Braguette levée et pas besoin de Sa remarque cette fois-ci pour m’en assurer. (Oui, j’ai encore sur le cœur cette petite humiliation et l’ecchymose sur ma dignité emprunte une couleur plus olivâtre que jaunâtre… ce qui signifie que la voie du rétablissement est de bons augures !) Destination, on ne sait pas trop… mais sensation vacances ! Youpi ! Ou du moins presque. En vrai, je suis terrifié à l’idée de passer un week-end complet avec Elle. Pas que Sa présence me gêne… Ugh ! En fait, oui, ça me gêne ou plutôt m’intimide et me fait me comporter comme un jeune gueux à l’aube de la puberté et qui vient s’asseoir à côté de son crush sur l’heure du lunch et à la cafétéria. Vous savez, LA cheerleader en dernière année de fac hyper sexy, hyper friquée, hyper adulée, hyper populaire, hyper parfaite et hyper hors ligue que tous les mecs convoitent… oui… y compris le gros laid pustuleux à la dentition vraiment étrange et aux cheveux si gras qu’on pense toujours qu’il sort de la douche… et rajoutons dans le tas des prétendants la lesbienne fière et assumée de cette inimaginable école secondaire que je viens de m’inventer dans la tête pour bien mettre en contexte la petite nervosité qui présentement me chatouille l’intestin grêle…
- Laisses. Je m’en occupe, que je m’enquière, en bon gentleman, ma paluche de panda venant lui saisir la main… (Hail Mary, Full of Grace !!!) pour gentiment lui intimer d’arrêter ce qu’Elle s’apprêtait à faire et venir moi-même attraper la ganse de son bagage toujours resté dans le cul de la voiture. Hum… la dernière fois que je me suis retrouvé là au-dessus de ce coffre, s’était pour y balancer un cadavre dedans… ce qui me fait penser qu’Elle a vraiment fait une belle job de nettoyage. La moquette est aussi luisante de propreté que la gueule de n’importe quel badaud sortant tout frais d’un rendez-vous chez le dentiste. Et cette métaphore ne fait absolument aucun sens. Nerveux. Elle me rend nerveux. J’ai chaud. T’as pas chaud, toi, ma chouette ?!
Chargé comme une mule, c’est avec mon coude que je referme le coffre et c’est le cœur tout battant et gonflé à bloc que je me plante à Ses côtés. Un week-end complet, seul, avec Elle. O.M.G. !!!!. L’Azur qui se perd sur les périphéries alentours, s’étonne de contempler LA baraque qui nous surplombe d’éminence et de solennité. Genre que Trivago devrait se servir de cette cabane comme image principale sur leur site internet. Et c’est quoi, c’machin, qui borde les dalles importés nous guidant jusque dans le bedon de ce palace ? On ne sait pas trop, mais c’est chic et ça fait partie des mystères de la haute royauté.
- Tu crois qu’on peut marcher là-dessus ou on doit passer par la pelouse pour gagner le porche ?
Le sarcasme est mon lubrifiant social. L’humour est mon laxatif perso qui me permet de me décoincer un peu. Une brise salée en provenance des maritimes se lève, nous caresse la figure et me fait lever les yeux vers la coupole céleste. Quelques flocons de soie brode ou nage paresseusement dans l’orangé du ciel. Sans houles ou sans le moindre soupire, le médaillon fauve décline doucement vers l’horizon et nous promet une fin de soirée agréable. Il doit certainement y avoir un barbecue dans le somptueux maze de la cour arrière. J’ai la dalle et c’machin spongieux et pâteux (alias un muffin) que j’ai bouffé après notre halte à la station service me fait me rappeler que j’ai besoin de manger un petit quelque chose de plus consistant… Comme le dirait Yoda ; de force, de besoin avoir toi !
Et pour la première fois depuis le début de ce périple, je me surprends à me dire que je suis libre. Libre de ne rien faire… libre de ne pas m’en faire… libre de toute affaire. Libre. Juste et tout simplement libre. Avec Elle. Et plantés là devant la baraque depuis perpette et trop longtemps. On va pas passer nos vacances ici, parce que sinon je me baffe moi-même !
- Les clés. Elles sont dans la poche avant de mon jean… si tu pouvais… euh… hum… que je n’achève pas la phrase, le feu prenant l’entièreté ma face comme un marshmallow et m’incendiant les joues alors que je me retourne à catimini vers Elle, bras jonchés de nos effets persos s’ouvrant en croix…. L’air de dire ; prends et manges, car ceci est ma carcasse livrée pour toi, Aileen…
De force, de besoin avoir toi ! Peux-tu, s’il te plait, ma chouette, tuer ce Yoda de mes deux ?
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
“High School Sweethearts.” &Que fait-elle ici ? Aileen n'a pas encore trouvé de réponse à cette parfaite énigme. Alors, encore lovée contre le dossier de son véhicule, c'est d'une œillade sceptique qu'elle contemple la maisonnée. Une belle et grande bâtisse qui lui rappelle à quelques détails près celle d'une enfance lointaine. Le nœud de vipères s'étranglant un peu plus dans les tréfonds de son gosier, elle s'efforce d'arborer cette nonchalance qui lui est propre. Est-ce une bonne idée ? Se retrouver ici, loin de tout, en Sa compagnie ? Rien est moins sûr. Pourtant, elle n'a pas su décliner l'invitation. Entre deux souffles assassins, il n'est pas simple d'avoir les idées claires, n'est-ce pas ? Et maintenant que la fièvre s'en est allée, du moins qu'elle s'est apaisée, elle n'est plus certaine de rien. Faut dire que la simplicité ne prend franchement pas part au voyage lorsqu'ils se trouvent l'un auprès de l'autre. A croire qu'ils sont condamnés à se rencontrer comme deux aimants insatiables. Dans le fond, cela lui rappelle une Histoire d'antan, un autrefois éprouvant. Une déchirure assommante. Elle n'ose pas y songer davantage. Le temps n'est plus à la flagellation. Pour l'heure, s'entend. Finalement, elle s'arrache à sa bulle d'émois contradictoires, esquisse l'ombre d'un rictus à son favoris - parce qu'elle ne ferait pas une chose pareille avec tous ses patients, bien évidemment -.
Quel gentleman ! Aileen s'en attendrit. Si elle ne l'a pas toujours épargné, lui, en revanche, n'a cessé d'être prévenant, doux comme un agneau. Pourquoi ? Sûr qu'il y a ce petit trucmuche d'indicible entre eux. Une attirance insurmontable. Un brin de passion dévastatrice. Et ?... Elle secoue sa petite tête bien vite. Mieux vaut ne pas trop s'interroger. C'est le meilleur moyen pour fuir à toutes jambes. D'ailleurs, elle hésite une énième fois depuis le début de leur périple. De quoi a-t-elle peur ? Là encore, Aileen préfère se farder d'une innocence factice. Il est tellement plus confortable d'enfoncer caboche dans le sable, de fermer paupières jusqu'à ce que ne s'interrompt le tour de manège. Oh oui, qu'elle est douée pour jouer les autruches ! Si l'on devait décerner une médaille pour cela, elle aurait probablement la palme d'or. Parce qu'elle le décèle évidemment; ce vide péremptoire qui s'ouvre sous eux. Et cela fait longtemps qu'elle n'a pas éprouvé ce vertige dantesque. Effusion d'un autre siècle. Un peu d'adolescence sous le masque de rigueur. C'en est pathétique par moment ! Ce n'est pas elle-même qu'elle devine au détour de la psyché, non. Mais la silhouette juvénile de cette boule de fureur, de ce magma incandescent que ses parents ne parvenaient jamais à apprivoiser. Autant dire que cela ne promet rien de bon. Pour Lui, notamment. Pour Eux, par la suite.
« - J'ai grandi dans une maison comme celle-ci, qu'elle admet, levant ses mirettes songeuses vers les hauteurs de l'édifice.
Elle n'a pas non plus oublié ces soirées clandestines, où plantée sur le toit, elle s'abandonnait dans les bras de ses conquêtes illégitimes. Un rictus s'étiole après cela sur ses lèvres vermeilles, tandis qu'elle progresse à son tour en direction du perron. Ah ! Fort heureusement, elle n'en garde pas que de mauvaises sensations. Bien au contraire, pour certaines.
