Un rêve. Ce n’était qu’un putain de rêve ! Ouvrir les yeux. Se réveiller. Et de nouveau marcher et se perdre parmi la poussière des morts. Des souvenirs de rires, de joies et d’outres-vies, à l’image d’un opalescent rayon de lune, apparaissent encore dans les affres mésosphériques de mon esprit. À l’incandescence d’une étincelle, ils parviennent à mettre le feu sous la pluie et d’un avale de flammes oxydés immolent ces quelques éclisses de Paradis et de Beauté. Laideur. Torpeur. Froideur. L’Enfer sur Terre. L’onirique sortilège aura véritablement tué toute la beauté du monde. Ici-bas, selon les forces de la cendre et de la braise, tout n’est qu’hideurs défigurées et des horreurs à la lueur fauve. Se trémoussant comme de vicieuses damnées dans la nuit, là où la flamme va pouvoir être, selon l’horrible désir qui l’attise, l’explosion de foudre qui précède l’univers ou l’hécatombe qui arrache des lambeaux du cœur un cri de bonheur qui dans l’agonie se veut cri d’angoisse.
Deux âtres, sans chaleureuse lumière, animés d’une flamme presque froide. Deux insondables caveaux, servant d’hôtes à la Nuit, cette mère du Chaos qui nous enduit. Deux tombeaux ouverts, hantés par la disgrâce libertine des Morts. Les alvéoles de la poitrine comme encensoir, où se consument et brûlent nos myocardes résignés. Pauvres et tristes combustibles qui s’immolent en la pénombre de l’insondable et indescriptible chagrin.
La réalité se veut aussi puissante qu’un dictame. Serviles, nous ployons l’échine et laisse le glaive nous empaler de part en part. Rebus d’une illusion qui aura rencontré les douceurs d’un rêve, nous en sommes jamais que de vains et tragiques reliquats.
Un Tout qui tombe et s’écroule à nos pieds. La Maladie, la Guerre, la Mort, pour luciférien panorama, qui au creux de sa gueule béante nous avale et où l’on se noie. Se débattre et nager dans nos abîmes. Les yeux imprégnés par l’océan de nos larmes et les crânes écumant les nuées de Chimère. Un rêve qui devient bien vite un cauchemar. Combien de fois l’on s’est vu mourir et combien de fois l’on s’est ramené à la vie ?! Bugs et Lola. June et Derek. Deux putains de gueules cassées qui bravent sous toutes ses horribles formes ; l’Apocalypse. Battent et résonnent ces tambours de guerre qui cette nuit martèlent comme cent mille cœurs ! Que pouvons-nous faire, pour enterrer nos douleurs exhumées et s’empêcher de sombrer ?!
Respiration de deux êtres qui survivent, le bras de l’un sur l’épaule de l’autre. June. Mon âme-sœur. Ma sœur. Combien de fois l’on s’est vu mourir et combien de fois l’on s’est ramené à la vie ?! Ça aurait dû être nous. Ça aurait pu être nous… Je tremble, de chaud, de froid, de colère, de tristesse, ferme les yeux, resserre mon étreinte tout contre elle et la love à mon flanc ; refusant toutes autres formes d’amputation, pour cette nuit.
Bugs et Lola. June et Derek. Deux inséparables. Deux inaltérables. Cent mille cœurs dans les tombeaux de la poitrine. La respiration de deux êtres qui survivent… La dernière fois que je me suis à ce point cramponné à elle ; s’était lors de nos déploiements en Afghanistan…
Empoté et hagard, de ma paluche libre j’extirpe de la poche de mon sombre trench mon trousseau de clés et déverrouille la porte du Devil’s. Le grincement des pentures résonne et roule dans la pénombre de la taverne. Pressé de nous enivrer, pour mieux oublier, je nous fais franchir le seuil, ma paluche de panda ne tardant pas à caresser les interrupteurs pour laisser briller un peu de lumière dans la salle assoupie et dépeuplé de sa fièvre usuelle.
- Derrière le zinc. Piques l’eau-de-vie de ton choix.
