Devil's Tail. Samedi soir. 21h00 PM. Les Patriots affrontent les Rams de Los Angeles. Y’a un spécial sur les ailes de poulets et les pichets de bière. Myriades de Jersey, mélasses de gros gorilles boostés aux OGM et aux pifs de boxer. Des bimbos avec le « V » du décolleté qui plonge jusqu’au nombril, pour des crinières aux multiples couleurs métalliques et radioactives avec la quantité de spray qui les inondent et figent en cette coiffe de pétard. Un amas de testostérones et phéromones. Le Masculin qui se frotte sur le Féminin. Un Discovery Channel en live qui nous prouvent que les bonobos sont très, ma foi, mais beaucoup, libérés sexuellement. Un douchebag de Miami qui roule une pelle sportive à une greluche d’Orlando. Un puceau qui dans la débâcle du printemps/la puberté, se complait à découvrir l’anatomie d’un Grey’s qui d’une précision chirurgicale lui enseigne le grand Art d’une coloscopie à en devenir. Parce que c’est clair, ma chouette, que tu vas finir par l’avoir dans le cul ! Des coupes mulets, des minois peinturés à la manière des celtes, des kilts et tutus de pom-pom-girl, des éclats de trompettes et ces fichus gros gants en mousse à l’index levé qui dans l’effervescence des partisans s’élèvent comme des feux de Bengale ! Je hais les samedis sportifs ! J’ai l’impression de figurer dans un très mauvais remake de Braveheart. Et d’où il nous sort sa fichue cornemuse, celui-là ?!
- Tigue ! Descends de là ! Tout de suite ! que je gueule, coincé à l’autre bout de la salle, bras levé au-dessus du crâne et faisant de mon mieux pour ne pas échapper le plateau où un mètre de téquila y siège et cahote à l’image d’un voilier perdu en pleine tempête : Tigue ! Merde !
Le vieil et pinté et échevelé s’en branle joyeusement le cocotier. Juché sur le zinc, son instrument de prédilection sous l’aisselle trop rachitique et jaspée, il veut nous souffler son hymne nationale, mais dans la cacophonie ambiante son bruit de coussin péteur se meurt heureusement rapidement. Que ce Vétéran du Viêt Nam sans dent et à la jambe de bois désire se la jouer warrior William Wallace sur le zinc, j’ai rien contre… mais que son show de cornemuse commence à prendre des allures plutôt mortels avec un concert de Skrillex ; il y a de quoi s’inquiéter et exiger qu’il se carapate de là ! La dernière fois que je l’ai laissé faire, il s’en cassé le bois de la jambe, le plastique d’une hanche et sa tête rouge tomate a presque explosée comme un bouchon de champagne ! Il a 77 ans, a la shape de Benjamin Button (bébé, on s’entend), a la respiration d’un Darth Vader qui se serait accouplé avec l’alcoolisme d’Homer Simpson. Comble de l’horreur, il porte un fichu kilt et comme le cliché écossais l’exige ; il ne porte absolument rien en dessus ! J’ai déjà vu sa quenouille une fois et mes yeux me supplient encore de les purifier à la Javel. Le commun des mortels n’est pas près pour ça. Même si le commun des mortels, ce soir, se résume à une clientèle sportive et fanatique. Tu peux pas. Test. Tes tablettes de chocolat, ma chouette, ne seront jamais assez solides et ce que tu as dans le ventre ça vaut que dalle en-dessous de son chapiteau de l’horreur.
- Derek ! Descends-le de là-haut. Avant que le pendule de son horloge grand-père nous passe le coucou et nous annonce l’Heure du Crime. Mercedes est là et j’ai pas envie de la torcher !
- Et pourquoi c’est toujours moi qui dois s’y frotter et piquer ? Alex. Demandes à Alex. Que je chouine, ronchon comme un marmot qui ne veut pas aller en classe, mais que la madone oblige.
- Déjà fait. Mais Tigue ne veut pas l’écouter. Il est aussi bouché qu’une montre gousset repêché des décombres du Titanic !
Et c’est quoi son délire avec les heures et les montres ?!
- Sois la Golden Rolex au cœur des Smartwatch et annonces lui l’heure juste, Derek !
- Hin ?!
- Descends-le de son perchoir. Nom de Dieu ! Il faut que je m’exprime comme le minuteur d’une bombe, pour que tu comprennes l’urgence de la situation ?!
Non. Franchement, ces analogies avec les montres, je ne vais jamais m’y habituer. Contrains, malgré moi, j’abdique, baisse le bras, lui remet le plateau de shooters entre les mains et me fraie un chemin jusqu’à Tigue. Hilare, cornemuse sous le bras, il envoie paitre un binôme de gros bras qui s’insurgent et menacent de ruer le vieux fou à grands coups de trompette en plastique. Ça va mal finir. Ô que ça va mal finir !
- Tigue ! Bordel ! Descends ! T’as la patte folle et la prothèse qui déboîte !
- Derek ! Mon cœur vaillant préféré ! Enfin tu la ramènes ta fraise ! Montes ici-haut avec moi et sois mon poumon manquant-chantant !
- Ailes de poulet et pichet de bière. Gratos ! Si tu descends !
Enluminé comme un sapin de noël, mon écossais non favori m’éblouie la rétine d’un sourire à mille watts. Ce qui tient d’un exploit, compte tenue de ses modestes 2 dents. Et j’ai comme qui dirait la sensation qu’il ne lui en restera bientôt qu’une seule, quenotte, dans la gueule… à le voir du moins se figer raide là sur le zinc, paluche sur le cœur et la moitié du faciès dégoulinante d’une paralysie aussi soudaine qu’inquiétante.
Shit. Tu vas pas clamser sur mon bar, ma chouette !? Please ! Non ! Tout. Mais pas ça !
- Nom de Dieu ! Mais qu’est-ce que je vois là ? Une déesse des temps modernes ? Une dulcinée à secourir ?! Un ange tombé du ciel ?! Une Isabella, enfin offert à mon coeur vaillant. Une---
- Une Omega. Édition de luxe et limitée seulement ! Un astucieux mélange de BCBG qui épouse le poignet avec élégance et beaucoup de chien ! Des modèles comme ça, mince, ça ne se trouve nulle part ! que s’extasie la freak des montres et qui bordel sort d’où ?!
