I'm not going down on my knees.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

SUITE DE : hi, friend !

Le verdict retombe sur le bordel du bureau. Lourd. Terrassant. Déconcertant. Une enclume littéralement déchue des cieux. Un kilo de briques déchargé par amont et dont je n’en vois pas le sommet. Un boomerang qui revient en pleine poire. Une belle tartine de Nutella qui piteusement se rétame parterre. Le Karma qui d’un coup de savate drôlement bien placé sur le coin de la gueule nous revient et nous passe le bonjour !  Hâve, coi, sonné, estomaqué, (et autres synonymes), j’attrape la facture du bout des doigts, l’approche de mes mirettes et décrypte la colonne de chiffres.  

- Cinq mille dollars ?!
- Et quatre-vingt-dix-neuf cents…

Qu’il trouve nécessaire d’ajouter, l’air hautain et suffisant. T’as peur de quoi, ma chouette !? Qu’est-ce que tu veux que je branle, avec ce malheureux 99 cents que je t’aurais supposément extorqué de cette facture aussi faramineuse que frauduleuse ?!

- Cinq mille dollars  et quatre-vingt-dix-neuf cents. Pour l’installation d’une nouvelle lucarne, quelques chiures de peinture et la pose d’une ou deux tuiles ?! Et c’est ce que tu appelles un prix d’ami ?! Tu te fous de ma gueule, Stephen !?
- T’as un rabais sur les plaques de plâtre. Ce n’est pas rien.
- Grand bien me fasse ! J’ose même pas imaginer la gueule du montant, s’il n’avait pas été là, c’rabais ! Et il est fait en quoi, ce châssis, pour nous détrousser à ce point les poches ?!
- En bois de cèdre blanc. Réputé pour sa très bonne résistance au pourrissement. Il faut noter que le bois est un excellent régulateur de chaleur et d’humidité. Un isolant naturel. Facile d’entretient et tu peux le repeindre de la couleur que tu veux !

J’hallucine. Cette conversation n’est pas réelle. C’est dans ma tête. Il ne peut en être autrement. J’suis sous LSD. Un profond badtrip. Et for god's sake, nous sommes en Floride ! Son isolant naturel, il peut se l’enfoncer bien profond où je pense ! T’essaie de m’extorquer du fric, ma chouette et j’aime pas ça…

- Bullshit ! Cette fenêtre, je ne te la rembourse pas. Tu peux me facturer le temps de son installation, mais je ne paie pas pour ça ! T’as pris l’initiative sans m’en parler ; alors tu l’assumes jusqu’au bout !
- Derek…
- Ne me cherches pas, Stephen. Car sur ta page Facebook, ce soir, tu entendras parler de moi. Un entrepreneur qui veut se graisser les pattes sur le dos de ses clients ? Ce n’est jamais bien bon pour les affaires. Tu retires cette sapolerie d’attrape-nigaud de la facture. Je te paie. Et nos chemins se séparent ici.

- Non. Pitié. Pas ma page Faceboookkk !!!

Menacer de salir la réputation de quelqu’un sur la toile, hélas, dans l’ère où nous sommes, cela a toujours son petit effet. L’ironie de la chose ? Je frime. J’ignorais qu’il avait un profil facebook. Tout comme j’ignorai qu’il essayait véritablement de se faire l’argent sur mon dos. La fable de l'Arroseur arrosé, hin, ma chouette !?

- Paiement Interac ou argent comptant seuleme---

- Visa. Ce sera alors, dis-je, grand sourire de requin carnassier me lacérant les lippes.

Dans tes dents, petit trou du cul !

• • •

Réparer ses erreurs est toujours un long et laborieux chemin de croix. Lorsqu’on ajoute dans la balance que j’ai été à deux phalanges près de radier RevealDown de GoogleMap, on n’imagine même pas l’ampleur que peut prendre ce long et tortueux pèlerinage ! C’est torturé entre un mea culpa tout à fait redevable et une dignité cabossée, que j’ai traîné ma dégaine de panda jusqu’ici. Pas à l’aise. Pas dans mon élément. Pas du tout dans mon élément. Même…

- Euh. Raclement de gorge. Je viens voir Jaimie ?

J’ai la bonne adresse, au moins ?
Je l’ignore.
Et on ne va pas tarder à le savoir, ma chouette !

DEREK & JAIMIE

Shake The Disease

Vous avez rendez-vous Monsieur ? En l'absence de réponse, elle avançait : Premier bureau sur la droite.

Cette secrétaire représentait le premier rempart entre les usagers et les conseillers. Elle abandonnait bien rapidement sa place. Elle avait bien commencé son interrogatoire. Puis, elle avait lâché sa position. Pourtant, Derek était un homme. Physiquement, il en imposait. Qui était-il ? Que voulait-il ? Représentait-il vraiment un usager ? Avait-il rendez-vous ? La secrétaire ne possédait pas les bonnes informations. Elle lui indiquait le bureau de Jaimie Langford. Cette dernière rattrapait son retard. La petite brune squattait chez Cameron Ewart. Elle avait pris deux, trois jours pour souffler. La jeune femme accumulait les heures sup' donc elle pouvait bien se le permettre. Ses rendez-vous avaient été décalés par la secrétaire. Jaimie n'aimait pas agir ainsi car elle savait que les usagers qui venaient la voir, avaient besoin de son aide et de son soutien. Décaler un rendez-vous même deux jours plus tard pouvait en attrister certains même aggraver leur situation parfois. Alors, elle n'avait pas tardé à revenir au travail. Pourquoi ce repos ? Pour passer du temps avec Cam' mais surtout pour digérer la grosse dispute avec Samuel, son fiancé. Il savait pour son pouvoir et il l'avait traité de monstre. La jeune femme comprenait la réaction de son compagnon mais pas ses mots. L'aimait-il encore ? Saurait-il encore la regarder comme un être normal, comme la femme qu'il allait épouser ? Le mariage aurait-il encore lieu ? Sam ne validait pas la révélation tardive de sa chérie mais également, le contenu de celle-ci. Allaient-ils s'en sortir ?

Occupée à ranger ses dossiers dans le bon ordre, elle ne captait pas l'arrivée de Derek Morrow. Il lui fallait quelques secondes pour réaliser la présence de son ami. La dernière fois, il avait dévoilé son don : la radioactivité. A cause de sa colère, il avait failli radier Revealdown de la carte. Il s'était montré très agressif. Jaimie ne l'avait jamais vu ainsi. D'ailleurs, il s'en était carrément pris à elle, sans le vouloir bien-sûr. La brunette avait du assommer Derek grâce à son pouvoir. Elle pouvait le maîtriser assez facilement. Le blesser ne lui faisait pas plaisir. Or, pour préserver autrui, il avait fallu prendre les devants. Après cela, elle ne l'avait pas laissé tomber. Elle avait attendu qu'il la vire. Heureusement, il s'en sortait avec une grosse bosse. Que faisait-il là ? Allait-il remettre le couvert ? Jaimie l'observait. Un sourire apparaissait malgré elle sur son visage. Accueillante, comme toujours, elle ne savait pas faire autrement. Elle se concentrait sur lui.