Tant que ça grise et tord les viscères jusqu’à ce qu’on en oublie nos noms, n’est-ce pas ? Boire, pour ne plus rien voir. Boire, parce que nous voulions tant y croire. La libérant du fourreau de mon étreinte, j’oscille entre les tables comme un automate et amnésique du moindre lambeau de beau souvenir. C’est vers le jukebox que mon errance s’achève, les célestes azurés venant faucher le titre d’une chanson qui malgré la tourmente sème un soupçon de havre…
- ♪ Hey June, don't make it bad. Take a sad song and make it better... ♫
Ça aurait dû être nous. Ça aurait pu être nous… Flamboyer de tout ce Feu ardent qui nous veut que tapis de poussières et de cendres. Seulement, tout l’Amour que j’éprouve et ébroue pour ma sœur de coeur, me voudra cette nuit aussi tendre que ce rêve qui nous enduit.
- ♫ And anytime you feel the pain. Hey June, refrain. ♪
Triste sourire dansant sur la lisière de mes lippes, je me rapproche d’elle, contourne le zinc et viens saisir ses menottes aux creux de mes paumes.
- ♫ Don't carry the world upon your shoulders. For well you know that it's a fool. Who plays it cool, by making his world a little colder... ♪
Respiration de deux êtres qui survivent…
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June O'Connor
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Sujet: Re: i just wanna go where love is alive. (JUNE) Mer 13 Jan 2021 - 21:25
Les Bunny au charbon
Les échos d'une vie éclatent encore mon crâne. Le silence m'a pas quitté depuis que j'ai hurlé mes tripes ma rage et ma haine au monde. Il est venu alors que je pleurais, bruyamment, déversant mes nerfs dans mes mains, jusqu'à me péter une veine dans l'nez à m'en faire saigner. Une fois le silence et le calme arrivés, nous sommes partis pour le Devil's. Comme une envie d'extirper nos démons à l'aide d'alcool forts à nous en faire dégobiller le foie. Je marche sans but pré ... non. Nous marchons, l'un contre l'autre, sans but précis. L'un contre l'autre, avec cette hantise d'être séparés à tout jamais. Comme deux gosses à qui tout a été privé. Mais à qui la vie et le bonheur ... ont été enlevés. A jamais.
La mort dans l'âme. Pour toujours ...
Je m'accroche à lui, comme une moule à son rocher. De peur qu'il ne s'efface, de peur qu'il explose, pour me laisser seule dans ce monde pourri. J'préfère crever avec lui, que vivre sans lui. J'pourrais pas vivre sans lui. Et il pourra pas vivre sans moi. Comment a-t-on fait pour tenir ces dernières années l'un sans l'autre. J'crois qu'on a tout bonnement pas t'nu. On a loupé l'coche, comme deux abrutis finis, qui ont oublié de prendre la logique lors de la distribution. On est totalement con. De vrais gros cons.
Nos corps entrent dans le bar et nos pieds glissent sur le sol, paumés, fatigués. Mais surtout ... accablés par cette foutue souffrance qui nous prend les tripes.
Je m'arrête et le regarde. Qu'est-ce qu'il dit ? Ah ... l'alcool. « Oh. » fis je d'une voix rocailleuse. Je racle cette gorge sèche et me dirige, titubant légèrement, derrière le bar pour en choper les bouteilles qui m'viennent. Des bouteilles que j'connais. Des bouteilles faites pour nous. je récupère deux verres et pose les tout sur le bar pour nous servir de ce liquide qui va nous broyer les organes.
Je le regarde marcher vers ce jukebox pour foutre cette chanson que là ... je hais. je secoue la tête tandis qu'il chante à tue tête. Je prends ce verre et enfourne le liquide tout droit dans l'gosier pour m'en servir un autre. La dernière fois qu'on était autant mal ... c'était moi qui lui chantais c'te chanson. Parce qu'il était là ... couché au sol, plein d'sang. Il en toussait même. Casses toi qu'il m'a dit Vies ta vie ... et si t'as un fils ... appelle le Bugs ! on avait rit. Mais j'lui ai dis ... que j'pouvais pas vivre sans lui. Qu'il fermera sa grande gueule de con, parce que j'le ramènerai à la base. Malgré les tirs, malgré les morts, malgré toute cette merde. J'le ramènerai. Et j'ai tenu ma promesse. J'l'ai tenu. J'l'ai traîné en lieu sûr, j'l'ai soigné, j'ai tiré sur des terroristes. j'en ai même découpé d'autres. J'avais cette rage de vivre. Cette rage de le ramener en vie. Cette rage dans l'creux du bide pour nous.
