TAKE A BITE OF THIS WORLD WHILE YOU CAN
18 décembre 2019
Je viens de péter un verre. Mes mains tremblent encore de rage. Je regarde Derek, j'ai envie de tout casser. J'ai envie d'tout péter. J'ai besoin d'faire quelque chose. Qu'est-ce qui m'a pris de tomber amoureuse d'un con pareil ? J'ai envie d'vomir tellement ça M'DÉGOÛTE. J'ai envie d'vomir tellement c'est pas réel. Il m'faisait chier pour mon amitié avec Dede, mais merde c'est MON dede j'fais c'que j'veux avec MA vie, pas la ... Derek me regarde inquiet. Ma main tremble. J'entends rien de ce qu'il me débite. Là maintenant, j'peux pas tout raconter à Dede. J'peux pas. J'me lève de cette chaise, sans un mot j'me casse vers les toilettes, pour soigner cette foutue main en sang, merde j'viens d'lui péter un verre. Bon, c'est pas la fin du monde non ? Si ? Non. Clairement pas. Je sors du bar, toujours sans un mot, le visage ferme, les sens complètement obnubilés par l'envie d'être une grosse ermite et d'partir loin. Pourquoi j'suis là encore ? Dans cette foutue ville ? Ah oui. Celle qui m'a abandonné est là. J'veux savoir pourquoi. La choper entre quatre yeux et lui demander pourquoi. Lui dire que ça m'travaille, que même si j'ai d'l'orgueil, une fierté, des envies. Là, j'ai envie d'pleurer. Mais j'retiens, bien qu'mes larmes tombent et que j'les enlève rapidement. June sois forte ! Te laisses pas abattre. T'es une femme forte. T'es meilleure que tous ces connards qui t'regardent de travers. Tu peux avoir une chance monumentale d'avoir un papa et une grand-maman qui sont toujours là pour toi ... oui. Eux, t'abandonnerons jamais. J'ai bien envie d'me retransformer en petite enfant et d'pleurer dans les bras d'mon papa. Il m'est arrivé un truc et j'arrive pas à en parler. Mon téléphone vibre ... Dede veut savoir ce qu'il s'passe. J'crois que j'l'ai ignoré. Mais j'dois lui en parler ... pour le moment, j'dirais pas ... j'peux juste pas ...
02 novembre 1982
« Maman … je … je pouvais la … enfin …
- Mon fils, je sais. Tu as bon cœur, tu es comme ton père, dit la mère en souriant
- Je ne lui en veux pas de me la laisser, je préfère cela à ce qu’elle finisse mal. Elle est si fragile …
- Tu parles de qui là ? Sa mère ou la p’tite ? Cette fille tu n’l’as connais que d’une nuit et tu prends sa défense ? Arrêtes de te montrer si sensible Clarence ! râla sa mère furieuse et en même temps apeurée, comme si elle ne savait pas quoi faire maintenant tant tout se bousculait dans sa tête,
- Maman …, soupira son fils agacé sans savoir quoi dire comme excuses bidons pour la rassurer, elle ne peut pas avoir une enfant à sa charge, elle est trop instable. Et quand j’lai vu avec June dans ses bras je …
- June ? la mère sourit les yeux brillants, tu l’as appelé June ? Comme … ma sœur ?
- Oui maman. Comme ta sœur, qui a aussi été ma marraine »
Le silence s’abat alors sur le père et sa mère. Cette dernière s’approche de la petite enfant qui dormait dans les bras de son papa. Le père avait 20 ans, la grand-mère à peine une quarantaine d’année, elle semblait avoir 5 ans de moins. Elle déglutit et regarda son fils. Ils n’ont pas besoin de ce parler. Une demande sourde se fait entre eux. Une demande d’une grand-mère de prendre l’enfant qui dormait paisiblement. Elle prit délicatement la petite June et la serra contre elle. June se réveilla et commença à faire quelques petits bruits et froncer ses sourcils
« Oh oh oh …. Chhhhhut petit ange … grand-maman est là … elle est là. Tu es en sécurité mon enfant »
La grand-mère regarda son fils, très émue. Son fils savait combien la sœur de sa mère fut importante pour elle. Elle était sa grande sœur d’à peine 2 ans de plus qu’elle. Elles étaient si liées, si unies, si complice, que son cancer a terrassé sa mère d’un chagrin insurmontable. C’était il y a à peine 2 ans. Et encore aujourd’hui, sa mère a dû mal à s’en remettre. Avoir June dans les bras qui braille légèrement semble remplir le cœur de la grand-mère de bonheur.
