DEREK & JAIMIE

Hi, friend !

La nuit était tombée depuis quelques longues minutes. Sam, le futur mari de Jaimie, se situait avec des amis à un enterrement de vie de garçon dans la ville d'à côté. Langford possédait une grande confiance en lui. L'un de leurs amis communs allait se marier le mois suivant. La petite brune en profitait pour sortir ce vendredi soir. Elle allait rendre visite à Derek Morrow, une connaissance de très longue date. Elle savait qu'il se trouvait au Devil's Tail. En effet, elle l'avait prévenu avant grâce à Hunter avec qui elle gardait bien le contact. Parfois, elle lui amenait des travailleurs en insertion au bar pour leur permettre de bosser. Cela aidait autant les propriétaires du bar que ces personnes à la recherche d'un emploi. Jaimie sélectionnait des gens sérieux et motivés. Elle ne conseillait pas n'importe qui. D'ailleurs, cette nuit, elle observait : John, un nouveau serveur envoyé par elle à Hunter. Langford dépassait souvent ses missions. Elle s'impliquait tellement dans son boulot. Au moins, rien ne pouvait lui être reproché. Présentement, elle avait du temps à tuer.

Derek devait être présent mais il ne sortait pas encore de sa cachette. La jeune femme ne l'avait pas vu depuis quelques mois. Elle avait appris des choses sur lui, par sa mère. Les parents de Derek et Jaimie étaient amis depuis toujours. Ils étaient tous connus et assez célèbres à RevealDown. Ils se côtoyaient. Alors, ils partageaient des informations sur leurs propres enfants d'où les scoops obtenus par Jaim'. Sa maman les avait partagé lors d'une conversation profonde qui se rapportait à la soeur de Jaimie à la base. La brunette voulait en parler avec le concerné. Elle ne savait pas très bien comment il se portait mais elle se doutait qu'il ne devait pas être totalement en forme. Il avait connu des épreuves difficiles. Alors, Jaimie serait là pour lui. Dans le passé, il avait essayé de l'aider aussi, sans succès. Il était plus amie avec la grande soeur de Jaimie et cette dernière lui avait demandé un coup de main car elle avait connaissance des déboires de la benjamine de la famille. Le soutien faisait beaucoup. Langford comptait discuter avec lui et l'épauler en cas de besoin. Il n'aurait pas le choix. La jeune femme, habillée en mode décontracté, buvait une petite bière tout en saluant John qui était très à l'aise dans son nouveau rôle. Jaim' avait encore effectué le bon pari. Elle restait enjouée et toujours en attente de l'apparition de Derek Morrow.

codage par LaxBilly.

'Cause though the truth may vary.

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Blasé de cette foule d’ivrognes que je contemple bien trop longtemps et bien trop souvent, j’erre tel un étranger derrière le zinc. Emmitouflé dans le clair-obscur mordoré des lumières qui se tamisent, mon sublime dédain ainsi parait inaperçu sur les traits constipés de ma morne figure alors que comme un automate je sers chopes de bière, paniers de cacahuètes et drink à ombrelle qu’aura commandé une midinette bien trop pintée pour être sobre. Les yeux embrouillés et visqueux de cette dernière captent à l’instant même toute ma précarité, lorsque dans leurs orbites lesdites mirettes se révulsent avec la paresse d’une motte de beure fondant dans une poêle.  

- Agathe ? Agathe, tu te sens bien ? que je m’enquiers, un iota inquiet.

L’interpellée  chancelle sur ces deux échalotes qui lui servent de jambes, m’adresse un flou sourire avec le peu de dents cariées qui lui restent et se contente de me répondre :

- Now that it's raining more than ever. Know that we'll still have each other. You can stand under my umbrella. You can stand under my umbrella, ella, ella, eh, eh, eh ! Qu’elle nous chantonne notre Agathe la boule de ouate, sourire édentée suspendu aux lippes et ombrelle décorative qu’elle agite au-dessus de sa tête d’épouvantail.

Parmi ce vaste et pestilentiel bassin  de créatures et débris humain que le Devil’s Tail recueille en son antre houbloneux, j’dois avouer qu’Agathe est ma préférée.  Malgré ses airs d’Emmett Brown et sa dentition douteuse qui rend grâce au mont Rushmore, elle a ce petit je-ne-sais-quoi d’incroyablement attachant et mémorable ! Avec son amour obsessionnel pour Rihanna, ses quelques poils au menton et sur le caillou, elle me fait penser à Gollum. À ce sujet, qui n’aime pas Gollum, hum ?! Il est génial, ce p’tit gars du tiers monde ! C’est idem pour Agathe. Elle est cool, c’t’e minette de macadam. Et elle a une descente de ouf ! Peut-être même un peu trop ouf, par moment.

- Je t’aime,  Rihanna ! J’taime aussi, plèbe du Devil’s Tail ! Et toi, Morrow, j’t’adore ! Viens sous mon parapluie-pluie-pluie-pluie !

Et bonsoir, elle est partie ! Un ultime hoquet s’échappe d’entre ses lippes gercées et je la vois cul pardessus tête s’écrouler de son tabouret et venir embrasser le sol à pleine bouche… Chose extraordinaire, elle n’a pas échappé son ombrelle. Chose un peu moins extraordinaire, notre Agathe la boule de ouate est chaos. Arborant la mine horrifié d’un Sam Gamgee  un peu trop loyale qui accourt à la rivière pour rattraper son illustre m’sieur Frodon qui se carapate sur sa barque, je contourne le zinc et viens m’agenouiller au chevet de l’inconsciente. Hilare, guiboles en l’air, elle nous offre une vue plutôt spectaculaire de son tatouage et de vous ne voulez pas savoir quoi…

- Ew ! Derek, pour l’amour du Ciel, sors moi cette chose d’ici ! Et je rêve où c’est la tronche de  Rihanna qu’on voit là ?! que chouine une serveuse qui malheureusement passait par là.

