Beaucoup trop rapidement, je vois se rapprocher de ma face de cerbère le parterre de bois. Incapable de me rattraper dans ma folle dégringolade, je laisse le vide obscur littéralement envaler mon énorme corps affaiblis. La poutre de fer a été sans pitié et merci à l’égard de mon arcade sourcilière ensanglantée et lézardée d’une coupure béante et profonde. Dangereusement sonné, je vois tournoyer autour de ma tête trente-six chandelles alors que le sens de la gravité se bouleverse de seconde en seconde. Le ciel devient la terre et la terre devient le ciel. Dans un panorama aussi désordonné qu’effarant, la chute est immédiate et instantanée. Sans soustraire le ring de combat qui s’avère être un véritable casse-tête pour parvenir à maintenir un équilibre inébranlable.
- Par tous les Enfers ! Quand tu t’y mets, tu sais être une vraie garce ! que je râle difficilement, un filet de sang opaque coulant de ma lèvre inférieure éclatée par la paroi rugueuse de ce tapi d’échardes contre lequel je m’y suis lourdement échoué comme une vraie baleine obèse. Impitoyable ! Minable ! Laisser ma carcasse éléphantesque se parsemer de coupures et plaies les plus dégueulasses les unes que les autres ? C’était impitoyable et minable ! Quel job et conscience de merde, je possède, en surcroît ! Dans des circonstances différentes, à mains nues, sans problème, j’aurais extirpé le cœur mort de cette poitrine de mort-vivant ! Oh, si ! Oh, si, que j’aurais dévissé cette boule à Z de ce petit tronc tout frêle et recouvert de nerfs tendus et gonflés à bloc. Comme si je n’avais pas déjà suffisamment de gueules à péter, il faut que ce tas de bouse de très haut calibre ne se place à la première ligne de mes sempiternels petits problèmes nocturne. Non mais regardez-le, juste un peu ! Debout, tout fier de sa misérable petite personne, me reluquant avec sa face de cabot dégénéré et ses petites canines désalignées de façon immonde. Je hais les vampires ! Dire que les greluches en pincent pour eux… HAHAHAHA ! la bonne blague !
TAN-TAN-TAN ! l’horreur de la nature se rapproche lentement, sournoisement et mesquinement. GNIEUH-GNIEUH-GNIEUH ! KO, écroulé de tout mon long sur le quai violemment bercé par les secousses des vagues déchaînées, je me livre à mon tortionnaire…
- Dans les murs de l’au-delà, tu ne voudrais pas que je passe le bonjour à l’une de tes connaissances ? que je baragouine, en recrachant parterre une boule d’hémoglobine obstruant mes cordes vocales. Tsé, tant qu’à me trucider direct, aussi bien rendre ma mort légèrement plus propice, right ? Et il faut croire que même dans la mort, je trouve le moyen de ronchonner comme un marmot trop gâté.
Une fois mon redoutable adversaire presque arrivé à mon bas niveau, écoutant la voix de ma raison, puisant dans mes forces insoupçonnées, je parviens à me redresser faiblement en m'accoudant sur le parquet de bois. Dans le zèle du mouvement, mon vieux boots usé fracasse violemment la tempe de mon ennemi éberlué qui n’a même pas eu le temps d’anticiper mon coup de pied latéral qui rejoint derechef sa figure pour désormais effriter la mâchoire inférieure.
- Et depuis quand, bordel, vous répondez aux besoins de cette petite connasse d’Illyra, sa majesté des vieux bouts de viandes périmés ?!
Cette bataille s’achève depuis si longtemps, que je peine à me souvenir pourquoi est-ce que nous en sommes rendus là à se cogner desuss, c’vampire et moi !
Sujet: Re: mile deep hollow. (ALEXIEL) Ven 13 Nov 2020 - 12:00
Whatever lies beyond this morning
Il était tard, trop tard normalement pour qu’Alexiel se retrouve seule dehors. Depuis cet incident dans son enfance, la rouquine n’avait plus le droit à grand-chose en solitaire. Ou en tout cas c’était un combat de tous les jours. Mais ils étaient à Ether Kingdom, enfin surtout elle puisque ses parents étaient partis en mission sans elle. Un fait qui se répétait de plus en plus souvent. Un peu de la jeune ange n’appréciait que moyennement d’être laissé en arrière, mais une autre appréciait l’indépendance que cela lui donnait. Et c’était autant de temps pour se concentrer sur ses études de médecines. Comme cela un jour elle irait sur ses propres missions humanitaires et ouvrirait son propre dispensaire.
