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 Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières. La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆

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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
MessageSujet: Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières. La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ EmptyMer 10 Juil 2019 - 18:13

Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Be5a21587b6d728f73577163befad07a


Au grand voyage de la Lune, les sylves célèbrent solennellement le Vacuisme qui enveloppe son bel éclat noir et blanc. Noctambule nyctobate, Reine prétentieuse acrobate, elle balle sensuellement sur la corde sensible du temps. À quand le Jour ? Elle joue son Temps. Depuis là-haut. Pas pour longtemps. Et ses pauvres enfants, princes de la Nuit, mal aimés du Roi Soleil, ne voient plus qu'à travers elle, l'image réconfortante maternelle. Les corrompus, les déchus, les malheureux, les sanglants, les sauvages, les mythes tragiques, les monstres d'un fléau qu'ils n'ont pas même choisi...... elle panse les plaies des bannis, apaise leur détresse si profondément enfouie. Elle murmure ses silences d'une douceur de miel à de sombres cœurs pourris endormis dans un sommeil éternel. Ils l'aiment tant, la Mère Lune, tant qu'elle est là. Mais elle ne reste pas. Quand, au néfaste crépuscule, elle s'en ira, au précipice de l'âme qu'on leur a arraché, les pauvres enfants sanglants imploreront les cieux qu'elle reste au moins un peu...... juste un peu dans leurs yeux. De quoi briller, s'irradier pour tout l'été qu'ils ne pourront admirer. Et quand, les prochaines fois, la Nuit Impératrice s'énervera, jalouse marâtre. Quand, elle les enserrera dans ses mauvais draps. La lumière de la Lune manquera d'émaner des soupirails ; et alors le cauchemar reprendra sa place. Il s'épanouira, car tel est son règne assassin. Les monstres terrifiés reprendront le chemin tracé en leur malheur, leur destiné, leur horreur, et s'en iront terroriser à leur tour le monde accablé de fautes. Le cycle infernal de la malédiction qu'ils encourent. Le mauvais sort d'un Mal qui touche des êtres qui furent, ou qui n'ont jamais été, mais qui demeurent touchés. De pauvres âmes errantes qui ne savent plus ce qu'elles sont, ce qu'elles font, qui elles ont été.

Mais jusque là, regardez la,
Son voyage ne fait que commencer,
Admirez la encore un peu,
Tant qu'elle est là,
La Lune se dandine sur son file,
Pour un Temps, profitez-en.


La Lune balaya tout un cortège d'étoiles sur son passage, et dès lors, toute la forêt dormit. Elle jetait sur son monde assoupit un regard contemplatif. C'était simplement la Vie dans la Nuit, ou malgré la Nuit pour les princes. Quelque chose qu'elle aimait bien. Un spectacle spectral de toute beauté. Un paysage lénifiant. Un amour d'été. N'osaient même chantonner à hululements doux quelconques chouettes ou à croassements effrayants, quelconques corbeaux et corneilles. Non. Un silence d'enfant somnolant, délicatement bercé dans les bras de sa maman. Un moment secret que personne n'oserait déranger. La Nature était si délicate de bienveillance ce soir-là.

Et pourtant, il fallait bien que ça change.

Sibelius, seigneur de sa nuit, peut-être même tourmenteur de la vôtre -si vous y mettiez un peu plus du vôtre pour l'assumer enfin-, avait décidé, sur un coup de tête, car il était un vampire bien pragmatique, de venir profaner par sa simple présence infernal, toute la pureté que la Lune avait offert pour la nuit. Sa silhouette longiligne sombre se mouvait dans les ombres à une vitesse que seuls les siens pouvaient suivre.... ou quelques autres monstres. Enfin, le chemin de sa course endiablée commençait à se dessiner plus clairement. Il ralentissait, faisait des pauses pour regarder, à droite, à gauche. Dans un soupir parfaitement exagéré de grands gens qui n'avaient pas votre temps, Sibelius grondait, semblant certain que ses mots parvenaient à l'oreille de quelqu'un, qu'il ne voyait pourtant pas encore de ses propres yeux. Il sentait Elab. Comme il sentait pulser à tout rompre le nectar alléchant de l'humaine à quelques pas de lui, perchée tout du haut dans son arbre. Elle pouvait l'entendre et les voir sans mal, mais ce n'était pas sa préoccupation principale sur le moment. : « Ahhh par Helix, tu vas quand même pas jouer à chat, maintenant, Elab.... si ? Note que ce serait ironique, même franchement marrant en d'autres circonstances, mais.... J'ai pas le temps pour tes gamineries, loup-loup, alors tu reviens tout de suite aux pieds sinon je te jure que ça va mal finir. » Un grognement se fit entendre derrière lui, et le vampire roula des yeux. Il se retourna pour faire face au lycan, qui le menaçait maintenant clairement de ses crocs dégoulinants. Ce loup-garou, Elab, comptait parmi ses proches compagnons des Dents de Sabre, un club où primait le Plaisir à tous les niveaux, club à petit comité dont il était le meneur et le fondateur. Le meilleur club du monde, en soit, n'en doutez pas. « Ouaiiis, je saiiis, ce n'est pas mon genre de prôner de belles paroles sur le respect de la chair humaine, mais là, tu vois, je peux pas te laisser l'approcher. C'est..... compliqué. Allez, je sais que tu m'entends avec tes longues oreilles poilues, fais un effort. Celle-là, tu peux pas la toucher, mon gros. Je ne te laisserais pas l'approcher.... et je ne veux pas en arriver à.... Etttt voilà, il s'est barré, mais qu'il est susceptible ! » souffla le brun dans un grognement exaspéré en lançant un coup d’œil réprobateur à la Lune. Arrête de me regarder aussi mal, toi, tout est de ta faute.

Il savait que de là où elle les observaient, la Flowery finirait par faire une connerie, et l'idée l'exaspérait d'autant plus. Argh, les choses auraient été tellement plus simples si elle était restée chez elle. C'était pourtant pas bien compliqué. Quel genre de petite chose décidait comme ça d'aller lire un bouquin perchée sur une branche au beau milieu de la nuit ? Fallait vraiment chercher la merde ou avoir un grain. Quelle inconsciente doublée d'une idiote, celle-là. À croire que le goût de la connerie du risque était de famille. Sibelius marmonnait dans sa barbe naissante quelques injures tout en époussetant son long trench noir qui retombait dans son dos jusqu'à ses pieds.

C'était loin de ressembler à l'énième nuit épicurienne qu'il avait imaginé pouvoir profiter encore ce soir comme il s’adonnait chaque nuit . À l'heure qu'il était, l'autre l'avait déjà repéré depuis longtemps, mais il ne prit pas la peine de la considérer pour autant, de l'apostropher ou de tenter de l'approcher d'une quelconque manière. En tout cas pas les premiers instants, bien trop fier et arrogant pour ça. Parler à ces êtres inférieurs qu'étaient les êtres humains comme s'ils comprenaient vraiment ce qu'on leur racontait lui foutait toujours la gerbe. Il ne le faisait que pour s'amuser avant de les déguster, mais là il ne pouvait même pas s'octroyer ce plaisir. Il n'avait absolument rien à y gagner... et c'était insupportable. Sibelius n’agissait que pour ça, normalement, pour sa belle gueule. Il fallait que ses faits et gestes lui soient bénéfiques d'une manière ou d'une autre. L'égocentrisme vampirique, bien plus qu'un mode de vie.

C'était de sa faute à elle, s'il était là, s'il avait du dévoiler sa couverture, si tout était gâché maintenant et qu'Elab jouait à cache cache dans les bois. Frustré, le vampire se contenta dans un premier temps de promener son regard ambré perçant dans les feuillus, en haut, pour enfin croiser celui de Mary..... puisque tel était son prénom. Evidemment, il n'était pas là par choix, mais pour tenir une très vieille promesse, et quoi que cela puisse lui en coûter..... il ferait tout pour que rien n'arrive à sa lignée, mais ce n'était pas pour autant qu'il agirait avec toute la bonne volonté du monde. Ce n'était pas nécessaire. Une légère grimace se dessina sur son visage pâle, comme si l'idée même de parler à de la Nourriture était une preuve qu'il devenait cinglé. Et peut-être que c'était le cas. « Eh, petite chose, là-haut. Ça suffit maintenant les caprices propres à ta race de fragiles. Vous commencez à sérieusement m'agacer, tous les deux, je suis pas directeur de crèche, moi, bon sang........... OH, tu descends comme une grande ou je viens te chercher ?? À ta place je me déciderais très vite et je ne tenterais pas le diable, ce serait si stupide. » Derniers susurrement charmeurs et sinistres du démon. Il lui laissait une chance. Elle n'en n'aurait plus aucune après ça de toute manière. Une fleur en cadeau à l'amoureuse des plantes. Ça aussi, ce devait être de famille.... Probablement. Clarence... L'éclat traversa ses songes pour venir le piquer à l'intérieur, une toute petite piqûre, juste une seconde. Le noir revint au galop.

Le vampire s'impatientait déjà -il n'avait jamais eu grande patience-, et au fur et à mesure que le ton montait, la soif s'intensifiait.

Ah, damnée sois cette quête éternelle. C'était là sa vraie malédiction.
Clarence, où que tu sois, je te déteste, vieille branche.


Dernière édition par Sibelius le Mar 6 Aoû 2019 - 12:51, édité 2 fois
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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
MessageSujet: Re: Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières. La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ EmptyLun 15 Juil 2019 - 8:03

110, 120 ,125...Le pick up commença à trembler, les vibrations du volant chatouillant ses paumes.
1,2,3,4,5,6,7,8,9... Elle comptait les secondes à mi-voix puis rouvrit les yeux brusquement. La dernière fois, elle avait tenu dix secondes. Dix minuscules secondes. Un type avait klaxonné et elle avait du rétablir sa trajectoire. Oh, pourtant, elle avait à peine mordu la ligne blanche. Ces connards flippaient pour un rien. Un petit jeu  auquel elle s'adonnait quand ça lui prenait. La vieille machine était bien trop prévisible cependant, tenant la route malgré un manque de puissance. Il faudrait qu'elle en rachète une neuve mais ça la répugnait. Rencontrer des vendeurs là, puant le parfum de beauf à des miles, leurs costumes tirés à quatre épingles de merde, quelle horreur rien que d'y penser. Mais un de ces jours, ce fidèle camion rendrait son dernier souffle et elle n'aurait plus le choix.
Pour le moment, elle avalait les kilomètres qui restaient à parcourir avant de retrouver son antre, ses arbres.

-Allez hop !

Le coffre ouvert, les deux grands chiens sautèrent sur l'herbe et partir gambader la truffe au sol, la patte en l'air ici et là, contents de retrouver leur fief. Le matériel déchargé et rangé dans la remise, Mary s'affala sur la balancelle de la terrasse, une bière à la main, crevée. Se calant la tête sur le dossier, elle soupira grassement, bercée par le mouvement lascif.  Demain, elle ne bosserait pas. Demain...C'était si loin. Inaccessible. Ne pas y penser surtout. Jouir de l'instant comme si c'était le dernier. Elle pensait souvent, trop souvent à la mort. « Et si je crevais, maintenant. » L'idée la hantait, ou bien la séduisait, l'envoûtait, ou pire, l'apaisait. Parfois, ça la torturait, ça lui retournait les tripes à en choper la nausée. Elle dégueulait alors le simple fait de vivre. N'avoir jamais existé. Mais elle était là, belle chierie échouée au monde, sans avoir rien demandé. Elle ne décolérait pas de cette Fatalité de merde. Saloperie de parents. Tout devenait noir comme un cul de chaudron, sans aucune échappatoire. Et cette haine de l'Humain, ô monstrueuse bête rageuse qu'elle nourrissait  avec application, ne se résumait, in fine, qu'aux affres spasmodiques du vomissement d’un Mal qu'on lui avait infligé. Elle se haïssait aussi bien, congénère malgré elle de cette race qui ne lui avait apporté que si peu de douceur. Mary Flowery, rescapée d'un désert d'amour. Elle aurait du en caner mais elle y survivait, empoisonnée jusqu'à l'os d'avoir fleuri dans un calvaire.

