Revealdown, mon nouveau chez moi. L’an dernier, après tout le drame face à mon paternel, l’incendie du Vintage Hotel de Sidebay – puis dernièrement le scandale sur l’homosexualité de mon fils Kayden, je savais que j’avais besoin de respirer. Faut croire que la grande ville, ce n’était plus fait pour moi. Pourquoi Revealdown ? J’y connaissais peu de gens, mais je me souvenais de nos visites pendant que ma grand-mère faisait toujours partie des vivants. Un vaste terrain pour la construction du nouvel hôtel, puis un autre à quelques pas de là pour le manoir qui allait accueillir ma future épouse Abigail Jenkins ainsi que notre petite dernière la magnifique Lili. Certes, j’en étais déjà à plusieurs enfants – et ça avec plusieurs femmes différentes – mais rien n’empêchait que j’apprécie vraiment d’être le père de toute cette fratrie. Rien n’était facile, mais je m’adaptais. Enfin, c’était surtout ce que je croyais.

Abby venait tout juste de nous rejoindre en ville. Les travaux avançaient à grand pas et je me devais d’offrir une publicité digne de celle de notre hôtel à Manhattan. Partout au pays, les gens connaissaient l’existence du Vintage de New York et je comptais faire pareil pour celle de Revealdown. Après tout, plage, soleil et coin paisible, c’était la recette gagnante pour un succès assuré. Me voilà ainsi de sortie pour rendre une petite visite à la sortie de la ville où je faisais installer une immense pancarte publicitaire où on voyait un croquis de l’hôtel, la plage ainsi qu’une grande représentation de ma personne – dont j’étais même plutôt fier. Hop. Sunglasses sur le bout du nez, camisole propre de convenance et je roulais à bord de ma Lamborghini rouge vive à travers les routes de la ville jusqu’à sa sortie. Je m’approche ainsi du maitre du chantier et lui fit un signe de la main tout sourire. « Wow ! Ça en jette vraiment. Si quelqu’un n’est pas au courant encore de notre venue à Revealdown, ça risque de changer maintenant. » Je passe une main dans mes cheveux en admirant l’œuvre. « J’ai fier allure non ? » Je démontrais ma parfaite dentition, bien satisfait du travail.

Comme tous les matins, juste avant que la chaleur estivale n’embaume l’air, je sortais pour une longue marche matinale en compagnie Duke, notre fidèle et vieux golden retriever. Chaque jour, nos pas nous menaient à explorer RevealDown sous un autre angle. Nous bifurquions dans les ruelles et quand nous avions plus de temps, nous arrêtions près du lac. Malgré ses quatorze années et de l’arthrite plein les articulations, mon vieux compagnon ne s’empêchait jamais de se tremper jusqu’au cou et de nager jusqu’à s’en épuiser. Ce matin, je ne travaillais pas et nous avions eux tout le temps de profiter de l’étendu du d’eau.

« Allez! On rentre! Les filles vont arriver pour déjeuner et on va être en retard. »

Lui indiquais-je en remontant pieds nus, soulier en main, l’étendue de sable menant au chemin boisé. L’animal encore trempé me rattrapait aussitôt en ne manquant pas de se secouer juste à mes côtés.

C’est à la sortie du parc que le bruit sourd des camions attira notre attention. Depuis déjà plusieurs semaines, un grand projet hôtelier préparait son ouverture à l’autre extrémité de Primerose. L’endroit était stratégique considérant qu’il se situait à l’entrée même de Revealdown. Tout de moins, le projet s’attirait la grogne des résidents qui n’appréciaient pas voir leur quartier tranquille tomber dans l’ombre d’un tel bâtiment. D’autant plus, le choix architectural laissait à désirer et détonnait avec le reste des habitations. Curieuses de voir l’avancement du chantier, je décidai de prolonger de quelques minutes notre escapade en bifurquait dans cette direction.

En nous rapprochant de la station-service, on ne pouvait que remarquer la nouvelle affiche qui venait d’être érigée. Une publicité démesurée n’ayant aucun autre but que d’attirer l’attention. Une once de découragement parcourut mon esprit en voyant son visage estampillé ainsi à la vue de tous. Ces les filles qui me feraient toute une scène en arrivant à la maison. Bien que je ne leur avais jamais donné de raisons de détester leur père, les tenant mordicus hors de nos conflits, elles s’étaient toutes les deux fait une opinion de cette figure absente. L’ainée lui portait une rancœur inexplicable et la cadette ne partageait que trop peu de souvenirs avec lui. Pour ma part, la simple vue de son visage me ramenait inévitablement au soir de l’accident. La colère, la peur, la détresse et la tristesse se heurtaient à toutes cet amour que je lui avais déjà porté. L’amertume ne disparaissait pas malgré toutes ces années et quand j’entendis sa voix, mon cœur faillit tressauter.