M’avoir dans leur vie fut la meilleure chose qui puisse leur arriver. S’ils savaient que les avoir dans la mienne fut un parfait bonheur. Ils étaient et seront à jamais mon paradis dans mon cœur.
08 Août 2006
Manfred marche à mes côtés
« Toujours à courir comme une lapine toi !
- Ça veut dire quoi ça, sale pervers ? lâche je moqueuse en lui donnant un coup d’coude dans les côtes tandis que nous marchons en direction d’un grand type brun à la chevelure qui sait pas trop s’qu’elle fait
- OUTCH ! Tain’ June t’fais chier ! J’disais ça parce que tu marches vite, tout de suite à t’imaginer des trucs »
Je m’arrête, me place devant Manny et eus un sourire en coin
« T’es vraiment qu’un gros con d’pervers, tu sais ça ? lâche-je riant
- Pour ça qu’tu m’aimes ! me dit il en souriant
- A d’autres, allez viens on va voir l’autre face de cake … HEY BUGS !! QUOI D’NEUF DOC ! »
Hurle-je en la direction d’un autre grand con avec qui je ratisse de temps à autre le coin et avec qui on s’fait de bonnes soirées picoles. J’entends alors un « clic » … et je n’eus pas le temps de me retourner que … quelque chose s’est passé. En l’espace de quelques instants, Manfred n’était plus là. Je m’étais retournée, j’étais à peine à quelques mètres de lui, que ça a … qu’il a … mon cœur s’arrête, mon corps entier tremble, j’ai de la peine à respirer. Je regarde derrière moi, il n’y a plus Manny mais à la place … il y a … un tas de sang et … des restes de … lui. Un frisson glacial me parcourt alors tout le corps tandis que ma respiration a dû mal à s’faire. J’entends vaguement un « NE BOUGES PAS !!! ». Mon corps se tonifie directement et un homme me prend par les épaules. Bugs. Il me regarde, je n’arrive pas à parler, je n’arrive pas à dire quoi que ce soit, je n’arrive rien à faire, comme si mon corps et mon esprit se l’interdisaient ou du moins, comme si mon esprit ne comprenait toujours pas ce qu’il se passait, que mon cerveau était au stade ERROR 404 et que mon corps se mettait à trembler dans l’attente de faire un truc. N’importe quoi, mais un truc. Tandis que je regardais le tas de chair et de sang, deux mains prirent mon visage et le tourna. Je contemple un regard direct. Ses mots, j’les entendais pas encore. Mais son regard disait tout. Je sers ma mâchoire, tandis que mon cœur se brise instantanément dans ma poitrine. Bordel de merde. Manny … il était … comme mon frère de sang. Je sens mes jambes qui tentent de me lâcher. Faut qu’on bouge. Faut que j’bouge …
J’étais au téléphone. Sa mère pleurait. Elle voulait des explications. Ma voix tremblait. Mon poing libre se fermait. Je répétais sans cesse « j’suis désolée … pardon … j’suis désolée » le cœur complètement abîmé. Elle pleurait. J’arrivais pas à pleurer. Je retenais mes émotions. P*tain, qu’est-ce que c’est dur. Je sers ma mâchoire d’une manière tellement forte, que j’pourrais m’péter les dents. Mon corps entier est tendu. Mon ventre me fait atrocement mal, comme si j’allais faire un ulcère, je sens mon nez m’faire mal, comme juste avant qu’on pleure. Elle me demande et me supplie d’rester en vie. Je lui promets et raccroche le combiné. Là, je pose mes mains sur le mur et m’étire. J’inspire longuement et expire bruyamment, la douleur de mon cœur se laisse échapper. Je grogne, ne voulant pas qu’on m’voit comme ça. Un mec s’arrête, il sait sans doute pas ce qui s’passe
« Bah alors O’Connor, on vient de t’plaquer et tu vas chialer comme une gamine ? Pff qui voudrait d’une meuf comme toi ?
