Jezabel & Phoebe

« This world will make you a victim every chance it gets. Don't let it. » Cora Carmack

-OOOOHHH ET COMMENT QUE JE VAIS TROUVER UN MOYEN DE TE FAIRE DÉGAGER DE CHEZ MOI ! beuglais-je en sortant du manoir, la flûte de Pan à la main.
Ça fait des mois que je me bas contre Caleb pour l'empêcher d'entrer chez moi, l'empêcher de s'installer, des mois que je suis obligée de le virer de ma propriété à grands coups de savates ; et il a suffit que je ramasse une stupide flûte démoniaque pour me retrouver avec un nuisible de génie qui s'impose chez moi ?! Pourquoi ? Pourquoi ça n'arrive qu'à moi ce genre de chose ?
Toute la nuit « fais un voeu, Phoebe. Fais un voeu. Fais un voeu. Tu vas le faire ce fichu voeu, oui ? Hey, dors pas, fais un voeu. » Et quand vous avez quand même fini par vous endormir, coup de cymbales ! « Debouuuuuuut, il est l'heure de faire un voeu ! Tu sais que si tu fais un voeu, tu ne m'auras plus dans les pattes ? Fais un voeu, Phoebe. FAIS UN VOEU ! »
Il transforme ma tasse de café en tasse d'asticots, mes huiles essentielles en essence, met des petites bestioles dans mes herbes séchées et le pire dans tout ça c'est que rien n'est réel ! Mais vous le boiriez quand même vous, votre café d'asticots même si techniquement, ça n'est qu'une illusion particulièrement réaliste ? Vous prendriez le risque ? Parce que moi pas ! « Oh. Tu voeu du café peut-être ? »
Vous savez ce qu'il a fait de mes comédies musicales ? VOUS SAVEZ CE QU'IL EN A FAIT ??? ...Disons que je n'ai pas mis de disque dans mon ordinateur pour vérifier, mais les pochettes sont déjà suffisamment suggestives pour faire rougir n'importe quel pervers.
Les pièces se redécorent, les murs se resserrent comme pour vous écraser, l'eau devient du sang, vous sortez d'une pièce pour rentrer dans celle que vous venez de quitter ET NON ÇA N'A AUCUN SENS, C'EST PRÉCISÉMENT ÇA LE BUT, sa... tête sort de l'écran de mon ordinateur pour me dire de faire ce putain de voeu... J'en ai marre. Je n'en peux plus. Je ne suis plus chez moi dans ma propre maison. Bon Dieu, mais heureusement, HEUREUSEMENT que je n'ai pas d'animaux ! HEUREUSEMENT que j'ai toujours eu la présence d'esprit de me dire qu'avec la vie que j'ai, avec les emmerdes qui me tombent toujours sur le coin de la gueule, il était hors de question que j'ai un animal ! Vous imaginez ce que ce taré lui ferait subir ?
J'ai essayé de me débarrasser de cette maudite flûte. Je l'ai passée dans le broyeur : c'est le broyeur qui a explosé. J'ai essayé de la réduire en miette avec un marteau : c'est mon marteau qui a été réduit en miettes. Mais tout a une faille, pas vrai ? Une faiblesse. Ce qui ne peut pas être détruit par l'eau peut être détruit par le feu, et ce qui ne peut être détruit ni par l'un ni par l'autre ne peut de manière très certaine pas survivre une fois découpé en rondelles, donc cette chose a une faille et je vais les tester une par une.
Utilisant la porte extérieur qui mène à la cave, j'allais chercher la tronçonneuse que j'ai acheté spécialement pour l'occasion. Un raccordement de rallonge plus tard, je mis en marche l'appareil et dirigeait la lame sur l'instrument de musique. Ce fut la lame qui partit en morceau, et j'eus tout juste le temps de lever la main pour former une paroi de glace entre moi et les morceaux mortels. Plus de soixante dollars de foutus... J'attrapai mon téléphone et notai dans l'application Google Keep Tronçonneuse : fail.
Nouvel aller/retour dans la cave, c'est cette fois munie d'une pelle, d'un allume-flammes et d'une bombonne à gaz que je retournais dans le jardin. Creuser un trou suffisamment profond, y jeter l'instrument, allumer l'allume-flammes, viser avec la bombonne, activer le gaz.
-Aller, brûle, saloperie...
Je n'ai pas envie de rentrer chez moi. Je n'ai pas non plus envie d'attendre de voir si cette saleté s'est effectivement réduite en cendres, parce que je suis presque sûre que je vais la retrouver intacte au fond de son trou. Ou que c'est elle qui me retrouvera. Par ailleurs, si je ne rentre pas chez moi, Aleksey aura gagné. Et ça, c'est hors de question.
Le problème de la propriété O'Malley... okay, l'un des problèmes de cette propriété, c'est qu'elle n'est pas facile à sécuriser. Le manoir en lui-même a trop d'entrées : la porte principale, la porte de "derrière" qui est plutôt à côté, la porte menant à la cave, la porte menant à la cuisine... entre autres. Sans oublier les portes fenêtres et les grandes fenêtres tout court ( même si certaines ont des barreaux )... l'esthétique est magnifique - quand ce petit connard de génie ne le transforme pas à sa sauce -, mais la sécurité est inexistante. La partie cour et jardin autour de la résidence n'est pas plus aisée à sécuriser, et avec les arbres, il est quasi impossible de savoir si quelqu'un est sur la propriété. En tout cas pas dans le noir.
Un bruit de feuillage, un grognement sourd et caverneux. Juste de quoi vous faire douter et secouer la tête en se disant que ce n'est rien. Jusqu'à ce que vous vous retourniez, pour tomber nez à nez avec une chose qui fût probablement un jour humaine.
-Hm. Finalement, ils n'avaient pas si tort que ça dans Lucifer...
Ayant toujours l'allume-flammes et la bombonne à gaz dans chaque main, je déverrouillais du pouce la sécurité de l'allume-flamme puis dirigeais les deux vers la créature, réitérant la technique du lance-flamme improvisé.
-Coucou ! lançais-je presque joyeusement en laissant le gaz s'échapper de la bombonne.
Je ne dirais pas que ça a fonctionné comme prévu. Par contre, ça n'a pas eu l'air de lui plaire !
-C'est toi, pas vrai ? Avoue ! râlais-je après le trou où était toujours supposé brûler la flûte de Pan, tout en reculant histoire d'avoir un peu de distance entre le démon et moi. C'est toi qui l'a ramené ici ! T'étais pas contente que je veuille me débarrasser de toi et de ton proprio, alors tu te venges ? Je m'accroupis près du trou comme pour lui chuchoter quelque chose et lançais avec colère : Well, bring it on !

