Les âmes esseulées trouvent refuge dans cet endroit voué à la débauche. Pantins de chair. Esclaves des sens. Ils se mouvent et s'agitent au rythme de la musique. Dans cette pénombre salutaire, les bas instincts s'éveillent. Les peaux se touchent et s'enflamment. Sous les lumières épileptiques, un jeu de séduction à grande échelle se joue. Des soupirs qui se perdent. Des caresses qui se promènent. Des animaux avides, incapable de se contrôler.
La traqueuse arpente les lieux, juchée sur sa paire d'escarpins. Son regard obsidienne surveille. Elle observe ce corps qui s'anime. Silhouette séraphique dans un océan de carcans insignifiants. Azaléa sourit. L'adrénaline coule à travers ses veines. Le plaisir de la chasse. Le frisson de l'aventure.

— Je l'ai trouvé, qu'elle souffle pour sa petite personne.

La foule dégage une chaleur étouffante, apportant à la discothèque une atmosphère moite. Sans même avoir eu besoin de danser, elle sent une fine pellicule de sueur recouvrir sa peau caramel. Alors elle s'éloigne, ses pas la guidant jusqu'au bar. Un plan émerge. Une idée soudaine qu'elle compte bien mettre à exécution car il est exclu de perdre de vu sa proie. Féline, elle se hisse sur un tabouret et hèle le barman.

— Un mètre de tequila.

Elle ne commande pas, elle ordonne. Ses doigts se glissent à l'intérieur de son décolleté et en extirpe un billet de cent dollars. Aussitôt, l'homme s'exécute. L'argent anime en lui un zèle qu'il n'a pas d'ordinaire. Sans avoir attendre des lustres, Azaléa se retrouve avec une dizaine de shooter alignée en face d'elle. La satisfaction illumine le fond de ses iris charbonneux mais ce n'est que le début. La chasseuse tend son billet vers l'employé mais maintient son emprise, à la surprise de l'homme.

— Tu peux garder la monnaie si tu me rends un petit service.
— Je vous écoute.

La ténébreuse s'empare alors d'un shooter qu'elle confie au barman.

— Je veux que tu donnes ça à quelqu'un pour moi et précise que si elle me rejoint au bar, d'autres shooters l'attendent.

Une mission simple et pour t'en assurer le bon fonctionnement, tu te lances dans une descriptions complètes de la jeune femme. Couleurs de cheveux, taille, yeux, fringues, façon de danser. Tu n'as plus qu'à attendre que la proie morde à l'hameçon. Et si jamais ce n'est pas le cas, tu n'es pas sans autres cordes à ton arc.

What's Love Got to Do with It ?

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(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Le rythme s’invite à la variation et l’air se charge de ces exaltantes vibrations. Électrisée, courtisée, alimentée par les veloutes de cette musique endiablée qui sans aucune finesse laisse courir les sabots de son lourd attelage sur le portail incurvé de mes côtes, nimbant d’échos tonitruants l’erratique affolé dans les doucereuses ivresses et maladresses. Perdue en cette vaste et tumultueuse forêt de corps mouvants, nos carnes ruisselantes et bouillantes fusionnent nos ardeurs et chaleurs en un marasme d’effleurements statiques et étreintes impudiques. Plaisir abstrait et euphorie passagère, mon âme se dissous en le fatras houleux et flou des autres âmes batifoles et papillonnes. Les flèches étincelantes et aux multiples couleurs d’un jeu de lumière quelconque transpercent l’ombre, polarisent nos figures badines et anonymes dans la pénombre émoussée et corruptrice. Oubliée en ce vaste bassin d’inconnus surchauffés et poisseux, les omoplates écrasées contre le torse puissant d’un Jean-Michmich qui ne sera demain qu’un flou et vague souvenir, ainsi que la Reine accule tout un essaim d’abeilles autour d’elle, je sombre dans l’extase absolue alors que mon long corps de liane emprunte les slaves et arabesques charnelles d’une valse qui en est pas une et qui n’a de gracieux que les paumes baladeuses et gourmandes qui viennent lentement mourir sur les courbes chaloupées de mes hanches. Les mordorées rougies et floutées qui de brume en brume se perdent, bientôt viennent se cacher derrière mes lourdes paupières qui doucement se ferment, savourant pleinement ce moment de gloire alors que mdr à l’os je m’esclaffe :