Et où est cette rage ? Elle a laissé place à son lot de souffrance. Son lot de tristesse. Son lot de ... tout.
Il s'approche « Arrêtes ça » demande je, implore je, tout en buvant un deuxième verre pour m'en servir un troisième. Il continue d'chanter « Arrêtes d'être con putain ! » râle je entre mes dents. Mais il est là, prenant mes mains dans les siennes. J'le regarde dans les yeux, si épuisée. Je secoue la tête et m'approche de lui pour le serrer contre moi. Si ce rêve à la con n'était pas réel, lui au moins, il l'est.
Il le sera. A jamais. Réel. Contre moi. A la vie. A la mort. Il n'y a que nous. Bugs et Lola. Les Bunny ...
Je le serre fort, la tête enfouie dans sa nuque, les bras croisés dans son dos. Je nous serre dans une étreinte forte et ... vivante « J'arrive plus. Derek. J'peux plus. J'suis fatiguée. Si fatiguée de tout ça ... j'ai b'soin d'toi » besoin qu'on soit Nous. Besoin de lui. >C'est comme si ... là ... soudainement ... tout s'écroulait et qu'il ne restait que ... nous.
Peu à peu, je dessert mon étreinte, tandis que mon corps tremble de tout son long, fatigué de toutes ces émotions qui le traversent. Je le regarde, plantant mes yeux de merle en frit dans les siens « J'ai deux verres d'avance sur toi ... bitch » fis je avec un sourire amusé en coin, malgré la tristesse dans mon regard
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Sujet: Re: i just wanna go where love is alive. (JUNE) Lun 18 Jan 2021 - 10:12
June et Derek. Lola et Bugs. Les Bunny. Les enfants des bombes. L’implacable duo. La A team.
Psaume à ce que nous étions et ne sommes plus. Hymne pour les disparus. Ma voix perd son écho, allant épouser que les affres du néant vaste et froid. Les palpitants qui ne s’affolent que dans la grisailles des mœurs et désormais s’ébrouent qu’au zéphyr polaire. Glaciales. Tout est tellement glaciales. Froid, j’ai si froid ! Pâmoison nordique. Litanie tragique. En hiver, nos landes fertiles pleurent, se cristallisent et puis doucement se meurent. Maze de givre et de frimas. On se perd en le lit des brumes et écumes moirées. Palais d’ivoire. Vision d’asphodèle. Désert de nos hier, d’Enfer et de nacres ! À tour de soir et de noir, l’on érige les ruines de nos âmes et carcasses sur l’infini horizon et vertigineux vallon. Labyrinthe miroir qui ne fait que réfléchir ces reflets d’outre-vie, là où des formations de glace naissent au moindre soupire d’agonie ! En tous lieux, en tout temps, à jamais et maintenant, à deux ou dans la solitude, ces souvenirs oniriques nous peupleront jusqu’à l’écœurement. Un petit quelque chose d’idyllique. Un petit goût de paradis. Un rêve, exhumé des coffins de nos crânes abîmés et dont les liesses engourdies ou gelées nous pétrifient désormais jusque dans la fibre des os. Cruel et assassin ! Maudit soit celui qui nous aura allumé dans les yeux et dans le cœur cette torpeur rougeoyante qui telle une veilleuse dans la froide nuit d’hiver nous aura semblé vouloir s’enflammer que pour mieux nous diaboliser !
Arrêter. Qu’elle me supplie et prie. Hymne pour les disparus. Psaume à ce que nous ne sommes plus. Ma voix perd son écho et épouse que les affres du néant vaste et froid. Lot de souffrance. Houles de carence. Deux êtres écartelés sur la grande roue de notre histoire et crucifiés par les cloues de notre sordide réalité. Abêtis par la peine, je jauge et contemple nos déboires d’un œil stérilisé ou vitrifié de souffrance. Ma vaine tentative de nous redorer et redonner le sourire est égale au gouffre qui cette nuit nous avale. June. L’unique femme de ma vie. Mon âme-sœur. Ma sœur. Mon tendre et doux reflet. Qu’est-ce que la Vie est en train de faire de nous ?! Notre boussole est cassée. Et pendant que l’on s’égare un peu plus, elle demeure et reste. Mon phare dans la nuit. Ma maison. Mon rempart. Mon Tout, en ce flot de Rien et Vide qui nous submerge. Nos âmes à la dérive, nos êtres balafrés et tiraillé en les torrents, je m’accroche à elle, l’étreint de toutes mes forces… d’une force brutale et douloureuse. Comme se veut notre réalité et notre chienne de vie.