Salut Derek, installe-toi, prends une chaise. Quel bon vent t'amène ici ?

codage par LaxBilly.

I'm not going down on my knees.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

La bonne nouvelle est que je ne suis pas au mauvais endroit. La secrétaire vient de me le confirmer. Et qu’est-ce que cette histoire de rendez-vous ? Il fallait prévoir un rendez-vous pour venir visiter son amie ? Je l’ignorais. Gérer un bar, ce n’est définitivement pas le même emploi du temps que de gérer un centre pour les âmes en perditions. Obviously.

Heureusement, que pour ma pomme, la réceptionniste passe outre et m’invite à prendre le chemin me guidant jusqu’au bureau de la petite brunette. Faisant le pied de grue sur le seuil, de mes azurs à la fois baignées de honte et de culpabilité, je contemple l’amont de dossiers et paperasse derrière lequel elle se terre et en viens à me dire que je tombe peut-être au bon endroit, mais visiblement au mauvais moment. Elle a l’air débordée et très accaparé par son labeur. À peine ai-je l’occasion de me dire qu’il serait peut-être mieux que je rebrousse chemin, que Jaimie me remarque et m’invite à rentrer. À côté de mes petits souliers, je déglutis de travers, emboîte le pas et viens à sa demande m’échouer sur une chaise.

Une poignée de secondes. Une salutaire poignées de secondes, pour faire le tri dans mes pensées et bien savoir comment répondre à sa question. Elle ne semble pas m’en vouloir, pour la dernière soirée. Ce qui devrait me rassurer et pourtant une drôle de sensation me chatouille l’intestin grêle. Distrais, je me masse le front de ma paluche de panda et hasarde :

- Des excuses. Voilà le bon vent qui m’amène. Je viens t’offrir mes excuses. Pour l’autre soir. J’ignore ce qu’il m’a pris.

Profond soupire. Paupières qui se ferment lourdement sur les lucarnes de l’âme.

- Si tu n’avais pas été là. Si tu ne m’avais pas assommé. J’ignore. Je ne sais pas…. Qui sait ce qui serait arrivé ?

Et c’est ce qui fait peur…

DEREK & JAIMIE

Shake The Disease

Jaimie Langford restait très surprise de voir Derek Morrow à son bureau. Quel bon vent l'amenait dans ces lieux ? La petite brune se posait la question et elle la posait à haute voix. Que voulait-il ? La jeune femme ne demeurait pas rassurée. La dernière fois, il avait failli pulvériser RevealDown et ses habitants dans l'oubli grâce à son don : la radioactivité. Sans le vouloir, il en avait effectué une démonstration. Menaçant, froid, dangereux, Derek n'inspirait rien de bon. Son vécu l'avait-il rendu aussi... monstrueux ? Jaimie était venue lui rendre visite pour discuter et l'aider si besoin. Morrow avait refusé son aide. Vexé, il l'avait presque trainé en dehors de la foule. Puis, une déferlante de violence s'était invitée. Langford avait préféré assommer le trentenaire afin de sauver le monde. Jaimie avait rapidement compris ce qui se tramait. Derek était-il étranger à tous ces phénomènes ? Impossible à dire. Pour sûr, il ne maitrisait rien. La brunette n'oublierait jamais ces retrouvailles. Le voilà présent devant elle... chaleureuse, Jaimie plaçait leur différend sur le côté. Il n'était pas question de perturber encore plus cet homme et ami. Jaimie appréciait Derek mais elle ne le comprenait plus. Le temps courait et ils s'éloignaient. Ses parents lui avaient appris des détails sur la vie du barman. Il vivait des sales épreuves. Or, il s'enfonçait. Il ne désirait pas s'en sortir. Comment l'aider et l'accompagner correctement ? Jaimie faisait cela chaque jour avec ses usagers mais aussi avec ses amis... et rarement, elle se posait la question. Le problème de Derek paraissait encore plus grave. Pourrait-elle le soutenir ? En était-elle capable ? Le voudrait-il ? Tout se bousculait dans sa tête. La jeune femme stoppait ses activités. Du travail l'attendait. Or, elle offrirait du temps à Derek. Il le méritait. Il s'était déplacé pour lui parler. Elle ne pouvait pas lui tourner le dos. Il fallait avancer. Derek s'installait comme proposé. Il évoquait des excuses. Jaimie était surprise. Il revenait de suite dans le vif du sujet et surtout, il culpabilisait. Il avait très mauvaise mine. Jaimie arrêtait de sourire. Elle se concentrait sur les dires de son interlocuteur. Apparemment, il était aussi reconnaissant. Il soulignait l'action de Jaimie qui avait permis de... sauver le monde. La brune s'appuyait sur son bureau. Elle faisait face à Derek, elle se trouvait près de lui.

Excuses acceptées, tu n'y étais pas obligé. Je ne t'en veux pas. Elle levait les yeux au ciel, légère pause pour reprendre en regardant Derek dans les yeux. Ça me rassure que tu ne savais pas ce que tu faisais. C'était la première fois alors ? Elle poursuivait. Désolé pour le coup... j'ai préféré arrêter les frais. Fallait-il continuer ? Jaimie osait. Euh... je pense que tu as reçu un pouvoir, quelque chose comme la radioactivité. Tu n'as jamais vécu des drôles de choses... des moments étranges voire surnaturels ? Langford se montrait empathique malgré tout. La jeune femme n'était pas rancunière.

codage par LaxBilly.

I'm not going down on my knees.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Maladroit, abêtis dans les affres de mes regrets, je manque de finesse et de délicatesse. Même pas un bonjour. Même pas que je m’enquiers de savoir comment elle va. Aucun commentaire sur comment il fait beau dehors. Même pas un germe de futiles et plates civilités. Sans gants blancs, en tournant les coins bien ronds, tant qu’à avoir les pieds dans les plats, aussi bien sauter à pieds joints dans le vif du sujet. Le contourner, l’attarder, l’aseptiser, ça ne changera en rien les faits. Crever l’abcès tout de suite et espérer peut-être sauver quelques lambeaux de notre amitié drôlement bien éprouvée ? Je l’espère. Je l’attends. Dans le cas contraire, je comprendrai et m’en irai.

Ses prunelles chocolatés qui fauchent l’acier des mes azurs, sentant le feu s’emparer de mes joues qui rosissent comme une pivoine alors que malgré l’envi de baisser les yeux, je soutiens son regard et entends ce qu’elle me dit. Il y a de cela quelques semaines, voire des mois, voire quelques années, j’aurais trouvé absurde notre sujet de conversation et aurais cherché par tous les moyens de l’occulter. Parce que ça ne fait aucun sens. Parce que c’est impossible. Parce que tout simplement cela n’existe pas ! La vérité ? C’est qu’après l’armée, après le décès de ma fille, après mon divorce ; plus rien ne fait de sens et mes plus horrifiants cauchemars semblent vouloir prendre forme.

