HRP:

Tout allait mal aujourd’hui. Il y a des jours comme ça, de plus en plus pour Ara ces temps-ci. Des fantômes du passé n’avaient cessé de la tourmenter. Elle s’était réveillée tremblante, soumise à des sanglots insurmontables, l’image du sourire narquois de Tharek gravé sous ses paupières et le goût ferrailleux du sang en bouche.

Des nuages noirs recouvraient le ciel et une pluie battante inondait la ville. Le drapeau rouge flottait sur Poseidon beach et Ara avait passé la matinée à essayer d’empêcher des sales morveux d’Harrington Spring d’aller se faire « les vagues de l’année ». Après plusieurs avertissements, elle avait définitivement perdu le peu de sang froid qu’elle avait. Je ne parle pas de remontrances, ou même d’une grosse colère, mais bien d’une alerte rouge, ouragan Ara catégorie 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson, qui s’était abattu. Elle avait pourri les gamins tant et si bien que son supérieur, d’habitude plutôt laisser faire laisser passer, s’était senti obligé d’intervenir et l’avait renvoyée chez elle.

Ara s’était retrouvée seule à faire face à sa douleur, ses angoisses, et ce passé qu’elle avait essayé désespérément d’enterrer. En désespoir de cause, elle avait essayé d’aller voir son amie Leah au WWF mais en vain. Ara avait erré sans but pendant un moment, avait acheté un pack de bière, et finit là où elle aurait dû aller en premier : le cimetière. Elle avait méthodiquement arraché les racines qui poussaient autour de la tombe d’Aedan et s’était allongée sur la pierre froide. 88 ans aujourd’hui qu’Aedan était mort. Connaîtrait-elle un jour à nouveau la paix et l’amour qu’elle avait vécu avec lui ?

Autant dire que quand la demoiselle passa la porte du Devil’s tail déjà bien bondé, trempée jusqu’à l’os, les yeux rougis des larmes qui avaient roulé sur ses joues, elle n’était ni très émotionnellement stable ni très fraîche. Le plan était le suivant : boire de manière déraisonnable, tituber jusqu’à chez elle, finir sa nuit dans un semi-coma à désaouler dans sa baignoire et espérer que demain serait un autre jour.

Alors qu’on lui servait sa bière — une de plus — au comptoir, le regard d’Ara s’arrêta sur un visage familier. Lestiel. Quelqu’un qu’elle n’avait pas vu depuis des décennies, pas vu depuis… Adora. Comme si elle avait besoin de ça, tous ses souvenirs remontèrent d’un coup, sa gorge se serra jusqu’à l’asphyxie. Islara, dans sa luxueuse robe blanche, quand il avait pris sa main et l’avait téléportée à Magnolia Light pour son Harvest. Après la mort de ses proches, quand il avait presque pris la place d’un père dans son coeur. Ayara, quand il était si fier de sa carrière de guérisseuse. Adora… Quand il avait essayé de l’arrêter puis quand il lui avait reproché de… On ne dit pas non à Tharek ! Lui résister était impossible ! En avait-il seulement conscience ? N’avait-elle pas assez payé ?

Le sang se mit à bouillir dans ses veines. Elle se leva rapidement et s’approcha à grandes enjambées.

— Oh, mais que vois-je ! Un traître ! clama-t-elle à tue tête d’une voix faussement enjouée

Elle prit à partie l’une des personnes qui s’était tourné vers elle après sa déclaration tonitruante et pointa son ancien ange gardien du doigt.

— Prenez garde, mademoiselle, avec ses airs angéliques, il vous emmènera à votre Harvest, il vous fera croire qu’il est là pour vous, puis il vous abandonnera...

Ara claqua sa bière sur la table, renversant une partie de son contenu aux alentours. Elle posa ses deux mains à plat sur le bois et avança le haut de son corps vers Lestiel, l’air menaçant et le regard de braise.

— Tu bouges, ou je te bouge ?

Ghosts of the past.

- feat. Ara Morrigan -

Encore une fois, voilà que malgré moi, je suis de nouveau attiré vers la ville. Peut-être est-ce un effet de la réaction entre ma nature et le passage dimensionnel, mais je penche plutôt vers l’idée que c’est ma conscience qui m’y pousse, même si je n’en ai pas envie. J’essaie de me montrer indifférent aux sorts des autres, mais il faut croire qu’on ne peux pas changer si profondément. Ce serait tellement plus simple pourtant, que de souffrir sans cesse avec les autres. Mais c’est trop tard maintenant je suppose, pas après m’être lié avec quelques humains ici à Reveal Down, pas après mon passage forcé à Magnolia Light qui m’a ouvert sur les dangers qui guettent les ignorants et innocents. On pourrait croire que près de quarante ans aurait calmer la situation à Elvendyr, d’avoir les créatures hybrides issu des malfaisances de Tharek sous contrôle. Pourtant non, et le chaos, avant son traîneau de douleurs, pertes et colères, avance de nouveau droit dans notre direction. Et si j’ai perdu espoir pour Elvendyr, la Terre peut encore être sauvé.