***

On flottait entre deux mondes. On ne pensait plus. Eve ou Adam impudiques, l’instant se vivait sublime. L’eau était tiède, chaleureuse en ces heures d'été. L’éternité s’abandonnait. Les reflets opalescents de l’onde clapotante s'offraient aux corps détendus. Les flots s'amusaient au soleil riant.

L'Eden marin.

L'Enfer des vagues de l'Angoisse.

Elle la sentait à peine venir la marée cruelle. Les dents acérées galopaient lentement mais sûrement, s'ouvrant au fur et à mesure de leur avancée et finissaient par la dévorer.
Il était tard, très tard, au beau milieu de la nuit, en l'atroce milieu de nuit. Recroquevillée en chien de fusil, quelle ironie macabre, Mary haletait, les tripes serrées dans un étau, les poumons sans air.  La crise la faisait gémir, les « ah » se déroulaient en chapelet, acharnés et rythmés à la respiration saccadée. Elle s'assit péniblement, les jambes pendantes, les mains appuyées sur le ventre. Ça ne passerait pas, pas cette fois-ci, une de plus. Il fallait qu'elle sorte, qu'elle s'extirpe de cette touffeur  pour se calmer. Un peu, si peu...
Incapable d'émettre un seul mot, elle claqua ses paumes et les toutous, habitués, se levèrent et la suivirent nonchalamment. L'air frais lui donna un semblant d'apaisement. Quelques pas encore et elle se mit à grimper rapidement le long de son arbre. L'effort la détendit, son souffle palpitant à la cadence de ses mouvements. Elle s'immobilisa enfin sur la plate-forme quelques instants, suante, essoufflée, concentrée à s'imprégner de l'altitude, jetant un œil à la Lune rayonnante. L'accès de panique se rétrécissait déjà. Il n'appréciait pas la canopée, un remède improbable qu'elle avait trouvé par hasard, un jour de brune désespérée. Zeus et Hermès savaient, ils l'attendaient au pied du feuillu, veilleurs fidèles.
Elle s'allongea dans le hamac, fumant de grandes goulées d'oxygène, sirotant un gobelet de liqueur de verveine qu'elle conservait dans un thermos. Le breuvage sucré l'aidait à déstresser et à enrayer la crispation de ses entrailles. Un peu étourdie à la fin, elle se balança, un pied posé sur les lattes, oscillant la mesure. Elle alla mieux, beaucoup mieux.

Elle tourna la lampe frontale et un halo blanc se diffusa. Un gros bouquin entre les doigts, son sommeil était foutu mais au moins, c'était fini. Plongée dans son histoire, elle ne prêta pas attention immédiatement au remue ménage qui se jouait soudain à quelques mètres de là. Et puis...

Quelque chose se produisit, là, en bas. Des bruits inhabituels. Pourquoi les cabots n'aboyaient-ils pas ?
Sur ses gardes, elle éteignit la lumière, posant le livre sans bruit, se coulant à plat ventre jusqu'au bord de la plate-forme.  Aux aguets, il lui fallut quelques instants avant d'apercevoir deux silhouettes parmi les fougères. Il y avait un loup énorme, immense et tout près quelqu'un parlait. De puissants grognements lui firent froncer les sourcils. C'était quoi ça ?! La voix claire brisait le silence. De qui parlait-il ? D'elle ?
L'homme fit volte face, et une fraction de secondes, elle crut qu'il allait se faire bouffer. Mais non, l'animal détala sans demander son reste.
Il frotta son vêtement et ce simple geste l'intrigua. C'était surréaliste ce qui se tramait là, devant ses yeux. Incapable de bouger, médusée par cet inattendu, Mary attendait que le type s'en aille. Logique, évidemment : qui allait rester dans les bois à cette heure ? Elle, c'était son trip, pas celui des autres. Mais...Leurs regards se croisèrent et au lieu de se tirer comme il aurait du le faire, il l'apostropha cet olibrius de malheur ! Il était sur son territoire, pour qui se prenait-il ?!
La surprise passée, ce furent l'agressivité et la détestation qui prirent le dessus. Inconsciente des risques qu'elle pouvait encourir, Mary saisit la corde qui lui servait à descendre et se jeta dans le vide. Les yeux rivés sur l'inconnu, elle se laissa tomber et atterrit tranquillement juste devant lui, notant au passage que ses deux gardes du corps à poils avaient disparu. Le contre poids fit remonter l'attache avec un bruit sec.  

-C'est quoi ton problème mec ? C'est quoi ce délire ? T'es chez moi ici.

La couleur de ses iris était étrange, magnifique, elle n'avait jamais rien vu de pareil. Fascinée, le temps et l'espace n'existèrent plus tout à coup.
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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
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Le loup hurle à travers les rives du Styx, au loin dans les fourrées. Le vampire l'entend grâce à son ouïe sur-développée. D'aussi loin qu'il se tient de son ami de beuverie, il repartira à sa chasse une fois l'humaine mise à l'abri. Il ignore vraiment la courbure de sa rage, la douleur dans ses cris puissants au passage de son âme éreintée par la Mère Lune et ses punitions qu'elle assène telles de splendides élégies, mais il lui viendra en aide quoi qu'il advienne. La Lune brille de plus belle, et Sibelius la déteste pour ce soir. Elle lui inflige trop de devoirs qu'il ne sait accepter sans broncher un peu trop. Les paupières fissurées d'ombres, il contemple l'absolu invisible dans l'espoir inespéré que cette nuit cesse d'exister. Le bruit sec d'une corde tirée le ramène à la réalité. Flowery, à jamais la promesse éternelle.

Il n'a pas d'autre choix.


« Bonsoir Flowery numéro je-ne-sais-combien-et-j'men-tape, c'est un plaisir de faire ta connaissance également ! » s'exclama le vampire d'un ton enjoué parfaitement teinté d'ironie. Un immense sourire railleur affublé sur les lèvres, Sibelius se foutait très clairement de la gueule de la demi-portion de bouffe qui venait de glisser jusqu'à sa hauteur. Elle était descendue, c'était déjà une première guerre de gagnée. Maintenant il fallait qu'il se débarrasse d'elle au plus vite afin qu'il retrouve Elab et qu'il finisse par enfin pouvoir profiter de sa nuit en toute indépendance délicieuse. Il avait soif, et pas uniquement de sang. Une nuit sans s'amuser, qu'était-ce donc que cette sorcellerie ? Sibelius ne voulait surtout pas se familiariser avec tout ça, , ce bordel de devoir sans nom. Son regard perçant orné d'or cuivré examina la silhouette puis le visage de l'humaine dans ses moindres détails. Rien de cassé, elle avait visiblement l'habitude de faire mumuse dans les arbres, cette imbécile heureuse. Dans un soupir las excessivement long, il profita du moment de tranquillité durant lequel elle le dévisageait. Elle avait perdu sa langue, et ça l'arrangeait, lui, le grand seigneur, qui était en toute circonstance celui qui parlait, celui qu'on regardait, celui, qui, paradoxalement s’amourachait des grands écrans lumineux identiques au cadran solaire : ceux qui le rendait si merveilleux de génie démoniaque, si charmant et si sanglant. « Ahh c'est de mieux en mieux, faut croire que c'est irascible et prétentieux de nos jours les réserves de sang.... le monde court à sa perte, quelle tragédie, mes aïeux. » Il râlait en bon drama king qu'il était, pour lui même, ou pour personne, peut-être pour tout le monde. Allez savoir. Le dos tourné à la petite chose, il observait l'horizon à peine éclairé par les rayons lunaires d'un œil vif et sombre. Son visage reprit enfin sa forme humaine. Ses yeux s'assombrirent et retrouvèrent leur couleur onyx insondable dans le grand Noir. Sibelius se retourna prestement pour faire de nouveau face à la Flowery, tout amusement disparu de ses traits. Mais il ne faisait que diversion. « Tu entends ? Il approche. » Il apostropha sa remarque austère d'un geste de l'index vers son oreille. Évidemment qu'elle ne pouvait entendre, mais il avait oublié ce détail et de toute manière il ne lui parlait pas vraiment. C'était à peine s'il la considérait. Tout ceci était ridicule. Pour qui ?« Allez, tu sais quoi, j'ai assez perdu de temps comme ça avec toi. J'ai une éternité à profiter, figure toi. » son ton devint macabre et autoritaire, et il dévoila de nouveau son aspect démoniaque -bien que visible à moitié aux reflets lunaires- : ses crocs et ses yeux d'ambres hypnotiques. Il attrapa en deux trois mouvements le bras de Flowery et planta ses deux pupilles dans les siennes. Tout à coup, une douleur le prit à la tête et il la lâcha dans un grognement animal plaintif. « Qu'est-ce que.......... bordel, fais chier ! » Il prit sa tête entre ses mains et s'éloigna de quelques pas, comme brûlé par ce contact. Le vampire s'impatientait sérieusement et dorénavant, ce n'était plus tant amusant. Rien de tout ça n'était prévu. Il haïssait lorsque ses plans ne se déroulaient pas comme il le prévoyait. C'était pourtant simple. C'était pourtant tellement simple d'être un bon petit humain bien sage et bien crétin........ mais non, il avait fallu qu'il tombe sur la plus téméraire d'entre eux. « Tu peux pas boire du thé ou du café comme tous tes copains débiles ?! » se plaignit-il en se massant les tempes une dernière fois.

Il capta son regard un instant à peine, avec un intérêt plus sincère cette fois-ci, un intérêt qui fit toute la différence. Et il ne comprit pas bien ce qui se passa. Ce fut comme une vague qui le saisit à l'âme maudite qu'il se trimballait depuis plus d'une décennie d'éternité. Un regard lagon dénué de toutes ces aberrations sentimentales qui, lui, le rendait malade. Son regard était différent des autres petites choses fragiles. Il plongeait dans les couteaux d'un chaos humain. Hébétée dans un rêve empoisonné par des créatures maléfiques ; les siennes. Elle se prosternait dans sa déchéance évidente. Bienvenue au théâtre de l'orage Mary Flowery. L'épopée d'une douleur enfouie dans l'Ailleurs, bien loin des pleurs habituels de ses congénères. Elle n'était pas commune, pas comme il aurait voulu qu'elle soit.

