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 let's grab a gold switch blade. (AILEEN)

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Derek Morrow

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Derek Morrow

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MessageSujet: let's grab a gold switch blade. (AILEEN) let's grab a gold switch blade. (AILEEN) EmptyVen 25 Sep 2020 - 9:53


And make us a blood pact, babe.
♫♪♫
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SUITE DE : oh oh, here she comes.
Quelques jours plus tard...

- Docteure Davies n’est pas là, aujourd’hui. Congé de maladie. Je croyais vous avoir prévenu ?

Malade ? Comment ça, malade ? C’est quoi ces conneries ? Et non, elle ne m’a pas prévenue, cette espèce de hipster à deux balles qui aujourd’hui pour afficher son goût avant-gardiste pour le second degré s’est bourré le crâne de dreads tentaculaires et s’est blottie dans la laine d’un moutonneux col-roulé d’un fuchsia-saumon aussi vomitif que fluo à regarder. Toujours aussi désinvolte, toujours aussi détachée de son boulot de secrétaire, le plus urgent et impératif qu’elle trouve à faire ; est d’attraper son téléphone pour dans l’application « selfie »  venir admirer sa nouvelle et horrible coiffure avec une orgie de cœurs écarlates dans les yeux. Dans le genre self esteem, j’crois pas que je pourrais mieux trouver.

Royalement et cordialement emmerdé, à plat mes grosses paluches de panda mal luné viennent s’appuyer sur la surface aseptisée du comptoir de la Réception, voûtant l’échine au-dessus de celui-ci pour du haut de mon non intimidant 1.83 m venir surplomber notre bonne à rien de service. Sourcils tricotés bien serrés au-dessus de ces mirettes qui ne daignent même plus se braquer sur moi, elle est empreinte à de grandes questions existentielles… comme à savoir si le filtre « mayfair » ou « amaro » d’Instagram est susceptible de lui sied à merveille sa chevelure de liane qu’elle veut afficher à ses 524.2 abonnés. Oui, j’ai zieuté son profil… et alors ?!

- Et vous savez à quand---

-Nope. J’sais pas.

-  Mais pouvez quand-même me dire---

- Nope. Peux pas.


Ugh ! À croire qu’elle le fait délibérément, de toujours enfoncer le clou un peu plus creux en le cercueil d’estime que j’éprouve pour elle.  Après on se demande comment et pourquoi est ce que l’aile psychiatrique sature. Avec pareille quiche, n’importe qui devient chèvre et fantasme d’un jour la voir mourir dans d’atroces souffrances ! Gâté par ma très mauvaise humeur, je remballe ma dégaine de barbu pas content, mes poings dangereusement bien comprimés et vais comme un mal propre m’évanouir en la palabre de blouses blanches et camisoles de contention qui autour de moi se fait entendre. Manquer une consultation avec ma toubib, c’est retarder ma guérison et mes chances d’un jour réintégrer la société sans que l’on me soupçonne d’être l’auteur d’un attentat à la bombe au supermarché ou dans le meilleur des mondes ; de ne pas devenir une person of interest dans une sordide affaire de drame familial ou conjugal ou allez savoir ! Pour cette case-ci, j’suis safe, ma femme m’a quitté et ma mioche est décédée…

Oui, je vais bien… walking on sunshine. Comme qui dirait.

• • •

Macabre, j’extirpe de la poche intérieure de mon sombre trench coat, mon paquet de clopes et mon zippo. C’est en fichant l’un de ces additifs bâtons cylindrés et mortels entre les lippes, que j’achève mon carnage et de mon pouce écrase la touche « send » de mon mobile. Pas du genre à me recroqueviller sous la Converse d’une secrétaire manchot et impotente, mais plus tôt du genre à penser que la vengeance est un plat qui se mange froid, voire glacial, c’est avec un malin et malsain plaisir que comme une charogne je me suis glissé dans les followers d’une certaine jeune fille à la coiffure douteuse, pour tel le gros troll que je peux être à mes heures venir gangrener et pourrir sa fenêtre virtuelle ! Elle l’a cherché. J’suis coupable de rien.

C’est en jouissant des petites choses simples de la vie, que dans la pénombre d’une nuit sans astres et sans lune je me suis perdu. C’est claquemuré en le marasme dissident de la farce concupiscente qu’est mon existence, que du coin de l’œil je vois ondoyer un jeu des ombres pour le moins hypnotique et distrayant. Cygne drapé de nuit qui lestement dérive sur l’océan crépusculaire, se détache des reflets moirés et d’argent qui sur la placide surface scintillent alors que s’embrasent comme des cierges sacralisées mes opalines inquisitrices. Au bas-fond de mon âme, je sens gronder le tonnerre de mes fielleuses diurnes, alors que s’électrisent les foudres de ma colère posthume et que d’un violant coup d’éclair je viens pourfendre son éther qui comme un funambule j’espère la faire basculer de toute quiétude :  

- What the fuck, toubib ?!

Ma question est si vite rejoint par le « clac » métallique et strident de mon zippo que je viens de refermer et dont l’écho encore rebondit contre la préface des commerces assoupi qui nous entourent. J’aspire de longues et lénifiantes bouffées de nicotine, le marbre outragé de ma figure doucement et paresseusement voilé derrière les spectrales volutes de fumées qui s’échappent du seuil de mes lippes alors que de mes furieuses diaphanes je regarde passer sur le trottoir désertique le mirage.

- Déjà remise de diable sait quel parasite, docteure Davies ?!
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Aileen Davies

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MessageSujet: Re: let's grab a gold switch blade. (AILEEN) let's grab a gold switch blade. (AILEEN) EmptyLun 5 Oct 2020 - 13:43

FROM THE HELL THAT WE'RE IN
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❝ Monsters, stuck in your head... ❞


99y2.gif« - Oh non, merde, merde !...

