Sujet: Dirty little secret. | Lazarus Sam 28 Mar 2020 - 14:30
La tente empeste l'encens. Effluves capiteux qui n'ont rien de chamaniques, plutôt utilisés pour renforcer le folklore. Car il est bien connu, et surtout apprécié, que les diseuses de bonne aventure, pour la plupart charlatane de haut vol, aiment à s'entourer de tentures épaisses et sombres, à baigner dans l'humeur des bâtonnets consumés. Généralement, aussi, elles portent des tenues bigarrées, allant du turban à plumes jusqu'aux vêtements amples, leurs yeux de grenouille fournies en 3D par d'épais culs de bouteille. Toutefois, celle du Marvelous Things Circus n'aura pas poussé à ce point le vice. L'ambiance, oui, mais elle est élégamment vêtue. Ample chemise d'homme rehaussée d'une ceinture, pantalon noir assorti. Regard charbonneux, mais toutefois, poignets tintant des bracelets en or et en argent qu'elle a concédé au mythe. A défaut de pouvoir révéler le sien.
La femme en face d'elle, à qui elle vient de tirer les cartes, est en larmes. Le regard que lui dévoie la sirène est d'une compassion absolument feinte, bien que ce soit à s'y méprendre de sincérité. Gentiment, elle lui tapote le dos de la main. « Richesse du coeur viendra, ne vous en faites pas. » L'autre échappe un hoquet, entre stupeur, confusion et plainte. Derrière son adorable sourire de circonstance, Sélène grince des dents. Elle ne supporte pas les geignardes. « Mais il m'a trompée avec ma sœur ! Jamais je ne m'en remettrai ! » Une ombre passe dans les prunelles azurées de la fortuneuse à deux sous. Ah, la tromperie ... Opprobre et salissures infinies. Elle en sait quelque chose. Pas de là à abonder dans le sens de sa cliente, cependant. « Tous deux paieront le prix de cette trahison. Regardez le pendu comme il est inversé et la roue, face à vous : ils signifient que le malheur s'abattra sur eux. Patience, Madame, patience. Ils récolteront ce qu'ils auront semé. » La femme paraît satisfaite de cette réponse. Elle hoche la tête avec vigueur. Aussi fausse que soit sa prédiction, elle a résonné sincèrement. La jeune femme y croit. Oh, ça oui ! Pour une manique comme elle, nul crime ne saurait rester impuni ... Tant qu'il ne s'agit pas des siens, bien entendu.
Quelques minutes plus tard, la cliente sort de son antre. Enfin, la sirène peut soupirer avec toute la force de sa lassitude. Elle aime jouer la comédie, mais pour ce soir, elle a bien assez donné de sa personne. Balançant ses jambes sur la petite table ronde, ses chausses, des Docs Martens ayant bien vécu, s'écrasent sur les cartes de tarot, les dispersant au sol. L'instant suivant, une cigarette rejoint ses lippes carmines et elle inspire une longue et agréable bouffée. Pourtant, bien qu'elle ait sonné la retraite avec la dernière couineuse, le rideau se soulève. Offrant son profil à l'importun et persuadée qu'il s'agit du propriétaire du Cirque venant aux nouvelles, elle râle : « J'en ai fini pour ce soir, Duno. Prends la caisse et laisse-moi, je suis fatiguée. » Tellement sûre d'elle, notre belle demoiselle, qu'elle met un temps à réaliser que ce n'est pas ledit Duno, mais un parfait inconnu. Pour autant, elle ne change pas de posture, lorgnant le nouveau venu d'un regard de profil aussi sombre que son âme tâchée. « Je peux vous aider ? »
nothing's gonna change my world
Lazarus
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Sujet: Re: Dirty little secret. | Lazarus Mer 8 Avr 2020 - 12:30
Quelques jours plus tôt, à Cobalt Island. Dans une ruelle un peu crade et louche.