Elle est là. Elle demeure. Mon unique certitude et évidence. Ce quelque chose de concret et de vivant m’empale. Ça fait mal tout comme réconforte. Aucun sens. Tout cela ne fait aucun sens. Le temps. La Vie. Nous. Notre maudit comas. Harassés, léthargiques, on se noie et engourdis. Pour survivre. Toujours survivre.
Blême et bouillante figure bien creux enfouie dans son épaule, je ferme les yeux, les dextres toutes pressées contre son dos allant empoigné quelques brins du tissu de son haut, à mesure que mes bras de fer tout contre son fragile corps de femme se referment.
- Nous sommes là. Tous les deux. On ne se lâche plus. On ne se quitte plus. Bordel. J’ai aussi besoin de toi ! Sans ça, j’y arriverai plus, June !
Le temps. Les anges. Les démons. La vie. La mort. Autour de nous, ça défile et passe. Une étreinte qui semblera s’être doucement diluée vers l’éternité alors qu’on se libère et retrouve sur les seuils des lucarnes de nos âmes s’ouvrant sur les mêmes douleurs et peines. Malgré la moue chagrin, c’est un tendre sourire qui doucement étire la commissure de mes lippes alors que j’opine du chef et m’empresse d’agripper le verre.
- Ne parles pas trop vite, mon caribou du grand nord ! que je grogne, bon joueur, m’enfournant cul sec et dans la gueule une première goulée de tord-boyaux… et une seconde, le nectar brûlant dévalant avec réconfort mon œsophage et faisant déjà entortiller mes entrailles. Chafouin, du coin de l’œil je la jauge et défis :
- La fin trentaine te rattrape, mamie ! Tu commences à rouiller et ton coude ne se lève plus aussi rapidement qu’avant ? T’as de la veine, nous offrons des rabais pour ceux appartenant à l’âge d’or !
Une rigolade et gorgée de fort plus tard, à fracas j’abandonne le verre sur le zinc, soupire profondément et lève mon visage vers les cieux.
- Tu sais ce qu’on devrait faire… un jour ? Se payer des putains de vacances à quelque part dans le trou du cul du monde ! Tu sais ? Perdre le nord bien comme il faut. Se bourrer la gueule jusqu’à plus soif et visiter un peu de pays. Ce serait bien. Putain que ce serait bien !
Je me secoue, tourne ma trogne vers la sienne, mes opales se noyant en ses jumelles.
- La Russie. Pour la Vodka. Les îles espagnoles. Pour le Rhum. Irlande. Pour la bière.
Ça fait tilte dans ma tête, je trouve un pichet de bière, papier et crayon. Ces destinations, je les notes et les fous dans le récipient. Chose faite, je donne papier et crayon à ma pocharde préférée.
- Une bucket list de pays à découvrir et où l’alcool fait leur réputation. Notes-en et ajoutes les là-dedans. Au hasard, au pourrait s’imaginer où nos culs pourraient être présentement ? Ça te dit ?
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Sujet: Re: i just wanna go where love is alive. (JUNE) Mer 24 Fév 2021 - 10:18
Les Bunny au charbon
J'arrive pas. J'arriverai pas. Ou plutôt, j'ai pas envie d'y arriver. C'est malsain, c'est nocif, c'est pas bon, mais vivre, après tout ce que l'on a vécu avec Derek, c'est devenu une foutue de souffrance. Je me souviens des bons moments, oui. Mais surtout, des pires, ça restera à jamais ancré dans ma caboche et dans ce cœur éclaté en milliers de morceaux. J'oublie peu à peu sa voix et son rire. Mais j'oublie pas son sourire et son visage. Lui. J'l'oublie pas. J'peux pas l'oublier, c'est impossible pour moi, j'l'ai tellement dans la peau. On dit toujours que le coup de foudre peut tomber plusieurs fois. Sauf que lui, c'était pas qu'un simple coup de foudre ni amitié ou amour de jeunesse ni ces autres conneries à l'eau de rose. C'était plus fort que ça. Marchant avec Derek, bras dessus, bras dessous, nous traînons vers le bar. Mon regard et mon cœur son vide.