La requête l'arrache néanmoins à sa nostalgie contemplative. A la fois tourmentées et écarquillées, ses prunelles oscillent entre ladite poche, puis Sa trombine tout aussi confuse. Si ses pommettes se barbouillent d'un rouge plaisir-coupable, c'est avec noblesse que menotte s'en vient tâter les profondeurs de Sa besace. Jusqu'à ce qu'elle ne croise l'océan turbulent de Ses deux billes envoutantes. Fraction de seconde où le temps semble ralentir sa ronde céleste.
- Les voilà, qu'elle se racle la gorge.
Pourquoi faut-il que tout ne devienne électrique, hm ? Alors elle s'empresse d'ouvrir les portes de Leur Eden prochain, non sans s'autoriser un sifflement d'admiration.
- Quel luxe !, murmure-t-elle en passant son index sur la surface d'un meuble, essaierais-tu de m'impressionner ? »
Un sourire ravageur Lui est alors adressé. Sûr qu'elle s'imagine batifoler un peu partout. Mais elle n'en dit rien. Et elle n'en dira jamais rien.
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Derek Morrow
MESSAGES : 4058 BARGE DEPUIS : 14/01/2019 ROYAUME : Empire State of Mind.
Sa voix est douce, sereine, à faire damner n’importe quelle oreille adulatrice qui attentivement l’écoute et qu’Elle sait envelopper à la manière de ces voix d’autrefois qui se sont tues. Pauvres pèlerins éperdument attirés par le Beau et aux mystères se consacrent. Lorsqu’un linceul doucement se retire, qu’une partie du secret juste en-dessous se dévoile ; défricheur devient alors l’œil comme baigné dans l’émoi qui le transporte. Un trouble si furieux que l’Azur en perd la clarté des cieux, momentanément obscurcit par la salve tamisée d’une pensée parasite… petite monstruosité jamais repus qui grignote de temps à l’autre ce qui gît entre les cloisons osseuses du crâne. Elle a grandi dans une maison comme celle-ci. Ce n’est plus la baraque proprette que je regarde, mais le fusain qui soudain nimbe d’une noirceur d’abîme Ses émeraudes. Ma belle Aileen qui une fois de plus Se ferme comme un cloitre et qui à la fois Se révèle. Énigmatique stèle audacieusement sise sur des landes gémissantes, où errent parfois dans la brume de la nuit quelques fantômes vagissants et dispersés. Apparitions splénétiques et despotiques qui racontent une histoire et fige dans l’éternité les reliquats d’une autre vie. Qu’est-ce que tu regardes ? Qu’est-ce que tu contemples ? Qu’est-ce que tu vois ? De cette tour d’ivoire comme oubliée dans le fin fond d’un monde insouciant, quelles sont les moires véritables qui reluisent et ne se montrent que lorsque le soleil se couche, Aileen ? Et que me dirais-tu, si j’osais te le demander ? Seulement Sa voix possède les échos de celles qui se sont tues et pauvre pèlerin éperdument attiré par le Beau je me consacre au mystère.
Une impression et proportion d’immortalité se dilue là alors que Sa miséricordieuse menotte fouille juste en bas… dans la poche. Dans la cathédrale de mon poitrail, c’est un silence quasi religieux qui règne, le palpitant loupant un battement alors qu’un frisson familier fait glisser sa langue reptilienne sur mon échine. C’est comme ça. Toujours. Avec Elle. La chair de poule, ce souffle de dragon qui balaye la moindre poussière de lucidité et la bouche de l’Enfer qui bien grande s’ouvre dans la jungle des viscères. Une sensation de vertige alors que le sol se dérobe sous nos pieds. Si seulement. Si seulement ça pouvait arrêter d’être aussi cataclysmique entre nous deux. Peut-être qu’un beau jour le ciel aura des allures de ciel et la terre des allures de la terre et chacun placé à son endroit dans la promiscuité de cette incandescente spirale.
- Les voilà, que je surenchère, à bout de souffle, retrouvant à mon tour le chemin des roses alors qu’Elle s’empresse de déverrouiller et ouvrir cette foutue porte.
Déploiement de splendeur, gaze à la brume rubigineuse et aux pourtours édulcorés par des reliefs d’or, d’argent, de saphirs et tout le bataclan rappelant ces châteaux d’autrefois. Le front levé vers le magistral plafond juché sur nos têtes et le pied dans l'âtre, Sa voix résonne presque par écho autour de moi tellement que c’est grand. Gosh, on va devoir se planter un GPS dans la nuque, parce que c’est clair, ma chouette, qu’on va se perdre d’un bout à l’autre de cette baraque ! Je déambule de l’entrée vers l’escalier, déposant nos bagages aux pieds de celui-ci et les mirettes ahuries papillonnant sur les apparats et ornements qui nous entourent.
- Oui. C’est à dessein que je le fais, milady, que je dois reconnaître, grand sourire de gamin s’étampant là sur ma fripouille de gueule alors que Son sourire à mille watts vient éblouir les charmées qui la contemplent suspicieusement : Et est-ce que cela fonctionne ?
Très intéressé par Sa réponse, je passe devant Elle, oreille attentivement se tendu en Sa direction alors que je viens découvrir la mirobolante tronche du living room (À dire avec un accent anglais très aristocrate, s’il vous plaît.) C’est décoré/meublé avec chic et bon gout, d’un blanc immaculé avec superbe et le foyer que je repère du coin de l’œil m’inspire une avalanches de fantasmes et manières de terminer nos soirées… À même le sol, la table-basse et ce canapé qui m’a l’air assez solide sur ses quatre pattes… Je divague, cherche et retrouve mon moine intérieur.
- Je ne sais pas pour toi, mais je suis en train de m’auto-digérer tant j’ai faim. Je propose qu’on dîne et après on bapti---
Oppsss… lapsus. M'en voilà lynché, ma chouette.
- EXPLORE le reste de la demeure ?
N’assumant pas ma connerie, je me faxe à l’endroit où j’ai laissé nos bagages, attrape la glacière et c’est en essayant de trouver mon chemin vers la cuisine que je gueule pour qu’Elle m’entende :
- Poulet. Bœuf. Saumon. Salade. Tofu. Vin. Rouge. Blanc. Rosée. Bière. Je ne sais pas ce que tu préfère alors j’ai un peu dévalisé les rayons.
Sad but true. J’ai dit que je voulais l’impressionner !
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
“High School Sweethearts.” & Mirettes se déposent çà-et-là, captivées par la réminiscence d'un lointain parchemin. Dans cet immaculé, ce marbre céleste que son pas a foulé jadis, elle en distingue encore ses gloires et ses échecs. Un émoi familier lui prend l'échine comme le ferait une brise hivernale par delà les pans d'un long caban fait de ténèbres. Silencieuse, égarée dans l'éternel cimetière de ses fantômes passés, Aileen s'enfonce dans quelques tourmentes volatiles. Car au pied de cet immense colimaçon, c'est le drame d'une existence morcelée qui se joue une fois encore. Oh non, la douleur n'est pas qu'une nébuleuse emportée par les affres du temps, mais bel et bien un fardeau qu'elle se traîne inlassablement, sans perspective de rémission. Un vertige lui claquemure le palpitant dans un étau péremptoire. Et c'est sa menotte lovée tout contre lui, qu'Aileen s'efforce de ne pas s'abandonner complètement à ce songe lancinant. Les étoiles s'alanguissent de leur sempiternelle valse, tandis qu'elles s'en viennent polluer la rétine et cueillir une larme. Larme qu'elle balaye à la hâte, sans doute trop pudique, ou trop fière, pour offrir au monde un quelconque soubresaut. Cette parenthèse, ce séjour hors du temps n'est-il pas un voyage initiatique ? Du moins un chemin de Compostelle qui la porterait vers un utopique pardon ? Mais pour qui se devrait-elle d'adoucir la hargne de ses secousses ? L'existence, elle-même ? Sa génitrice ? Ou bien, ses propres fautes ? Se délestant d'un lourd soupire, de ceux qui pèsent comme une pierre jetée en pleine mer, Aileen s'arrache finalement à son calvaire.