Une veloute de fumée opaque et bleue marine s'échappe des tuyaux, glisse à travers les plaques d’égout et envahit les rues. Dans ces rideaux de vapeurs bleutés, au cœur de la nuit, ma silhouette rachitique et frêle flotte… ou erre… ou plutôt flâne… ou je dirais davantage qu’elle se perd et s’embourbe ! Du revers de mon unique main, je balaie cet air emboucanée, ne pouvant refouler au creux de mes fragiles poumons, la quinte de toux qui aussi sèche que l’entre-jambe de ma défunte mère s’arrache de mes deux chambres d’air et me fait toussoter telle une pucelle asthmatique. Bordel de souche à la racine, quel est le but de me donner rendez-vous ici ?! Il se passe quoi dans les aqueducs du royaume ?! Un écrevisse mal luné et fou s’apprête à des expériences contre-nature ? Une pieuvre souffreteuse de constipation chronique a enfin pété et ces particules nauséabondes sont refoulées jusqu’ici ? Gargamelle fait bouillir dans sa marmite maléfique une colonie de Schtroumpf ? À la recherche de mon mystérieux quidam, les bronches en feu, perdu dans le brouillard, je tourbillonne sur moi-même et commence à comprendre ce que les hot-dog vapeurs doivent fort probablement subir comme calvaire avant de se faire avaler tout rond et je vous assure que j’en ai les larmichettes à la commissure des mirettes !
Clac-clac-clac, les aiguilles de mes talons foulent le pavé de la ruelle, son écho de fouet fissurant les carnes dorsales du supplicier allant rebondir sinistrement sur les murs alors que je me dis que diantre mais le quidam mystérieux m’a peut-être posé un lapin !? Comme pour me contredire, (parce que la vie, c’est à ce point une petite garde de chenapante), je sens se poser sur mon épaule une main menue et incroyablement moite ! Le reflex légitime qui précisément me possède le corps, c’est bien évidemment un sursaut, accompagné d’un cri de mort, tranché par un torrent de toux torrentueux alors que dans une parade de calqueuse invétérée j’essaie d’échapper au contact chelou et humide tombé là sur mon épaule avec l’effet d’une fiente de mouette !
- Pour l’amour du ciel, Roberto, mais calmes-toi ! C’est moi ; Mystérieux Quidam !
Interloqué, estomaqué, offusqué, dans un 360 plus que fabuleux pour ma jolie toison de princesse qui tourbillonne dans l’air, je veux faire face au fameux mystérieux quidam… mais je me souviens qu’un 360 se résume à simplement faire un tour complet sur soi-même alors je dois réitérer le tourbillon mais sur une rotation de 180 degrés cette fois-ci because you worth it et boom les yeux globuleux et huileux de Mystérieux Quidam croisent mon champ de vision, mes preux !
- Roberto ?! Bordel de pédoncule à la fleur, mais d’où sort c’te prénom !? Pourquoi toute la plèbe m’appelle comme ça ?!
- Tais-toi, Roberto !
- Maiiiiiisss…
- SHHHHHH !!!!! Et peux-tu bien me dire ce que tu chausses aux pieds ?!
Fier comme pas deux, friponne comme pas quatre, mes fines et sournoises mirettes bridées s’abaissent vers mes petons et de bonheur je lui couine :
- Talons aiguilles, mon cher Mystérieux Quidam ! Au début, t’as mal aux chevilles, mais après ça passe et crépite comme un calmar frit dans une poêle !
J’imagine que la comparaison ne lui plait pas du tout, parce qu’il a véritablement une tronche de calmar, le mystérieux quidam… j’imagine que c’est pas tous les Natifs qui sont nantis d’un don exceptionnel, lors du Harvest… regardez juste mon pouvoir à moi, les preux, hin ?!
- Mais se ne sont pas des godasses pour les dames, ça, Roberto ?!
- Toutafay, mon cher ! Mais j’ai réalisé que juché là-dessus, mes guiboles ont moins tendance à vouloir prendre la poudre d’escampette ! Tu sais, une connerie de pouvoir pas trop avantageux et qu’on ne maitrise qu’à moitié. J’ai à ce sujet une rigolote anecdote à te raconter. Tout à commen---
- SUFFIT, Roberto ! Je m’en bats les ventouses, de ton histoire à la noix ! Est-ce que tu as retrouvé ce que je t’ai demandé ?!
- Si tu fais allusion à mon pucelage ; malheureusement non pas encore. MAIS ! j’ai à l’occurrence une piste---
- ROBERTO !
- Roooh, ça va… ça va ! C’est austère comme Esther et les affaires sont les affaires. J’ai compris. Même plus moyen de plaisanter et converser avec le client ; ouaiiiiiiissss, j’ai retrouvé ce que tu m’as demandé, dis-je, caricaturant mes paroles dans une attitude d’adolescente blasée et fatiguée de tout.
