ça. Le manoir, un vampire, la forêt, un lycan qui rôde, et maintenant, quoi ? Des petits fantômes dans la brume pour crier BOUH et balancer des meubles et des tableaux ? Sérieux, je suis pas venu tourner un court-métrage avec effets spéciaux super réalistes pour faire sensation auprès de mes repas ambulants. Alors je te préviens, tu te ramènes immédiatement sac à puces, ou je....

Un cri retentit dans la cour du château. Les sens en alertes, le vampire ne put retenir un roulement des yeux dramatique et une remarque sarcastique avant de foncer dans le feu de l'action.

— Mais bien sur, il manquait la petite humaine en détresse pour rendre le tout merveilleusement.... ennuyant et prévisible !

Enfin, le vampire tomba nez à nez avec.... Flowery dernière du nom, les pupilles dilatées et un air effaré peinturluré sur le visage de porcelaine. Elle semblait être sur le point de reprendre la route avec sa camionnette.

— Tiens mais ne serait-ce pas ma petite poche de sang préférée... s'amusa-t-il à l'interpeller en l'observant de bas en haut, petit air malin en coin, ne réalisant pas sur l'instant ce que sa présence ici impliquait inévitablement.

Il lui fallut un sourire rieur et un regard nonchalant, à droite, puis à gauche, pour enfin finir par froncer les sourcils et s'inquiéter sincèrement. Reprendre conscience de l'espace et du temps.

— Attends mais, quoii ? Qu'est-ce que tu fais là, toi ?! Et pourquoi tu fais cette tête ? T'as vu un fantôme ou qu...

Le vampire s'interrompit lui même, prit dans la frénésie de sa folie, il imagina ce qu'il se passerait s'il se prenait au mot et qu'un spectre sévissait également dans les parages. Il aurait du mal à gérer la protection de sa Promesse avec tout ce beau monde autour.

— Par pitié, dis non, je vais pas me mettre à poursuivre du vent en plus de ton ennemi sempiternel, le toutou. Ils sont impossibles à choper ces types là, et font toujours les intéressants sous prétexte que ce sont les meilleurs au cache cache. Mais si tu veux mon avis, c'est de la triche.......T'aurais pas du sel sur toi par hasard ? demanda-t-il finalement, très sérieux. Avec ça au moins, il pourrait enfermer les potentiels rôdeurs brumeux, s'ils existaient vraiment.

Un hurlement transperça la nuit, mettant fin à ces charmantes retrouvailles. Le lycan n'était pas loin et n'allait pas tarder à les repérer. Il était temps de prendre les choses en main et de trouver une cachette pour Mary, et vite.

— J'ai un plan : tu cours sans jamais t'arrêter ni regarder derrière toi. Et pendant ce temps, je trouve un vrai plan. Ça marche pour toi ? demanda Sibelius, anticipant le fait qu'il ne prendrait de toute manière pas son avis en considération. Ça marche.

Il lui sourit, ancra ses yeux d'ambres dans ceux océans de l'humaine, puis sortit ses crocs à la vision d'une silhouette animale se rapprochant à grands galops. Tout se déroula très rapidement. Le vampire bouscula la jeune femme à vitesse vampirique dans un recoin des escaliers, afin de la pousser à courir dans une direction opposée à celle où il se tiendrait pour retenir tant bien que mal le lycan. Il retourna aussitôt à son poste, jouant à esquiver les sauts et coups de crocs de la bête féroce.

— Loupé. Ah. Encore raté. Il te reste deux vies, après c'est game over.....

Sibelius jouait son rôle de fanfaron provocateur, mais comme d’habitude, la situation ne s'y prêtait pas. Elle était même ce que l'on pourrait qualifier de réellement, sérieusement, cruellement critique , et son comportement inapproprié en telle situation n'allait pas pour adoucir les humeurs du loup ennemi qui avait décidé de prendre sa chère protégée en chasse. Bien que le vampire donnait l'impression de maitriser insolemment les choses avec dextérité et facilité, ce n'était en réalité qu'un leurre et une énième preuve de sa sulfureuse folie qui le rendait audacieux, mais surtout suicidaire au point où il en était arrivé à se jeter ainsi dans la gueule du loup. Littéralement. Quelques mois avant sa rencontre avec Mary, il ne se serait jamais osé à affronter en face à face un lycan capable de mettre fin à son éternité en un simple coup de patte mal placé. Décidément, cette humaine faisait ressortir en lui bien des facettes incroyables qu'il prenaient un étrange plaisir à expérimenter, mais qui deviendraient peut-être une nuit les meurtrières de sa Mort.
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Les jours chassaient les nuits au bord du monde, les nuits chassaient les jours au long des étoiles. Le Temps jouait à cache-cache, s'expirait, sans bruit et invisible. Mary vieillit lentement de quelques mois. Les semaines s'égrenaient, étranges, vêtues de sa présence qu'elle devinait sans presque ne jamais le voir. Elle y pensait souvent, bouleversée de tant de mystères. Des vampires, des loups-garous...Fascinant. Impensable.  L'esprit échancré et curieux, l'onde de la Vie l'effleurait différemment. De la lumière avait éclos au beau milieu de ses sombreurs. Les heures qui s'égouttaient n'étaient plus aussi noires et lourdes. Quelque part, quelqu'un veillait. Peu importe ce qu'il était. Elle existait désormais autrement qu'au travers ses obscurités et ses méfiances.