Puis soyons honnête, je me suis habitué à mon train de vie, et il est hors de question que cette emmerdeuse d’Illyria et sa cohorte de malheur vienne mettre le bordel dans ce monde. J’ai donc décidé que j’allais gardé un œil sur les activités des créatures en ville, qui à en expédier direct à Elvendyr … Bon d’accord, je n’ai pas vraiment de plan pour les empêcher de revenir et mettre Reveal Down à feu et à sang. Mais en attendant d’avoir une meilleure idée, surveiller tout ce beau monde ne peut pas faire de mal. C’est ça ou ne rien faire de toute façon. Alors si je me compte me renseigner sur les nouveaux venus en ville, je vais d’abord voir ce qu’il en est de ceux susceptibles comme moi de s’être trouvé coincé il y a trente-neuf ans. Comme une certaine Islara, qui est tout à fait capable de se révéler une Illyria bis. Une d’autant plus dangereuse à mes yeux que fut un temps où je tenais à elle. Peut-être que je tiens encore un peu à elle, ou du moins au souvenir que j’ai d’elle, avant qu’elle ne devienne la créature asservie à Tharek.

Il ne m’a pas fallut pour apprendre apprendre qu’elle était devenu maître-nageuse, et en interrogeant ses collègues – j’ai fait mine d’être intéressée, et ils ont été des plus obligeants – ils m’ont fait savoir qu’elle se rendait souvent au Devil’s Tail. Je m’y suis rendu, et me voilà donc à attendre son arrivée – si elle vient aujourd’hui. C’est avec une certaine surprise qu’une femme vient s’installer près de moi, un regard des plus explicites. Enfin en soit, ça n’a rien de surprenant, c’est loin d’être la première fois que ça m’arrive. Mais étant venu en mission de filature, je m’attendais pas à ce qu’on vienne me draguer. A la réflexion, ce n’est pas plus mal, elle me permettrait de me fondre un peu plus dans le décor. Je me mets donc à flirter avec la jolie blonde, tout en surveillant la porte d’entrée. Qui finit au bout d’une demi-heure par s’ouvrir sur celle que je traque. Une demi-heure qui a eut d’ailleurs le don de mettre à bout les nerfs de ma compagne temporaire qui ne comprend toujours pas pourquoi pas je ne l’emmène pas ailleurs. J’essaie de la faire patienter encore tout en observant Islara du coin de l’œil. Cette dernière me semble un peu déprimée. Ou alors je m’imagine des choses.

En tout cas elle reste à boire dans son coin, sans essayer d’attirer l’attention des autres, et j’ai l’impression qu’elle est plutôt inoffensive. Enfin jusqu’à ce qu’elle me remarque. Il semblerait donc que je ne sois pas fait pour la vie d’espion. Elle se rapproche rapidement, mais clairement instable sur ses jambes, dénotant son état avancé d’ivresse. Elle se met à crier dans le bar, à haute voix que j’étais un traître et j’en reste sans voix. Mais quoi ?! Clairement soûle, elle s’adresse ensuite à la blonde à mes côtés, en lui parlant d’Harvest et d’abandon, ce qui doit être trop pour elle qui décide de partir sans même m’adresser la parole. Je retiens un haussement d’épaule défaitiste, et retourne mon attention vers la native d’Elevendyr en face de moi. Même si je suis offensé de ses accusations, infondées d’ailleurs – ce n’est pas moi qui a des choses à se reprocher … enfin si mais rien qui la concerne – il y a quelque chose qui déclenche mon empathie dans son attitude, une certaine tristesse, des regrets peut-être ?  Je ne peux pas cependant approfondir mon analyse, puisqu’elle renverse une partie de sa bière sur la table et je dois reculer précipitamment pour éviter que ça ne coule sur mon entrejambe. Je relève la tête pour la voir se poster face à moi, l’air un peu menaçant. Confronté à ses paroles suivantes, je décide de faire preuve de diplomatie – elle est clairement pas en état de l’être elle-même. « Bonjour Ara ça faisait longtemps. Est-ce que ça te dirait de te joindre à moi plutôt ? Promis, je te donnerais aucun faux espoirs. ». Je fis un sourire aimable à l’un des serveurs venir s’enquérir de la situation et lui fait signe de nous resservir – même si ce n’est pas la plus intelligente des choses à faire dans le cas d’Islara, je n’ai pas envie de me la mettre à dos. Puis j’ajoute, doucement : « Il y a des choses dont je voulais te parler de toute façon. »  

- ️ FICHE  BY DISTURBED -

— Oh, parce que maintenant, maintenant, tu veux parler ?

La blondasse était partie. Pour dire vrai, Ara l’avait peut-être prise à partie, mais elle avait immédiatement oublié son existence. Toute son attention était sur Lestiel. Elle l’avait sommé de partir, et elle était sérieuse. De toute évidence, elle prit donc un siège à côté de lui, parce que n’allez pas chercher de la cohérence là dedans.