Une fois entrés, les images et les flash back me percutent encore. Les cris, les larmes, le sang ... les boyaux. Je ressens encore là ce que j'ai ressentis. Tout comme je me sentais déjà anéantie quand j'ai dû traîner Derek à l'abri. A la vie, à la mort mon frère. On abandonne pas un frère au combat. Jamais. Peu importe s'il ne reste que nous, peu importe si nous désertons nos rangs, rien à foutre. Tant que nous sommes tous les deux. Et il ne restait plus que tous les deux. Cette putain d'offense, un putain d'piège ou un putain d'merdier pas possible qui a entraîné nos hommes à l'abattoir. Tous morts. Sauf nous. Je sais pas si là-haut ils ont décidé de se foutre de notre gueule ... bah c'est réussi.
L'étreinte se fait forte. Se fait entière. Se fait avec le coeur. Nos mains ne se lâchèrent plus, nous pouvons limite nous fondre l'un dans l'autre pour ne former plus qu'un. « J'irais jusqu'aux Enfers pour toi » fis je totalement emprise sous le coup de l'émotion « Toi et moi, à la vie à la mort. J'peux plus vivre sans toi » une déclaration amicale est aussi forte qu'une déclaration d'amour. Dans les films, nos deux héros se rouleraient de grosse galoches pour coucher ensemble et vivre tous les deux leur meilleure vie. Mais nous, nous sommes les anti-héros qui vivrons nos pires vies, pourvu que nous sommes ensemble.
Le verre glisse vers sa main, un sourire complice s'affiche sur nos lèvres et cette nuit signera une longue descente alcoolisée. « J'me mets à ton niveau, suggar daddy ! » lâche je en pouffant de rire tout en vidant un autre verre avec un rire amusé. J'adore l'emmerder, j'adore ce moment qui nous réchauffe, car après les larmes, après l'étreinte remplie d'émotion, après la colère, voici les coeurs plus apaisés. La raison est simple : parce qu'il y a nous. Nous sommes ensemble. Et plus rien n'a d'importance. J'appuie mon coude sur le bar, la tête dans la main et l'écoute. Il se met à prendre un morceau de papier et j'eus un sourire en coin amusé « Pourquoi un jour ? Pourquoi pas le plus rapidement possible ?» lâche je « Semaine pro' ! J'te fais ta liste, on prends l'pays qu'on veut et on va s'beurrer la gueule jusqu'à dégueuler dans les caniveaux » fis je en pouffant de rire tout en prenant son papier pour griffonner quelques pays : Ecosse, Irlande, Russie, France, Cuba ... j'en ai ptet loupé va savoir ? Faut dire que certains pays de l'Est sont réputés pour être les plus alcolo !
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Sujet: Re: i just wanna go where love is alive. (JUNE) Mar 2 Mar 2021 - 10:07
La Vie nous veut plein d’horreurs et d’épouvantes. Claquemurés en ces geôles lucifériennes, il n’existe pour des êtres fêlés comme nous ni refuge ou ni fuite. Et nous regardons s’assombrir nos jours heureux et nous voyons nous échapper ces heures de gloires dans le torrent agité de nos disharmonies et malheurs. Qu’avons-nous fait de travers, pour mériter autant de douleur et de rage ? Pourquoi ça s’acharne sur nous ? Ce mauvais sort qui nous scie la tête et écartèle le myocarde ? Que cela rend fou. Fou de tout et fou de rien. Un juste milieu qui nous fait sournoisement espérer et attendre un quelque chose de mieux. Mais ça n’arrive pas. Ça n’arrivera pas. Jamais. Dans cette prison des oubliés, nous voyons défiler, puis passer nos aubes d’argent, les lambeaux de la cervelle constellées de rêves, d’illusions alors que l’on se perd et châtre dans le mordoré des soirs malheureux. Nos esprits déments tapissés par les vestiges encore fumants de nos joies avortées et les cœurs ecchymosés par la balafre de nos plus sombres terreurs. La chute est imminente, surtout après avoir goûté à un tel soupçon de Paradis. Et ce qu’on la dégringole à une vitesse effarante, la pente glissante de nos déboires et chagrins. Prodigieuse descente au royaume du Stupre, du Souffre, de la Torture et de la Pestilence. Un doux-amer nous rappelant l’Enfer. Que pouvons-nous y faire ? Grisés de vertige, voilà qu’on s’enivre de plus belle !
