Shayane se promenait un peu après avoir été boire un verre avec son ami, plus qu'un ami même. Elle allait dans un mauvais chemin et mentait même à son mari... Ce soir, c'était l'excuse d'un anniversaire d'une collègue par exemple. Shay s'enfonçait et se trouvait un peu bête. Son estime personnelle diminuait. Ce qui la remontait c'était son pouvoir. Elle contrôlait les gens par la pensée et ce don lui redonnait beaucoup de confiance en elle et aussi de fierté. Ça rattrapait beaucoup de choses.

Au loin, elle apercevait un homme qui titubait. Il était seul étrange... S'il avait fait la fête avec des amis, ces derniers devaient être honteux de l'abandonner ainsi... Cela ne se faisait pas et il pouvait lui arriver n'importe quoi. Ou alors était-ce un clochard bourré et perdu, qui marche sans but. Il n'en avait pas l'allure pleine mais c'était à hésiter. Blackwood trouvait cela très triste et pitoyable en tout cas. Elle décidait de se rapprocher de l'individu.

A sa grande surprise, elle reconnaissait Derek, le frère de Hunter.  Shay le connaît depuis le lycée, elle est même sortie avec Hunter donc forcément que Derek n'était pas un étranger. Derek intriguait Shayane et encore maintenant. Elle en a peur car il a toujours été étrange et spécial... mais son vœux était de percer ce qui se cache derrière ce profil atypique. Là l'occasion était ratée mais elle n'allait pas le laisser tomber.

- Derek, c'est bien toi ? Criait-elle.

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Un tremblement de terre. Un séisme à petite échelle. Un éboulement de boue. La charpente qui est trop usée par les années de négligence et qui s’est écroulée sous mes pieds. Les quelques marches de bétons qui se sont effondrées lors de la mini catastrophe naturelle. AH ! ce que j’aimerais, ce que je serai prêts à donner, pour que ce soit le cas et non le fruit de ma maladresse légendaire. Trop ivre. Trop tête en l’air. Trop hilare. Trop lunaire. Trop planète. À ce point englué dans les affres de l’alcool, la gueule enfarinée de ouf, même plus capable de distinguer où le ciel et la terre se situent précisément, c’est complètement paumé dans mes repères et mon équilibre, que je ma carcasse groggy et ankylosée est allée passée le bonsoir à l’escalier dans lequel le sympathique et délicat videur m’a bazardé dedans avec le soin de ce bagagiste manant qui balance nos valises en soute. J’croyais avoir eu le temps de rattraper la rampe de ma main, je croyais même avoir eu le réflexe nécessaire pour comme un chat retomber sur mes pattes, mais il faut croire que ce n’est pas le cas et que c’est comme une merde que je suis allé me rétamer face la première contre le bitume froid d’une ruelle crade et lugubre.  La truffe éclatée telle une tomate trop mure, un arrière goût métallique inondant mon gosier, persuadé que j’ai non seulement perdu ma dignité, mais également une molaire à quelque part dans cette preste et honteuse dégringolade, c’est en traitant le videur de tous les noms d’animaux possibles (qu’ils viennent de la ferme ou pas), que je ponctue mes insultes d’un glorieux doigt du milieu bien dressé en l’air et beugle un ultime :

- Pourquoi il faut toujours que vous prouviez que vous en avez une belle grosse paire dans l’froc, hiiiiinnn ? Un peu de douceur et de délicatesse, c’est trop demandé, peut-être ?!

Espèce de plouc accouplé à une grosse brute épaisse ! Je méprise ces gorilles ! Je méprise ces gens de la pire espèce.

- Petite crapule.  Attends que je dégrise, tu feras moins le malin !

Oh. Que. Si.
L’orgueil chauffée à blanc, rentrer chez-moi pour lécher mes plaies et décuver un peu me semble être la seule issue possible à cette soirée complètement merdique. Et c’est en empruntant les gestes à cette réflexion, qu’avec la rapidité d’un papy intrépide et audacieux qui tente de poser les pieds sur le segway, que je me redresse sur mes guiboles flageolantes et clopine  jusque sur la ruelle. Juste là, il y a comme qui dirait un petit problème ; si je ne suis pas capable de proprement descendre un escalier sans me casser la figure dedans, pensez-vous vraiment que je suis dans la possibilité de rentrer chez-moi en un seul morceau ?

Tourbillonnant sur moi-même pour voir où je suis précisément, une voix plus ou moins familière rapidement se fraye un chemin jusqu’à mon conduit auditif et me force à faire volteface sur la source. Main braquée en visière au-dessus de mes mirettes huileuses et rougies, je dois plisser les yeux pour entrapercevoir la silhouette féminine qui comme un mirage se délie de l’obscurité crépusculaire :

- Le seul et l’unique… m’enfin… si on enlève dans l’équation le jumeau de frère ! Qui va là, dis-moi ?

La question à peine franchie sur la barrière de mes lippes, que je reconnais enfin ladite silhouette et m’exclame, grand sourire de gamin aux lippes :

- Shay ! OMG !  Ça fait des lunes et du temps qu’on s’est pas vus ! À vrai dire, je sais que tu m’évites, quand t’en as la chance. C’est sans rancune, j’sais que j’ai rien fais pour atténuer tes feels à mon égare. Allons, viens ici m’faire un câlin !

Bras grands ouverts, tout sourire et titubant vers la nouvelle arrivante. Ce que je viens enlacer toutefois n'est pas Shay, mais une boite aux lettres. L’état d’ébriété, j’vous jure, ça vous fuck une vision !

Derek était complètement saoule. Il avait vraiment un souci... Déjà depuis plus jeune disons que cet être était atypique et ne passait pas aux yeux de beaucoup de monde. Shayane l'avait jugé. Elle avait vraiment du mal avec lui, en grandissant la donne changeait. Elle savait qu'il fallait apprendre à connaitre les gens avant de les juger. Elle ne prenait donc pas ses jambes à son cou et elle tenterait de comprendre ce qui se passait. La brunette était plus apte et plus sage pour prendre du temps pour autrui et ne pas passer chemin. Avant elle n'aurait pas hésité. La bibliothécaire avait aimé très fort son frère Hunter et elle gardait un très bon lien avec lui à présent. Il représentait beaucoup. Shayane ne savait même pas ce que devenait le loufoque Derek mais elle essayerait de le découvrir. Il faisait peine à voir : sa dégaine, son langage aussi... Il avait l'air d'avoir vécu un malheur immense pour se rendre aussi bourré. Blackwood se sentait mal à l'aise mais elle tiendrait bon. La belle soupirait :

- Tu es bien unique malgré que tu as un jumeau Derek... Tu le sais bien. Pourquoi mais pourquoi ?? Elle se demandait rellement pourquoi elle le retrouvait ainsi dans la rue. Il devenait bizarrement comme ... attachant. Shay s'en voulait car Derek connaissait tout son cinéma pour l'éviter. Elle était épouvantable et lui semblait ne pas lui en tenir rigueur. Bon l'alcool parlait énormément. Elle se sentait bête mais très bête. Elle ne voulait pas de câlin avec lui mais l'aider sincèrement.

- Derek je suis désolée mais regarde ce soir je ne t'évite pas. Je viens même vers toi. Comme quoi y a que les imbéciles qui ne change pas. Laisse moi t'aider. Tu es complètement b.....

Il se mettait à enlacer une boite au lettres. Impossible de ne pas rire pour Shayane qui n'avait jamais vu cela. Il serait un ami, elle aurait fait une photo pour ressortir l'épisode en soirée pour l'afficher mais là elle ne le faisait par respect et parce qu'elle n'était pas son amie tout bonnement. Elle prenait ses bras et en plaçait un sur ses épaules.

- Bon je vais t'aider... qu'est-ce qui te prend ? Comment ça se fait que tu bois comme un trou comme ça en pleine semaine et sans rien fêter je suppose... Ils ne s'étaient pas vu depuis longtemps mais Shayane ne savait pas que c'était à ce point.

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Un Mississipi.
Deux Mississipi.
Trois Mississipi.
Ces anges qui passent et trépassent toujours.

Disloqué.
Bousillé.
Abîmé.
La joue fiévreuse toute plaquée contre le métal frais de la boîte aux lettres, je ferme les yeux et savoure ce contacte des plus rafraichissant. Et l’on me demande ce qui ne tourne pas rond chez-moi. Et l’on me demande pourquoi je suis comme ça.