La vérité ? C’est que contrairement au reste de la famille Davenport-Morrow, il y a cette part d’ombre qui me berce et doucement m’aliène. Ces ténèbres attenantes, latentes, qui se font violences et patiences. Qui n’attendent que le moment propice, pour m’avilir et m’envahir. Vilain petit canard. Le rebus d’une famille aimante et bonne. Le résidu, les reliquats, la copie conforme de mon père biologique. Cet homme que je n’ai pas connu, mais que je soupçonne en être le parfait reflet miroir.  Nell l’a remarqué. C’est peut-être pourquoi elle s’en est aussi allée ?! Le souvenir de son dos tourné, encore maintenant, il me hante et me galvanise.

Quelle inextirpable spirale infernale ! Je ne suis rien d’autre qu’une coquille vide, un navire qui est en train de prendre l’eau et qui lentement sombre vers les abîmes de l’océan. J’entraînerai vers la pénombre, quiconque me tendra la main et voudra m’aider. Jaimie, ce soir-là, en a payé les frais. Ironique de se dire que j’ai presque détruit le monde. Ironique de se penser que c’est ce petit brin de femme qui l’aura sauvé !

Elle accepte mes plus plates excuses. Et nous sommes assis là, tout bonnement, à potasser sur les conjonctures et la naissance de tortueuses confidences.

- Non. Ce n’était pas la première fois, que je finis par dévoiler, la voix graveuse d’authenticités et fragilisée par les éclisses de souvenirs qui cisaillent l’esprit : La première fois, s’était en Afghanistan, lorsqu’une poignée de mes hommes et moi étions chargés de missions de reconnaissance sur le terrain. Un jour, notre mission n’en n’était plus une ; nous étions de la chairs à canon… un peloton d’exécution. Certains vétérans pensent que s’était une embuscade… une série de meurtres commandités. Honnêtement, je n’ai jamais su…

Je ferme les yeux, inspire profondément, ravale mes larmes et la bile qui par goulées d’acide me remonte à la gorge.

- Il y avait ce jeune. Cooper. Il venait de s’enrôler et n’avait pas notre expérience du terrain. Quand les premières balles ont commencées à pleuvoir, il a cherché à fuir… a posé le pied sur une bombe artisanale et des projectiles l’ont atteint à l’abdomen. Il allait mourir. Tu comprends ? L’Ennemi nous encerclait. L’Ennemi allait s’emparer de lui, le maintenir en vie, pour servir de message et de monnaie d’échange aux USA. Le gouvernement n’aurait pas levé le simple petit doigt pour le sauver. Alors j’ai fait ce qu’il y avait à faire, Jaimie. Je n’avais pas le choix. Je n’avais pas le choix, tu comprends ?!

Mes mains tremblent, alors je les ramène contre mon torse, en croisant les bras et baisse lourdement la tête.

- Après ? C’est le blackout. Total. Ce que je sais ? C’est que si je suis ici, aujourd’hui, devant toi ? C’est pas à cause d’un foutu miracle ou d’un heureux hasard. Quelque chose est arrivée. J’ai fait quelque chose.

Moi… Radioactif ? Pourquoi pas. Ne suis-je pas en train de parler à une jeune fille qui contrôle les objets par la pensée ? N’ai-je pas et à plusieurs reprises, dernièrement, frôlé la mort et ce de manière complètement absurdes et impossibles ? Un rêve commun nous a cet automne conduits et livrés vers un rituel démoniaque et véritable bain de sang. Mon voisin était cannibale et a voulu se casser la croute sur moi et mon frère.  Des vampires ont embusqués le Devil’s Tail. Des loups nous ont pourchassés, Shay et moi, l’autre nuit. Ma psy qui est capable de lire l'avenir, bordel, ma psy a accidentellement tué quelqu’un et au moment de cacher le corps… celui-ci s’est comme par enchantement éveillé et évanouit dans la nuit. RevealDown est connecté à une autre dimension. Freydis, mon crush fugitif, s’avère être une habitante de ce royaume chelou !

Que je sois freaking radioactif ? Ouais, j’ose prétendre que ça fait du sens et explique certaines choses !

DEREK & JAIMIE

Shake The Disease

Parler. Était-ce une bonne idée de revenir sur les récents événements ? Faire pire que mieux ou mieux que pire ? Telle était la question ! Se replonger dans un mauvais souvenirs, était-ce la meilleure des idées ? Derek Morrow péterait-il de nouveau un câble ? La dernière fois, il n'avait pas pu développer certains éléments de son existence sans s'énerver ou se sentir vexé. Son don avait pris le dessus. Derek avait totalement changé d'expression de visage pour se confondre avec sa rage. Agressif, il avait failli détruire RevealDown et ses habitants. Qu'en serait-il aujourd'hui ? Jaimie Langford, très accueillante, resterait quand-même sur ses gardes. Tout pouvait dégénérer en quelques secondes. Derek semblait résoudre à se confier. Il osait se livrer. Il était venu de son plein gré. Il s'agissait d'un point positif. Il serait sûrement plus apte à se contrôler, à maîtriser ses envies de destruction. Il fallait croire en lui. Jaimie lui faisait confiance malgré tout. Il saurait se tenir, il n'était pas là pour réduire tout à néant. Son amie acceptait ses excuses. Devait-elle présenter les siennes ? La petite brune avait poussé le barman à bout. Elle était donc un peu fautive. Elle le savait. Pour le moment, elle le laissait parler. Il racontait qu'il avait déjà vécu des incidents étranges. La dernière fois, il avait évoqué son dernier déploiement et le décès de ses compagnons d'armes. Il s'en rendait responsable. Présentement, il reposait la question. Tout était lié à son engagement militaire. Les soucis étaient arrivés à cette époque. Morrow se montrait entier, profond et authentique. Jaimie se montrait empathique, à l'écoute et compatissante. Derek était très humain. Il n'avait rien à voir avec le monstre de l'autre fois. Le trentenaire était de retour, plus vrai que nature. Il déballait une anecdote avec un jeune Cooper. Derek l'avait tué pour le soulager de ses blessures. Le gamin allait crever, douloureusement. Derek lui avait évité les pires souffrances. Morrow représentait un être traumatisé. Son expérience miliaire l'avait affaibli et rendu soumis à l'horreur qu'il avait vécu. Comment l'aider ? Comment atténuer ses maux ? Sa souffrance était profonde et marquée en lui au fer rouge. Les blessures ne pouvaient pas s'effacer, elles étaient gravées dans sa mémoire et ses souvenirs. Depuis, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Il avançait tel un pantin, dirigé par une force inconnue. Ce jour, il commençait à se réveiller. C'était une bonne chose. Il demandait un soutien. Jaimie affichait de l'empathie, toujours. Elle tentait de se mettre à la place de son ami. Rien n'était simple.