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“If you want a boxer I will step into the ring for you.” & Hantée par cette même rengaine, tes mirettes scrutent par-delà les lucarnes tout juste baignées d'une lumière artificielle. A l'image d'un animal, tapis dans l'ombre, nul œil suffisamment attentif ne peut déceler ta présence. Tu ne sais plus véritablement quand à débuter cette ronde sans queue ni tête. Quelques jours. Quelques semaines tout au plus. Faut dire que tu n'avais pas prédis cette rencontre, du moins cette ressemblance désarmante. De son identité, tu ne connais que son prénom. Et son adresse, visiblement. Cela étant, cette seconde information n'a rien de louable. Pour cause, c'est un talent caché pour la filature que tu t'es découvert. Cela n'a rien de franchement sain, tu le sais. Mais c'est malgré toi. Parfois même tu te surprends à déambuler dans les rues jusqu'ici. A croire que tous les chemins mènent à ce manoir qui, dans le petit soir, n'est plus qu'une ombre sépulcrale, menaçante. Souvent tu crois déceler ses inspirations délicates, comme s'il exaltait de La savoir entre ses remparts, Elle, Phoebe. Evidemment, Elle n'a pas encore conscience de ton existence. Ou bien si c'est le cas, Elle n'en montre rien pour le moment. Faut dire que tu fais ton possible pour ne pas croiser directement son chemin. Pour quelles raisons ? Mystère. Peut-être parce qu'Elle a ce petit quelque chose d'impressionnant. Sans doute parce qu'Elle te rappelle un ailleurs, un autrefois. Une inclination sinueuse qui, malgré les décennies, ne s'est jamais essoufflée. Qui l'aurait cru ? Pas toi, c'est certain. Et tu t'exècres la plupart du temps, te fustiges d'éprouver encore cette passion désaxée. Seulement tel un camé que nulle raison ne peut réfréner, tu t'enlises à veiller Ses heures, la gueule déconfite et le myocarde aux abois.