Un Mississipi.
Deux Mississipi.
Trois Mississipi.
L’Enfer, c’est les Autres. Ces Autres et leur flamme. Ces Autres et leur oriflamme d’Obsidienne. Ces Autres et leur jugement dernier qui sur les landes oxydés de leur peur et crainte me traînent. Le métal frais de la boîte aux lettres me fait du bien. Rafraichi le feu de mes joues et glace dans la givre nacré toutes ces lueurs ténèbres qui comme des damnées se trémoussent. Et ça la faire rire, Shay ! Et je rigole avec elle… Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! C’est drôle. Tellement drôle !

Un Mississipi.
Deux Mississipi.
Trois Mississipi.
Le spleen, au fond, bien au fond, ça peut être amusant.

Un Mississipi.
Deux Mississipi.
Trois Mississipi.
Ces anges qui passent et trépassent toujours.

- Tu as raison. J’ai jugé trop vite. T’es là, Shay ! T’es bien là et tu t’es pas carapatée. Tout ce flafla d’idées et d’imbéciles qui changent pas… t’as raison !

Une parabole hoquetée dans l’embranchement d’un grand rire de gamin mesquin alors que de tout mon poids je me repose sur l’épaule de la jolie brune.

Un Mississipi.
Deux Mississipi.
Trois Mississipi.
C’est tout ce qu’il me faut, autrefois, pour voir mon monde s’écrouler et le sol s’ouvrir sous mes pieds. La chute est infinie, mais l’atterrissage fracassante et d’une violence inouïe.

Disloqué.
Bousillé.
Abîmé.
Le spleen, au fond, bien au fond, ça peut être amusant.
Surtout ivre.

Comme un marin intoxiqué qui chancelle sur le pont de son rafiot avec sa bouteille de rhum à la main, j’emboîte le pas à la jolie brune et essaie de suivre son rythme en resserrant mon bras autour d’elle. Mes lucarnes azurées se hissent doucement vers la voûte étoilée, laissant le médaillon lunaire nous baigner de sa pâle lumière alors qu’une moue chafouine creuse de fines fossettes à la commissure de mes lèvres.

- Tu te trompes, Shay ! Il y a toujours quelque chose à célébrer. Comme ce soir, tu l’sais pas, mais nous venons de souffler sur les premières bougies de ce gâteau d’anniversaire qui est là pour célébrer les premières secondes de notre enfin bonne entente ! Il était plus que temps, tu ne trouves pas ?

Mes deux billes d’un bleu javellisé se plantent dans ses puits chocolatés alors que je plante mon gros index sur ses lippes pour lui intimer le silence :

- Shhhh ! Ne dis rien. Je ne dis rien. Savoir pourquoi je suis comme ça ou pourquoi t’as toujours eu peur de moi, franchement, à ce stade, ça vaut que dalle ! Et ce qu’il faut se dire c’est attention on va tomber dans un nid de poule !

Me rendant compte de l’entourloupe, je pouffe de rire, libère ses lippes de mon index, pour venir pointer ledit nid de poule devant nous :

- Hahahahahaha ! HAHAHAHAHA ! C’est pas ça qu’il faut se dire, mais juste qu’il fallait que je le dise parce que sinon on allait se planter…

Mes sourcils se froissent.

- Tu saisis ?

Shayane observait cet être qui était complètement ivre et qui disait et faisait n'importe quoi. C'était hallucinant. Elle avait presque l'impression de rêver... L'homme baragouinait des bêtises. Il faisait un câlin à une boîte aux lettres. C'était hypnotisant. Shay bougeait à peine assez paralysée par ce tableau plutôt désolant et original à la fois... Finalement Derek n'avait pas tant changer. Il restait fort étrange. Il semblait, en plus de cela, malheureux. Pourquoi ? Blackwood n'avait que peu de news n'étant pas sa grande amie.
La bibliothécaire lui trouvait un côté attachant en plus de cela. Il faisait un double effet, comme un kiss cool. Il la faisait même rire, rire mais pas pour se moquer, rire car il était marrant tout bêtement. Il remarquait, enfin il avait l'air, que Shay changeait et qu'elle ne se fichait pas de lui. Elle grandissait et là elle avait une seule envie : l'aider, le soutenir. Étrangement ... Hunter serait touché qu'elle fasse un geste pour lui. Le rigolo se posait sur l'épaule de Shayane qui ne disait rien. Elle ne voulait pas le brusquer ou l'offenser. Il étai extra dans son genre et extravagant. Il se tenait à la jeune femme pour suivre son pas et aller là où elle le mènerait. Elle voulait au moins le ramener chez lui et si impossible, il irait dormir à la maison mais Mat serait un peu étonné de le voir ici et ivre et le mari de Shay aussi.

- Pas bête mais du coup on aurait pu boire un coup ensemble, non ? Dommage que tu n'as pas partagé. Tu as tout pris pour toi. Shayane rentrait dans son jeu. Ouais tu as raison, laissons tomber … Attention oui. Elle riait avec, même sans trop comprendre, peu importe. C'était un instant rare et unique. Oui t'inquiète je saisis. Un homme se pointait devant Derek et Shay, un homme louche un peu sale et à l'allure de clochard. Il avait l'air en colère. Il en voulait à Derek mais pourquoi ? Il le regardait intensément. Il allait très vite entamer la conversation.

- Hey, tu troubles ma tranquillité. Cette rue m'appartient. Il lui montrait son camp de fortune. Tu fais chier... En plus, tu ne m'as pas ramené d'alcool. Tu as tout bu. Tu rigoles ou quoi ? Blackwood avait envie de rire car c'était un dialogue de saoules. Encore un truc à n'y rien comprendre. Fallait pas qu'il soit trop énervé car il pourrait faire des dégâts lui aussi. Il puait l'alcool aussi. Super !

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Shay. SHAY ! C’est une fille bien, Shay. Shay ? C’est quelqu’un de gentil. Môme, avec moi, elle n’était pas sympa… à tout dire, elle n’était pas grand-chose parce que toujours elle m’évitait comme l’on évite de l’eau de boudin et qu’on a jamais eu l’occasion de se parler. Mais Shay a grandit et devient une chic fille ! Elle devient quelque de bien qui veut se racheter et réparer des pots cassés. On fait tous des erreurs. L’erreur est humaine. Regardez-moi. J’suis bourrelé d’erreurs et j’suis un enfoiré d’être humain ! Mais SHAY !? Shay c’est une gentille fille et une maman extraordinaire. Son môme en a de la chance… Shay a de la chance d’avoir encore son môme sous on aile… Elle a aussi son mec. Elle réussit sa vie. Pour Shay..SHAYYYY ! la vie est belle et magnifique !

- Tu as raison, Shay ! Ces bouteilles, ensembles, l’on aurait pu se les siffler !

Je me claque le front d’un coup de paluche et me laisse retomber sur son épaule de tout mon poids.

- Il faut remédier à ça immédiatement ! Toi, moi, une bouteille de ce que tu veux et on jase de la pluie et le bon temps… pourquoi même faire un peu connaissance ?!

Je plisse les yeux et froisse le pif.

- T’as couché ou sinon tu couches encore avec mon frère, toi, hin ? J’sais repérer à des kilomètres à la ronde l’emprunte que laisse Hunter sur les femmes !

Hahahahahahahahaha !
Par chance, comme qui dirait sauvé par la cloche, Shay… SHAY ! n’aura jamais besoin de répondre à cette interrogation… parce que surgit de Diable sait d’où cette tronche d’étron sur deux pattes s’extirpe du vide ordure de son piteux logis et nous apostrophe d’un discours ma foi des plus vindicatif. Il se passe un court laps de temps où mes mirettes rougies d’ivresse jouent la navette entre le nouvel arrivant et ma bonne samaritaine, essayant de faire le trie de ces propos et cet odeur de houblon périmé qui nous inonde les pifs à chaque fois que ce clodo cracra ouvre la gueule pour chouiner.

- Il… il chlingue, hin ? Il empeste le fauve pas lavé depuis six mois, hin, Shay ?! Que je lui murmure à l’oreille alors que je reprends sur moi-même pour tenter de répondre à ce fouille merde :

- HEY, LE HOBIT PUANT ! Ici, c’est l’Amérique alors tu fermes ta gueule et tu nous laisses vivre dans un pays libre ! On tolère ton dépotoir de piaule dans nos ruelles ? Alors tu tolères les passants qui passent dedans ! Si t’es sympas, tu nous présentes la lignée de tes dents pourries et cariées d’un doux sourire… d’l’alcool, tu risques peut-être d’en voir la couleur, capiche ?

Et là ça fait tilte dans ma tête.
Le genre de révélation choc qui vraiment choque !
Yeux grands ouverts comme des balles, je regarde Shay.. SHAYY ! et lui explique :

- OH MON DIEU DE TA MÈRE ! Ce clochard, c’est pas n’importe quel clochard… c’est Robert… tu te souviens d’Robert ? S’était notre professeur de philo en seconde ! Il… c’est pas le gars qui a eu une aventure avec l’un de tes tantes ou cousines, Shay ?