Mais ça ne changeait rien. Il s'en foutait pas mal. La seule chose qui le marquait pour le moment, c'était qu'elle était un parfait boulet et qu'il allait sans aucun doute avoir beaucoup de mal à la convaincre de rentrer chez elle sans qu'elle ne se décide à jouer les super héros. (les terriens croyaient-ils vraiment en ces débilités inventées ou est-ce qu'ils s'en amusaient seulement à travers leur pseudo-pop culture ? dans les deux cas il les trouvait bien simples d'esprit) « Je vais t'énoncer la situation clairement ; je suis quelqu'un de très patient et de très tolérant, t'as de la chance. Tu vas me suivre sagement jusque chez toi où tu vas rentrer et t'enfermer à double tour jusqu'au levé du soleil. Tu ne vas pas faire d'histoire, parce que t'es une brave fille, ensuite tu oublieras tout ce qui ce sera passé et tu arrêteras de risquer ta vie pour un rien parce que j'ai pas que ta ridicule existence insignifiante à sauver, moi. Faudrait voir à arrêter d'être une petite chose égoïste. Au cas où tu ne serais pas au courant, t'as bien failli y rester. Elab, c'est un gentil toutou en temps normal, mais quand sonne le glas de la pleine Lune, sa bonne vieille amie, tu peux dire adieu au fidèle compagnon chaleureux, si tu vois ce que je veux dire............. » Sibelius joignit à ses mots une brève imitation de loup en faisant des gestes avec ses mains et des crocs avec les siens -qui étaient rétractés-. Forcément, elle ne voyait pas où il voulait en venir, elle ne comprenait d'ailleurs rien à rien. C'était épuisant. Il soupira. « Ouais, nan, évidemment que tu ne vois pas.... c'est bien ma veine, ça, il a fallu que je tombe sur la seule Flowery qui ne sait absolument rien.... Tu le sens que tu es un boulet au moins, ou pas ? »


Dernière édition par Sibelius le Sam 25 Avr 2020 - 8:59, édité 2 fois
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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
MessageSujet: Re: Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières. La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ EmptyDim 25 Aoû 2019 - 13:50

Ce regard...une lucarne bâillante sur un ailleurs qui la figea au siècle d'un battement de cils.
L'effarement d'un éblouissement de lumière qui lui aveugla l'âme.
Le temps d'une fraction de seconde d'éternité.


Mais la meurtrissure mortifère, absconse en cet éphémère instant, s'installa de nouveau sur son trône.

Ce type devait se tirer de là, il n'y avait pas d'alternative. Personne jusqu'à présent ne s'était pointé chez elle aussi insolemment. Et pour cause, la brune n'avait ni amis, ni connaissances, s'exigeant seule dans son antre, seule avec elle-même, point final. Ça lui suffisait amplement, ça l'occupait des journées et des nuits entières. Qu'il aille se faire foutre cet abruti, manu militari ! Elle le détesta d'emblée, rompue à la haine de l'Humain qui l'avait « sauvée » voilà si longtemps. Cette folie de répugnance la berçait doucement, protectrice et fidèle, l'isolant avec délectation, se pourléchant les babines des saveurs d'un cœur éteint. Et les cendres de l'Espoir s'éparpillaient ici et là, au gré des affres sans couleur que cette fille solitaire traversait dans sa putain de vie. Il ne lui restait rien, presque rien à chérir pour survivre.

L'inconnu lança un regard au loin et la grâce de l'instant se dissipa aussi vite qu'elle était apparue.  Quel intérêt de contempler ainsi en pleine nuit, même brièvement, les silhouettes assombries de la forêt ?

Quel cinglé, pensa-t-elle avec mépris. Il déblatérait de telles conneries incompréhensibles ! Un taré en goguette qui la faisait chier. Infiniment.

-Dégage, cracha-telle, alors qu'il lui tournait le dos, ce mal élevé.

Il lui fit face de nouveau, l'éclat de ses iris ayant perdu de leur magnificence.
Mais soudain, ils redevinrent luminescents, comme si une ampoule intérieure s'y était glissée. L'aspect de son visage se modifia presque imperceptiblement et Mary, bien qu'elle fût à dix mille lieues d'imaginer ce qui se tramait, enregistra quelque part dans sa mémoire le changement brutal et improbable.
Quelque chose n'allait pas.

Ce fut son instinct féroce qui réagit violemment lorsqu'il fondit sur elle. Tout s'enchaîna si vite: le ton menaçant qu'il employa tout à coup, la main dure qui lui enserra le bras.

Exsangue, elle se concentrait à respirer si peu afin d'atténuer le supplice. A chaque inspiration, la peau du dos se mouvait fatalement, accordée au rythme de l'écartement des poumons. Mais elle savait réduire la symphonie du souffle à son strict minimum vital. On aurait pu croire qu'elle était morte. Aucun signe de vie ne transpirait de son corps étendu sur le parquet. Elle attendait que le pire de la souffrance s'en aille pour enfin, pouvoir se relever et s'échouer sur le lit.

Plus personne ne la toucherait de quelque façon que ce soit, plus personne, jamais. Dut-elle en crever, aucun être sur cette Terre ne lui imposerait cette sensation écœurante. Parfois, des clients tendaient la main spontanément. Elle souriait à peine, évitant le geste. Comment pourraient-ils comprendre à quel point elle exécrait tout contact ? Ils n'insistaient pas évidemment et puis, à force, cela était devenu commun. Mary Flowery était compétente dans sa profession, on le savait mais c'était une asociale dérangée. Les gens s'en foutaient de toute manière. Le boulot était bien fait, ses prix étaient raisonnables, que demander de plus ?

Le geste de Sibélius lui fit l'effet d'une brûlure intense. Mille degrés l'enflammèrent brusquement. Elle chercha à se libérer de son emprise, heurtant d'un poing mauvais et brutal la joue droite du vampire. Et cria de douleur, abasourdie de la résistance impossible qui s'opposait à son coup. Pantelante, elle se plia en deux, lovant ses doigts meurtris dans sa main valide.

-Putain ! lâcha-t-elle, tandis que l'Autre s'éloignait d'elle. Le regard acide, elle le dévisagea, intensément rageuse.

C'était quoi, ça ?!

Les dents serrées, elle l'écouta divaguer. Oui, c'était un authentique taré. Un taré et rien d'autre. Il n'y avait pas grand'chose à faire si ce n'était le faire déguerpir et vite.

-Je bois ce que je veux, gros connard et j'ai pas de copains. Tu dégages ou je te tue.

Le fusil était loin, à l'intérieur du chalet. Elle baratinait sans aucun moyen de se défendre véritablement. Voire...C'était la première fois qu'elle se trouvait confrontée à un sale mec planté sur son territoire, avec une arrogance de malade. En général, c'était plutôt elle qui effrayait ou répugnait. Là, l'exception confirmait la règle. Ça ne lui plaisait pas du tout, mais alors, pas du tout.

Et sans crier gare, l'abomination survint : l'envie brute et pure de le tuer en vrai l'envahit toute entière. Une évidence. L'hostilité fanatique qu'elle nourrissait envers les terriens prit violemment un sens différent : elle goûtait, là, à la saveur si spécifique du crime. Elle déglutit et la vision furtive, ô Sublime Horreur, l'apaisa.

Elle marchait vers lui, un rictus sardonique aux lèvres, puis enfonçait la lame jusqu'à la garde.

La fleur vénéneuse s'épanouissait et fleurissait dans son âme devenue infâme. L'exaltation de la mort lui donnait des ailes et enivrait ses sens. De cœur en dentelle en conscience éteinte, le besoin de tuer la taraudait comme une aiguille brûlante. Elle se délectait de l'extase funeste.


La mort grondait dans le silence familier qui chantait en son sein. La lueur d'un pouvoir tentateur caressait son esprit maudit, assoupi au bruissement de la séduction sépulcrale.
Le hurlement d'une bête enragée, affamée d'une âme perdue.
La jouissance macabre du requiem d'une fin de vie.


Notre Père, qui êtes aux cieux...
Mon Père, qui est en Enfer...


Incapable d'aimer, elle venait de ressentir une belle affection pourtant.
L'amour du meurtre.

Mary eut peur, peur d'elle-même. Saisie d'une nausée irrépressible, elle s'appuya contre un arbre et vomit sec, l'estomac retourné, les épaules tressautantes de spasmes. L'homme poursuivit son discours d'aliéné qu'elle n'entendait qu'à peine.

Elle se dégueulait.

Elle ferma les yeux, sourde à ses incantations. Peu importait ce qui allait se passer, peu importait qu'elle vive ou meure.

La main douloureuse contre son ventre, l'autre sur le tronc, elle ne releva pas la tête, abîmée dans des pensées noires qui lui appartenaient, exclusivement.

-Fous le camp.

L'ordre fouetta la nuit.

Elle entendit distinctement ses derniers mots. Oh comme ils furent parfaits à saisir ! Bien sûr qu'elle était un boulet, depuis toujours. Elle ne le « sentait » pas, voyons Sibélius, c'était bien mieux : elle le subissait, a perpétuité, depuis trente ans. Depuis ce foutu jour où elle avait été conçue. Elle les haïssait tellement pour ça, tellement.

L'envie de mourir la mordit de nouveau, comme souvent.
Si souvent.
Trop souvent.

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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
MessageSujet: Re: Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières. La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ EmptyLun 26 Aoû 2019 - 20:56

Désespéré. Frustré. Dramatiquement affligé. Le vampire jouait les extrêmes de tous les côtés, tout le temps, c'était un peu son passe temps; et pour le moment, la descendante de sa vieille compagne de cellule, Mary de son nom d'humaine débile, jouait de son côté avec ses nerfs à lui. Quel outrage. Le pire, sans doute, était qu'il ne pouvait pas y faire grand chose. Il n'en avait pas le droit. Une promesse était une promesse. Pas touche aux Flowery. Protection éternelle et tout le tralala. Une belle connerie de jeunesse vampirique, si vous voulez son avis. Il n'avait jamais regretté cette décision avant de rencontrer directement -malheureusement- l'un des membres de cette famille de timbrés. Les voir de loin, agir pour eux dans l'ombre, c'était ça, sa vraie mission. Pas de s'abaisser à parler à son propre diner ! Nan mais parlez-vous à votre hamburger avant de le bouffer, sérieusement ? Pendant plusieurs années, tout se passa très bien, chacun vivait sa vie dans son coin et personne ne savait ce que l'horrible et sanguinaire Sibelius trafiquait. Car c'était là l'un des nombreux points sensibles qui le rendait intérieurement très nerveux. Et si l'un des siens s'en rendait compte ? Si quelqu'un apprenait qu'il couvait une famille d'humains depuis sa "naissance" ? Il serait fichu. Sa popularité en prendrait un sale coup, déjà qu'il en devait à beaucoup.... Et ses innombrables et crétins de détracteurs trouveraient un point faible en cette pauvre idiote. La fin des haricots serait siiii vite arrivée. Un scenario catastrophe. L'idée, bien que dramatisée à souhait par ses soins, comme trop souvent, fourmilla dans sa tête. Son regard se figea ailleurs, lunatique qu'il était, l'espace d'un seul petit instant, l'autre bestiole Flowery n'existait plus.... non pas qu'elle existait à proprement parlé déjà à ses yeux auparavant. Décidément, il était incapable de vivre son éternité sans se mettre dans des merdiers notoires une nuit sur deux. C'était un peu son talent à lui : les emmerdes. Pas de place pour la paix ni quelconque tranquillité. Il vivait d'aventures périlleuses et de sang frais.