HIN !? de quoi ou qui qu’on parle ? I'm really confused, mes chouettes !
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Aileen Davies
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Sujet: Re: she drives me crazy. (AILEEN) Mar 24 Nov 2020 - 7:21
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Derek Morrow ✤ Aileen Davies
Ô quelle se pavane la sirène enragée devant la psyché hilare ! Et de présenter les courbes généreuses du marbre, les moiteurs éhontées de sa véritable nature. Sûr que les voix, l'Immuable s'insurge entre les tempes. Qu'en dirait sa génitrice ? Mais Aileen s'en contrefout. Pourtant, c'est son timbre qui résonne çà-et-là autour d'elle. Et cette même réplique qui ne cesse de meurtrir l'innocence: tu ne seras jamais aimée. Malgré l'hérésie qui gît en son sein désormais, malgré le cerveau liquéfié par tant de chimères éplorées, Madame Davies n'a pas perdu le goût de l'aigreur, ni même de la rancœur. Eternelle déception. Aileen n'a jamais été qu'une erreur de parcours, qu'un chiard dégueulé du néant que la bienséance forçait à chérir. Pour cela, sans doute, que du haut de sa petite cinquantaine, elle ne sait qu'arborer l'impétuosité de l'insouciante jeunesse. Et de s'efforcer à lui faire honte, du moins à salir plus encore ce nom qu'elle trimballe derrière elle comme une condamnée traînerait son forçat. Sûr qu'elle se gausse de se rouler dans la boue ! Point de raison, là dedans, pour l'arracher à ce vieux tourment. Seulement cette soif inextinguible, cette nécessité déroutante de pourrir, toujours un peu plus, le souvenir impeccable d'une famille morcelée. Comme elle maudit le hasard de lui avoir retiré sa mère, d'avoir étourdi la totalité de son être. Car dans son paradis démentiel, maman ne souffre que de ne pas recevoir suffisamment vite ses pilules. Parfois, à travers la nébuleuse qui trémule au cœur de ses mirettes éperdues, Aileen croit déceler les réminiscences de ce qu'elle était autrefois. Alors elle se plaît à lui conter ses déboires, espérant l'accabler davantage, la briser un peu plus.
Serait-ce le souvenir dévastateur de celle-ci qui la pousse à passer enfin les barrières du bistrot ? Peut-être. Faut dire qu'elle s'arracherait les cheveux de la savoir ici, si peu vêtue, entourée de ces badauds à l'appétit gargantuesque. D'ailleurs, Aileen ne les entend pas. Au loin, il lui semble reconnaître l'éclat de quelques bedaines faméliques, mais elle n'en a cure. Perdue, brebis égarée dans cette mélasse de testostérones, elle louvoie parmi les carrures menaçantes. Que cherche-t-elle finalement ? L'abandon sans nul doute. Celui qui s'empressera de faucher son heure, sans même lui demander son accord. Car ce n'est pas la tendresse qu'elle s'en vient quémander, ni même la compagnie. Un peu de violence, peut-être. Un brin d'effroi. Juste pour brûler un peu le marbre, juste pour souiller les syllabes de son nom. Ô, maman, si tu savais ce que je ne ferai pas, simplement pour t'entendre geindre d'épouvante ! Sûr qu'elle grimperait la potence pour ne pas envisager sa traitresse de fille en ces lieux. Plus que l'endroit qu'elle visite actuellement, ce qu'elle s'apprête à faire, ce qu'elle aspire à attiser autour d'elle: la décadence et le stupre. Alors Aileen prend place au comptoir, majestueuse sur son trône brinquebalant. De part et d'autre d'elle, les prunelles s'interrogent, lèchent les pourtours de son imperturbable silhouette. Sur sa droite, le gaillard jusque là tranquille semble s'animer d'une frénésie nouvelle. L'air de rien, elle tourne sa petite tête vers lui, lui offre le fragment d'un rictus magnifique. Mais par delà les névroses d'une enfance démantibulée, c'est une toute autre raison qui l'amène ici. Et Le voilà, visiblement abasourdi de l'imaginer entre ces remparts.
Un ange tombé du ciel ? Une Omega, édition limitée et de luxe ?
Pris en sandwich entre la pas Belle et le Bête, bien serrés mes sourcils se tricotent, sous mon front bariolés par les fines ridules de la perplexité, alors que j’essaie de comprendre la raison de tout cet émerveillement. Un émerveillement suffisamment assez puissant, pour que cela risque de provoquer un arrêt cardiaque chez mon écossais non favori et inspire à la freak des montres une nouvelle et étrange analogie. Quelle créature céleste peut être à la fois angélique, de luxe et d’une rareté née ?!
Quelque chose de voltaïque, là, qui s’anime dans les regards vitrifiés. Quelque chose d’éphémère, ici, au cœur de l’effervescence, qui se lève. L’ambiance festive digne d’un 4 juillet réinventé qui rapidement sombre vers les aurores d’un mois de novembre bien installé. Une joyeuse grisaille, qui s’empare des âmes, comme se lève sur l’horizon le rideau opalescent et ventru de la brume. Genre de voile évanescent qui dans le charme de son épais fourreau aspire le moindre bruit, le moindre mouvement et le moindre soupçon de vie. La Sérénité, d’une blancheur immaculée, qui avale les pourtours de la Réalité, estompant les palabres et les contours des silhouettes. Errance. Absence. Un calme, avant la tempête, où les sons s’atténuent, suffoquent et étouffent. Une anticipation. Une expectation. Une admiration solennelle et magistrale, là où les visages autours et les travers des choses ne sont perçu qu’à la dernière seconde et au moment le plus ultime. Une reine. Une grande dame. Elle louvoie en déesse et s’impose en sultane, marchande à la fois l’indifférence, l’indolence, l’indécence et l’impudence. Bombe explosée là, dans le bassin des vies atomisées et émoussées. Rescapés et tristes survivants, acculés et présentés au baquet des âmes affublées et fêlées. Elle s’appose et s’impose dans les torts des mascarades et à peine s’Intéresse à la prose de la ridicule parade. Fou. Pour Elle, tout un monde peut devenir Fou.
Elle s’en moque, la toubib. Elle s’en gorge, Aileen. Vous l’espériez, Docteure Davies !