- Jack arrêtes d’être con, t’as pas entendu ce qu’il …, avait commencé un de ses abrutis de potes qui était avec lui »
Je lève ma tête, mes yeux sont exorbités, ma mâchoire est visible, mes cheveux sont décoiffés. Telle une Berserker, je hurle et me lance sur lui, l’insultant de tous les noms et lui cassant la gueule comme il se doit. Enfin, je lui ai juste assainis 2-3 coups d’poings dans sa gueule et d’un coup d’pied au bide et alors qu’il était au sol, j’allais lui sauter dessus pour l’achever mais on m’retient. Il se relève le nez en sang
« P*tain espèce de folle hystérique ! Faut t’enfermer ! râle-t-il en se relevant péniblement, constatant le sang qui sort de son pif de con
- Pauvre merde à l’ego de macho surdimensionné !! LACHEZ MOI !!!, hurle je en m’extirpant non sans mal des mains des autres gars, MANFRED EST MORT DEVANT MOI !! IL A MARCHE SUR UNE MINE !! DONC TES REMARQUES DE RESIDUS DE FOND D’CAPOTES TU VAS T’LES GARDER BIEN PROFOND DANS TA P’TITE TETE DE FRUSTRE DU CUL !!!! Ou j’te jure que j’vais m’faire un malin plaisir à l’visiter avec un mortier ! »
Je m’approchais dangereusement de lui, l’index accusateur, usant de mon charisme et ma carrure sur lui, lui qui se fait petit, ferme sa grande gueule et recule pour se coller contre un mur. Et puis, le silence. Et une bonne claque dans sa gueule se fait entendre par un son aigu qui fait un bien fou.
« Attends … tu l’as giflé ? Genre … comme un gosse ? explosa de rire Bugs qui se bidonne tout en tapant du poing sur la table
- Oooh ça va … c’était mérité, fis-je en regardant ma boisson alcoolisée haussant les épaules,
- J’aurais trop voulu voir ça ! continua Bugs de rire,
- Lui aussi … aurait bien voulu voir ça … fis je le cœur brisé, les larmes qui montent et moi qui les retient,
- T’as pas pleuré ?
- Non …
- T’en as envie ?
- Pas ici »
Je le regarde, prête à craquer. Mais pas ici. Il boit cul sec son verre et m’invite à faire de même. On sort du bar, on s’isole et alors que je me sens enfin en sécurité avec lui, en sécurité affectif, je me colle contre le mur et tout mon corps se détend d'un coup, les vannes s'ouvrent et je sanglote. J'arrive pas à arrêter les larmes. Mon coeur me fait mal, trop mal. Je pleure. J'allais dire que j'étais désolée d'pleurer comme une gamine, mais des bras me prennent pour me réconforter. Il m'dit qu's'est normal d'pleurer. Parce que j'suis humaine. Que j'ai des émotions et des sentiments. Mais c'est pas normal de perdre quelqu'un comme ça, d'un claquement de doigt. Je sers Bugsy dans mes bras, très fort, il fait de même, caressant ma crinière, tandis que j'inonde son haut (qui pue) de larmes.
J’ai p’tet perdu mon frère de cœur. Mais j’ai gagné bien plus que ça. Un frère d’arme, une âme sœur qui m’complète et qui m’comprends.
28 décembre 2018
Certaines choses, je ne veux pas en parler, surtout lorsque ça concerne mon ancien job. Je rentre du travail, épuisée et remplie de cambouis. Je soupire, entre ma voiture dans le garage et sors. Là, je traîne mes pieds vers la porte du garage qui mène à la cuisine. J’enlève mes chaussures et les jette dans mon panier à godasse crades. Je grimace, sentant l’odeur de mes pieds. Bon sang je pue, je déteste ça. Je grogne et me dirige vers la buanderie pour y jeter toutes mes affaires crades qui puent la mort, dans la machine. Je lancerais tout ça plus tard, toute façon j’suis en weekend donc je peux me poser tranquille. Une fois nue, je chope un peignoir en éponge, enfile des crocs – tellement pas sexy mais confortables quand même – pour filer à l’étage. J’entre dans la cuisine
« C’est moi !!, dis-je en m’annonçant, j’file sous la douche je pue la mort j’t’embrasse après chéri »