Tous les deux pelotonnés dans notre nuage de vapeur d’étrange couleur, l’ambiance me semble soudainement funèbre lorsque Mystérieux Quidam s’approche de moi et ajuste sa tronche de mocheté au niveau de mon pif.
- T’as intérêt à me rendre ce service, Roberto ! Parce que je peux te promettre que tes guiboles, même juchées sur ces horreurs, elles vont vouloir s’enfuir devant le sort que je te réserve !
• • •
Quelques plus tard, à RevealDown.
Ooohh, yaaasss ! Oooohh yeaaahh ! Owiiiii ! J’sais pas pour vous, les preux, mais moi j’adore ! J’adore de love et de peace les cirques ! Je love d’adore et de paix les chapiteaux ! Je paix d’amour et de love les contorsionnistes ! Ils me font penser à moi, mais en moins disloqués et un peu mieux rattachés à leurs jolis corps tout tordus comme les Bretzels ! Ils sont comme les cousins de la fesse droite que l’on voit une fois par an, mais qu’il est toujours d’un bonheur pur de zieuter et papoter avec ! J’en frisonne de petits plaisirs dans mes skinny jeans et grelotte de boulotte dans ma veste en cuir. J’ai aussi troqué les talons aiguilles pour une paire de boots tout à fait propice pour fouler les terres de la Terre alors que dans de ma main orpheline et unique je tiens un gigantesque bâton de cotton candy aussi rose que les miches potelés d’un bébé. Bref, les preux, c’est le bonheur dans mon petit cœur !
Avec la désinvolture de ce gros macho qui s’approche du point G de son aventure d’une nuit, je m’apprête à pénétrer dans le pavillon des merveilles, mais manque de faucher dans mon sillage une meuf à la truffe irritée, aux yeux bouffies de larmes, mais avec les lippes fendues d’un sourire de banane aussi gargantuesque qu’un rien spooky à reluquer ;
- Le pendu est inversé et la roue m’a pointé ! Ils vont le payer ! Ils vont le payer !
Qu’elle s’extasie la madone, me saisissant par le col pour appuyer ses dires et me secouer comme un vulgaire prunier… ce qui est périlleux dans mon cas parce que les bras risquent de m’en tomber. Même pas le temps de lui geindre quoique ce soit, que la madame me libère et va répandre sa bonne nouvelle au travers du bahut alors que je reprends ma dégaine de macho et pénètre enfin dans la tente des merveilles. Un mur de fumé de nicotine et d’encens est ce qui me passe le bonsoir en premier et ne manque pas de faire pester dans ma barbe hirsute un silencieux : « mais nom d’un géant homme, mais c’est quoi le délire, cette semaine, avec la boucane et la brume ? » Mon unique main tenant mon bâton de barbe à papa, c’est de mon moignon que je balaie l’air et enfin repère la silhouette de la nymphe oracleuse qui me reluque de biais et pour ainsi dire s’en bat royalement les ovaires de ma petite intrusion. Acceptant que le macho n’est peut-être pas la tenue de circonstance, je la fous à la trappe et extirpe de la commode de mon esprit une dégaine un rien ergonomique et brodée d’un sourire alambique.
- En voilà une question des plus propices, ma chère ! J’ai justement une belle anecdote d’entraide à vous raconter, que j’amorce, m’enfournant dans le gosier une bouchée de sucrerie nuageuse alors que mes foulées de joyeux huron me rapprochent de la table ronde et viens poser mon si mignon séant sur le dessus de celle-ci, soit à quelques centimètres des Docs usés qui la prônent : Tout commencé il y a de cela perpette…
Habitué de me faire interrompre et envoyer sur les fleurs au début de mes histoires, je m’arrête et attends ladite interruption… mais le silence perdure et la vache s’exclama :
- Foutoir de farfadets ! Vous n’avez encore rien dit ! Cela stipule que vous voulez entendre mon histoire ?! C’est sérieux de chez sérieusement et drapé de la plus haute sérieuse !?
Tout sourire, j’ajuste mon séant sur la table, pour être plus confortable, allant même jusqu’à poser moignon sur les Docs de la nymphe oracleuse, je reprends :
- Tout a commencé il y a de cela perpette. Non, attendez, c’est pas si perpette que ça. Je dirais même que c’est à un iota près de se faire perpette alors je dirais plutôt lurette et alouette ! Vous me suivez jusque-là ? Vous voulez de la barbe à papa ?!