Ne faisant point exception à la règle, à l’apparition aussi soudaine qu’inespérée de cette violence surprenante et quasi mystique, ce sont les écumes de mon monde qui s’émoussent en la brume de Son hécatombes. Sa présence ici a un petit je-ne-sais-quoi de fallacieux et vicieux. Curieux, de se dire qu’Elle ne se pavane pas ici pour mes beaux yeux et patiente à quelque chose de mieux. Et qui est donc ce Monsieur lambda sur lequel Elle laisse reposer Ses amonts si précieux ?! À peine, ma chouette, à peine subissant l’attraction de ce doux-amer qui douloureusement me polarise la vision, que je parviens à me défaire de la pas Belle et du Bête, pour contourner le zinc et traîner ma carcasse frissonnante jusqu’à leur salut. Sourire crispé, l’Azur baigné dans l’Émeraude chatoyant de ces moires étranges, ô que les grandes questions et interrogations palpitent, là dans les yeux et crèvent de non-dits ce petit dialogue insensé !
Sublime, vous gouvernez sur les horizons de mes azurs et régnez non loin au côté de ce bois obscur qui vous dévêt du regard sans aucune commissure. Quel est le dessein escompté, à vouloir ainsi nous infliger une telle meurtrissure, toubib ?!
Elle s’en moque, la toubib. Elle s’en gorge, Aileen. Et un Martini Dry se sera, then !
C’est en occultant délibérément la voix et la commande de Son faire-valoir pédant, que j’opine du chef, me tourne vers le présentoir des bouteilles de fort, attrape de deux dextres, gauches d’agacement, le Vermouth blanc et la bouteille de Gin. Point enchanté à l’idée d’assister à la naissance de cette idylle absurde qui se déroule le tapis rouge dans MON bar, c’est de dos que je m’affaire et m’accapare d’achever le rituel d’un Martini servi straight up. Dents grinçantes telle une craie sur un tableau noir, gestes chirurgicaux, mais accompli sans aucune délicatesse ; c’est avec énervement que je déverse les onces dans le stainless steel du shaker, rochon que j’y enfourne la glace et beaucoup de hargne que je remue le tout !
Filtrant le cocktail dans un glass à Martini, je me souviens que les garnitures reposent sous le comptoir de service, alors boudeur je me tourne vers eux, pose le drink underco’ sur un sous-verre, attrape planche à découper, pot d’olive, cure-dent, empalant trois fruits de l'olivier avec la dextérité d’une Buffy version mâle qui pieute son big ass problem du moment et noie la boucherie dans le liquide alcoolisé. De mon majeur et index, je pousse vers Elle le drink, reluquant en biais l’Insignifiant qui fier comme un paon sifflote un très agaçant :
- Et moi je reprendrai bien deux phalanges de ce précieux bourbon que vous avez.
Mi-figue, mi raisin, je le regarde avec l’air dédaigneux de celui qui retrouve sur la pelouse de son jardin un étron de clébard et qui se demande ce que ça fout là parce que pas propriétaire de chien ! J’suis ta boniche, peut-être, ma chouette ? Qu’il se serve tout seul ! Et moi de me souvenir que je suis barman et qu’ils sont ici… dans MON bar.
Alors deux phalanges de bourbon se sera, then ! Ceci fait, l’Insignifiant dégaine son porte monnaie, extirpe avec suffisance un illustre Benjamin Franklin tout verdoyant et rutilant. Tu te la pète, ma chouette ! Il se la raconte, Aileen ! À peine il glisse vers moi sa liasse de pacotille, que d’un majeur dominateur tout plaqué contre, j’arrête la parade et la fait même rebrousser vers lui :
- Non. J’insiste. C’est la maison qui offre. - Mais non. C’est bien trop généreux. J’invite. J’offre. - Non. Vraiment. J’insiste. C’est moi qui offre. - Allons, mon ami !? Rire bourgeois. Je peux me permettre ce petit caprice. Et gardez la monnaie.
Oh ! OH ! Il en fait une affaire personnelle, le faire-valoir ! Je pisse plus loin et j’en ai définitivement une plus grosse. Tu ne peux pas, ma chouette. Non. Tu ne peux pas.
- J’insiste. Vraiment. Beaucoup. C’est moi qui offre. Cadeau. - Et si nous laissions la jolie et charmante dame trancher pour nous ? qu’il soumet, crispé, le balafré.
Et à moi de La dévisager en chien de faïence. Elle va oser, la toubib. Elle va trancher, docteure Davies. Elle va choisir, Aileen.
Dernière édition par Derek Morrow le Lun 7 Déc 2020 - 16:42, édité 1 fois
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Sujet: Re: she drives me crazy. (AILEEN) Ven 4 Déc 2020 - 6:40
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Point de toute, Madone a conscience de l'effervescence qui s'émousse autour d'elle. Et elle s'en délecte; éponge, bedaine famélique à l'appétence gargantuesque. Peut-être parce que sa génitrice s'immolerait instantanément de l'apercevoir ainsi: offerte et accessible. Peut-être parce qu'elle éprouve enfin un brin d'émoi en cette triste soirée. Si la mélancolie semble douce par moment, elle tourmente le plus souvent. C'est cet instant, cette curieuse seconde où Aileen se croise par delà la psyché, qu'elle rencontre le vide qui l'habite depuis des décennies maintenant. Ce néant vertigineux qu'elle ne parvient jamais à remplir. Et malgré les volontaires, les plaisirs qu'ils s'essayent à désarmer. Tout est mort. Les feuilles ne cessent de tomber une-à-une, n'accordant alors qu'un cimetière désolé. C'est un éternel automne. De rouge et d'orange. Pourtant dépossédé de toute vie, du moindre souffle. Alors elle s'efforce de creuser encore, d'alpaguer la chaleur là où elle se trouve. Qu'importe les conventions. Qu'importe les convenances. Elle donnerait tout, jusqu'à son âme, pour essuyer un peu de ce feu, de ce délire extatique qui s'empresse toujours de lui échapper. Pour cela qu'elle se pâme d'un charme irréel, à la fois sauvage et farouche, vertueuse et traînée. Qui est-elle finalement, si ce n'est une mascarade, une arnaque ? Car la Veuve se moque pas mal de ce qu'elle inspire, plus encore des cicatrices qu'elle inflige. Ce qu'elle ressent entre ses lombes, le long de sa colonne est l'unique certitude qui compte. La seule drogue pour laquelle elle consent à courber l'échine. Point d'amour alors dans la cohue éperdue de ses soupires. Seulement une nécessité cuisante. Une dépendance bien plus obscure encore. Un simulacre.
