DEREK & JAIMIE

Shake The Disease Part.2

Jaimie Langford avait donné rendez-vous à Derek Morrow au sein du Starbucks Coffee pour neuf heures du matin. Serait-il présent ? La blondinette n'avait aucun doute sur ce point. La jeune femme avait installé un suivi avec son ami. Il était recensé parmi les usagers pris en charge par Langford. Derek se retrouvait hanté par de vieux démons. Cet ancien soldat subissait des traumatismes. Pour les noyer, il usait d'une bonne dose d'alcool et parfois d'autres substances. Il était question de s'anesthésier l'esprit. Ses mauvais souvenirs n'étaient pas à exclure car il s'agissait de lourdes problématiques que la plupart des citoyens de cette ville n'avaient jamais rencontré. Pour couronner le tout, le trentenaire venait de se découvrir un don. Il possédait une capacité : la radioactivité. Il ne maîtrisait rien. Il était dépassé. Pour l'aider, Jaimie lui proposait de gérer un souci à la fois. Tout d'abord, Derek devait discuter avec ses proches, ne pas hésiter à se livrer et à demander de l'aide. Il avait cité des amies. Il ne se sentait pas capable de tout révéler à sa famille. Pourtant, il pouvait le faire car personne n'était dupe. Ses proches se sentaient certainement exclus. Morrow devait se mettre à leur place afin de comprendre l'enjeu de ces possibles confidences : rétablir une confiance, permettre aux proches de se sentir utiles et les laisser s'investir un peu plus pour récréer du lien. Derek devait leur parler de toute façon. Son milieu professionnel ne lui convenait pas. Repenser à un nouveau plan de carrière lui serait plus favorable. Il ne se situait pas à sa place au sein de l'entreprise familiale. Cet environnement servait à aggraver son état. Alors, il fallait changer la donne et trouver de nouveaux projets, de nouvelles motivations pour avancer et balayer les tracas. En second lieu, Derek avait pour mission de tenir un cahier. Dedans, il devait répertorier ses écarts. Comme cela, il pourrait se rendre compte de ces derniers. Il noterait tout : l'alcool bu, les substances prises, heures et dates à l'appui. C'était dur comme exercice mais il était nécessaire. Le but était de diminuer ces consommations. Ses amies joueraient un vrai rôle dans tout cela. Enfin, Morrow pourrait s'intéresser à son pouvoir. Jaimie le soutenait. Son objectif représentait la rédemption de son ami. Elle désirait qu'il s'en sorte. Il allait bien trop loin dans ses excès et ce n'était pas bon pour lui. Il s'en rendait compte et cela représentait une très bonne chose. S'il avait besoin, il pouvait contacter Jai' à n'importe quel moment de la journée. Présentement, la jeune femme attendait Derek dans le café. Ce rendez-vous se voulait moins professionnel et plus amical même si la conseillère en insertion devait surveiller les progrès de son ami. Langford était bien à l'heure, elle avait même de l'avance, juste un peu. Elle en profitait pour regarder ses messages. Elle espérait bêtement que Sam revienne en arrière. Son fiancé l'avait quitté quelques jours plus tôt. La nouvelle était dure à avaler. Doucement, Jaimie replongerait dans ses travers. Pour le moment, elle survivait. Accompagner autrui l'aidait à tenir un peu plus longtemps... .

codage par LaxBilly.

Daddy Issues.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

♪ Don't you forget about me
Don't, don't, don't, don't
Don't you forget about me ♫

Palabre lointaine que je croirais entendre résonner depuis les confins lugubres d’un long et inextirpable tunnel. La rumeur, à l’image d’une lame aiguisée et saillante, parvient de peine et de mystère à venir crever ou éventrer l’épais voilage de paresse qui d’un linceul de fainéantise me couvre. Calé dans une position humainement impossible sur les plaids non défaits de mon lit, figure endormie toujours étampée dans l’oreiller, à l’aveugle je lève le bras, pour du plat de ma main venir faire taire la sonnerie de mon réveil matin. Quelle heure est-il ? Pourquoi j’ai programmé une alarme à pareille heure ?

Extirpé des affres d’une nuit infernale dont je m’en souviens presque, il me semble que je me suis couché il y a de cela une maigre poignée d’heures à peine et j’ai la matière grise trop en compote pour trouver le courage nécessaire pour affronter si tôt cette journée… qui égale à toutes les autres sera merdique. Mes fins et sombres sourcils peu à peu se tricotent bien serrés au-dessous de mon front plissé douteusement. À la lourdeur d’une stèle, enfin je daigne retirer ma figure de contre l’oreiller, m’accoudant sur le matelas pour venir contempler les périphéries de ma chambre comme si j’espérais qu’elle-même me fournisse des réponses ou indices.

Et ça me fauche la ponctualité à la célérité et brutalité d’une locomotive.
Jaimie. Starbucks. Mon cahier de bonne conduite.

- Shit ! Shit ! SHIT !