Un doux rêve qu’elle caressait alors qu’elle rejoignait la guerre les bras chargés de plantes médicinales qu’elle voulait ramener au cabinet de ses parents originalement avant la tombée de la nuit. Mais elle s’était arrêtée à la librairie qui se trouvait comme par hasard très proche du pépiniériste où elle s’était rendue. Et une chose en entrainant une autre, elle était en retard sur son planning. Encore une fois la demoiselle se trouvait sur la terre des anges, il n’y avait pas de raison qu’elle se fasse attaquer. La lune était haute dans le ciel et offrait une belle lumière sur la ville en plus des candélabres décimés le long du chemin. Un virage et elle serait à la gare pour prendre le train qui la reconduirait en centre-ville.
En effet, Alex avait dû se dans la proche campagne pour pouvoir aller chercher les plantes qu’elle voulait et qui ne se trouvait pas dans la boutique de ville. Et elle devait se dépêcher si elle ne voulait pas rater le dernier train. Elle sortit du champ de maïs qui s’éparait la petite gare constituée d’un seul et unique quai et l’être de lumière n’eut pas besoin de s’approcher plus pour constater deux silhouettes. Elle s’arrêta un instant son cœur serré par une peur sourde qu’elle détestait. Elle observa les deux figures sombres sans tout de suite comprendre ce qu’elle regardait. Un combat. Par Shaenna ! Qu’allait-elle faire maintenant ?! Serrant ses sacs en papier contre sa poitrine, la rouquine fit dans un premier temps, un effort extrême pour s’empêcher de pencher à ce terrible souvenir d’enfance.
Les yeux toujours rivés sur les personnes qui se battaient au loin elle ne vit n’y n’entendit le train qui arrivait que lorsque ce dernier émit le son strident de son sifflet pour prévenir de son approche. Avec un cri de surprise elle lâcha ses sacs qui tombèrent au sol dans un pouf étouffé. Bien sûr elle aurait pu s’approcher et tenter de séparer les deux hommes, mais quelque chose lui disait qu’il ne s’agissait pas de congénères. Jamais des Anges n’en serait venu comme cela aux mains, en public. Enfin tout était possible mais elle avait grandi par-delà les frontières du territoire angélique et elle savait mieux que personne que le danger ne venait pas des porteurs d’ailes blanches.
Sans prendre le temps de réfléchir outre mesure et comme un top départ, au second coup de sifflet la jeune femme tourna les talons pour s’enfoncer dans la parcelle du champ de maïs. Tant pis pour le train, tant pis pour les plantes, tant pis pour tout le reste si elle restait en vie. Elle se mit donc à courir entre les plants de végétaux comme à travers une forêt. Uniquement éclairée par la luminosité de lune. Courir c’était sa seule pensée. Courir.
Vraiment désolée pour le temps de réponse, ça a été la folie ces dernières mois. Et j'espère aussi que la réponse ira car je ne savais pas trop nous situer.
nothing's gonna change my world
Salem
MESSAGES : 1053 BARGE DEPUIS : 14/05/2019 ROYAUME : Alder Lake, Emerald Kingdom, Elvendyr.
Sujet: Re: mile deep hollow. (ALEXIEL) Lun 23 Nov 2020 - 9:55
Patient. Compatissant. Plus que de raison, avec le suceur de sang, je l’es été. Il est temps d’en finir ! Rentrer à la maison, lécher mes plaies et panser une fierté drôlement éprouvée cette nuit. Je rêve d’un glass de rhum et d’un bain d’Antiphlogistine. La Fontaine de Sang, ça va lorsque le crépuscule tombe, mais à la venue de l’aurore ; faudrait peut-être réfléchir à une autre manière de passer/tuer le temps, right ?!