Pense à ce que tu peux faire de mieux pour améliorer ton quotidien et celui des autres. Je ne sais pas si tes souvenirs et ton don ont un rapport mais ce qui est sûr, c'est que ton passé t'a marqué à tout jamais au point que tu lui es soumis. Concentre-toi sur l'avenir, ce don, et surtout sur toi. Tu dois avancer. Réparer ce que tu penses être tes erreurs en faisant le Bien autour de toi, tu comprends ? Langford tentait de raisonner son interlocuteur. Il était radioactif. Cette réalité n'était pas facile à accepter, aussi bien que le monde magique qui s'offrait à lui. Il devait se fixer sur le présent et avancer, pas à pas, sans se précipiter : juste marcher droit devant, surtout sans se retourner comme il avait l'habitude de le faire.

codage par LaxBilly.

I'm not going down on my knees.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Penser à ce que je pourrai faire de mieux. Pour améliorer mon quotidien et celui des autres. Le genre de belles et réconfortantes paroles que l’âme la plus fêlée désirera entendre, pour embaumer ses blessures et meurtrissures. La vérité est que je marche dans la poussière des morts depuis si longtemps, qu’au centre de cette sempiternelle spirale infernale, je n’y vois que des hideurs défigurées et oniriques.

La rédaction de Jaimie me surprend et me bouleverse au plus profond de l’être. Elle m’excuse du moindre blâme et m’exhausse du moindre lambeau de culpabilité. Une issue ? Une deuxième chance ? C’est possible ? Je l’ignore. Traverser ce cauchemar éveillé est devenue avec les années une redoutable promiscuité. Me noyer dans l’hémorragie des deuils, inépuisable torrent rougeoyant qui balaye l’intérieur de l’être par balafres assassines qui diabolisent absolument tout.

L’Azur rivé sur mes jointures meurtries par mes affres de l’autre soir, je déglutis de travers et ravale le soubresaut de chagrin qui semble altérer plusieurs piliers de la cathédrale de ma poitrine, affaissant le myocarde vers ces vapeurs de néant que si facilement je respire.

D’où elle puise cette force de caractère ? J’aimerais avoir sa manière de voir les choses. J’aimerais avoir sa candeur, sa sagesse et lucidité. Serait-elle mon fil rouge d’Ariane, au cœur enténébré de cette forêt de blessés et gueules cassées que je traverse ? Mélanger le deuil à la vie. Les sanglots aux rires. Serait-elle un petit bonheur, dans mon malheur ?

- J’ai besoin d’aide. Pour y parvenir, Jaimie.

J’ai l’air d’un môme qui apprend tout juste à marcher et esquisser ses premiers pas. J’ai encore besoin de m’accrocher à quelqu’un. De tenir la main de quelqu’un.

- Tu sembles mieux comprendre que moi ce qui ne tourne pas rond chez-moi. Je me souviens de ce que tu as fait. L’autre soir. Maîtriser un tel don… c’est aussi terrifiant que qu’impressionnant. Comment tu fais ? Comment tu l’as découvert ?

DEREK & JAIMIE

Shake The Disease

Derek Morrow réclamait l'aide de son amie. Il ne savait pas comment s'y prendre pour s'en sortir. Jaimie Langford prônait « la deuxième chance ». Selon elle, le barman pouvait expier ses fautes en faisant le Bien autour de lui. En effet, il fallait procéder par étapes. Tout d'abord, Jaimie lui proposait de penser à l'amélioration de son quotidien et de celui d'autrui. Comment agir ? Dans un premier temps, il devait stopper la boisson ou tous les autres psychotropes. Il était question d'être clean pour s'accepter en tant qu'individu à part entière. Les horribles souvenirs seraient peut-être moins pesants et moins présents. L'alcool n'arrangeait rien. Cette ingrédient transformait les pensées en monstres vivants et terrifiants. Derek devait tourner la page. Il était encore sur Terre et pas ses autres compagnons d'armes. Alors, il était impératif de se battre pour eux donc de continuer à exister. Il pouvait aussi, à son tour, tendre la main aux autres. Cela permettait de rendre son image plus propre et acceptable mais surtout d'accompagner les plus nécessiteux. Derek avait cela en lui. Jaimie en était persuadée. Il avait servi son pays. Il représentait un homme exemplaire malgré la sale image qu'il conservait de lui. Morrow avait un bon fond. Langford validait la demande de son ami.

Je suis là, ne t'inquiète pas. Petit à petit, tu vas remonter la pente. La jeune femme évoquait plus les soucis personnels de Derek que son don car pour maîtriser ce dernier, il devait forcément régler ses problèmes. Tout était lié. Jaimie le savait bien. Tout tourne rond chez toi, tu as juste une particularité en plus que tu dois accepter et apprendre à gérer aussi. Il possédait un pouvoir dangereux. Il pouvait causer de gros dégâts. Il l'avait remarqué l'autre soir. Le trentenaire évoquait la capacité de Jaimie. Il avait besoin de comprendre certaines choses pour pouvoir avancer. La blondinette lui devait la vérité. J'ai découvert ce pouvoir par hasard. J'ai appris à le comprendre avec une aide extérieure. Je me suis entraînée pour le maîtriser. Il s'agit de la télékinésie. Je ne suis pas au top mais je me défends quand-même bien. J'ai aussi merdé au début mais bon... faut l'accepter, rien n'est jamais parfait. J'pense, sans jugement, que tu dois faire un travail sur toi, tu comprends ? Ta façon de vivre, ces démons qui te hantent, tu dois avancer et tourner une page pour mieux avancer. Sans cela, ton don sera difficile à assumer. Tout joue, tes émotions influent sur tout le reste alors... je serai là pour t'aider mais il va falloir faire quelques concessions.

codage par LaxBilly.

I'm not going down on my knees.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Mon chemin de croix me promet d’être long. Le poids de mes incommensurables regrets ? Tout simplement lourd et insupportable à charrier sur mon dos déjà brisé et ployé à la révérence de mes affres. Vestiges, ruines et réminiscences d’une vie de misère… d’une existence de guerre… que j’expose sous le regard bienveillant d’une amie qui du début à la fin aura été là pour moi. Je ne suis pas seul. Qu’elle se tue à me dire, Jaimie…

Un souffle perdu qui virevolte aux quatre vents. Un écho planant sur les reliquats de l’Homme que j’ai une fois été et que je crains ne plus jamais retrouver. Et c’est pourtant les nerfs à vifs et le cœur en croix que je me suis confié à elle. Parce que je lui dois bien ça, après l’entretien et l’affront de l’autre nuit. Mordre la main aidante qui enfin s’offre à moi et espère m’extirper hors de ces eaux qui me noient ? En ai-je la force ou le courage de le faire ?! Une partie de moi l’espère, alors que l’autre…

La télékinésie. Elle a le don de télékinésie. Avec le temps, elle apprend à le maîtriser. Je hoche la tête, attentif à ce qu’elle me révèle alors que mes azurs jamais ne quittent ses reluisantes mordorées. Un triste sourire prenant soudain naissance sur la barrière de mes lippes, une angoissante pensée venant pour un court instant parasité mon esprit. J’suis freaking radioactif ! Comment j’suis sensé maîtriser ou contrôler ça, moi ?! Une montée de lait et c’est la ville qui y passe ! Une erreur de ma part, et c’est la version 2.0 d’Hiroshima ou Tchernobyl qui nous explosera à la gueule ! J’en veux pas de ce don à la con !