Impossible d'assimiler la scène qui se joue. Là, voûtée comme le serait un animal traqué, Aileen ne sait à quoi se raccrocher. La chute est vertigineuse. Violente. Et elle éprouve la totalité de l'univers sur ses frêles épaules. Au loin, un gargouillis écœurant détonne. Un frisson lui lèche alors une fois de plus la colonne. Ce n'est pas possible. Et elle se le répète; litanie mortifère qui ne trouve pas le moindre écho entre ses alvéoles. Les ongles creusent dès lors les tempes, cherchent quelques cendres égarées par delà les larmes et la crasse. Mais en vain. Tout ceci n'a aucun sens. Un cri silencieux se meurt entre ses lippes. Dieu, qu'elle souhaiterait beugler toute l'horreur qui l'abîme ! Cependant, elle ne peut que taire l'immondice, étrangler les sursauts éperdus. Que va-t-elle devenir ? Si ce n'est le néant qu'elle s'efforce d'éloigner depuis toutes ces années ?... La mort guette. Telle l'ombre d'une vieille camarade, elle lui dessine quelques chemins incongrus. Et Aileen les emprunte. Sans même craindre l'obscurité cuisante qui semble lui tendre les bras. Elle regagne des limbes éternels. Sûr qu'ils ont raison, les petites gens avec leur langue bien pendante lorsqu'ils crachent rumeurs et calomnies. C'est bien le Noir qui l'habille chaque jours. Qu'importe l'endroit où elle prend racine. Il y a toujours quelqu'un pour pointer du doigt les ténèbres qu'elle s'efforce pourtant de calfeutrer. Comme ce soir, tandis qu'elle secoue le corps sans vie d'un pauvre gaillard.

Les effluves de sang et d'humidité lui montent finalement aux narines. La réalité frappe l'encéphale de plein fouet. La bile lui brûle le gosier. Elle dégueule tripes et boyaux. Frénétiquement, elle se frictionne, misérable étreinte qui ne parvient qu'à assourdir sa perception des faits. Faut-il prévenir la police ? Tout simplement le laisser là ? C'est une cohue sans nom sous la tignasse, un capharnaüm détestable. Peut-être qu'il suffirait qu'elle se hisse sur ses guiboles. Puis qu'elle tourne les talons. Mais l'on viendrait forcément à sa rencontre. Au moins pour lui quémander informations et aveux. Car ce n'est pas une trombine étrangère qui dort péniblement sur l'asphalte. Non. C'est un patient. Aileen agite une fois de plus sa petite tête brune comme si cela allait effacer le drame dont elle est l'auteure. Elle a cru... mais qu'a-t-elle pensé justement ? Qu'un manant la talonnait. Que le Mal lui lichait l'échine. Après cela, l'absence parfaite. Sans doute le traumatisme. La fatigue. Ou bien les médicaments qu'elle ingurgite. Sûr qu'elle est en faute. Mais que reste-t-il pour elle désormais ?...

Fauve en cage. Aileen use encore et encore le macadam. De temps à autre, elle croise malencontreusement son reflet à travers la vitrine impeccable d'une boutique somnolente. Les éclats vermillon qui maculent sa trogne lui rappelle alors son délit, lui assènent nausées et hoquets amers. Mais le pire s'en vient, tandis qu'une voix familière l'arrache à ses tourments. Derek. Elle voudrait disparaître, Madone, avec ses menottes peinturlurées de rouge. D'ailleurs, sa silhouette recule d'un pas, cherche l'ombre du boulevard. Petite souris que les bas-fonds attirent et rassurent.

- Oh, Derek...

Mirettes ne savent où se poser. C'est un malaise tangible qui l'anime dès lors. Le masque craquèle. Et la statue de marbre s'étiole doucement. A dire vrai, l'émoi se bouscule aux portes de son cœur. Elle a envie de l'étreindre. Elle a envie de fuir à la hâte. D'un pied sur l'autre, Gamine tangue, paraît prise au piège d'un miasme douteux.

- Parasite... ahah, oui, évidemment. Tout va pour le mieux.

Perles salées s'écoulent des pommettes pour se joindre à la pluie naissante. Aileen s'efforce de ne point lever vers lui sa peau pourpre, de ne point lui offrir ses prunelles hagardes.

- Bien bien... voyez avec ma secrétaire pour convenir d'un autre rendez-vous. »

Et elle s'efface subitement, sans attendre son reste, priant un Dieu auquel elle n'a jamais cru de ne pas être suivie. Ou bien à l'inverse, d'être secourue. Tandis qu'elle s'empresse de rejoindre son cadavre exquis étendu sur la chaussée.


Dernière édition par Aileen Davies le Mar 6 Oct 2020 - 5:39, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: let's grab a gold switch blade. (AILEEN) let's grab a gold switch blade. (AILEEN) EmptyLun 5 Oct 2020 - 20:38


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Oh, docteure Davies, ça ne va pas.