Une apparition furtive et inespérée. Un jeu des ombres, dans la pénombre. Un mirage, dans le désert cuisant de mes déboires. Un murmure ébroué au cœur de l’implacable sérénité de Mère-Nature. Une poignée de secondes utile, nécessaire, suffisante, pour lors de ce moment fatidique, détourner l’attention de tronche de cake et le distraire. Je me rétablis sur les guiboles, attrape au passage mon pieu échappé et égaré Diable savait où. Les mirettes du fauve ont à peine l’occasion de se brider en la forme de fines demi-lunes suspicieuses, qu’usant de ma célérité et force lupine, je transperce le cœur mort de mon adversaire avec la pointe de mon précieux bout de bois. Dubitatif, le regard reluisant d’incrédulité, hâve de stupeur, le vampire me fait volteface, marmonne un quelque chose que je n’ai pas l’occasion d’intercepter et affichant l’expression faciale de celui qui n’arrive pas à croire à ce qu’il lui arrive, bah, pouf, d’une manière presque poétique il s’évanoui et se désagrège dans un paisible nuage de poussière.
- HEY ! ATTENDS !
Acclamation aussi vaine qu’inutile, car le mythique mirage, comme un lapin, est déjà détalé fort loin, oubliant derrière son preste sillage ses effets personnels… effets personnels et bagage que j’ai le bon cœur de récupérer alors que je m’élance à sa poursuite. Cette intrusion aussi inattendue qu’étrange vient peut-être de me sauver la vie. Ce serait con que j’ai pas l’occasion de la remercier. Leste, aussi librement et habilement que mes blessures me le permettent, mon corps de cerbère se perd dans l’opalescence lunaire du champ de blé, les savates des hautes herbes et la flore alentour me fouettant les carnes de ma figure de bronze ne manquant pas de me faire jurer un grand coup !
Enjambant robuste ramure, pelotonnante fourrée et florissant pâturage, là non loin dans ma vision périphérique, un mouvement et une silhouette d’allure spectrale se profile. Avalant une ultime goulée d’air et cabrant les muscles déjà épuisés, j’accélère la cadence de mes pas de course et gagne enfin le niveau de la fuyarde. Ce n’est pas l’Homme qui légèrement et prestement prend l’initiative comme ça de lui passer le bonjour en bondissant sans aucune vergogne sur son dos. C’est le loup, un peu de mauvaise humeur, qui traque et capture sa proie. Vil manant sans aucun savoir-vivre ! Le temps de réaliser que mes grosses paluches sont plaquées contre les omoplates de la jeune fille… le temps de comprendre qu’elle n’encaissera pas le brutalité de l’impact ; déjà on pique du nez et nous nous écroulons tous les deux dans un verdoyant et moelleux lit de pelouse, terre et pourquoi pas quelques caillou tant qu’à y être !
- Ne hurlez pas. Ne cognez pas. Ne vous affolez pas.
Que je m’entends implorer, la gueule en sang, à bout de souffle et définitivement au bout de cette interminable nuit alors que la cage de ma robuste armature humaine l’écrase et claquemure face la première au sol.
- Je ne vous ferai aucun mal ! J’ai vos trucs et bidules !
Spoiler:
HJ : il n'y a pas de soucis. Mon introduction n'offrait pas vraiment d'autres ouvertures et possibilités. De toute manière Je revenais d'une très longue absence, lors de sa rédaction et je me sentais rouillée
Sujet: Re: mile deep hollow. (ALEXIEL) Dim 28 Mar 2021 - 13:44
Whatever lies beyond this morning
Alexiel courrait d’une allure vivre guidée par la seule et unique peur et non par ses capacités sportives. Elle avait de nouveau 10 ans et la peur l’étreignait de la même manière. Sauf que cette fois, elle pouvait fuir. La rouquine courrait, se frayait un chemin à travers les maïs non pas comme si sa vie en dépendait mais parce que sa vie en dépendait. Elle n’avait pas le choix. Elle devait continuer, coûte que coûte même si son souffle se faisait court, même si elle n’avait aucune idée d’où elle allait. Il fallait continuer et mettre le plus de distance possible entre sa personne et les deux silhouettes qui se battaient au niveau de la gare.
Concentrer sur sa course et sur sa respiration qui se faisait de plus en plus hachée, quelle ne fut pas la surprise de la demoiselle lorsqu’un poids la fit s’étaler au sol. Le souffle coupé par le soudain contact avec le sol et ce poids qui s’écrasa sur elle également. Le flash de son enlèvement revint s’imposer douloureusement à son souvenir. L’Ange se retrouva terrorisé comme à l’époque. Son corps se retrouva paralysé par la peur et le manque d’air l’empêcha de hurler ou de se mettre à pleurer. Elle qui se défendait en permanence auprès de ses parents de n’être plus une enfant, de pouvoir sortir et vagabonder à sa guise, là elle était bien punie.