- Avancer et tourner la page. Pour le faire, Jaimie, je veux bien entendre ce que tu as à me proposer. En ce qui concerne les concessions. J’en ai déjà une en tête.

Résiliant, je viens m’accouder sur mes genoux et instaure un semblant d’intimité entre nous alors que sérieusement je lui murmure :

- Je ne veux pas apprendre à le contrôler, ce pouvoir, mais je veux qu’il sorte de mon système ! Il doit y avoir un antidote ou que sais-je conne ces conneries de dons magiques !? Putain… j’vais pas m’enterrer sous six pieds de couche de béton, dans l’espoir fou que mes satanées radiations ne mettent en danger personne !

DEREK & JAIMIE

Shake The Disease

Jaimie Langford était consciente que ses dires pouvaient heurter ou ne pas trouver un réel écho. Derek Morrow posait les bonnes questions, il interrogeait les propositions de son amie. Il présentait une capacité à vouloir s'en sortir. Sans cela, jamais il n'aurait osé frapper à la porte de Jaimie. Celle-ci évoquait l'idée de « deuxième chance ». Le barman avait tellement de choses à régler avant d'aller mieux. Ton passé te bloque. Tu as vécu des traumatismes que tu n'arrives pas à guérir, ni à oublier. Tu as voulu servir ton pays par je ne sais quelles motivations. En général, c'est pour sauver le peuple, par patriotisme non ? Repense à l'Homme que tu étais avant cela. Ton expérience t'a forgé. Tu ne peux pas tout te reprocher. Tu as fait du mieux que tu pouvais avec les armes que tu avais. Et si... Dieu ou autre chose a décidé de te sauver TOI, c'est pour une bonne raison et sûrement pas pour abimer ta santé. Selon moi, tu dois améliorer cet aspect en arrêtant de t'anesthésier. Tu comprends ? Il te faut affronter tes problèmes et ce que tu es devenu. Je pense que tu as des éléments à transmettre mais tu ne t'en rends pas compte. Tu pourrais faire tellement de choses de ta vie que te terrer derrière l'entreprise familiale même si c'est bien car cela te sociabilise. Il ne s'agissait pas du meilleur endroit pour lui. Il cuvait autant que les fidèles du Devil's Tail. Il côtoyait un public très dépravé et cela ne l'aidait pas. Il se cachait pour ne pas affronter la réalité. Faire des bonnes actions, ça aide. Te sevrer en est une. Tu vois ? Avancer par étape comme je le disais. Affronter le passé en évitant de t'endormir l'esprit, sans rendre tes démons plus réels que nature donc tourner la page. Tu es ce que tu es. Tu as fait du chemin et tu es là ! Jaimie voulait lui faire réaliser sa chance. Il ne la saisissait pas. Il se permettait même de se torturer gratuitement mais il tenait. Il y avait bien une bonne raison sinon il aurait mis fin à ses jours depuis bien longtemps. Une donnée l'autorisait à tenir. Il devait s'accrocher et changer. Il rendrait son temps, utile. Puis, le trentenaire se confiait. Il possédait une concession. Il ne voulait pas apprendre à contrôler son don. Cela viendrait par la suite. Il brûlait les étapes. Langford était présente pour le rappeler à l'ordre. Il se faisait tellement de mal. Il était impressionnant. Sa position actuelle prouvait qu'il souffrait. Il avait besoin de soutien. La blondinette lui servirait à cela. Un don c'est un plus même si on ne l'a pas choisi. Tu as quelque chose que les autres n'ont pas et ça te rend unique. Tu apprendras plus tard à t'en servir. Tes émotions sont liées à ce pouvoir alors il faut d'abord gérer un souci à la fois. D'abord, on doit s'occuper de toi. De la base, pas de ses ajouts, pensait-elle. Ne brûles pas les étapes. Tu te sens comment ? Prêt ? Jaimie espérait se faire comprendre.

codage par LaxBilly.

I'm not going down on my knees.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Elle a raison. C’est absurde et impossible pour moi de bosser au bar. Aussi bien me greffer par intraveineuse un baril de bière et goulûment sentir couler dans mes veines le houblon jusqu’à ce que mon foie explose et que ça finisse par me ressortir par les yeux ! Déjà qu’être barman au Devil’s, ça m’a toujours donné l’impression de ne pas être à ma place et me sentir à côté de mes pompes. Toujours au bord de la crise de nerf et de me bouquer un petit séjour chez les fous. Trop de monde. Trop de bruit. Trop de vie. Au départ, je voulais simplement rendre service et dépanner la famille. Les affaires n’allaient pas trop bien, nous manquions de mains d’œuvre et la popularité du Devil’s tombait en chute libre lorsque la saison morte se pointait le bout du nez. Ils avaient besoin d’un coup de main, d’un peu de tunes et d’un barman… expérimenté ou pas. Avec ma prime de vétéran, ma disponibilité, la famille Davenport-Morrow m’a recueillie au sein du business comme le messie. Tellement trop anesthésié et perdu dans le brouillard pharmaceutique dans lequel je planais depuis mon congé de l’hôpital ; l’offre m’a semblé être une bonne idée et au départ j’étais barman par intérim… eux supposés dégoter quelqu’un au courant de l’année. L’année s’achève, j’suis toujours là, à tous les soirs, derrière le zinc, à trinquer avec les pochards du coin et à finir ma nuit en cellule de dégrisement.

Oui. Vraiment. La petite blondinette a raison. Je dois quitter ce boulot. Parce que comme tous les pans de ma vie, celui-ci va finir m’a m’engloutir et m’avilir…

- Tu ne penses quand-même pas que je devrais aller à foyer de réhabilitation ou centre de désintoxication ?! J’ai déjà essayé les meetings pour les AA. Jaimie, les usagers et leurs malheurs… ça ne le fait pas… avec moi. J’veux dire… c’est jamais agréable et prolifique. J’en garde pas une bonne expérience. Je t’en prie. Dis-moi qu’il y a d’autres options et solutions ?