Sibylline noctambule qui recherche l’âtre des ténèbres. Âme vagabonde, recluse dans les Ombres patelines de la gorge citadine, alors Elle se livre aux longues et profondes pâmoisons irisées et satinées d’un Ailleurs qu’Elle voudrait trouver, mais recherche désespérément, à çà et là au travers de la rue. Enfant de l’Ombre, d’Obscur et de la Lune qui appréhende la lumière diurne. Que craignez-vous, docteure Davies, lorsque demain viendra le demi-jour ? Quelle moire ténébreuse, souhaitez-vous ne jamais voir reluire à l’aube douce et opaline qui toute la nuit semble planer sur le seuil de notre dôme éternel et doit se faire violence pour attendre son heure ? Ô, docteure Davies, je l’entends la nuit qui sinistrement marche à la suite de vos pas ! Seulement, Elle me paraît fragile et fébrile. Voire, bancale et anormale. Enfant de l’Ombre, d’Obscur et de la Lune qui en cette nuit inhumaine craint son lendemain. Sinistre mirage sur le pavé des mauvais rêves. Connaître les terreurs et l'horreur qui La crèvent et La coule en la sève de cet effroi incessant. Le drap du crépuscule se veut sans aucun scrupule et la morsure de ce déclin céleste sinistrement La redessine. Le diadème de Sa clairvoyance est tombé. Reine déchue de Son royaume des aliénées. Sur les landes oxydées et abîmées La voilà jetée. Sa forteresse de givre et de nacre ne La protège plus. Impératrice condamnée parmi les damnés. Danse, danse en cette surprenante nuit, la frénésie de Son cantique utopique ! Gamine tourmentée. Gamine brisée. Si bas Elle est tombée, ma toubib. Si bas Elle est tombée, Aileen.

Poupée d’albâtre qui de toutes parts se fissure.
Poupée de cire qui à la chaleur de la frayeur fond et se laisse périr.
Pantin disloqué de ces maléfiques ficelles, mais qui pourtant danse la prose du Malin qui toujours la maintient.

Rechercher  la noirceur des gouffres et se noyer en les eaux obscures de Son monde en pleine hécatombe. Mes fins et sombres sourcils se tricotent bien serrés en-dessous de mon front appesanti de Sa torpeur, mes deux billes polaires et inquisitrices essayant de trouver un semblant de fil d’Ariane en le maze de Ses yeux vitrifiés de peur. Ses doigts teintés de pourpre qui à rebours se triturent et se labourent. Si entre les 4 murs de Son office, ma toubib me parait aussi solide qu’un roc, ici, là, maintenant, tout de suite, il en est moindre ! Où diable est donc passé Son légendaire flegme britannique ?  Sifflant une parabole au sujet de Son incompétente de secrétaire, ma toubib et Son étrange mystère s’en sont allés comme ils sont venu sur ce sinueux et brumeux pavé des mauvais rêves. Coi d’étrangeté, je reste là ballant durant un instant sur le trottoir, mon bâton de mort toujours suspendu à mes lippes et définitivement trépassé du feu de tantôt. Enfant de l’Ombre, d’Obscur et de la Lune qui appréhende la lumière diurne. Entendez, docteure Davies, entendez la nuit qui fidèle et complice marche à la suite de Vos pas !  Car sous les douze coups de minuit voilà qu’en le sarcophage de mon sinistre esprit je renfermerai Vos calvaires et Vos maux.

Je me délaisse de mon mégot que d’une inattentive pichenette j’envoie valser contre la brique d’un mur, emboîtant le pas et laissant le monde de demain derrière nous pour l’instant. Dans la tempête je vais suivre Sa lanterne et par la morsure de cette nuit épouvantablement froide je serai invaincu. Arrivé à la lisière du pavé des mauvais rêves, j’y retrouve mon sinistre mirage et Son aperçu de l’Enfer. Mes impassibles lucarnes s’ouvrant sur le corps endormi là sur l’asphalte, auréolé  dans son étendue de mort et d’hémoglobine. L’indifférence qui présentement me drape peut me faire l’Aborder d’une indicible indécence alors ma dextre doucement se pose sur l’épaule violemment secouée :

- Re-saisissez-vous, docteure Davies. Ce n’est pas le moment de vous perdre, que je murmure près de son oreille, les contours subtils de ma voix semblant comme vibrer de ces cordes de musiciennes que l’on chagrine  dans les bases et disharmoniques estampes : Raccrochez-vous.

À moi. Raccrochez-vous à moi, docteure Davies. Enfant de l’Ombre, d’Obscur et de la Lune, n’appréhendez plus la lumière diurne. Car sur le seuil de notre dôme éternel brille et rutile notre bonne étoile !

Le diadème de Sa clairvoyance est tombé.
Reine déchue de Son royaume des aliénées.
Condamnée parmi les damnés.
Seulement, je peux l'aider.


Dernière édition par Derek Morrow le Mar 6 Oct 2020 - 13:52, édité 1 fois
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Aileen Davies

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MessageSujet: Re: let's grab a gold switch blade. (AILEEN) let's grab a gold switch blade. (AILEEN) EmptyMar 6 Oct 2020 - 8:06

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99y2.gifSeule. Comme toujours. Qui pour secourir la Veuve Noire, l'Eplorée, la Catin ? Personne. Il est plus facile de contempler les décombres d'autrui sans y prendre part. Il est plus confortable de remettre en ordre sa propre ménagerie. Point d'ancrage pour Aileen. Point de bouée de sauvetage à l'horizon. Seulement cette nébuleuse. Cette obscurité latente, qu'elle n'aspire même plus à fuir désormais. Alors, c'est dans un frémissement de tissu que Madone s'abandonne au vide. Agenouillée près de la dépouille, ramassée sur elle-même, ses complaintes s'étranglent dans quelques racles douloureux. La paume frappe le torse déjà raide. Menotte fracasse l'ossature mortifère. Mais l'Existence s'en est allée depuis longtemps maintenant. Silence. La vie s'étiole, emportant avec elle l'unique souffle d'un lointain devenu veloute de cendres. Les pleurs fêlent un peu plus le givre sous le poitrail. Aileen ? Elle n'est plus qu'un amas de chair et de supplice. Et elle se brise toujours un peu plus, tandis qu'il n'y a que la timide mélopée de la pluie pour lui répondre. Vaine tentative que de remuer à nouveau le malheureux. Pourtant, Aileen s'impatiente. Et elle violente la pauvre carcasse, comme s'il s'agissait là d'une mauvaise blague. Le poing serré martèle et martèle encore. Inutile. Ridicule. La raison s'émiette. Elle perd pieds, s'enfonce dans les méandres de quelques rêveries fantasques. Elle épie, gourgandine Folie ! Soupirante de toujours. Là, tapit dans l'antre de ses délires illicites. Elle attend son heure, celle qui signera finalement la déchéance de l'esprit. Ironie du sort. Toubib qui s'en devient aliénée. Camisole et paradis artificiel. Aileen se lâche la main. De toute évidence, sa fin ne pouvait être que celle-ci.