Il est là. N'est-il pas tout ce qui importe, malgré les ombres qui l'encombrent ?
De ses grandes billes soucieuses, elle L'enveloppe tout entier afin de ne pas choir une nouvelle fois. Un brin d'effroi, peut-être, de tendresse à peine concédée, c'est une tumulte pantelante qui s'ébat dans les tréfonds de l'Emeraude. Mais il ne lui faut pas davantage pour regagner la terre ferme. D'ailleurs, c'est un rictus charmé, fragile qui s'en vient étirer ses lippes jusque là pincées. Sa carcasse se relâche, et c'est avec réconfort qu'elle sent l'angoisse se dissiper. Bien entendu, Aileen n'en dit rien. Il est tellement plus confortable de ne point admettre la fêlure. Sait-on jamais que l'on y verrait l'esquisse d'un cœur encore vivace.
Voilà que sans le savoir, Derek s'éprend d'un jeu qu'elle ne connaît que trop bien. Et cela suffit à souffler les dernières particules de chagrin. Malice s'installe dès lors sur sa trombine mutique. Cela lui rappelle quelques vestiges d'antan qu'elle n'a plus jamais effleuré depuis des lustres. Si elle arbore une binette franchement outrée, l'allégresse trémule en revanche par-delà l'immensité de ses prunelles exaltées.
« - Cela se pourrait, oui.
Et quand elle croit que l'allusion ne peut être plus formelle, c'est sans conteste qu'Il surenchérit, lui chapardant cette fois-ci un "hm !?" stupéfait. Le brasier de leur épopée s'étrangle dans le creux de ses lombes, éveille à nouveau cette sempiternelle morsure. Et quelle vipère ! Fourbe. Omniprésente. De son poison fallacieux - dont elle ne cesse de se repaitre -, dévaste l'encéphale, jusqu'à la moindre particules d'infini.
- Derek, qu'elle commence alors.
Mais elle n'a pas le temps d'ajouter quoi que ce soit. Déjà Il s'active à brasser de l'air, sûrement pour ne pas avoir à supporter l'énorme faribole qui s'est échappée d'entre Ses lèvres. Un peu con, Aileen ne sourcille pas tout de suite. Pourtant un large sourire béat lui fend le claquoir, l'affublant d'un masque franchement nigaud.
Le temps que l'information ne se diffuse totalement, et elle s'empresse alors de lui emboiter le pas. Il ne s'en sortirait pas aussi facilement. Il le sait.
- Nous ferons tout ce qu'il vous plaira, Monsieur.
Monsieur ? Oui, ce fameux jeu qu'elle affectionne depuis toujours. Et de s'approcher, l'air de rien, minaudant comme le ferait une adolescente agitée d'un chaos fallacieux.
- Mais nous nous devons d'être prudents. Votre femme serait colère de vous savoir dans les jupons du petit personnel. Un riche héritier comme vous. Cela ne serait pas... convenable.
Quel délice d'apercevoir le trouble dans les tréfonds de Ses Mordorés. Ceci lui fauche un rictus équivoque, tandis qu'elle enroule ses bras autour de Sa nuque, ambiguë et déridée.
- Et si vous me laissiez préparer le dîner. N'est-ce pas ma fonction, finalement ? »
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Derek Morrow
MESSAGES : 4058 BARGE DEPUIS : 14/01/2019 ROYAUME : Empire State of Mind.
Monsieur ?! Un gland ou caillou qu’Elle aurait astucieusement glissé dans le ruban d’un lance-pierre, pour sans aucune vergogne me le catapulter derrière le crâne et le sentir rebondir en plein dans le mille sur mon occiput. Le genre de toc assez puissant qui te fait halluciner trente-six chandelles alors que t’as la caboche qui tourne au gré du « cui-cui » des oiseaux accompagnant la ronde des dites trente-six chandelles hallucinées. Abasourdi, pour un peu, j’en piquerais du nez et m’écroulais face la première dans le compartiment gelé de la glacière que je transporte alors que j’en échappe ou perds et mon jargon et mon anglais. MA FEMME ?! Là c’est une éclaire d’incrédulité qui me transcende le minois, la décharge voltaïque châtrant et refoulant les traits glaireux dans les soubresauts d’une implacable perplexité alors que bien serrés mes sourcils se tricotent sous un front marqué par le verdoyant sceau du Sphinx. Qu’est-ce que le fantôme de Nell a à foutre là dans notre week-end ? C’est Sa manière de Se renseigner sur le bordel de mon ménage ?! Ménage qui d’ailleurs prends la poussière depuis perpette et que j’ai tendance à camoufler sous le tapis de mon existence. Riche héritier ?! J’suis copropriétaire d’un business familial, c’est pour quatre personnes que le petit cochon se casse et ma pension de vétéran m’aide peut-être à rembourrer le matelas de mon lit, mais ce n’est pas ma tronche que l’on risque de retrouver sur la couverture du GQ magazine ! Un muet, mais lisible, what the fuck louvoie furtivement sur le seuil de mes lippes, le spectre de l’inquisition commençant petit à petit à se profiler en l’opale lointain de mes Azurs qui rapidement s’abaissent sur la chevalière argenté reposant là sur l’annulaire de ma main gauche. Reliquat d’une vie antérieure que je ne parviens pas encore à me défaire et qui peut-être accuserait le boulon qui est en train de se péter dans l’adorable caboche de ma toubib préférée ?
À ce songe, tout mon intérieur s’affole comme ce rescapé exilé sur son rafiot qui se fait harceler par le bec d’un belliqueux pélican, m’empressant de déposer la glacière sur la céramique de l’ilot centrale de la moderne cuisine et de pivoter sur la plante des pieds pour Lui faire face. Entre mes deux biscuits s’écrivent et se déroulent sur un parchemin aussi long qu’un PQ industriel mille joutes verbales et excuses. On ne va pas sérieusement se prendre la tête pour ça ?! Si ?
- J---euh…
L’escadron suicide déployé tout contre mon palais décide qu’il serait plus judicieux de se replier aux creux de l’œsophage, les nuances de l’Émeraude embusquant le moindre monceau de contour, sublime dans Son désordre, divine dans Sa joie et extraordinaire de candeur, m’enveloppant dans la rigueur d’une étreinte soûlant le plus merveilleux des étourdissements. Si fort et colossal est le cœur que je porte présentement au creux de la poitrine, son langoureux péan liturgique admissible à venir étourdir la caboche de tous les Dieux et assouplir l’échine des plus récalcitrants. Elle a tout ce qu’il faut pour charmer et par tous les Diables c’en est parfois douloureux ! Une tête si folle, pour un esprit si fou, que le myocarde en soupire d’agonie où Elle palpite. J’ai compris. Je comprends. Ce soir, Aileen et Derek n’existent plus… comme exilés sur le rafiot et pouvant bien se faire joyeusement becqueter le crâne par le bec de ce belliqueux pélican.
Se ferment sur Ses envoutantes et désirables courbes féminines mes bras, paumes bien moulées dans la chute de Ses reins, pelotonnant Son corps de nymphe contre le blason de mon armature, lueur voltaïque dans l’Azur toujours bercé dans la bruine de Ses émeraudes :
- Ne faisons pas mentions du spectre de ma femme ici, je vous prie, milady. Ces mœurs hélas ne sont jamais bien loin de nos exiles et sérénades. Faisons fi du danger et rêvons un peu de cette liberté que nous conquérons dans les carrefours de nos interdits. À commencer par le dîner que vous me promettez de cuisiner et qui je sais sera un véritable baume sur l’exténuante journée que je viens de traverser.
Dans la rocambolesque vie de Monsieur, cette jouvencelle de Milady est une bénédiction du ciel et une amante tout simplement époustouflante.
- Jefferson nous a une fois de plus fait perdre un client important. Je n’ai d’autres choix que de lui annoncer son licenciement lundi matin. J’espère simplement qu’il comprendra que ça n’a rien de personnel et que les affaires sont les affaires.
Avoir une cravate de noué autour du cou, pour montrer mon grandiloquent désarroi, je me l’arracherais sans aucune vergogne et la balancerais comme un vieux kleenex souillé sur le comptoir. Pour l’heure, je me contente de venir doucement recueillir les Menottes de Milady aux creux de mes paluches de panda, pour à la légère de ces éphémères venir déposer un chaste bisou sur Ses phalanges de pianiste.