— Tu te souviens des dernières choses que tu m’as dit ? Parce que moi oui. Chaque mot. Je me souviens de tout, de ton… regard aussi.

Ses yeux se voilèrent. Lestiel avait été son confident, son plus proche ami. Et encore, c’était un euphémisme, il était comme un père pour elle ; il avait remplacé son père après sa mort. C’est à lui qu’elle avait confié ses doutes et ses déboires, c’est à ses côtés qu’elle avait appris à accepter la mort de ses proches. Elle avait pleuré la mort d’Aedan dans ses bras.

Mais, bien sûr, tout était si simple pour les celestiaux ! Les chevaliers de la déesse lumière. Toujours dans le juste, toujours du bon côté. Tharek l’avait choisie, il l’avait pétrie, façonnée, transformée en monstre, en bête. Le démon lui avait tout pris. Prisonnière d’un corps qui n’était plus le sien, elle n’avait fait qu’assister à la destruction de tout ce qu’elle avait construit…

Ara se rabroua, pointa son doigt vers la porte, et parla d’un ton dur.

— Tu n’as rien à faire ici. Tu es parti. Quand on part, on reste parti. On ne revient pas hanter les gens comme ça. Non, Lestiel. Alors part. C'est fini.

Ce n’était pas toute l’histoire n’est-ce pas ? Le temps avait passé, les faits exacts s’étaient perdus dans un voile d’incertitude, mais c’était elle qui avait fui n’est-ce pas ? Dès qu’elle en avait eu la force. Aussi loin que possible. Leur relation s’était rompue bien avant cependant, et d’un coup d’éclat. Quand elle avait échoué à tout lui raconté, et qu’il n’avait pas réussi à comprendre.

— Juste… Part, d’accord ? C’est vraiment pas le jour, d’accord ? J’ai passé une pure journée de merde. J’ai pas besoin de ça, j’ai pas besoin de toi. Mensonge. Elle avait sans doute plus besoin de lui maintenant que jamais. Je veux juste oublier, tout oublier. Les derniers mots étaient prononcés dans un murmure alors qu’elle fermait les yeux et se massait les tempes pour relâcher un peu la pression.

Elle avait l’air fatiguée, non, éreintée. Une tristesse sans pareil se lisait sur son visage.

Ghosts of the past.

- feat. Ara Morrigan -

L’attitude d’Ara transpire l’agressivité, mais plutôt qu’une soif de violence, c’est plutôt une sorte de désespoir qui semble l’y pousser. Mais peut-être était-ce une mise en scène ? L’Islara que j’ai connu n’était pas une manipulatrice, mais je n’ai jamais vraiment su de quoi était capable cette femme quand elle s’appelait Adora. Quant à savoir ce que peut faire l’actuelle Ara Morrigan … c’est une énigme, et je ne compte pas avoir la faiblesse de me laisser attendrir, pas aussi facilement en tout cas. Enfin facile à dire. Elle a réussi à toucher une corde sensible avec ses paroles. Et pour cause, entre la déception de ses actions sous l’influence de Tharek, et ma frustration suite à mon « emprisonnement sur Terre – en tout cas, à l’époque, c’est comme ça que je l’avais vécu – j’ai laissé le pire de moi-même prendre le dessus et je l’ai repoussé à l’époque. Une certaine culpabilité m’habite en ce qui la concerne, mais le simple fait de me remémorer les exécutions d’innocents par la main d’Illyria suffit à raffermir ma volonté. Heureusement, elle ne semble pas vouloir prendre la fuite – même si vu son taux d’alcoolémie, elle en est de toute façon probablement pas capable – et vient s’asseoir près de moi. Elle reprend ses reproches sur notre séparation, et je la laisse faire, parce qu’elle n’a pas totalement tord après tout. Aussi déplaisant que ce soit de l’admettre. Sur un ton doux, je lui répondis : « Je n’ai pas oublié, même si parfois j’aimerais oublier une partie de mon passé. ». Vu son état, je ne suis pas sûr qu’elle m’ait entendu, surtout que son regard semble se perdre dans ses souvenirs, je grimace légèrement et me reprends aussitôt. Je ne peux vraiment pas me permettre de la laisser m’attendrir !

