La Ville Soleil qui depuis plusieurs heures s’est éteinte dans un lointain sombre et querelleur. Le dôme céleste et éternel, déchiqueté par moment dans l’assaut de ces serpents de feu et d’électricité qui viennent tout droit foudroyer les éminences parfois trop audacieuses et arrogantes. À l’abri de l’orchestre qui sournoisement s’installait dans le fin fond du firmament, alors que nous errions sur le pavé des mauvais rêves, par delà les quatre murs de cette énigmatique demeure, les tambours roulent dans la profondeur ouatée des nuages et les cymbales insurgent le ciel, toujours drapé de nuit. La carcasse frissonnante, imbibée des larmes du Paradis, et de quelques constellations carmines, je me tiens tel un gibet et à tour d’obscurité devant l’immense fenêtre qui s’ouvre sur une vue imprenable de l’océan et de l’infini tapis de sable blanc le bordant. Plusieurs, dont moi-même, habituellement, se laisserait doucement emporter et bercer par l’hypnotique vision de la mer houleuse et ténébreuse qui langoureusement rampe sur la berge. Mais pas ce soir. Pas cette nuit. Les polaires et impassibles visières constamment rivées sur ce qui peut bien se tramer un peu plus bas, un peu avant la mer et la plage, là, tapit dans la pénombre de l’arrière-cour et qui d’un sommeil de mort repose dans l’ornière de fer. La voiture. Le coffre arrière de la voiture. Là, juste en-dessous du capot. Il est juste là. À l’insu du monde, tapit dans l’insouciance, le confort, l’ignorance de tout un voisinage qui comme un bébé repu dort bien profondément et à poings fermés dans son berceau. Mais dans le dôme éternel, l’harmonie du céleste orchestre joue toujours de sa vibrante mélodie alors que sur l’horizon ondoyant se déchaîne la mélancolie d’une Mère Nature qui se veut fort bien larmoyante et hurlante avec les éléments.
Et pendant que luisent à contresens les aiguillons de l'averse, pendant que je me perds dans la contemplation d’un jeu des ombres qui ne se produit pas, non loin derrière, il y a Elle. Celle qui erre dans la cuisine. Elle, à la fois chimère et éphémère qui s’accapare à une besogne étrangement banale et inoffensive. Considering. Le ronronnement abrutissant de la machine à café qui toussote et recrache son amertume noirâtre dans la carafe, ça vient couvrir pour un peu ce mur de silence qui à la lourdeur d’une stèle est retombé sur nous. En cette doucereuse et bienvenue sérénité, plane et rebondit pourtant la lancinante symphonie de l’Impudence. Ce doucereux cordages de musiciens qui vibre et s’anime lascivement, sous la carne, rongeant le flanc et adoucissant les humeurs badines qui non malgré moi se laissent emporter en le fleuve de Nos eurythmiques qui jusque dans les viscères submergent et retentissent. Nous ne sommes jamais que la cathédrale de nos instincts les plus viscérales et primitifs qui pour mieux nous berner usent d'augustes et de vicieux quantiques. Qu’elle est irritante, la comptine prophétique, n’est-ce pas, docteure Davies ? Qu’elle est aliénante, notre symphonie alors que délibérément l’on se laisse perdre et grandir librement en les replis visqueux de ce jeu dangereux. Car sur le seuil de cette fatale et cruelle indécence, nous pouvons deviner si nos erratiques crépitent d’une sombre flamme ou simplement se consument en les cendres de nos infâmes. Et alors que nous embrassons cette évidence, non loin nous appâte adroitement le Malin luciférien en le sablier de ce temps qui point ne se fige. Parce qu’il est là. Un peu avant la mer et la plage, là, tapit dans la pénombre de l’arrière-cour et qui d’un sommeil de mort repose dans l’ornière de fer. La voiture. Le coffre arrière de la voiture. Là, juste en-dessous du capot. Il est juste là…
Les arômes caféinés par délicieuses volutes inondent la pièce et se planent un chemin jusque dans le conduit de mes voies nasales. Narines avec appétences et attraits dilatées, doucement je me secoue, m’arrache de la funèbre transe, me passant une main sur le flanc de ma mâchoire rongée par une barbe négligée depuis des jours, pour me réveiller et adoucir la fièvre :
- Du lait. Juste du lait.
Que je réponds enfin, comme ancré à cette réalité que depuis quelques minutes j’avais laissé filer ou m’échapper. À quoi nous jouons, toubib ? Qu’espérez-vous gagner, Aileen ?
Et alors que nous embrassons cette évidence, non loin nous appâte adroitement le Malin luciférien en le sablier de ce temps qui point ne se fige.
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Aileen Davies
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Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN) Ven 9 Oct 2020 - 17:57
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❝ Swallow my sins❞
Déraison. Là, devant le hublot à peine illuminé d'un néon criard. Mirettes grattent la surface, cherchent par delà les souillures. Elle a tué. C'est inscrit sur la peau, entre les chairs. Partout. Comme l'éclat indélébile d'un baiser mortel. Amas de vermines qui grouillent à l'intérieur. Sûr qu'elle perçoit leurs cris impitoyables. Lui rappelant incessamment que c'est du sang qui macule désormais ses doigts. Et malgré le cuir. Et malgré la soie. Le rouge s'imprègne jusque dans les replis. Alors Madone s'obstine, sous l'eau douloureuse, à s'écorcher les muqueuses. Peut-être disparaitra-t-il, l'Endormi, si les rivières pourpres de son trépas ne se dessèchent enfin. Ne sera-t-il qu'un mirage lointain, demain, lorsque le petit matin poindra sa frimousse volage ? Non. L'existence ne sera plus la même. A travers les romans noirs dans lesquels elle aime se noyer sera écrit l'ombre d'une vérité. La sienne. Celle qu'elle n'ose admettre. Et si son propre reflet semble vouloir acquiescer, Aileen ne l'entend pas. Cette petite voix, pernicieuse, qui tente pourtant de lui souffler une sentence. Comme l'agitation, écœurante, de l'organe vermillon sous la poitrine. Ce plaisir coupable de ne point éprouver ce remord, ce regret opiniâtre. Mais les cils s'affolent, scandent le tempo d'un refus arbitraire. Pour ne pas voir le monstre derrière. Puisque Golem gronde jusque dans les tréfonds. Cette faim dévorante. Qui s'en vient avec l'euphorie. Le poing griffonne la vasque. Le corps se rebelle. Une dernière fois, peut-être. Puisque raison s'en est allée. Puisque les crépitements du nombril se plaisent à lui rappeler l'immondice. L'avidité qui trémule par quelques pêchés clandestins. L'incurable boulimie. De cette béatitude sans fin, d'avoir ôter la vie à quelqu'un.