Et l’Azur opalin se perd doucement dans l’Émeraude vitrifié par les moires d’autrefois, ces vies molestées et puis brisées qui nous attendent patelines et inévitables au fond de l’âme. Manny. Hailey. Ces meilleurs morceaux de nous que l’on nous a sans foi ni loi arrachés et qui nous manquent jusqu’à s’en écœurer. Nous sommes harassés et fatigués. De ces lueurs de fin de monde qui dans les tombeaux de nos pantelantes poitrines nous trahissent le terrible secret d’un mal être viscéral et profond. Un océan de souffrance et de peine qui aux quatre veines du myocarde bout et s’égrène. Voilà bien longtemps que nous n’en sommes plus aux lisières des ondes, mais complètement submergés et immergés dans l’assaut des vagues ! Nous, les rafiots piteux, l’on se raccroche et cramponne à l’autre. Elle sombre. Je sombre. Enfants de l’abîme. Enfants des bombes. June et Derek. Manny et Hailey. Morts et survivants des souterrains profonds des desseins aussi ignobles que farceurs d’une vie de tourmente qui n’en finit plus de finir. June. Mon phare, cette lumière que je recherche continuellement. Est-ce pour ça que l’errance se veut tant fait de ténèbres et lugubres noirceurs ? June…
Je l’aime. Profondément. Éperdument. Maladivement. Désespérément. Comme un homme. Comme un frère. De cœur et d’arme. Un âme-sœur. À la vie. À la mort. À jamais. À toujours. Voilà la trajectoire chaotique et grandiloquente de nos astres en pleine commotion. Une promesse et déclaration d’amour aussi grande que vaste. Aussi belle que magnifique. Et qui par moment me surpasse considérablement. Dans une autre vie, peut-être, cette vie rêvée, nous l’avons croisée, embrassée et pleinement savourée ? La baraque, la famille, le chien, les mômes, tout ce beau bagage faisant d’un homme et d’une femme ; des êtres abêtis d’un parfait bonheur qu’ils peinent à croire ?! Peut-être. Oui. Peut-être.
Et je vois reluire au loin ces aubes d’argent tant convoités alors que s’étiolent derrière-nous le mordoré de ces nuits d’épouvantes. Elle a raison, pourquoi se tuer à petit feu et attendre alors qu’on peut partir sur un coup de tête… afin de la perdre… cette maudite tête ?! L’ombre d’un tendre sourire flotte sur la lisière de mes lippes, me tordant les boyaux du liquide alcoolisé que j’avale goulument alors que je laisse ma partenaire de crime fignoler notre épique journey.
- C’est d’accord. On le fait. On se casse d’ici et on se carapate en Europe. On prend le reste de la semaine pour bouquer c’voyage et régler nos petites affaires. Dis-je, envouté, charmé, par l’audace de ma sœur de cœur, mirettes floutés de lubies et folies à conquérir : Pas de plan. Pas d’itinéraire. On balance tout ça dans cet enfoiré d’univers et on pige au hasard les pays à visiter. On ne contrôle rien. On lâche prise. Véritablement.
On ne s’accable plus de soucis. On se libère et délivre de nos geôles. La Vie nous veut fêlés et complètement brisés ? Alors qu’à cela ne tienne. Je me tourne vers elle, fais glisser ma main sur l’acajou verni du zinc et vient saisir dans le cimetière de ma paluche de panda sa menotte aussi velours de d’acier :
- Toi. Moi. Avec beaucoup d’alcool. Et le reste du monde peut bien aller se faire foutre.
Tu m’as déjà sauvé la vie. Laisses-moi épargner et enjoliver un peu la tienne. À cette silencieuse promesse ou prière, de ma main libre, je viens saisir l’ordinateur portable qui bien gentiment repose de l’autre côté du zinc. Impatient de nous vendre du rêve, je l’ouvre, surfe sur le net, pour nous trouver le website d’American Airlines afin de nous acheter ces fichus billets d’avion.
- Je t’offre le billet d’aller. Et tu m’ouvres les portes du Paradis. Piges au hasard l’un des pays qu’on a ajouté dans notre bocal. Ce sera notre point de départ. Le commencement de notre Eldorado à nous !