Finalement elle revient à l’instant présent, pour m’ordonner de sortir. Comme quoi ce qui était parti ne peut pas revenir. En voilà en idée, et je suspecte que c’est plus un vœu pieux de sa part plus qu’autre chose. Mais je me demande si c’est vrai moi qui la hante, et pas autre chose. Je lui réplique donc gentiment, essayant de la calmer du mieux possible : « Crois-moi, j’aimerais que ce qui est parti ne revienne pas, ma vie en serait d’autant plus simple. Sauf que ce n’est pas le cas, c’est bien tout le problème. ». Elle n’a pas l’air convaincu, ou alors elle juste pas capable de comprendre ce que je dis car elle me demande à nouveau de partir, me disant que sa journée est déjà suffisamment mauvaise sans que j’en rajoute. Pourtant je la sens de moins en moins assurée de ma voir m’en aller, avant de finalement admettre qu’elle veut juste oublier. Au moins cela explique l’alcool. Et sa tristesse qui est des plus visibles sur son visage. Malgré moi je pose ma main sur son épaule, geste de réconfort spontané, le même genre qu’aurait fait l’ancien moi, celui qui ne se fichait pas de tout, celui qui voulait aider et sauver les gens plutôt que de faire la guerre aux créatures hostiles. Sauf que l’hostilité d’Ara n’est que verbale, et même en essayant de rester neutre, je dois bien admettre qu’elle ne ressemble pas à une autre Illyria, plutôt à quelqu’un qui a vu trop de choses et ne sait pas comment passer outre pour avancer dans sa vie. Je l’appelle à mi-voix, par son nom de naissance, celui qu’elle avait quand je l’ai conduite jusqu’à la source à ses seize ans : « Islara ? Islara, écoute-moi s’il te plaît. ». J’essaye de croiser son regard, de créer une connexion, de lui montrer que je ne suis pas insensible.

Même si la partie raisonnable n’est pas encore certain de son « innocence » si on peut dire, je suis juste incapable de ne pas céder à ma nature angélique et essayer de l’aider. L’histoire de ma vie ces quarante dernières années, une lutte contre moi-même, juste pour pouvoir prétendre que je n’étais touché par rien. Sur ce point, je crois bien que je la comprends, peut-être mieux qu’elle ne l’envisage. Je continue donc : « Tu n’es pas vraiment en état pour une conversation sérieuse, mais sache que je le regrette, de t’avoir repoussé, de ne pas t’avoir vraiment écoutée. J’étais en colère, en partie contre toi, mais surtout contre la situation qui m’avait coincé ici sur Terre. Ce n’était pas ta faute, et je n’avais pas le droit de me décharger de ma rage sur toi. A défaut de me pardonner, est-ce que tu me laisserais une chance de mettre les choses au clair entre nous ? ». Je ne suis pas sûr qu’on puisse revenir à ce qu’on était, ou même qu’elle le veuille, mais je ne veux pas à devoir sans cesse me demander si elle est devenu un danger pour Reveal Down ou la Terre, ni même si elle me hait parce qu’elle espérait me voir être là pour elle et que je ne le suis pas.

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La main de Lestiel se posa sur son épaule. Le contact, chaud et réconfortant, la ramena soudainement à la réalité. Une part d’elle, celle qui était terriblement en colère contre lui, aurait eu la réaction instinctive de se dégager violemment de cet effleurement familier. Elle n’en fit rien. L’ange essayait de capturer son regard, mais Ara était fuyante. Il avait son attention cependant, et elle l’écouta. La sirène, apaisée, resta silencieuse un long moment.

— Mais c’était ma faute, n’est-ce pas ? demanda-t-elle d’une voix douce.

Oui, elle était saoule. Assez pour lui reprocher ses erreurs avec véhémence, mais pas encore assez pour oublier celles qu’elle avait commises elle-même, même contre son gré. Le rejet de Lestiel était plus que justifié. Il lui était seulement apparu insoutenable car elle avait cru qu’il passerait au-dessus de ces raisons rationnelles, qu’il l’accueillerait à bras ouvert et sècherait ses larmes une fois de plus ; parce qu’elle avait besoin de cela.

C’était une question rhétorique. Ara prit la main qu’il avait posé sur son épaule dans la sienne et, enfin, soutint son regard. Sans lui laisser le temps de répondre, elle se lança dans une diatribe du désespoir.

— Et aujourd’hui, des regrets. C’est tout ce qu’il nous reste, n’est-ce pas ? Des regrets. En bonne fidèle que j’étais, j’ai toujours cru, tu le sais. J’ai cru et j’ai suivi toute ma vie. J’ai cru… J’ai cru en les dieux, j’ai cru en notre terre, j’ai cru en les gens, en toi, en l’amour, en l’amitié, que tout cela avait un sens, que rien n’était insolvable, que nous triompherions envers et contre tout.

Des larmes coulaient maintenant sur ses joues. Pour la première fois depuis des décennies, elle se livrait, elle sortait ce qu’elle avait sur le coeur, et c’était trop.

— Aujourd’hui, ceux en qui j’ai cru sont morts, brisés ou eux-mêmes perdus. Il n’y a pas de sens, parce qu’il n’y en a probablement jamais eu, et nous avons déjà tout perdu. Plus que tout, on a brisé ma capacité à croire. Cela fait 88 ans qu’Aedan est mort aujourd’hui et… j’aurais dû partir avec lui. Il n’y avait que chagrin et douleur après lui. Soyons honnêtes un instant, il n’y aura rien d’autre dans mon futur. Il n’y aura pas de remède, pas de monde meilleur à l’horizon, pas de rédemption, pas de vie qui vaille la peine d’être vécue ou de grande cause à défendre. Alors, à quoi bon ? A quoi bon « mettre les choses au clair », réparer les pots cassés, faire amende honorable, si plus rien n’a de sens ?