Il lui semble que le givre craquèle çà-et-là autour de leur peine. Et de cette mansarde froide comme elle, Aileen s'y sent étrangère. Elle y reconnaît chaque détails, chaque défauts. Mais ne s'y voit plus. Comme le voile d'un amnésique qui serait pris d'un sursaut. Ou peut-être est-ce la présence de Derek. De son retrait, elle en observe les courbes et les angles durs. Qu'il est beau, là, bercé par l'Opalescente qui veille au dessus de leur couche. Une ancienne poésie. Réminiscence d'un homme qu'elle aurait aimé à l'en détruire. Devenu totem somnambule autour de sa nuque. Et déjà, elle entrevoit l'étau péremptoire d'un Mal qu'elle inspire, là, tel un manteau de velours autour de lui. Saviez-vous, Derek, qu'il n'y a que la mort entre mes souffles ? Ne voyez-vous pas l'ombre qui déjà vous entoure d'un éternel linceul ? Le sauvera-t-elle de son joug, lorsqu'il ploiera finalement l'échine ? Ou bien s'empressera-t-elle de broyer la flamme fébrile, qu'elle devine sous l'aigreur de son existence ? Peut-être. S'il parvient à taire la Bête immonde qui s'ébat sans chagrin. Amants maudits d'une fougue mortifère. Sûr qu'elle ne desserrera pas l'étroite union qui les rassemble. A l'image de ces Furies vagabondes dont le cœur cloître l'Autre dans un abyme sans espoir. Car elle s'en nourrit. Comme ravagée par cette soif inextinguible. Elle siphonne la Beauté. La Vie. Ne laissant au crépuscule qu'un sombre dessein. Point de jours baignés de ce Soleil majestueux. Seulement les bras décharnés d'une Nyx vorace, impatiente de gorger sa vieille horloge d'un peu de chaleur. Et si les minutes, folâtres, murmurent quelques psaumes, Aileen, elle, les transforme irrémédiablement en oraisons funèbres.
Le ronronnement de la cafetière l'arrache à sa tourmente. Et c'est par quelques gestes ordinaires, que deux tasses brûlantes résonnent d'un même écho sur la desserte. Des fenêtres voisines, les prunelles curieuses n'assistent qu'au dénouement d'une profonde mascarade. Si les apparences semblent futiles, les dessous, eux, n'en sont que plus tragiques.
« - Alors, vous allez tout brûler et... tout ceci prendra fin ?
Mais pas le nœud de vipères entre les cuisses. Ni même cet infâme émoi qui persiste.
- Et... tout ira bien ?
Les doigts quémandent une fois de plus. L'étreinte méphitique. Le remède suzerain.
Mais de la peau s'en viennent les esquisses d'un Ailleurs, d'un Monde qui n'appartiennent qu'à elle. La silhouette se voûte d'un maléfice sinueux. Et la cohue entre ses tempes lui dérobent quelques complaintes licencieuses. De sang et de chair, le simulacre l'ébranle jusqu'aux tréfonds de son anatomie de femme. Alors elle se découvre tumultueuse, soumise aux caprices d'une incurable fièvre. Délirante.
Néanmoins, le rêve s'étiole aussi rapidement qu'il s'en est venu. Et c'est l'incompréhension gisant autour d'elle qui s'affaire à la ramener auprès de lui. Si le feu semble avoir pris possession de ses pommettes, Aileen s'efforce de le travestir sous quelques attitudes soignées.
- Pas trop chaud ? Le café. »
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Derek Morrow
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Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN) Sam 10 Oct 2020 - 9:36
Et mon corps s’abandonne doucement au refrain déchaîné, mon regard, complice des échos de Son âme se délivrant dans le sempiternel crépuscule et le drap de la nuit. La caresse facile de Ses battements de cils qui ondoie sur mon être devenu si gracile et à la fois si vil. Sous la douceur, les malheurs. Sous la candeur, les horreurs. Un jeu souvent funeste où s’invitent le sang et le plus langoureux des péans. Sous les douceurs et candeurs… un prédateur. Je La recherche. Elle me trouve. Je l’Apprivoise. Elle me dompte. Nous menons cette valse libertine au sein des effroyables machinations d’une pourpre nuit qui s’étranglent dans la moiteur des éléments qui se déchaînent, mon ombre drapée des humeurs mortifères sinuant et errant en l’antre de la bête, qu’à dessein je découvre et ausculte, pour assouvir une curiosité indéchiffrable. Mes diaphanes de givre et d’opale lugubrement moirées vers un trépas obscur lorsque de Sa solennelle présence, joug de Son indéniable pénitence, Elle s’avance et rapproche, mug fumants errant là. Non. Non. Aileen. Vous le savez. Même les flammes ne pourront rendre à Néant et Poussière la Chose immortelle qui maintenant s’éveille depuis les tréfonds ténèbres de cet Enfer que nous avons déchaînés, cette nuit. Le simulacre, jusque dans les coffins de l’Éternité, reluira et nous pourchassera. Nos mémoires comme encensoir, sa cendre et ses poussières nous griseront dans la brume et son sempiternel crépuscule. Tel est la Perdition et le Fardeau de notre secret.
- Dans le meilleur des deux mondes, c’est bien ce que l’on voudrait. Seulement…
Seulement, être en attraction avec tous nos fantasmes les plus sombres, cela fermante au fond de la poitrine et entre les cloisons osseuses du crâne ce vieux et illustre levain qui aliène et enivre. Rares seront sont ceux qui s’en alimenteront, trop seront ceux qui préféreront s’inventer une vie pour pleinement en faire l'expérience. Poètes. Écrivains. Scénaristes. Auteurs. Et j’en passe. Coucher une partie de son âme sur du papier, c’est tuer, imaginairement ou emblématiquement, quelqu'un. Que se passe-t-il, toutefois, lorsque la ligne rouge est franchie ? Que se passe-t-il, lorsque l’Horreur surpasse la Fiction ? Dans une nouvelle d’Edgar Allan Poe, dites-moi, Aileen, quel dénouement pourrait-t-il nous attendre et en le brouillard ardent avec les mort, qui serions-nous ? Cette histoire, à l’encre de nos veines, il n’en tient qu’à nous de l’écrire. Une écarlate collaboration qui ne nous blanchira pas de tout sentiment. Bien au contraire. D’un trépas inutile, à aller jusqu’à une prouesse génocidaire qui mutile, je serais là, avec Elle. Désespéré de vouloir garder auprès de mes propres ténèbres cette Idéale cruelle et pécheresse pour avoir fait ployer le dos de bien des hommes. Car cette échine docile et servile qui se ploie, n’est certainement pas la première ou la dernière qu’Elle écrasera de son talon désormais sanglant.
Macabre jeu de séduction chimère qui triomphe dans le cœur du plus faible alors qu’en les nôtres chantonnent la plus funèbre des fables. Un jeu si vieux pour tromper l’auguste ennui alors désespérément je me suis galvanisé en la plus fatale des hérésies. Quelle ironie. Quelle macabre comédie. Pour un peu, j’en ris. Visiblement ailleurs ou trop dans ma tête, c’est d’une paluche de panda maladroite et empotée des efforts de tantôt, que je viens chercher le mug fumant qui m’attend. Et l’esquisse d’un hymne scarifiant sitôt nous balafre de ses rumeurs sans pareilles, lorsque la glaise de mes carnes frémissantes sitôt rencontre le satin de sa main. Un battement de cils, et tout s’étiole. Un battement de cils, et Aileen s’envole. Obviously.
Joues empourprées. Mordorées floutées. J’sais pas où Elle s’est paumée, ma toubib, mais mon petit doigt me dit que j’aurais a-d-o-r-é ! Belle indolente qui désormais se veut aussi secrète qu’un cloitre, mais combien j’aime essayer de lire et comprendre, lorsque près de moi Elle divague. Son cri du cœur me laisse complètement de marbre, mais le hurlement de Son âme affaiblie et enivré, grand dieu que je l’entends ! Le coin de ma lippe sournoisement s’étire en une moue chafouine que je m’empresse de le sceller derrière le mug, lueur gredine crépitant dans le fond des pupilles alors que l’amertume brûlante dégringole au long de mon œsophage et invite un peu de chaleur en mon être frigorifié :
- Il l’est. Et c’est parfait ainsi. Et le vôtre ? Pas trop… chaud ?