Je veux reprendre le dessus. Je suis paré à faire ce qu’il faut et entendre ce qu’elle a à me dire. C’est son domaine de prédilection et jusqu’à présent notre tête à tête se déroule formidablement bien. C’est au-delà de mes espérances, d’ailleurs. Je m’abreuve de ses paroles, comme la fontaine de Jouvence. C’est pas croyable !

Une étape à la fois. Nous devons franchir une étape à la fois.
Oui. Rome ne s’est pas construit en une seule nuit et chaque pierre est à être placée pour le futur monument de mon rétablissement.

- Je me sens paumé. Mais j’ai confiance en toi. Je suis prêt à entendre ce que tu as à me proposer. Seulement… Jaimie… je crains que le timing ne soit pas favorable. Les affaires vont bien… mais c’est Hunter qui m’inquiète. Sa réaction… et celle de ma famille. Je ne veux pas qu’ils sachent. Personne n’est au courant. Je veux que cela reste ainsi. Tu comprends ?

DEREK & JAIMIE

Shake The Disease

Réellement ? Si, je pensais à cette solution mais si tu dis que ça ne fonctionne pas avec toi... tu vas devoir régler tes soucis seul... avec un accompagnement bien évidemment. Je te proposes des « rendez-vous » toutes les semaines, ensemble, à deux, ici. Ton objectif sera d'éviter l'alcool ou les drogues et d'affronter tes démons. Aide-toi de tes proches pour cela. Tu me diras chaque semaine, tu tiendras un cahier, ce que tu as bu et ce que tu as pris. Le but est que le chiffre diminue au fur et à mesure. Après, on évoquera tes problèmes pour en trouver les solutions. Ça te va ? Tu es d'accord pour ce programme ? Ton don... on en parlera plus tard. Faut se concentrer sur toi.

Jaimie Langford se creusait les méninges pour son ami. Elle réfléchissait beaucoup. Les problématiques de ce dernier préoccupaient grandement Jaimie. Derek Morrow faisait appel à la petite blonde. Il lui témoignait une certaine confiance, crédibilité. Quelque part, cela la touchait. Donc, elle devait faire de son mieux pour aider son interlocuteur. Elle proposait un réel suivi. Accepterait-il ? Il serait tenu par des rendez-vous. Il devrait tenir un cahier tous les jours : noter ce qu'il boit, les médocs ou autres substances qu'il prend. Tout serait éplucher. Le but : la diminution. Objectif : pouvoir enfin affronter ses soucis au lieu des les fuir. Sa famille pourrait l'accompagner dans ces étapes. Langford ne pouvait pas le suivre minute par minute. Il avait besoin d'un soutien familial ou amical. Il devrait expliquer le programme et leur demander de l'aider pour appliquer celui-ci le plus sérieusement possible. Et si Derek ne suivait pas les règles ? Jaimie aviserait. Elle possédait une vraie confiance en lui. Alors, elle savait qu'il tenterait. C'était étonnant qu'il sollicite la plus jeune des Langford. Or, elle se sentait capable de lui apporter un soutien amical et professionnel. Elle connaissait des partenaires. S'il voulait changer de voie, elle pouvait aisément lui donner des plans. Il avait frappé à la bonne porte.

Il n'y a pas de bon ou mauvais timing. Pourquoi tu ne veux pas qu'ils sachent ? Tu auras besoin d'eux pour avancer. Toi, tu aides ton frère à remonter son entreprise. Pourquoi toi, tu n'aurais le droit à son aide pour remonter la pente ? Je ne comprends pas. Vous êtes frangins. Je ne comprends pas, explique-moi.

codage par LaxBilly.

I'm not going down on my knees.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Des années et des années d’oppressions. De suffocations. Des années et des années à avoir l’impression de sentir contre ma gorge la main belliciste et tyrannique de mon plus funèbre simulacre qui se resserre, fragilisant les fragiles vertèbres de du cou… ignorant les craquements sonores d’une nuque ployée qui se brise cruellement sous l’emprise de cette poigne meurtrière. Assassine. Des années et des années d’oppressions. De suffocations. Folle spirale. Flou nuage. Brumeuse folie. Claquemuré aux liens de mes dépendances et mes peurs les plus sourdes. Un traumatisme ouaté, en lequel je me suis confortablement pelotonné, comme la main d’un mourant se plait et complait à caresser les draps de son lit de mort.

En sursis, je suis venue la retrouver et elle me présente une aide complètement inespérée. Oui. Les choses doivent changer. Je dois changer les choses. Un triste sourire flotte sur la lisière de mes lippes crispées, opinant du chef et ne pouvant m’empêcher de me laisser peu à peu bercer par ses dires. Elle me propose un programme qui je le sens redorera le sédiment de mes déboires. Des consultations privées, avec elle comme mentor ?

- Oui. Ça me va bien. Je ne te décevrai pas, Jaimie. Je vais essayer. Je te le promets. Je ne semble ne plus avoir de secret et de mystère, pour toi. Je serai transparent et complètement honnête.

Mais le long fleuve tranquille et placide qui sur lequel nous naviguons présentement semble croiser des maritimes légèrement plus houleuses et sinueuses. Je ne peux pas lui en vouloir de ne pas comprendre. Au sujet de la sphère familiale. Même moi je ne m’y retrouve pas toujours.

- Ma mère est au courant. Et c’est assez. J’irai chercher de l’aide et du soutien, Jaimie. Mais pas auprès de mon frère, de ma demi-sœur et ou de mon beau-père. J’ai des amies. June et Phoebe. Je me confierai à elles. On se dit tout. Absolument tout.

Je soupire, me lève, contourne son bureau, m’assois sur le coin de celui-ci et viens saisir ses mains aux creux des miennes. L’air suppliant et sollicitant.

- Je ne veux pas que le reste de ma famille le sache parce que je veux préserver le peu de dignité qu’il me reste, Jaimie. C’est dans mon droit, non ? Je ne te demande pas de comprendre, mais de respecter cette seule et unique condition. Je ferai tout ce que tu me demandes. Je remplirai le cahier, ne posera aucun lapin à nos rendez-vous, mais je veux que cela reste dans le cadre du secret professionnel.

Elle comprendra. Je suis sûr qu’elle comprendra.
Je l’espère…

- Parlant de secret. T’es toujours là pour aider les autres. Mais toi ? Comment tu vas ? J’ai bien vue que tu étais dans les dossiers par-dessus là tête, mais j’ai la prétention de croire que tu te réfugie dans le travail pour colmater une autre brèche. Je me trompe ?

Parles-moi, mon amie...