D'un mutisme quelque peu caustique, elle assiste à cet échange insensé sans véritablement sourciller. Tandis que les deux coqs s'affrontent pour lui démontrer leur fougue, Aileen se perd par delà le miroitement du verre qui trône devant elle. L'écarlate de ses lippes beugle finalement toute la solitude sommeillant entre ses côtes. Un soupçon d'effroi. A croire qu'elle agite ses bras, qu'elle acclame l'attention du moindre badaud qui se hasarderait à croiser son heure. C'est d'un tel pathétisme dans le fond. Être là simplement pour s'oublier, pour taire l'oraison persistante. Sans doute pourrait-elle se dévêtir, là, les laisser lui prendre sa vertu, ce qu'il en reste. Derek, ne voyez-vous pas la détresse, plus encore le désarroi qui me gagne lorsque je ne suis pas à vous ? Car il n'y a qu'auprès de Lui qu'elle se surprend à vivre un peu. Alors l'Emeraude s'en vient se perdre, se noyer à travers les flots impétueux du Mordoré. Pour quelles raisons ne s'empare-t-Il pas de ses chairs ? L'interrogation lui fronce les sourcils, la pousse à guetter un signe, un écho seulement. Ne voit-Il pas qu'elle n'est pas ici par hasard ? Que c'est Lui, uniquement Lui, qu'elle quémande sous sa désinvolture écœurante ?
« - Je vous en prie, qu'elle tranche finalement en posant sa main sur la Sienne, laissez donc mon ami gagner cette manche.
Puisque Derek en a déjà remporté une, n'est-ce pas ? Et pour preuve, la table s'en souvient encore. Levant dès lors son verre en direction du gaillard dont elle ne connait toujours pas l'identité, Aileen fait tout juste tinter le cristal contre son godet avant de le porter à ses lèvres. La liqueur lui chauffe le gosier et l'abdomen. Un frémissement délectable qu'elle appréhende quelques secondes, les paupières closes. Une complainte vrombit dans les tréfonds de son carcan de femme. Une mélopée lancinante et équivoque qui semble agiter son voisin d'une frénésie nouvelle.
- Aileen, qu'elle se présente alors.
Sûr que cela semble lui ouvrir une porte puisqu'il se met à bavasser sans relâche par la suite. Elle inspire profondément, s'efforçant alors d'avoir l'air captivée par ses dires. Mais elle n'a d'yeux que pour Lui. Dans le lointain, les notes d'un vieux tube détonnent par delà le brouhaha intempestif des conversations, donnant à Aileen l'occasion de s'arracher aux boniments de son nouvel acolyte.
- Oh, j'adore cette chanson.
Et de se lever promptement afin de regagner le centre du bar. S'abandonnant aux intonations suaves et grisantes de la mélodie, Aileen dévoile ses charmes sans mesure aucune.
- Alors, vous venez ? », qu'elle demande au malotru, non sans jeter une œillade narquoise en direction de Derek.
Parce que l'intention est là. Dans ce manège insensé. Et de Lui dérober quelques soubresauts, de L'ébranler jusqu'au plus profond de ses tripes.
Seulement pour éprouver un peu de Sa rage. Pour Lui insuffler un peu d'émoi. Et se perdre avec Lui en chemin.
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Derek Morrow
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Sujet: Re: she drives me crazy. (AILEEN) Lun 7 Déc 2020 - 11:33
Idiot ! Aveugle ! Désespéré ! Cette échine qui prestement et allégrement s’est ployée ne sera jamais la dernière qu’Elle se contentera d’écraser ou de briser sous Son talon de sultane. Je vois. Je comprends. Idiot ! Aveugle ! Désespéré ! Elle m’a tendu la main, je l’ai saisie et présentement je me perds en chemin. Un voyage sans fin vers le sempiternel désarroi, qui jamais ne trouvera ou ne rencontrera de havre ou de paix. Dans la pénombre, je croyais y avoir entraperçue un éclat de quelque chose, une tentative d’Enfer ou de Paradis. Moindre. Il en est moindre ! Parable et parade. Illusion et mirage. Théâtre des erreurs. Fresque de torpeurs. J’ai mélangé les nuances et couleurs. J’ai confondu mes terreurs avec Ses horreurs. Nos ruines et nos poussières se sont peut-être rapprochées et mêlées à l’angle courbé d’une houle, valse et navette stellaire, mais reste que de cet éther qui nous embaume en le vaurien de ces ères ; pas le moindre soupçon Divin ou Luciférien ne saurait sceller pour l’Éternité ces galléries d’Enfer qui présentement s’ouvrent en les tréfonds putréfiés de nos intérieurs et grands airs. Quelque chose qui se disloque. Quelque chose qui se brise. Quelque que chose qu’Elle abime à plaisir. Idiot ! Aveugle ! Désespéré ! Impératrice des damnés qu’Elle condamne et profane en ces myriades et liesses d’idéal des Cieux qui pernicieux l’Enrobent et nous caressent les yeux. S’affaiblir pour l’Empêcher de souffrir. La laisser nous séduire pour ne plus La voir agonir. Se salir, se maudire, se pâlir, l’Adorer quitte à s’en haïr ; tant et aussi longtemps qu’Elle ne se laisse pas mourir. Un déclin de vie, une salvation de mort et deuil, qui dans le duvet et satin de ce voluptueux linceul nous trompe l’œil, pour l’Empêcher de se sentir si seule et désœuvrée ! Un songe qu’on ne veut plus oublier. Un rêve, dont on ne veut plus se réveiller. Un maléfice, qui nous fait oublier de prier ! Une parjure qu’on ne sait même plus crier ! Un regain ou une rébellion, qui ne reviendra pas ; parce que sur nous Elle appose ses lois !