Il était là, se tenant au côté de sa voiture et portant toujours ce costume impeccablement repassé. L’apparence était bien la seule chose qui lui restait et qu’il pourrait indéfiniment contrôler. Après le scandale au sujet de son fils, ses multiples divorces, échecs amoureux et parentales, j’ignorais comment il parvenait à surmonter son quotidien. Au fond, n’avait-il jamais aimé autre que lui-même.

« À vrai dire, les années t’ont donné quelques cheveux blancs et quelques rides, mais tu n’as pas vraiment changé. »

Lui lançais-je, un sourire moqueur au visage, alors que le contremaitre s’éloignait sans même se sentir interpeler par l’échange.

« Ton égo n’a vraiment d’égal que cette affiche, si seulement tu accordais autant d’importance à tes filles qu’à ton image! L’altruisme n’a jamais été ton point fort!»

Après autant de saisons passées, un remariage, je ne m'y habituerais jamais. Cet homme avait égoïstement pris mon coeur sans jamais lui permettre de rebattre autant pour un autre que lui. Ces vives palpitations que sa présence occasionnait me donnaient l'impression de le revoir sans cesse dans les bras de cette femme pour laquelle il avait décidé de sacrifier notre union. De tout cet amour que je lui avais porté, il ne restait qu'un brasier ardant.

C’est posté devant cette représentation géante de moi-même que je pouvais conclure que j’avais beaucoup de chance d’avoir cette vie-là. La notoriété que représentait mon statut sociale me permettait de vivre, plus que n’importe quoi. Je possédais tellement d’argents et de biens que je pouvais me permettre tous les excès. J’avais cette chance d’être de nouveau marié avec la jolie Abigail et de voir grandir la petite Lili près de moi. Certes, ce n’était pas ma première enfant, sauf que pour une fois, je comptais tenir mon rôle de père comme je ne l’avais jamais fait auparavant. Ab avait besoin de ma présence et de savoir que notre relation durait depuis Sidebay, à l’époque où elle était escorte de luxe faisait surement en sorte que la passion était bien plus grande qu’avec toutes les autres femmes que j’avais pu dire oui devant l’hôtel. Souriant et riant de plus belle avec l’un des maitres de chantier, je finis par détourner mon attention vers une femme qui s’approcha de moi pour m’aborder. L’autre homme préférait nous laisser et retourner bosser – bien que mon esprit ne s’occupait plus de rien d’autre que de la jolie blonde qui me parlait. Amanda. C’était réellement Amanda, mon ex-femme – l’une de mes ex-femmes du moins. Toujours son petit commentaire cinglant qui lui appartenait tant. Je pousse un petit rire moqueur pour l’accompagner. « Peut-être que j’ai quelques cheveux blancs, mais on ne dit pas que les hommes sont de plus en plus séduisants avec l’âge. » Je croisais les bras en souriant, dévoilant ma parfaite dentition. « Je me doutais bien qu’avec toi, ça n’aurait pas pris une seconde que tu m’aurais fait un reproche. Toujours la même Amanda. » Je serais les dents pour conclure avec un petit sourire. « Je m’installe officiellement à Revealdown, tu peux croire que je vais pouvoir passer plus de temps avec les filles de toute manière… et puis elles seront parfaites pour garder ma petite Lili d’ailleurs. » Avouais-je tout sourire… le pire c’est que j’étais très sincère dans mes propos.

Tellement d’années nous séparaient, nous ne nous étions pas revus depuis au moins 10 ans. Le voir ainsi vieilli me faisait réaliser à quel point le temps s’était passé à une vitesse folle. Notre vie commune appartenait au passé et de cette époque, nos filles demeuraient le dernier témoignage de ce temps partagé. Les jours, les mois et les années avaient fini par atténuer la douleur de cet échec. Mes attentes envers lui s’étaient peu à peu volatilisées pour laisser derrière elle une vive cicatrice. On ne se remet jamais totalement d’une histoire comme celle-là, sauf si on s’appelle Garrett Carpenter.  

« Et de moins en moins performant. »

Ne manquais-je pas de lui faire remarquer avec légèreté. Le regard moqueur, je pinçais les lèvres pour masquer ce sourire d’amusement.  