Les rares fois où ils se croisèrent, il fanfaronnait. la superbe arrogante. Elle en souriait, touchée quoi qu'elle en dise, par cet être improbable qui la protégeait. Une « Protection ». Elle tentait de réaliser, si mal, ce que cette fameuse promesse impliquait. Pourquoi Sibélius la respectait aussi fidèlement alors que rien, de par sa nature, ne l'y contraignait ? C'était un fait, contradictoire en soi, à la fois profond de vérité et d'incompréhension. Un engagement inhumain dont la beauté clandestine lui inondait le cœur. Elle ne savait qu'en faire, une patate chaude qui la brûlait. Elle n'avait rien demandé et la liberté avec laquelle il usait de sa propre volonté lui clouait le bec. Sans arguments à lui opposer, sa limite se résumait à lui dédier un respect et une confiance indéfectible.
Une fois ou deux, elle l'aperçut au loin. Il se laissait voir comme elle se laissait toucher par ses secrets. Sibélius. A travers les débris des ses affections, une émotion pure la cisaillait à certains moments d'accident. Une reconnaissance, quelque chose qui s'apparentait à un attachement. C'était fugace mais intense. Une lame de fond l'emportait alors dans une douceur d'un autre âge, affûtée à ouvrir une faille. La faille. Celle qui émeut et attendrit. Celle qui murmure si fort depuis le Commencement. Mary ne savait pas aimer. Ne savourait ni la confiance ni l'espérance. Mais le chamboulement des pôles s'était déjà amorcé. L’Éternité incarnée s'invitait dans ses pauvretés.

Plus rien ne serait comme avant.

***

Levée depuis l'aube, il avait fallu tailler et assembler les branches mortes du parc qui s'étendait sur une dizaine d'hectares. Le propriétaire, absent pour l'hiver, exigeait que cela soit réalisé avant le début du mois de novembre. Négligés depuis des années, les arbres souffraient d'un manque de soins et il y avait du boulot par dessus la tête. Les muscles enflammés de travail, rincée, Mary rangeait le matériel dans son camion, quand tout à coup, deux lueurs incandescentes percèrent la nuit, au-delà de la cour. Le geste suspendu, elle cria malgré elle, terrifiée. Si c'était...Le souffle coupé, une seconde clabota  avant que Sibélius n'apparaisse brusquement de nulle part, tout près. Elle sursauta, reculant d'un pas :
-Tu m'as fait peur! Arrête de surgir comme un diable, nom d'un chien !
-Sib, je...

Elle allait lui répondre sur le même ton potache, agacée de sa peur. Après tout, ce n'était peut-être qu'un renard fouinant ou un gros chien sauvage qui cherchait des noix. Mais le hurlement qui s'ensuivit emballa son pouls. Panique, sur-ventilation. Les prunelles dorées où elle se noya, une fraction de vent. Les crocs qui saillirent. Double croche.

Elle ne comprit rien, chutant subito contre les marches. Un joli vol plané qui lui évita le pire. Insensible aux contusions du choc, elle resta à terre, tétanisée par la scène qui se déroulait. On ne discernait qu'un amas de silhouettes ombrées, écorchant un arbre, butant le mur du château, grognant les efforts du combat. Des pierres volèrent dans l'air, un tronc se brisa en deux. Impuissante, elle assistait pour la première fois à la guerre ancestrale des lycans contre les vampires. Effarée, incapable de courir, elle recula lentement vers la camionette, ouvrit fébrilement la porte et les yeux toujours fixés sur la rixe sanglante, tâtonna sous le siège conducteur afin de saisir un pistolet. Elle arma, bras tendus. Mais il était impossible de tirer précisément. La tornade monstrueuse se déplaçait à toute vitesse, ici, là, plus près, plus loin. Haletante, torturée à l'idée que le vampire y laisse sa peau, elle se mit à prier à mi-voix : « Mon Dieu, par pitié, par pitié, non... »
Pourvu que...Pourvu qu'il...

Un nouvel enfer lui crevait l'âme. S'il mourait...La sale douleur, mauvaise, lui arracha des larmes acides.
Aussi présent qu'il pouvait être dans ses absences, le vampire occupait ses silences et emplissait ses néants.

« Sibélius...Ne meurs pas...Sibélius... »

Two Steps From Hell-Archangel Extended
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