- À en juger par la taille de ses lèvres, j’en conclu que oui. C’est tout de même hallucinant comme tatouage… avec l’effet 3D et tout !

- DEREK !

- D’accord. D’accord, dis-je, chafouin comme pas deux, rabaissant jupette et guiboles, pour ensuite m’accaparer les bras de ce poids mort qu’est devenu Agathe.

Me frayant un chemin parmi les badauds curieux et horrifiés, je nous faufile jusqu’à la sortie et une fois déboulé sur le trottoir je largue la comateuse sur la banquette arrière du premier taxi que je vois et ignore royalement ce :

- HEY ! CE TAXI EST DÉJÀ OCCUPÉ !

Qu’on me balance sur la nuque. Rienàfoutre. Elle n’avait qu’à prendre un Uber, cette teigne !  

Immergé à nouveau dans la moiteur du bar, déjà Agathe me manque, mais comme prix de consolation je repère une petite tête brune que je reconnaîtrais entre mille.

- Jaimie ! En voilà une surprise ! Quel bon vent t’emmène par ici ?  

Mes sourcils se froissent alors que mes azurs s’apposent sur la chaise qu’occupe le petit brin de femme.

- Si j’étais toi, je ne resterai assis là. Une femme sans slip avait son cul d’étampé sur cette chaise il y a de cela quelques minutes à peine. Chlamydia ou gonorrhée. Qui sait ce qu’elle a bien pu y oublié ?

DEREK & JAIMIE

Hi, friend !

Jaimie Langford attendait Derek Morrow, une bonne connaissance depuis de longues années, au sein du Devil's Tail. Derek était plutôt ami avec la grande sœur de Jaimie car elle restait proche de son âge, de sa génération. Or, cela n'avait pas empêché aux deux trentenaires de se retrouver, dans leur jeunesse, lors des repas de famille Morrow et Langford. Ces retrouvailles avaient encore lieu mais les enfants n'étaient pas toujours conviés. Présentement, Jaim' buvait tranquillement sa bière, assise sur un tabouret, près du bar. En même temps, elle observait John qui effectuait du bon boulot en tant que serveur. Derek jouait la starlette. Il ne se présentait pas, il se terrait dans sa cachette. Hunter avait peut-être oublié de prévenir son frangin concernant ce petit rendez-vous. Jaimie ne pouvait pas leur en vouloir. Bloquée dans ses pensées à ce sujet, elle n'anticipait pas l'arrivée de La Star. Souriante, Jaimie lui rendait son attention. Il n'était pas question de l'ignorer. Elle était ravie de le voir. Cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas parlés. Le temps passait vite et chacun possédait sa propre vie. Il fallait reste compréhensif. La jeune femme remarquait une différence dans le physique de son interlocuteur. Il semblait aminci, creusé, vieilli. Avec les sales nouvelles du moment, cela pouvait se comprendre. Était-il bien entouré ? Apparemment, il subissait encore son divorce et son passage à l'asile.

Toi ! J'avais envie de te voir, Hunter ne t'a pas dit que j'allais passer ? La suite la perturbait. Le regard du barman changeait. Que se passait-il ? Il racontait une histoire ahurissante sur le tabouret occupé par la petite brune. Vraiment ?! Tu déconnes ?!! Un rire nerveux s'échappait. Oh j'men fiche. On n'est plus à ça près, si ? Elle se reprenait. Alors, tu deviens quoi Derek ? J'ai vu ma mère tu sais... . Et... elle m'a annoncé deux, trois trucs sur... sur toi... . Tu vas bien ? J'sais pas si tu sais mais ma sœur vient de divorcer, elle vit chez moi. Ça serait bien que tu passes la voir. Parler de leur divorce respectif leur ferait le plus grand bien. J'peux te payer quelque chose à boire même si c'est ton bar ? Langford attaquait déjà les sujets sérieux. Le prendrait-il mal ? Elle espérait qu'il accepte sa curiosité, il lui avait manqué depuis le temps. A l'époque, il ne s'était pas gêné également pour l'embêter, sous l'impulsion de sa soeur, avec des sujets fâcheux alors elle lui rendait la monnaie de sa pièce sans méchanceté bien-sûr.

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Heureux d’apercevoir, enfin ce soir, un visage familier, c’est tout sourire que je viens souhaiter le bonsoir à mon amie. M’emmitouflant dans mon costume de barman plus ou moins compétent, je m’arme d’un chiffon, retire les corps morts et vestiges laissés par Agathe sur le comptoir toujours jonché d’écailles de cacahuètes et flaques de fluide non identifié. Accaparé à jouer la femme de ménage, mes mirettes étonnées ne peuvent s’empêcher de quitter la plate besogne pour venir se ficher dans les prunelles noisettes de mon interlocutrice.