Fis-je en faisant exactement ce que je viens de dire. Je jette le peignoir au sol, je dégage ces chaussons de malheurs et je me fonds sous la douche avec délice. Je souris, ravie de cette douche agréablement chaude. Aaaaaah … c’est tellement agréable. Après une bonne trentaine de minute, je me sèche totalement, mets une serviette autour de la poitrine et me sèche les cheveux, tout en remettant de temps en temps cette foutue serviette parce que franchement, ce n’est pas comme dans les films où ça reste tout le temps hein ! Une fois sèche, j’attache mes cheveux en un chignon en vrac, je vais dans la chambre, met un pyjama bien sec et agréable et descend après avoir mit une paire de pantoufle hyper méga confortable. Oui, j’aime le mignon et le confort ET LES PLAIDS ! je m’avance vers le chéri, souris et l’embrasse. Mais il recule sa tête. J’arque un sourcil
« J’peux savoir c’qui t’prends ? demande je surprise
- Tu m’as pas invité sous la douche, me lâche-t-il sans que je sache si c'est sérieux ou non
- T’aurais pu v’nir’, je souris tandis qu’il me prend par la taille
- T’aurais râlé, retroqua-t-il
- Rooooh … tout de suite les grands-mots ! fis-je en riant en voulant encore lui revoler un baiser mais il repousse encore sa tête … il va m’saouler …
- J’suis sûre qu’avec Derek tu disais pas non, lâcha-t-il
- T’es vraiment doué à tout gâcher toi, râle je en me retirant de ses bras »
Et voila, je suis agacée et frustrée. Je secoue la tête et me dirige vers la cuisine pour vouloir prendre un verre d'eau.
« T’es plus pareil depuis que t’as quitté l’armée ! me poursuit il en prenant mon bras, m'interrompant dans ma démarche
- Oooh ça va ! Toi ça fait 2 ans ! Tu pourrais comprendre ce que ça fait nan ? Ah non c’est vrai …. J’oubliais … Tu étais dans tes putains d’papiers ! râle-je en rogne, croisant mes bras
- Et toi tu te tapais Derek ! C’est lui que tu veux hein ? Sa queue dans ta …
- STOP !!! MAIS T'ES DEGUEULASSE MA PAROLE !!! hurle-je en grimaçant d’horreur, il est comme mon frère ! Tu peux pas dire des choses pareilles ! C’est de l’inceste !
- Te fous pas de ma gueule June. Je SAIS que tu as couché plusieurs fois avec lui. Tout le monde le dit.
- T’es vraiment un mouton à écouter les ragots des autres. Le seul mec auquel tu aurais pu te sentir en danger ça aurait été Manfred »
Mon cœur explose. Je le regarde, le visage fermé. Manny, il ne l’a jamais connu. Manny, c’était pas seulement un frère, c’était … l’amour de ma vie. Et je l’ai su que plus tard que j’avais des sentiments pour lui ou du moins je me pensais l’aimer. Mais dans un sens oui, je l’aimais. Nous nous connaissons depuis le jardin d‘enfant, c’est avec lui qu’on s’foutait de la gueule de tous ces lycéens qui se la racontaient de trop. Avec lui qu’on se battait contre les gros durs qui voulaient nous mettre la tête dans les cuvettes, résultat ça a été l’inverse, avec lui que je m’entraînais à me battre, lui que je mettais souvent au sol. Mais … il me laissait le battre.
« Arrêtes ton char. Tu vas me dire quoi hein ? Que c’est à cause du fait qu’il se soit fait exploser la gueule que tu peux ni te marier avec moi ni me faire un enfant ? Putain, t’as 36 ans et tu es toujours à jouer au garçon manqué ! Tu devrais te trouver un vrai boulot
- On devrait s’arrêter là surtout, lance-je tremblante de rage, le corps tendu prêt à lui péter ses dents j'ai envie de vomir, ce qu'il me dit est insensé et irrespectueux
- Quoi ? il me regarde, ne comprenant pas ce que je venais de dire
- On devrait … s’arrêter … là. Tu m’aimes et me prends pour celle que je suis, par celle que tu VEUX. Je ne changerais JAMAIS pour ta sale gueule de gros connard de machiste de merde ! Tu veux jouer au débile ? Ok. Je prends mes clics, mes clacs j’me casse ».