« Ce ne sont pas des reproches, je constate c’est tout. Puis, à une époque, tu ne te plaignais jamais de ma franchise.»

Ne soulignais-je avant qu’il ne m’annonce son intention de s’installer ici. Non, mais sérieusement? Le monde n’était-il pas assez grand pour qu’il trouve une autre ville pour y installer son empire. J’en perdais toute ma bonne humeur. Ne nous avait-il pas déjà assez fait souffrir? Ses conneries et son absence teintaient le quotidien de nos enfants depuis notre séparation. Je redoutais que la proximité vienne raviver des vieilles brulures.

« Laisse les filles tranquilles! Elles en ont déjà assez sur les épaules avec les études et le travail. J’ignore si tu pensais que revenir auprès d’elle pouvait changer quoi que ce soit, mais il est trop tard pour rattraper le temps perdu. Tu ne peux pas t’inviter dans leurs vies aussi facilement, tu n’es rien de plus que le mirage d’un père et tu les as déjà suffisamment blessées. Tu les as abandonnées, tu les as remplacées, tu as manqué tous les anniversaires, tu préférais laisser tes gamines de 8 ans être escortées par des inconnus que de toi-même venir les chercher… Ne t’avise même pas de les appeler, tu m'entends? Si elles veulent te voir, elles sont assez grandes pour venir à toi. »

Je n’entendais plus à rire. Quand il s’agissait de mes filles, je devenais une vraie louve, prête à claquer des dents et faire saigner le premier malintentionné. D’une part, je savais que notre ainée ne voudrait rien savoir de Garrett et de l’autre, je redoutais que notre cadette se fasse des illusions face à ce retour impromptu.

« C’est triste que tu puisses encore te reproduire, tu n’as pas pensé à la vasectomie? »

De me retrouver face à mon ex-femme m’énerve déjà. Je la trouvais toujours aussi belle et sexy qu’à l’époque de l’université où nous étions un couple marié. Rien n’avait changé de ce côté, sauf que je connaissais la haine qu’elle portait à mon égard. Elle avait réussis à me soutirer beaucoup d’argents suite à mes infidélités et avait monté nos filles contre moi. D’un côté, je lui en voulais pour cette attitude digne de la reine des enfers elle-même, mais d’un autre, je ressentais toujours cette petite dose de compassion à son égard. Je lui souriais malgré ces petites remarques. Il était bien rare qu’elles m’atteignaient de toute manière. « Performant. Tu devrais retenter de faire un tour, parce que le Garrett Mobile est tout de ce qu’il y a de plus performant. Je suis certain que ton nouveau cowboy ne m’arrive pas à la cheville. » Je me crois, c’est le pire. Je n’avais jamais fait la rencontre du nouveau mari d’Amanda, mais je savais que les filles l’aimaient beaucoup. Cela me faisait quelque chose à chaque fois qu’elles prononçaient son nom, mais je ne pouvais pas leur en vouloir… après tout, c’est moi qui n’avais pas été présent pour elles. Cet homme, il partageait leurs quotidiens depuis un moment déjà. J’écoute ainsi tout le long discours qu’elle me balance – ne prenant même pas le temps de porter attention sur chaque détail de son speatch. Elle m’en voulait. C’était toujours d’actualité et je n’avais aucune arme contre elle. Je lui répondais comme si ça allait changer quelque chose à notre lien. Même que je commençais à me fâcher un peu. « Je vais voir les filles et je vais les appeler si ça me chante Amanda. Je reste leur père et je compte réellement m’impliquer dans leurs vies. De toute façon, si elles le souhaitent, des parts du nouveau Vintage Hotel leurs reviennent et je compte bien leur en faire cadeau. » Elle exagérait vraiment… « Avec la fortune que je possède, si je peux rendre des enfants conquis par une vie meilleure et à l’abri du besoin. Je ne verrais pas pour quels raisons je m’arrêterais. » Venais-je vraiment de dire ça…. Malheureusement oui.

Son commentaire sur les performances sexuelles de mon mari ne méritait aucune réponse. Le mot différent décrivait bien ce remariage. Nous étions des amis avant d’être des amants et j’avais beau dire le contraire, le sexe avec Garrett était d’un autre niveau. Je roulais les yeux et m’en tenait à aussi peu. Pas questions de flatter son égo et de lui faire des éloges sur son maniement phallique.