Idiot ! Aveugle ! Désespéré ! Ce que je donnerai, pour être athée et en Elle cesser de croire. L’acier cabossé de l’Azur qui se perd en le verdoyant et chatoyant foret de l’Émeraude, y voyant se délier et démener les moires de Ses amants par millier ! Je ne suis pas la première échine qu’Elle a brisée. Pantins mutins reposant mystifiés entre Ses indolentes mains. Rien de moins qu’une foule de corps de toutes sortes postures de douleurs entortillés alors que la Belle et Ténébreuse reine endeuillée cherche un nouveau roi pour de chimère et d’éphémère se griser… pour une nuit aimer et se laisser guider. Sur Terre, à Ses pieds, l’Enfer qu’Elle préfère ; qu’est de nous voir brûler et crier alors que la nuit prochaine Elle embrassera une nouvelle âme à dépouiller. Les plaisirs de la chairs nous rendent fous comme le plus ingénu des diablotins, mais Son besoin de s’en alénier La rend aussi chère et idolâtre que la céleste beauté de Lucifer. Et puisque le Diable se veut dans les détailles, vas, ma chouette ! Vas la rejoindre et sur nos corps de supplicier, au cœur de MON bar, danser et dans la promiscuité de nos vivantes dépouilles vous trémousser. Une fois vos âmes entrechoquées, vos carnes régalées, votre danse essoufflée, tu vas regretter et dans l’ombre d’une ruelle crade à Ses pieds, t’écrouler. Avec un peu de chance, n’est-ce pas toubib, je serais là pour tout arranger et d’un revers de main essuyer cette terre qu’à pattes de velours, majestueuse panthère, vous foulez et colorez ?
- Les ailes de poulet Inferno. C’est piquant et extrêmement fort, dites ? J’ai un défit à relever et là j’dois manger un truc d’infernalement brulant sur la langue, que s’enquiers le baraqué, soucieux de son choix, mirettes rivées sur le menu, comme s’il lisait les hiéroglyphiques égyptiennes.
Imperméable au brouhaha, mort-vivant parmi Ses martyrs, je ne vois et n’entends plus qu’Elle. Pas eux deux. Seulement qu’Elle. Les prémices et reliquats de ce jeu dissimulé et pernicieux. Il n’y a aucune loi, puisque votre cœur de diablesse reste et demeure aux abois, n’est-ce pas, docteure Davies ? Et je La vois Se trémousser, onduler, de mille feux briller et entre les ombres et lumières osciller. Flambeau vivant, qui réchauffe les rebus de l'âme et dulcifie les infâmes. Pourquoi vous vouloir si cruelle, Aileen ? Pourquoi à ce point vous immoler ? Pour Elle, belle et majestueuse reine endeuillée, la morsure des flammes se veut torrentielle alors à toujours Elle se veut à nos yeux plus Belle et Éternelle. Chimère de splendeur, mais dont le myocarde torturé et violacé de frimas, bat le deuil au creux de l’abîme inclément. À mes poignets, Elle enchaîne Ses nuits. À la lucarne de mon âme, reluisent les clameurs douloureux d’un cœur qui, abêti par Ses charmes, s’est pensé heureux alors que l’Azur se redessine de ces allures de cieux immensément vide. Idiot ! Aveugle ! Désespéré !
Une paume épaisse et insistante s’écrase sur ma robuste épaule. Docile, puisque triste contemplateur de Son manège insensé, je me penche indolent vers la table et d’une oreille peu attentive écoute ce que le badaud a à raconter :
- Et volcano. C’est piquant et brûlant ? - C’est incendiaire et incandescent, que je déblatère, distrais, faisant visiblement allusion à une certaine distraction qui ne se lasse pas et s’ébroue de sortilège entre les bras de son fade faire-valoir.
Quelque chose qui se disloque. Quelque chose qui se brise. Quelque que chose qu’Elle abime à plaisir. Idiot ! Aveugle ! Désespéré ! Je tressaille, soupire, bats des cils, me secoue et prends en notes le choix qu’a fait je-ne-sais-pas-qui, à je ne sais quelle assise, louvoie entre je-ne-sais-quelles tables et opine du chef à je-ne-sais-quelle voix qui me commande je-ne-sais-quoi. Je ne vois et ne regarde qu’Elle. Pas eux deux. Elle. La reine et son roi qui franchement se pavane et déglingue comme un fou du roi au milieu de la piste de danse. Vas-y, ma chouette, danse et chante l’Amour et la Vie. Demain soir, je serais aux premiers loges, derrière le zinc, à te regarder pleurer et maudire l’Amour et la Vie… car comme tous les autres maudits, la Belle, de toi, déjà s’est lassée !
À moins que… Une idée. Un écart. Sale môme casse-bonbon. Un sourire chafouin étire la commissure de mes lippes alors que d’emblée je m’arrache de l’assemblée et viens à l’ombre me terrer. Vous l’aimez, Aileen, cette chanson ? À ce point, toubib, elle vous donne envie de danser ? À deux mains, j’agrippe les rebords du jukebox… le tire et le traîne à catimini de contre le mur… m’accroupis et me faufile derrière-lui pour d’une main de manant aller saisir la prise et la débrancher. Le silence retombe sur les têtes et dans la ferveur de la taverne. Ni vu, ni connu, ou même vaincu, je rebranche la boîte à musique, la replace et choisis un tube rock qui ouais ma chouette, aux vues des circonstances ; se veut un brin poétique ; Bon Jovi, you give love a bad name.
Fier de ma connerie, je reviens derrière le zinc et annonce au cuisiner la nouvelle fournée d’aile de poulet qu’il a à préparer. Il va peut-être remporter la bataille, toubib, votre faire-valoir, mais vous savez que je remporterai cette guerre. Pour preuve ; votre table s’en souvient encore et s’en souviendra pour longtemps…
Idiot ! Aveugle ! Désespéré ! Pour Elle ? Bien sûr, ma chouette, que je le suis et le reste !