• • •

Frôlant la syncope à la bordure d’un trottoir qui déjà de si bon matin s’engorge d’un flux de badauds à l’air suffisant et pressés, cahier de mes déboires dans une main et clope que je m’empresse de consumer retenue entre les phalanges de l’autre, j’hasarde une désolante œillade sur le reflet que me renvoi la vitre de la porte ; chemise froissée, pas changé depuis la veille, l’ébène de la chevelure hérissé comme si je m’étais foutu l’index dans une prise électrique, yeux rougies d’un état d’ivresse qui ce matin me donne une sale gueule de bois, mirettes cernées et le visage aussi blême que le cul de la lune… Yup… on peut pas dire que je me sens frais et d’attaque pour ce rendez-vous. Mais j’ai promis alors c’est avec peu de dignité, mais beaucoup d’austérité que j’ouvre et traverse le seuil du café. Le pas trainant, l’échine paresseusement ployé, les larges épaules lourdement retombées comme si jamais deux enclumes à la place des mains, je traîne ma carcasse vers notre table et avec tout l’accablement de ce mal de bloc qui présentement me crible la cervelle vient m’asseoir face à mon amie :

- Bon matin. Ugh ! Je suis désolé du retard…

Je dépose mon cahier devant elle, optant pour la sincérité et transparence :

- Je ne me suis pas réveillé à temps. Je ne t’ai pas trop fait attendre, j’espère ?

DEREK & JAIMIE

Shake The Disease Part.2

Jaimie Langford attendait son ami. Derek Morrow n'était pas encore en retard. En effet, il lui restait quelques minutes avant d'affirmer cette donnée. Jai' avait un peu d'avance. Donc, la situation de Derek était défendable. La jeune femme se concentrait sur son téléphone. Elle demeurait toujours en attente de nouvelles de son ex-fiancé. Elle ne le considérait pas encore comme tel. Pourtant, il le fallait. Sam était parti. Il ne reviendrait pas. Langford n'acceptait pas cette rupture. Elle la vivait mal, très mal même. Elle tentait de tenir mais jusque quand ? La blondinette reprenait des anciennes et mauvaises habitudes comme la clope. Chaque seconde, elle devait penser à autre chose que cet abandon. Alors, il fallait ruser. Elle se sentait tellement pitoyable, vide. Pour l'instant, elle arrivait à être opérationnelle dans son travail. La belle luttait. Aider les autres la portait vers le haut. Tout doucement, elle commençait à s'éloigner de ce concept car elle déclinait. Elle commençait à penser autrement. Ses soucis personnels envahissaient tout doucement ses pensées et sa façon de voir les choses. Rien ne se voyait. Elle possédait cette chance. Bien évidemment, elle savait qu'elle ne tiendrait pas très longtemps sur ce mode survie. Il lui faudrait prendre une pause. Son travail l'occupait. Il s'agissait d'un élément positif. Or, pour accompagner les autres, il était important d'être bien dans sa tête. Jaimie se connaissait, elle ne pouvait pas trop tirer sur la corde. Elle ferait pire que mieux et elle devait le respect à ses usagers. Prendre une pause lui permettrait de peut-être régler ses propres problèmes.

Présentement, Derek Morrow se pointait, légéremment en retard. Jaimie s'intéressait de suite à lui. Elle souriait pour l'accueillir. Le trentenaire affichait une mine fatiguée, des traits bien tirés. Sa tenue était assez négligée. A le voir, on pouvait imaginer qu'il avait fait la fête toute la nuit. Il arborait la tête du gars qui ne se remettait pas de sa soirée. Était-ce le cas ? Derek avait le droit de s'amuser. Or, Jaimie connaissait ses soucis. Il rencontrait de réelles addictions. Il ne se situait pas à côté de la guérison. Le chemin serait long et tortueux. L'homme avait des obligations. Il devait tenir un cahier où il avait la mission de noter ses écarts. Le but était de s'en rendre compte et de les diminuer. L'entourage de Derek jouerait un rôle. Hello, j'te rassure tu es à l'heure et nous ne sommes pas au bureau donc ce n'est pas grave. La suite la faisait sourire de plus belle. Tu as organisé une petite fête et tu ne m'as pas invité ? Jaimie préférait user d'un peu d'humour afin de mettre Derek plus à l'aise. La jeune femme ne prenait pas tout de suite le cahier de son interlocuteur. Elle prenait son temps. Tu veux un café ? Si c'est le cas, je te le prends. Elle poursuivait. Parle-moi de toi. Comment vas-tu ? Langford avait hâte d'en savoir plus. Avait-il pris de bonnes résolutions ?

codage par LaxBilly.

Daddy Issues.

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Malgré l’accueil chaleureux et la bienveillance de son regard, je peux lire en les moires de ses diaphanes un certain spleen. Comme si certains songes et tractas venaient châtrer ou émousser son aplomb habituel. C’est discret et subtile. Mais c’est bel et bien là. Je fronce les sourcils, l’acier abîmé et cabossé de mes azurs toujours endormies bien plongés en ses noisettes alors qu’elle s’autorise quelques palabres humoristiques et joutes oisives.