Ara s’arrêta un instant. De sa main libre, elle balaya les sillons sur ses joues. Elle offrit un sourire mélancolique à son ange gardien avant de reprendre.

— Si tu y tiens vraiment, raconte moi une histoire. Raconte moi une histoire dans laquelle je puisse croire et… je nous laisserai peut-être, peut-être, une chance.

Ghosts of the past.

- feat. Ara Morrigan -

Après ma diatribe, je m’attends à plusieurs réactions. Qu’elle m’en veuille et s’énerve sur moi. Qu’elle saute sur l’occasion de renouer notre amitié. Qu’elle m’envoie balader et s’en aille. Il y a trop d’années de rejet entre nous pour que je sois capable de prédire ce qu’elle va faire. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle en prenne le blâme, ce qu’elle fait pourtant. Elle me laisse pas le temps de la démentir, prenant juste le temps de transférer ma main de son épaule à sa propre main. Un petit geste qui veut dire beaucoup pourtant, qui veut dire qu’elle ne m’en veut pas complètement, qu’elle ne rejette pas pour toujours, qu’il y a une chance qu’on se rabiboche. Alors je l’écoute, en serrant sa paume en signe de soutien. Les mots qui sortent de sa bouche me touche le cœur, et malgré ma volonté de ne pas facilement céder, de me montrer méfiant, je me sens doucement craquer. Ses larmes sont celles d’un cœur réellement blessé, et j’ai plus de deux milles ans d’expérience pour en juger. Peu importe à quel point j’essaye de me convaincre qu’elle pourrait être une autre Illyria, je sais à cette instant qu’elle n’en est pas une. Elle ne joue pas la comédie, et si Illyria avait essayé de me sortir un numéro pareil, j’aurais deviné qu’elle se moquait de moi.

Non Ara va vraiment mal, et l’ange en moi veut essayer de l’aider. Je lui laisse donc le temps de s’épancher, de se confesser, de se confier. Sa dernière demande me laisse un peu perplexe, ne m’y attendant pas, mais d’un autre côté elle ne cesse de me surprendre aujourd’hui. Et puis s’il y a une chose pour laquelle je suis devenu bon ces dernières années, c’est raconter des histoires, ça me rapporte même pas mal d’argent. Mais je ne pense pas que ce que j’ai à lui dire est l’histoire à laquelle elle s’attend pour autant. Je lui offre donc un petit sourire, pour lui montrer que je la comprends, avant de lui répondre doucement : « Tu me rappelles moi quand j’ai réalisé il y a plus de trente ans que la faille était fermée, et qu’il n’y avait pas de retour en arrière possible. J’y ai cru pendant un moment, et quand j’ai essayé de trouver un moyen de retour, puis j’ai réalisé, et je me suis demandé « à quoi bon ? ». La Terre n’est pas dimension de naissance, j’ai vécu des millénaires à Elvendyr, la vie ici, sans Shaenna, sans mes fonctions dans notre monde, me semblait vide de sens. ». Je serre un peu plus fort sa main pendant quelques secondes avant de continuer : « Pour être franc, je crois qu’une partie de moi a continué de penser comme ça jusqu’à la réouverture du passage. Et pourtant, je ne me suis pas précipité là-bas. Il y avait probablement de la peur derrière mon manque de motivation, mais je pense qu’il y avait aussi une sorte de résignation. Presque quarante ans ont passé, Islara. Aucun de nous n’est ce que nous étions avons la fermeture du passage, et surtout, je crois bien qu’Elevendyr n’est pas ce qu’il était avant le sacrifice des dieux. Tharek a disparu mais la corruption y est toujours. Je m’en suis rendu compte quand on m’a téléporté de force pour y assister sans pouvoir rien faire aux meurtres d’innocents. Et là encore, à quoi bon n’est-ce pas ? C’est la question que je me suis posé pendant ces derniers mois où j’ai fui Reveal Down. Et il n’y pas vraiment de réponse en réalité. La vie n’est pas faite pour avoir un sens, elle est, c’est tout. C’est à toi de donner un sens à ta vie, je ne peux pas le faire pour toi, comme personne, pas même la déesse, ne peut le faire pour moi. Tu peux continuer à boire et te lamenter, mais est-ce ce que tu veux ? Est-ce que ça te rend heureuse ? Est-ce que ça rend le monde meilleur que tu sois dans cet état ? Est-ce que ça ne te fait mal au cœur de voir une vie gâcher de cette façon ? Je pourrais te donner un but si tu y tiens. Mais je t’ai déjà prouvé que tu ne peux pas compter sur moi, après tout. Ta vie, tu dois la vivre pour toi. C’est le meilleur conseil que je peux te donner. Ce n’est peut-être pas ce que tu veux entendre, mais c’est la vérité. Et puis je ne suis pas très bon pour te dire ce que tu dois entendre. ».