De ta retraite, tu ne manques rien de son petit manège insensé. A grands coups de tronçonneuse et de chalumeau, Elle semble se perdre dans quelques énigmes insoutenables. A dire vrai, tu ne comprends pas bien à quoi rime tout ce cinéma. T'en glousses un peu, derrière ta mitaine, à la fois interloquée et hilare par cette comédie ubuesque. Visiblement, tout ne tourne pas très rond. Mais peu importe, Elle a ce regard familier qui te rappelle une vie manquée, un au-delà bien-aimé. Perdue dans ta contemplation maladive, tu ne remarques pas immédiatement la silhouette, trapue, qui se dessine dans la pénombre. Pourtant un bruissement de feuilles attire ton intérêt, une fraction de seconde où tu détournes les mirettes sans vraiment scinder la nature ensommeillée, trop occupée à chercher dans Son attitude la moindre cohérence. Pourquoi s'acharner sur une flûte, hm ? Si tu rôdes dans les parages, tu ne te payes pas le culot d'écouter aux portes. Peut-être un traumatisme d'adolescente, lors d'un stage d'été (vous avez la ref' ?) ou bien de mauvaises notes à l'école ? Dans un sens, l'oreille musicale n'est pas donnée à tout le monde. Décidément, tu ne captes rien aux subtilités de ce monde. Néanmoins paraît qu'à chaque jour suffit sa peine ! Alors, vas-y Phoebe, surmonte celle-ci.

Et merde ! Toi aussi, tu le vois enfin le gros balourd avec sa tronche ratatinée. Peut-être qu'il veut seulement demander son chemin ? Ou bien lui prier de bien vouloir lui prêter ses latrines ? Bien sûr que non. Pourtant, tu ne sors pas immédiatement de ta planque. Tu espères encore qu'Elle puisse se sortir Elle-même de ce mauvais pas. Mais comment le pourrait-Elle, tandis que la bestiole semble ne pas souffrir du moindre mal. Et merde, que tu te répètes, prête à bondir sur tes guibolles malhabiles. C'est mal barré ! Puis ce n'est clairement pas le moment de jouer de la flûte ! Un râle désapprobateur détonne dans les tréfonds de ton gosier, tandis que tu propulses ta vieille carcasse hors des fourrés. Ca pue la merde, toute cette histoire. Pas que pour Monsieur-gonflé-à-bloc, mais pour toi aussi.

« - Franchement, niveau plan drague, on a vu mieux, que tu lances dans l'échine du molosse.

L'effet ne se fait pas attendre. Deux mines déconcertées te toisent sans comprendre la raison de ta présence en ces lieux. Alors qu'enfin tu plonges tes mirettes éperdues dans les Siennes, c'est un hochement d'épaules que tu Lui offres en guise de plaidoyer. A dire vrai, ce n'est pas véritablement le moment pour une quelconque explication. Très vite, tu reportes toutes tes cellules vers le malotru, non sans grimacer d'écœurement.

- Erk, que tu t'esclaffes, peut-être qu'il faudrait commencer par un petit ravalement de façade...

Pas le temps de terminer ton conseil, qu'une mandale te frictionne violemment le claquoir, te faisant tituber de plusieurs mètres vers la gauche. Celle-là, tu ne l'avais pas vu venir. Ronchonnant, tu te masses la mandibule en quête de tes méninges qui, tu en es certaine, se sont toutes entrechoquées les unes aux autres.

- C'est pas poli de couper la parole.

A ton tour, tu lui offres ton plus beau crochet du droit, profitant de ses quelques secondes de pâmoison pour te tourner vers la Demoiselle.