Un bruissement d'ailes. Un éclat de lumière, peut-être ? Ou bien le glas. Aileen se rassemble sur ses gambettes. Chevrotante, elle balaye la saleté, les larmes et le sang. Le trouble l'égare. Elle cherche son chemin. Mais le hasard la ramène ici. Comment s'appelle-t-elle déjà ? Qui est-elle ? Elle calfeutre ses suppliques derrière ses doigts, s'efface de ce monde qui la rejette et l'enchaîne.

Pourtant, une lueur persiste quelque part. Une étincelle, souffrante mais tenace.

Derek.

Ses mirettes s'immergent dans l'océan noir des siennes. Caboche dodeline. A la fois horrifiée et soulagée. Derek ? La peau effleure la repousse du claquoir, caresse l'arrête parfaitement sculptée. Lui, son ange aux égides déchenillées. Elle le découvre, là, sous les pleurs du ciel. Là, non loin d'une tragédie pittoresque. Comme deux amants terribles que seule la mort pourrait rassembler. Elle papillonne des cils, Bibiche, et ses grands yeux sombres, lourds de quelques desseins violents. Alors fiancée à l'Etrange, au Soleil Noir, Aileen agrippe le rempart qui lui est présenté. Sûr qu'elle ne laisse pas s'égarer la main qui lui est tendue présentement. Et se fondre contre lui, comme le ferait une jouvencelle transie, l'eau au bord des lèvres, le feu entre les lombes.

« - C'était un accident, un accident... un accident...

Elle le répète. Inlassablement. Comme un vieux disque rayé. Plus pour se convaincre elle-même. Était-ce réellement un accident, cela dit ? Aileen ne sait plus. Le magma d'émotions qui l'assaille l'ébranle davantage. Elle n'est pas seule. Non. Il est bien là. Et elle l'éprouve sous ses mitaines ensanglantées. Barbouillant l'opalescence du pourpre des condamnés. Il n'a plus le choix. Peinture de guerre çà-et-là sur ses pommettes fraîches. Telle la mariée morte qui jaillit des entrailles de la terre, Aileen lui passe la corde au cou.

Il n'a plus le choix.

- Je-je ne sais pas quoi faire. Oh, Derek, je ne sais pas quoi faire !...

Ses griffes harponnent les vêtements, la peau mise à nue. C'est illicite. Etreinte pernicieuse. A la fois nécessaire et écœurante. Sans doute pourrait-il abuser d'elle ici et maintenant. Faire ce que bon lui semble. Elle écarterait les cuisses sans hésiter. Seulement pour éprouver un peu de chaleur. Ou bien pour occulter la douleur.

- Derek... Derek... je vous en prie.

Que supplie-t-elle ? Le feu qui crépite sous le nombril. Le désarroi qui l'habite sous le sein.

Alors elle se love contre sa musculature imposante, cherche la friction salvatrice. Celle qui balayera l'Inanimé.

- J'ai besoin de vous. »

L'aveu n'est qu'une brise.
De l'âme, qu'un unique cri.

Le miroir se fêle.
Le cœur se révèle.
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Derek Morrow

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MessageSujet: Re: let's grab a gold switch blade. (AILEEN) let's grab a gold switch blade. (AILEEN) EmptyMar 6 Oct 2020 - 18:04


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Bien bas au-dessous de nos crânes se profile l’orage querelleur et furieux. Ô, qu’il gronde et pourfende nos éthers, comme j’en ai si peu à carrer et faire ! Que notre dôme éternel se déchire et nous assiège de son courroux extraordinaire, avec un peu de chance il déferlera sur notre monde déliquescent et de sa rage le purifiera ! Ma figure d’albâtre et barbue perdue en le jardin de Ses chairs ensanglantées, les lignes de Ses paumes gantées impriment sur la carne de mes joues les pourpres prémonitions et le rubigineux présage. Aileen, Aileen, Aileen, l’aperçu de Votre Enfer, ainsi imprimé sur mes chairs, fait déborder les lisières du soir et vers le noir Votre empreinte s’en ira. Car en l’océan de Ses larmes vont et reviennent les houles de Sa frayeur sourde qui en le marasme perlant sur Sa séraphique figure se perdent en limbes ces choses qui bien profondément grondent et implorent. Son visage nimbé de bruine cultive en l’âtre de mon être, la cendre d’un feu que je croyais mort et éteint depuis fort longtemps. Le chant de la Désespérée trouvant distinctement issue vers mes conduits auditifs, captivant les mortelles ténèbres qui tous les deux nous habites alors que sur le pavé des mauvais rêves semble se dresser pour Elle le vertigineux voyage au pays de l’Espoir. Et surplombant cette éclisse d’infâme et de meurtre qui à nos pieds sommeille, Elle se désespère de blottir son âme fêlée à la mienne et miraculeusement dolant je La laisse Se fondre sur moi, sur mes chairs, quoique bras ballants et un arrière-goût de sèvre se claquant contre mes dents.