DEREK & JAIMIE

Shake The Disease

Derek Morrow semblait ravi et surtout en accord avec le programme proposé par Jaimie Langford. Cette dernière n'hésitait pas à se donner totalement pour aider les autres. Derek ne représentait pas n'importe qui, il s'agissait d'un allié. Il se trouvait au plus mal. Cet état durait depuis de longues années. Depuis peu, il laissait une porte entrouverte : celle du changement. Il était temps de la passer et de l'ouvrir donc de l'accueillir entièrement. Il semblait prêt bien qu'un peu apeuré. Jaimie se basait sur une donnée dans son programme, une donnée phare et déterminante : le soutien familial et amical. Derek allait devoir compter sur ses proches. Ces derniers posséderaient un rôle plus que déterminant. Jaimie ne pouvait pas prendre cette place. Justement, il était question de redonner une place à tout le monde, un rôle, une utilité. Cette expérience pourrait servir à resserrer les liens entre Derek et sa famille, ses amis, ceux qui en réalité le connaissaient le mieux. Morrow rencontrerait un suivi. Il aurait des rendez-vous, avec Jaimie, dans son bureau, toutes les semaines. Par la suite, ces rencontres finiraient par s'espacer. Pour aller mieux, Derek devait supprimer l'alcool et les drogues. Pour cela, il tiendrait un cahier avec ses avancées. Jaimie saurait tout : les verres bus dans la semaine, les substances prises, tout ! Il était question de diminuer tout cela. Le soutien amical et familial jouerait énormément pour cette phase du programme. Derek devrait, à un moment donné, moins anesthésié, affronter ses démons. Jaimie serait présente pour l'accompagner, le soutenir et l'aider à trouver des solutions, notamment pour aller de l'avant et devenir l'homme qu'il méritait d'être : un homme moins torturé et beaucoup plus accompli. Le but était de tourner une page et de profiter de la vie comme tout un chacun, en savourant les éléments les plus sains du quotidien. Vers la fin du programme, et seulement vers la fin du programme, serait évoqué le don de Derek. Ce dernier était en sommeil, il pourrait évidemment le rester. Morrow serait concentré sur autre chose. Ce pouvoir pouvait encore être freiné. Présentement, Derek promettait de suivre le programme et de ne pas décevoir Jaimie. Il était adorable, Langford y croyait pleinement.

Essayer et réussir, je crois en toi. Tu as cette volonté de t'en sortir. On va s'en servir. Tu n'es pas seul. J'apprécie ta participation. C'est pour ton bien, fais moi confiance. Derek parlait de ses proches. Le rôle de ces derniers était si crucial ! Comme depuis le début de l'entretien, le trentenaire se mettait des barrières. Jaimie devait l'encourager. Cherche de l'aide et du soutien auprès de qui tu veux, des gens en qui tu as confiance et qui te connaissent bien, ça sera plus efficace. Ils donnaient des noms, sûrement des amies. Il acceptait un peu l'idée amenée par Jaimie. Ta mère, c'est déjà un bon point. Tout le monde n'a pas besoin de savoir mais ça serait mieux si c'était le cas, tu peux être surpris par leurs réactions : je suis sûre que tu les crains pour rien. La famille c'est le seul point de repère. Ils seront là pour toi et cela les aidera à mieux te comprendre et toi, à mieux les cerner aussi : tu verras qu'ils sont capables de tout pour toi et j'y crois. Ne te ferme pas et ne mets pas de barrière entre toi et le monde. Tu es aimé et apprécié, n'en doute pas. Je ne suis certainement pas la seule à vouloir t'aider et t'accompagner, ouvre-toi aux autres : ça te permettra d'exorciser quelques démons. Derek se mettait un peu en scène. Langford ne le quittait pas des yeux, sérieuse et impliquée. Il se confiait sur ses réactions par rapport à sa famille. Jaimie écoutait attentivement les raisons de ses actions. C'était une question de dignité. De fierté également ? J'espère bien que tu joueras le jeu, c'est pour toi et tu en es capable. Crois en toi. A chaque étape passée, tu pourras être fier de toi, ce que tu fais aujourd'hui : c'est déjà un grand pas, et perso j'suis fière de toi. Fais attention car c'est contagieux. Je respecte ton choix bien entendu. Tu as cité des noms. Entoure-toi de ces personnes. Elles auront un rôle déterminant, faudra tout leur dire. Si ça te suffit, moi ça me va, ces deux amies peuvent représenter ce soutien fondamental dans ce programme.

La suite surprenait Jaimie. Derek changeait un peu de sujet. Il observait beaucoup son interlocutrice. Celle-ci n'allait pas tout dévoiler de sa vie. Rien n'importait réellement dans ce type de rendez-vous, sauf celui qui avait besoin d'une aide extérieure : donc Derek. Il était hors de question de se mettre en avant. Jaimie faisait simple : sans parler de sa dispute avec Sam. Tout va bien. J'ai pris du retard car j'étais en congé d'où la pile de dossier. Sinon, ça va. Merci de demander, et toi ça va aller ? Tu sais que je suis là. Tu pourras même appeler entre deux en cas de réel besoin, le programme c'est le programme mais en dehors, je suis là aussi en tant qu'amie. Revenir au sujet principal : Derek. Jaimie souhaitait tellement fort la réussite de ce programme, improvisé mais cohérent et finalement bien construit, par étape.

codage par LaxBilly.

I'm not going down on my knees.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

C’est quelque chose de bouleversant, d’extrêmement éprouvant, de venir demander de l’aide. Surtout lorsqu’on se tourne vers une personne qui nous connait bien et depuis fort longtemps. Principalement lorsqu’on en a pas l’habitude et que dans la controverse nous avons l’habitude de se débrouiller seul. Je suis hors de ma zone de confort en ce moment. Jaimie le voit et elle fait au mieux pour rendre cet entretien le plus naturel et fusionnel que possible. J’apprécie son professionnalisme et les gants blancs qu’elle doit enfiler par fois pour me faire part de certains sujets qui nous le savons tous les deux peut risquer de me faire sauter comme un bouchon de champagne. Je suppose, dans les pourtours de tout ça, que ç’a son petit quelque chose de bénéfique, faire affaire avec une amie. Elle est au courant des limites à ne pas franchir, sait écouter lorsque c’est le temps et se prononcer lorsque vient le moment. Paradoxalement, malgré que hors de ma zone de confort, je vois quelque chose de bien se profiler dans notre future alliance. Et la peur de la décevoir me fera peut-être qui sait mieux me comporter et surtout prendre très au sérieux le programme qu’elle me propose. Ce qui en temps normal n’aurait absolument été le cas. Tu me connais, ma chouette, moi et mon tempérament de mioche gâté pourri qui s’offense pour un rien et refuse le moindre changement. Moi si buté sur une idée et qui d’ordinaire refuse de voir le revers de la médaille. Genre aussi têtue qu’une mule.

J’angoisse, mais ne le montre pas. Aussi sage qu’une image, j’ose prétendre que cette fois-ci c’est la bonne et que quelque chose de mémorable va ressurgir de tout ça. Un bordel comme l’autre soir ? Non, je ne veux pas m’y confronter de nouveau et au mieux l’éviter comme la peste. Et Jaimie m’a soulevé des hypothèses très justes et valables. Ce serait tout simplement con de les refuser, par peur du changement ou d’un ego surdimensionné.