Voilà que le chaton sortait ses griffes et lui crachait dessus, finissant de le sortir définitivement de ses pensées. Il aurait pu s'en offusquer, légitime venant d'un tel monstre, il aurait pu lâcher du lest et se laisser aller à l'horrifier en toute simplicité comme elle ne l'aurait jamais été; par une de ses colères noires et démoniaques... la sienne. Il était très doué. Ça aurait eut de l'effet, du charme à la Sibelius, n'est-ce pas. Et ça l'aurait calmée immédiatement, cette petite chose hargneuse.... enfin..... si seulement il n'avait pas pouffé de rire à la place. Quoi ? La situation était grotesque à ses yeux. Un pot de sang qui parle, bon...... qui menace ? qui insulte ? « Ouhhhhlalaaaaa… Mais quel vilain caractère, c’est que tu me ferais presque cligner des yeux, dis don’ ! » la railla-t-il en reculant théâtralement, la main sur sa poitrine. Il la détailla, l’œil malice, puis mima un clap de cinéma : « Belle séquence, ça part en prod’ ! »

Un petit clin d’œil goguenard et il lui tournait aussitôt le dos. C'est qu'il ne fallait pas en oublier la bête qui rôdait par delà les ombres de la nuit.... et donc la raison de sa venue ici. « Moi aussi je bois ce que je veux, d’habitude, mais en ce moment même je me dois de tenir un régime strict. Par principe. Heureusement je le lâche dès demain... » marmonnait-il plus pour lui même, l'air râleur au possible. À ce moment même il entendit l'Autre vomir derrière lui. Il faisait rarement cet effet là aux humaines. Il lui fit face de nouveau, grimaçant d'un dégout non dissimulé, quoique exagéré. « Tiens, ben j’ai plus du tout soif d’un coup. Tu vois que tu peux être utiles quand tu veux, petite chose. » lança le brun d'un ton supérieur en esquisse un petit sourire policé en coin.

Elle se remit à grogner, et une fois de plus, il ne s'en formalisa pas une seconde. Sibelius était dans un autre monde, supérieur au sien. Il était difficile pour certains de le croire, mais il savait se maitriser à la perfection, tout comme les anciens. Ceux qui le prenaient parfois de haut pour un petit vampirou tout jeunot et bien trop insolent, arrogant, mal élevé... Ce qu'il était très largement et qu'il acceptait avec de grands sourires narquois.

Mystérieusement, la réalité sur cet être abjecte dépourvu d'âme et de cœur, avait un arrière goût plus amer qu'il laissait croire au monde.

Il faut savoir être curieux, savoir voir derrière le bal du marionnettiste miraculeux. Et puis chercher au plus profond des abîmes où se cache, timide, le bel ouragan sanglant de sa furie intérieure. Ne serait-ce qu'imaginer l'âme qui fut, qui a existé, la pauvre âme éventrée en son cœur fané, et qui git d'un passé royalement défiguré. La terreur laissée là, loin là-bas, près devant, à l'abandon des souvenirs éteints, un passé passé pour inexistant, par terre, au devant des cadavres que le monstre entrepose avec soin à chaque nuit depuis qu'il vit de mort. Tout se mêle à l'Avant sans ne jamais affronter directement le présent. C'est subtil. C'est violent. Avec délice et jovialité non dissimulés, la langue ne manquant jamais de lécher soigneusement ses crocs ensanglantés de drames par millier; Sibelius vibre au grand cœur des damnés. Il vit pour tuer. Il est né, en est mort. L'on n’oublie rien après avoir trop vécu. On choisit simplement d'effacer au besoin les blessures qui fissurent. Et la renaissance macabre n'est plus qu'un malheureux choix, même le plus facile, lorsque les armes sont rendues avant même d'avoir débuter la guerre. Pauvre lâche incapable de s'accorder la rédemption. À défier l’ineffable du Temps, il a sombré inévitablement. Il rit comme jamais auparavant, à gorge déployée, de ses propres pièces de théâtre plus tragiques que comiques, et ce pour l'éternel longtemps.

Pleurez l'Homme, pleurez-le.
Pleurez celui qu'il a été.
C'est si triste d'être damné.


Oui, il avait appris avec le temps qui se faisant long. . . Lorsque c'était nécessaire, lorsque sa merveilleuse personne était en danger d'une quelconque manière qu'il puisse exister et qu'il n'avait d'autre choix que d’obtempérer. Il avait appris à choisir ses moments de carnage, et donc appris à préférer, dans les moments les plus délicats, se vestire de son image d'ironique batifoleur bout-en-train que le peuple s'aimait aussi bien à détester qu'à admirer. En tous les cas, le vampire n'inspirait jamais d'indifférence, et heureusement : il ne supporterait jamais tel manque de respect. Il lui inspirait, à elle, très clairement de la rage tout ce qu'il y avait de plus sincère et explosive. Ça lui fit plaisir. Eh bien ? Plait-il ? Chacun ses plaisirs ! Il ignora superbement son ton dramatique, sombre comme la nuit, et commença à s'agiter adroitement de droite à gauche sur des pas de danses parfaitement maitrisés, un sourire semblable tel à celui du chat du cheshire sur les lèvres. (il usait en réalité de sa vitesse vampirique pour tantôt jouer habilement de ses dix doigts avec une fleur devant Flowery, la mine de grand critique d’hôtellerie sur la face, puis la seconde d'après; il fonçait à l'autre bout de l'orée de la forêt pour sautiller sur des tronc d'arbres morts) « En parlant de camp, c’est ton chez toi là-haut ? Et tout ça, là ? Ce n’est pas pour critiquer ; mais cette forêt est pourrie jusqu’aux racines. T’étonnes pas que personne ne te rende visite, il ne doit rester plus que les morts. Je m'y connais en coins lugubres, et franchement, même si ça reste sympa, la déco est à revoir, tous les arbres se ressemblent… L’ambiance, bah y en a pas, on s’ennuie vite. Et puis l’hôtesse, parlons-en ! » finit-il en la désignant d'un grand signe de la main catastrophé. Quelques secondes passèrent avant qu'il ne se lasse de nouveau. « Fa-bu-leux. Comme la petite Flowery a décidé de faire un caprice, on va rester là tous les deux à admirer la lune, et quand le vilain méchant loup viendra nous faire coucou, il ne faudra pas venir chouiner auprès du gentil sauveur Sib. » Soudain, à ses derniers mots ironiques, le vampire perdit de son alacrité surjouée et alla s'asseoir posément en face de Flowery, le dos tout contre le tronc d'un vieux chêne. La pile Sibelius se rechargeait non pas au soleil mais à la lune. Il manquait littéralement d'un carburant particulier, qu'était le sang. Cela ne faisait pourtant que quelques heures qu'il n'en avait pas avalé mais il fallait bien admettre qu'il avait sa petite addiction, comme beaucoup de ses confrères. Il avait la sale habitude de boire à sa guise, bien plus qu'il n'était recommandé (était-ce même recommandé, déjà ?) de profiter pleinement de ses nuits....... alors forcément, ça jouait sur ses humeurs. Ses yeux s'étaient de nouveau recolorés d'or et se baladaient solennellement sur la Lune, au lointain cauchemar doucereux. Ils y revenaient toujours. . .

Fatigué lui même de ses folies, de parler dans le vide, de gagner du Temps quand il ne savait même pas gérer celui qu'il avait, et surtout, las de ne pas obtenir à l'immédiat ce qu'il voulait; Sibelius changeait drastiquement son fusil d'épaule. Cette petite chose jouait de son temps, de ses nerfs et de sa courtoisie, certes déguisée, factice et condescendante..... mais au moins tout ce qu'il y avait de plus franche : C'était pourtant pas bien compliqué à comprendre à la fin ; il lui sauvait la peau, bon sang. Sibelius n'était pas de ces princes de la nuit repentis qui respectaient tels des traitres la vie ridiculement futile de ces êtres inférieurs. Sans blague ? Mais la vie de cette sale peste avait une valeur particulière à ses yeux quoi qu'il en dise. La valeur du Serment. Et ça le faisait chier... fort royalement. Mais le sérieux accablant de son Devoir revint tel un fouet et le prit à l'âme qui chancelait quelque part dans les brumes.

« Tu sais Mary, j'ai tout mon temps. » gronda-t-il enfin d'une voix plus rauque, le temps était venu à quelque chose de plus rusé. Pourquoi pas négocier ? Essayer de réellement amorcer une discussion ? L'écouter ? L'idée le faisait intérieurement marrer; si l'un des siens le voyait "parler" avec une poche de sang, il préférerait s'enterrer lui même sur le champ que de se faire humilier et discréditer de la sorte.

Contrairement à son ancêtre, cette Flowery là n'avait pas l'air très bavarde, mais il savait de source sûre que les humains sous pression trouvaient toujours beaucoup de choses à dire. Elle en était une, elle aussi. Après tout, qu'avait-elle de différent ?

Il s'était tu un long moment sans même s'en apercevoir. Les yeux dans l'argent de la Mère Lune, on avait perdu l'enfant. « J'ai tout mon temps. » souffla-t-il de nouveau, reportant enfin son regard ambré indéchiffrable sur l'humaine.

Si elle savait seulement ô combien il en avait.
Mais le Temps n'était jamais très clément. . .
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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
MessageSujet: Re: Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières. La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ EmptyMar 27 Aoû 2019 - 13:12

Il se foutait d'elle, outrageusement, mais Mary était ailleurs, dans son monde, son terrible monde. Couper le son pour ne plus entendre ces propos ironiquement ridicules. Pour qui se prenait-il ce dégénéré ?

Elle laissa la vague déferlée, puissante et noire. L'envie de mort la fit suffoquer. « Que je meurs, s'il te plaît, que je meure...». Agnostique, mutique, elle se priait à en finir, infoutue de parvenir à l'ultime souffle. Combien de fois s'était-elle essayée, en vain, à s'anéantir ? Elle ne les comptait pas, pitoyable ersatz humain déchu, se détestant autant qu'elle exécrait ses semblables. Trente ans à se survivre. Elle n'en pouvait plus bien qu'elle n'eut pas encore suffisamment de désespérance, a priori, pour passer à l'acte. Ô contradiction sublime d'une suicidaire en sursis, oscillant absurdement entre les extrêmes d'une fatalité incontrôlable : vivre ou mourir?

Elle échouait à vivre, elle échouait à mourir. L'équation affreuse d'un néant perverse dont elle ignorait l'absolue problématique : à l'intérieur, Mary était morte.

On ne pouvait pas se tuer deux fois.

L'infâme linceul de vie lui couvrait le cœur et l'âme, tragiquement étendu.
Prisonnière d'elle-même, elle ne pouvait plus s'échapper. Ne lui resterait-il donc plus que les miettes d'une attente douloureuse, contrainte, celle de la vieillesse glauque et atroce de mal-être pour en Fin, s'abandonner à la délivrance inévitable?

La possible échéance se scellait en un cauchemar incarné. Insupportable. Alors, pour contrer la malédiction, elle se rassurait avec la conviction que l'heure de son trépas sera bien en avance et l'emportera au loin, si loin, là où tout s'arrête. Là où tout s'arrête...
Elle devait seulement s'armer d'un peu plus de courage ou d'un peu plus de désespérance, c'était selon. Mais elle aimait malgré elle la nature, ses chiens, ses arbres, et ces attaches l'empêchaient de se refroidir tout à fait.

La Noirceur, doucement, s'en fut comme elle était venue, à pas feutrés, rassasiée de sa proie. Tapie aux portes d'une solitude sordide, elle rassemblait ses forces pour mieux revenir.

Un long soupir d'impuissance s'échappa de cette être torturée, empli des volutes incommensurables d'une infinie tristesse.

Tant de chagrins ne s'étaient jamais évacués. Qui pourrait compatir à une telle affliction ?
Mais le chaos n'est jamais celui que l'on suppose. Il surgit brutalement d'une façon que l'on n'avait guère imaginée.
Celui-là s'était imposé sans crier gare.