Et puis la créature qu’elle imaginait être un vampire puisque la jeune femme avait l’impression de revivre le traumatisme de son enfance, lui adressa des mots pour le moins surprenant. La voix était clairement masculine, et elle lui indiquait qu’il ne lui ferait pas de mal et il parla de bidules mais son cerveau avait complètement oublié ses emplettes après cette fuite. De toute façon même si elle avait voulu hurler ou se débattre, la demoiselle en aurait été bien incapable écrasée sous toute la masse de cette homme qui prétendait ne pas en avoir après elle. Pourtant il était dangereux, elle avait pu le constater quand bien même elle ignorait laquelle des deux silhouettes il était.
Ali tenta de se dégager car elle commençait à ne plus pouvoir respirer. De plus elle se sentait particulièrement mal à l’aise de sentir cet homme étaler contre elle. La belle ne s’était jamais retrouvée collée à ce point à un membre de la gente masculine. Elle était encore jeune et il fallait dire qu’elle ne s’intéressait que peu voir pas du tout aux affaires du cœur. Seules comptait pour elle ses études de médecine. Devenir digne de ses parents qui étaient reconnus de par le monde, pouvoir de nouveau partir avec eux et œuvre pour le bien commun. Le reste n’existait même pas. Et donc, si elle n’avait pas été si morte de peur à l’instant T, la gêne l’aurait emportée dans le tourbillon d’émotion.
Elle s’agita une nouvelle fois en essayant d’articuler « …Re…pirer… » Ce balourd devait descendre de sur son dos s’il disait la vérité et ne lui voulait pas de mal. Pour autant elle n’en croyait pas le moindre mot. Alex voulait juste se relever et se mettre à courir. Cela serait compliqué, difficile et dur mais l’instinct de survie prendrait le dessus. Elle le savait, elle l’avait un peu étudié un peu pour comprendre un peu ce qu’il lui était arrivé durant son enfance. Et pour survivre elle trouverait l’énergie pour courir encore un peu, pour reprendre son souffle et trouver un endroit où se réfugier. Du moins elle l’espérait car elle commençait sérieusement à ne plus pouvoir respirer.
Lourdeur de stèle, mon corps de glaise et de boue l’oppresse. Torpeur palpitante et essoufflante qu’à peine je me rends compte. Torsadé ou paniqué en les affres saturniennes de mes propres combats et épouvantements. Morte de peur. Elle est morte de peur. Et les célestes opalines aux froides lueurs d’acier paresseusement se lèvent vers le sombre accordéon constellé, contemplant le couvert crépusculaire avec un mélange d’embarras et cette sempiternelle bienséance qui à tous les coups peut me faire paraître mal élevé. Gauche et bancal, rares, très rares, sont les fois où mon corps de bête peut à ce point venir se vautrer en cette collision ultime avec ce corps de femme. Un accident qui entre mes synapses a son effet d’éclair claquemuré alors que je m’écarte du dos de la malheureuse tourmentée à l’image de ces clowns horrifiques jaillissant de leurs boîtes à malice.
Morte de peur. Elle est morte de peur. C’est la lourdeur d’une indicible réminiscence que ma fine ouïe entend retomber là en le magma rougeoyant de son myocarde martelant sa chamade effarée tout contre ses flancs. Morte de peur. Elle est morte de peur. Sorte de sève écumante qui lui glace les veines et fermante un mystère de cauchemar. Le séant tout bêtement toujours confortablement écrasé sur le sol, en ce semblant de position assise, mains levées en salue de ma passivité qui enfin me redessine, je lui balance ses effets personnels avec l’air austère de se condamné à la chaise électrique qui à l’aube de la dernière heure a enfin trouvé la preuve ultime pouvant l’innocenté :
- Ce sont vos affaires et bidules. Vous les aviez égarés…
Morte de peur. Elle est morte de peur. L’oreille dressée et attentive sur les ondoiements confondus de son cœur qui toujours martèle et résonne sa clameur, j’erre à l’orée de ses brumes horrifiques avec une sorte de cauteleuse démission. Immobile, transis, embarrassé, encore, par l’incongruité de notre rencontre et l’étrange promiscuité de l’incident. Trop d’émois, alors que j’ai même pas encore eu la chance d’entrapercevoir son minois. Chose qui serait bien. Pour elle. Si elle appréhende l’embuscade de Diable d’elfe sait quel croque-mitaine. J’veux pas être obligé de la gifler pour lui faire recouvrer la raison. Ce serait comme qui dirait contre productif avec l’image que j’essaie en vain de lui projeter. Quoique faire concurrence avec une plante verte n’aidera sans doute pas à ma cause…
- Je suis désolé. Je ne voulais pas vous… m’enfin…
Lui rentrer dedans ? La traumatiser ? La bouffer toute crue et toute ronde en-dessous de mon énorme carcasse de gros panda obèse ? Elle va encore prendre la poudre d’escampette. Ses forces et son souffle recouvrés ? Elle va se rétablir sur ses guiboles et détaler comme un lapin.