- Tu dois avoir raison pour la sphère familiale. C’est en quelque sorte la seule certitude qu’il nous reste, dans ce grand banquet des âmes qui se fauchent et rencontrent. Je garde tes conseils dans un précieux tiroir de mon esprit. À tête reposée, j’y réfléchirai. Je te le promets. De toute manière c’est un sujet que je devrai aborder avec eux, considérant mon envi de vouloir quitter mon poste de barman et mon implication au sein du business familial…

À la lumière de cette simple phrase, une ombre vient cependant planer sur l’horizon. Qu’est-ce que je pourrais foutre de ma carcasse, après cela ? J’vais devoir me trouver un boulot. Mais en dehors de l’armée, je ne connais rien et j’ignore dans quoi je suis bon. Chauffeur de limousine ? Garde du corps ? Facteur ? Éboueur ? Les domaines de profession sont vastes et j’suis tellement paumé. Je suis sur le seuil de la quarantaine et j’ai l’âme égaré d’un môme de 16 ans. Ça craint, ma chouette ! J’suis tellement vulnérable et transparent, avec Jaimie. Son altruisme ? L’expérience du terrain ? Sa profession ? J’imagine que c’est un amalgame de toutes ces choses, qui la rend aussi facile d’approche et qui sait nous mettre en confiance. Elle est douée, la petite !

- Je m’entourerai de ces personnes et ce cahier de bonne conduite, là ? Tu vas voir, avec le temps, se sera le récit d’un vrai moine tibétain que tu liras. À un point tel que tu trouveras ma vie ennuyeuse et assommante ! Hahahaha !

C’est con, mais j’suis impatient d’en arriver là. J’ai hâte de naviguer sur le long fleuve tranquille que sera ma vie ! Se ranger vers un petit quelque chose de plus… contemplatif… et de moins… subversif ? Je pourrais peut-être renouer mes amitiés avec Nell ? Partager quelques pans de ma vie avec mon ex femme, oser rire de mes frasques et conneries d’autrefois. Ce serait bien. Mômes, on le faisait tout le temps. Et cette époque désormais me semble révolue et de manière plutôt sinistre…

Et Jaimie n’est pas dupe et se libère ma fois aisément de mes filets. Elle n’est pas tombée dans le panneau et s’est défilé avec l’aisance d’une vraie anguille. Mon changement de sujet est retourné sur le sujet principal : ma pomme. Mais j’suis pas dupe, moi non plus. Je vois. Je sais. JE ressens qu’il y a quelque chose qu’elle ne me dit pas. Et aborder le sujet n’est peut-être pas l’endroit et le temps le plus approprié. Ce que je comprends. Et je saisi la perche en pleine trajectoire :

- Ça va. Ça va même mieux. Grâce à toi, Jaimie. Et je crois que pour l’instant nous pouvons arrêter. C’est drainant, mine de rien, recasser tout ça et j’ai peur d’avoir la migraine si on s’éternise. Je ferai mieux de rentrer et me reposer. De toute manière, tu as du retard à rattraper. À ce que j’ai compris ?

Je me lève, marche vers la porte, mais tourne une frimousse bienveillante en sa direction :

- Je crois qu’on pourrait se voir, la prochaine fois, en dehors du programme ? Prendre un café à quelque part ? Passer du bon temps ensemble, à parler de tout et de rien. Je t’avoue que j’aurais bien envie de profiter d’une conversation en compagnie de Jaimie l’amie et non celle qui rapiécera la gueule cassée que je suis. Ça te plairait ?

C’est très spontané et maladroit comme invitation.
J’espère qu’elle ne m’en tiendra pas rigueur…

DEREK & JAIMIE

Shake The Disease

Jaimie Langford ne prétendait pas avoir la science infuse, pas du tout. Elle se permettait quelques conseils. Plus jeune, elle avait également eu l'occasion de les recevoir et de les tester. Par expérience, elle savait ce qui fonctionnait ou ce qui ne réussissait pas. Aussi, elle rencontrait une belle expérience auprès de personnes dans le besoin. Elle avait appris à connaître et analyser les différentes situations pour les apprécier séparément et en tirer quelques leçons. Pour elle, la sphère familiale composait une partie de la solution. La famille c'était également les amis : la famille que quiconque pouvait se créer à partir de points de ressemblance. Derek Morrow devait impérativement s'entourer. Il avait le choix à une seule condition : le choix de personne saine et éclairée. Sinon, cela ne servirait à rien. L'aventure ne serait pas constructive. Dans les épreuves, les gens apprenaient à se connaître et cela pouvait resserrer les liens avec les proches. Faire appel à eux qualifiait une belle marque de confiance, Derek devait prendre cette donnée en compte. Jaimie n'insistait pas pour rien. Le barman semblait très réceptif. Il était à l'écoute des conseils de Jaimie. Cette dernière croyait en lui. Il voulait s'en sortir. Il lui fallait juste quelques clés et un énorme soutien pour aller de l'avant. La blondinette acceptait de l'aider.

Tout à fait, tu dois leur faire confiance. Tu n'es pas obligé d'évoquer ton envie de quitter l'entreprise familiale mais d'abord parler de toi, de tes problèmes. Tu as besoin de leur aide. Par la suite, ils envisageront et ils comprendront tes choix, ça viendra tout seul car tu auras fonctionner par étape en respectant chaque point dans l'ordre. Derek affichait une volonté de fer. Jaimie était fière de lui. Je te crois et je serai encore plus fière de toi. Je te le dis, tu vas y arriver, j'en suis certaine. Merci d'accepter mes idées et mes conseils. Je serai toujours là. La jeune femme pensait ce qu'elle disait. Il devenait l'une de ses priorités. Elle ne lui disait pas. Il n'était pas question de lui faire peur. Par amitié, elle souhaitait qu'il s'en sorte. Par la suite, Derek tentait de détourner la conversation. Échec. Langford se montrait très professionnelle, peut-être le fait de se situer dans son lieu de travail, son bureau. Elle confirmait sa motivation à accompagner pleinement son ami. Ce dernier rebondissait sur ce point. Tu as fait tout le job en venant ici. Modestie quand tu nous tiens ! Tu as raison, tu as besoin de repos et je le comprends. Tu ne me déranges pas mais en effet, j'ai du retard. Lui éviter de se sentir mal et valider son envie de quitter cet endroit. Enfin, le trentenaire proposait quelque chose. Quand tu veux, tu as mon numéro ! Ce n'est pas un souci pour moi mister le fracassé que j'adore. Elle se permettait une moue complice. Je te souhaite une bonne journée Derek, à très vite : je compte sur toi. Ils devaient déjà se revoir dans une semaine pour faire un bilan : cahier à l'appui.

codage par LaxBilly.