Elle releva la tête, ouvrit les yeux sur la nuit abîmée par l'intrus, puis se tourna vers lui.
Il s'éloignait, se rapprochait, se mouvait de droite à gauche, s'amusait à lui coller une fleur sous le nez qu'il maniait à la perfection dans un jeu d'ironie insolente. Parfois, un souffle d'air se levait tout à coup comme lié à ses mouvements mais sur le moment, Mary n'y fit pas vraiment attention. Elle réalisait qu'il aurait pu lui faire beaucoup de mal. Et nul ne serait venu la secourir en ces lieux isolés. Or, depuis le début, il la raillait, le ton seigneurial et suffisant, proférait des paroles incompréhensibles, s'était mis à bouger en une espèce de danse de Saint Guy, ricanait, mais à aucun moment il ne l'avait menacée. C'était un dérangé, c'est tout, qui ne se rendait même pas compte qu'il était perdu au milieu des bois. Un simple d'esprit sans une once de méchanceté. C'en était presque risible.

Il n'était donc pas comme les autres.

Elle ne le considéra alors plus comme une menace. Reprit un semblant de maîtrise de la situation. Une pitié émergea pour ce pauvre ère, assurément aussi esseulé qu'elle face à l'acidité de la Vie.

Que répondre à ses élucubrations ? Il délirait, inconscient de la réalité affûtée du Monde qui ensanglantait. Brièvement, elle l'envia. L'Intelligence préservée du Malheur et de la Douleur.

L'Imbécile heureux.
Le Bonheur imbécile
qui traversait les siècles et les âges, protégé du Mal.

Ô merveilleux Rêve, mélancoliquement inaccessible.

Alors... Mary s'émut en un joli sourire. Tant et si peu. Une poussière de lumière au creux d'un trou noir. Elle se trompait sur ce qu'elle croyait comprendre du vampire.

La magie gracieuse d'une méprise.

Sans le vouloir, sans le savoir, Sibélius créait un miracle.

Ses grands yeux bleus le regardèrent :

-Oui, c'est chez moi.

Un silence.

-Pour toi, c'est lugubre, pour moi, c'est mon paradis. Même la nuit, il y a plein de couleurs. La Lune y  peint ses humeurs et ce soir, tu vois, elle y trace des blancs et gris scintillants. L'érable en devient presque luisant, les feuilles du chêne frissonnent aux pétillements opalescents et les nuances ondulent quand tu te déplaces. Au matin, il y a souvent un sursaut de bruns ténébreux avant l'aurore. La forêt semble s'assombrir, comme si elle se recroquevillait, avant que les arcs en ciel du lever du petit matin éclosent sans bruit. Les rayons du jour s'avancent lentement et chassent à coup de langues chatoyantes les sombreurs nocturnes, qui disparaissent peu à peu au règne du soleil. Si tu voyais comme je vois, les arbres ne se ressemblent pas, pas du tout.

Quelle raison avait-il de parler de caprice ? Il devait entendre des voix. Autant ne pas le contrarier.

-N'est-ce pas un caprice agréable ? Tu aimes la Lune ? C'est une amie fidèle, elle ne fait jamais de mal, ni ne casse les oreilles, elle est généreuse, partage ce qu'elle est, malgré la distance. Tu peux lui parler. Tu verras, elle te répondra, parfois...

Et la brunette, persuadée de deviser avec un psychotique innocent, poursuivit son délire, affranchie quelques instants de la carapace haineuse qu'elle endossait irrémédiablement.
Levant la tête, le doigt pointé sur Sibélius, elle harangua l'astre :

-Ohé ! La Lune ! Je te présente ton nouvel ami !

Puis son sourire se tarit. Elle le dévisagea de nouveau, sérieuse et compatissante.

-Tu es un gentil sauveur ? Et tu t'appelles Sib, donc. Bonjour Sib. Oh, c'est bien ça, le monde en a tellement besoin. Tu sauves les gens ? Comment fais-tu?

L'égaré partit s'asseoir tout à coup, contre un vieux chêne. Le temps qu'il lève ses prunelles au ciel, tout là-haut, elle vit encore une fois, l'ambré qui rayonnait au centre de ses paupières ouvertes. Comment faisait-il ça ? Non, elle n'avait pas rêvé...

Elle s'imagina l'avoir touché par ce cadeau d'amitié lunaire. Pauvre dément...

Une autre méprise. Une autre grâce... ?

-Tu peux m'en parler tu sais, je ne me moquerai pas de toi. Et je ne connais personne à qui raconter tes secrets. Je suis comme toi, seule, absolument seule.

Il devint grave soudain. Une lueur improbable de son intelligence perdue vacilla puis agonisa en quelques mots. La déchirure d'un homme présent mais ô combien absent à lui-même et aux autres.

La Folie ne lui faisait pas peur. Au contraire, c'en était même rassurant. L'aléatoire de cette rencontre imprévue procurait à la martyre, pour une fois, juste une fois, quelque chose qui n'était pas désagréable.

La tension de la surprise et de la méfiance s'était évaporée. Ne demeuraient plus que deux âmes perdues dans leurs méandres respectifs, deux morts-vivants, chacun à sa façon.

A quoi jouait donc le Destin ?

Elle ne répondit pas. Le Temps...Que n'eut-elle fait ou accepter pour ne plus le subir ? L'étouffement  de cet engrenage l'écrasait à chaque instant. Lui, semblait l'affectionner. Son esprit malade n'en éprouvait pas les mêmes conséquences. Une fois encore, elle l'envia. Comme il devait être reposant de se mouvoir à travers une autre temporalité !

Un peu moins sur ses gardes, Mary l'observa, attendrie par sa différence et la complicité du silence qui les lia mystérieusement. Il était brindezingue et bel homme. Étaient-ce les médicaments qui lui donnaient cette couleur d'iris étonnante ? Sans doute...
Il se répéta et finit par planter ses pépites d'or sur elle.
Sans filtre ni transition, apaisée d'une méfiance en repos, une douceur de voix s'éleva, rompant le charme :

-Comment connais-tu mon nom ?

D'ordinaire indifférente à presque tout, éclaircir ce détail qui n'en était pas un la titillait. S'était-il renseigné sur son boulot avant de pénétrer par une envie soudaine et loufoque sur sa propriété ? C'était possible, allez savoir ce qui pouvait lui passer par les neurones déformés ! Au fond, il n'était pas si désaxé que ça et conservait un peu de mémoire. Il avait également gardé la capacité, faible mais présente malgré tout, de suivre une idée.

Et le bon qui sommeillait en Mary Flowery, superbement camouflé et enterré quelque part, dévoilait le bout de son nez en compagnie d'un aliéné, là où s'épanouissait un espace sans enjeu et sans risque.
Mais le point d'équilibre demeurait fragile, ténu.

Si elle avait su...
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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
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Au crépuscule, la soif revient avec le silence, la solitude, l'obscurité, la démence. À sa bouche revient la douleur, naufragée du sang qu'il tuerait pour ne serait-ce que ne boire qu'une lampée charmante. Enfant de la Lune, quelques secondes durant, il se saoule des pluies mûres de poésie que fait couler l'insignifiant être en lui chuchotant les beaux arts de son cocon. Le vampire mange ses métaphores, l'or royal d'un regard évadé, mais l'arrière goût de sang impur lui remonte au palais et c'en est trop. Il y a une vérité. Il y a un fait. Maintenant, là, c'est odieux. Il ne voit plus que ça. Elle ressemble beaucoup à Clarence, et il s'en veut. Pour elle. Pour lui. Pour eux. Il n'a pas le droit à l'échec. Pas cette fois.

Dérive d'une épave au beau milieu du désert, Sibelius s'est noyé, comment a -t-il pu faire ?


« Fantastique ! » conclut-il de sa voix railleuse. Un sourire sardonique se plaça là, quelque part. Il ne l'avait jamais vraiment quitté. C'était bien simple : le jeune vampire raillait son monde entier et ce avec grand amusement, depuis qu'il était né. Son monde à lui. Également le sien, à Flowery. Celui de tout le monde ou de personne. Qu'importait, au fond; il raillait la Vie, car elle ne valait pas sa Mort.« Qu’est-ce que tu me racontes, là, l’humaine ? C’est un peu déroutant, je te l’accorde. Habituellement ce sont mes compatriotes, -souvent les anciens croulants d'ailleurs-, qui se la jouent fleurs du mal, grands poètes torturés murmurant de douces ballades au clair de lune... Un peu trop cliché si tu veux mon avis. Moi, je préfère l’extravagance de la dépravation ! Moins poétique, mais plus amusant. » Sibelius ponctua sa fin de phrase d'un haussement de sourcils et d'un clin d’œil provocateurs. Il aurait tellement aimé se retrouver là, maintenant, dans l'une de ses soirées de folies orchestrées par ses soins. Pas de forêt ridiculement ennuyante, pas de Flowery junior en déficience intellectuelle à sauver, pas de Elab courant après son nonos dans les fourrées..... Ah non, rien de tout cela, et tout du bonheur enivrant de la fête et du sang. La pensée fugitive traversa son esprit pour venir se loger dans ses yeux, comme souvent. Et il en fut immédiatement tout tristounet, ou agissait en tout cas en tant que tel, de ne pas avoir de petite fête rien qu'à lui en cette soirée. Sibelius était particulièrement expressif pour un vampire. Ses humeurs rouges et mouvantes se lisaient si bien, quand on avait le temps de les apercevoir, dans ses regards d'ébène ou d'ambre.

Son air exagérément abattu laissa place à l'agacement, puis à une grande surprise hargneuse et suffisante : « Hein ??? » s'insurgea-t-il alors qu'elle continuait à lui déblatérer des insanités à la seconde en le prenant d'il ne savait quelle hauteur, avec un ton et une gestuelle absolument humiliants. IL était celui qui pouvait se permettre de lui parler de cette façon abjecte. Le contraire était impensable. Inimaginable....... c'était infiniment SCANDALEUX et CONDAMNABLE ! Une gazelle qui se prenait pour un Lion. Le maillon faible de la chaine alimentaire qui se rebellait sans craindre aucune représailles. C'était d'une insolence. Pris de rage folle et soudaine, Sibelius ne chercha pas plus loin que ce qui lui était présenté, se releva aussitôt de son assise pour s'enfoncer à vitesse vampirique dans la foret, derrière l'arbre contre lequel il était assis, non loin de l'humaine. Il serra ses poings et ses mâchoires si fort qu'il aurait presque entendu son cœur com-battre en trombe dans sa cage thoracique; si seulement il en avait encore un. Les yeux d'or, de mort : il voulait du sang. Il avait tellement envie de la faire taire, que tout se finisse et qu'il puisse se casser. Il rêvait tant de la torturer, de la croquer, de boire son sang jusqu'à la dernière lampée. Il avait tellement soif. C'en était douloureux. Cela faisait plusieurs heures maintenant, et il ne tenait jamais si longtemps.

Clarence, pense à Clarence.

Il ferma les yeux et alors.
Son visage d'ange gardienne s'imposa comme une providence dans sa tête telle la petite lumière dans ses ténèbres. Il l'imaginait le rabrouer pour se montrer aussi impatient et violent avec la pauvre petite dernière de sa lignée. Bien plus fragile encore que les autres humains, il devait bien avoué qu'il l'avait remarqué. Il soupira, vaincu. Signe d'effort. L'acceptation d'une fatalité. Il ne lui devait que du bien. Et s'il ne lui voulait que du bien, c'était parce qu'elle portait le nom de Flowery.