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— Ne dis pas son nom ! l’interrompit-elle avec véhémence à la mention du démon. C’était une de ces petites choses stupides. Mettre un nom sur les choses qui nous effraie est censé aider, c’est ce que l’on dit aux enfants normalement. Ara, elle, avait découvert ces dernières décennies qu’il était plus facile d’oublier, d’enfouir très profondément, les gens que l’on ne nomme pas.

Il continua son discours. Croire. Anges, humains, élémentaux, toute chose vivante douée de conscience avait besoin de croire en quelque chose. C’est bien là dessus que les religions avaient fait leur beurre. Oh, Lestiel et sa précieuse Shaenna, déesse de la lumière... Alors quand vos dieux vous ont déçus, que votre terre vous a trahi, que vous amis vous ont abandonné, que reste-t-il ? C’est la question que posait la sirène. Ce soir, elle se sentait comme une coquille vide, existant à peine, moins qu’un spectre errant sans but dans des mondes dépourvues de sens. Lestiel semblait avoir retrouvé de l’espoir quelque part. Tout ce qu’il lui disait était négatif, le passage du temps, la corruption, des meurtres, confiance en personne, blablabla… Pourtant, il avait toujours espoir. Plus que tout, il semblait avoir espoir en elle, vu l’oraison passionnée qu’il lui dévouait.

— Ahh… Par les croulants… Sérieusement ? C’est ça ta leçon ? Croire en moi ? Trouver la lumière qui m’habite ?  

Elle avait lâché sa main et les avaient porté à son visage pour s’essuyer les yeux des restes de larmes qui humidifiaient ses joues. Sa voix était teintée d’une pointe d’incrédulité et de beaucoup de sarcasme.

— Oh, Lestiel, tu n’as pas tant changé que ça. Ta candeur m’étonnera toujours. Tu as pensé à ouvrir une chaîne youtube ou quelque chose ? Devenir coach inspirationnel à plein temps ?  

Elle laissa échapper un long soupire. Ce genre de baratin ne l’avait jamais vraiment atteint. Elle avait vécu sa vie, plusieurs fois, elle avait vécu trop de vies si on y pense. Pour les anges, c’était facile, ils naissaient avec la conscience de leur nature éternelle, tout leur entourage vieilliraient avec eux. Ara, elle, avait vu cinq ou six générations de proches mourir. Le temps n’était pas aux réminiscences. Le discours de Lestiel avait au moins eu pour effet de la sortir de sa catharsis.

— Mais dis m’en plus sur ta visite en Elvendyr. Elle a l’air d’avoir été aussi joyeuse que la mienne. Qui tue qui maintenant ? Y a-t-il une nouvelle guerre à l’horizon ?

Contrairement à Lestiel apparemment, elle s’était précipitée à l’ouverture de la faille. Elle avait bû l’eau divine jusqu’à la nausée. Elle avait cru — ce maudit verbe encore — en l’opportunité d’une rédemption.

—  J’imagine que tu n’es pas venu me retrouver pour mon bel esprit et ma joie de vivre. Je t’écoute. Je ne te promets pas que tu n’auras pas à tout me répéter demain, parce que comme tu l’as dit, je ne suis pas vraiment en état pour une conversation sérieuse, mais essaye toujours. Oh, et sortons d’ici bientôt ok ? C’est trop surpeuplé, ça me donne mal à la tête.

Bien sûr, c’était le bruit qui lui faisait mal à la tête. Pas du tout l’alcool, pensez-vous.

Ghosts of the past.

- feat. Ara Morrigan -

Sciemment je n’ai pas relevé l’interdiction d’Ara d’utiliser le nom du démon. Comme l’a pointé un sage de fiction, la peur d’un nom ne fait que renforcer la peur de la chose elle-même. De toute façon, une fois lancé, j’ai décidé de finir mon discours. Qu’elle écoute malgré son état d’ivresse. Et dont elle se moque sans retenue. A défaut d’autre chose, ça a l’effet de la faire sécher ses larmes, ce qui est déjà positif en soit. Quant à sa remarque suivante, elle me laisse songeur un moment avant que je lui réponde : « Et bien je suppose que lorsqu’on a plusieurs millénaires d’existence, on ne peut pas changer radicalement non plus, il y a toujours une part essentielle de nous qui reste fondamentalement la même. Et est-ce que devenir écrivain ça colle avec le profil de coach inspirationnel ? ». L’humour transparaît dans mon ton, amusé malgré moi, plutôt que blessé par les paroles d’Ara. D’autant plus que je ne semble pas particulièrement avoir réussi à l’inspirer alors je dois pas si bon que ça en fin de compte. Mais je n’en dis rien, déjà bien content qu’elle ait l’air de s’être reprise. D’ailleurs elle semble s’intéresser à ce dont j’avais été témoin à Elvendyr, et son ignorance à ce sujet fini de me convaincre qu’elle n’a pas des ambitions cachées de dominer la Terre – sinon elle serait déjà au courant de la montée en puissance d’Illyria.