- Vous savoir à moi seul et pour tout le week-end assoupli les tourments de l’homme d’affaires et fortuné que je suis. Que serai-je, sans vous, milady ? Fort probablement un vieux bonhomme grincheux et affamé. Légumes et saumon fumé, cela vous convient, pour dîner ? que je m’enquière, m’écartant de Son corps de femme pour aller saisir par les pieds deux coupes de vin reposant là sur une étagère et m’emparer du grand crû gisant patiemment sur l’ilot centrale :
- Ma germaine de femme ne vous aura pas trop mené la vie dure, aujourd’hui ?
Le distingué de ma voix se mêlant dans les onomatopées du bouchon de liège que je retire du goulot et le liquide vermeille aux arômes fruités que je verse en les deux fines coupes, sourire fallacieux flottant sur les lèvres et l’Azur reluisant de malice.
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
“High School Sweethearts.” & Le goût d'un autrefois sur la langue, entre les alvéoles, Aileen supplie pour qu'Il ne Les arrache pas à cette chimère sans queue ni tête. Seulement n'être que le tableau d'une existence féérique, du moins fantaisiste. Il n'est pas toujours confortable d'évoluer au travers du costume de sa vie. Pénible même quelques fois. Et si plus aucune palabre ne s'échappe d'entre ses lippes après cela, l'Emeraude, lui, s'agenouille devant Son joug. Vaine espérance de ne point inspirer l'air qui Leur appartient, mais cet Ailleurs sibyllin qu'elle se voudrait effleurer, ne serait-ce que du bout des doigts. Car dans la mélasse de ses incohérences passées, c'est une gloire d'antan qu'elle aspire à retrouver. Là, comme deux amantes qui ne pourraient que se rencontrer malgré les années d'absence, nécessiteuses encore de s'épouser dans cette brume de ténèbres insensés. Un peu d'adolescence voilée sous sa gueule de femme accomplie. Un peu d'Elle, d'Ada qui trémule d'un spectre retiré, là-bas, dans un recoin sinueux de sa vieille caboche tourmentée. Non pas qu'elle s'essaye à L'embrasser malgré les décennies d'errance à se demander pourquoi. Ce n'est qu'une simple fissure, qu'une porte ouverte sur des heures qu'Il ne pourra deviner que dans les vestiges de Son éternel mausolée. Car Elle n'est jamais très loin. Par delà les profondeurs de ses deux grands océans turbulents, orageux. Tel le fantôme de Canterville qui traînerait derrière lui le chagrin de toute une mort, un fardeau grandiloquent vissé sur sa pauvre cheville endolorie.
Mais Il ne cherche pas à fuir cette grotesque mascarade. Non. Il s'immerge dans ces eaux poisseuses avec la véhémence d'un paladin venu secourir la belle aux lucidités dormantes. L'euphorie lui gagne la trombine après cela. Et d'un sourire tapageur, s'abandonne à cette folie juvénile, délaissant ses apparats de femme raisonnable. Au Diable les convenances ! N'importe que cette valse bordélique dans laquelle elle s'éjouit de pouvoir Les égarer. Un brin d'enfantillage, de badinage s'ébat joyeusement par delà l'Emeraude et ses tempêtes mutiques. Néanmoins, les morsures de l'existence lui paraissant bien moins assassines. Faire l'autruche, ça, elle sait le faire à la perfection.
Fascinée par Son aptitude à se glisser dans la peau d'un autre, Aileen se plaît à Le contempler, la rétine miroitant de mille-et-une frénésies. Sûr qu'il n'est pas bien complexe de percevoir les névroses qui l'habitent. Car dans son engouement infantile, ce sont des ombres plus menaçantes encore qui s'étirent d'un interminable sommeil. Quelle ironie, pas vrai ? Le médecin de la tête, fou lui-même de ne savoir comment se tranquilliser. Le voit-Il seulement ? Sans aucun doute. Mais Il n'en dit. Et elle L'estime beaucoup pour cela.
« - Bien entendu, vous avez raison, comme toujours. Alors réjouissons-nous de ces quelques heures clandestines où nous pouvons nous aimer sans contrainte.
Et Milady se sent femme chanceuse de s'alanguir entre les paluches robustes de Monsieur. Toute petite, néanmoins. Sujette à courber l'échine juste pour Ses beaux yeux d'homme puissant. Car il est plaisant d'échanger un peu les rôles pour revêtir les pourtours d'une malheureuse soubrette, loin de son rang, de sa profession et du nom qu'elle se trimballe.
- Je suis sûre qu'il comprendra. Tout le monde sait que vous êtes intransigeant. Mais le meilleur dans votre domaine, qu'elle achève sur une note équivoque et flatteuse.
Sûr que Milady n'a point de ressemblance avec Aileen. Mais n'est-ce pas ce qu'elle quête, finalement ? Dans un élan de béatitude toute pimpante, voilà qu'elle s'empresse d'extirper les dits aliments de leur berceau. Monsieur se meurt de faim, et elle se doit de Lui satisfaire le moindre trémolo d'envie. En bonne ménagère elle revêt l'accoutrement adéquat, le nouant fermement autour de sa taille, non sans offrir à son partenaire de jeu la lueur d'une œillade licencieuse.
- Grincheux, c'est le moins que l'on puisse dire, qu'elle plaisante, légumes et saumon fumé. C'est parfait. Je m'en occupe de suite, Monsieur.
Soigneusement, Aileen s'affaire à dépiauter poireaux, carottes et navets après avoir farfouillé les quelques tiroirs de la cuisine. Dans son échine, le ronflement d'une casserole gorgée d'eau pulse les fragrances d'un bouillon, attendant de recevoir les légumes à étuver.
- Votre femme se plaît à me tourmenter. Je crois qui lui est agréable de se venger sur ma personne. Elle sait que vous vous détournez sur mon passage. On ne peut pas dire que vous ne soyez discret.
Un regard désapprobateur mais tout-à-fait charmant Lui est adressé, avant qu'elle ne s'abaisse un instant pour récupérer un ingrédient supplémentaire, offrant à Ses mirettes d'homme infidèle une vision céleste sur sa croupe.
- Un peu comme vous le faites présentement, qu'elle ajoute en Le gratifiant d'une grimace narquoise.
Les légumes plongés dans leur bain frémissant, c'est auprès du saumon qu'elle poursuit dès lors ses préparatifs.
- Alors, qu'avez-vous prévu pour nous ce weekend ? »
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Dernière édition par Aileen Davies le Mer 10 Mar 2021 - 13:30, édité 5 fois
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Derek Morrow
MESSAGES : 4058 BARGE DEPUIS : 14/01/2019 ROYAUME : Empire State of Mind.
Milady et Monsieur… Et si nous laissions se tromper nos âmes ? Si nous les laissions s’éprendre dans la broderie et veinure d’un mensonge ? Ces quelques jours passés ensemble, ils nous paraitront-ils moins amers et périlleux sur le chemin du retour ? Et si le myocarde s’y confond, en ce rêve… rêvera-t-il seulement encore ? J’en doute. Ici-bas tout n’est là que pour flétrir et puis se laisser mourir. L’éternité devient le psaume d’un hiver qui se prolonge et de saisons qui s’allongent sans raison. Une ombre inextirpable et son ouragan. Les pétales et les épines d’une rose. Les regards où s’ébrouent et se déferlent les âmes. Le brouillard à la suite des pas et l’éclair d’asphodèle qui en déchire les spectres. Des êtres qui se mettent à palpiter, s’essouffler et puis vivre. Des fenêtres qui s’ouvrent sur les prés prospères et qui avec hâte se referment sur le néant. Ce vide de noir typhon qui nous aspire et nous perd comme se tourne et girouette le compas dans le hurlement des vents. D’un septembre en larmes qui revient et que l’on oublie dans la grisaille d’un mois de novembre. Le gouffre d’un hiver hostile et froid que les jours comblent tantôt de fêtes et tantôt de pluie, les cœurs en croix à quelque part entre les deux. L’intérieur triste et saignant à en mourir, faignant les sourires pour camoufler un mort de rire tout aussi abstrait ; ce n’est pas ce que j’appelle Heureux… même pour Milady et Monsieur. Mais si nous laissions se tromper nos âmes ? Est-ce qu’un semblant de flambeau s’allumerait alors qu’Aileen et Derek s’en sont allés dans la noire étreinte de leurs tombeaux ?!