Le clodo ivre et puant écoute avec grande attention ma petite révélation… ses mirettes de petit porc pas très frais allant d’instinct se braquer sur la magnifique brunette qui se tient à mes côtés.

- Blackwood ? C’est bien toi ?!

Qu’il lui demande, le puant…

Shayane aimerait le connaître d’avantage. Il semblait si différent d’avant et plein d’histoires à raconter. Elle était sûre qu’elle pouvait mieux le cerner et moins le catégoriser. Elle se sentait prête. Il en avait fallu du temps… Elle acquiesçait à ses dire. Cela aurait la bonne occasion. Il se collait à elle. Il avait un nouvel air : l’air attachant. C’était étrange comme ressenti.

- J’aimerai bien, dès que tu es prêt et sobre on fera ça. Je souhaite te connaître Derek, je m’en veux… M’enfin il n’est jamais trop tard. Elle lui faisait une simple caresse à l’épaule. La brunette riait. Tu as raté un sacré épisode toi. C’est vieux ton frangin et moi. Je suis mariée maintenant et je suis amie avec ton frère. Je ne suis plus du tout attirée par lui. Avant si, et c’était génial mais on grandit et la vie nous amène à d’autres horizons. Ton frère c’est un numéro… Je l’adore mais d’amitié. C’est clair qu’il en fait tomber des cœurs. Et toi tu as sûrement une chérie, non ? Elle ne connaissait pas son histoire et tentait, au risque de blesser car elle ne savait pas sa vie du tout.

Un clochard venait déranger les deux « acolytes ». Derek avait vraiment le mot pour l’énerver mais Shay marchait dans son jeu, avec envie de s’amuser aussi. Façon les deux perlaient discrètement à voix basse. Oui il sent vraiment mauvais… comme ci il vivait dans les égouts celui-là.

L’alcoolique répondait à cet homme dépourvu de logement, d’argent, de beaucoup plus sûrement. Et ce gars s’approchait en lui parlant. La crasse faisait qu'on ne le reconnaissait pas si facilement.

Tu ne sais pas toi ce que c’est de vivre dehors. Tu ne connais rien. Tu bois et tu vis dans une maison tranquille avec ta femme là. Vous êtes dans votre petit nuage heureux et ben moi je pue, je vis dans la merde… Alors la ferme et donne-moi à boire !!!!

La révélation !!!! C’était ce professeur de philo, plus ennuyeux qu’un rat mort… qui avait, en effet, eu une relation avec la jeune cousine de Shayane… et mince ! Il avait retourné la famille avec tout ça et Shay ne savait pas le voir. Cela l’avait mené loin dis donc s’il se retrouvait à la rue.

- C’est bien lui, c’est pas vrai ça. Si avec ma cousine… Oui c’est moi, Shayane. Tu fais quoi là sérieux et pourquoi tu ennuies mon ami ? Elle s'adressait à ce clochard, mais d'un air plus énervé. Va t-en et laisse nous tranquille.

Tu peux dire à ta cousine que je la respecte, que je l'ai aimé et que je suis malheureux sans elle. Tu peux... Et toi mec, pardon ! Je suis dépassé et je.. je te reconnais. Tu es Derek ? Que deviens-tu ? Tu étais si... Je ne comprends pas que tu te mettes à boire comme ça. Fonce dans la vie, ne te lamente pas, regarde y a pire que toi...

Shayane ne dirait rien à sa famille...

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Le regard lointain… ou plutôt le regard vitreux et surtout perdu dans le flou du houblon, je m’abreuve de ses paroles alors que côtes à côtes et bras-dessus/bras-dessous avec la belle Shay, nous déambulons sur le trottoir. Je hoche la tête à chacune de ses explications, accusant les tirs et encaissant les chocs. C’est la première fois qu’on prend le temps de se parler elle et moi. Voilà peut-être pourquoi est-ce que j’aborde la dégaine d’une grosse Bobblehead dodelinant du chef à chaque fois qu’elle m’explique ceci ou bien cela. Mon intérêt à son égard est bien réel… malgré le fait que je sois pompette et comme qui dirait à côté de mes pompes.  

Il est vrai que son amourette de jeunesse en compagnie de mon jumeau de frère date de perpette et qu’il y a de cela bien longtemps déjà qu’elle ne roucoule plus en ses bras. L’eau a coulé sous les ponts. La page est tournée. Le vent a sifflé dans les voiles. La voilà promise et mariée à un autre…

- MARIÉE !? que je ne peux m’empêcher de m’ébahir, les yeux ronds comme des balles et la mine pantoise. C’est une nouvelle que je viens d’apprendre et c’est une nouvelle qui m’émerveille ! Nom de nom ! Notre Shay’ nationale a fait le grand saut et je ne le savais pas avant ?!

- Depuis quand ? Qui est l’Heureux élu !? Surtout… pourquoi tu m’as pas invité à tes noces ?! J’aurais fait une dame d’honneur d’Enfer, tu sais ?! Et où vous avez passés votre lune de miel ? Je t’en prie, dis moi qu’il y avait un open-bar !?

Je fais du zèle, je m’en rends bien compte… mais que voulez-vous ? Mes pensées folâtres se rembrunissent d’un iota lorsque notre Shay’ nationale me demande des comptes sur mon propre ménage et mes ravages. Comment résumer cette chienne de vie qu’est la mienne ?

- Je... hum… pas marié. Non. Pas marié. M’enfin… fraîchement divorcé…

Et ce petit laïus sur mon histoire d’amour misérable ne s’achèvera jamais, puisqu’un clodo de la pire vermine nous tombe sur la gueule et décide qu’il serait bon pour lui de se passer les nerfs sur nous. Derrière les dents pourries/jaunies/cariées, sous l’épaisse couche de saleté qui lui donne des airs plutôt familiers avec l’Homme des Cavernes, j’entraperçois un petit quelque chose de non étranger et de plutôt connu. Le germe de ce soupçon prend racine en les marasmes fulminés de mon esprit ivre. Le doute n’est pas permis et je partage mes impressions à la séduisante brunette qui d’office et me sert de béquille humaine et de rempart au gouffre sépulcral que devient mon hilarité face aux inepties du clochard qui pue du bec ! Un rire gras et franchement peu flatteur pour nos amis les cochonnets explose dans la cathédrale de mon gosier, poussant le gloussement jusqu’à outrance lorsque gorge déployée et glotte bien exposée je ne peux m’empêcher de m’exclamer à l’attention de mon petit ange gardien :

- BAWAWAWAWAWA !!!!! T’entends ça, un peu, Shay’ ? Cette raclure de macadam pense que nous avons ensembles et dans le meilleur et pour le pire scellés nos vœux de mariage ! Il est fou, ton ex cousin par alliance ! Bawawawawawawawawa !!!!

Ne pas être de tout mon poids appuyé sur le corps séraphique de la brune, je m’en cognerais joyeusement la cuisse de mon poing et visiblement cette hasardeuse situation, il n’y a que moi que cela amuse. M’enfin… amusait. Disons que la tournure de ses propos commence sérieusement à me faire chier et je vois très bien que Shay’ s’agace et s’impatiente aussi.

C’est peut-être parce que je suis stupide.
C’est peut-être parce que je suis bourré.
C’est peut-être parce que je ne suis rien d’autre qu’un bonobo invétéré.
Ou c’est peut-être ces trois options à la fois…
N’empêche que vous me voyez venir, hum ? Gentleman, galant, vaillant, ma paluche de panda vient doucement se poser sur les hanches de ma future amie, l’obligeant à se glisser derrière moi alors que j’emboite le pas pour venir m’interposer entre le clodo et elle. Il nous cherche et il nous trouve, ce trouduc ! Même pas que je prends la peine de le prévenir, que je lui balance un coup de boule sur le 3e œil alors que d’un index accusateur je lui promets la raclée de sa vie !

- Écoutes moi bien, le hasbeen qui pue du respire ! Si jamais tu t’approches de Shay’, de sa cousine, ou de n’importe quel quidam faisant partie de son arbre généalogique, je t’assure que ce tas de merde en lequel tu patauges te paraitra comme un nid douillet comparé au traitement que je te réserve !

Un coup de savate entre les côtes plus tard, j’attrape la main de la brune et nous oblige à quitter le vide ordure de cette rue paumée… du moins, j’avais l’intention de nous faire quitter cette rue maudite… sauf que les gargouillis et grognement gutturaux qui vrombissent derrière-nous ne me glace non seulement le sang, mais me tétanise net dans ma déambulation…

Pour l’amour de la bière, mais qu’est-ce qui ce passe encore ?!