- Non. Il ne m’a rien dit, ce bougre. Ou il me l’a peut-être dit, mais ça m’est complètement sortit de l’esprit, que j’avoue, penaud, alors que je fais glisser les coquilles de noix vers le rebord du zinc pour à l’aide de mon chiffon les récupérer au creux de ma main et bazarder le tout à la poubelle. Chemin faisant, une silhouette masculine s’immisce dans mon champ de vision périphérique et soudain je me rappelle que Jaimie nous a demandé d’embaucher notre cher John… ce garçon même qui d’une main de maître est en train de me surpasser dans le grand Art de servir la plèbe alors qu’il en est à seulement ses premières heures de training !

- Il se débrouille bien. Très bien même ! Encore merci de nous l’avoir dégoté ! dis-je, sincère alors qu’un grand sourire de gamin vient étirer la commissure de mes lippes et qu’au travers de mon rire de crécelle je parviens à pouffer un authentique : c’est tout toi, ça, Jai’ ! Laisses moi te rassurer, à la quantité de fort que la cliente a renversé partout, ça ne m’étonnerai même pas qu’elle ait désinfecté au passage ledit tabouret !

Sur cette joyeuseté, je me rapproche du frigidaire flanqué en-dessous du comptoir, pour en y extirper deux bières. Une que j’offre à la petite brunette et l’autre que je vide à moitié. Désaltéré, lénifié par le goût de houblon qui roule encore sur mes papilles gustatives, je me sens d’attaque pour le reste du service et même la fermeture. Ce petit buzz est tout de fois de courte durée, car le fil de la discussion vient comme qui dirait me couper l’herbe de sous les pieds.

- Oh… Attends une minute. Divorce… ta sœur ?! Qu’est-ce que cela a rapport avec moi ?

Gêné, peu confortable avec l’idée que des oreilles in-désirées n’entendent cette discussion, je regarde autour de nous, m’empresse de contourner le bar, pour attraper la petite brunette par le bras et la forcer à quitter son tabouret. À l’image d’un père qui traîne son gosse à l’école, je nous entraîne au travers du bar et allons nous réfugier dans la salle des employés. Une fois seul à seul, je laisse passer un ange… le temps de recouvrer mes esprits et ne pas agir au premier quart de tour.

- Jaimie, écoutes… j’sais pas quel genre de soutien que tu veux que j’apporte à ta sœur, mais je peux passer la voir et essayer de discuter avec elle. En ce qui me concerne, j’ignore ce que tu sais, mais sache que ça me plait pas du tout d’en parler… surtout pas à l’endroit où je travaille !

DEREK & JAIMIE

Hi, friend !

La conversation débutait bien. Pas pour longtemps. En effet, Jaimie Langford allait faire une boulette. Malgré un côté très sociable, elle s'exprimerait très mal. Elle entamerait une discussion de manière maladroite... . Pour le moment, tout se passait relativement bien. Derek Morrow avait oublié la visite de son amie ou alors, Hunter ne lui avait rien dit. Cela n'était pas grave. L'important restait le fait de se capter. Derek se montrait disponible bien que préoccupé par la propreté de son bar : le professionnalisme à toute épreuve ! Il revenait sur John, le travailleur proposé par son amie. Cette dernière gérait l'insertion professionnelle de personnes sans emploi. Elle appréciait son métier et le contact avec les gens. Derek lui prouvait qu'elle avait effectué le bon choix. Souriant, il remerciait même son interlocutrice. Jaimie « ne refilait pas » des personnes sans ambition à ses amis mais elle réalisait une réelle sélection. Il était question de la bonne santé du Devil's Tail mais aussi d'encourager des citoyens motivés.

Je suis contente que tout se passe bien avec John. Ne me remercie pas, c'est mon travail. La suite était plutôt hilarante. Un tabouret faisait parler de lui. Langford riait aux propos de Derek. En fait, tu me rassures pas trop ! C'est quoi ta cliente ? En rentrant, je désinfectes tout cela.

Puis, Morrow sortait deux bières. Jaimie les réglerait bien évidemment. Il n'était pas question de faire perdre de l'argent aux propriétaires du bar. Et là, la boulette pointait le bout de son nez. Jaimie s'en voulait déjà. Elle sentait que l'atmosphère se refroidissait royalement. Oupss, pensait-elle. Jouer d'honneteté n'était pas toujours le bon plan. Tourner autour du pot ? Pas le genre de la petite brune. Alors, elle se brûlait les ailes. Comment rattraper le coup ? Elle venait d'évoquer des événéments personnels sur la vie de Morrow comme une lettre à la poste : trop facilement et directement. Elle le regrettait déjà.

Euh... rien... fin'... j'voulais juste te dire que tu n'es pas seul... bref, je m'emmêle les pinceaux. Sans attendre, Derek emmenait Jaimie dans une autre pièce. Elle n'avait pas le choix. Il la tenait par le bras. Elle comprenait qu'il souhaitait du calme et qu'elle l'avait aussi vexé. Elle se sentait bien mal. Le brunet ouvrait son cœur. Il n'était pas content. J'suis désolée, j'voulais pas évoquer tes histoires aussi maladroitement. J'ai été conne, pardon. J'sais pour toi, j'ai pris la situation de ma sœur en exemple pour te le faire comprendre. J'vois que tu as saisi. Et... je m'inquiète pour toi. J'peux faire quoi pour toi ? En réalité, j'voulais juste te dire que j'suis là au besoin mais bon... j'ai merdé. Elle haussait les épaules. J'sais que de telles épreuves peuvent avoir un impact sur la vie... . Avec son boulot, elle côtoyait pas mal de personnes abandonnées par le bonheur et l'équilibre. Derek semblait différent. Physiquement, il était plus amaigri et il paraissait plus vieux. Le reste, Langford allait le constater. Se confierait-il ? S'énerverait-il encore ? Comment allait-il réagir ? En tout cas, le divorce de la grande-soeur de Jaim' ne semblait pas le toucher alors qu'ils étaient amis à la base. Il n'était pas étonné du silence de la femme. Derek et la sœur de Jaimie se ressemblaient beaucoup sauf que la trentenaire n'avait pas connu l'asile, elle squattait chez sa frangine. Jaimie en savait pas mal sur Derek. Son but était de parler avec lui et de l'aider si possible, il était dur en affaire... il s'était montré dur mais surtout vexé. En même temps, Langford l'avait un peu cherché... . Si humaine de coutume, elle avait placé de côté son tact... parler à un ami ne représentait pas la même difficulté qu'échanger avec un usager : c'était bien plus complexe !