A partir de là, tout est devenu surréaliste. De rage, il s’est jeté sur moi, tandis que j’allais, déterminée, vers la chambre pour récupérer mes affaires. Il sait que quand je prends une décision, même à la volée, je suis sérieuse. Il me prend la tête et me la fracasse contre le mur. Je titube, sans avoir vu le coup venir. Il est totalement enragé. Nous nous sommes fortement battus. C’était … sanguin. Je voulais le calmer, mais il ne le voulait pas. Il hurlait des « TU ES A MOI !!! TU M’APPARTIENS ». Il était complètement fou. Je parais ses coups, jusqu’à l’avoir mis au sol dans une prise où mes jambes emprisonnées un de ses bras et un pied dans sa tronche « CALMES TOI FLYNN !!! TU DEVIENS COMPLET…. AAAAAAAAAAH » !!! J’hurle de douleur tandis qu’il venait de planter un stylo dans ma cuisse, stylo qu’il avait sans doute dans une de ses poches. Je l’enlève en grognant et me lève. Là, il pointe une arme à feu sur moi. Il tire un coup … deux coups, j’évite. Trois. J’évite aussi. Je réussi à choper un de mes katanas, que j’avais exposé sur le mur du salon pour déco, je fais un mouvement dans l’air pour le faire peur. Je ne veux pas le blesser avec ça. Ni le tuer. Je le regarde, espérant qu’il se calme, montrant que je sais me défendre. Mais il me tire sur la main. Je lâche mon arme et il saute sur moi. On tombe au sol. Il est là, m’étrangle de rage
« Si j’peux pas t’avoir, personne t’aura, ni même ce chien de Derek »
Seront ses derniers mots. Alors que je sentais mon heure arrivée, ma vue devint floue, mais mon corps tente de rester en vie et mes mains cherchèrent un moyen pour s’en sortir et trouvèrent … une arme. « PAN ». Le corps de Flynn tomba à côté de moi, tandis que je reprends ma respiration et me dégage de là. Je peine à respirer tant cette situation est totalement surréaliste. Je tremble, inspire et respire, tandis qu’il meurt dans sa flaque de sang. Je déglutis. J’ai appelé la police, leur demandant aussi une ambulance … parce que dans la bataille, j’ai aussi été touchée, d’une balle dans le ventre, et qu’avec l’adrénaline, je n’avais rien senti.
15 août 1998
Nous étions couchés dans la barque, de sorte que nos têtes soient l'une contre l'autre. La casquette sur la tête, les jambes et bras croisés, je me repose. Enfin, je dors surtout. Ou du moins je somnole. Bref, j'ai les yeux fermés. Le silence nous entoure, je souris, apaisée, j’aime ce genre de silence, il apaise, il fait oublier beaucoup de choses, il …
« Alors ?
- Mmmh …., grogne je bon sang j’étais bien moi
- Bah … ça s’est passé comment avec ton gars-là ?
- Ah … lui. J’devais finalement aider papa à la chasse, quand j’le lui ai dis il m’a pas cru
- Qui ?
- Bah l’autre débile
- Pourquoi il t’a pas cru ?
- Tu comprends une femme ça chasse pas. J’lui ai dis de ramener son cul, il est venu, il a vu, il est …
- Partu ?
- Nan ça veut rien dire t’es con, lâche je en riant
- Bah j’sais pas moi … tu l’as vaincu ?
- On va dire ça ouais, dis je en soupirant
- Merde … imagine lundi ce que ça va être
- Bof … j’m’en fou. T’sais on m’a jamais cru quand j’disais que j’savais manier l’fusil !
- Et tu sais l’nettoyer hein !
- Putain t’es con »
On se marre comme deux débiles, se racontant des conneries, les yeux fermés. Nos rires font s’envoler des piafs, mais le silence nous fait toujours autant de bien et le soleil nous berce doucement. Je soupire et regarde le ciel
« Manny ?
- Mmmh ?
- T’fou pas d’ma gueule hein mais … tu m’promets qu’on restera toujours ensemble ?
- Pff t’as d’ses questions »
Quelques années plus tard, nous étions partis à l’armée. Jamais on aurait imaginé ce qui s’en suivrait …
08 août 2019
J’emménage dans la maison que je viens d’acheter. Je laisse tomber un carton au sol et regarde les pièces vides en m'étirant. J’ai mal au crâne, la migraine se fait pesante. Les déménageurs se pressent de tout me livrer dans les pièces vides, tandis que je déambule dedans. Je soupire, pourquoi j’ai acheté ? Je fronce les sourcils, je sais pas encore si j’comprends réellement ce qu’il m’arrive. Ni même ce que j’dois réellement faire. Je secoue la tête et vire mes pensées de ma tête, aller June, au boulot ! Tu seras bien ici, tranquille sans qu’on t’fasse chier. Les heures passent, les déménageurs partent, me laissant à ma solitude. Je rentre dans ma chambre, les cartons sont là, mais les meubles sont au moins bien à leur place. Je rangerais tout ça. Sans me changer ni me laver, je me laisse tomber dans le lit pour dormir d’une traite, ignorant la migraine qui ne me quitte plus.