- Vous ne pouvez pas partir. Pas par là. La nuit, ce bout de territoire est truffé de vampires. Les sbires d’Illyria qui comme la lèpre se répandent et cherchent de quoi lui mettre sous la dent.
Je couillonne solide, en matière de réconfort…
- J’étais justement en train d’en dégommer un. S’était un vampire ! Voilà ce à quoi vous avez assisté. Je ne vous veux aucun mal. Laissez-moi vous aider. S’il vous plaît ?
Pourquoi son calvaire m’importe, d’abord ? Je me relève, doucement… lentement… très… trèèèèsss lentement… risque en pas en sa direction. Elle va tellement détaler comme un lapin et j’vais être obligé de lui balancer un pain derrière le crâne pour l’empêcher d’accourir vers la gueule du loup. (Ha ! Ha ! Ha ! L’ironie de cette phrase…)
Sujet: Re: mile deep hollow. (ALEXIEL) Dim 11 Avr 2021 - 9:50
Whatever lies beyond this morning
Enfin il se leva, enfin la pression quitta son corps et la douleur de l’écrasement fit place à celle de l’air pénétrant de nouveau ses poumons. Telle une personne en train de se noyer, Alexiel se mit à cracher sans pour autant se relever immédiatement. Elle toussait et crachait le temps que son corps comprenne qu’il n’était plus en danger immédiat de l’asphyxie. Doucement, elle se remit sur les genoux et observa ses mains, ses doigts qui s’enfonçaient dans la terre légèrement meuble à cet endroit. Il n’avait pas plus ces derniers temps pour que les champs soient couverts de boue mais on pouvait voir que quelqu’un avait arpenté les chemins durant la journée. Et à l’inverse, cette nuit, elle se retrouvait à ne plus pouvoir bouger.
Pourtant ce n’était pas faute de vouloir prendre ses jambes à son cou. Elle se rêvait bondir tel un lapin et se mettre à courir tel un guépard. Mais la rouquine ne fit rien de tout cela. Elle était pétrifiée, elle voyait le léger tremblement de ses membres, elle n’allait pas bouger. Pas dans l’immédiat. Et pourtant elle aurait dû, elle en avait envie. Elle savait que c’était nécessaire à sa survie. Elle devait se lever et courir, loin, vite. Fuir loin de cet homme qui pourtant semblait faire montre d’une certaine honnêteté. Il avait dit qu’il ne voulait pas lui faire de mal. Il avait accepté de se retirer lorsqu’il avait compris qu’il l’écrasait. Du coin de l’œil, toujours à quatre patte et cherchant à retrouver sa respiration, elle lui jeta un coup d’œil.
Il était assis un peu plus loin et malgré l’obscurité, il confirma être une créature de la nuit car il avait dû remarquer qu’elle le regardait. Il reprit la parole pour parler des achats qui avait mené l’ange si loin de la ville. Elle les avait totalement oubliés. Elle mit même un instant à comprendre de quoi il parlait car il fallait dire qu’il ne semblait pas utiliser un langage très articulé. Encore une preuve que certaines créatures n’étaient que des brutes épaisses. Tout en muscle et zéro en cerveau. Ses parents n’auraient pas apprécié qu’elle puisse parler ainsi d’un être vivant mais il y avait encore deux minutes, elle n’était pas sûre qu’il n’allait pas la dévorer.