- Et ouais faut bien rentrer dans les cases. Elle se mettait à rire. C'était de l'humour. Je suis contente, j'ai trouvé chaussure à mon pied... même si dans sa tête, elle avait quelqu'un en tête, une personne qui hantait ses pensées... Elle fautait. Mais ça elle n'allait pas le dire. Personne ne savait. Derek était choqué d'apprendre que Blackwood n'était pas seule et surtout mariée. Il ne savait pas tout cela. C’était normal. Shay l'était aussi en entendant la grande nouvelle. Elle comprenait mieux le comportement du bel homme et elle était plus que désolée. La bibliothécaire était vraiment dégoûtée pour lui. Il était space mais ne méritait pas cela... Il devait être anéanti.

- Ça fait un bail. Je t'ai pas invité car tu n'étais pas mon ami disons … On a jamais eu d'attache et je ne voulais pas te saouler avec tout ça. Tu avais sûrement mieux à faire. La brunette riait aux éclats, découvrant l'humour décapant de Derek. Je n'en doute pas, je regrette vraiment. Elle ajoutait des détails.Oui oui, et y avait tout ça. Je suis maman d'un super ado, au top et très intelligent. Mat. Et toi papa ? Elle se sentait bête de poser des question en apprenant son récent divorce. Merde désolé... Il s'est passé quoi ? C'est ça qui te rend ainsi ? Je peux t'aider...

Les deux étaient ennuyés par un clochard, non méconnu au bataillon. Il était saoulant et lourd à la fin... Derek était là pour protéger Shayane et cela ne manquait pas de la toucher. Il était excellent au final. En plus il faisait beaucoup d'humour encore une fois. Un vrai bout en train ! Il était aussi très menaçant et n'hésitait pas à aller plus loin.

- Complètement cinglé ! Les deux se moquaient de cet homme et en rajoutaient des couches. Le clodo voyait rouge... Connard va ! Je ne parlerai pas comme ça si j'étais à ta place.  Barre toi et vite ! Il allait répliquer et lui en mettre une.

-Merci Derek, vient on se casse. Ne t'inquiète pas. Il va te pêter la gueule je le sens... Je ne suis pas rassurée ! Elle lui prenait le bras. Lui la main car il avait la même idée : se barrer ! Les deux étaient en accord. La belle s'adressait une dernière fois à cet être vile. Aller ciao mec... Laisse nous tranquille et partir et aussi ne reviens pas ! Tu as bien entendu ce que Derek t'a dit ! Et pareil si tu le cherches tu me trouveras moi et je ne suis pas si gentille que tu le penses ! Dans le laisse nous partir, elle exerçait secrètement son pouvoir de persuasion. Plus d'encombres ! Enfin presque...

- Tu entends ?!

Des grognements féroces se faisaient entendre. La jeune femme se retournait.

- Derek, barre toi en courant. Ne te retourne pas !!! Tu me croiras jamais... des lou....loups... nous suivent.

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Arf ! La tournure que prend notre discussion perd peu à peu de son charme. Ne vous y prenez pas. Heureux, je le suis. Du moins, je le suis pour Shayshay et toute cette belle vie qu’elle est en train de se bâtir. Seulement, lorsqu’on se concentre sur le revers de la médaille et en vient à passer au crible cette spirale infernale qu’est devenue ma vie ? Je ne sais pas pour vous, mais les choses se corsent. Comment lui faire comprendre. Comment lui expliquer que du jour au lendemain, nos étreintes ne sont plus les mêmes et semblent peu à peu perdre ses voluptueuses saveurs de miel ? Comment comprendre qu’à quelque part entre la naissance et l’éternité, nos cœurs ont tout simplement cessé de battre et de s’affoler à la simple idée de se savoir coincés l’un à l’autre ? Notre mariage est devenu quelque chose d’étouffant… d’emprisonnant. Sous les assauts des caresses, des baisers, un goût de sel s’imprégnait sur nos lippes et sur nos chairs, laissant périr nos frissons et laissant jaillir d’amers tressaillements. Comment expliquer qu’aimer éperdument, c’est aussi offrir à l’autre le pouvoir de nous anéantir et nous détruire ? Comment expliquer tout ça à une femme mariée et qui nage dans un parfait bonheur ? Dans ma cervelle baignant dans un flot d’alcool, j’avoue que j’ai de la misère à trouver réponses à ces questions.

Mes azurs se lèvent droit devant, fasciné par le spectacle que nous offre le crépuscule de ce soir et qui baigne le panorama des laiteux rayons de lune. Comme quoi, dans la plus sépulcrale des noirceurs, il peut y jaillir un éclat de lumière.

- Et si on parlait d’autre chose, hum ? Comme de comment s’est déroulé le mariage et tout ! Élever un ado, ça ne doit pas être de la tarte, n’est-ce pas ?

Cette diversion en gagne un autre et une partie de moi en vient à remercier l’ivrogne d’être atterrit aussi pile-poils dans le moment. Suivant la rixe et les folles découvertes, mes jointures n’en ressortent pas idem, secouant de bas en haut et de haut en bas pour calmer la douleur lancinante, le seul reflexe de survie qui nous tiraille est de prendre la poudre d’escampette et dans un synchronisme à la fois badass et sketchie la belle brune et moi essayons de se harper pour se carapater d’ici. Chose faite, Shayshay m’expose une théorie des plus farfelues !

- Un loup ?! DES LOUPS !? Tu te fiches de moi ? Y’a pas de ça à Reveal Down ! Dans le cas contraire, on le saurait ! que je grommelle, hilare, complètement pété et accomplissant des enjambées digne du plus invétéré des sprinters.

Toujours accroché à la jolie brune, je nous oblige à nous arrêter net, genre comme si nous avions fauché de plein un mur de briques imaginaires alors que borné d’imprudence je veux faire volteface sur les présumés sac à puce nous pourchassant…

Les lourds pas martelant le bitume tels les sabots d’un funèbre attelage et les silhouettes infernales qui se dessinent dans la pénombre ivoirine à eux seuls me convainc que Shayshay a raison et que rien de tout cela n’est du pipo. Horrifié, alarmé, jambes à mon cou, comme des lapins nous détalons !

- Putain de bordel de merde ! Des loups nous pourchassent ! On va finir en casse-croûte, Shay !

Dans la débandade, nous percutons et renversons une mêlée de fêtard déboulant de diable sait quel bar. Hilare, ivres, ils en ont cure, rattrapent leurs équilibres et veulent poursuivre leurs petites excursions.

- Non ! N’allez pas par là… une meute de loups ! Vous allez vous faire dégommer !

- N’importe quoi, gros lard ! Nous sommes à RD. Y’a pas de loups. Ça se saurait, si y’en avait ! que me siffle l’un des clowns, tout de rienàfoutre vêtu.

Mon instinct de survie a envie de les laisser foncer tête baissée dans la fosse aux lions. Est-ce que c’est mal ?

La conversation n’avait pas pu aboutir car il y avait une présence menaçante prêt des deux acolytes. Shay se trouvait bête en parlant de loups mais c’était à ça qu’ils ressemblaient et Derek ne manquait pas de se ficher de sa théorie, ce qui était tout à fait normal. Elle avait sorti cela si … naturellement et naïvement. Elle les avait pourtant bien vu. C'était incompréhensible mais depuis que la jeune femme avait déclaré un don et qu'elle avait découvert que les anges existait, un monde magique aussi, un autre monde... plus rien ne l'étonnait tant que ça. Bon pour le moment, elle était effrayée et paniquée...

- Cours, ne t'arrête jamais. Les deux heurtaient une bande de jeunes fêtard. Ils avaient bien picolé. Merde ! Non n'y allait pas. Les jeunes se fichaient net de Derek et de Shay. Les deux étaient dans la précipitation. Putain... vous allez mourir. Un des inconnu allait vers les loups mort de rire et justement un bête immense le dévorait. Il n'avait même pas eu le temps de parler, courir, hurler, rien... Ces loups étaient des gros féroces assoiffé de sang humain. Tous hurlaient c'était de la grosse folie. Derek on fait quoi ? On va pas pouvoir courir comme ça longtemps ? Puis ces jeunes... Certains tombaient au sol. Ne fais rien d'inconscient. Regarde une porte. C'est un bâtiment désaffecté, on tente ? On se cache ? On aura le temps ?