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Se mélanger les pinceaux.
Perdu dans mes sombres et prestes réflexions, sourcils sévèrement froissés, j’observe à la dérobé un point fixe et imaginaire comme scotché là sur le mur érigé derrière elle alors que l’embarras m’empêche de la regarder droit dans les yeux. Avoir tout contacte visuel avec Jaimie, ce serait d’admettre la vérité et ça je ne suis pas encore prêt de me l’avouer. Honte. Douleur. Peur. Fierté. Chagrin. Égoïste. La tête de si creuse enfoncée dans le sable, que je ne vois rien et ne ressens rien. Vide. Néant. Anesthésie. Mort. Deuil. Divorce. Léthargie. Ces flashs abrutissants explosent en mon esprit et me fracassent littéralement la boite crânienne, m’obligeant à fermer les yeux pour tenter de laisser s’évanouir le marasme alors que mes doigts fébriles cherchent en vain à venir calmer les songes qui douloureusement se pressent à mon front que je masse vigoureusement. Je l’écoute se morfondre en excuse, mais je n’entends rien. En fait, je ne veux rien entendre. Trop fier. Trop dédaigneux. Trop en conflit avec moi-même, que je suis fou et paré à mordre la main aidante qui gentiment se tend vers moi. Un mécanisme de défense bien fourbe et assassin qui jusqu’à l’aube de cette nuit inespérée ne m’a pas rendu service ou même aidé !

Aveugle. Malveillant. Malsain. Inconscient. Ignorant. Arrogant. Une vraie loque humaine. Et je m’étonne qu’une amie et reine des insertions professionnelles comme elle a et de si loin reconnu ma déchéance ?! Des gueules cassées, des cas sociaux, elle en côtoie à tous les foutus jours et c’est inné chez une femme comme Jai’ de vouloir venir en aide à des types comme moi. C’est bien ça le problème ! Le monde est là à me supporter à bout de bras vers la lumière et l’espoir qu’un beau jour tout ira mieux. De la poudre aux yeux ! Un écran de fumé. Mon heure de gloire, le parfait bonheur, avec la vie de famille, le môme, le mariage, l’emploi stable, ces saloperies de bonnes hygiènes de vie, je l’avais… je le possédais… Mais un beau foutu jour le ciel s’est écroulé sur ma tête, le sol s’est déchiré sous mes pieds et dans les confins des ombres l’on m’a baigné en les plaies de ce monde infernal. Famille, amis, tout en haut juchés au bord de ce précipice, s’agglutinent et me présentent une aide que je ne demande pas… n’espère plus ! Pourquoi ? Parce qu’on tient à moi ? Ah ! Quelle bonne blague ! Regardez-moi, j’suis tellement gorgé de merde, que ça me remonte aux yeux, que je ne vois rien d’autre… si bien que j’ai jamais été fichu de voir qu’une de mes amies d’enfances traversait un sale quart d’heure et même lorsque la sœur ici présente m’en parle… le mieux que je trouve bon à faire est de jouer le mioche offusqué et veuve effarouchée !

-Ne le prends pas comme ça, Jai’, que je m’essouffle, mes reluisantes cobalts se laissant voir au travers la barrière de mes doigts toujours plaqués là sur mon front et me voilant par bonheur la face.

Une cocotte minute. J’suis une putain de cocotte minute…

- Un jour, peut-être, je déballerai mon sac. Mais pas maintenant. Pas ici. C’est gentil de te faire du souci pour moi. Mais je t’assure que si bas j’suis tombé, que je peux pas plus creux sombrer. Disons que ta manière d’aborder le sujet m’a surpris et déphasé. Et ma mère a vraiment trahie mon secret ?

Les dents grincent telle une craie sur un tableau noir. Je vais exploser. Je dois penser à autre chose. N’importe quoi !

- Ta sœur, elle tient le coup ? Il y a quelque chose que je peux faire, pour l’aider ? J’suis peut-être à côté de mes p’tits souliers ces derniers temps, mais je sais être une bonne petite bitch lorsqu’il le faut et parler dans le dos de son ex… dis, qui a quitté qui ?

Inconscient. Ignorant. Arrogant. Hypocrite.
Minable. Juste et tout simplement minable.

DEREK & JAIMIE

Hi, friend !