- Qué pasa ? Qué ? Hiiiinnn ? Mama, parles plus fort, je t’entends pas !  
- Charleneeee ? Mi corazón, tou es là ? Charlennneeeeee ? Oh cielo ! Mais qu’est-ce que cey que ce ruido ? Dónde estás, Charrrllleennneeeeee ?! Ne me dité pas que toi encore là-bas à ces pacotilles de club de partouze !?
- Une boîte de nuit, mama ! Je suis dans une boîte de nuit. Le Neon ! L’ambiance est d’enfer, ce soir ! Alors ? T’as regardé le dernier épisode de la Casa de Papel ?
- Oune Casa ? Charleneeeeee, mi corazón, à la casa de qui que toua être ? Ton futur marido, j’espère ? Toua savoir que fornicar avant le mariage, cey péché et pas bienne ! Charleeenneeeee, tu te protèges, au mouenne ?
- On baise ? Oui ou merde ?!

Mierda, mais il a mal choisi son momento, lui, pour se manifester ! Morte de honte, les mirettes aussi rondes que des soucoupes, téléphone portable de toujours plaqué contre ma joue enfiévrée, je fais volteface sur mon partenaire de danse lascive et le fusille d’un regard noir.

- Non mais ta gueule ! Tu veux que ma pauvre mère se tape un infarctus ?!
- Charleennneeee ? Cette voix d’hombre, là, lui parler de fornicar ? Oh, cielo, Charlene ! Toua être à ces pacotilles de club de partouze !? Oh, cielo ! Toi avoir quitté ta pauvre madre pour aller vivre cetté vie de débauchée ?! Por qué ?! Poooorrrr quééééé, Charlene ???

Arrrgggg ! Tout se déroulait bien ; je pouvais tortiller mon fion et prendre un peu des nouvelles de ma mère. Mais il faut que ce Jean-Michmich de mes deux ouvre son clapet et ruine absolument tout. N’en pouvant plus des larmes et des plaies apocalyptiques de ma pauvre mère, je coupe court à notre discussion et envoie bouler mon Javier de pacotille. Frustrée, les sens inondés de mièvre, pour oublier cette petite interlude, j’ai besoin d’un verre et vite !

À peine que les hauts talons de mes escarpins éraflent le bois usé de la piste de danse que j’avais l’intention de quitter, qu’une paire de doigt ornés d’un shooter miraculeusement se braquent en-dessous de mon nez. Ouais, paf, comme ça, un verre est présenté en-dessous mon nez ! Si c’est pas le hasard qui fait si bien les choses, moi, j’me demande ce que c’est ! Éberluée, mes sombres mirettes louchent sur le verre et les doigts. Le barman doit sentir ou voir ma surprise, car il s’empresse de m’expliquer le pourquoi du comment et mon regard alors se pose sur cette présence de l’au-delà qui par miracle a entendu mes prières.

Ténébreuse.
Mystérieuse.
Regard de braise qui vous embrase tout un monde.
Pas vilaine.
Plutôt mignonne, même.
Un haussement d’épaule et une moue approbative plus tard, je viens m’échouer à son salut en venant lourdement m’échouer sur la chaise qui je l’espère bien attendait mon cul et pas celui d’un autre.

- B’soir et merci pour…

Ce petit et délicieux cul-sec que je viens de m’enfourner dans la gueule. Sourire gredin ou chafouin aux lippes, j’ajoute en flanquant le shooter vide sur la table :

- T’es télépathe ou simplement épate ? Parce que je songeais justement à ce genre de petit ravitaillement !

Je vais devoir relire ce bouquin de drague pour les nuls… parce que je suis vraiment à chiée pour les joutes verbales qui ont du punch et une quelconque once de… drague !