Des intonations tendancieuses dans ce que je siffle innocemment ? Oui. Absolument. Et moi je l’assume. Sale gosse mesquin et persiffleur, je croise les bras sur mon torse massif, fourrant ledit mug chaud dans le creux de mon coude alors que mes fielleuses opalines doucement plongent en les deux pierres d’émeraude qui derrière une myriade de jouvencelle maniérée et candeur mêlée se cachent. Condamnée parmi les damnés, Elle semble récupérer néanmoins le diadème de sa clairvoyance. Et mon corps s’abandonne doucement au refrain déchaîné, mon regard, complice des échos de Son âme se délivrant dans le sempiternel crépuscule et le drap de la nuit.
- Mysophobie, avec un léger soupçon d’Hypocondrie ? C’est pourquoi vous n’osez jamais les retirer ? Vos gants. Que je demande, curieux, décollant mon index de contre le mug, pour venir pointer Ses menottes alors que d’un pas je me rapproche. Et lorsque vous le faites, docteure Davies, est-ce que le jardin de vos mains se fane sous le linceul du Crime, la Souillure et de l’Impureté ?
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Aileen Davies
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Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN) Dim 11 Oct 2020 - 12:54
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Ô douce phlogose dont les appendices lèchent la croupe, endolorissent raison ! Quelle promesse funeste murmures-tu, lorsque par infamie, tu crépites de la terre jusqu'aux cieux ? Et l'attraction pernicieuse, Aileen l'éprouve çà-et-là. Entre les parois étriquées de sa caboche. Sous le corset trop étroit qui, lui, contient le rugissement éhonté d'une Bête famélique. Quand de ses mordorés, quelques flammes impétueuses s'alanguissent d'épouser enfin ce dénouement céleste: cette mort tragique, mais salvatrice. Puisque les chimères d'un nébuleux dessein ne cessent de s'ébrouer entre ses tempes. Puisqu'elle ne parvient plus à déceler le vrai du faux. Séraphiques mirages, qu'elle n'assimile pas réellement. Et malgré des décennies d'effrois impitoyables, Aileen n'a point trouvé le verdict à cette unique question: serait-elle tout bonnement folle ? Alors les pilules colorées, arc-en-ciel d'un paradis illusoire, assomment son esprit défaillant. Il est plus confortable de taire l'araignée chuintante que de l'affronter enfin. Mais là, tandis qu'elle s'expose aux mirettes inquisitrices d'un étonnant complice, elle ne peut que subir les remous de son âme. D'un réflexe quasi infantile, Madone s'écorche paumes et phalanges sur le coin de la desserte. Sans doute souhaiterait-elle sceller cette porte, cet ailleurs méphitique qu'elle a trop souvent visité. Pourtant, il lui semble avoir tout essayé. Et de mutiler la chair jusqu'au vertige. Mais en vain. Les images ne quittent ses prunelles sous aucun prétexte. A la fois toubib et névrosée. Pour cela qu'elle se noie dans la cacophonie d'autrui. Puisqu'il est plus tolérable d'écouter des maux qui ne sont pas les siens.
Embrasée par des souffles qu'elle devine plus tard, Aileen peine à regagner la surface. Faut dire que la soirée n'est pas évidente. Alors, que ne donnerait-elle pas, finalement, pour s'abandonner à son joug ? Le voit-il, malgré ce rictus badin qui semble l'accabler d'une honte mortifère ? Distingue-t-il la défaillance, l'appel déchirant ? Quand bien même l'éclat du givre par delà ses suppliques amères, c'est une bruyante prière que lui offre son air. Oh Derek, ne voyez-vous pas, comme j'abandonne tout effroi ? Qu'il ne vous faudrait qu'un pas pour que je ne vous ouvre mes bras ? Car sous l'austère jupon, sévit un brasier sans nom. Et c'est la totalité de son être qui braille l'ordre fallacieux, la requête misérable. D'oublier entre ses draps jusqu'à son essence profonde. Vorace, déjà, de le sentir vagabonder en elle. A l'image d'un fauve majestueux, prendre possession de cette chaleur délicate. Hiberner entre ses eaux. Et elle, pauvre biche, courbant l'échine par tant de puissance. Jouvencelle et catin. Chienne et brebis. Pour cela, qu'elle ne sourcille pas lorsqu'il s'approche d'un pas. Troublés, néanmoins, les joyaux s'épreignent à l'horizon lointain, fardant alors le frémissement diabolique d'une toute autre fiction. Quel sort l'abîme lorsque ses pourtours s'en viennent raser les siens ? Quelle magie pour l'animer d'une telle euphorie ? Lui, peut-être ? Car dans ce pêle-mêle d'émois insatiables, Aileen constate le reflet de ses muettes agitations. Et si l'obscurité guette entre ses cils, c'est une étincelle jumelle qu'elle reconnaît dans l'océan noir de ses pupilles. Un écho familier. De deux chérubins oubliés, qui se seraient égarés en chemin.
« - Si seulement, que glousse l'Impie, rivée sur le seuil de ses mains.
Un voile sépulcral s'égare dès lors sur ses traits opalins. Et elle en occulte sa présence. Elle en oublie l'Ensommeillé, gisant plus bas. Cherchant à travers l'écorce, une réponse à ses tourments, peut-être.
- C'est un sentiment. Une émotion. Un pressentiment, peut-être ? Une toile qui se dessine, derrière mes paupières, dans mon esprit. Alors je crois deviner l'après. Un peu de demain.
Et de sa béatitude, la bouche lui en tombe. Jamais elle n'avait évoqué cette malédiction. Pas même à voix haute. Alors les larmes miroitent. Elle en rit, même, comme galvanisée par cet aveu ridicule.
- Je me crois folle. Le suis-je ?
Les perles nacrées sillonnent. Tandis qu'elle ose franchir, à son tour, cette distance qui la tue. De sa dextre, cajole l'angle de sa mâchoire. Front contre front. Comme prise d'une hérésie. Alors le film se dilate, palpite, puis s'étiole pour imploser entre eux. Cohésion détonante. Un transfert des sens.
Erratique, le souffle qui subit une seconde fois les affres d'une passion chimérique. L'ivresse l'emporte loin, très loin. L'obligeant à s'enrouler autour de lui, funeste Vipère.
- Le suis-je ?... », qu'elle susurre à travers une complainte mélodieuse.
Le sont-ils ? Foux.
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Derek Morrow
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Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN) Lun 12 Oct 2020 - 7:34
Un éclat de ténèbres. Et cela vous rend d'autant plus sublime et divine, docteure Davies.
Alors que la distance lentement se meurt, contre le treillis recourbé de mes flancs, l’erratique s’affaiblit, bat en silence et se réfrène. Il prévient. Il n’assure plus. Il n’en peut plus. De l’espace qui nous s’épare. De l’amer privilège d’en êtres tous les deux de désespérés martyres. Deux errances ancestrales qui jusqu’au tréfonds du firmament s’écorchent et s’écartèlent en les échos et appels. Tiraillés entre les petites morts expiatoires ou la Vie qui tout simplement s’insuffle jusqu’en dessous de la carne tremblante de toutes ces choses en lesquels nous nous consumons. Aliénés et profanes en ces voluptueux instants que l’on ne sait que maladroitement saisir, tant et si bien ils nous font souffrir. Les lucarnes de nos âmes jumelles s’ouvrent sur un brasier incandescent, en les ondoiements orangés et dorés nous nous y pâmons comme dans un lit où point de rêve ne dort. Car dans les replis visqueux de cette cruelle utopie, le repos n’est que moire et la trêve illusoire ! Deux cœurs sérieusement amochés qui gémissant dans la pourpre nuit se sont enfin retrouvés. Deux têtes fêlées qui se prédestinent à ne s’ouvrir qu’au malheur, mais que les larcins brûlants d’une obsession continue affaiblissent la raison et grisent en l’inextirpable ivresse. Flamboyant comme le Désespoir, Sa caresse, cruelle, meurtrie et lacère des chairs à l’âme. Plaie d’une immortelle soif et de l’infini regret de ne jamais en être étanché. Ce désir, mortifère, qui jusque dans les confins de mes abîmes se comprime, mais qui n’attend qu’Elle pour d’un zéphyr dévastateur ressurgir. Éprouvé, déchiré, par le cri de Son âme, fatal et irrésistible. Supplique intolérable et à jamais renaissante. Vous saisir pour ne plus jamais vous laisser partir. Unifier nos suprêmes aveux, lorsque ma nuque se ploie et que nos fronts se prennent pour appuies. Et lentement mes paupières s’abaissent, lorsqu’avec ardeur et fureur l’on vient se perdre en cet Ailleurs.