Derek Morrow se montrait sous son vrai jour. Il était authentique. Une réelle tristesse transperçait son visage. Ce dernier était marqué par les excès pour oublier une situation qualifiée de difficile, de complexe. Il souffrait. Heureusement, il n'était pas sans rien. Il possédait le bar avec son frangin. Il était entouré. Il avait de bons amis. Or, il manquait quelque chose. Il était submergé par une souffrance immense qui ne le rendait plus maître de lui-même. Il ne supportait pas sa propre situation. Des événements l'avaient conduit à l'asile dont son divorce. Il pouvait guérir de cette épreuve mais il semblait ne pas y parvenir. Pourquoi ? Il fallait creuser. Jaimie Langford appréciait cet homme. Elle le connaissait depuis longtemps et sa famille était proche de la sienne. Alors, elle ne souhaitait pas le savoir mal en point. La petite brune était altruiste. Elle aimait s'occuper des autres. Son métier le prouvait. Elle rendait ce qu'on lui avait offert. A l'époque, elle était trop stupide pour comprendre ces choses-là. Maintenant, elle le regrettait et elle faisait de son mieux pour accompagner ses proches car ils le méritaient. La famille représentait une valeur sûre. Malgré toutes ses bêtises, ses parents ne l'avaient pas abandonné, ni sa sœur. Les amis aussi, il s'agissait d'un autre type de famille. Il fallait chérir tout ce beau monde. Il n'y avait que cela de vrai ! Jaimie était attachée à ces valeurs. D'ailleurs, elle culpabilisait. Elle venait d'enfoncer Derek. Au lieu de l'aider, avec toute la maladresse de ce monde, elle donnait l'impression de le juger. Forcément, elle s'en voulait à mort. Elle ne tardait pas à l'affirmer. Derek se fermait comme une huître. Il avançait un grand désarroi. Face au gouffre, il hésitait encore à se lancer mais une personne comme Jamie, le poussait, sans le désirer bien-sûr. Un triste accident en somme ! Devait-elle quitter la pièce ? Langford se sentait bien mal. Or, elle ne pouvait pas le laisser seul. Elle venait d'ouvrir des portes.

J'comprends. Quand tu voudras, tu sais que je suis là. Même si je pense qu'il est inutile de tout garder pour soi car la cocotte va finir par exploser... parfois, il faut accepter les mains tendues et se lâcher, tu y arrives parfois ? Jaimie se demandait s'il lui arrivait de se livrer. Elle craignait le pire pour lui. Son attitude, son allure même, faisaient peur à voir. Il n'était plus le même. La brunette ne lui dirait pas ces choses. Elle était présente en cas de besoin, c'était tout ce qu'il y avait à savoir. Oui, ce n'est pas une trahison. Elle a peur pour toi et elle s'inquiète, c'est normal. La famille est essentielle, ne les ignore pas. Mes parents aussi sont inquiets pour toi, ils passeront sûrement te voir un jour. Ils viennent de l'apprendre. Comme moi, j'ai accouru pour te voir car tu es un ami et les amis doivent se soutenir en cas de coups durs : pas d'accord ? Jaim' remarquait bien les difficultés de Derek à se contenir. Il paraissait prêt pour la seconde fois à se jeter dans le vide et à en finir avec cela. La corde était là, il ne la tenait pas. Il la regardait sans y prêter attention... . A l'instant, il s'intéressait à la sœur de Jaimie. Oui et non, elle est bizarre, elle a toujours été bizarre. Elle me dit rien. Elle fait sa chef comme toujours et elle ne parle pas d'elle, tu vois le genre ? Tu la connais peut-être mieux que moi. Elle ne parle pas de son divorce, de la raison de ce dernier. Elle a connu une déprime, j'pense qu'elle va mieux mais passe quand tu veux, elle sera heureuse de te voir.

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Venir en aide aux plus démunis. Sauver la veuve, l’orphelin et le mari si elle le pouvait. À l’écoute des désespérés et espérer en retour pouvoir les extirper de la misère. Cette insatiable soif de jouer les bons samaritains, c’est ce qui maintient des gens comme Jaimie en vie. C’est inné, c’est son essence, c’est en Elle et voire même le fioul de son existence. Négliger ses démons intérieurs, se négliger au profit d’autrui ; cela engorge de grands risques… pour au final si peu de résultat. Je comprends le thrill, je saisis les bases d’une abnégation complète ; ne rien attendre de qui que ce soit, c’est se protéger de la vanité, de l’envie, la déception et l’avidité. C’est se préserver de moult désillusions et savoir reconnaître que si nous n’avons peu à perdre alors l’ensemble de ce que l’on possède est hors de prix et nous complètement égal. Un gentil et adorable je-m’en-foutisme. Des gens comme Jaimie, nous les retrouvons généralement en première ligne ou à la tête d’une manifestation de Greenpeace…

Des gens comme Jaimie, ça éveille les souvenirs et le simulacre de mon ex femme. Ces braises ardentes et rubigineuses par les flammes baladines d’un Autrefois bien trop incandescent qui ravive l’âtre miné de mon cœur de père, d’époux et de soldat. Car, once upon a time in RevealDown, I fell in love with her et vous savez la suite. J’ai partagé sa candeur, ses espoirs, sa vision de voir le monde et son désir de vouloir le sauver ce maudit monde. And then came… ugh ! pretty much everything. De la naissance de Hailey, à aller jusqu’à la cérémonie de ses obsèques, dans les affres de mon esprit, ce n’est jamais qu’un tourbillon de drogue, de violence et de douleur. Le souvenir le plus palpable que j’ai ? C’est les papiers de divorces que Nell m’exigeait de signer et que j’étais étonné de regarder. Pauvre con !

- Je peux pas parler, Jaimie ! C’est pas que je ne veux pas… je ne le peux tout simplement pas ! C’est mort. Tu comprends ? C’est… mort !