Mes nuits sont jonchées de cauchemars, de sang, de cris et de monstres. Chaque matin, je me réveille en sursaut, suante et en larmes. J’ai toujours des nausées et un goût amer en bouche. Grognant et maugréant, je me lève pour me diriger vers la salle de bain. Je chasse, encore une fois, mes images de ma tête sous l’eau chaude qui me réveille. J’aime cette sensation au réveil. C’est agréable. Comme la sensation de la douche chaude ou d’un bon bain le soir. Sortant de la douche, je me sèche et m’habille. La flemme de tout ranger mes cartons m’envahit, j’dois sortir, m’faut un taffe pour occuper ma tête. Alors, j’arpente les rues commerçantes à la recherche d’un potentiel boulot qui me correspondrait. Me suis présenter à la boutique de vente d’armes, mais le gars n’a pas apprécié que j’en sache plus que lui sur les armes qu’il vendait « amateur » que j’avais fini par lui lâcher en sortant de son magasin à la con.
Finalement, j’arrive dans une sorte de casse. Ou de garage. Ou un peu des deux. On dirait un machin vintage tout en étant neuf ou un truc qui essaye de faire un peu des deux. Bref. J’arque mon sourcil et passe les portes
« B’jour ma belle, tu t’es perdue ? me lâcha un jeunot d’une vingtaine d’année sans doute lorsque je viens m’accouder à la borne d’accueil
- Salut l’bleu, j’ai vu l’annonce là sur votre devanture de porte, donc j’veux voir ton boss, dis-je en faisant fis de sa tentative de drague pour les nuls
- Ola ma belle ! T’es directe dis donc ! Pas sûr qu’il voudrait d’un p’tit cul comme toi,
- Ecoutes moi bien ptit con, continues à m’faire du rentre dedans comme ça et j’prends ta putain d’clé à molette pour t’la mettre tellement profondément dans ton cul que celui qui va t’la sortir devra s’appeler le Roi Arthur ! Donc tu vas arrêter d’faire le mariole et m’chercher ton patron de suite, mon regard est vif, froid, transperçant, il déglutit et sait très bien que j’vais pas rigoler s’il continue à m’faire chier
- Aha ! J’aime ce genre de femme ! Interpela une voix rauque et masculine, hey la brune montres moi ce que tu sais faire avant d’traumatiser mes gars »
Je me retourne et fais face à l’homme. Un sourire se forme sur nos visages et quelques instants plus tard, il fut vite satisfait de mes talents de mécanos et de mes analyses. Il en a fallu que très peu pour moi pour montrer ce que j’savais faire. Et tandis que je m’essuies rapidement les mains dans un torchon, l’homme me reluque, mais pas comme un casse dalle
« Ya un problème boss ?
- T’es pas une nana comme les autres, ça f’ra du bien à l’équipe. T’as l’air d’fuir quelque chose, un passé ?
- Pourquoi cette analyse de psy d’comptoir à la con ? demande je en jetant le torchon sur la table de l’établi
- Parce que quand on vient s’installer en ville c’est soit parce qu’on l’a déjà quitté une fois ou parce qu’on veut fuir quelque chose
- Ou ptet’ parce que j’ai envie d’être dans un vieux pat’lin et d’vivre comme une vieille avec des centaines de chats, fis je avec un sourire
- Célibataire sans enfants ?
- Yep, pas d’attaches, juste moi, mon cul et mes problèmes
- J'aime les femmes à problèmes, me lâcha-t-il un sourire en coin s'avançant vers moi
- J'aime les grands cons qui aiment les femmes à problèmes ... par contre si ça part dans de la géométrie, moi j'sais plus où donner d'la tête ! »
Un regard complice et un sourire se fait entre nous. Ya pas b’soin de dire ou faire quelque chose pour comprendre que deux êtres solitaires se sont trouvés. Pour faire quoi ? Oh … vous savez … quelques parties de Scrabble par-ci, par-là ! C’est sympa le Scrabble …