Jaimie n’a pas tort. Nous ne sommes pas dans son bureau et cela aide beaucoup. C’est moins formel et plus familier. La voir ne pas immédiatement s’emparer du cahier de mes déboires m’allège la conscience et me fait me sentir moins… con. Un mioche, pour apprendre à marcher ; ne doit-il pas se casser une fois de temps en temps la figure ?

- Si se saouler la gueule en solitaire est pour toi la définition d’une belle et grande fête… la prochaine fois sans faute je penserai à t’inviter. Siffle-je, sourire goguenard haussant un coin de mes lippes, camouflant le malaise de ma rechute derrière les liesses de l’humour alors que confortablement bien assis sur la chaise je pends le temps de souffler un peu.

Curieux, intrigué, par son mal particulier que je ne parviens à déduire, comme un mioche avide de se bourrer le gosier de dessert, je livre mes boyaux sur table et espère qu’elle en fera de même une fois le fil de la discussion convergé :

- Merci de l’invitation. C’est aimable de ta part. Je prendrai bien un café !

J'opine du chef.

- Ça va. Le chemin de la rédemption est parfois un chemin de croix. Mais je fais de mon mieux. Comme tu pourras le voir dans mon carnet. J’envisage une rencontre avec ma mère, mon balafré de beau-père et mon frère pour leur annoncer mon deux semaines d’avis et mon départ.  

Avec ostentation, je me masse la mâchoire grugée par une sombre et fournie repousse de barbe, comme pour m’extirper le minois du brouillard grandiloquent en lequel j’erre.  

- Et toi ? Comment vas-tu ? Quoi de neuf ou de vieux depuis notre dernière rencontre ?

DEREK & JAIMIE

Shake The Disease Part.2

Jaimie Langford instaurait un climat plutôt serein. Elle ne reprenait pas son ami concernant pour son retard. Il n'était pas question de le braquer ou de lui donner l'envie de tourner les talons. Le choix de l'endroit était propice à l'installation de cette ambiance plus détendue. C'était plus agréable que de l'inviter au bureau, moins formel surtout. Puis, la blondinette avait également besoin de se changer les idées. Boire un café en extérieur représentait le meilleur plan. Présentement, en ce sens, Jaimie usait d'une dose d'humour. Elle effectuait une blague sur l'état physique de Derek Morrow. A le voir, il avait fait la fête toute la nuit. Ne pas prendre au sérieux les choses afin de les rendre moins... compliquées, voilà la technique de Langford ! Elle savait que son interlocuteur serait réceptif. La réponse de ce dernier se voulait plutôt honnête. Il ne dissimulait pas la vérité. Il avait pris une cuite dans son coin. La voie de la guérison se situait encore très loin, à des kilomètres de là. Jaimie n'en voulait pas à Derek. Il ne s'agissait pas de son rôle. Elle devait aider et accompagner son ami, le soutenir dans les épreuves qu'il pouvait traverser. Bien évidemment, elle lui offrait des conseils d'une professionnelle dans son domaine. Or, elle le visualisait comme son ami, pas comme un usager dans le besoin. Alors, elle lui proposait une aide un peu différente par rapport à ses habitudes.

C'est mieux d'être à deux que tout seul, non ? Au moins, tu auras une vraie raison de boire jusqu'à plus soif quand tu m'entendras te chanter des chansons.

Il fallait poursuivre la plaisanterie. Derek semblait si mal à l'aise. C'était à Jaimie de le rassurer. Bien évidemment, elle ne pouvait pas mettre de côté l'impair commis par le trentenaire. Alors, elle le soulignait d'une manière comique en le poussant à réfléchir. Il n'avait pas raison de se mettre aussi mal pour rien. Même s'il avait traversé de dures épreuves, il n'avait pas le droit de prendre son expérience pour une excuse le conduisant à faire n'importe quoi. Il était responsable et il fallait qu'il se reprenne totalement. Il se détruisait royalement la santé. Jaimie se sentait mal pour lui. Elle l'appréciait et elle pensait réellement qu'il méritait de meilleurs jours. La jeune femme se mettait à sa place. Il souffrait horriblement, cela durait... . Pour éviter la fin, donc la mort, il devait absolument se ressaisir. Il allait de plus en plus loin dans ses excès... . Jaimie espérait qu'il se calmait depuis leur dernier rendez-vous. Elle observerait cela par la suite grâce au petit cahier. Les commandes étaient passées. La convivialité s'installait malgré le thème de cette rencontre. Langford avançait quelques interrogations.

Oui je peux l'imaginer mais tu es capable d'arriver au bout de ce chemin. Ce n'était pas la pire épreuve qu'il avait vécu. La suite redonnait le sourire à Jai'. Je l'ouvrirai juste après. Je suis vraiment contente que tu as pris ces décisions. Ça t'est venu comment, dis-moi ? J'suis fière de toi Derek, tu progresses bien. Il était indispensable qu'il s'éloigne de l'affaire familiale pour régler ses soucis. Puis, Derek s'intéressait à Jaimie. Il était important de jouer le jeu et de lui rendre sa sincérité. Leur amitié leur permettait. Bof tu sais... fin' c'est pas trop l'sujet... elle regardait ailleurs. La blonde savait parler des autres, moins d'elle.

codage par LaxBilly.