Ma tentative de changer notre sujet de conversation est vaine, je présume ? Ce qui concerne sa sœur, malgré toute la sympathie du monde que je peux éprouver à son égard, ça se perd et s’étiole dans le malstrom infernal. Cette foutue boite de pandore que Jaimie, sans mauvaise foi, a ouvert… laissant jaillir tous les maux de mon humanité. Ça poisse et circule dans mes veines ! Ce poison. Ce…

- Vous venez. Vous intervenez ! Vous me demandez de vous parler… MAIS DE QUOI VOUS VOULEZ QUE JE VOUS PARLE ! Je ne me souviens de rien ! C’est mort ! C’est vide ! C’est néant ! Et ça me rend dingue ! Complètement !

Quelque chose bouille à l’intérieure de moi. Quelque chose s’active sous la carne. C’est là, dans la chair, dans la fibre de mes os… ça mord… ça gratte… perce jusqu’à la moelle. Une force. Une question de Vie ou de Mort. Un besoin de destruction et de dévastation. Ce désir cataclysmique de tout vouloir détruire… anéantir. Ce pouvoir, l’inéluctable, dans mes mains tremblantes, en les frissonnements de mes doigts, je le sens… je veux pleinement le saisir et le broyer aux creux de mes paumes.

- Jaimie… que je m’entends murmurer, mes azurs paniquées bien ancrées en les siennes et qui laisse traduire dans le sous-titre un…

Run. Run as fast as you can !
Car la cocotte-minute va exploser…

DEREK & JAIMIE

Hi, friend !

Jaimie Langford venait d'ouvrir des portes. Elle poussait Derek Morrow à se confier. En réalité, elle précisait être au courant de quelques éléments de son parcours de vie, des durs passages. La petite brune entourait le fait d'être présente pour lui et disponible. En gros, elle lui tendait une main. Derek avait amené la jeune femme dans son bureau, en privé. Il ne désirait pas évoquer ces sujets difficiles en public. C'était compréhensibles. Ils pouvaient se revoir plus tard pour en discuter. Or, le brunet avait véhiculé une telle situation : un moment intime, personne pour déranger cet instant de possible partage. Allait-il se livrer ? Pas du tout, pourquoi tout ce cinéma ? Jaimie ne comprenait rien. Elle essayait de réitérer sa demande. Derek ne se laissait pas avoir. Il ne déballerait rien sur ces étapes vécues. Il voulait mais il ne pouvait pas parler. Il insistait sur le terme « mort ». Derek avait tellement changé. Il souffrait et cela se lisait sur son visage. Cette douleur le transformait. Présentement, il pouvait faire peur.

Je comprends Derek, je n'insiste plus, désolé... . La suite devenait encore plus flippante. Morrow explosait petit à petit. Arrête Derek c'est bon, arrête ! Jaimie saisissait l'enjeu : la situation dégénérait. Langford avait tellement de choses à dire. Le fait de ne pas se souvenir représentait une protection. Sa conscience et son esprit le protégeaient. N'était-ce pas plus mal ? Parfois se souvenir était douloureux, trop douloureux, pourquoi ne pas laisser le passé derrière soi ? La trentenaire ne dirait rien. Derek n'était pas prêt à entendre ces éléments. Soudainement, le barman murmurait le prénom de son amie. Pourquoi ? Morrow vivait quelque chose de profond. Il allait éclater : Comment ? Pourquoi ? En pleurant ? Jaimie le soutiendrait. D'ailleurs, elle s'approchait un peu de lui, au cas où il faudrait le prendre dans ses bras pour le consoler, surtout s'il devait pleurer ce qu'elle imaginait sur l'instant. Derek n'était pas violent donc il n'agirait pas de manière violente. Si un événement à caractère spécial se tramerait, Jaimie avait un don et elle s'en servirait. Elle ne craignait rien. Pourtant, elle ne savait pas ce qui l'attendait. Morrow lui intimait, par le regard, de partir. Elle resterait, tant pis pour les conséquences. Tu peux te lâcher, je suis là. Elle confirmait sa position. Qu'allait-il faire ?

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Oh, que je la respire la décadence qui sournoisement s’infiltre et se répand jusque dans la fibre de mes os ! Sur mes carnes bouillantes, son parfum rôde et m’embaume. Elle s’empare de mon corps, engorge mon thorax, remonte par grandes houles contre les cloisons de mon crâne et veut scanner mon esprit ! Elle trouble ma sève, gangrène mon hémoglobine, comme une jetée d’acide, elle s’élance dans mes veines et m’immole de son implacable désir. Violente comme une savate, mais excise comme la liesse. Explosion de chaleur, en les confins de ma sombre et froide matière grise. Cette force. Cette puissance. Invisible comme un courant d’air. Mais incandescente et palpable comme une coulée de lave. Elle nourrit mes artères, mes veines et mon sang. Dans le soufre, les flammes, elle inhale mon essence et mon aurore. Tentacules effroyables et insaisissables qui s’entortillent autour de mes nerfs balafrés, sans pitié convoite la moindre particule de vie qui m’habite. L’alarme stridente explose à mes tempes, comme si mon horloge biologique achevait enfin son compte à rebours…

Réminiscence. Un Autrefois qui avec toute la brutalité du monde me revient à pleine tronche. Seulement, je ne suis pas paumé au cœur du désert cuisant de l’Afghanistan et aucune mine artisanale n’est là pour m’arrêter. J’suis ici, à RevealDown, au Devil’s Tail et devant Jaimie. Elle ne doit pas voir. Elle ne doit pas savoir. Personne ne le doit. Au creux de mes paumes, ça palpite et crépite. Alors je sers les poings. Poings qui sitôt s’abattent et s’éclatent sur le plâtre du mur. Les plaies s’ouvrent profondément et le sang afflue sur mes blêmes jointures. Mais ce cancer, en moi, se propage de plus belle et de mieux en mieux m’haleine. La douleur est là, mais pas assez persistante et paralysante. Alors à pleines paumes je saisis le flanc du bureau qu’à bout de bras et d’énergie j’envoie valser au travers de l’office. Les étagères, classeurs, tout y passe ! Mais rien ne suffit. Ce n’est pas assez. Ça veut jaillir de mon système.