- Tu devrais rentrer, je m'en occupe », que tu lui balances avec toute la virilité d'un macho aux gros bras.

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Jezabel & Phoebe

« This world will make you a victim every chance it gets. Don't let it. » Cora Carmack

-Franchement, niveau plan drague, on a vu mieux...
Rien ne vaut la banalité au milieu du chaos. Agir au beau milieu d'une situation dangereuse comme si l'on entrait dans une boulangerie pour acheter son pain induit automatiquement un effet de surprise auquel pratiquement personne n'échappe. La nouvelle venue avait bien réussit la manœuvre : le démon et moi nous tournâmes de concert avec stupéfaction. Mais elle a commit une erreur...
-Erk, peut-être qu'il faudrait commencer par un petit ravalement de façade...
Erreur qui aurait pu lui être fatale du reste : au lieu de profiter de ces deux secondes de bug cerveau qu'elle venait de causer et d'attaquer... elle a perdu du temps, laissant au démon la possibilité non seulement de recouvrer ses esprits, mais de l'envoyer valser dix mètres plus loin.
-Tu lui as laissé le temps de riposter là où tu aurais pu attaquer, lançais-je en profitant du fait que le démon était dos à moi pour lui enfoncer une dague de glace dans l'échine.
La réaction fût immédiate : il se retourna, enfonça ses ongles dans ma gorge et me balança plus loin comme si je ne pesais rien. Je grognais en heurtant le sol, sentant la colère monter en moi. Oh toi mon coco, c'est la guerre.
-C'est pas poli de couper la parole, répliqua la nouvelle venue comme si elle ne m'avait pas entendu. Elle balança un coup de poing qui eût le mérite de le faire tituber avant de se tourner vers moi.
-Tu devrais rentrer, je m'en occupe.
Elle... se fout de ma gueule. Right ?
J'ai l'air de quoi, d'une demoiselle en détresse ?
-Sache que je n'ai besoin de personne pour me défendre. Je gère la situation, assenais-je avec force en la dépassant.
Foutue en rogne pour de bon, je fonçais droit sur la créature des Enfers. Évitant un nouveau coup de griffes, je serrai une main autour de son cou avant d'aplatir l'autre sur son visage, lui congelant la face. Un humain n'y aurait probablement pas survécu. Et s'il l'avait fait, j'aurais eu le temps de lui exploser sa tête congelée en mille morceaux. Le démon en revanche... se vengea sur ma colonne vertébrale. Sans ménagement, je ripostais d'un coup de pied qui tordit son genou sous un angle impossible.
Non pas que cela suffit à réellement ralentir ou affaiblir mon adversaire.
Devant nous, sa jambe se remit en place dans un craquement immonde qui le fit fulminer de douleur mais ne l'empêcha pas de repartir à l'attaque.
-C'est dégoûtant, grimaçais-je en esquivant une nouvelle riposte.
Donc, il est capable de souffrir. Et vu l'état de sa gueule, il est même fort à parier qu'il souffre en permanence... ce qui induirait qu'il a une résistance à la douleur. Comme aurait tendance à le prouver ma dague de glace toujours plantée dans son dos et qui n'entrave pas spécialement ses mouvements.
J'enchaînais de nouveaux coups, enchaînant coups de pieds latéraux, coups de poings, coups de genoux. Lorsque le démon attrapa mon poignet avant que je ne le touche, je lui enfonçais un nouveau pieu de glace dans le ventre.
Point positif : mon poignet a été épargné.
Point négatif : IL EST INCREVABLE CETTE SALOPERIE !
-Tu sais, je vis déjà avec un fuckin' démon qui me pourrit l'existence jour et vie. J'ai franchement pas besoin que t'en rajoute. Alors soit tu crèves, soit tu vas faire chier le monde ailleurs !