Il n’écouterait pas la moitié de ce que je lui disais. Garrett aimait me faire porter le chapeau et m’attribuer le rôle de la méchante dans notre histoire. Pourtant, il ne faisait que récupérer la monnaie de sa pièce. Jamais, de toute leur existence, je n’avais parlé en mal de Garrett devant nos filles. Je le détestais. Je le haïssais. Je lui en voulais de m’avoir fait croire au bonheur. Ma rancœur n’avait d’égal que l’amour que je lui avais porté. Malgré tout, mes filles pouvaient témoigner que jamais je ne les avais empêchés d’aimer leur père.

« Ce n’est pas pour moi que je te demande de garder tes distances… c’est pour elles! »

Tentais-je de le raisonner. Ne comprenait-il pas qu’un lien père/fille ne pouvait s’établir en un simple claquement de doigts. La suite de son discours m’attristait davantage et me laissait sans mot.

« L’argent n’achète pas l’amour Garrett! L’argent ce n’est rien, ça vient, ça part… les paroles et les souvenirs eux restent. Tu peux leur offrir la terre entière si tu le souhaites. Mais elles préfèreraient faire une randonnée en montagne avec toi que d’hériter de ta fortune.»

Lui expliquais-je, plus douce, sans jugement. Nous n’avions jamais eux ce genre de discussion et étrangement, aujourd’hui, dans ce stationnement, les mots coulaient comme de la lave sur le sol rocailleux.

« Es-tu vraiment plus heureux parce que tu as de l’argent? »

Osais-je lui demander, retrouvant la prunelle ombragée de son regard courroucé espérant qu’il réalise la gravité de ses propos.

Rapidement, la conversation changeait et on ne pouvait pas dire que j’appréciais plus qu’il fallait. Je n’étais pas très à l’aise de voir Amanda aussi calme – elle qui autrefois était tellement déchainée lors de nos altercations. Elle ne me pardonnait pas mes infidélités et m’en voulait toujours autant aujourd’hui, sauf qu’elle touchait aujourd’hui à des thématiques différentes et qui portaient à réfléchir… enfin… si ça aurait été n’importe qui d’autres, c’était certain que ça aurait eu son impact, sauf qu’avec moi, c’était une toute autre histoire. Je fronçais les sourcils en écoutant ses paroles et refermant mon mental en croisant les bras. « Tu peux dire ce que tu veux… mais je ne vois pas uniquement ma fortune comme un moyen d’acheter mes enfants. Je tiens sincèrement à eux. Si tu as décidé de quitter Los Angeles tandis que j’y résidais toujours, c’est ta décision, pas la mienne alors ne me met pas tous les problèmes des filles sur le dos. Je sais que je ne suis pas un père exemplaire, mais je compte me rattraper et de la façon dont je peux le faire. Je vais y arriver. » J’étais sérieux pour une fois. J’étais un peu énervé même face à tout ce qu’elle me disait. Elle avait un culot incroyable. Je me sentais mal dans toute cette histoire et je détestais qu’on me reproche des choses comme seule Amanda savait le faire. « Et si elles souhaitent me rejoindre à l’hôtel, c’est des moments père-fille que je vais pouvoir vivre, chose que je ne pourrais pas me permettre si je bosserais dans un restaurant minable ou comme homme à tout faire… tu vois. » Mes yeux firent un rond, relâchant en même temps un long soupir. Je voulais démontrer à Amanda que je pouvais aussi avoir raison.

Il croisait les bras. À cet effet, je roulais les yeux. Il n’écoutait pas un mot de ce que je lui disais. Non! Quand Garrett prenait cette position, c’est qu’il se campait sur ses opinions. Qu’elles soient bonnes ou mauvaises… Il aimait bien jouer la victime dans nos histoires. Les vieilles habitudes ne changeaient pas et je commençais à regretter de lui avoir adressé la parole. C’est sans doute en partie pourquoi j’avais décidé de quitter Los Angeles à l’époque, parce que sans que je puisse me l’expliquer, quelque chose me ramenait toujours vers Garrett. Je pouvais le haïr ou le damner autant que je voulais, je restais incapable de l’exclure totalement de nos vies.

« Tu veux vraiment y arriver? C’est un conseil que je te donne, ne t’impose pas plus qu’elles ne le souhaitent, regarde un peu au-delà de ce que toi tu veux… »

Il voulait à tout prix avoir raison et plus il avait tort, plus il s’énervait. Garrett pouvait être un vrai connard, mais il n’en était pas moins un homme d’une extrême intelligence. J’avouais que malgré mon impatience, une part de son discourt m’amusait.