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Sobre, les idées et échappatoires fuseraient aux portes de ma conscience. Si vif d’esprit, j’ose même dire que les idées et échappatoires enfonceraient littéralement lesdites portes et plomberaient ma conscience d’étonnantes alternatives afin de nous sauver les miches. Pour l’Heure, alors que nous sommes accaparés à assister à un véritable carnage, le regard ivre d’horreur perdu à çà et là sur les lambeaux de chair et éclaboussures d’hémoglobine jonchant le pavé et les hauts murs de briques qui nous entourent, j’dois avouer que j’ai l’initiative d’un rat mort et la lucidité d’un poisson hors de l’eau. Baignée dans un instinct de survie des plus bienvenues, Shay me bombarde de question sommes toutes propices, mais je ne trouve rien de bon à répondre si ce n’est qu’un minable :

- J’EN SAIS RIEN !!!!!!!!!!

J’sais pas si on a le temps. J’sais pas si se cacher est la bonne solution. J’sais pas si tenter est ZHE bonne idée. Je sais que dalle. Que. Dalle. La peur, est une redoutable rouée sans cœur… un spectre à double face qui méprise tout bon sensé et de ses chaînes nous relie à une seule et unique fatalité : les abîmes. J’suis dans le noir total. Mais rester ici ou courir ne nous mènera nulle-part, si ce n’est qu’une mort certaine. J’suis trop jeune pour mourir dévoré vivant. Et Shay est trop canon pour l’être. À force de raisonnement, je me précipice sur la fameuse porte du bâtiment désaffecté, tente de l’enfoncer à coups d’épaule et de pied, mais cette saloperie de planche de bois est tenace et coriace.

- J’y arrive pas ! Elle doit être barricadée de l’autre côté !

Furax, j’assène un vain et inutile coup dessus et me recule de quelques pas pour avoir une vision plus ou moins claire des lieux.

- Là, une fenêtre ! Tu peux passer par-là pour m’ouvrir la porte.

Un regard par-dessus mon épaule.
Ce qu’il reste des fêtards, n’est que bouillie d’organes internes rougeoyantes et quelques soupires d’agonie. Les loups sont toujours accaparés à leur festin, ce qui nous donne du laisse. Empreint d’une conviction inespéré, je me précipite vers le mur de briques, m’y adosse, fléchis les rotules, place mes mains entrelacées sur l’une de mes cuisses en espérant que ivre je serais encore capable de lui faire la courte-échelle.

- Dépêches-toi. Montes !

Shayane était dans le même état que Derek donc elle comprenait sa réponse et son air perdu. Il était dans la panique en même temps il avait de quoi... un jeune venait d'être déchiqueté... La situation était extrême et très inquiétante. Auraient-ils le temps de s'échapper ? Allaient-ils mourir ce soir ? Shay ne pouvait même pas utiliser son don. Elle se sentait foutue. Elle essayait pourtant de trouver une idée, un endroit, une échappatoire.
La jeune femme avait trouvé un lieu désaffecté mais la porte était coincée. Quelle horreur !!!! C'était là le pire des scénarios. La brunette soufflait de mécontentement. Elle cherchait à l'ouvrir aussi mais impossible. Derek avait sûrement bien decuvé grâce enfin à cause de cette situation digne d'un film. Il paraissait clair d'esprit. Le pauvre donnait tout pour que cette porte cède mais rien. Il proposait à Blackwood de se hisser jusqu'à une fenêtre, d'entrer et ensuite d'ouvrir la porte qui devait être barricadée de l'autre côté.

- J'y vais. On dirait le jeu vidéo de Mat... Son gamin jouait à the last of us 2 et ce genre de scénari arrivait fréquemment. Elle ne regardait pas derrière elle car elle se doutait que seul elle et Derek demeurait être des survivants.

Shayane était enfin arrivée à la porte. Elle entendait beaucoup de bruits... beaucoup trop. Derek ça va ? Derek tient bon ! Elle enlevait tout ce qui bloquait et ouvrait la porte. Elle tirait son "ami" vers elle. Il était en sang. Elle s'inquiétait...

- Derek ça va ? Derek tu saignes beaucoup ! Elle se permettait de le laisser sur le côté. Il tenait encore debout c'était bon signe. La bibliothécaire remettait tout contre cette porte pour que personne n'entre.

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Coincés dans une telle gibelotte foireuse et sanguine, il y aurait de quoi dégriser direct et recouvrer la plus flamboyante des lucidités ! Ce qui est à peu près mon cas, du moins, à l’opposé de ivre, je me sens que pompette et un rien étourdi. Je dois user de la force de mes bras, pour parvenir à supporter le poids plume de la belle brune qui présentement me monte dessus comme un arbre. Le dos bien plaqué contre la brique, les pieds bien ancrés sur l’asphalte, aidé de ma bonne carrure, lui faire la courte-échelle n’est au final pas si pénible que cela. Je trouve même le temps, entre deux hoquets de dégrisement, de lui marmonner un joyeux :

- Tu parles de last of us 2 ?! PUTAIN QUE J’ADORE CE JEU !!!! Mat a du goût !

Cœurs dans les yeux, effusion de paillettes multi-couleur et une jolie ribambelle de licornes à la crinière arc-en-ciel pour imaginairement souligner l’admiration que je ressens maintenant pour son gosse. L’Heure n’étant pas au boniment, mue par l’urgence, Shay parvient enfin à passer au travers de la lucarne et franchement c’est moins une ! Moins une, parce qu’à la seconde près où sa belle paire de guiboles passe par-delà le châssis, je vois surgir dans mon regard périphérique un jeu des ombres à la fois sinistre et inquiétant. Proie acculée dos contre le mur, je n’ai le temps de ne rien faire, de ne rien beugler, car l’énorme et courtaude silhouette qui se profile lestement dans la nuit est déjà là figée devant moi. Haleine de houblon suspendu dans l’air humide de cette maléfique ruelle, je n’ose le moins geste ou le moindre son, mes azures floutées comme noyé dans les prunelles ambrées et fauves qui me guettent.

La Bête… ou le loup, (devrais-je dire,) retrousse vers moi sa gueule enduite d’écume et d’hémoglobine, laissant échapper de l’abysse bestial, la girouette de son hurlement qui jusqu’au firmament remonte. Le sang glacé dans mes veines, yeux exorbités d’horreur, je vois l’animal esquisser le pas funèbre, les griffes puissantes balafrant et écorchant l’asphalte derrière son sinistre sillage. Derrière moi, j’entends la voix de Shay et le brouhaha qui l’accompagne. Elle essaie de décoincer cette fichue porte…

- Dépêche. Dépêche. Dépêche ! Que je m’entends désespérément murmurer alors qu’il est déjà trop tard, car la bête est déjà sur moi et m’étale parterre comme une belle tartine de Nutella.

Mes paluches de gros panda enfoncés en ses flancs velus, alors que les griffes, acérées comme des lames de rasoir, traversent ma chair avec autant de facilité qu’un couteau dans une motte de beurre ! Encagé sous lui, et lui juché sur moi, à bouts de bras j’essaie de repousser le loup et surtout sa gueule gourmande qui réclame ma tronche pour cerise sur le cake de son festin de tout à l’Heure. Savoir que je crèverai dévoré vivant par une saloperie maléfique, j’aurais pas autant lutté pour ma survie en Afghanistan. Mourir au combat, c’est bien plus glorieux comme mort !

Une distraction. Un bruit. Quelque chose non loin de nous distrait l’animal qui furax redresse le museau pour voir et comprendre ce qui se trame. Shay ! Shay a enfin ouvert la foutue porte ! Cette seconde de distraction me donne une chance de m’en sortir. Ce que je fais à l’instant même, alors que ma main relâche le flanc, pour à tâtons parterre aller chercher et agripper la première arme improvisée que je trouve. Un bout de verre. Ce même bout de verre que tarde d’enfoncer entre les côtes de la bête qui en couinant me libère de son sarcophage et me donne cette opportunité de me relever et m’élancer vers l’embrasure de la porte !  

- Oh, God ! Oh, Gooooodddddd ! Bordel de merde de foutu God ! que je baragouine, m’échouant à bout de force en les bras de ma sauveuse qui ne tarde pas à me tirer dans notre planque de fortune et refermer cette porte infernale.

Porte infernale que notre chère Shay ne tarde à barricader avec tout ce qui lui tombe sous la main. En retrait, essoufflé, halluciné, j’ose à peine regarder l’étendu des dégâts, lorsqu’elle affirme que je suis couvert de sang :

- Ça va ! Ça va ! Ce sont des blessures superficielles ! Et toi, tu n’as rien ? que je m’enquiers, groggy de sursis et de frayeur.

Je laisse passer un ange.

- Ils vont bien finir par se lasser et aller réclamer leur dessert ailleurs. On peut rester ici, le temps que ça se calme dehors. Tiens, aides moi à pousser cette bibliothèque contre la porte. Nous ne sommes jamais trop prudents.

Dis-je, alors que je me traîne vers le meuble poussiéreux et déglingué.  