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Sujet: Re: she drives me crazy. (AILEEN) Mar 8 Déc 2020 - 7:41
❝ Nothing's gonna hurt you baby ❞
Derek Morrow ✤ Aileen Davies
Et de s'oublier un instant, là, au milieu de ce bar sordide, en compagnie d'un type auprès de qui elle ne prendrait pas même la peine de s'excuser, si elle le percutait en pleine foule. Mais qu'importe, n'est-ce pas ? La seule chose qui compte présentement; c'est l'indicible émoi, le tressaillement pernicieux que cela fait naître par delà la carcasse sculptée de marbre et d'éternité. Ondoyant comme une flamme sauvage, Aileen en occulte jusqu'à sa propre identité. Elle n'est plus qu'un corps fiévreux, étourdi par les affres d'une aspiration délétère. Qu'il est salvateur de s'abandonner à ce brasier titanesque qui ne cesse de l'asticoter jour après jour ! A croire qu'elle s'amenuise lentement, sûrement. Et point de Madone pour venir troubler cette interminable chute. Non, Aileen n'est plus qu'un simulacre d'antan, que la chimère d'une jeunesse avortée bien trop tôt. D'ailleurs, il lui semble apercevoir les pourtours d'une silhouette adorée. Spectre d'un monde apocalyptique. Triste dessein, claquemuré depuis toujours entre ses côtes. Elle. Sûr qu'elle pense la distinguer à chaque battements de cils désormais. Sans doute pour cela qu'elle se trouve ici. Chasser le moindre trémolo, surtout ne pas éprouver l'écartèlement qui lui fauche le souffle chaque fois qu'elle se repasse le film. Derek, regardez-moi, regardez comme je vous implore de faire taire Sa voix, de congédier enfin Son souvenir et Son minois. Car elle ne dort plus, ni ne trouve le repos de l'âme maintenant qu'elle a pu l'étreindre une dernière fois. Le chagrin s'est retiré pour laisser place aux frémissements d'une rage gargantuesque. Et Aileen ne sait comment l'appréhender.
La mélopée s'interrompt. Et voilà qu'elle peine à s'extirper de ses mondes solitaires. L'iode au coin des cils, Aileen s'accroche à Ses mirettes intrépides. Sûr qu'il ne lui faut pas une minute de plus pour comprendre Son ineptie, plus encore Son fiel. Alors, un rictus s'en vient illuminer sa trombine d'une allégresse nouvelle. Serait-Il à ce point territorial ? Si cela en échaufferait certaines, Aileen, elle, se gorge de cette tyrannie déguisée. Ce sentiment d'appartenance éveille en elle quelques soubresauts équivoques. Quelle ironie, lorsque l'on connait les élans impétueux de sa prestance ! Mais ne serait-ce pas, finalement, une manière de rendre les armes ? Un moment, Aileen semble prendre racines. Rivée corps et âme sur Lui, elle se délecte de cette évidence pourtant fardée d'une naïveté éhontée. A ses côtés, le malotru grommelle de ne pouvoir se heurter à ses heures davantage. Mais elle ne l'entend pas, à peine. A son tour, la malice s'en vient embraser les traits impeccables de son faciès. Un éclat indicible traverse alors ses prunelles obscures. Sans même trahir le moindre sentiment, Aileen s'éprend du bougre, scellant ainsi ses complaintes d'un baiser inopiné. Autour d'eux, l'assemblée s'agite d'une effervescence juvénile. Sûr que les uns jalousent pendant que d'autres s'éjouissent d'assister à ce simple échange. Mais que cherche-t-elle en agissant de la sorte ? Sûrement qu'elle ne le sait pas elle-même. Un brin d'effroi, peut-être ? Un peu de tempête pour l'avaler toute entière ? Une issue de secours afin de fuir cet éternel supplice. Alors elle s'accroche désespérément au gaillard, l'immerge pour mieux sortir la tête de l'eau. Le perd pour mieux se retrouver.
Brisant enfin cette alliance insensée, Aileen s'empresse de Lui jeter une œillade. Un sourire à la fois grivois et railleur danse sur le rouge de ses lippes, avant qu'elle ne s'excuse auprès de son amant de fortune. Après cela, Madone regagne la fraîcheur de cette nuit sans lune. Adossée contre la baie, elle savoure les veloutes assassines d'une cigarette. Que penserait-Elle de toute cette mascarade ? Un soupire lui prend alors le gosier. Son existence n'a décidément plus de sens, depuis qu'Elle n'est plus.
Sans grande surprise, le type s'en vient la rejoindre. Sûr qu'il n'a pu s'empêcher de jouer les farauds en quittant les lieux. Elle ne l'a pas entendu, mais Aileen le devine à la grimace présomptueuse qui lui déforme la tronche présentement.
« - Vous fumez ?, qu'elle demande nonchalamment en lui présentant le petit cylindre rougeoyant.
De toute évidence, il n'aurait pas refusé l'invitation. Et tandis qu'il s'étrangle sur sa prise, Aileen ne peut s'empêcher de glousser ouvertement.
- Je ferai mieux de récupérer cela. »
Mais il s'en moque. Ce n'est pas la quiétude d'une simple latte qu'il est venu quémander. Broyant alors son imposante musculature contre ses courbes fragiles, il s'empresse de dévaler le torrent délicat de sa gorge de quelques baisers éperdus. Mais Aileen ne sourcille pas. Une fois de plus, elle porte simplement la tige aux abords de ses lèvres.
Une fois de plus, elle cherche au plus profond d'elle-même l'esquisse d'une émotion, du moins un peu d'évasion. Mais le vide persiste à l'enlacer de son velours mortifère.
nothing's gonna change my world
Derek Morrow
MESSAGES : 4058 BARGE DEPUIS : 14/01/2019 ROYAUME : Empire State of Mind.