Impie et mortifère se veut l’étroitesse de cette gorge urbaine qui nous emmure, ce n’est pas maintenant et ici que mon pas s’enroulera à l’escalier de Son monde et qu’au travers de nos soupires fiévreux nous atteindrons le septième ciel ! Mes fielleux cobalts balayant ce ruban de goudron usé et altéré par les éclaboussures de ce sang qu’Elle a pris plaisir à faire gerber depuis les plaies béantes, nos êtres répercussifs résonnant le cantique amer et sanglant, qui naturellement semble m’enfiévrer d’un souvenir d’antan. Alors ma main doucement remonte dans l’air vicié, cherche le reposoir du creux de Ses reins, ce que ma paume imbibée de pluie conquit sans grande cérémonie cependant que la jumelle vient chercher et trouver l’arc agité de Sa nuque. Mon étreinte doucement se moulant contre Ses douloureuses et frémissantes cervicales, laissant mes phalanges se perdre en le rideau d’ébène de sa sombre chevelure, pour d’une douce pression esquissée sur l’arrière de son crâne tourmenté, l’inviter à révéler Sa porcelaine fendillée à la fenêtre de mes diaphanes reluisantes. Cœur contre cœur. Pensées contre pensées. En le malstrom de nos êtres répercussifs qui résonnent le cantique amer et sanglant, mon front appesanti de Sa torpeur vient doucement rejoindre Ses moires en s’apposant imperceptiblement contre le Sien. Ma paume toujours trépassée en la croupe de Ses reins cherchant l’inéluctable lorsque mon étreinte se veut plus insistante et claquemurante contre ma propre enveloppe charnelle. Oubliés et égarés au cœur de la pluie et de cette sinistre ruelle, nos sombres silhouettes font rappelle à ces deux cygnes drapés de nuit qui l’un vers l’autre nagent, leurs ébènes fondant leurs ténèbres sur les reluisantes agitées qui doucement les véhiculent et transportent. Enfants de l’Ombre, d’Obscur et de la Lune qui n’appréhendent plus la lumière diurne. Si bas nous sommes tombés, ma toubib. Si creux nous sommes avalés, Aileen.

Bien bas au-dessous de nos crânes se profile l’orage querelleur et furieux. Ô, qu’il gronde et pourfende nos éthers, comme j’en ai si peu à carrer et faire ! Que notre dôme éternel se déchire et nous assiège de son courroux extraordinaire, avec un peu de chance il déferlera sur notre monde déliquescent et de sa rage le purifiera !

Impatient de sentir la dégringolade de Son âme sur mes lèvres imbibées et avides, le revers de mes phalanges allant se perdre et se laisser périr sur la porcelaine fissurée de Sa magnifique figure, souffle contre souffle, lorsque par d’imperceptibles frôlements nos lèvres se cherchent et se choient vers un baiser que je suis pourtant si loin de lui céder :

- Et moi j’ai besoin de vous, docteure Davies…

Impie et mortifère se veut l’étroitesse de cette gorge urbaine qui nous emmure, ce n’est pas maintenant et ici que mon pas s’enroulera à l’escalier de Son monde et qu’au travers de nos soupires fiévreux nous atteindrons le septième ciel !

- Vos clés. Donnez-moi vos clés.

Ce n’est pas le moment de vous perdre, Docteure Davies, mais pour Lui vient le moment de disparaître. Alors aidez-moi. Elle peut faire s’arrêter le temps et me faire oublier l’aperçu de Son Enfer. Seulement lorsque je me pers en Ses mordorés où jamais l’aurore ne s’éveille, je me surprends à appréhender la lueur diurne. Puisque pour briller sous le phare aliénant du crime, je dois invoquer l’éclat de mes propres ténèbres, aussi bien se griser de l’irrépressible fièvre. Alors brusquement je m’arrache de cette étreinte envoutante et tends désespérément une main vers Elle :

- À moins que vous préférez vous livrer à la police ?
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Aileen Davies

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MessageSujet: Re: let's grab a gold switch blade. (AILEEN) let's grab a gold switch blade. (AILEEN) EmptyMer 7 Oct 2020 - 12:57

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❝ Monsters, stuck in your head... ❞


99y2.gifLe trépas s'enlise. Autour des veines bleues, de la viande pourrie. Pêle-mêle d'émois. Gorgeant le myocarde d'une encre pernicieuse. Ô douce chaleur, qui crépite du nombril jusqu'aux tempes, viens tromper l'obscurité, viens corrompre l'ennui ! Petite mort. Qu'elle devine, là, bercée par cette proximité enivrante. Promesse tacite par delà les remparts qui calfeutre leurs méfaits. Point de palabre néanmoins pour sceller cette union. Seulement quelques mignardises, délicates et indicibles. L'existence courbe l'échine. Tandis que de leurs ailes gangrénées, les deux Chimères se jurent un lendemain clandestin. Tout là-haut, le ciel dégueule son aigreur. L'Apocalypse s'en vient gager son ultime jugement. Et pleure les rivières pourpres de l'Apôtre; mort de ne point avoir détourné mirettes d'une nouvelle Lilith. Car à l'image des succubes d'antan, Médusa, de sa coiffe perfide, dévore jusqu'à l'âme la plus pieuse. Malgré le fard sur la peau faisandée. Malgré le gantelet pour couvrir les serres. C'est une damnation éternelle. Que de broyer toutes vies autour de soi. Et Derek, ne craignez-vous pas, vous aussi, de vous égarer en chemin ? Puisqu'elle n'a qu'un triste bouquet de chrysanthèmes à lui offrir en retour. Point de lueur au seuil de ce tunnel interminable qu'elle ne cesse de sillonner. Un unique monologue poudré de neiges tout au plus. Un souffle bien trop vite avorté. Mais dans le ronflement des cieux, un écho familier s'impose à elle. Cette rage. Ce besoin d'exister. A travers l'Autre. A travers Lui. S'oublier enfin. Alors les phalanges blanchissent sur la flanelle froissée. Dernière prière d'une bagnarde. Quête frénétique d'une rédemption. Immuable litanie. Extrême onction.