La musique pulse et vibre à l'intérieur de sa cage thoracique. Entêtante, les notes s'incrustent dans son esprit et ordonnent à son corps de se mouver au rythme de ses exigences. Le chant de la sirène. Azaléa résiste, concentrée sur son objectif premier. Le postérieur visé sur son siège, elle ne rate pas une miette de ce qui se déroule sur la piste de danse. Ses deux obsidiennes flamboyantes adhèrent à la silhouette céleste. La ténébreuse mord à l'hameçon et sa carcasse endiablée se fraie un chemin. Sans la moindre finesse, elle s'échoue sur le tabouret vide, à côté de la traqueuse. Un sourire s'esquisse sur les lippes d'Azaléa, amusée par l'absence de grâce qui dégouline de son invitée.

— De rien.

Lascive est la voix qui chemine aux esgourdes de la ténébreuse. Attentive, la chasseuse écoute, parvenant à peine à contenir cet éclat de rire qui émerge du tréfonds de sa gorge. Télépathe ou simplement épathe... Ce morceau de phrase s'entortille autour de son cerveau tel un wagon menant tout droit au palais du rire. Elle profite de la proximité du barman pour extirper une nouvelle fois un billet de son décolleté généreux.

— Des glaçons et garde la monnaie.

Qu'elle ordonne, se détournant ainsi de la ténébreuse quelques secondes. L'homme acquiesce et s'applique à fournir ce qu'elle exige dans un délai le plus bref. Assurée d'obtenir rapidement sa commande, elle se recentre à nouveau sur la ténébreuse, reprenant la conversation là où elle s'était tout juste arrêtée.

— Je ne suis aucune de ces deux options.

En s'adressant à la silhouette séraphine, l'intonation de sa voix change. Douce et suave, un sourire éternel sur le coin de la lippe, elle dévore du regard son interlocutrice sans la moindre retenue. En un geste aussi délicat qu'agile, elle s'empare du shooter que l'inconnue a vidé tantôt et le tasse de côté afin de lui soumettre un nouveau contenant sous la main.

— J'ai simplement un goût prononcé pour les bonnes choses.

D'un clin d’œil, elle scelle ses paroles et saisit un shot qu'elle avale cul-sec. L'alcool dégringole le long de son gosier, flambant sa carcasse déjà bien échauffée. La boule de chaleur au fond de son estomac grossit, nourrit par l'ambiance survoltée de la boîte de nuit. Son pouvoir la titille, il remue et s'agite, demande à sortir. Pas maintenant.

— Azaléa, qu'elle se présente en se penchant vers la ténébreuse. Et toi, ton p'tit nom c'est quoi? Pathe ou épathe?

Elle tente la carte de l'humour mais elle est bien plus douée pour dépecer les cadavres.

What's Love Got to Do with It ?

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(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Lascive est cette voix qui chemine à mes esgourdes. Tels deux accents circonflexes, mes fins et sombres sourcils se haussent sous mon front bariolé par une gigantesque ridule de perplexité. Que songe-je, mais que songe-je là, pour l’amour de ma mexichrétienne de mère ?! C’est pas dans mes habitudes de sortir ce genre de belles poésies, pour des phrases aussi bien construites et surtout pour la révérence d’une bomba aussi picante qu’irrésistiblement séduisante ! Au grand dam de ma matière grise, d’ailleurs ! Esgourde. Jamais dans 100 ballais, que je ne pourrai ne serait-ce que même songer qu’à ce genre de métaphore, pou ainsi décrire une partie de mon anatomie ! Troublée par mon petit Moi intérieur, je ne peux toutefois retenir la commissure de mes lippes qui à l’effigie d’une banane (vous voyez ce que je veux dire, pour l’histoire des métaphores poétiques ?) s’étirent et se prolongent en un vaste sourire de gamine gâtée pourrie. Son rire de crécelle m’empourpre de fierté et de gaieté. Alors satisfaite de mon effet inespéré, voilà que je m’esclaffe aussi, menotte aux fins doigts manucurés apposée sur la poitrine, tête légèrement incliné sur l’arrière, sombres ondulations virevoltant aux aléas de ce gargantuesques « HAHAHAHAHA ! » qui s’échappent de ma gorge bien déployée et exposée. D’un œil extérieur, si l’on nous reluque toutes les deux, c’est à penser que nous sommes sponsorisées par une pub de dentifrice quelconque ou voire même une publicité de style tampon ou juste et tout simplement la promotion d’un Tinder version 2.0 et en surpuissance. Bref, tout ça pour dire que nous sommes en harmonie et attraction. C’est beau et rafraichissant ! Et regardez-moi un peu l’efficacité et la rapidité avec laquelle le barman exécute chacune de ses requêtes et exigences. J’ai l’impression d’être assise à la table royale et que celle qui m’y a invité, ce n’est nulle autre que la Reine de Cœur. Ce qui tombe à point nommé, parce que la dégaine du serveur me rappelle celle d’un 2 de pic bien invétéré. Re bref, c’est magique !