Sujet: Re: she drives me crazy. (AILEEN) Mer 9 Déc 2020 - 10:54
Ce balafré. Ce faire-valoir. Ce fou de la reine. Ce fou du roi. Ce fugitif. Ce passager, en le torrent impétueux de Sa vie, qu’Elle ne goûte à demi et qu’Elle n’apprendra sûrement pas à connaître même si que de moitié ! Sultane qui me damne et profane ! Reine qui ne me sera jamais mienne ! Roi claquemuré au cœur d’un rutilant brasier, qui autrefois pouvait emprunter des allures d’or, d’argent et de fécond royaume. D’amont en avale, oh, ce qu’il déferle le zéphyr et ce qu’il emporte au loin dans le souffre ces quelques ruines et poussières d’Éden. Chante, que chante l’hymne pour les disparus. S’époumone et s’essouffle la voix de Son agonie. Inaltérable symphonie et litanie. Ce que je donnerai, pour être athée et en Elle cesser de croire ! L’instant est lassitude. Le moment plonge dans la somnolence le moindre lambeau d’effroi. Ce n’est plus la jalousie ou la peur qui gangrène et violace ce vieux cœur ; mais la Colère et ses simulacres fallacieux. Un. Deux. Trois. Ce que je croyais avoir bâtis avec Elle s’étiole et s’érode vers les âpres murmures du fond de l’âme. Un. Deux. Trois. Point de havre ou de paix. Je me perds en chemin. Elle m’abandonne en chemin. À moi de m’évanouir dans les brumes de l’absence. Triste funambule qui se tient au-dessus d’un gouffre qu’à l’aide de Ses serres de fauve écumé Elle creuse et ouvre aux confins de mon sein troué par la balafre d’une horrifiante torpeur. La brise grise et nacre l’intérieur putride et givré. Magistrale et impressionnante tour d’ivoire et de moire qui à tour de garde et de nuit veille et surveille Sa calomnie ! Et du cœur au crâne, horripilante sur l’échine servile qui refuse de se ployer, je sens sourdre la totalité de Sa cruauté insensée ! L’instant est plénitude. L’instant devient létal. Un. Deux. Trois. Tour d’ivoire, tour de moire, roi abandonné de sa reine, mort-vivant parmi Ses trépassés, je La vois consumer et enluminer ce fou de la reine dans la fougue d’un indécent premier baiser alors qu’en l’âtre des ténèbres qui peu à peu la brode je sens et vois s’évanouir Sa lumière !
Je me perds en chemin. Elle m’abandonne en chemin. Elle se pâme, ma toubib, dans l’opale de son lutin vaurien. Ce fou de la reine, comme l’assemblée générale, qui se gaussent et galvanisent de cette fougue écœurante et Son impudicité croupissante. Dégoûté, défié, abusé, claquemuré derrière le zinc, vain rempart à mes volutes fuligineuses, paumes écrasées et frémissantes contre le bois lustré d’alcool renversé, je contemple le désœuvrement de Sa déchéance et qui inévitablement engage ma trop preste descente vers le royaume des flammes. Car à jamais mon pas s’enroulera à l’escalier de son monde ; que se soit pour atteindre le 7e ciel ou nous laisser se briser sur les neuf cercles de l’Enfer. Un. Deux. Trois. Danse et voluptueusement se trémousse la disharmonie du soir, peut-être qu’elle voit le jour au creux de Son âme, mais je la vois lentement mourir dans Ses nuances de Jade. Affublée et Redorée par le volatile de ces ombres ardentes qui, pour Elle, brûlent ; Son regard rivé sur eux les ensorcèle peut-être, mais désormais marié à l’acier de mes Azurs m’assassine ! Un. Deux. Trois. L’instant est plénitude. L’instant devient létal. Elle m’abandonne en chemin. La reine se sépare de son fou et sans plus de cérémonie tire sa révérence. Et du cœur au crâne, horripilante sur l’échine servile qui refuse de se ployer, je sens sourdre la totalité de Sa cruauté insensée ! You give love a bad name, milady. Absolument. Totalement.
Derek : 1pts. Toubib : 1000000 pts.
Au faire-valoir de se travestir en animateur de foule et de fanfaronner l’exploit comme s’il avait gagné aux lotos. C’est minable et grotesque, ma chouette. Tu ne vois pas. Tu ne comprends pas. Attends, demain. Dans le détour, je serai là. Aveugle, pitre, émoustillé, il se retire lui aussi… dans l’espoir et le fou fantasme de pénétrer. Obviously…
- Derek. La friteuse déconne encore. Tu vas devoir appeler la compagnie. C’est la quatrième fois. - Derek. La table numéro 5 attend toujours les menus. - Derek. Y’a le clone de--- - Y’avait une pénurie de cerveau à votre naissance ou c’est simplement parce qu’on vous a bercés trop près de mur, qu’à ce point, vous manquez de jugeote et d’initiative !?
À mes trois collègues de me dévisager comme si je venais de roter à l’enterrement de ma grand-mère. Damnit ! Y’a tout de même des putains de limites ! Vouloir être le leader de quoique ce soit, je serais resté à l’armée et affublé de mon grade de sergent. D’où il a été décidé que je devienne le responsable de ce banc d’empotés et d’incapables ?!
- Débrouillez-vous. Je rentre chez-moi…
Un. Deux. Trois. Mais que vois-je ou qui vois-je, du coin de l’œil, après m’être extirpé des affres et à mon tour immerger dans l’air salé de cette nuit sans astre et sans lune ?! Le Fou et la Reine. Ils badinent et misérablement s’apprivoisent, là, tous plaqués contre la façade de la taverne. Il se perd sur Ses chairs et déjà Elle s’en exaspère, volutes de fumées cendrées s’échappant du seuil de Ses irrésistibles lippes. For heaven's sake, get a room ! Ou pas. Le myocarde en croix, sur le décompte du un, deux, trois ; je m’approche, vénéneux et calomnieux. La funeste valse des démons tergiversant en l’ébène des pupilles, recrachant et vomissant ce flot d’abysse qui goulument m’avale alors que l’Azur plonge en les eaux troubles de l’Émeraude hagard où l'envie avec désespoir se noie. Aucune loi, n’est-ce pas ? Que des myriades d’interdits et d’impossibles à démolir.
Le poing frémissant qui sans aucune vergogne vient agripper l’encolure du blouson, tirant d’un coup sec sur la prise, pour à l’image du lion qui ramasse sa progéniture par le gras de la nuque, le soulever d’un grandiloquent pas de recule et l’envoyer bouler fort loin de Ses enchanteresses catacombes. Dubitatif, il clopine sur le trottoir, cherche son équilibre, le fou de la reine. Mes sempiternels hivers moirés venant plonger en les profondeurs de Ses verdoyantes forêts comme la soie du glaive, défraichissant et labourant le moindre monceau de ramure. Ce n’est pas moi que vous sollicitez, toubib. Ce n’est pas moi que vous qu’émendez, Aileen. Ce n’est pas moi que vous espériez, docteure Davies. Mais ce reflet étourdi que votre propre folie a conçue et déliez !