Aileen s'égare, là, terrée au cœur de cet étau céleste. Point d'Ailleurs plus sirupeux que celui-ci. Et si la foudre se devait d'abattre son courroux, elle ne s'en froisserait pas. Il n'est de mort plus douce que de s'abandonner à des bras véhéments. C'est donc une complainte délicieuse qui s'échappe des profondeurs de son éternel névé, tandis que l'instant semble dresser l'esquisse d'un fébrile baiser. Comme elle souhaiterait se perdre en lui ! Et veloute de givre, fondre par delà les plis de sa peau. Seulement, dans ces limbes qu'ils habitent pour un moment, les sanglots d'une vieille cloche s'en viennent ébranler quiétude. Alors la réalité s'impose de nouveau, comme le ferait un cheval fou. Dans sa tourmente, la Malheureuse s'empresse de l'attirer auprès d'elle, dans cette débâcle sans fin qui ne promet finalement qu'un authentique au revoir. Et de l'étreindre si fort, que le corps se tord d'un plaisir nébuleux. Derek, tiendrez-vous ce périple, lorsque mes ondes échaufferont vos doigts, et que la mort soufflera, somme toute, nos bougies ? Et elle l'implore de ne point occulter la route qui mène jusqu'à ses heures. Car il n'y a que Lui, désormais, pour boire les ténèbres à Sa source. Lui, seulement, pour étourdir l'encéphale et ses névroses extatiques.

Une fois de plus, les prunelles contemplent l'œuvre de Soutine. Eventail de rouge. Eventail de noir. Alors que les effluves pouacres lèchent le museau, tordent les traits à travers quelques simagrées pittoresques. Pauvre Allan, le gosier cisaillé pour qui veut y tremper le pouce ! Et de cette poésie sinistre, Aileen y trouve une consonnance familière. Transie par un jadis, un autrefois, rictus trémule sur ses lèvres carmin. D'une caresse machinale, elle effleure la Précieuse, branlante autour de sa nuque. Vestige d'une rature lointaine.

« - Que comptez-vous faire ?..., qu'elle s'hasarde à demander, brandissant vers lui l'objet de sa requête.

L'instinct de conservation l'incite à n'envisager aucun détour par la case police. D'ailleurs, elle ne relève pas cette possibilité là. Néanmoins, mitaine trouve refuge au cœur de la sienne, vaine tentative de l'éprouver une fois encore, malgré l'urgence.

- Que va-t-il se passer pour nous, après ça ?

Sera-t-il là, somnambule parmi les nuées de dépouilles qui peuplent ses nuits ? Osera-t-il se perdre dans la moiteur de ses zéphyrs ? Lui portera-t-il secours afin qu'elle puisse se perdre en chemin ?

- J'ai peur.

L'aveu se dilate dans ce simple murmure, tandis qu'elle se laisse guider, poupée malléable.

- Ne me laissez pas... »

Vipère autour de sa proie.
Veuve Noire, tissant son indubitable toile.

Méduse.
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Derek Morrow

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MessageSujet: Re: let's grab a gold switch blade. (AILEEN) let's grab a gold switch blade. (AILEEN) EmptyJeu 8 Oct 2020 - 9:23


And make us a blood pact, babe.
♫♪♫
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Nous ne pourrons jamais mieux reluire, qu’en étant ici-bas baignés par le splendide rayon patibulaire qui sur la pestilence de nos carnes se prolonge à la légèreté de ces linceuls mortuaires. Jamais mieux nos éclats reluiront, qu’avec nous ici enfin placés en diapason en l’antre de ces Ombres qui errent et redorent nos airs. Comprenez, docteure Davies, que nullement je crains de me perdre en chemin, pas si pour m’éviter son vertigineux ravin, vous restez là, immuable, à me présenter et tendre cette main. En l’agonie de notre raison, j’y retrouve pourtant la grisante sérénité des morts. Quoi de plus doux et enivrant, que de venir s’assoupir vers l’éternel repos d’une âme qui haleine son tout dernier soupire et apporte en le sillage de son funèbre zéphyr, les hurlements de nos sempiternelles batailles ? Il est de ses unions délétères et funestes, qui non seulement nous enserrent,  mais lacèrent. À l’image d’une lame qui se plante dans la carotide et tranche jusqu’à l’os cette palpitante violacée qui déjà s’enivrait dans la noirceur des gouffres. Une petite mort nécessaire, pour s’éviter sur terre l’Enfer. Trop souvent et trop de fois désillusionné, engorgé, par la purulence de ce monde, par la plaie béante de son hypocrisie et ses incalculables trahisons. Qu’est-ce que ce Réel a de si précieux à nous offrir, sinon moult mensonges et lapsus mortifères ? Il n’y a qu’à regarder la décadence et la déchéance de cette ville. Agglomérations de bétons et de rues poisseuses de vermines en tout genre. Ville sans cœur ni âme, lobotomisée à outrance,  par les flashes continus et aliénants de ces écrans en tout genre qui nous galvanisent d’un besoin sans fin de tout posséder et acheter ! Si bas, ils sont tombés, toubib. Si creux ils sont avalés, Aileen. Seulement, dites-moi, docteure Davies, que se passe-t-il lorsqu’enfin les interrupteurs s’éteignent et qu’ainsi toutes ces lucarnes vitrifiées simultanément s’étreignent vers le vide ? Que voyez-vous, docteure Davies, dans la pénombre de ce néant qui sinistrement vous renvoi votre reflet ? Quelles sont les vicieuses et sirupeuses damnées qui lascivement se trémoussent en le brasier de vos pupilles ?