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“If you want a boxer I will step into the ring for you.” & Pas très malin tout ça. Pas malin du tout ! Malgré tes biscotos de vilain démon, le molosse ne semble pas très enclin à coopérer. Et toi, contrairement à lui, tu n'es pas imperméable. Pour cause, une seconde bourrasque te frappe les neurones et cette fois, tu es certaine de perdre le fil de tes songes. Ton héroïsme s'ébranle alors, ne laissant finalement qu'une vieille carcasse, incapable de gesticuler correctement. Dire que tu voulais impressionner la veuve et l'orphelin ! Ridicule ! Parce que ce n'est pas une Damoiselle en détresse, que tu aspires à secourir, mais une putain de Reine des Neiges à la chair aussi froide que le reste. Cela ne freine pas votre ami pour autant. Néanmoins, tu ne peux empêcher un "Wouaaaaaw !" franchement déplacé de passer la barrière de tes lèvres. Ceci ajouté à quelques simagrées admiratives et l'on en oublierait presque la présence dudit golem. Quoi, ce n'est pas le moment de s'extasier !? Probablement. Mais c'est la première fois que t'entrevois une once de féérie chez un mortel ! Elle est humaine au moins ? Bien sûr. Tu l'aurais reniflé à des kilomètres dans le cas contraire. Ou bien, cette fois c'est officiel, tu traînes beaucoup trop en compagnie de Leur insignifiance. Voilà pourquoi tu ne les aimes pas. Un regard de biais, comme le ferait un chien errant, et on en oublie jusqu'à sa véritable nature, par pure pitié. Dégoûtant !

Et pendant que tu refais le monde, avachie contre un transat distordu, la Damoiselle s'efforce de repousser l'ennemi. Ah ouais ! Décidément, Monsieur-Gros-Bras ne souhaite pas passer l'arme à gauche. Etourdie, il te faut toute la hargne de l'univers pour te remettre sur pieds. Finalement, tu n'étais pas si mal sur ta chaise longue. Bien qu'elle ne ressemble désormais plus qu'à un désordre de bois et de tissus. Tu hausses les épaules, un brin gênée. Tu lui en offrirais une autre. Hm, mais on achète ça où ? Voilà que tu réfléchis à nouveau, visiblement détachée de l'urgence ambiante. C'est un grognement qui te ramène une fois de plus à l'instant T. Alors tu secoues ta tignasse emmêlée, te jettes sur l'échine du balourd, prenant une hasardeuse impulsion sur tes pattes douloureuses. Encerclant son gosier de tout ton avant-bras, tu peines à lui broyer la jugulaire. Wesh, c'est quoi ce machin, un Titan ? Sur ta peau délicate, tu crois écraser un amas de cuir et de daim. Chelou comme sensation ! Et tu serres, tu serres encore, tu serres de toutes tes forces. Rien y fait. A croire qu'il possède d'autres orifices par lesquels respirer. Chose que tu ne souhaites pas réellement connaître malgré ta curiosité habituelle. Tu te sens faiblir, agrippée de tous tes membres autour de son tronc colossal. Dans un dernier effort néanmoins, tu parviens à hisser ta main jusqu'à son faciès disgracieux pour lui percer l'œil de ton majeur. Un haut-le-cœur te prend le poitrail, tandis que tu ne peux contenir une plainte répugnée. Animé de douleur et de colère manifeste, le bœuf se propulse vers l'arrière, non sans mâcher ta colonne entre le mur et lui.

« - Je vais vomir, que tu souffles, les organes au niveau de la trachée.

Aplatie comme le serait une crêpe, tu te laisses couler le long de la façade lorsqu'il s'éloigne enfin. Tu vas t'évanouir. Tu le sens. Au dessus de ta couronne, des centaines de Phoebe dansent en une ronde insensée.

- Tu dois fuir, que tu t'entends supplier.

Crois-tu qu'elle t'écouterait ? Bien sûr que non. Alors tu titubes vers elle comme une ivrogne pleine d'une hargne sans queue ni tête, attrapes son poignet délicat entre tes doigts afin de l'attirer dans les profondeurs de la maisonnée.

- Parfois, faut savoir se replier, que tu la réprimandes, adossée contre la chambranle malmenée par Monsieur-Je-Ne-Suis-Pas-Décidé-A-Mourir, c'est le moment de sortir la grosse artillerie si tu as. Un fusil. Un bazooka. Un piano à queue. Peu importe. Mais fais vite, la porte ne va pas tenir longtemps. »

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