Une voix. Un pas. Derrière-moi. Leste, furtif, redoutable machine de guerre, à peine que je sens sa main venir s’aplatir sur ma robuste épaule, que d’un pas latéral je lui fais volteface, l’étau de mon poing allant se mouler contre les fragiles vertèbres de sa gorge alors que le talon de ma Rangers vient rencontrer et se présenter avec camaraderie sur le dessus d’une rotule pulvérisé. Un cri. Il fléchit. T’es peut-être une redoutable armoire à glace, ma chouette, mais tu ne peux pas. Je te l’ai déjà dit. Qu’est-ce que t’as pas compris ?! Oh, t’en veux encore ? Impolis et manant que je suis. Je ne me suis pas encore présenté à tes reins et cette rate qui se veut toujours timide ! Hin, pardon ? C’est mes jointures que tu veux connaître ? Et bien les voilà dans ta gueule, you moron ! Essaie de Lui rouler une pelle après ça ! Bawawawa !
- Et on ramasse ses dents sur le trottoir et on lui dit gentiment bonsoir !
Ouais, c’est ça, grande folle baraquée, dégages ! D’amont en avale, oh, ce qu’il déferle le zéphyr et ce qu’il emporte au loin dans le souffre ces quelques ruines et poussières d’Éden. Chante, que chante l’hymne pour les disparus. S’époumone et s’essouffle la voix de Son agonie. Inaltérable symphonie et litanie. Ce que je donnerai, pour être athée et en Elle cesser de croire !
- Aileen…
Que je murmure, entre deux souffles qui se meurent et chevrotant de mauvaise humeur.
- Ne faites pas ça. Ne vous réduisez pas à ça. C’est con et ça ne vous ressemble pas ! Je vous vois. Je suis là.
Je le serai toujours. Je vous vois vous consumer pour tous ces autres alors qu’en l’âtre des ténèbres qui peu à peu vous brode je sens et vois s’évanouir votre lumière ! Je vous vois, docteure Davies.
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
Sujet: Re: she drives me crazy. (AILEEN) Jeu 10 Déc 2020 - 6:40
❝ Nothing's gonna hurt you baby ❞
Derek Morrow ✤ Aileen Davies
Elle attend le déluge. Quelque chose. Le soupçon d'un frémissement. Mais pas la moindre brise pour venir troubler ses heures. Là, avachie contre la baie crasseuse d'une taverne, de Sa taverne, Aileen s'abandonne au néant qui l'habite depuis trop longtemps maintenant. Si le bougre en revanche semble s'animer d'une frénésie impitoyable, elle, elle s'emmure derrière un mutisme désolé. Que fait-elle ici déjà ? Rien. Elle quémande l'absolution, simplement, du moins l'étincelle qui viendra ne serait-ce que chevroter entre ses lombes. Comme toujours, Aileen ne sait que se noyer à travers quelques flots artificiels. Il est tellement plus confortable, n'est-ce pas, d'étourdir les songes que de s'y heurter ? Et tous les moyens sont bons pour ne pas se frotter à ce qui gît entre les côtes. La voilà qui jette la cigarette pour mieux harponner le malotru. Si elle y croit suffisamment fort, peut-être parviendra-t-elle à occulter la petite voix entêtante qui lui martèle le crâne ? Comme elle souhaiterait ne pas être là. Ne pas être elle. Parce que c'est Elle qu'elle perçoit encore et encore lorsqu'elle se surprend à fermer les yeux. Et sa mère. L'absurdité de cette tragédie. Tout ceci; magma sirupeux dont elle ne sait comment se dépêtrer. Si ce n'est en froissant l'éclat de ce vieux souvenir par delà les élans impétueux d'une étreinte sans âme. Que c'est idiot ! Sûr qu'elle en a conscience malgré ses grands airs apathiques. Mais que lui reste-t-il finalement ? Rien; une fois de plus. Point de balise à laquelle se raccrocher afin de ne pas couler davantage. Non. Seulement cette chute familière, ce drame perpétuel qui ne cesse de se jouer en son sein.
Elle attend le déluge. Et le voilà. Néanmoins, Aileen n'assimile pas immédiatement la pièce qui prend vie sous ses yeux. Ce n'est qu'à l'impact de ce qu'elle devine être un poing contre des os, qu'elle revient tout à fait à elle. Ses mirettes cherchent alors à capter les Siennes, du moins à attirer son attention sur un "pourquoi ?". Mais en vain. L'émoi qui L'assaille présentement semble Le dévorer de bas-en-haut. Finalement, c'est l'ombre d'un rictus qui s'en vient frémir sur ses lèvres carmin. Serait-Il épris d'un sombre mal pour défendre ainsi son honneur ? Derek, quel sentiment vient-il vous assaillir pour que vous ne cédiez ainsi à cette fougue sans queue ni tête ? Un brin d'amour ? Mais qu'est-ce donc ce mot ? Que signifie-t-il désormais ? Il y a-t-il seulement une explication sensée à tout ce ramdam ? Sûr que non. Pourtant, cela éveille en elle quelques soubresauts détonants qu'elle ne se comprend pas. Derek, ne voyez-vous pas comme je m'exalte de vous savoir si véhément ? Et de se pavaner un peu, comme le ferait un paon aux abois. Dans les fondements de son carcan de femme, un pincement céleste galvanise les délires extatiques qui persistent à l'abrutir chaque jours un peu plus. Elle en glousse alors. Car par delà ses aspirations extravagantes, Aileen s'enlise de se savoir convoitée de la sorte. Aimée, peut-être ?
Un peu d'espoir ?
« - Derek ?...
Mais Aileen n'est pas dupe. Point d'effusion pour elle, ni même de palpitation. Si elle essaye de s'en convaincre une seconde de plus, elle ne parvient pas à faire disparaître la silhouette éplorée d'une lointaine Chimère. Lui rappelant alors qu'elle ne connaitrait le repos qu'une fois six pieds sous terre. Et comme elle ne peut que broyer un peu plus la main qui lui est offerte, c'est la totalité de son être qu'elle écrase contre le Sien.
- Vous me voyez, qu'elle pouffe.
Seulement, tout ceci n'a jamais eu de sens. Pas Eux. Ni même sa venue en ces lieux.
- Mais cela n'a jamais eu aucune importance », qu'elle murmure tout contre Ses lippes dans un baiser avorté.
Avant de s'éloigner; ombre méphistophélique dans la nébuleuse. Puisqu'elle ne sait faire que cela: ravager les faibles lueurs qui s'efforcent encore de pulser autour d'elle.
Et de n'avoir droit qu'au néant. Repoussant alors de toutes ses forces les rares instants d'accalmie où la vie-même pourrait se rire de sa foi à belles dents.