Le cœur battant, regard fou et implorant, je fais volteface sur la petite brunette, une lueur flamboyante et pourpre jaillissant d’entre mes poings tremblants. Les quatre murs de l’office vibrent et le sol tremble sous nos pieds. Pris d’assaut par les vrombissements de mon flux sanguin et mon erratique qui s’évertuent en les vertiges de cette guerre atomique qui depuis trop longtemps m’oppresse et désormais menace de radier RevealDown de la carte. L’onde de choc, lorsqu’à genoux je m’écroule, est foudroyante. Elle emporte dans son sillage les meubles et balaye comme d’un revers de main le pauvre corps de Jaimie que je vois être projetée contre un mur…

- Tue-moi ! TUE-MOI, JAIMIE !

Ou RevealDown sera secoué par une explosion radioactive qui comme la catastrophe nucléaire de Tchernobyl n’aura certainement pas fini de tourmenter et assiéger le maudit monde !

DEREK & JAIMIE

Hi, friend !

Derek Morrow semblait en proie à un mal inconnu. Il vivait une épreuve intérieure, intense et profonde. Un élément le tenait, le tiraillait. L'envie de chialer ? De tout casser ? De tout envoyer valser ? D'hurler sa rage ? Impossible à dire mais il souffrait. C'était certain ! Jaimie Lagord arrivait même à ressentir la colère de Derek. La jeune femme restait très empathique. Elle se mettait facilement à la place des autres. La petite brune confirmait sa position. Elle n'abandonnerait pas son ami. Pourtant, il lui avait demandé de s'en aller. Elle ne respectait pas le souhait de son interlocuteur. Bizarrement, elle ne craignait pas la réaction de ce dernier. Pourquoi ? Jaim' en avait déjà vu des vertes et des pas mûres, notamment depuis la découverte de son propre don. Alors, elle resterait. Elle accompagnerait le frère d'Hunter. L'observation devenait prenante et silencieuse. Derek frappait contre le mur. Il balançait tout sur son passage. Que se passait-il ? Allait-il avouer ce qui le tracassait ? Langford craignait un événement surnaturel. Morrow ne paraissait pas maîtriser ce qui se passait. Soudainement, Derek se tournait vers Jaimie. La jeune femme ne dissimulait pas son étonnement, sa surprise. En effet, une incroyable lueur jaillissait des mains de son ami. Il s'agissait bien d'un souci lié au surnaturel. Derek arborait un air presque menaçant. Il n'était plus lui-même. Jaimie savait qu'il ne lui voulait aucun mal. Seulement, il ne contrôlait pas son pouvoir. Tout se mettait à trembler. Cela pouvait inquiéter les clients et le personnel. La discrétion n'existait plus. La lueur se propageait comme une onde de choc sur le corps de Derek. Il n'était pas blessé. Cette chose faisait partie de lui. Sans préavis, tout se retrouvait balayé sur le passage du trentenaire. Jaimie se voyait projetée contre un mur. Sa tête avait cogné cet obstacle. Pendant quelques secondes, elle était assommée. Quand elle comprenait ce qui se déroulait, elle entendait en même temps : « Tue-moi ! ». Jaimie se relevait avec difficulté. Pas question ! Elle ne le laisserait pas tomber. Il avait sûrement peur de lui-même, de ce qu'il était capable de faire, de la dangerosité de ce don, de cette capacité tout simplement.

Pourquoi ? Pourquoi te tuer Derek ? Tu n'es pas seul. Grâce à sa faculté, elle permettait à un débris de traverser la pièce. Faut pas avoir peur de ces dons, de toi. Tu dois apprendre à le maîtriser. J'suis désolée de t'avoir poussé à bout, Derek ! Reprends-toi, calme-toi, tu n'as rien fait de mal mais si tu continues, tu vas rayer RevealDown de la carte. Tu comprends ? Ça va aller. Je suis là. Langford espérait le rassurer un peu. Elle acceptait de se mettre en danger en choisissant de rester.

codage par LaxBilly.

'Cause though the truth may vary.

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(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Le lourd et pesant silence qui plane et se perd dans le chaos des échos. La voix de Jaimie qui explose en les secondes qui se défont et t’étiolent. Ce temps qui se perd, s’oublie, revient, jamais bien loin et beaucoup trop près dans ma mémoire. Ce trou bien noir où chante le tonnerre et gronde les tambours. Des malheurs qui parlent. Des pleurs qui font peur. L’éther qui tremble, oscille, zéphires des songes, les respires qui rongent… et les larmes, moires de cette tragédie pas assez lointaine. Et Jaimie qui reste là.