- Merci. T'aurais pu te barrer loin d'ici. Mais tu es restée. Merci Shay !

Shayane était rassurée pour son "ami" Derek allait bien. Ses blessures paraissaient impressionnantes mais ce n'était que superficiel apparement. Heureusement ... enfin l'alcool dans le sang devait aider à encaisser. Plus tard, il irait sûrement consulter car la mal n'allait pas tarder à faire son apparition. Les deux s'enfermaient. La brunette suivait l'avis du blessé. Elle aidait tant qu'elle pouvait et elle mettait toutes ses forces pour plaquer la bibliothèque contre la porte d'entrée

- Ah une bibliothèque ! Comme quoi, on trouve ça ennuyeux mais au final ça sauve. Elle était bibliothécaire. Elle était donc obligée de faire une remarque positive sur son élément. Tu n'as pas à me remercier. Et t'inquiète pas je suis intacte. Je suis d'accord avec toi restons ici attendons. On ne peut rien faire de plus de toutes façons. On risque d'y laisser notre vie... je n'y tiens pas. Je suis choquée. Tu as vu tous ces jeunes...C'est affreux ! Ça ne te choque pas toi de voir des bêtes, des loups ? C'est un peu étrange, non ? Blackwood, en attendant, tentait de savoir si Derek connaissait le monde de la magie. Elle voulait savoir s'il était choqué. Elle ne savait pas où il en était.

Les bêtes sauvages tapaient dans les portes. La jeune femme laissait échapper un cri. Ils semblaient encore bien attirés. Les portes bougeaient un peu. Ils avaient une force hors normes. Ils étaient dangereux et Shay se demandait si la porte allait tenir.

- Je te propose de visiter les lieux, de nous trouver une planque et d'attendre que ça passe. Ici on est trop exposés... tu en penses quoi ? Ils sont très féroces !

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Ah ! L’adrénaline. Elle se répand dans mes veines, sa dopamine inonde par de grandes houles le flux sanguin, les grisantes vagues faisant à remous céder les barrages et inondant mon système nerveux de son effet salvateur. Un miracle miraculeux, que je parvienne à tenir debout sur mes deux jambes ? Non. C’est une question de Peur. Une question de peur bleue, de me voir finir raide mort bouffé par une cette meute de chiens de l’Enfer. Les minutes passeront, le vacarme horrifiant, que nous pouvons entendre de l’autre côté du meuble et de la porte, finira par s’estomper… l’état de crise ne sera plus et cette précieuse adrénaline se décomposera et me plongera dans un état de fatigue absolu. C’est le même genre d’effet que je retrouve, lorsque j’ingurgite un RedBull après l’autre. Le coup de barre que je me prends dans le tournant est monumental ! Si nous sommes pour passer la nuit ici,  je dormirai comme un gros bébé. Je n’en suis pas inquiet.

En biais, je regarde la jolie brune, sourire caustique errant sur le coin gauche de ma sale gueule alors que je dodeline de la tête comme un bobble head grandeur nature.  

- Il y a des gens qui n’aiment pas les bibliothèques ? Tu m’étonnes ! Quoi de mieux qu’un endroit sombre, poussiéreux et aussi silencieux  qu’un congrès de moines tibétains, comme endroit ?

Il ne faut pas s’y m’éprendre, j’ai tous les livres de Nicholas Sparks dans ma petite boîte secrète que je cache sous mon lit et à l’abri de certaines personnes qui seraient susceptibles de se moquer de mon petit côté « eau de rose ». La vérité est que ces romans m’ont souvent sauvés la vie et de l’Ennui, pendant mes trop longs et périlleux déploiements en pays étrangers. Je suis un vrai rat de bibliothèque et j’adore lire ! J’ai pas l’air, mais je suis une vraie Madeleine. The Notebook Book, à tous les coups, je chiale…

- T’as raison. Ne restons pas ici. Ils doivent flairer notre odeur à des kilomètres à la ronde. Il y a peut-être une autre issue à quelque part.

Ce que je n’espère pas. J’ai pas envie de placarder et de condamner le moindre recoin de ce taudis ! Il faudrait bien un jour réussir par sortir delà ! Anticipant la longue nuit qui nous attend, à catimini nous nous immergeons dans la pénombre nauséabonde de ce lieu glauque et crade, extirpant de la poche arrière de mon jean, mon mobile et m’empressant d’activer la fonction « flash light ». C’est en balayant les noires et profondes ténèbres de mon blafard faisceau lumineux, que j’affirme, l’air mine de rien :    

- Après ce que nous avons vécus lors de ce week-end de barges dans les bois, disons que plus rien ne m’étonne de cette ville. Comment est-ce que gagner un concours à la noix, peut à ce point avoir dégénéré et nous donner l’impression de prendre part au casting de Wrong Turn ? Et comment que la femme de ce Garrett machin friqué a finie !

Un frisson dégringole sur mon échine et j’en grimace de dégoût.

Shayane écoutait Derek se moquer des bibliothèques.  Elle en avait l'habitude et arborait donc un sourire amusé, même si elle trouvait toujours bête ce type de remarque... Ces phrases étaient presque un refrain à une chanson désuète. L'image que les gens avait des sanctuaires à livres était moche, sombre et triste alors que pour la brunette c'était tel un Disneyland ! Elle s'éclatait. Elle s'enrichissant de connaissances. De plus, elle tentait des aventures pour finalement être déçue ou surprise ou heureuse. Cet endroit était la vie pour la jeune femme. C'était magique ! Elle ne répondrait donc pas et passait à autre chose.
Derek avait raison les loups devaient les flairer de loin et là ils devaient vouloir entrer et les bouffer, ne penser qu'à ça... Il fallait trouver une issue et fuir, fuir tellement vite, à ne plus avoir de souffle. Il fallait leur mettre une belle longueur d'avance sinon ils seraient bons à être mangés. Shayane, en même temps que l'homme étrange, allumait son flash de téléphone portable. Elle riait.

- Allons nous enfoncer dans ce lieu et trouvons une issue. Tu as raison ! On a besoin de partir... car ils nous auront sinon. Je sais pas si ils se lasseront de nous... je pense pas ils doivent apprécier notre résistance. On devrait changer d'odeur mais impossible.

Derek évoquait ce drôle de séjour gagné. Ce séjour désastreux ! C'était horrible... Il avait l'air traumatisé et normal... C'était de la pure folie. Garrett avait perdu sa femme de manière affreuse. C'était digne d'un film d'horreur. Shay en dormait encore mal. Elle repensait beaucoup à tout ça. L'homme avait raison encore une fois plus rien n'était étonnant après et de plus, Blackwood avait découvert un autre monde, un monde magique. Elle avait même un don, un pouvoir. Autant dire que le monde ne tournait plus rond et c'était de pire en pire. Les loups encore une belle nouveauté...

- J'avoue le monde tourne mal et sache que tu n'es pas au bout de tes surprises... Tu le découvriras. Ça me fait bizarre de repenser à ce séjour... On a vécu un drame. Perso, j'essaie de zapper même si c'est dur vraiment. Et maintenant des loups mangent tout ce qui est humain.... Regarde une porte.

La brunette ouvrait la porte. Elle donnait sur une pièce immense. Cet endroit devait servir d'entrepôt. Au bout, il devait bien y avoir une issue de secours. La belle prenait la main de Derek pour se magner. Elle en oubliait les blessures de Derek.  La rage de s'en sortir...

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Le regard perdu dans le flou, moue dégoutée se placardant d’une commissure à l’autre sur mes lippes, ce que j’entends est loin de passer en l’oreille d’un sourd et de biais je regarde la jolie brune. Le souvenir de ce concours bidon nous a tous profondément marqué. Même moi. J’suis dingue, mais pas psychopathe non plus. Personne ne peut rester insensible à une telle histoire. Stephen King en rougirait de jalousie et se pâmerai à nos pieds pour nous sortir et les vers du nez et nos témoignages. Nous tous, en cette ville, ferions d’excellentes muses. À notre plus grand dam.

- Qu’est-ce que tu sais que je ne sais pas, Shay ? Tu parles de ne pas être au bout de nos surprises. T’as découverts autre chose, dans cette énorme boîte à malice qu’est RevealDown ?

Parce que lui demandé cash si elle était au courant de l’existence du monde occulte, après ce que nous venons de vivre, ça semble bien trop cavalier.  Of course. Ne pas être scarifié de part en part, je me bafferai moi-même pour ma connerie !