Moi j’y vois un âtre peuplé de fantasmes, de haines, de songes, une horloge déréglée, un chœur défectueux et un compte à rebours qui d’une lenteur assassine compte l’insoutenable. L’insupportable. Je me suis enrôlé et de ces souvenirs de guerre je m’en suis extirpé que davantage écœuré et fatigué. Je peux craindre la lueur diurne de demain, mais ne pas m’en effaroucher. Car tant et aussi longtemps que les écrans sur les murs de bétons clignotent, les yeux du monde se bercent d’illusions et en la plaie béante de cette trahison nous pouvons abandonner toute raison ! Jamais mieux nos éclats reluiront, qu’avec nous ici enfin placés en diapason. Et c’est galvanisé par l'inexprimable berceuse du Mort, que mes lucarnes diabolisées un moment restent là à l’observer, pour lentement remonter vers ce qu’Elle effleure d’une volage caresse. Ce vestige d’un autrefois qui sur Sa nuque repose et à Son cou relui comme un phare dans la nuit. Souvent, pendant nos longues et sentencieuses consultations, je l’Ai vu jouer avec ce fragment de passé. Qu’est-ce que cette poulie qui se lamente à Votre cou, a de si cher à Vos yeux, docteur Davies ? Quelle ficelles et cordages espérez-vous remuer et sentir frémir sur la soie effilochée de votre cœur ?

Les phalanges qui caressent l’objet de ma requête, nos méfaits qui s’effleurent, nos humeurs carmines qui se frôlent, là, en le creux de ma paume qui lestement glisse sur la Sienne, sentant s’épanouir entre les jumelles Ses pétales qui sitôt ne font que périr et flétrir. Poison Ivy, qui sur la couronne mortuaire remonte, laisse fleurir Son alliance mystique, pour jusqu’à la tige répandre Son charme venimeux. En proie au vertige, je tangue et chavire, mon étau se referme sur Son avant-bras et vers le bas ma nuque se ploie pour dans le creux de Son oreille lui partager notre secret :

- Personne ne le saura. Personne ne le pleurera. Il manquera à quelques visages anonymes et éphémères, peut-être. Mais personne ne devinera. Avec Lui son secret s’en ira. Il vous hantera. Et moi je serai là. Demain vous allez congédier votre incapable de secrétaire, je pourrai ainsi convenir d’un autre rendez-vous et derrière votre flegme légendaire notre secret se terrera.

Si nos bougies doivent s’éteindre, alors qu’elles le fassent. Je ne crains ni la noirceur du tombeau ou la menace qui s’émane de Son sombre fourreau. Alors j’attrape le satané trousseau, me défais de mon obscur trench coat, que je viens déposer sur les épaules frémissantes de la belle apeurée, pour d’une voix lui intimer, malgré le brouhaha de la pluie battante :

- Allez m’attendre dans votre voiture. Ce ne sera pas long.

À distance je déverrouille les portières, ouvre le capot du coffre arrière et déjà m’accable dans le funèbre labeur. Bien bas au-dessous de nos crânes, tonne et gronde le tonnerre alors que les larmes du Paradis lavent et sanctifient déjà les présages rubigineux et pourpres. Sur le pavé des mauvais rêves, puisque les cieux en pleur bien fort le réclament et le fanent, l’expiration de cette âme jadis enfiévrée et brûlée se refroidie dans l’Oublie et se cristallise dans le semblant d’un Rêve. Par les chevilles, je le traîne sur l’asphalte, le fracas ambiant ne masquant pas le murmure dissident de la carcasse qui se froisse et dégingande sur le bitume meurtrie par le Crime. Il se traîne poisseux et visqueux comme une limace, son gluant et rouge sillage retraçant le mortel chemin alors que comme un pantin disloqué je l’entraîne et le traîne vers son Purgatoire, avant le tombeau éternel. Le poids mort est un instant juché sur mon épaule, pour comme un minable et insignifiant déchet venir rejoindre l’abîme ténébreux du coffre arrière, revenant un instant sur mes pas pour chercher et trouver l’arme du crime qui si vite va rejoindre son porteur endormi. La boite de pandore se referme et il me hâte de La rejoindre.

Mains imbibées de pluie et de sang moulées contre le volant, les lucarnes de mon âme bien sombre à l’instant s’ouvrant fort loin devant, ma voix se perd et s’envole aux 4 vents :

- Je vous conduis chez-vous. Je m’occupe de ce qu’il reste à faire. Pas de corps. Pas de crime. Si vous ne savez rien de plus de ce que vous savez déjà, alors aucune frime. Si certaines choses vous relient à lui, alors détruisez-les. Évincez-le de votre vie. Complètement. Pour ce qui est de votre bagnole, j’espère que vous avez de bonnes assurances ?

Car nulle part, de feu et de flamme, nos infâmes s’immoleront avec elle.      