Doucement, comme pour ne pas faire peur à un prédateur prêt à bondir, Ali se dressa sur ses pieds, sans se préoccuper de ses effets désormais éparpiller au sol, comme l’homme avait eu l’amabilité de les lui jeter. Elle tremblait encore lorsqu’il s’excusa sans pour autant être capable de dire pourquoi. Pour l’avoir taclée et envoyé au sol ? Pour l’avoir pourchasser ? Pour son meurtre futur ? Difficile de savoir. Elle avait envie de s’enfuir sans regarder en arrière mais de un elle n’avait toujours pas retrouvé son souffle, sa poitrine se soulevait toujours avec difficulté et elle pouvait sentir son cœur battre dans ses tempes. Et de deux il était en train de l’avertir qu’un groupe de vampire rodait dans les parages. Comment se pouvait-il que des vampires s’approchent autant de Magnolia Light ?! Et du coup cela voulait-il dire que lui n’en était pas un ?
Alexiel se racla la gorge et dégagea les mèches de cheveux devant son visage et regarda un peu mieux son assaillant. Il avait l’air un peu bourru, il semblait s’exprimer tel que les mots lui venait mais il avait l’air sincère dans son discours. « Pourquoi devrais-je vous croire ? Vous venez de m’attaquer après tout. » Doucement elle recula d’un pas, juste pour être un peu plus éloigné de lui quand bien même il avait exécuté la même course qu’elle, après un combat selon ses dires, et il ne montrait pas le moindre trace d’épuisement. Il n’aurait aucun mal à la rattraper de nouveau s’il le devait. Fuir était inutile. « Et comment comptez-vous m’aider ? » Elle serra les mâchoires. Ali ne savait pas si engager la conversation était une bonne idée mais clairement elle ne faisait pas le poids physiquement alors elle devait être stratège. Même si elle tremblait encore légèrement de peur, elle devait penser au fait de survivre. Comme lorsque ce vampire l’avait attaqué.
Elle commence à pousser le bouchon. Et je commence à perdre patience.
Ma mâchoire se crispe, l’acier de mes chatoyantes céruléennes jouant la navette entre ses deux billes d’émeraude et les sombres périphéries alentours. Qu’elle me compare à l’une de ces créatures sanguinaires m’affecte plus que de raison. C’est dans sa manière de me regarder, de rester sur le qui vive et la chamade de son foutu myocarde qui de son péan tragique s’affaire contre les flancs. Je compatis à son mal de l’âme, vraiment, je le fais, mais ses préjugés et fausses conclusions me crèvent. Littéralement. J’suis pas ce qu’elle prétend. Je n’ai absolument rien à voir avec ces bouts de viandes périmées avides de sang chaud. Ma véritable nature est une lutte constante et cette malheureuse infortuné ne sais rien des efforts et sacrifices que j’accomplie jour après jour, nuit après nuit, pour préserver cette humanité fragilisé. Être ce que je suis… c’est monstrueusement tragique !
Que sommes-nous ? Sinon deux funambules passant et dansant sur le fil rasoir des existences châtrées ? En équilibre au-dessus d’un vide sépulcral et froid. Ces limbes. Ces ténèbres. Cette gueule insipide qui n’attend que le moindre faux pas de notre part pour avec appétence nous avaler… nous ronger jusqu’à l’os et la moelle ! Je me voile la face. Elle est trop paumée et j’suis trop paumée. Et l’on s’ébroue avec nos histoires et nos mystères. Une main levée vers le médaillon fauve et resplendissant ; je rêve de liberté et elle de sécurité.
- Je ne t’ai pas attaqué ! J’t’ai seulement trébuché dessus.
Mes dents grincent entre elles, telle une craie sur un tableau noir. Je lève un regard désespéré vers la couple étoilée et soupire :
- Vouloir te tuer… tu ne crois pas que tu le serais déjà ? J’veux dire… te vouloir du mal… je ne perdrais pas mon temps à te parler et surtout m’assurer que tu sois en sécurité !
UGH ! J’abandonne. Je jette l’éponge. Je pourrais te raccompagner chez-toi, mais tu croirais que je suis ce genre de psychopathe stalker qui aime amadouer ses victimes avant de les étrangler avec leur sac à main. Je pourrais te montrer la voie sécuritaire à emprunter, mais tu penserais qu’un piège t’attend dans le détour. Je pourrais te proposer une chambre d’ami chez-moi, pour que tu aies un endroit sûr où passer la nuit et reprendre la route aux premières lueurs du jour… mais tu présumerais que je te drague ou pire que je suis un violeur en série et récidiviste. J’comprends comment elle songe et franchement j’ai pas besoin de ça. Et j’ai autre chose à foutre de ma carcasse… tel qu’un nid à vampires à exterminer.