- Ce que je ne pige pas. C’est qu’après tout ça, on trouve le cœur de se lever le matin et de sauter à pieds joints dans le traintrain quotidien. Comme si tout cela coulait sur le dos d’un canard. C’est quoi cette merde !? Des loups ! Putain ! Des fucking loups nous ont pris pour des amuse-gueules et qu’est-ce que je vais faire une fois sortis de ce petit problème ? Rien. M’affaler dans mon divan, à guetter le sommeil qui ne viendra pas, à surfer sur le net et une fois de plus me toucher la nouille devant une série quelconque. Demain je vais me lever de mauvais pied et de mauvais poil et j’irais servir des ailes de poulets au Devil’s Tail. C’est grotesque, tu ne trouves pas ? L’épisode de ce soir ? On va pas l’oublier, mais nous n’allons pas en reparler. C’est ça qui fait peur avec le monde occulte, Shay !

B’soir, je me présente ; monsieur optimisme. Que puis-je faire pour vous ?
Et Oh ! ouais… une porte… porte que j’ai à peine le temps d’éblouir de mon faisceau lumineux, qu’un lutin m’agrippe de sa petite menotte et m’oblige à accomplir un vertigineux vol plané jusqu’au milieu de la vaste et ample pièce vide et poussiéreuse. L’estomac en vrac, les plaies ouvertes et saignantes, je ravale un juron, ferme un instant les yeux et encaisse ce coup de savate.  

- Shay… Attends. J’vais y laisser un boyau. Si tu continues. Vas-y. Je te rattrape…

Ou pas. Parce qu’à plein ventre je m’affale parterre, 36 chandelles tournoyant autour de ma caboche carillonnée. Shit. Je crois que j’ai sous-estimé l’étendu et la gravité de mes petites griffures.

Shayane n'aurait pas dû parler ainsi. Elle en avait conscience mais elle tenait à ce que Derek comprenne que le monde était peuplé de gens avec des dons et que de plus, un autre royaume existait. Comment lui dire sans le heurter ? La situation était déjà bien inquiétante... ils n'allaient peut-être pas s'en sortir ce soir. Son regard se voulait grave.

- Tiens toi prêt... Ce n'est pas facile à dire et tu vas sûrement te dire que je suis folle mais Revealdown compte des gens dotés de dons. Même toi tu peux en attraper comme ça... Je ne sais pas comment. Tout ça nous connecte à un autre monde qui est totalement magique... euh... j'ai pu visiter ce monde. C'est Elvendyr, un sacré royaume. Demain tu pourras apprendre que Intel ou Intel possède un pouvoir. Elle marquait une pause. Ça peut paraître dingue mais c'est la vérité. Je viens de l'apprendre et franchement tout est réel. Tu verras bientôt ce monde tu vas aussi le connaitre à tes dépends.

Cela répondait au petit speech de son ami qui s'affolait complètement et perdait pied. De plus,  Derek se sentait mal. Il voulait s'arrêter. Il était blessé et ses dernières forces étaient utilisées... Il tombait dans les vapes. Shay le rattrapait et le déposait sur le sol. Elle n'avait rien pour s'occuper de lui. Elle ne savait plus quoi faire.

Soudain, elle aperçevait une pièce qui semblait plus l'écart. Elle se décidait à y traîner son camarade. Il n'était pas léger en poid mort. Mais elle avait la détermination qu'il fallait pour y arriver. Elle le sécurisait en le cachant derrière un amas de débris et osait s'aventurer seule pour confectionner des armes en attendant. De toutes manières, ils n'avaient pas le choix que d'attendre longtemps donc autant trouver des choses pour se battre et venir à bout de ces loups si besoin. La brunette était apeurée mais elle avait un courage immense. Elle commençait à ramasser des morceaux de bois et de métal coupé. Elle en prenait pleins avant de revenir dans la salle et s'amuser à confectionner des armes comme elle pouvait en assemblant le tout avec des morceaux de son gilet. Elle l'arrachait avec force et détermination.

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Je me réveille à l’écho des souvenirs qui rejaillit dans le silence. Derrière les lourdes paupières tombales, des images en flashs éclaboussent, polarisant la pénombre d’une nuance pourpre et éclatante. Comme si durant l’espace de quelques instants, un filtre d’un rouge sang s’était installé devant mon champ de vision. Ankylosé d’une trop longue immobilité, c’est la tête dans le cul, qu’enfin j’immerge des affres de l’inconscience et me recale à cette impossible réalité.

- Où… où sommes-nous ?! que j’interroge, la voix graveleuse, pâteuse, puisque le gosier extrêmement sèche et assoiffé.

De peine et de misère, je parviens à me redresser en m’accoudant sur les avant-bras. Entre les cloisons osseuses de ma boîte crânienne, une migraine carabinée sitôt joue et agglutine sa foudroyante torture. Mes diaphanes azurées et floutées glissant paresseusement sur le décor qui nous emmure, ne manquant pas de repérer les armes de fortunes qui bien sagement reposent tout près de la jolie brune.

- Damn ! C’est toi qui nous a concocté tout cet arsenal ?! Plutôt pas mal, pour une bibliothécaire ! Je… hum… je suis restée dans les vapes longtemps ?!

Elle n’aurait pas dû rester ici.
Elle aurait dû quitter cet endroit de malheur et sauver sa peau !

- Pourquoi tu n'es pas partie ? La chance se présentait enfin à toi.

Derek se réveillait tout doucement. Il était perdu. Il y avait de quoi… Shayane s’était affairée à faire quelques armes. Ce n’était pas évident mais elle avait besoin de se sentir rassurée, de protéger Derek et aussi de pouvoir se défendre. Elle pouvait aussi tenter son don sur les animaux, ces bêtes sauvages. Elle avait un gros doute sur le fait que cela marche mais c'était à tenter. Elle devrait se tenir face à eux et leur donner un ordre. Elle avait la persuasion en elle. Ce n'était pas à négliger... Le bel homme était impressionné par ce qu'avait fait la bibliothécaire en peu de temps et comme ça. Elle était contente de son action ! Il semblait craintif sur son propre état. Il devait drôlement souffrir... Il était bien courageux.

- Merci, tu vois j'en ai de la ressource et ça va tu m'as lâché quelques minutes ne t'inquiète pas. Tu dois souffrir... je peux faire quelque chose ? Je suis là si besoin. Tu as quand même été inconscient un petit moment. J'ai donc trouvé cette idée : faire des armes. Je me suis dis que ça peut aider. Elle réfléchit et savait déjà la réponse à la question de son "non-ami". Elle n'allait pas le laisser là. Elle avait du respect pour lui et elle le connaissait depuis longtemps. Pour Hunter, elle ne pouvait pas l'abandonner et de plus elle était humaine et elle avait un cœur. Jamais elle ne le laisserait là, prêt à mourir... Elle resterait avec lui coûte que coûte. Quelle question, on va s'en sortir ensemble. Je ne t'abandonne pas. Compte sur moi. J'ai une idée aussi mais elle est risquée pour moi et peut-être vouée à l'échec... Elle pensait à son don.

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Avec le recul, après ce que nous venons de traverser, j’en viens à me demander comment et pourquoi ça n’a jamais collé, entre la jolie brune et moi ? C’est une chic fille. Fidèle, loyale, honnête, courageuse et drôle, à ses heures. Le genre de compagnie que l’on peut apprécier dans n’importe quelle condition et circonstance. Les péripéties de cette nuit le prouvant. Non. Vraiment. Maintenant, je ne comprends pas. Ridicule de se dire qu’on se côtoie depuis autant d’années, mais qu’on n’a jamais pris le temps de véritablement se connaître. Il nous aura fallu une histoire de carnage et de séquestration, pour qu’on le prenne, ledit temps. Funny, isn't it ?

D’une sage oreille, toujours agréablement surpris par l’initiative de ma partenaire de crime, je l’écoute et opine machinalement du chef. Les azurs accaparés à zieuter l’étalage de l’arsenal qu’elle nous aura avec soin confectionné alors que peu à peu le nuage comateux planant dans mon esprit apaise ses affres.

- Ensemble. Nous allons tous les deux se sortir de là. Que je ne peux m’empêcher de faire écho, y trouvant un petit quelque chose de réconfortant… de rassurant alors que les lancinantes douleurs sur mon abdomen point ne s’éveille. Les blessures, ironiquement, semblant elles aussi vouloir bénéficier d’un petit moment de répits.