Nous ne pourrons jamais mieux reluire, qu’en étant ici-bas baignés par le splendide rayon patibulaire qui sur la pestilence de nos carnes se prolonge à la légèreté de ces linceuls mortuaires. Jamais mieux nos éclats reluiront, qu’avec nous ici enfin placés en diapason en l’antre de ces Ombres qui errent et redorent nos airs. Comprenez, docteure Davies, que nullement je crains de me perdre en chemin, pas si pour m’éviter son vertigineux ravin, vous restez là, immuable, à me présenter et tendre cette main.
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Aileen Davies

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MessageSujet: Re: let's grab a gold switch blade. (AILEEN) let's grab a gold switch blade. (AILEEN) EmptyJeu 8 Oct 2020 - 15:53

FROM THE HELL THAT WE'RE IN
Derek Morrow ✤ Aileen Davies


❝ Monsters, stuck in your head... ❞


99y2.gifEt malgré les cils qui oscillent d'une candeur virginale, c'est Lilith, sous la toile, qui s'agite d'hérésie. Point d'auréole au dessus de sa couche. Un leurre tout au plus. Une triste facétie. Car par delà l'opalescence gît un simulacre. L'Ecorchée, de son étreinte méphitique, cherchant à capturer l'ennui, le temps qui s'égraine nécessairement. De sa gueule béante, se repaît des inspirations extatiques. Succube, elle dévore les dernières palpitations, dévaste la vie qui sillonne péniblement entre les côtes. Cette mascarade n'est pas nouvelle. Et le Souvenir, suspendu à sa potence, n'est qu'un vestige de plus. Déchéance surannée. D'un empire, qu'elle s'est empressée de froisser entre ses doigts. Ne perdure plus qu'une ruine, qu'une dame de pique jaunit par les affres du passé. Et là, dans l'obscurité étouffante, s'éjouit l'éclat d'une ancienne vision. De sanglots et de sang. Linceul comme couronne d'épines. Aucune rature, néanmoins, pour éclairer le Chemin des Morts. Pas le moindre tressaillement. Seulement cette béatitude, profonde, lorsque l'impitoyable Corneille s'en vient finalement becqueter charogne. Point de splendeur sous le givre qui déguise. Si ce n'est la pâleur d'une vieille psyché. Silhouette fracturée. Reflet piqué. Nuée d'ombres et de chimères. Un cauchemar de chair et d'os. Et si l'Astre croasse par delà les vents et les tempêtes, il est déjà trop tard pour s'en soustraire. La toile s'est refermée depuis longtemps. Ne reste dès lors que les remords. Magma sirupeux qui gonfle, gonfle dans le fond du gosier. Asphyxie. Promesse tacite mais palpable. Celle du supplice, qui s'en vient broyer méninges, qui s'en vient éteindre raison. Pour que ne subsiste plus qu'une poupée chiffonnée, qu'une marionnette friable.

Roméo et Juliette d'une épopée sanguine. Tels deux amants que le sang aurait uni. Aileen s'abandonne. A la fois docile et maîtresse. Reine et manant. Elle se fait suave, brebis égarée, étourdie par l’enivrante lueur de deux phares furibonds. Vierge éplorée qui ne quémanderait que l'absolution, la poussée rédemptrice qui viendrait combler un manque silencieux. Mais il n'est pas l'heure de mourir d'euphorie. Car là, sous leurs yeux affamés, la mort diffuse son parfum délétère. Madone ne sourcille pas. Lâche, sans nul doute. Elle regagne le véhicule. Leur secret se terrera. Mais perdurera. Fil d'Arianne qui se serait enroulé autour d'eux. Ils appartiendront l'un à l'autre. Se cherchant inlassablement par delà Nyx et ses impénétrables nuits. De son œil perçant, le Bourreau contemple la triste besogne qu'accompagne son sous-fifre. Condamnant la dépouille aux flammes d'un Enfer illusoire. Errance sans fin. Point de repos. Ni même de tombeau. A jamais, ce mausolée de ferraille. Eternelle fournaise. Châtiment exemplaire. Enfants du Malin, les deux farfadets n'offrent aucune échappatoire. Calvaire nouveau. Ils réinventent le périple de Dante. Demain n'existe que par cet inextinguible flambeau. Et tant qu'il crépitera ses supplices, ils ne cesseront de brûler encore et encore.

Il y a de l'art, là, dans sa manière d'énumérer les faits. Quelque chose d'incroyablement séduisant. A l'image de ces vieux polars qui transportent l'âme. Aux pourtours de ces Bouchers qui fascinent et chagrinent à la fois. Comme elle souhaiterait le lui faire rabâcher. Poésie funeste, qu'elle imagine au creux de son oreille, entre deux souffles éperdus. La beauté ne se trouve-t-elle pas dans ce qu'il y a de plus morbide, de plus sinueux finalement ? N'est-ce pas la vermine qui pousse le sexe à palpiter d'une démence véhémente ?

« - Comment pourrai-je vous remercier ?

Point de palabres inutiles le long des boulevards ensommeillés. Seulement les expirations à peine audibles d'un Endormi. Seulement le ronronnement mélancolique d'un cortège funeste.

- Est-ce que vous désirez monter un moment ?

Et le sang qui pulse de part et d'autre. De ce cliché rocambolesque, d'une main qui flatte cuissot.

- De toute évidence, il ne partira pas avec la voiture. »

Et malgré les cils qui oscillent d'une candeur virginale, c'est Lilith, sous la toile, qui s'agite d'hérésie.

De toute évidence, elle ne partira pas sans Lui.
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Derek Morrow

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MessageSujet: Re: let's grab a gold switch blade. (AILEEN) let's grab a gold switch blade. (AILEEN) EmptyJeu 8 Oct 2020 - 17:26

TO BE CONTINUED
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