« Tu as raison sur un point, si elles le souhaitent, effectivement, elles viendront… C’est vrai que si tu avais bossé dans un restaurant minable ou comme homme à tout faire, elles n’auraient probablement pas eux besoin de te rejoindre de cette manière considérant que ta vie aurait peut-être été plus stable avec moins de femmes en voulant à ta fortune. Tu n’aurais peut-être pas eux à considérer à rattraper le coup avec elles. Qui sait? Enfin! »

Difficile de le prendre au sérieux alors que chacun de ses arguments étaient tous aussi faciles à détruire. S’il arrivait à se convaincre lui-même, tant mieux! Il allait devoir faire plus d’effort pour me prouver sa crédibilité. Sans compter poursuivre la conversation encore longtemps, je sortais mon téléphone portable de ma poche pour ouvrir ma liste de contact.

« Assez parler! Je vais devoir rentrer mais avant Ayleen a changé son téléphone ce week-end, je vais te donner son nouveau numéro… D'ailleurs, elle t'a dit pour sa remise de diplôme? »

(HJ: Je te laisse clôre ce rp )

Vipère. C’était le mot qui me venait à l’esprit. Amanda avait toujours su cracher son venin sur tout ce que je pouvais dire ou entreprendre. Rien n’était à la hauteur lorsqu’il s’agissait de moi. La rancune, on pouvait dire qu’elle le tenait par la queue et pas à peu près. Elle ne dérogeait jamais bien longtemps que son dégoût à mon égard. Je m’étais excusé si souvent, mais bon, elle vivait pour rendre ma vie infernale. Dire que je la surnommais mon petit ange du temps où nous étions en couple. Ironique quand on y repense vu qu’elle possède plutôt le visage du diable. « De toute façon, ça ne sert à rien de discuter avec toi Amanda. Tu es toujours la même chipie qu’autrefois. J’ai changé et je compte bien te le montrer. Le jour où je pourrais te le prouver, j’espère que tu t’excuseras pour tous tes faux jugements à mon encontre… » Je soupirais en voyant qu’elle continuait à se jouer de moi face à ce que Ayleen faisait dernièrement. « Oui, j’apprécierais vraiment que tu me le transmettres…. » Elle ne m’avait pas invité à sa remise des diplomes… « C’est surement un oubli… elle a changé de numéro, elle n’a pas pu m’appeler, c’est tout. » Je me justifiais comme je pouvais. L’entrepreneur s’approchait à nouveau de moi et me posa une question sur la grande affiche à mon effigie. Je tourne la tête d’un franc sourire. « Oui, j’arrive. De toute façon, mon ex-épouse allait partir. » Dis-je en lui faisant comprendre que mon attention n’était pas vers elle, mais bien vers mon équipe du chantier.

Cet homme comptait parmi les rares que l’âge n’assagirait jamais. Son égo n’avait d’égal que sa belle gueule. Je savais pertinemment qu’il balayerait cette conversation, tout comme il avait balayé notre mariage, nos filles et toutes les autres après nous. Sans me surprendre, il se fit un plaisir de me rappeler que la fautive dans toute cette histoire : Et bien! C’était moi! Ça avait toujours été, du moins… à partir du moment où le jugement avait été rendu et qu’il avait dût me léguer plus de la moitié de ses acquis. Ce jour-là, son orgueil avait pris un dur coup.

Un sourire narquois et moqueur s’affichait sur mes lèvres, je ne pouvais m’empêcher de rire de sa remarque. Il n’avait pas tort sur tous les points. J’étais une emmerdeuse de première et j’avais le luxe d’assez bien le connaitre pour savoir sur quelles cordes jouer.

« Oui, c’est un oubli, assurément… »

Mentis-je avec peu de conviction tout en extirpant mon portable de mon sac à main. Je lui refilais le nouveau numéro de notre fille et lui faisait aussi part de la date de sa remise de diplôme. Malgré qu’Ayleen ne l’y ait pas invité, elle serait heureuse qu’il soit présent. Une petite partie d’elle souhaitait de retrouver ce lien fort et unique qui les avait autrefois unis. Qui sait? Peut-être que Garrett finirait par réaliser, un jour, les raisons qui poussaient ses filles loin de lui?

Aussitôt, un homme vint s’interposer et réclamer l’assistance de Garrett. Ne souhaitant plus trainer d’avantage, je me ravissais que cette conversation s’achève.

« Bonne journée à toi aussi Garrett! »

Me réjouissais-je de lui souhaiter avec un charmant sourire et une pointe d’arrogance. Sans plus, je faisais signe au chien que nous reprenions la marche et repartait sans me retourner.

TERMINÉ & VERROUILLÉ.