Dans l’onde de l’insatiable ivresse, je la suis, l’accompagne, épousant cette parcelle d’éternité qui à jamais nous bercera. Nous possédera. Vapeur. Tout n’est que vapeur. Nimbé de l’inguérissable fièvre, les sifflantes caresses esquissées sur l’échine, qui de sortilège se cambre, arrachent des vertèbres une myriade de soubresauts alors que les draps se froissent d’un vertige que les âmes et les corps se meurent déjà de voir renaître.
De ces vœux inapaisés qui palpitent entre les tempes, violemment, moire et linceul s’étiolent par delà le flux sanguin qui explose à la rétine. Alcôve thoracique qui se gonfle et dégonfle d’un souffle qui agonise, même le fracas de la tasse à café qui tombe et éclate en débris de verres clairsemés à nos pieds ne semble pas vouloir m’atteindre, les sons camouflés derrière le tabou d’une haleine qui des confins de la Chimère résonne toujours sur les lisières de la Réalité. Mirettes floutées, galvanisé d’incompréhension et de summum, les sens engourdis d’une délicieuse fatigue, le pourpre aux joues… Vous saisir pour ne plus jamais vous laisser partir. Front contre front, souffles qui s’essoufflent, le cœur qui se déchaîne, là, non loin dans les tempes et l’ornière de la poitrine. Je déglutis de travers et secoue doucement la tête :
- Non. Et c’est à se demander par quel exploit olympique ? Que je murmure, ma voix semblant comme resurgir de l’abîme alors qu’une main dégringole du reposoir de Son épaule, pour venir mourir sur le creux de Ses reins alors que la jumelle remonte vers le cou pour venir chercher Sa joue d’albâtre que j’emprisonne au cœur de ma paume.
- Dites le moi, Aileen. Parce qu’elle me gagne déjà. La folie.
Deux errances ancestrales qui jusqu’au tréfonds du firmament s’écorchent et s’écartèlent en les échos et appels. Vous ne m’avez pas arraché de ce tourment, pour le simple plaisir de me voir sombrer et m’immoler en vos bras ? Ma paume se délaisse de Sa joue, pour venir se mouler contre Sa nuque. D’une impitoyable douceur et langueur, j’enterre nos souffles diabolisés derrière les seuils de nos lippes qui consumées par le feu de tantôt se cherchent, puis se trouvent et enfin éperdument s’emprisonnent.
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Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN) Lun 12 Oct 2020 - 11:58
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Danse la mélopée de leurs âmes, tandis qu'ils se perdent finalement en chemin. Noyée dans le magma sirupeux de leur nébuleuse, Aileen s'éprend d'une alégresse candide. Comme l'éclat de cette petite fille perdue depuis toujours qui, là, à l'orée de sa démence, perçoit enfin le Soleil des trépassés. Et dans cette ronde diabolique, un murmure l'éveille de son incessante agonie. Quel délice d'éprouver à nouveau la chaleur ! Quand au loin tressaillent les pleurs des neiges éternelles. Alors sur le mont de sa suprématie, l'étrange Phoenix renaît de ses cendres, tout compte fait. De vieilles litanies se rappellent à sa mémoire après cela. Des psaumes que lui contait si peu sa mère aux mains calleuses de son père qui s'étonnaient toujours de voir son Dahlia s'enténébrer de noir. Mille existences se sont écoulées depuis lors. Pourtant, les balafres n'en sont pas moins lancinantes. Et malgré cette porte entrouverte sur un peut-être, Aileen prend conscience qu'elle ne peut enfouir plus longtemps les années blessées. Derek, serez-vous ce filament de lune, dans mon cœur, entre mes reins ? Pour y insuffler quelques baumes, quelques miracles ? Une utopie. Car par delà les synapses, un théâtre se joue. Telle une prière qui ne trouverait de repos qu'auprès de Lui. Et elle ne reconnaît pas cette femme, ce simulacre aux simagrées bien trop intimes. Non, elle ne concède pas à admettre cette fougue, cet abandon brut. Puisqu'elle semble se fracturer, chaque fois qu'Il se déverse en elle. Mariage sépulcral d'une femme damnée et d'un homme brisé. Lécheront-ils les plaies de l'autre lorsque le zéphyr prendra marre ? Ou bien s'oublieront-ils dans le néant ?
« - Je n'ai jamais su...
Mais l'urgence lui dévore la palabre. Car dans cet ouragan incongru, ses soupires lui échappent, s'entichent aux Siens. Alors la tension qui persistait jusque là implose, souffle définitivement le peu de raison qui subsiste encore. Voilà qu'ils se dispersent, veloutes de poussières étoilées dans l'atmosphère. Dieu, qu'elle en éprouve jusqu'aux frémissement de l'univers ! Et c'est un ailleurs véritable qui cède juste pour eux. Sans doute pourrait-elle mourir en cet instant, pour avoir connu la fièvre plutôt que le givre, pour avoir touché le feu plutôt que la glace. Pour cela que menottes s'agrippent à ses larges épaules. C'est le vide qu'elle devine loin de lui. Alors les lippes dévorent ce baiser éperdu. Elle s'en gorge; succube à l'appétence gargantuesque. Déjà, elle sait qu'elle n'aura jamais assez de lui. Et cette évidence lui dérobe une nouvelle complainte. Que ne donnerait-elle pas pour qu'il se gave d'elle. Sûr qu'elle endosserait tous les rôles ! Aguicheuse ou juvénile. Revêche ou malléable. Lovée contre sa férocité, Aileen s'efforce de lui arracher cette déraison, ce délire vorace. Qu'il fasse ce que bon lui semble ! Elle répondra à l'entièreté de ses délires. Et de griffonner la peau tout juste découverte par endroit. Seulement pour attiser la Bête qu'elle entrevoit depuis toujours.
Derek, je vous en prie, ne réduisait pas cette fureur au silence. Je la soupçonne, malgré la bienséance qui vous guide. Seulement, ce n'est pas d'elle que je m'alanguis lorsque vous vous attarder enfin sur mes chemins. Mais ce brasier dantesque qui n'attend finalement que son heure et de mourir en mes seins.
Chevrotante, Madone rompt l'étreinte. Point de regret dans l'Emeraude fervent. Il lui semble que le ciel s'alourdit et pèse comme le lourd couvercle de Baudelaire. Tandis qu'elle s'ancre aux mirettes incertaines qui ne cessent de la hanter. Alors, et d'une lenteur cruelle, Aileen abaisse les voiles de sa pudeur. Apparition méphitique. Séraphine s'offre à Ses desseins. Sans le moindre tressaillement. Victime consentante.
- Aliénez-moi, Derek... »
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Derek Morrow
MESSAGES : 4058 BARGE DEPUIS : 14/01/2019 ROYAUME : Empire State of Mind.
Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN) Lun 12 Oct 2020 - 19:59
Le chimérique que je deviens se persuade de la raison de Son délire, pendant qu’Elle redessine les squelettes d’un sourire libertin d’une bête au cœur si peu affectueuse et qui aime tant rire. Sous le regard des Dieux jaloux de nos délices, malsains, diablotins, l’on se fracasse en le ravin des vices et sévices lucifériens. Nos âmes vagabondes poussées tout au haut de l’interstice astrale, les astres tourmentés et brûlants de mille feux adoucissent leurs éclats vespérales, négligeant le clair pour un couchant plus sombre. Enraciné au sommet de mes cieux noircis de souffrances, je conjugue à l’infini ce moment de jouissance, impudeur marquée dans le regard de ces Divinités qui envient nos sévices. Je le sais. Elle peut être mon mur des merveilles, tant je m’émerveille de Ses parures aussi horrifiantes et oniriques que ces nuances de guerres et leurs vermeilles. En ces terres que Mère-Nature déplore comme adore, nous, créatures brodées des terribles fioritures, nos deux cœurs comme misent à nu, l’on se découvre être ces deux arbres aux racines pourries qui s’entremêlent. Et le sang dans nos veines, qu’une sève en perpétuel ébullition nourrissant à jamais nos rameaux décharnées et écorchées par le temps. De Ses désirs charnels, je m’ensorcèle, lorsqu’au compte de trois, Elle me promet un tout et plein d’Elle qui déjà ont ce pouvoir sur moi de me détruire et m’abolir. Idéale, avec Son appétence dévastatrice, le désir de me fondre, perdre et m’évanouir en vous me rend complètement malade, Aileen. Vous me demandez de régner sur vous comme le plus grand des rois, mais en le vaste et insignifiant banquet des âmes, de vous j’implore la plus sulfureuse des déesses et la plus sybarite reine des bassesses. Frustration, hérésie, le besoin, vital et bancal, lorsque Son corps brusquement quitte le tombeau de mes bras et que revient cette satanée distance que je ne tolère tout simplement pas et maudis ! Les opales incomprises qui avec exacerbation fauchent Les mordorées joueuses et sournoises, alors qu’à m’en blêmir les jointures mes poings affreusement vides et atrocement suppliants se compriment le long de mon corps frémissant et grelottant de fièvre. Chien fou qui ne veut pas lâcher son os et qui s’enrage lorsque perfidement il en est le cas. Ne m’oppressez pas, Aileen. Je vous en prie, ne m’oppressez pas ! Délivrez nous. Faisant écho à ma supplique, quoiqu’assassine en cette douceur déclinante, voilà que les cierges badins s’allument au travers de mes azurs qui littéralement l’Avalent et l’Aspirent de ces flammes sinueuses, lorsque La céleste silhouette s’abandonne de Son suaire et me livre à m’en rendre ivre les irrésistibles acarnes. Aussi séraphique que acquise, Elle me contemple, alors que pleines de faiblesse mes diaphanes glissent et s’écorchent sur les épines et la soie de Ses pétales. Irrévocablement, Aileen, vous êtes ma belle rose noire, ma merveilleuse fleur du mal. Belle, ainsi baignée dans l’opalescence empourprée de cette nuit et merveilleuse parce que les soucieuses humeurs enfin délivrent vos fielleuses qui jamais n’ont cessés de me regarder.
Incapable de Lui résister plus longtemps, le cyclone faisant rage à la jungle de mes entrailles, c’est lestement que j’anéantis la myriade des inaccessibles et conquis à corps perdu la mirifique silhouette de la succube. Nos pénombres comme emmêlées et étouffées en cette espèce d’étreinte miroitante et miroir de nos âmes qui ce soir nous lâchent alors que mes nerfs littéralement abandonnent toutes réserves. Et juste avant d’éteindre les sables de nos enivrants sommeils, j’écrase avec ferveur ma lèvre inférieure entre Ses lippes gourmandes, prisant le goût de leurs saveurs et douceurs au travers de nos humeurs et nos souffles fébriles qui se confondent dans l'éther que nous envenimons du chant de nos haleines épicuriennes. Éclat de chaos irréversible dans les ténèbres mon esprit, alors que nos interdits s’affaissent et s’écroulent. Mes dextres cherchent et trouvent le chemin de Ses épaules, Ses bras, Ses côtes et le creux de Ses reins, enivrées par les saveurs de Sa délicieuse carne que je découvre, savoure, mes poignes gourmandes s’empressant de dégringoler sur Le séant, pour à la naissance de l’arrière de Ses cuisses se refermer et comme un poids plume soulever Son corps qui avec impudence s’ancre au mien. Invitant les mirifiques guiboles à venir me ceinturer la taille, tandis que mes bras forts s’enroulent autour de la sienne, aveuglé par la flamboyance de notre théorie du Big Bang réinventé, c’est à tout hasard que je m’avance dans la pénombre de la pièce, à la recherche du mur, sofa, qu’importe, en autant que je puisse tout contre Elle me presser et lover sans craindre de nous casser les figures dans le vide. C’est au salut de la table à manger que littéralement le chaos de nos étoiles chavire, l’asseyant avec empressement sur la surface du meuble que de mon bras je balaye et libère des éventuels encombres, imperméable au fracas qui explose à nos oreilles et m’affairant à laisser nos carcasses parfaitement s’enchevêtrer alors que mon bassin se fraie une place entre Ses cuisses. La symbiose luxurieuse de Nos lippes qui s’entrelacent toujours et avec gourmandises ne se sont jamais lâchées, devient ce poème lyrique qui semble s’émouvoir en des vers endiablés, quelques effleurements et caresses, entre mes canines je capture Sa lèvre inférieure et tire délicatement dessus. Pour finalement la relâcher et m’attarder sur l’arrête de Sa mâchoire, que mes lèvres inapaisables découvrent aux aléas de baisers ardents, qui sitôt dégringolent vers le cou, mordillant entre quelques lascifs mouvement de lèvres Sa carne si exquise qui m’enivre comme me grise. Un étau allant se perdre dans les cascades de Sa sombre chevelure, pour se mouler derrière le crâne alors que groggy de nos élans je l’incite à allonger l’échine sur le bois de la table. Mes lèvres suivant lascivement la chute et allant se perdre sur la clavicule, le dessus de Sa poitrine et répéter la même course pour aller réfugier le feu de ma figure dans le creux de Son cou alors que mon corps s’allonge, se prolonge et se presse tout contre le Sien que je sens frémissant et cabrant… mais que mes incalculables barrières de tissus cruellement m’emprisonnent.
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN) Mar 13 Oct 2020 - 8:46
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Le vernis s'écaille. Et se brise le marbre d'une éternité de facétie. Vénus se craquelle sous les mirettes impuissantes de son Milo. Alors l'image de cette jouvencelle, celle d'un autrefois, s'esquisse. Ondoie les étincelles d'une jeunesse bien trop tôt avortée. Vingt ans tout au plus. Aileen reconnaît les pourtours de celle qu'elle fut jadis. Celle qui n'embrassait aucun abîme, si ce n'est les déviances de son insouciance. Oh qu'elle est loin cette naïveté déconcertante ! Cependant, effeuillée devant le Tyran de ses émois, Aileen éprouve de nouveau cette candeur d'antan. Sûr qu'elle a quitté son long manteau de ténèbres pour revêtir l'innocence d'une époque révolue. Et elle s'alanguit, la midinette qui s'offre aux caprices d'une insatiable Bête. Point d'incertitude venant travestir l'éclat de sa petite trogne. Aileen n'attend que Lui. A croire qu'elle n'a jamais espéré que Lui. Dans l'Emeraude, un je-ne-sais-quoi d'essentiel s'ébroue. Derek, ne me laissez pas choir. Je vous en supplie, ne laissez pas s'effondrer les réminiscences de cette chimère. Se ferment dès lors les paupières, pour ne point regarder en face les prémices de sa chute. Comment pourrait-elle en survivre après tout ceci ? Et l'horloge de l'existence, qui du haut de son immuable mausolée, nargue de ses minutes mortelles l'impatience. L'arrachera-t-Il à sa tourmente malgré l'obscurité délétère qui persiste en son sein ? Fleur fragile, un unique rejet pourrait l'évanouir dans l'inconstance. Et de ses pétales friables, sombrer dans une éternelle agonie. Un, deux, trois, quatre. D'un lointain parchemin, gamine égraine les secondes dont la mélopée déchirante tarabuste plus encore ses heures.