Mes phalanges se referment contre mes paumes flamboyantes et toujours auréolées de cette rougeoyante lueur. Le frisson, sur ma colonne vertébrale, devient ce pieu de glace qui s’enfonce en mon thorax agonisant alors que mon échine se ploie à mesure que le joug sur moi retombe. Je n’ai pas la force pour luter. Autour de nous, ça tremble et vibre. Violement. Éperdument. En crescendo, de mes viscères à ma matière grise, le magma voltaïque remonte et descend par grandes houles. Dans mon champ de regard flouté par la folie et la peur, je crois voir mon amie se rapprocher, faire virevolter au loin un débris qui se dirigeait droit sur elle.

- Ne pas avoir peur !? que je ne peux m’empêcher de faire écho, un rire amer et ironique venant sans aucune vergogne m’égratigner les lippes alors que mes folles diaphanes se posent sur elle :

- Tu l’as dit toi-même, Jaimie ! Si tu ne le fais pas, c’est RevealDown qui sera radié de la carte ! Tu sais ce qui arrive aux gens qui restent et refusent de m’abandonner !? Te doutes-tu seulement de ce que je suis capable de faire avec ces mains et ce pouvoir à la con ?!

Et je me relève, bouillant et polaire, à la fois. Une toile d’araignée se dessine et s’agrandie en le verre de la lucarne alors que des zébrures et fissures commencent doucement à apparaître dans les jointures des murs. Et le plafond au-dessus de nos têtes vibre, comme gronde le tonnerre en le bleu délavé de mes yeux alors que les halos funestes au travers de mes poings prennent de l’ampleur. Le désir de tout vouloir démolir, je le sens et je le veux !

- LE SAIS-TU SEULEMENT, JAIMIE !?

La fenêtre éclate en myriade de verres clairsemés alors que mauvais et menaçant de me rapproche de la petite brunette.

- Je suis un assassin. Un meurtrier. Une putain de machine à tuer ! Vous croyez comprendre, mais vous pigez que dalle ! Vous ne vous demandez pas le fléau véritable qui s’est abattu sur mes hommes et moi, lors de mon dernier déploiement ?! Vous ne vous demandez pas pourquoi j’suis le seul survivant !?

Des fragments de plâtre et de ciments se détachent du plafond et à la lourdeur d’une pierre tombale retombent autour de nous.

- LE SAIS-TU SEULEMENT, JAIMIE !?

DEREK & JAIMIE

Hi, friend !

Jamie Langford commençait à comprendre ce qui se passait. Derek Morrow affichait un don qu'il ne maîtrisait pas, une faculté dont il avait peur. Il était radioactif, si cela pouvait bien évidemment se dire comme tel. Il jouait avec des noyaux atomiques pour les transformer. Ce phénomène scientifique dépassait presque l'entendement. Le danger existait. Tout pouvait se désintégrer et être balayer d'un revers de la main. Jaimie saisissait cette donnée. Il était possible qu'elle n'existe plus dans quelques secondes, minutes, heures. Il lui semblait que le phénomène pouvait être rapide. La jeune femme ne pouvait pas abandonner Derek, le Devil's Tail et ses clients, Revealdown même. Elle devait raisonner son interlocuteur. Il paniquait. Alors, il se montrait menaçant sans le vouloir. Il n'avait pas demandé à subir un tel pouvoir aussi dévastateur. La petite brune hochait de la tête aux interrogations, d'un style rhétorique, de son ami. Elle savait bien ce qui allait lui arriver : la mort. D'autres personnes allaient vivre un triste sort. Il fallait arrêter Derek et éviter cela !

Je ne t'abandonne pas et je n'abandonne pas les clients de ton bar, ni les habitants de la ville. Tu sais de quoi tu es capable. Alors, pourquoi ne pas stopper ce phénomène ? Tu as envie de tuer tous ces gens ? Ils ne méritent pas une mort aussi atroce ! Tu le sais, tu ne veux pas cela, j'en suis certaine !

Jaimie tentait de raviver les souvenirs de Morrow car il affirmait presque connaître l'étendue de la faculté qu'il possédait. Donc, il avait un certain vécu dans ce domaine. Il n'était pas novice. Soit il lui était arrivé un événement causé par ce don, soit il pigeait juste à l'instant T qu'il saurait capable de tuer un paquet de gens. Une personne débutante ne pourrait pas confirmer une telle chose sans avoir à en faire les frais au moins une fois. Langford essayait de mettre le frère de Hunter face à ses responsabilités. Voulait-il décimer gratuitement une population ? La brunette savait qu'il n'avait pas un mauvais fond. Se réveillerait-il à temps de ce cauchemar ? Le décor vibrait. Tout allait partir en lambeau dans peu de temps. Derek hurlait. La jeune femme hochait de nouveau la tête. Elle n'était pas idiote. Une fenêtre éclatait. L'instant était tendu. Le barman s'approchait, l'air encore menaçant. Il avouait un secret. Il disait être le responsable de la mort de ses camarades militaires lors de son dernier déploiement.

En es-tu si sûr ? Tu te rends responsable de tout mais ce n'est pas de ta faute, comment comprendre ce qui nous arrive ?! Tout est nouveau ! Tu ne voulais pas cela, tu es un homme bon ! Il hurlait de nouveau et la situation dégénérait doucement mais sûrement. Sans plus attendre, Jaimie envoyait un objet assez lourd sur la tête de Derek pour l'assommer. Elle s'était servie de son pouvoir. Il était blessé mais pas mort. Elle attendrait qu'il retrouve ses esprits. Désolé, lançait-elle tout bas, elle s'asseyait au sol... .

codage par LaxBilly.

THE END
sujet terminé & verrouillé.