Il n'était pas parti très loin, une petite ruine à deux arbres de celui contre lequel il s'était adossé.... juste de quoi ne plus être un danger pour elle. Il grogna un bon coup et frappa de son poing droit contre la pierre qui vint terminer de s'écrouler sous sa force surhumaine. « J'en ai marre, qu’est-ce que j'fous, c'est pas possible...... » s'emportait le vampire à grande voix démoniaque tout en revenant le pas décidé vers Mary. Il l'observa quelques secondes, silencieux, puis vint se repositionner contre le même arbre, debout, les bras croisés, les yeux perçants fixés dans l'océan de la petite chose. Tout d'un coup, ce fut comme une illumination. Il comprit tout. Oh qu'il était con ! (ça, jamais il ne l'avouerait) car elle était juste ignorante de TOUT. « Attends, attends……… Qu’on soit bien d’accord, petite chose. Tu es une humaine… tarée ? Donc une tarée tarée. Ce sont un peu des synonymes.... Bref. C’est juste que naturellement tu pars sur de mauvaises bases avec ta lignée d’attardés, donc bon, jusque là je comprenais à peu près et je ne m’en formalisais pas du tout parce qu’il me paraissait évident que c’est une vérité générale et que donc c’était quelque chose d’assez clair entre nous. Mais, là, j’ai eu comme l’étonnante impression, et arrête-moi si je me trompe -c’est impossible que je me trompe-, que la tarée tarée que tu es, me prends, MOI, ce sombre génie que je suis, pour l’un des tiens, voire pour un être encore inférieur intellectuellement à ta race déjà si souterraine sur l’échelle de l’insignifiance. » Le ton impérialement joueur, vicieusement ironique. Sibelius rit un petit coup, c'était sa façon de reprendre le contrôle de la situation. Deux secondes d’écoulées, un clignement d'yeux et hop un sérieux abyssal qui pouvait surprendre s’immisçait dès lors entre eux. « Et si mon impression n'en est pas une.... c'est qu'on a un sérieux problème. »

Elle ne savait strictement rien. Il pensait au moins qu'elle aurait quelques notions. Elle ne savait strictement rien. Il n'était pas là pour lui apprendre ses classes, lui dire qui elle était et lui parler de son ancêtre aussi chiante qu'elle. Bon sang, elle ne savait strictement rien, cette inculte bonne à rien. Il ne pouvait même pas en finir avec elle si nonchalamment comme il le faisait si souvent. Une nuque brisée, un coup mal placé....... Il était enfermé dans une cage. Lui qui aimait tant voler à sa guise. « Ça te dirait vraiment pas d'arrêter de jouer les naïves condescendante deux minutes ? Nan parce que ça me simplifierait grandement la tâche, je te le cache pas… Et puis c’est plus drôle à force, en fait. Tu es sûre que tu ne connais vraiment absolument rien du tout, de rien du tout du tout… de rien ? Elvendyr, la magie, les loups-garous, les vampires, tout ça, pour toi c’est…… c’est un remake de Twilight, c’est ça ? » L'ironie noire. Il voyait clair dans l'ombre. Des répliques passives agressives qui dénotaient d'une patience (si peu existante) mise à rude épreuve.

Il argua d'un soupir dépité pour se retirer de la conversation une nouvelle fois, et commença à tourner en rond tout autour de l'arbre en maugréant dans sa barbe. « On part vraiment de trop loin, moi j’peux pas. Je fais pas dans l'humanitaire... »

Et puis la solitude comme voix de démon. La solitude pour absolution. Le fils des Enfer s'arrête brusquement, et lève avec déférence la tête pour voir sa maman, celle qui lui inflige tous ses châtiments. La mère Lune, la mère démente, la mère complaisante. Il l'aime encore, même après tout le Temps, il l'aimera encore, il l'aimera malgré le Temps. Toute son infinité, toute sa peine, toute sa colère et toute sa Vie; ne sont que pour elle, un joyaux précieux. Elle est la seule qui peut le voir tel qu'il est. Elle l'illumine ce soir, et le voilà qui brille de mille feu parmi les sylves endormis. Il illumine la forêt, éclatant, imposant, éblouissant de magie mortifère : sa silhouette élancée est enfin visible plus que jamais aux yeux des plus aveugles. Il est si beau pour sa mère, l'enfant nuit, la peau si pâle, l’œil si fier. Les lèvres rougies entrouvertes, on distingue ses deux crocs tranchants sortant timidement de leur cachette et lui donnant une allure féline. La panthère noire qui joue au colin-maillard nocturne, le tabou de la mort. Préférez-vous le jeu du Loup ?


Dernière édition par Sibelius le Sam 9 Nov 2019 - 11:48, édité 1 fois
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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
MessageSujet: Re: Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières. La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ EmptyLun 16 Sep 2019 - 17:00

Un filet de vie coulait encore quelque part, mais elle ne le percevait plus.  Elle se réveillait, sombrante à la damnation d'une nouvelle aube, puis se réveillait encore, pliant au joug d'un autre jour maudit... La cuirasse d'un cycle infernal qu'elle ne parvenait ni à percer ni à s'ôter. Un moment, elle allait mieux, l’heure d’après, c’était la descente. Elle se trépassait, espérant à un ailleurs vide, empli de rien. Elle flottait au-dessus de ce monde terrestre qui ne la concernait pas, convaincue de n'être qu'une  imposture. Mais un souffle ténu l'empêchait de se tuer tout à fait.
 
Jusqu'à quand ?...


Et des siècles de solitude sommeillèrent tout à coup, là, assoupis le long d'infimes parcelles d'un tête à tête surréaliste. Un répit surprenant, involontairement offert par une abominable aberration.

Béni sois-tu Sibélius. Béni soit cet éclat de lumière que tu offres à son cœur charbon.
Bénie soit ta promesse. Bénie soit cette veille secrète que tu sacrifies à sa funeste thébaïde.


Elle apprécia, un instant, cet être qu'elle croyait fou. Qui d'autre qu'un esprit dérangé pouvait se payer le culot et l'insouciance de batifoler avec cette fille brune et sombre, une nuit de pleine lune, au beau milieu d'un bois sauvage ? Personne. A sa manière, Mary se divertissait de sa solitude et miracle, se révélait telle qu'elle pouvait être, avec ce pauvre bougre. Sa présence lui apportait un peu d'imprévu, provoquant la performance de lui arracher un sourire et de lui faire aligner plus de trois phrases.

Mais sa folie n'avait d'intérêt qu'en demeurant à sa place. Il en fallait si peu pour la faire fuir. L'effet Sibélius ne résista donc pas longtemps à ses limites : il se foutait bien trop crûment de sa gueule. Qu'il soit cinglé ne cautionnait pas qu'elle se laisse maltraiter, encore. La plaie béante des humiliations subies autrefois se remit à gicler ses vagues ensanglantées. Elle s'était laissée allée à savourer une miette d'espoir. Comment avait-elle pu croire qu'un simple d'esprit pouvait être différent des autres?

C'était l'heure mystérieuse et nocturne où le sommeil des hommes était le plus profond. Là où quelquefois, l'impossible se métamorphosait en possible.
L'heure des condamnés aux ténèbres. L'heure de la nuit immaculée.
L'espoir s'en fut. L'espoir mourut.
Et l'âme redevint squelettique, dure et froide comme l'Hadès.


L'élan d'humanité qui avait étreint Mary disparut, fatalement. Elle s'y était piégée elle-même. La morsure du désenchantement lui fut insupportable. «La grande poétesse torturée» se haït un peu plus haut, un peu plus loin. L'intrus n'avait pas tout à fait tort, clamant à haute voix sa Vérité lamentable, pitoyable.

Effroyable de pertinence.

Or, à peine le sortilège consommé, ce furent les ailes voluptueuses d'une tristesse insondable qui s'échappèrent du regard démoniaque. Et Mary, trop intuitive, l'éprouva en substance. C'en était presque palpable. Cela ne dura que le temps d'un battement de plumes. Une palpitation évanescente qui pulsa à l'unisson de sa propre désolation.

Au tempo d'une noire, ou plutôt d'une croche, tous deux pendus aux lignes d'un destin sans mélodie, ils éprouvèrent,ensemble, une même intensité de chagrin. Le vampire en surjouait, histoire de se tirer d'affaires de lui-même, l'humaine s'en regorgeait pour s'euthanasier aux autres. Tous deux se fourvoyaient, fuyant la réalité d'un mal-être abyssal, pourchassés par leurs démons à travers des ombrages indélébiles.

Et puis, tout à coup...l'homme disparut d'un seul coup de son champ de vision. L'onde agressive qui hantait Mary s'évapora alors brusquement au profit d'une stupéfaction qui la laissa bouche-bée.

-Qu'est-ce que... ???!!!

Que se passait-il ?! Devenait-elle folle à lier à son tour ?! La raison vacillante, les tempes entre les mains, elle gémit d'effroi.

«...?!... ?!...» Les neurones en déroute s'entrechoquaient, les yeux affolés scrutaient tant que bien que mal les alentours.

-Sib ?! Putain !...Sib !...

La compréhension en vrac, la pauvre fille allait de nouveau crier son nom mais s'interrompit au méphistophélique grognement qui claqua dans le calme nuiteux. Le craquement de la roche retentit dans la foulée.
Les sens en alerte, elle sut qu'elle devait avoir peur et recula de quelques pas . Quelque chose d'impensable se tramait. Quelque chose qui la dépassait.

Un danger mortel.

Les tripes vrillées de terreur, l'héritière d'une lignée en sursis allait affronter son pire cauchemar. Comment aurait-elle pu, ne serait-ce qu'imaginer, une telle existence ? Mais le pas de la Destinée ne reculait jamais.

Il réapparut soudain, tel un diable jaillissant de sa boîte. Sa voix plus qu'agacée griffa l'air silencieux et la brunette crut son heure venue.

Il allait la tuer.

Alors, face à face avec l'inévitable, en une fraction de seconde, Mary comprit ce qui l'avait jusqu'à présent empêcher de se suicider. Ce n'était pas de cette lâcheté ou de ce manque de courage dont elle se flagellait si souvent, oh non. C'était tout simplement l'épouvante de ne pas savoir ce qu'il y avait après. Exit l'épuisement de vivre, les traumatismes de violence, l'acédie du monde, l'isolement brandi en bouclier...Elle était comme eux, les Autres, comme tous ces Autres pétés de trouille à l'idée de mourir, qui s'arrangeaient jusqu'à l'Ultime pour surtout ne jamais y penser. Elle ne valait pas mieux. Pire : elle ne valait rien, réduite à une regrettable humaine.

Elle s'arrêta de respirer, les yeux grands ouverts fichés dans ceux de Sibélius, statufiée à l'affrontement irrévocable.

C'était la Fin. Une unique pensée décharnée s'exhala une dernière fois. Un adieu.Une volute secrète qu'elle emporterait dans la tombe.
Elle soutint son regard et puis...

Et puis... rien. Rien ne se produisit. Jusqu'à ce qu'il s'appuie de nouveau contre l'écorce.

La panique, la terreur s'essoufflèrent alors dans une respiration lourde, saccadée. Son palpitant désarticulé cognait à tout rompre, prêt à éclater. Elle eut envie d'hurler mais aucun son ne sortit de ses lèvres blanchies.