Il y a quelque chose de beau. Il y a quelque chose de triste. Alors que les apparats se fêlent d’un sinistre craquement et s’écroulent en la lueur orangée de cette fin de journée, révélant deux palpitants qui se veulent plus tendre et des crânes moins appesanties sur des cervicales comme dégourdies. Milady et Monsieur ne sont pas drapés par l’ombre mortelle d’Aileen et Derek. Je le réalise, comme Sa joie se distille en la mienne, nous persuadant une promesse qui je le sais plus tard me fera franchir le seuil d’un vertigineux précipice. Ce n’est pas la chute que je crains, mais l’immensité de son espace, le sourd de mes cris, les nuées de vide et ces violents souffles dispersés. L’armure de Monsieur ne sera pas là pour me cacher et la morsure promet d’être dantesque. Fatale. Seulement je n’en dis rien et n’en fera jamais rien. C’est Elle. C’est l’Autre. Nous. Eux. Ou pas du tout. Elle veut jouer alors jouons !
Le sourire grivois qui traîtreusement vient se cacher derrière la coupe de vin que Monsieur emmène à ses lippes, le gris lointain de l’Azur s’en allant épouser les célestes voûtes du séant adoré, gracieusement livré là à sa vue, comme pour rendre hommage à ce trouble abélien qui le tiraille plaisamment. Le frisson qui affleure les cervicales, l’échine et puis les reins, comme la remarque de Milady se fait entendre et que Monsieur de concupiscence en ravale sa gorgée de vin aux arômes fruités :
- Et malheureusement le mirage se veut toujours trop court et l’instant volage toujours trop rapide. Tel est le véritable flagrant délit, Milady alors qu’inlassablement je me détourne sur votre passage. Pour prévenir le courroux de ma femme, pensez à vous faire moins jolie et par-dessus tout aussi désirable !
Le défit en est d’autant plus impossible, puisque même affublée d’un sac à patates, le manque de Milady pour Monsieur reste impérieux et si facilement impressionnable. Si loin des réminiscences du passé désormais, les coudes de Monsieur viennent prendre appui sur la céramique du comptoir, les mirettes aussi profondes que deux puits sépulcraux irréversiblement accrochés sur la silhouette de nymphe qui s’évertue dans ses premières fonctions alors que l’émoi fallacieux se propage comme une traînée de poudre au plus profond de son être.
- Un pique-nique à la plage, une flânerie en hélicoptère, une petite virée au centre-ville… peut-être s’arrêter à ce petit bistro européen qui je le sais vous plait énormément, qu’il extrapole, Monsieur, l’abîme bleuté des mirettes prétendant à moult inattentions ou distractions, telle que cette bouteille de vin qu’il prend dans sa main et fait semblant d’en lire la description à son endos : et lorsque les excuses ne seront plus au rendez-vous, que les prétextes s’essouffleront comme ne nous empêcheront plus de nous claquemurer ; je vous ramènerai ici pour vous y séquestrer. Et je vous affligerai de toutes ces choses que je ne peux faire subir à ma femme. Même pas en rêve.
L’obscénité à peine tamisée est claquante, cinglante, à l’image d’un coup de fouet sur l’échine du supplicier. Un verset qui ne promet aucune finesse ou pudeur, ce week-end et Monsieur redresse l’échine avec lustre et superbe. L’entêtant mirage de la Fabuleuse louvoie à travers l’Azur et les ténèbres des pupilles. Et à tour de soir il s’en approche, se love et dissimule dans son ombre, déposant devant elle la coupe de vin qu’il lui a versé et laissant s’échapper se furtif mais diabolique :
- N’oubliez pas de vous enivrer, Milady.
C’est le gouffre qui roule sur ses lippes comme le sourire insidieusement se prolonge, pour de sa démarche de panthère venir rejoindre la porte coulissante s’ouvrant sur l’imprenable vue du jardin arrière.
- Il fait un temps magnifique. Ce serait criminel de ne pas en profiter. Je nous dresse une table à l'extérieur alors que vous finalisez en cuisine.
Et avant de s’éclipser dans la fourrée oxydée, Monsieur exige :
- Ne vous faites pas trop attendre.
Il a faim.
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
“High School Sweethearts.” & Elle s'oublie, Milady, juchée sur les vestiges de sa propre existence, équilibre précaire qu'elle s'efforce de maintenir pour ne point définitivement choir. Car la fin est proche. La Leur. Dans son délire névrotique de femme-fantasque, le glas ne cesse de gronder au loin, épée de Damoclès à laquelle on ne peut échapper malgré les nombreux stratagèmes. Mais il est plus confortable de jouer les idiotes et de se farder d'une candeur en tout point juvénile. C'est le myocarde, ce vieux bout de chiffon détrempé, qui s'anime d'une véhémence qu'elle pensait garrottée jusque là. Est-il possible qu'elle puisse éprouver l'ombre d'un sursaut, tandis que gangrène se plaît à noircir les alvéoles de part en part ? Visiblement. Et n'est-ce pas terrifiant, finalement, de subir ce tintamarre saugrenu qui ne trouve écho que dans les méandres d'une chimère fatiguée ? Certainement. Alors elle s'abandonne dans l'étreinte méphitique de Milady, dégueule les remous prosternés de ce mirage rocambolesque mais véridique. Un moment la thérapeute s'interroge, prête à plonger serres et griffes par delà le carcan de chair. Et taire cette sérénade irrationnelle qui, elle, s'égosille à s'en rompre les cordes vocales. C'est un peu d'autrefois qui s'éveille à nouveau, entre les parois étriquées de la caboche, sous le poitrail hermétique et dans l'abdomen. Un peu d'amour ? Quel drôle de mot ! Elle pourrait en rire, s'étrangler d'envisager une sottise pareille. Néanmoins, quelque chose se fracture derrière les simagrées ubuesques de leur jeu de dupe.
Quelque chose...
Et elle chasse ces bagatelles d'un hochement de tête déconfit. Menotte vacille sur le poignard, trace un chemin hasardeux sur la panse mollassonne du poisson. Dans son errance redoutable, Aileen ne prend pas garde à la trajectoire périlleuse de sa lame. Ce n'est qu'aux prémices de sa morsure qu'elle s'anime de nouveau, non sans grommeler entre ses chicots, le doigt à hauteur de ses prunelles éperdues. Sur l'immaculé, une goutte de carmin s'empresse alors de quitter sa couche. Et Aileen la contemple longuement après cela, sceptique, peut-être même perplexe. Serait-ce un peu de passion; arsenic vermeille, poison venimeux qui soufflerait un joug péremptoire jusque dans les moindres recoins de vie ? Elle papillonne des cils, semble remonter de son Enfer intérieur, l'ombre d'un rictus contraint au coin des lippes. Et de glisser la bulbe mutilée de son index entre elles pour en laper la liqueur. L'inclination, elle la mange, la digère, puis la rejette inexorablement.
Pourtant lorsque Monsieur s'immerge dans quelques rêveries délicieuses, Aileen ne peut que s'en délecter, silencieusement, le gosier serré d'une tumulte vorace. Sûr qu'elle se laisserait tenter par tout ce marivaudage insensé. Et de postiches en effusions grotesques, se vautrer dans l'océan glaireux de ces mensonges éhontés. Pourraient-Ils ne jamais plus être Eux-mêmes jusqu'à ce que l'écœurement ne s'en vienne les ébranler ? Non.
« - Quel programme tout à fait charmant, qu'elle s'esclaffe, une lueur de véracité ondoyant dans l'ouragan de ses deux billes égarées.
Il lui vole un hoquet d'émoi, un frisson dantesque, qui monte et redescend le long de son échine à plusieurs reprises, manège déridé que l'on ne pourrait plus museler, quand dans son ombre Il s'aventure. Inspirer lui est douloureux, tandis qu'elle sent l'air se faire rare entre ses bronches.
- Comment oublier...