Mais l'étau se resserre bien vite autour de ses ruines. Un rire d'outre tombe l'agite de bas en haut, tandis qu'elle s'abandonne contre Sa superbe. Une ferveur inconnue s'ébat dans la cohue de ses perceptions. Il lui semble que tout se précipite autour d'eux. Et la vie. Et les saisons. Sa propre carcasse lui échappe. Alors elle enfonce ses serres malgré la fine pellicule Le protégeant encore de son enjouement. Ses lèvres dévorent la peau de sa mâchoire au creux de son épaule, élargissant l'encolure du maillot d'une dextre fébrile. Point d'accalmie dans cette mêlée décousue. Seulement cette nécessité cuisante, ce besoin viscéral. Autour d'eux, le chaos gronde son courroux démentiel. De fracas en éclats de porcelaine. De soupires en plaintes éhontées. Aileen trace des sillons rougeoyants, hasardant des caresses anarchiques le long de l'échine. Le tissu se froisse, entrave son impudence. Alors elle l'en débarrasse, animée par une frénésie qu'elle ne se connaît pas. Il est partout. A la fois trop présent, mais pas assez. Là où ça tenaille, mais jamais présent où crépite l'incendie. Ses guibolles l'enserrent finalement, L'assassine davantage au cœur de sa geôle. Néanmoins étendue sur le bois massif, c'est à sa merci qu'elle se trouve. Et si Aileen a pour habitude de ne point rendre les armes, ce soir, elle ne lutte pas. Au contraire, c'est l'asservissement qu'elle quémande. Pour une fois, ne pas être maître de son destin. Pour une fois, n'être qu'un pauvre pantin entre des doigts experts. S'oublier et laisser l'Autre s'abreuver encore et encore. Fontaine de jouvence. Que le vide se peuple enfin d'une pétulance, ensommeillée depuis trop longtemps maintenant.
Etourdie par les affres de leurs convoitises, Aileen en oublie jusqu'au drame gisant plus bas. Ou peut-être s'en imprègne-t-elle, finalement. Sans doute se gauge-t-elle de cette tragédie. Serait-ce cela qui éveille turpitude dans les tréfonds de sa carcasse de femme ? Derek, serait-ce l'ignominie qui me pousse à m'écarteler de la sorte ? Ou bien serait-ce vous, Serpent fallacieux ? Les phalanges pianotent ici-et-là, mendient la syncope aux abords de son futal. Et d'une poussée désespérée, abaisse l'ultime rempart jusqu'à la courbe vertigineuse de Son séant. De cela, les prunelles ahuries s'immergent dans la tumulte des Siennes. Immuable instant. Alors, Aileen le découvre.
Menotte fourrage la tignasse, s'y cramponne. Les lippes dessinent des arabesques chimériques sur la peau délicate. Peut-être parviendront-ils à panser leurs ecchymoses, celles qui persistent malgré les rictus contrits ? Peut-être est-ce cela le remède ? Cet abandon délirant. Ce tohu-bohu des sens. Parce qu'il n'y a que Lui, n'est-ce pas, pour ébranler enfin l'inertie qui la ronge ? Seulement Lui, pour l'arracher à son apathie.
Et d'une ultime cambrure, l'Eplorée intime la sentence, celle qui viendra soulager les blessures de toute une existence.
Derek, je vous en prie, n'attendez pas davantage pour consoler nos maux.
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Derek Morrow
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Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN) Mer 14 Oct 2020 - 12:33
Létale et vitale. Nous ne sommes qu’un éclat de diamant dans le firmament, une étoile contraire dans les torts et travers d’une nuit qui s’immortalise et se prolonge dans l'ombre chapardé d’un hasard bien calculé. Non. Nulle question de fortune ou de chance, lorsque nos têtes à ce point tournent et que l’univers à ce point bascule. Létale et vitale. Cette passion bouleverse et renverse les confins d’un monde qui nous échappe complètement alors que l’évidence semble briller de mille feux dans la pénombre de l’éternel. En les houles de ce temps ivre qui nous chavire, mes opalines de givre plongent en l’onyx de Ses pupilles dilatés, Sa tumulte me renvoi les moires de ce minuit de transparence et d’éloquence. Un réveillon loin des cortèges alors que dans nos voutes ensorcelées l’on se désagrège entièrement. Létale et vitale. De l’étau qui se resserre sur mes hanches, des serres qui avec convoitise abandonnent les rougeoyantes et sinueuses souvenances sur mes chairs qui en frémissent à plaisir, La voyant si belle et éblouissante en le sublime écrin de Sa servilité. Ce macabre jeu de séduction chimère qui nous cannibalise avec avidité et se révèle dans les flots tumultueux d’un dôme sans astres qui sur nos corps incurablement tordus en les liesses de l’urgence retombent. Claquemurés en l’absence de nos sens étourdis, le cri moribond de ce myocarde ivre d’Elle qui Lui hurle depuis les tréfonds abîmes de son nid, tout l’affres badin qui d’un simple vertige exhume le besoin tourmentant.
Cette nécessité qui tous les deux nous dévore l’intérieur alors que nous sombrons plus creux en les sédiments de nos corps sollicitant. Un peu de nos vapeurs sépulcrales qui depuis les gouffres resurgissent et se liassent. Létale et vitale. Comme le ferait un serpent servile sur le tapis de braise, la belle et enchanteresse Éplorée lascivement ondule et s’écartèle sur l’autel de nos réminiscences. Mes carnes alors s’embrasent de volupté électrique, exaltant sur mes chairs alanguis d’Elle les frissons volcanique alors que mes reins s’ensevelissent sous l'effusion de magma. La main gauche quittant sans vergogne le reposoir de Sa nuque, pour glisser jusqu’au dessus de Sa tête et venir happer la bordure de la table. La paume et les phalanges de la main droite qui découvrent les mirifiques courbes de Sa cuisse que je réajuste autour de ma taille alors que comme une supplique les éclats de l‘aube rubigineuse raisonnent et remontent en Elle, suivant les ondulations lentes et assassines de mes premiers coups de reins. Létale et fatale. Nos deux âmes unifiées qui pourtant ne cessent de lutter pour leur survie, noyées dans l’échange charnel qui exhume un trépas aliénant et bouleversant. D’une respiration qui fait écho aux gémissements, je vais et viens, instaure une cadence sournoisement lascive, prolongée et d’une cruelle paresse. L’aliéner, parce qu’Elle me l’a demandé. Alors je prends mon temps, mes carnes flamboyant sous le passage de Ses ongles et phalanges qui sillonnent mon échine majestueusement voûtée alors qu’à deux mains maintenant je l’agrippe, cette bordure de table et L’accule tout contre la planche de bois. Sa respiration brûlante enivre mes cervicales aux abois, alors j’écrase mon front bouillant contre le Sien, mon souffle erratique et nos hymnes fiévreuses et impudiques que mutuellement l’on s’arrache de nos poitrine allant se perdre dans le silence qui existe que parce que l’on subsiste. Létale et fatale. Les houles de joie nous prennent aux tripes, ondes frénétiques qui jusque dans la fibre des os nous paralyse, galvanise et me rempli la carcasse d’une ivresse aliénante. Létale et fatale, vous les voyez danser les étoiles, devant nos yeux. N’est-ce pas, Aileen ? Elles reluisent et nous effleurent de mille et une promesses.