Et le vampire parla, un peu, beaucoup... Engluée dans ses émotions, elle ne parvint d'abord à saisir que l'intonation ironique, moqueuse, suffisante, puis sérieuse, trop sérieuse pour être celle d'un cinglé. Et ce rire...Ce petit rire satanique qui lui résonnait aux oreilles comme une volée de coups un soir de beuverie.
Vidée de toute réaction, creuse à raisonner ne serait-ce qu'une once d'entendement, elle le fixait avec intensité, irrationnellement.

Et les mots, les mots impensables, inentendables, éclatèrent en une  immense déflagration, déchirant le voile des bas-fonds monstrueux.

« Elvendyr...La magie...Les loups-garous... »

« Les vampires... »

Le visage de la créature se mit à virevolter ici et là, bercé au rythme du manège maléfique qu'elle s'imposait tout autour de l'arbre. Maugréant, un murmure de tambour s'échappait de sa bouche.

Et subséquemment, il s'immobilisa.

Les flambeaux lunaires léchèrent la peau diaphane. Elle étincelait, immaculée des baisers solaires, vierge de tout hâle. La sainteté parfaite d'un grain de chair préservé, exclusivement dédiée aux initiés. L'occulte mystère se déshabillait, ô l'impudique scandale, confessant la nature royale du Prince Pandémoniaque.
Les orles vermillons entrebâillés livrèrent le doux miroitant d'ivoire des canines, soudain décachées au sourire de la Lune.


Elle comprit enfin. Elle n'était plus qu'une proie en sursis. Il s'amusait comme un chat avec une souris. Elle ne pourrait pas lutter.
Mais l'instinct de survie, a contrario de toute cette culture de mort qu'elle affectionnait, prit le dessus.

Le spasme d'une agonisante. Le sursaut d'un morceau de barbaque.

Alors...Alors Mary Flowery, aussi vite que lui permettait sa condition physique, et davantage, se mit à courir n'importe où, n'importe où se trouverait le plus infime espoir de lui échapper. Partout et Nulle part à travers cette satanée forêt.

Cours Mary ! Cours !
Il fait si noir dans le noir.
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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
MessageSujet: Re: Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières. La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ EmptySam 9 Nov 2019 - 15:20

The Curse

Beau fléau s'embrume aux lueurs intenses du charmeur crépuscule. Le vampire au creux de tout cet amour noctambule. Par les fissures de l'âme en peine, par les fenêtres de l'abîme joli ; le voici épanoui. Et les repères s'évanouissent au seuil de la mort. La doucereuse lumière maléfique enivre même la Vie d'envie. Ses fantasmes se consument dans une valse lascive d'une impossible jouissance. La vie jalouse de mort. C'est une grande folie béante à goût d'anéantissement sur des rêves sacrifiés et des gouffres riants. Si ton souhait le plus sombre est de découvrir le secret du sourire du bannis, le pouvoir d'être d'un tel homme devenu chose, sache que c'est sa salvatrice inespérance, son inexistence de croyance. Son bonheur t'inquiète, et l'inquiète aussi parfois. Ses promesses se sont éteintes avec son âme... le crois-tu sincèrement ? Que sais-tu de la texture de ses mystères et des couleurs de son invisible ? Du feu nait sa mort. Détresse et pluie d'étoiles.

À la fin, si la vie ne sait se contenter de jour, la mort se satisfait pleinement de nuit, et se moque ouvertement du mal être de sa comparse.


Sibelius rouvrit enfin ses yeux sur la vie, représentée cette nuit par l'humaine qu'il avait promis il y a si longtemps de protéger quoi qu'il arrive. L’œil d'or fixé dans le ciel des siens, il parvint enfin à y lire la Peur. Ce n'était pas trop tôt. Crainte farouche de la mort, instinct de survie de la mourante face à la faucheuse....... elle se mit à courir inévitablement.

Devrait-il sérieusement consacrer toute sa nuit à la tenir loin des dangers de sa vie ? Miséricorde, comme juraient les vieux fous de son espèce qui dépassaient les millénaires. Ces gros ringards. « Mais..... QUOI? Tu vas où là ? Nan mais sérieux, ça devrait être interdit d'être aussi stupide ! » se plaignit exagérément l'enfant de la nuit en roulant des yeux, las du petit jeu -qu'il avait pourtant lui même débuté-. La tête au creux de ses mains gelées, il s'accorda un moment de pause pour se calmer. Ce devait être simple après tout. Surtout, garder son calme. Relativiser, penser aux petites fleurs d'été.... qu'il ne verrait jamais, haha. Oh, grand merci Clarence et tes idiotes exubérances. Tes conseils étaient marrants, mais seulement quand t'étais là. Maintenant, je suis censé faire quoi, moi ?

Une brise souffla sur la feuille d'un chêne que croisa Mary. Il lui suffit d'une chrono-seconde, d'un clignement d’œil et Flowery était déjà coincée. Il la tint fermement par le bras, sans forcer nécessairement. Elle ne pouvait néanmoins bouger davantage. « Écoute l'humaine, calme toi, je sais que c'est pas facile à assimiler pour toi, toute cette réalité... Enfin j'en sais rien, mais j'imagine, vous êtes si sensibles et naïfs vous autres parfois. » lança-t-il en cherchant à capter son regard. « Tu vois bien que tu ne peux pas lutter, fais toi une raison : je suis plus fort, plus rapide, j'entends tout, je vois tout.... en bref, j'espère pour toi que tu vas m'écouter et sérieusement cette fois-ci, parce que là tu n'as plus vraiment le choix. » Enfin, son ton devint plus profond qu'il n'était déjà et plus aucune trace de condescendance ou de quelconque raillerie ne se firent entendre dans sa voix. Seul le sérieux, d'un être, aussi peu considéré par sa personne l'était-il, parlant à un autre d'un sujet jugé important. « Je ne suis pas là pour te tuer... c'est même tout le contraire. Je ne suis que de passage, un allié d'un soir, ou appelle ça comme tu veux, mais je ne vais pas te faire de mal. De toute manière j'en ai aucun droit. » Sibelius reporta un instant son regard sur l'horizon et fit un grand signe de sa main libre. « En revanche, mon ami, le lycan que tu as entraperçu tout à l'heure, lui, fera bien ce qu'il veut. Il ne pense qu'à ce qu'il pourra faire de toi pour son diner de ce soir. Tu veux vraiment courir littéralement dans la gueule du loup, Flowery ? Parce que c'est ce que tu es en train de faire et j'ai pourtant l'impression que tu préfères vivre. J'me trompe ? » Question rhétorique. Sibelius soupira. Il fallait qu'elle comprenne. Qu'elle ait conscience de l'inconscience de ses actes. Mais comment pouvait-il blâmer une humaine qui n'avait de connaissance que son propre monde ? C'était si complexe. Si délicat. Et sa découverte partielle avait été si violente... Non, Sibelius était définitivement un incapable lorsqu'il était question de relations, quelles qu'elle soient. Le silence régna un petit moment, il ne lui lâcha toujours pas le bras. Son visage reprit ses traits doux d'homme et ses yeux s'assombrirent pour redevenir chocolats, sombres dans la nuit mais bien moins perçants que l'ambre du vampire. « Si tu es ne serait-ce qu'un tout petit peu comme Clarence, tu sauras que je ne te mens pas. J'ai peut-être pas l'air super emballé par ma mission, mais crois-moi qu'en restant à mes côtés cette nuit, tu pourras encore voir le jour se lever. Je sais ce que je fais et je n'abandonne jamais. » Il acquiesça de la tête, comme pour affirmer solennellement ses propos. Puis il reprit un ton plus léger : « Bon, je peux te lâcher maintenant ? Tu vas pas encore te barrer, si ? Je te le répète au cas où : je vais pas te manger. Je perds pas autant de temps à discuter avec des poches de sangs en temps normal, mais faut dire aussi que t'es plus compliquée à gérer que la normale. » Sur ses mots, il la libéra et se recula de quelques pas. « Je serais jamais venu te faire chier s'il ne s'était pas approché de toi d'aussi près. J'agis dans l'ombre habituellement avec ceux de ton lignage. Mais, ça....., disons que rien ne s'est passé comme je l'aurai voulu... » Le vampire souffla la fin de sa phrase dans sa barbe, le regard fuyant on ne saurait quoi. Peut-être lui même. Ses erreurs et son passé. Cela ne dura qu'un maigre instant. Qui l'aurait remarqué ? Lui l'eut rapidement oublié, retrouvant son engouement extravagant. Le sombre acteur de sa pièce de théâtre. « Donc, que fait-on ? Si tu veux VRAIMENT courir jusqu'à chez toi, moi ça me va, tant que tu te casses pas la gueule et que tu ne rameute pas tous les loupios de la Terre. Mais dans ce cas tu me laisses t'escorter jusqu'à la porte, et c'est non négociable. » ... « J'ai bien compris qu'ici c'est ton véritable chez toi, et je respecte ça. Mais, si tu veux encore un peu profiter de ta forêt cette nuit, je resterais avec toi, navré. Ça nous ennuiera tous les deux, mais c'est comme ça. On pourra jouer au Loup de Tiercelieu, c'est marrant ça! » Il existait pas mal de fatalités dans sa mort, et celle de sa mission était la plus inéluctable. Pour aucune raison, il se surprit à lui sourire simplement. Peut-être que sa comédie pour la garder en vie lui prenait à la tête et qu'il riait de lui même. Ou c'était autre chose. « Alors, dis-moi à quoi tu penses. » souffla-t-il en croisant les bras, un air presque serein insufflé à son visage. « Je ne lis pas encore dans les pensées, et c'est bien dommage. » s'amusa-t-il de ses propres capacités.
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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
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Subitement, l'intervalle intemporel entrebâillé entre deux secondes, deux misérables secondes : 1...2 se figea. Le temps, coincé entre deux battements, devint immortel. Prisonnière de ce siècle, Mary ne pensa plus, elle n'en n'avait pas... le temps. Le mouvement successif qui filait entre les doigts depuis l'origine, n'existait plus.

Entre 2.

1Elle s'échappait. Du moins l'espérait-elle désespérément mais  ne réalisait pas encore à quel point c'était pitoyable.

Le voile d'une effroyable réalité s'était violemment déchiré, détruisant la pureté de la nuit. Et ça, saccageait tout son monde, ce petit monde qu'elle s'était douloureusement construit coup après coup, humiliation après humiliation. Elle ne cherchait rien la brune, ne réclamait rien, vivait assez bien avec sa noirceur finalement, en tous cas, elle y trouvait son compte. Certes, sa mémoire cauchemardait souvent, ensanglantée du meurtre de son père, les cheveux collés d'une sale transpiration. A demi réveillée, elle hurlait de dégoût, persuadée que l'hémoglobine de son bourreau lui dégoulinait de partout. Elle ne croyait en rien, encore moins en l'humain, mais aussi, expérimentait de bons moments avec ses arbres, la nature, ses chiens. Elle vivait en sauvage et ça lui allait bien, ça lui suffisait, parfois.