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Sujet: Re: i just wanna go where love is alive. (JUNE) Jeu 22 Avr 2021 - 22:57
Les Bunny au charbon
Je revois encore ce sourire. Ce rêve qui semblait si réel. Je vois encore ces enfants que nous aurions pu avoir, de ce ventre arrondi, de ce bonheur, de ces vies non brisées. J’étais si belle. J’étais si heureuse. J’étais si épanouie. J’irradiais par mes sourires. Nous aurions pu avoir un fils, un petit sale con, qui flirtait avec le gosse de Derek. J’aurais pu avoir une fille, elle grandissait dans mon ventre. Nous aurions pu vivre tous ensemble, nous aurions pu avoir cette vie là. Vivre dans le regret, dans les remords, dans le passé, ça me raccroche à lui. Mais si je pense pas à lui, j’ai peur de l’oublier, comme j’oublie sa voix et son rire. J’aimerais qu’il soit là, j’aimerai le sentir, le serrer contre moi. Tout est parti d’un clic. Tout est parti d’un rien. Pas de cri. Pas de mot. Rien. Si … juste un boom et … tout le reste. S’en est suivi une mission suicide. De toute façon, Derek et moi étions foutus. Nous étions totalement foutus. Alors à quoi bon nous laisser en vie ? Autant nous crever jusqu’au bout. Nous nous en sommes finalement sortis, comme si la vie avait gagné le pari sur nos gueules et que la mort ne devait pas nous faucher. Putain de hasard de merde. J’avais cette foutue rage qui s’est barrée. Je me suis cachée, parce que c’était facile. C’était trop facile de le faire. Sauf que ça a coûté une vie. Isaac. Aussi con qu’il était, il méritait pas de crever comme ça. Tous les jours je regarde cette sale gueule et tous les jours j’m’en veux d’avoir foutu en l’air sa vie.
Je me hais.
Pourtant, je me raccroche à son amour. Notre amour. Notre fraternité. Notre lien. Le revoir, ce Bugs, ce Derek, c’est ma bouée de sauvetage parmi cet océan de bordel. L’avoir dans ma vie, pourrait tout changer. Faut que ça change. J’peux pas vivre ainsi éternellement. J’peux plus vivre ainsi. C’est juste … plus … possible. Alors, on s’regarde tous les deux, tandis que les verres se remplissent et se vident, parlant de projet, de se barrer d’ici, sans penser à ce bar que je commence déjà à aimer jusque dans mes tripes « ça m’va. Je propose de vider nos cœurs ici, dans cet alcool et qu’une fois dans ce roadtrip, on profite à balle, on turbo profite de tout … ouais j’parle comme les gosses de nos jours. Me demande pas ce que ça veut dire j’en sais foutrement rien. Enfin si … j’crois. Bref. On vide nos tripes et on profite à fond de notre fucking voyage » fis je en levant mon verre, le foie et le cerveau m’ayant lâché depuis le deuxième verre ingurgité. Je le vois choper son pc, prêt à le faire. On va le faire. On est bourré mais lucide. Mon cœur explose dans ma poitrine et jsuis là, à chialer comme une gosse, le verre à la main que je pose bruyamment sur le bar avant de le tirer et le serrer contre moi « j’t’offre le retour, pourvu qu’il soit le plus éloigné possible » fis je en morvant sur son épaule. Je me souviendrai toujours de sa trogne qui a failli crever dans mes mains. De son corps que j’ai dû traîner à l’abri. De ma prière à tous les Dieux possibles pour pas qu’il me lâche. Et nous voici prêt à refaire le monde, commençant par l’Europe pour y perdre quelques neurones, notre dignité et notre foie. Je chope sa tête et embrasse son front, pour ensuite poser le mien contre le sien « j’veux qu’on s’barre. On commence par le chaud et on finit en Norvège. Cassons nous … partons, comme si la vie allait nous manquait » fis je entre deux sanglots. Je le lâche et reprends la bouteille pour boire directement au goulot « Il voudrait pas que j’me morfonde comme ça, mais j’y peux rien. J’arrive pas à aller d’l’avant mais j’me fais c’te promesse qu’en revenant ici … j’pourrais l’faire … et j’vais avoir b’soin de toi » c’est à ton tour de me sauver mon Derek. A ton tour d’être ma béquille. Je repose la bouteille, inspire, expire, enlève ces foutues larmes et soupire. « Cassons nous de ce bled pour vivre notre meilleure vie » fis je avec un petit sourire déterminé
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Derek Morrow
MESSAGES : 4058 BARGE DEPUIS : 14/01/2019 ROYAUME : Empire State of Mind.