Alors le rythme s’accélère, à mesure que mes mains se referment contre la bordure du meuble et que les nerfs se convulsent de nos allées et venues cycliques.
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN) Jeu 15 Oct 2020 - 13:42
HURT ME AGAIN Derek Morrow ✤ Aileen Davies
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L'attente est sourde. Intolérable. Et Aileen ne sait plus comment appréhender les vagues entêtantes qui l'assaillent de bas en haut. Dans sa tourmente, elle en oublie jusqu'à sa propre identité. Qui être ? Qui sont-ils ? Seulement deux corps exaltés par la fièvre et les ténèbres non loin. Parce qu'elle les discerne; ces ombres méphitiques poindre dans leur lendemain. Et demain c'est l'obscurité; promesse silencieuse du vide sous leurs pas. Point d'avenir, si ce n'est cette futilité déconcertante, ce plongeon dans l'inconstance. Un rien du tout qui dévore le bide et grignote l'encéphale. Pour cela que l'effroi l'habille lorsqu'Il louvoie finalement entre ses lombes. Un court instant, fugace, où terreur chevrote au cœur de l'Emeraude. Une fraction de seconde simplement. Avant que l'euphorie gangrène à nouveau ses sens. Et de s'agripper à Sa carne pour le contraindre à ne point l'abandonner. S'immerger dans un interminable vertige. Derek, ne cessez jamais de m'étourdir. Jamais. Même si le givre s'en vient à nouveau. Même si le marbre claquemure mon âme. Jamais. Le feu s'affole çà-et-là. Il palpite, s'éprend de la moindre petite cellule de vie. Et elle, elle le consume de baisers insensés, quémandant plus encore, toujours plus. Comme s'il pouvait se perdre davantage au creux de ses entrailles. Le peut-il ? L'anéantir par son unique présence. Eparpiller enfin les ruines d'antan. Pour un souffle nouveau ? Quelque chose de plus beau ? Alors Madone s'abandonne complètement. Délivrant son heure de cet éternel masque. Plus de mascarade. Uniquement cette jeune femme égarée, balayée par l'exaltation de toute une existence.
La totalité de son être l'acclame, tandis qu'Il lui coupe l'oxygène. Il lui semble qu'elle se meurt, là, offerte aux tumultes de Son joug. Alors les griffes lacèrent la peau fine entre les omoplates, cherchent le sang, la douleur extatique. Car c'est ce monstre, sous le derme, entre les chairs humides. C'est lui qui s'essouffle encore et encore. Comme possédée par une fureur luciférienne. D'ailleurs, la Bête tapit dans un recoin de sa tête se gausse d'assister à cette cohue échevelée. Point de sens à tout ceci, si ce n'est l'espoir fou d'occulter l'ailleurs et l'autour. Et Aileen ne voit plus rien. Seulement Lui, et ses navettes implacables. Parce qu'elle l'encourage à lâcher prise, du moins à laisser au placard la bienséance et tout le reste. Murmurant à son oreille mille grivoiseries. Sûr qu'elle ne reconnaît pas celle qu'elle perçoit entre ses alvéoles. Cet animal boulimique, à l'appétence démesurée. Que faites-vous naître, Derek ? Ou bien est-ce là depuis toujours sans que je ne m'en aperçoive ? Et de son ciel menaçant, Aileen s'observe d'un œil critique. A la fois spectatrice et actrice de son propre règne. Est-ce bien elle ? Ce sont les flammes d'un Enfer familier, pourtant, qu'elle éprouve au creux du nombril. Et de ses arabesques aux aboies, s'empresse d'attiser inlassablement ce brasier indicible. Les phalanges broient le cuir. Suivent la tension le long des biceps, s'immiscent par delà la pression qu'Il exerce sur le bois. Griffonnant à son tour les pourtours de la desserte, Aileen s'emprisonne d'elle-même; docile et malléable. Eplorée et sauvage.
Mais au paroxysme de leur danse, voilà que félicité s'en vient les ébranler enfin. Et d'une unique exhalaison, c'est le monde qui les avale tout entier.
Un "bip" lancinant résonne à ses tympans après cela, tandis qu'elle peine à revenir sur terre. Et il lui faut quelques minutes supplémentaires, à battre des cils, pour chasser les points lumineux qui virevoltent devant ses yeux. Hagarde néanmoins, Aileen savoure une dernière fois la friction persistante entre ses reins. Car, par delà le givre qui menace, elle sait une chose: jamais plus elle ne pourrait s'en passer.
Très vite, le cerveau recommence sa ronde pittoresque. Alors l'incertitude taraude, l'incitant à agiter sa caboche groggy. Ce sont les lippes qui se mouvent, finalement, prêtes à rompre le silence. Mais là-bas, dans l'obscurité cuisante, une plainte d'outre-tombe la précède.
« - C'était quoi, ça ? »
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Derek Morrow
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Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN) Ven 16 Oct 2020 - 12:07
Nos cœurs se fêlent et nos âmes se dévoilent. Avalés en l’étrange immensité d’un Ailleurs étoilé, vulnérables moires sépulcrales qui s’écartèlent à l'œil universel. Pour ne serait-ce qu’un instant s’oublier en les liesses des splendeurs immobiles, vibrants de vie et de recouvrement, l’on traverse les opalines étendues, à cœurs fêlés et âmes révélées. De lumière, ils en regorgent. D’ombre, ils s’en remplissent et immergent. Comètes éperdues et perdues dans le chaos des astres. Clous diamantés qui de mille éclats brasillent, incendiant l’extraordinaire forêt des pléiades alors que l’euphorie sourde nous empale de sa lueur vivante. Enfants de l’Ombre, d’Obscur et de la Lune, je me surprends à appréhender la lumière diurne. Pouvons-nous en mourir, Aileen ? Allons-nous en souffrir ? Lorsque le crépuscule croulera, que l’aurore naîtra des ombres de cette nuit. Que restera-t-il de nous ? Nos moires trembleront d’agonie, à mesure que la pénombre s’enfuit. L’astre de feu vous voudra plus pâle et nos ruines s’endormiront lorsque sonnera le clairon. Alors mes phalanges se jumellent aux Siennes, se referment tel un étau sur le dos de Ses mains. Les lignes de nos paumes imbibées impriment sur nos carnes ruisselantes les funestes lignes de nos destinées croisées. L’étreinte peut risquer de Lui broyer les os, seulement de cette douleur délicieusement sourde se dérobe le vrai et s’accrochent nos irréels. Parce qu’il n’existe seulement qu’Elle. Parce que tout ce que je vois demain, c’est Elle. Parce que tout ce que j’attends et espère, c’est Elle. Et je ne veux pas qu’Elle s’efface, comme se meurent les étoiles. Deux corps abandonnés qui se donnent à l’Autre, se rencontrent, se trouvent et se goûtent au rythme du stupre disharmonique qui devient suprême d'extase. Un trou qui se creuse dans l’abdomen, le torrent de flammes qui l’engorge, la poitrine qui se gonfle de son zéphire violent, l’innocence et la candeur qui se meurent en les ondes de plaisirs qui submergent, comme vont et reviennent les houles sur la berge. L’indécence. L’incandescence. La soif. Le cœur affamé, jamais rassasié. Le vertige. L’ivresse. Les promesses. L’Oubli. L’égarement. Nos firmaments qui se croisent et d’instinct s’animent des ondes voltaïques. Le magma en fusion. Il circule dans mes veines. Pouvons-nous en mourir, Aileen ? Allons-nous en souffrir ? Dans cette valse endiablée, je l’accompagne, la guide, la soutiens et bats le rythme aliénant. Que de cette unique et même danse, frissonnants du haut de nos voûtes vespérales, que l’on refasse le monde et que cet Ailleurs éperdument s’écroule ! Ne cessez jamais de m’éblouir, Aileen. Même lorsque le crépuscule s'écroule et que l’aurore naît des ombres. N'arrêtez pas. Jamais. Que nos moires tremblent d'agonie. Que nos ruines s'endorment. N'arrêtez pas. Jamais. La luxure. Elle ronge jusqu’à l’ultime fêlure, de ses lascives et coulantes arabesques, fait s’étioler les murs de nos interdits alors les houles nous frappent vers ce fragment d’éternité qui nous érode de son ivresse.