Et de s'emparer du cristal, seulement pour s'anesthésier l'âme à grandes lampées d'ivresses. Fort heureusement, la solitude qui s'en vient après Son départ, lui permet de recouvrer la totalité de son esprit. Mieux vaut oublier ces fadaises, et surtout ne jamais se retourner sur elles.
Aileen s'affaire alors à façonner un dîner digne de ce nom. Et, très vite, les fragrances délicieuses des herbes et des épices se diffusent en chœur dans l'atmosphère. Fière sans nul doute, elle s'empresse de rejoindre son Amant de fortune, les mains chargées d'un plat encore fumant.
- Monsieur est servi, qu'elle badine, un large sourire sur son minois de femme dévouée.
Tandis qu'elle se charge de garnir Son écuelle, c'est d'une œillade faussement détachée qu'elle Lui demande, l'air de rien:
- Quelles sont-elles ? Vous savez, toutes ces choses, dont vous me parliez plus tôt. La route a été longue et je suis bien trop fatiguée pour y réfléchir.
Les mains désormais sur Ses épaules, à palper muscles et couenne, Aileen s'approche de son esgourde pour y souffler, un rictus équivoque sur sa trombine mutine:
- Voulez-vous bien éclairer ma lanterne, je vous prie, Monsieur ? »
Et de prendre place à son tour, afin d'ancrer un regard pernicieux dans le Sien.
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Dernière édition par Aileen Davies le Mer 10 Mar 2021 - 13:30, édité 3 fois
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Derek Morrow
MESSAGES : 4058 BARGE DEPUIS : 14/01/2019 ROYAUME : Empire State of Mind.
Tromper la sempiternelle douleur. Le mirage et la duperie de deux ombres maussades projetés vers l’Oblivion. Deux poussières d’existence qui se mêlent et confondent dans l’éphémère. Une errance nécessaire qui les enlace un moment et qui les empêche de se perdre en chemin. Seulement les fronts déjà s’appesantissent, les cœurs déjà se noircissent et les échines doucement se ploient. La coupole profane si vite les fatigue et de son poids colossal peut risquer de les faire tomber de faiblesse. Le pied si vite bute et se blesse sur la cime de ces choses que l’on voudrait dissimuler six pieds sous terre et qui pour mal faire remontent à la surface. Alors les pas s’hasardent et les carcasses frémissantes se meuvent telle l’indolence de ces heures ivres que l’on contemple comme l’on observe un médaillon lunaire à travers les carreaux d’une lucarne ou le jaune flétri et souffrant d’un soleil couchant alité sur la mer. Une vision aussi belle que cruelle. Une contemplation aussi sereine qu’incroyablement despotique. La promesse d’un beau jour qui se meurt comme la nuit ramène à la vie ce qui dans l’ombre reluit. Ignominie et infamie d’un serment qui opale les fronts, palissent les lippes et d’un palpitant qui se glace en la vertigineuse cathédrale du poitrail. Le givre à peine claquemure et pourtant c’est la litanie des innombrables fissures qui de la carne à la fibre des os rampe et résonne. Un clairon sonné et qui me veut déjà dépravé en cet élan d’espérance vaine. Je ne peux plus m’en détourner et j’observe ce cœur déjà abîmé en le fleuve des désillusions avec tant de haine et de dégoût ! Regardes-le s’enticher de tout ce Laid et se lover en tout ce Beau, Aileen. C’est écœurant ! Vieux hurleur usé qui traîne le bagage de sa faiblesse avec la délicatesse d’un lourd attelage qui de manière si triste et désespérée lutte partout où il bute. Il ne s’en remettra pas. Je ne m’en relèverai pas. Je le sais. Elle le sait.
Alors Monsieur installe la fourche de l’hérétique autour du cou, en l’espoir barbare de ne jamais voir Derek sombrer de sommeil et s’immerger en les confins de ce rêve trompant la sempiternelle douleur. Il n’est pas très bienveillant ou empathique, ce fauve à l’œil empli de vice joyeux, de temps en temps effronté par la jetée d’huile que Milady se complait à déverser dans le rideau des flammes lorsque du coin l’œil il voit enfin apparaître la Fabuleuse. Éclisse de Perfection, en ce monde vicié d’Imperfection. L’odeur de la viande fumée, le parfum des épices et herbes, se frayant délicatement un chemin en l’air ambiant, trouvant bien rapidement l’allée des naseaux qui avec appétence se dilatent pour mieux humer les fragrances comme le plat copieux est servit à l’endroit où Monsieur s’est laisser asseoir quelques minutes plus tôt. Un coude appuyé sur le bras de son siège, l’index écrasé sur la tempe pulsante et la mâchoire soutenue par le pouce, il contemple la pitance avec une étrange lueur d’avidité dans le creux des diaphanes. Milady, une fois de plus, s’est surpassée pour ses plus nobles désirs et Monsieur en est perfidement séduit.
La palabre s’essouffle bien rapidement sur ses lippes courroucées d’un sourire équivoque, la voix de la Fabuleuse s’attardant sur des interrogations aussi légitimes qu’allumeuses de moires flagorneuses trifouillant les recoins les plus insalubres de l’âme. La lueur tentatrice fauche l’Azur d’une nuance vermeille, la décharge électrique s’éveillant sur les tendons des cervicales faisant s’hérisser le fin duvet de la nuque à la manière de ces lames prophétiques que l’on retire de sa prison de pierre et fait briller sous un rayon bien juché sur le métal rutilant. Le souffle de Miladay claque sur sa peau brûlante, l’esgourde recueillant l’insidieux murmure comme l’on étreint une petite mort légère et délicate, lui faisant doucement incliner la tête sur le côté, comme le frisson voltaïque s’éprend désormais de son échine fragilisé et bientôt vient s’échouer en le magma des reins. Les paumes et doigts de la Fabuleuse attendrissant ou raidissant les muscles qui déjà se vouent à naître et puis mourir sous l’assaut d’un joug à en devenir qui sans aucune pitié s’évertue à le déchirer pour mieux l’éviscérer elle. Pernicieux faucheur et fallacieux détrousseur. Voilà que le bourreau s’engoue du feu qu’elle allume en sa poitrine et qui d’un battement de cœur immolé attise le soupir voulant disparaître dans la salve de ses cris.
Et l’escalade électrique est dévastatrice sur la colonne vertébrale, une sorte d’enrichissement de l’être l’étourdissant de ces idylliques images félonnes de pudicité et décence. Au mirage de leurs corps enchevêtrés qui sur cette table même s’étreignent dans le stupre d’une gloire aussi déclamatoire que viscérale, c’est l’incurable fièvre qui le gagne et l’accable de ces chaleurs qui donnent soif ! Monsieur déglutit de travers, les immortelles blasphématrices baignées par les envoûtantes émeraudes qui se réajustent à sa vision périphérique comme le corps de nymphe de sa ténébreuse Andromaque s’appose sur le siège en face de lui. Glorieusement sur le déclin, Monsieur vient prendre appuie de ses avants bras sur la bordure de la table, sa caboche toujours étourdie encore légèrement inclinée sur le côté, il avance le poitrail de quelques légers centimètres et abdique un sirupeux :
- Vous éclairer alors que de mystère je peux me permettre de vous bercer ? Ma palabre ici peut souffler la révérence, mais elle peut également et d’un simple battement de paupières être effacée. Ne pensez-vous pas qu’il serait plus judicieux que je vous montre, toutes ces choses, au moment venu ?
Se lovant à l’orée du silence, Monsieur s’empare alors des ustensiles et de la soie affilée de son couteau tranche le saumon avec paresse et application, comme les tréfonds de son âme doucement dégoulinent à la déliquescence d’une bassesse tout simplement grandiose. Monsieur n’est pas le grandiloquent cliché de ses hommes de pouvoirs généralement hideux et grotesques qui invoquent le charme que lorsqu’une liasse de billets verts se présente sous les mirettes. Si la lueur matoise du démon de midi peut venir briller dans le creux de ses pupilles, Monsieur demeure implacable et serein dans le chœur de la décadence qui de l’intérieur le tiraille. En ce farceur de monde, il se love comme un piège et attend le moment précis où il pourra venir mordre la cheville qui nonchalamment là passait…
- Milady, votre saumon fumé est tout simplement exquis ! C’est un repas digne de ce nom et une fois de plus vous me surprenez. Agréablement. Délicieux prélude à ce qui nous attend pour le dessert. Dessert qui d’ailleurs pour votre plus grand plaisir ne nécessitera d’aucun couvert, mais qui cependant vous privera de l’un de vos sens…
Bien que Monsieur se perd doucement dans l’immense démesure, c’est un sourire taquin qui doucement et sans trouble se révèle à ses lippes imbibées des succulentes saveurs et bon vin qu’il se repait, affamé.