Mais une autre information attire mon attention, et je lui demande, curieux : « Tu es allée à Elvendyr ? ». Mais au lieu de me répondre, elle soulève que je ne suis pas là juste par plaisir, avant de demander à ce qu’on sorte à cause de son mal de tête. Je hoche la tête, sort quelques billets pour payer les consommations, et lui tend la main pour l’aider à se relever tout en lui répondant : « Pour ta joie de vivre, je peux en effet repasser, mais tu as toujours ta vivacité d’esprit, je n’étais pas venu pour renouer avec toi à l’origine. Mais d’abord laisse moi te raconter pour Elvendyr. ». Une fois dehors, et après avoir vérifié l’absence d’oreilles indiscrètes, je continue : « J’ignore si tu connais Illyria, mais c’est une vampire, transformée par Tharek. Elle s’est arrangé pour faire téléporter autant de terriens que d’habitants d’Elvendyr à Magnolia Light, et d’en tuer un de chaque, pour montrer son pouvoir. Quant à savoir si une autre guerre se prépare là-bas, je l’ignore, et à vrai dire je m’en fiche. J’ai décidé de rester sur Terre. ». J’ai délibérément utilisé le nom du démon, pour la forcer à l’admettre, qu’elle le veuille ou non.

- ️ FICHE BY DISTURBED -

Lestiel paye négligemment. Ils se dirigent vers la sortie, vers un endroit plus propice à la discussion qu’ils sont sur le point d’avoir.

Je n’étais pas venu pour renouer avec toi à l’origine…

Ara lui lança un regard interloqué peu discret, puis se reprit, enfonçant ses mains dans ses poches jusqu’au poignet et regardant bien droit devant elle. Non ? Il n’était pas venu pour renouer avec elle ? Un poids s’installe sur son estomac. Quid de toute cette histoire de lui laisser une chance, de mettre les choses au clair entre eux ? S’il n’est pas venu pour la retrouver, pourquoi est-il là ? Depuis la réouverture de la faille, la culpabilité de la sirène nourrit un fantasme indécent, où quelqu’un viendrait chercher vengeance pour ses crimes d'antan. Et si…

La pluie torrentielle de tantôt s’est transformée en une fine bruine à température ambiante. Ara ferme les yeux, laisse l’humidité s’installer sur son visage. Sa peau boit, vient hydrater ses joues desséchées par les larmes qu’elle a laissé coulé plus tôt. Et si… Si c’était Lestiel, elle en arrive à la conclusion qu’elle se laisserait sans doute faire. Qu’il le prenne, ce pouvoir de longévité qu’il l’a aidée à obtenir il y a si longtemps. Cette nuit, elle est lasse.

La mention d’un nom oublié, d’un fantôme lointain d’un passé obscur, la ramena à la réalité. Ils étaient dehors. Ils étaient seuls. Illyria. Ara se met à marcher d’un pas lent vers chez elle, c’est une grosse dizaine de minutes de marche. Elle écoute avec attention son récit puis reste silencieuse un moment.

— Sale garce. Je n’arrive pas à croire que personne ne l’ait plantée depuis le temps.

Ara l’a connue, l’infecte. Elles avaient servi celui-dont-on-ne-prononcera-pas-le-nom — même si Lestiel semble obstiné à l’utiliser aussi longtemps que possible — ensemble ; elles avaient tué, transformé, détruit ensemble. Mais jamais sur la même longueur d’onde. Ara n’avait jamais pu la supporter, et c’était bien réciproque. Quasiment tout les opposaient. Fire and Ice. Elle l’aurait volontier encastré à l’époque, et avait d’ailleurs manqué de le faire à plusieurs reprises. La guerre avait été trop courte pour laisser leur animosité déborder.

— Vois-tu, je ne pense pas que tu t’en fiche, Lestiel. De toute évidence, ce qu’elle a fait t’a remué. Tu peux te répéter autant de fois que tu t’en fiche, mais cela doit te tuer à petit feu à l’intérieur pour que tu sois là.  Si tu t’en fichais, tu ne serais pas là avec moi ce soir, car de ta propre admission, tu n’es pas là pour renouer nos liens. Tu me racontes cettes histoire parce que tu cherches quelque chose, parce que, sans doute, tu attends quelque chose de moi. Confirmation ? Vengeance ? Réparation ?  Une solution, peut-être, pour sortir Elvendyr de son miasme puribond ?

Ara ne s’en fichait pas non plus : elle n’avait toujours pas quitté RevealDown, elle n’avait toujours pas refait sa vie en quarante ans, elle n’avait pas renoncé à trouver une rédemption pour ses actes passés, ou au moins une solution ?

— Allons, Lestiel, toi aussi, tu l’as cherchée cette solution. Tu ne t’es peut-être pas précipité vers Elvendyr, mais moi si. Pendant quarante ans, j’ai cherché des signes partout, et quand la faille s’est rouverte, je l’ai sentie. Des dizaines de petits indices là et là, ce sentiment qu’un verrou s’était levé quelque part. Je me suis précipitée. J’ai rarement été aussi excitée vois-tu, je rentrais à la maison. J’ai bû l’eau magique à grande gorgée, persuadée qu’elle me soignerait. Je suis retournée à Azura Creek, j’ai même nagé jusqu’à Cobalt Island… maintenant territoire des sirènes. Ô désolation.