Mes prunelles chocolatées sombrent et tombent en les deux pierres d’Onyx anciens qui me dévisagent avec cette évidente lueur de concupiscence dans les yeux et de plus belle j’ai cette étrange sensation que me titille l'intestin grêle. Je me sens telle cette paire de Louboutin, ô combien dispendieuses, mais si hermosa sa mère, qui cette après-midi m’est tombée dans l’œil (au sens figuré, sinon aye) alors que je faisais du lèche vitrine. Trop fauchée pour me les faires miennes, mais si aliénantes à reluquer et tant regrettables de les avoir laissée filer ! Je dois reconnaître que de se faire lorgner de la sorte, une fois de temps en temps, c’est bon pour l’ego et son estime de soi. Surtout lorsque la propriétaire desdites belles mirettes d’ébènes qui nous observent, bah, elle s’avère à être la réincarnation parfaite de la Vénus de mes rêves ! Je bois son rire et le fil de notre conversation comme le plus grisant des élixirs… Ah, non, oopsy Daisy (XD), ce ne sont pas de ces choses-là que je m’abreuve, mais bien simplement d’un second verre de shooter que je me siffle d’une traite dans le gosier--- Vous voyez comme elle me rend chica loca, ma Vénus desdits rêves ?! Je ne sais même plus ce que je fais ou ce que je pense. Oh, cielo, ce soir, je le sens, je vais l’échapper et pas qu’un peu… et ma chav intérieure qui me fais me comporter comme une camionneuse sans classe et savoir vivre. Pour la peine, je me demande qu’elle est la chose qui l’attire chez-moi ? Fort probablement le cliché de la Bicurieuse qui a envie de se taper la butch de service… ce qui n’est pas très reluisant pour moi. Je le reconnais.

- Ravie et enchantée, Azaléa, avoue-je, enluminée comme un sapin de noël, avec mon sourire à milles watt et cette péliades d’étoiles filantes dans les yeux.

En le brasier de mon petit cœur, c’est irrévocablement tout feu et tout flamme, ployant légèrement l’échine vers le lustre de la belle ténébreuse, sourire complice aux lippes, je lui dégaine :

- J’peux être les deux options et absolument tout ce que tu veux.

Quééééééééééé ? Deux grandes balles, sont désormais mes mirettes alors que je déglutis de travers et m’empresse de rectifier ce petit momento de faiblesse.

- Charlize. Appelles-moi Charlize. Et oublie ce que j’ai dit juste avant.

No, por favor, gardes le bien précieusement dans un petit recoin de ton intriguant et séduisant esprit. Au cas où des fois tu as besoin de compagnie et d’un autre deux de pic à ton noble service ! Aye-aye-aye ! Je débloque complètement.

- Fiouuufff ! Ce que la téquila peut nous faire dire, hin, parfois ? À ce rythme, tu vas devoir me faire avaler tout cet alcool à la louche !

Ou à même ta bouche ! Toussotement, à cette lubrique pensée.

- Hum. Alors, Azaléa, nouvelle dans le coin ou une habituée de la place ? J’dois dire que tu sais bien les faire manger à ta main, les barmans ! Une connaissance à toi ou…

Je devrais vraiment le lire, cte fichu bouquin pour les nuls !