Elle affectionnait tant l'idée de la mort. Cette compagne fidèle avec qui elle devisait presque tous les jours. Elle n'en parlait jamais, avec qui aurait-elle bien pu le faire ? Elle y rêvait trop souvent. L'inénarrable contradiction : flirter avec la Faucheuse l'aidait à vivre. C'était ainsi. C'était Mary.
2


1Et le sommeil éternel se présentait à elle. Mais elle ne voulait pas, elle ne voulait pas mourir sans l'avoir décidé d'elle-même ! On lui avait volé sa vie sans rien lui demander : sa naissance, son enfance, sa jeunesse, son âme, ses espoirs, ses songes de jeune fille...Rien ne lui avait été épargné. Elle avait subi tout ce qu'elle avait pu, sans aucun choix et puis, une nouvelle ère s'était donnée, un jour. Enfin libérée, elle pouvait choisir sa mort. Là se situait toute la différence, là se nichait son secret de vie. Elle ne se palpitait plus à la merci d'un autre, de son sordide vouloir, de ses atroces humeurs. Non, elle était libre, libre !
Libre de se mourir à défaut de ne pas s'être choisie à naître.
2


1Le chaos n'est jamais celui que l'on suppose. Sibélius l'arrachait de son nid d'aigle et elle le refusait de tout son être. Son existence même détruisait le si fragile équilibre qu'elle s'était forgée.
2


1Il fut là, face à elle, aussi aisément que son pouvoir le lui permettait. Sa main froide la fit frémir. Interdite, essoufflée d'horreur, elle planta ses yeux dans les siens, -et malgré elle, une part de fascination s'insinua en son cœur, à la si belle couleur dorée- telle des griffes dans une peau tendre.
2

Prisonnière de son joug, lucide quant à sa force, elle demeura d'abord sans réagir, puis se mit à trembler d'émotion, mâchoires et poings serrés, les phalanges blanchies de tension.
« ...Je ne suis pas là pour te tuer...je ne vais pas te faire de mal »
Elle sut qu'il ne mentait pas : il l'aurait déjà fait. Et une sincérité dans son ton de voix la rassura.

Il y eut un silence qu'elle finit par briser :

-Lâche-moi, grommela-t-elle.

Mais il n'obtempéra pas, évidemment.

-Qu'est-ce que ça peut te foutre si je préfère vivre ou pas ? Ça dépend des moments, tu vois, ricana-t-elle, amère et sarcastique envers elle-même.

Les prunelles du vampire se foncèrent et l'aspect de son visage redevint plus doux, plus humain. Mary le remarqua, s'autorisant un soupir puissant, luttant contre l'envie rageuse de se débarrasser de son emprise.

Car ce contact était...répugnant. Elle était prête à tout ce qu'il exigerait, tout, plutôt que ce toucher immonde.

-Non, je ne vais pas me barrer, mais lâche moi, s'il te plaît, souffla-t-elle, fermant les yeux  une longue seconde, presque suppliante.

Son geste se devait d'être glacial : il la brûlait.

Un petit corps d'enfant sans jamais aucune tendresse
Un corps ravagé de cicatrices, tatoué de détresse
L'empreinte indélébile de son histoire
La peau blanche gravée des coups noirs


Et le miracle surgit, brillant parmi les ténèbres: désentravée, la fille d'Eve l'écouta. Elle ne le fuit pas, ne le rejeta pas.
Ramenant ses bras contre elle, elle lui lança un regard indéfinissable.

Il la protégeait ?
Impensable.

-Mmh, c'est une très bonne chose car je ne le supporterais pas. Je vais donc juste te dire...Je ne comprends pas...Vu ce que tu es...Qu'est-ce qui t'empêche d'abandonner cette promesse ? Elle est morte cette...Clarence. Alors quoi ? Ça t'emmerde tellement, je ne vois pas pourquoi tu t'obstines ?

Un ange noir se penchait sur une enfant de la Terre.

Elle n'était plus seule.
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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
MessageSujet: Re: Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières. La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ EmptySam 25 Avr 2020 - 10:53


Sibelius tait sa comédie l'espace du Temps, lorsque dans ses deux océans, Flowery se perd dans l'impossible Moment. Il voit, là-bas, dans ses yeux, au loin, voguer entre les navires pirates des songes malheureux et les preux galions aux corsaires guidés par leur devoir envers leur sainteté; une peine troublée et une frayeur de l'inconnu absurde de folie. La brisure des deux mondes. Rencontre fracassante qu'il aurait du éviter. L'impossible devenant réel sous la clairvoyance de la Mère Lune. La violence d'une découverte sanglante. Il sait Tout, et elle Rien ; et se montre si peu enclin à lui apprendre quoi que ce soit. L'odyssée de l'aube. Les chants soyeux de la Vie à la rencontre de la Mort. Du bleu pourpre au rouge cyan. Nouée dénouée de vérités drapées de mensonges d'antan. Le rituel n'a guère changé. Les Humains vivent mieux dans leur ignorance. Il déteste toujours autant les non initiés. Il est tant incapable d'apprendre la patience, d'enseigner l'Univers. Il n'est pas de ces monstres repentis. Il vit depuis sa renaissance d'outre tombe, à pleines dents, à sans vérité, à peu de cœur, à fleur d'âme et d'inimitié. Il vit la Mort avec grande joie, et ne peut leur apprendre pourquoi. L'Histoire de l'autre monde, le sien, hors des décors factices truffés d'hypocrisie. Pulvériser de sa voix nonchalante, de ses maux sans délicatesse, l'écriture traditionnelle de la feu, douce Elvendyr. Il n'en a pas les pouvoirs... ni le vouloir.

Eh bien, aussi improbable que ça puisse te paraître, ta vie comme ta mort m'importent. Cesse de jouer avec, tu faciliteras ma tâche.

Le ton du vampire ne laissait rien entendre d'autre. C'était un fait, il n'avait pas besoin d'étaler ses raisons. Elles lui appartenaient. Et puis, il l'avait suffisamment fait. Elle n'avait qu'à écouter, après tout. Il était las de parler dans le vide, las de jouer seul. Toujours seul.

Il la lâcha, comme il lâcherait un torchon usagé, le geste théâtrale et la mine plissée; puis se recula pour mieux l'observer depuis sa pénombre. Elle semblait s’être enfin calmée, ne serait-ce qu'avoir cessé de paniquer. Peut-être qu'elle n'était pas si stupide qu'il le présumait.

Quoi que...

— Ferme-là. Clarence n'est pas morte, je t'interdis de parler d'elle de cette façon. Tu ne la connais pas. Elle est juste... partie. Loin. Quelque part.... Elle va bien, enfin je crois, non... c'est sûr !.... oh et puis, ça ne te regarde pas. cria-t-il, l’œil un peu fou, perdu on ne sait où.

Il reprit son calme, tout à coup, le masque recouvré. Un sourire amer aux lèvres. La mine abîmée de naufrage. Le vampire valsait entre ses humeurs marées, se refusant d'être accompagné de qui que ce soit dans les tumultes des tréfonds de ses abysses. Ses saintes folies en feraient assurément pâlir les êtres humains les plus psychotiques.

— Figure toi que je ne vois pas non plus.

Tu ne comprends pas, tu ne peux pas.
Ne vois-tu pas que c'est tout ce qu'il me reste, cette maudite promesse ?


— Comme c'est amusant.

Mais il ne riait pas. Ni dans ses yeux, ni dans sa voix. Sibelius l'observait dans l'ombre, silencieux de Vie et de Mort. Un fantôme perdu dans le passé de ses fautes, qui se hantait l'âme. La rage de perte de contrôle sur la petite chose, sur les événements : évaporée. Il ne ressentait plus rien sur l'instant, que la défaite, et le Silence du grand vide. Tout aurait du être si simple. Si seulement. . . si seulement, cette Mary pouvait être aussi lambda que les autres poches de sang. Mais elle ne l'était pas. Elle était venue, sans lui demander son avis, le confronter à ses Nuits. Et ça, comment aurait-il pu le prévoir ? Et contre ses vérités, comment pouvait-il lutter ?

Soudain. Aux froissements des sylves. Le hurlement perçant d'Elab se fit plus proche que jamais. Presque au creux des oreilles du vampire. Le bois était si sombre de leurs deux présences maléfiques. L'humaine devait le sentir plus que quiconque, ce danger palpable. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que le loup ne les retrouvent tous les deux.

Sibelius s'enfonça un peu plus dans la pénombre, reculant à pas de velours, les yeux fixés sur la chair humaine qu'il se devait de garder au frais à tout prix.

— Que compte-tu faire, maintenant, Mary ? Vas tu tenter d’attendrir le loup, ou suivre la panthère ?
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Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Empty
MessageSujet: Re: Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières. La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ Chap.1 - C’est l’heure du réveil. Soulève tes paupières.  La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne, Car la lune a verdi le bleu de la montagne, Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour. Renée Vivien ☆☆ Mary ☆☆ EmptyMer 6 Mai 2020 - 13:46

Il possédait un pouvoir impensable qui pouvait la tuer comme il voulait, à tous moments, en tous lieux, lentement ou bien à la vitesse d'un croc, plus rapide encore que la lumière. Quelle mascarade où les ténèbres se jouaient d'une réalité falsifiée et ignorée ! Elle  se sentit lamentable, perdue, et lorsqu'il la lâcha comme une merde, elle eut un moment de vide, un coup de vertige à tel point qu'elle fit quelques pas pour s'appuyer contre un tronc solide. L' écorce rugueuse l'apaisa. Dents et poings serrés, tendue à l'extrême, elle devint mutique. «  ...Ta vie comme ta mort m'importent... ». Ses mots la tuaient aussi sûrement que ses flirts avec la grande Faucheuse. Elle n'était plus maître de son jeu morbide, oh non ! C'était un être d'outre tombe, immaîtrisable et puissant qui devenait brutalement le chef d'orchestre. Il cria et sa harangue la fit sursauter et fermer les yeux quelques secondes, puis, elle l'entendit reprendre son calme.

La nuit tiède s'étalait partout. A l'intérieur, Mary ne savait plus rien. Elle errait, immobile, se cognait, sans espoir de s'échapper, à un temps sans âge, terrassée d'Inconnu. Une fraction de rêve ou bien de cauchemar ? Elle hallucinait mais la voix grave s'élevait encore. Non, ce n'était ni l'un ni l'autre.
C'était...C'était quelque chose d'autre, quelque chose qui dépassait, innommable.
Il l'aurait déjà tuée.
Elle serait déjà morte.

Une évidence qui lui pétait à la gueule et à sa conscience limitée d'humaine. Alors, aussi surprenant que cela puisse scandaliser ou émerveiller, son instinct lui souffla viscéralement qu'elle pouvait lui faire confiance. Irrémédiablement. Inconditionnellement. L'immortel ne se jouait pas d'elle, peu importait que ce fut sur l'autel sacrificiel d'une promesse. Les faits étaient là, irraisonnables et pourtant bien réels.
Elle le regarda, simplement. Un silence étrange les lia quelques instants au chuchotement de la nuit.

Et puis un hurlement déchira l'air. Aux aguets soudain, elle se redressa et tendit l'oreille. Jamais de tels sons ne s'étaient invités en ces lieux.
La peur  habitait Mary de toutes parts, depuis toujours, de mille manières, mais elle refusait absolument de l'admettre.  Peur du monde, peur de l'Humain...Peur de ce hurlement qui n'en était pas tout à fait un. Du moins, pas de ceux qu'elle connaissait.
-Qu'est-ce que... ? La ventraille serrée, une bouffée d'angoisse monta mais elle réussit à la contenir.

Une malédiction s'était abattue sur une enfant esseulée dans un calvaire sans amour ni tendresse. Et pourtant, c'était l'essence même d'une autre espèce de malédiction qui se penchait sur elle, protectrice.

L’œil dur empli d'impuissance et d’abdication, sans dire un mot, elle le suivit.

Imminence-Infectious
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