- N’ayez crainte. Je veillerai à ce que l'ouïe, le goût, l'odorat et le toucher vous désorientent tout comme vous arrachent de l’âme le moindre frisson d’apothéose. Voyez cela, Milady, comme un léger aperçu de ces innombrables choses dont je vous parlais tout à l’heure. Le voyage vous ayant exténuée, après nous avoir concocté un tel plat de résistance ; je peux bien m’occuper du reste.
En biais il regarde le noir silence qui règne autour et ajoute, extirpant son iphone de la poche de son jean :
- Me feriez-vous l’honneur, Milady, de bien vouloir choisir la playlist qui nous bercera tout du long de cet étourdissant tête à tête ?
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
Sujet: Re: wild heart. (AILEEN) Mar 9 Mar 2021 - 10:03
“High School Sweethearts.” & Et Les voilà l'un en face de l'autre; les deux prédateurs aux rictus enjôleurs, mais à l'appétit gargantuesque. S'Ils n'en disent rien, Ils ne peuvent nier l'impitoyable épée de Damoclès qui s'ébat au dessus de Leur couche. Lequel courbera finalement l'échine ? Là est tout l'intérêt de ce jeu de dupe. Qui sera suffisamment faible pour abandonner la partie, du moins son rôle ? Car tout ceci n'est qu'une vaine mise en scène, un subterfuge drapé de soie et de dentelle. Et farder, toujours plus, le frémissement équivoque du petit organe, chétif qui s'ébroue sous le poitrail. Qui pour dévorer l'Autre, les restes d'une liberté suzeraine ? Au jeu de l'amour; si l'un remporte le flambeau d'une toute-puissance, le second - en revanche - en devient le chien. Suprématie déguisée derrière quelques caresses impérieuses. Et de mots doux en flagellations extatiques, se meurt dans les veloutes de cette étreinte méphitique. Point d'amarrage alors pour le malheureux, l'opprimé qui ne sait que quémander un peu d'effroi malgré les ecchymoses. Un peu de douleur et d'horreur pour éprouver autre chose, loin de cette langueur éhontée, détestable, qu'il est impossible de réfuter. Alors assis de part et d'autre de l'autel, c'est une lutte silencieuse qu'Ils s'apprêtent à mener. Aileen le sait. C'est l'attraction tyrannique d'une confrontation inexorable. Une valse effrénée qui n'aurait pas véritablement de temps à suivre. Seulement un équilibre, précaire, à maintenir pour ne pas flancher enfin.
Au premier qui tombera amoureux, peut-être ?...
Sûr qu'elle se méfie de cette rencontre décisive. Craindrait-elle de ne point tenir la distance en fin de compte ? Probablement. Mais jamais elle ne l'avouerait. Et gonfle la fierté sous la mine conquise de Milady. Si elle opine à chaque requête de Monsieur, Aileen, elle, ne Lui rendrait pas la tâche plus facile pour autant. Pour cause, c'est dans le mutisme qu'elle se perd après cela. Soigneusement, les phalanges courent sur les couverts, déchiquètent les victuailles dans quelques tintements de porcelaine et d'argent. Un grondement de satisfaction trémule alors dans les tréfonds de son gosier. Dans tout cela, elle en aurait presque occulté son propre appétit. Faut dire que la route n'a pas été de courte durée. Plus encore, la journée n'a pas été de tout repos. Entre Leur altercation plus tôt, puis la planification quelques heures après de cette escapade, Aileen n'a pas eu une minute pour s'interroger. Comment sont-Ils arrivés ici, pourquoi ? Elle n'en a toujours pas la réponse. Cela étant, est-ce réellement important ?
Monsieur accueille son rôle avec une aisance troublante. Aileen en a le cœur au bord du billot. Néanmoins elle n'en montre rien, se fait violence pour lui offrir l'éclat d'un rictus tout-à-fait charmant. Vers où se rendent-Ils, l'un et l'autre, main dans la main comme deux enfants terribles ? L'Enfer. Là où grelottent les flammes prométhéennes de Leur rouge-passion.
« - Monsieur est taquin, qu'elle murmure.
Force est de constater qu'Ils ne peuvent s'éloigner trop longtemps. Aileen n'en est pas surprise. Dans le fond elle jubile de le découvrir avide, famélique. Parce que cela fait écho à l'agitation grondante qui lui broie également les viscères. Quelle promesse signifie tout ceci, si ce n'est celle d'une guerre sans merci ?
Derek, ne vois-tu pas le ravin vers lequel nous nous précipitons ? Et lorsque nous chuterons enfin, qu'adviendra-t-il de nous ?
- Maintenant je comprends mieux pourquoi j'ai toujours préféré le dessert au plat de résistance, qu'elle minaude, Milady, un brin de malice au coin de l'œil.
Mais sous la plastique impeccable se tord les rouages d'une appétence boulimique. Ciel, ce qu'elle ne donnerait pas pour s'allonger sur l'autel de Leurs pêchés, là, maintenant, sans même une quelconque prémisse. Le peut-elle ? Totalement. Seulement c'est avec la véhémence de tout un troupeau qu'elle se plante au sol, raide comme un treuil, juste pour ne pas y céder. Non, elle ne se coucherait pas la première. Non, elle ne Le supplierait pas d'apaiser ce brasier insensé.
- Voyons cela.
Et de s'emparer du petit appareil afin d'y pianoter quelques mots, avant que ne frissonne les premières notes de Glory Box de Portishead.
- Je crois que... celle-ci est de circonstance », qu'elle exhale d'un souffle frémissant.
Transportée, peut-être même transcendée, Milady quitte son trône. Se couvrant alors des ténèbres ambiants, se lovant par delà l'étreinte méphitique d'une Nyx spectaculaire, Aileen s'amourache de la mélopée lancinante. Tandis que les pourtours de sa silhouette paraissent ondoyer tels les flammes éternelles de la géhenne, une seule supplique demeure...
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Derek Morrow
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Sujet: Re: wild heart. (AILEEN) Ven 12 Mar 2021 - 10:42
Que cache ce silence, dis-moi, Aileen ? Quelle suprême folie peut-elle ainsi oser venir s’emparer de mes vœux les plus chers et insensés ? Ces souhaits bien gardés et secrets qui n’auront pour nuls doutes de mieux nous engloutir en les affres de ce mal sans pitié qui déjà nous alourdi pour mieux nous faire fléchir les échines et nous pulvériser l’encéphale alors ? Et si je te les avouais ou offrais, ces quelques trois mots, pour alléger la pénitence et l’abondance de cette tourmente incisive ; en serais-tu moins amère et consternée d’un effroi à glacer le sang ? En cet air où planent le doute et la grisaille d’une tempête à en devenir, resterai-tu là avec moi ou je véhiculerai avec moi le souvenir de ton dos tourné et l’ombre d’un adieu qu’on ne jugera même plus la peine de se prononcer ? Car voilà le seul et unique dénouement à cette folie tentaculaire, n’est-ce pas ? Nulle autre issue possible et me voilà claquemuré en la geôle de Sa lumière divine qui bien en évidence allume l’esprit assoiffé d’éternité, d’utopie et d’inaccessible. Vieux mausolée oublié dans l’écume des jours et les brumes du soir, la géométrie et mosaïque du cœur s’enflammant et se fermant comme les vitraux de ces églises oubliées dans un ère où croire en quelque chose est synonyme d’esprit faible. Et la promiscuité de ce néant vaste et noir nous parait beaucoup plus douce et rassurante. Pas vrai ? La morsure de la Solitude ayant à de trop nombreuses reprises déversées son poison et imprégnée le myocarde de sa sempiternelle torpeur. Et si à l’opposé de te les avouer ou offrir, ces quelques trois mots, je te défiais de m’aimer, Aileen ?