Elle secoua de la tête, se remémorant douloureusement sa première visite après la réouverture de la faille. Certes, le fait que la moitié des sirènes de Cobalt Island le soient devenu à cause d’elle ou de personnes qu’elle aurait transformé n’aidait pas.

— Nos dieux, ta précieuse Shaenna, sont morts et enterrés. Il n’y a plus rien. Et pourtant.

Elvendyr les appelaient. Ils ne pourraient ignorer son chant bien longtemps.

Ghosts of the past.

- feat. Ara Morrigan -

Après être sorti et avoir commencé à marcher à ses côté, j’ai donc commencé à lui expliquer la situation comme demandé. La mention de la chef des vampires semble énerver Ara qui insulte allègrement Illyria. J’en déduis qu’elle la connaissait, sans doute de l’époque où les deux travaillaient pour Tharek. Je pourrais lui demander confirmation, mais au final ça ne changerait rien. A ce stade, essayer de creuser un peu plus le passé de mon ancienne protégée n’amènerait rien de bon, il vaut mieux continuer cette conversation, ce que fait d’ailleurs la sirène ne me disant qu’elle ne me croit pas si indifférent que ça. Avant que je ne puisse répondre, elle continue, dévoilant un peu plus de son passé récent, et si je ne savais pas qu’elle ne prendrait pas bien, j’aurais envie de la prendre dans mes bras pour la consoler. Il est évident qu’elle a beaucoup souffert, que ses espoirs ont été détruits pendant cette visite à Elevendyr et je commence à m’en vouloir de l’avoir suspectée. Même si c’était la chose à faire. Lorsqu’elle semble enfin avoir épuisé ses mots, concluant sur la mort des dieux, je prends la parole pour la corriger. « Tu as raison jusqu’à un certain point. Je ne me fiche pas de tout. Mais pour moi Elvendyr est bel et bien du passé, Islara. Je me suis habitué à la Terre, j’ai un emploi que j’aime ici, des amis. Je n’ai pas envie de repartir vivre à Elvendyr. Je n’avais même pas envie de retourner là-bas quand on m’y emmené de force. Oui, l’ouverture de la famille m’a fait revenir à Reveal Down, mais ça n’a servi qu’à mieux me faire comprendre que mon temps à Elvendyr est fini. Les dieux ne sont pas morts, d’ailleurs je le sais j’ai vu Shaenna. Mais les dieux des éléments ont été remplacés par des réincarnations plus jeunes, et c’est une nouvelle ère qui commence, une ère à laquelle je ne souhaite pas faire partie. Ma place elle est sur Terre. Tu peux me croire, ou ne pas me croire, comme tu le souhaite Ara. D’ailleurs c’est justement parce que je ne veux plus rien avoir à faire avec Notre monde d’origine que je suis venu à toi. ».

Je fais une légère pause, pour me laisser le temps de trouver comment formuler mes pensée, mais aussi pour lui permettre d’assimiler mes paroles. Nous n’avons pas cessé de marcher pendant notre discussion, et je suppose qu’Ara nous mène jusqu’à chez elle, même si ça n’a guère d’importance pour moi, du moment que ça lui convient. Finalement je reprends : « J’ai décrété que la Terre est ma nouvelle maison, avec ses défauts et ses qualités. Malheureusement la pourriture qui a prit possession d’Elvendyr commence à se répandre ici. Devine où j’ai croisé Illyria juste avant qu’elle ne fasse son petit numéro à Elvendyr ? Ici à Reveal Down. Il n’y a pas de doute qu’elle, et les autres dégénérés dans son genre, veulent venir prendre possession de ce monde. Hors c’est le mien de monde, et je n’ai pas du tout envie d’un Elvendyr 2.0. Je veux les empêcher de venir envahir cette planète si je le veux. Et pour ça j’ai besoin de savoir qu’elles sont les force en place ici, à Reveal Down. D’où ma « visite ». Je voulais savoir dans quel camp tu te trouves. Je te ne demande pas de rejoindre le mien, tu as déjà eu ton lot de violences et de pertes, et je ne suis pas assez cruel pour te le demander. Mais je devais au moins m’assurer que tu n’es pas dans le camp de ceux qui compte corrompre la Terre. J’espère que tu me comprends. ». J’ignore si elle le fera, mais je pense pouvoir dire qu’elle ne rejoindra pas mes ennemis par dépit. Ce n’est pas son genre en fin de compte, et il est de toute façon grand temps qu’on joue cartes sur table. Les secrets ne nous mèneront à rien, je ne compte pas me montrer inutile cette fois-ci. J’ai perdu déjà, même si ce n’est pas autant que la sirène, mais je n’ai pas envie de perdre plus que ça.

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