Sachant que le champ de patates n’est jamais bien loin et me réclame, je me redresse et m’assieds en tailleur. Les paluches tremblotantes et maladroites s’accaparant à agripper les pans de ma sombre veste, pour m’en extirper alors que derechef elles s’accaparent à saisir les quelques lambeaux de tissu ensanglanté qui me servent de t-shirt. Histoire que je ne me vide pas des quelques derniers litre de sang qu’il me reste dans les veines, je juge favorable de m’improviser ces bandages et pansements de fortune. Distrais, mais pas pour le moins intrigué, je lève les mirettes vers les soucieuses et songeuses qui m’observent :

- Risquée pour toi ? Vouée à l’échec ? Ma foi, heureusement que tu ne fais pas dans le marketing. Tu as une politique de vente drôlement bien défaitiste, ma chère, dis-je, empruntant les nuances de l’humour, pour masquer le doute et l’appréhension qui me tenaillent alors que je me momifie le tronc en les lanières de mon t-shirt réduit à néant. Je ne regarde pas l’étendu de mes dégâts, idée de pas perdre le peu lucidité qu’il me reste alors que les constats de notre situation actuelle s’alambiquent comme un redoutable effet domino.

Nous avons des armes. J’suis pas en état de me défendre. Je dois voir un médecin. Il est tard. Nous jouons au chat et à la souri avec des fucking loups. La jolie brune ci-présente est notre seule chance de se sortir vivant de tout ça. Elle a un plan d’attaque… qui peut risquer de mettre sa vie en péril. Wow ! Dire que c’est la faute à pas de chance, cela devient un doux euphémisme après tout ça !

Mais est-ce que nous avons d’autres choix ?

- Cette idée risquée et vouée à l’échec. Et si tu me l’exposais en m’aidant à me dépatouiller avec tous ces nœuds de bandages que je ne suis pas capable de fixer ?

Ouais, parce que ça doit faire un bon 5 minutes que j’essaie de boucler mes boucles, mais sans grand succès. Paluches de panda trop empotées et affaiblies.

Le bel homme répétait les dires de son « amie », se moquait-il ? Trouvait-il cela encourageant ? Elle ne savait pas mais elle restait combattive et prête à tout. Elle ne prenait pas mal les choses. Elle y croyait dur comme fer et tentait de convaincre le blessé. Elle avait une rage de gagner, de s’en sortir avec Derek. La bibliothécaire s’étonnait toute seule en devenant une sorte de leader. Shay n'était pas une personne de ce type. Elle était discrète plutôt mais là elle se surprenait. Elle avait ça en elle. Derek reprenait un peu ses esprits. Il semblait prêt aussi à s’en sortir bien que son état restait encore fébrile. La brunette riait même de ses dires. Incroyable de rire dans ce type de situation ! La belle adorait la clairvoyance de cet homme qu'elle avait pu ne pas considérer autrefois. Tout évoluait !

- Je suis d'accord, elle continuait de rire, ça fait vraiment peur comment je parle... Non, je vais y arriver ! Je vais le faire ! On va s'en sortir OUI on va s'en sortir. Derek Morrow la motivait bien.

- Tu n’es pas en état. C’est à moi de nous sauver. Elle était encouragée par Derek. Elle allait avouer son secret… Chose qu’elle ne partageait jamais. Oui oui bien sûr… Avant tout, elle s’occupait du bel homme. Elle l’aidait et lui racontait le tout en même temps. J’ai un don. Je peux convaincre n’importe qui de faire ce que je demande. C’est récent mais je commence à maitriser et à comprendre. Je peux tenter sur ces bêtes ? Je pense que ça peut le faire. C’est peut-être aussi des humains derrière ces loups. Je ne sais pas. Puis, je n’ai jamais tenté sur les animaux. Je me mets face à eux je les regarde dans les yeux et je dis mes ordres. Tu en penses quoi toi ? Je sais ça fait beaucoup à comprendre, et c’est des infos à digérer mais ça peut être notre sortie de secours. Tu vas bien ? Elle avait fini de faire ses bandages de fortune. Elle faisait cela avec délicatesse et attention, en jetant des coups d’œil à l’égard de Derek.

Ooh, broke as a bottle of wine.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Se retrousser les manches. Ne pas se déclarer vaincus. Se relever, malgré la chute. Parer un plan d’attaque et une offensive. Se sortir delà, ensemble et presque indemnes. Notre candeur et innocence a ce petit je-ne-sais -quoi qui se veut un véritable petit baume sur le cœur. S’encourager mutuellement, alors que l’adrénaline s’est depuis un moment carapaté, ça grise et électrise le système nerveux. C’est stimulant et franchement bienvenu. Et se marrer comme un pitre allège cette atmosphère sinistre et tendue comme la corde d’un string sur le point de se rompre.

Comme quoi, dans le pire, il y a toujours un quelque chose de bien à y gagner. Shayane en savoure l’expérience. Ici. Là. Maintenant. Tout de suite. Elle puise en des ressources et réserves insoupçonnées. Se découvre des nuances et couleurs qui sous mes yeux la redessinent. Habituellement taciturne, discrète, effacée, qui n’impose rien et opine du chef à tout. La voilà à la tête de notre opération suicidaire et emprunte d’un leadership plus que salutaire. Autrefois je l’étais, mais désormais je ne suis plus un gars d’initiative. Trop zinzin et instable. J’ai besoin que quelqu’un me tienne la main. Et la jolie brune le fait admirablement bien !

Docile, nécessiteux, souffreteux, surtout, je la laisse me panser et prête une judicieuse oreille sur ce qu’elle a échafaudé comme plan d’attaque. L’Azur abîmé perdu nulle part et partout à la fois, sentant un froid polaire dégringoler sur mon échine.

Une fois la surprise passée, au sujet du pouvoir magique, j’évalue les possibilités et considère les risques. Ils sont là. Attenants. Continus. Fourbes. Point tapies dans l’ombre. J’ai un doute. Je déglutis de travers.

- Simplement les regarder dans le blanc des yeux ? Tu peux le faire à bonne écart ou tu dois prendre le risque d’y abandonner ton joli minois au passage ? Tu peux persuader un esprit à la fois ou tu peux le faire en masse ?


Ça pèse très fort dans la balance. Un poids plume qui en son absence peut déséquilibrer les rameaux de l’air ! Si elle dit vrai, cela signifie qu’en s’attaquant à ces saloperies de bestioles, nous avons un risque sur deux de devenir des assassins. Et j’suis pas en état de me recoller sur le front une telle étiquette. Même si légitime défense s’impose.

Éclopé, l’air d’à moitié de l’homme que je suis, je me redresse sur les guiboles, prends appuies sur une paroi se retrouvant heureusement là et hoche doucement la tête à sa question. Ça va bien. Ça va aller mieux. À la traîne, je me traîne vers la porte de sortie.

- Je servirai d’appât. On les attire dans un guet-apens. L’effet de surprise peut peut-être les fragiliser et tu auras assez de secondes pour les mesmerize ? On prends le risque, Shay, mais il y a une chose que je te demande.

Et je suis sérieux. Très sérieux.

- Don't get caught in the crossfire. Si tu sens que ça va chier. Casses-toi !

Evidemment, cette histoire rapprochera les deux âmes qui ne savaient pas tant se voir avant ça. Shayane avait été jugeuse et mauvaise avec Derek. Elle découvrait là une autre personne et elle se sentait l'envie de l'aider, de tout faire pour qu'il s'en sorte. Elle s'attachait à cet homme qui n'était pas si "nul" que ça. Elle avait pu être si bête jeune... La brunette se livrait et répondait sans souci aux question du blessé.

- Ouais juste en les regardant. Je peux faire ce que je veux. Je peux plusieurs personnes à la fois. Tu vas me détester mais j’ai essayé sur Mat et mon mari en même temps. J’en ai un peu profité même… Normal ! Qui ne tenterait pas de faire faire son ménage aux autres.  Je n’ai jamais demandé des choses graves et mauvaises mais bon j’ai pu abuser parfois. Je peux même là maintenant te demander ce que je veux. Je dois parler face aux gens. Je n’ai pas peur je vais tenter de me mettre face à ces monstres et je vais hurler mes ordres. Je peux nous sauver. Je ne vais pas t’abandonner et je ne veux pas pourrir ici. On peut mourir alors je préfère mourir en tentant des choses qu’en attendant que ça se passe.

Il voulait être l'appât. Il utilisait ses forces pour se lever et aller vers la sortie. Il était fou. Elle seule pouvait servir d'appât et de solution aussi. Il n'avait pas à se mettre en danger. Il agissait tel un héro. Shay était très mal pour lui. Elle avait envie de pleurer. Elle avait si peur.... Elle donnerait tout pour sauver Derek et elle-même.

- Aller, je ne veux pas de ça. Je ne te cache pas que j’ai peur et que tu es malade ! Mais allons-y je vais faire vite et j’y crois dur comme fer. J’ai confiance en nous. Il avait une demande particulière à faire à Shay. Ne me demande pas la lune Morrow. Je vais nous sauver. Sinon j'improviserai mais je ne te laisserai pas dans la merde tu entends ? Non.