Le défit de ce combat en est d’autant plus terrible et charge les Azurs de Monsieur en deux matoises éclairs de flammes. Milday ne pouvait pas mieux dire ; voilà une musique de circonstance tout à fait bien vue et venue. Réminiscence de ces déesses d’autrefois, sublime Andromaque régnant en les velours nacrés de cette nuit éternelle, pâmée avec superbe en la broderie de cette valse crépusculaire et les tourbillons de l’hymne qu’elle leur chante. Cloitré vers le déclin de ses vicieuses pensées, sibyllin contemplateur toujours sur l’assise de leur autel sanctifié par le cramoisie d’un carnage qui vers l’ouest surchauffe et se presse vers leur salut, l’œil fauve et ensorcelé erre sur la silhouette, les parcelles de carnes dévoilées, de la poupée d’albâtre qui s’oublie et lascivement se perd en les ondes indolents de cette mélodieuse poésie. Dans la clarté astrale de ces poussières lunaires qui ici-bas retombent, Son mariage avec la Lune et la Nuit est une verve semblable à ces cierges froids qu’on allume et qui fait se mourir un peu d’obscurité dans l’immensité de la cathédrale. Le sait-Elle ? Le voit-Elle ? À combien de rois et déités elle pourrait être ou devenir nécessaire ? Depuis combien de temps, Aileen, es-tu en train de te calquer sur l’image ou mirage de ce vivant flambeau ?
♫ From this time, unchained We're all looking at a different picture Through this new frame of mind A thousand flowers could bloom Move over and give us some room ♪
Elle dérive à l’en rendre ivre, Monsieur résiste de peine et de misère, le myocarde scindé en deux entre l’agonie et la diode gaussant les veines d’une Ferveur dévorante, à mesure que le regard s’étiole et se perd sur les pétales de lueurs et les épines de Sa lumière. Songe à ce hier désormais lointain où pendant le déchainement de sa tourmente au Devil’s Tail, Elle se pâmait, dansait et offrait en pâture dans les bras d’un Autre. Un émoi fourbe tressaille alors sur le minois de Monsieur. Que les cœurs d’Aileen, Milday, Derek et Monsieur puissent, au moins en cet instant, s’accorder et ne point devenir au Malheur ce modèle de Souffrance qui les accable.
♫ Give me a reason to love you ♪
J’en égard et balaye au loin la surchauffe de notre carnage, laissant s’étioler nos nuances de guerre alors que je piétine notre autel ensanglanté, pour d’ordre et déjà préférer sanctifier les ruines de Son palais d’ivoire et de givre. S’honorant du rêve grivois, Monsieur prolonge l’obscurcissement sur la glace, de phalanges et bientôt de la dextre venant doucement effleurer et puis caresser les souples cervicales de Sa nuque, repoussant de l’autre côté d’une épaule les cascades d’ébènes. À tour de soir, il vient abolir la mégarde de Son ombre, embrasant et électrifiant les onyx… comme ma pesante et frémissante armature humaine se laisse dans Son ombre elle aussi se soulever des inanités sonores abolissant les contours de la réalité et engourdissant tout contre les flancs un palpitant abîmé d’ecchymoses. Et si je te les avouais ou offrais, ces quelques trois mots, pour alléger la pénitence et l’abondance de cette tourmente incisive ; en serais-tu moins amère et consternée d’un effroi à glacer le sang ?
L’ombre qui contourne et plane autour de la sybarite silhouette, deux corps comètes qui se tourne autour et patientent la commotion des astres ; la main dégringolant de la nuque jusqu’à l’épaule. Et bientôt le bras, le poignet et puis la dextre emmitouflée au creux de la paume, comme la jumelle vient dans la chute de Ses reins s’écraser, désormais devant Elle figé pour mieux me laisser sur Ses monticules de merveilles m’appesantir. Les souffles s'entremêlent, c’est respiration contre aspiration, l’Azur cherche l’Émeraude ; deux cygnes drapés de ténèbres nageant et dérivant sur les eaux du Styx. Accordes-moi cette valse vespérale, Aileen. Danses avec moi et parmi tout ces simulacres qui rieurs nous guettent et attendent.
Et si à l’opposé de t’en défier, je l’osais… t’aimer ? Une pensée qui se meurt, comme le visage de Monsieur plane et revient en les ondes de ce rêve retentissant.
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
Sujet: Re: wild heart. (AILEEN) Sam 22 Mai 2021 - 4:15
“High School Sweethearts.” &Milady se dissipe. Là, sous le ciel d'encre qui semble s'épaissir d'un courroux méphistophélique, Milady s'étiole inexorablement. Les notes lancinantes la poussent néanmoins à dissimuler la fracture, la faille délicate dont les commissures ne cessent de s'étendre en un sourire de mort. Ô comme elle sent poindre l'inévitable, le battement céleste qu'elle s'efforce pourtant de réfuter ! Un peu de trouble sous la carne grise, sous la viande faisandée. Et d'Amour déguisé, égaré par-delà le ramdam assourdissant d'un myocarde aux abois. La douleur est abjecte et se diffuse entre les alvéoles, comme la vague despotique d'un poison venimeux. Si elle se gonfle d'arrogance, sa superbe, elle, semble se dissoudre dans cette valse délétère. Aileen reprend alors possession de son corps de femme, le regard voilé d'une fatalité cuisante. Et la voit-Il, cette lueur évidente qui lui coupe finalement le sifflet ? Perçoit-Ill'abominable vérité derrière ce jeu de dupe ? Car dans sa vieille horloge toute pantelante se terre les prémices d'un émoi pernicieux, une danse divine, pour Lui, rien que pour Lui. Et la nausée lui monte aux lippes. Aigreur venue des profondeurs de son âme tourmentée. Le voile se lève, ça y est, il n'y a plus d'échappatoire à cette affliction. Nul ne peut échapper à la Bête noire qui, dans le carcan de chair et d'os, se plaît à rugir l'étendard de sa croix. Il est trop tard. C'est ici que s'arrête Leur chemin de Compostelle.
Dans Ses bras se meurt définitivement les pourtours de Milady. Point besoin de subterfuge à cette étreinte salvatrice. Et elle harponne Ses larges épaules pour ne pas choir, se hisse contre Sa silhouette d'homme puissant. Car elle n'est plus qu'une poupée de chiffon, n'est-ce pas, entre Ses mains, qu'une loque docile et malléable ? Derek, vois-tu mon cœur qui s'écartèle lorsque d'aventure tu poses tes mains sur moi ? Entends-tu ce bruit, cette mélopée lancinante qui ne s'égosille que pour toi ? Pourtant, elle aimerait le Lui dissimuler. Comme une fillette cacherait aux yeux de tous les fruits d'une trouvaille miraculeuse. Point de mensonge cela étant contre son impérieuse musculature, point de simulacre malgré Leur grandiloquente comédie. Cette fois, le point final s'amarre à Leur port. Mais que peut-il bien signifier ? La fin des temps ? La fin d'Eux ? Certainement pas le commencement d'une romance au sang rose. Il suffit qu'elle se plonge dans l'océan tortueux de Ses Mordorés pour le deviner. Ils n'ont rien à se promettre, rien à s'offrir si ce n'est ce néant turbulent, cette gueule béante toute prête à Les dévorer. Derek, que ferons-nous lorsque nous serons aux abords du précipice ? M'y jetteras-tu pour survivre ? T'y pousserais-je pour échapper enfin aux griffes de cette lutte perdue d'avance ? Ou bien s'enlaceront-Ils jusqu'à ce que ne vienne finalement Leur trépas ?
Car Ils ne peuvent aspirer qu'à cela.
Les mirettes plongées dans les Siennes, perdues, troublées par l'instant et ce qui Les assemble, Aileen ne peut contenir l'émotion vive qui s'en vient lui ravager l'âme. Et tandis que l'iode lui brûle la rétine, c'est un baiser salé qu'elle s'empresse de Lui offrir. A la fois déroutée et affamée de Le savoir contre sa poitrine de femme fragilisée. Peut-être un aveu, tacite, dans ce ballet de lèvres éperdues. Une résignation.