L’état d’ébriété caresse mon front, m’arrache de l’âme l’ultime expiration. Le monde tangue et chavire. Alors je ferme les yeux, libère Ses mains, m’écroule sur Elle et viens enfouir mon visage dans le creux de Son épaule. Deux amants épuisés qui partagent le même bonheur, qui se sont unifiés jusqu’à l’apogée, jusqu’aux blessures cicatrisés et qui se grisent des sens qui enfin s’apaisent. Mais dans la symphonie qui ne fait plus aucun sens, une errance revient et plane non loin. Un écho. Un rappelle. Une réminiscence. Et je crains désormais que la lueur diurne plus rapidement nous revienne.
- Hum ?
Est tout ce que je parviens à souffler dans le creux de Son oreille, les cordes vocales légèrement trop enrouées et éraillées pour ne serait-ce que murmurer le moindre mot. À mesure que l’Ailleurs s’égraine, à mesure que la Réalité refait des siennes et cuisamment me malmène. Le vacarme perce le désert de Silence qui nous embaume et secoue à plaisir mes méninges. Alanguis des ébats de tantôt, je redresse la tête, m’accoude sur un bras et tends l’oreille. C’est dehors. Ça surplombe le crépitement de la pluie. Ça transperce l’apocalypse diluvienne. Ça couvre l’orage. Ça se jumelle à l’éblouissement des éclairs. C’est un râle. Un tintamarre. Une alarme.
- C’est votre voiture, que je siffle, m’abêtissant moi-même de ce constat, le sang trop bouillant encore pour ainsi se glacer dans mes veines alors qu’aidé de mes mains écrasées sur le bois de la table je me redresse et nous dépêtre.
Chevrotant sur un équilibre que je ne récupère pas totalement bien, je m’affaire à reboucler ma ceinture et mon jean autour de ma taille toujours consumé par les braises du feu létale alors que je fléchis les rotules pour venir happer au creux de mon poing mon t-shirt errant là parterre. Mu par l’urgence, je le tends à ma toubib alors que mes cobalts désespérément cherchent cette saloperie de trousseau de clés qui traîne je ne sais plus où. Dehors, l’alarme hurle sa cacophonie, les phares s’enluminant comme ces putains de girouettes en pleine tempête. Wait a fucking minute ! La tempête, justement, a probablement arrachée une branche d’arbre… qui elle est allée s’échouer sur la bagnole. Ce qui ne nous arrange pas. Alors pas du tout ! « Hin, vous dites, monsieur l’agent ? Un macchabée dans le coffre ? Diantre, mais comment est-il arrivé là, celui-là ? Mystère de la vie, moi j’vous dis. Ha ! Ha ! Ha ! » Maraudant entre les ombres et lumières de la vaste demeure, enfin je le trouve, ce satané trousseau de clés et de mon pouce écrase le bouton de l’alarme. La bagnole ferme peut-être sa grande gueule, mais un mauvais pressentiment me tiraille l’intestin grêle alors à grandes enjambées je viens écraser mon nez contre la fenêtre.
Il fait tempête, mais pas de branche d’arbre d’écrasé sur la tôle. Non… le cul de la voiture, en revanche, n’augure absolument rien de bon, avec le coffre ainsi tout grand ouvert et un vide insensé le comblant…
- Toubib ? Le mort… il était bien… mort… right ?!
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN) Sam 31 Oct 2020 - 10:36
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Et dans les ténèbres affolées, un râle chevrote, s'égosille, faisant se courber la nature silencieuse. Mais Aileen ne l'entend plus. Car bercé d'incompréhension, Derek s'en est allé. Derrière Lui, c'est le froid qui l'assaille; éternel manteau qu'elle trimballe de siècles en siècles. Point d'étincelle suffisamment hardie pour survivre au néant sous la couenne. Alors ramassée comme le serait un animal blessé, elle couvre sa nudité, claquemure le gel par delà sa propre étreinte. N'y a-t-il que l'aphasie pour peupler ses lendemains ? Derek, je vous en prie, ne me laissez pas sombrer à nouveau dans cette ronde méphistophélique. Ne m'abandonnez pas aux neiges éternelles qui ne cessent de m'endolorir le myocarde. L'obscurité, croissante, l'enveloppe déjà de son velours péremptoire. Le glas détonne une fois de plus dans son lointain. C'est la mort, vieille épouse, qui s'empresse de la retrouver. Ô douce Nuit, voilà que d'insomnies tu cloisonnes la vie ! Point d'accalmie dorénavant, ni même de paupières sur les rêveries. Aileen songe à cramponner la chair, la chaleur vive qu'elle devine encore au creux de ses entrailles. Mais Il virevolte, là-bas, dans un univers que ses doigts ne peuvent effleurer en vain.
Revêtant le haillon qui lui est offert, Aileen contemple le désordre ambiant. L'ouragan, meurtrier, a laissé sur son passage quelques vestiges misérables. Alors de débris de verres en tissus froissés, c'est un cimetière poudré de cendres incandescentes qui soupire désormais. Dans un raclement confus, Juliette s'affaire à farder l'ignominie d'une candeur ubuesque. Et lorsque Roméo s'évanouira à son tour dans l'oubli, c'est un désert de givre qui subsistera.
La sentence tombe comme une pierre en eaux troubles. Le macchabé n'est plus qu'un nébuleux souvenir. Mort-vivant. A l'image de ces cieux qui dansent péniblement dans l'Emeraude fatiguée. Et de se voûter par dessus la balustrade pour contempler la quiétude quelques mètres plus bas, espérant sans nul doute basculer également dans l'inconstance. Un haussement d'épaules, las, et c'est un minois sans lueur qu'elle tourne en direction du sien.
« - Il l'était.
Mais il n'existe pas de repos assez profond. Pas ici. Finalement, les morts ne le sont jamais longtemps. Et les vivants n'en sont que plus tourmentés.
- Peut-être n'avait-il pas accompli tout ce qu'il avait à accomplir ?
Peut-être.
Et tout ceci maintenant ? Il y a-t-il une place pour eux, tandis que l'Inanimé foule l'asphalte d'une rocambolesque vigueur ? Et là, perdue dans l'océan d'ébène qui la torpille, Aileen l'interroge silencieusement. Derek, avons-nous un sens maintenant que la mort n'est plus, maintenant qu'il n'y a plus de secret à cajoler ?
Probablement pas.
- Il est tard. »
nothing's gonna change my world
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Sujet: Re: far from the carnage of the fiery sun. (AILEEN)