Sujet: Re: i just wanna go where love is alive. (JUNE) Dim 9 Mai 2021 - 10:21
Et TAC! Les billets sont achetés. Plus de retour en arrière. J’observe l’écran de l’ordinateur un instant, un drôle de sentiment me chatouillant et me grignotant l’intestin grêle à belles dents. (Regardes-moi ça, ma chouette, j’rime et c’est même pas volontaire.) Certains considèrent la fuite comme un signe de faiblesse et de lâcheté. Seulement, tirer sa révérence peut être aussi le symbole d’un grand courage, non ? N’est-ce pas ce dont nous faisons preuve, Lola et moi ? De courage et de bon sang ? Ça ne peut plus durer. On doit changer. Pour de bon. Pour le bien. Pour retomber en amour avec nous même et la vie en son vaste général bordélique. Avoir la réaction du petit animal blessé qui se retire pour lécher ses plaies et comme il peut guérir de ses meurtrissures. Des plaies profondes et ardentes de douleur. À vif, à sang, purulentes et suintantes. De grandes déchirures à remplir de nos cris et nos folies. À la gourmandise de notre mal de vivre, nous avons mangé le soleil et avalé tous les orages, ne manière à en avoir les bouches si creuses et l’estomac saoulé, qu’en nos diaphanes saturés et fracturés il ne reste que des vestiges et décombres. Un vide qu’on comble de cet amour inconditionnel qui nous garde en vie et nous fait goûter à un peu de lumière en l’incurable syndrome de nos âmes bafouées et malades. Ça ne peut plus durer. On doit changer. Pour de bon. Pour le bien.
J’ai le courage et la volonté de tout recommencer. Partir de zéro. Si tu es là, main dans la main avec toi ; je suis capable de tout. Qu’on redessine la face de ce maudit monde qui ne change pas, à coup de batte de baseball, de massue, de pied, je m’en moque, que tout s’écroule et qu’on l’en défonce les horribles décors ! On se retrouvera et s’aimera à quelque part entre ces ruines et ces failles ! Il me reste assez d’âge encore pour croire en l’impossible et voir s’étioler cette stagnante buée traînant là sur le pare-brise de l’existence.
Je rigole, intoxiqué d’alcool, ankylosé d’accablement, mais lucide d’espoir et éveillé de rêve. Empoté, mon bras fort glisse doucement autour de ses épaules et comme un pitre je m’esclaffe de plus belle.
- Il est si loin et repoussé ce satané retour, que pour l’instant on le voit même pas.
Ce qui est vrai. On quitte cette ville de merde, sans aucun regard sur l’arrière. Je retomberai en amour avec la vie, pour ensuite te sauver la vie, June. Je t’en fais pas promesse. J’attrape la bouteille de fort, m’en injecte son poison d’une longue et lénifiante lapée.
Déterminé, j’opine du chef, bruyamment dépose la bouteille sur le zinc et plonge en ses émeraudes.
- On chouine ce soir et pour le reste on sourit comme de vrais dégénérés. Il n’y aura plus de mal. Plus de souffrance. Pour de peur. Plus de tourmente. Là-bas, nous serons les meilleures versions de nous-mêmes, je te le promets, June. On va traverser cette tempête ensemble. J’te lâche plus. Jamais.
J’ai le courage et la volonté de tout recommencer. Partir de zéro. Si tu es là, main dans la main avec toi ; je suis capable de tout. Qu’on redessine la face de ce maudit monde qui ne change pas, à coup de batte de baseball, de massue, de pied, je m’en moque, que tout s’écroule et qu’on l’en défonce les horribles décors ! On se retrouvera et s’aimera à quelque part entre ces ruines et ces failles ! Il me reste assez d’âge encore pour croire en l’impossible et voir s’étioler cette stagnante buée traînant là sur le pare-brise de l’existence.
THE END Sujet terminé & verrouillé.
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Sujet: Re: i just wanna go where love is alive. (JUNE)