- Laisses tomber. Oublie. Dans ce putain de royaume, on ne peut faire confiance à personne. T'as pas faux. J’ai saisie ! Bonne chance et bonne route !
Et grandiloquent je l'encense d'un hochement de tête, lui tourne le dos et l'abandonne au beau milieu de nulle part. J’suis pas un prince charmant. J’ignore ce qu’il m’a pris de me comporter comme tel !
Sujet: Re: mile deep hollow. (ALEXIEL) Dim 23 Mai 2021 - 8:27
Whatever lies beyond this morning
Avec une certaine véhémence, l’homme lui répondit qu’il ne l’avait pas attaqué et bien qu’elle ne fut pas tout à faire d’accord elle se garda bien de lui répondre. D’autant qu’effectivement on pouvait débattre du bon terme à utiliser concernant le petit placage qui les avait envoyé au sol. Ce qui l’irrita le plus finalement fut cette manière qu’il avait de la tutoyer comme s’ils se connaissaient depuis longtemps, comme si elle devait lui faire impérativement confiance. S’il n’était pas un vampire, il n’est restait pas moins une créature hybride, elle en était persuadée et il se montrait surtout très mal élevé. Ses parents avaient beau être des gens des plus altruistes, ils lui avaient tout de même appris les bases de la politesse.
Pour autant cela non plus, elle n’allait pas le lui dire. Il se prétendait gentil et se défendit qu’il avait dû lui faire du mal, cela serait déjà fait. L’ange aurait pu être d’accord mais elle savait que la ruse pouvait passer par la tromperie. La faire se détendre, la calmer pour ensuite l’attaquer tranquillement. La rouquine était méfiante, peut-être trop mais son passé en l’encourageait pas à accorder sa confiance aussi facilement. Et puis contre toutes attentes l’inconnu changea de discours. Non pas qu’il devint agressif mais abandonna toute idée de lui faire entendre qu’il était un gentil et pouvait lui venir en aide.
Parfaitement surprenant. D’ailleurs, la demoiselle n’eut pas le temps de répondre que déjà il tournait les talons et disparaissait dans la nuit. Pour le moins abasourdie, la rouquine fixa un long moment l’endroit où elle l’avait vu se fondre dans le décor et puis un cri dans la nuit la fit regarder autour d’elle. Elle ignorait l’heure qu’il était, elle n’avait pas de montre. Elle était seule au milieu des champs et une famille de vampire se promenait potentiellement non loin. Alexiel avait envie de crier. Elle était encore paniquée, son cœur ne s’était pas calmé. Elle était en colère contre elle-même et contre cet homme qui l’avait abandonné là après lui avoir vendu qu’il ne lui voulait aucun mal bien au contraire.
Cette nuit était un cauchemar. Une chose était claire, elle ne pouvait pas s’éterniser là. Prenant une grande inspiration, la jeune Ange entreprit de rassembler ses affaires par terre et puis elle rassembla son courage pour reprendre la route. Elle devait retrouver la gare. Malgré l’obscurité, elle examina la terre pour retrouver d’où elle était venue et marcha à travers les maïs. Elle regardait constamment autour d’elle, sursautant au moindre bruit, même s’il ne s’agissait que du vent à travers les champs. Fort heureusement elle retomba assez rapidement sur la gare et la route qui longeait la voie ferrée. Elle n’osa pas s’approcher trop malgré la lumière des candélabres qui brulaient encore au niveau du quai et du petit porche qui composait cette petite gare de campagne.
De là elle savait de quel côté partir pour retourner à Magnolia Light. Mais à pied, cela allait lui prendre la nuit. Tant pis elle n’avait pas le choix. Elle ne pouvait pas rester plantée là. Alex avait mal aux pieds, elle sentait encore une douleur dans sa poitrine et au niveau de ses genoux qui avaient tapés contre le sol lors de sa chute. Rassemblant une nouvelle fois son courage, elle se mit à long le chemin de fer. Au petit matin, l’ombre de la ville illuminée par le lever du soleil lui offrit une des plus belles vues qu’elle verrait jamais de toute sa vie et cela fit naitre un faible sourie sur ses lèvres. Elle se souviendrait de cette nuit pendant longtemps.