All I want for christmas is you

'Cause family is all you need

Sur la route,
PARAPA PAMPAM.
Petit tambour s’en va.

PARAPA PAMPAM
Son coeur, affolé, battait du tambour dans sa cage thoracique, faisant écho au grand classique du Temps des Fêtes. Si son cœur avait pu sortir de son antre et exploser en mille pièces il l’aurait fait.

Un Noël.
Un vrai de vrai Noël!!!
Au mois de février, certes… MAIS RIEN À FOUTRE! Que quelqu’un ose venir faire éclater cette bulle de pur bonheur qu’avait insufflé La Màmà Flores dans sa vie d’orphelin. Elle l’avait pris sous son aile depuis le tout début de la matinée, comme l’on prend à la maison un vieux matou de ruelle sous la pluie battante par soudaine crise empathique. Un vieux matou de ruelle qu’on fini par prendre en pitié. L’invitation était tombée sous son nez comme la plus douce des propositions, comme une comptine pour enfant, comme une ode à la Famille. Un Noël en février. Y avait-il quelque chose de plus excitant que cela?! On lui avait promis un repas copieux, des décorations mais surtout, SURTOUT une famille. Une famille pour Noël!

PARAPA PAMPAM
Oh oui! Si son cœur avait pu sortir de son antre et exploser en mille pièces il l’aurait fait. Étiré de tout son long, au cœur de cet appartement qui ne lui appartenait pas, il accrochait guirlandes et lumières de toutes les couleurs traversant d’un côté à l’autre le salon sobre de sa toute chaude sortie du four de demi-sœur. La Màmà, de son côté, s’affairait depuis déjà trois bonnes heures au fourneau.

- Màmà Flores, je dois vous dire, ça sent affreusement délicieux ce que vous préparez là!

- Mi nino! Tu va cesser tout dé suite cette folie. Pas dé vous, pas dé Flores. Màmà, y es eso!

PARAPA PAMPAM
Ses yeux brillaient de mille feux. Maman. Une maman que pour lui! C’est alors que la poignée de la porte se fit entendre. Oh si. OH QUE SI. On y était…. Elle arrivait. Sa douce promise. Une maman, c’était déjà incroyable, mais à trois…… on devient officiellement…UNE FAMILLE!

PARAPA PAMPAM
- CHARLÈNE! JE SUIS TELLEMENT HEUREUX DE TE RENCONTRER!!
PARAPA PAMPAM

Ces mots sortir d’une force inattendue. Comme s’il avait puiser cette force tout au long de sa vie. Il tendit sa main moite de stress vers la nouvelle arrivante. Puis, se ravisa :

- Oh diable la retenu soeurette, viens par-là!

PAMPAAAAM! RAPAAAAA PAAAAM PAAAAM!!!!!
Et les anges chantaient à l’unissons tandis qu’il serrait sa nouvelle sœur contre son corps chétif et atone.

And hurry down the chimney tonight.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

- Cavité… quoi ? Temporel ?

Temporaire. Cavité temporaire, pobre campesino. Ennuyée, mes prunelles allumées par la flamme des lustres mortuaires quittent leur sinistre labeur, pour venir se stabiliser dans les mirettes javellisées de l’enquêteur. Dire que ce souffreteux d’embonpoint est le cravaté le plus « expérimenté » et se dit être le co-équipier idéal. Disons qu’à la  Section des Crimes majeurs, ce n’est pas le crayon le plus aiguisé de sa boîte… il est où son sergent ? Pourquoi je dois toujours me coltiner les subalternes un peu trop vulnérables et illettrés, qui ne savent pas faire la différence entre une télé et un four à micro-ondes ? et qui finissent toujours par…

- Blblblblblblblblblblblbllblblblblblbl…

Eh bien voilà. Qui finissent toujours par accourir vers le lavabo, pour aller y vomir tripes et boyaux. Après de longues secondes passées à dégobiller les restes de ce qu’il m’a semblé être un copieux repas, Señor Vomito redresse l’échine et tourne une figure livide vers ma petite personne. Mouchoir de plaqué et sur son pif et sur sa bouche, il baragouine, désormais vert olive et la voix navrée :

- Désolé. C’est sans aucun doute la mayonnaise, dans mon sandwich, qui m’a retourné l’estomac. Poursuivez, Flores.

- Le Vicks.

- Hin ? Quoi ? Dans mon sandwich ?

- Non. Sous votre nez.

- J’ai du Vicks sous le nez ?

Oh, cielo ! Dois-je lui faire un dessin ?

- La prochaine fois, appliquez-vous une généreuse quantité de Vicks sous votre nez. Ça aide, pour l’odeur.

- Oh ! Je vois. Alors, vous disiez ?!

Mes mains gantées toujours appliquées à la fastidieuse manœuvre, la soie de mon scalpel achève méticuleusement les dernières et fines incisions carmines sur les tissus nerveux de la boîte crânienne, pour finalement abandonner ma lame et agripper du bout des doigts les pans du cuir chevelu. À l’image de ces asiatiques qui se fignolent de succulents sushis, je délie le crin ébouriffé du crâne, laissant apparaître dans la glauque division le plafond osseux de cette jolie tête qu’il me tarde d’en disséquer les mystères.

- En cas de blessures par balle, le transfère de l’énergie cinétique créée, aux tissus humains, une dilatation suffisante qui entraîne la désintégration des os et organes adjacents… Il est dans mon travail d’en étudier la pression développée, ainsi que les organes frappés...

- Donc ce machin temporel sert à… euh… à quoi, donc ?

Il n’est définitivement pas le crayon le plus aiguisé de sa boîte, le plouc cravaté !

- La cavité temporaire, c’est la signature du projectile. Les experts de la balistique judiciaire n’ont retrouvés aucun projectile sur le lieu du crime ?

- Kewa ? Ils n’ont rien retrouvés, sur le terrain ? qu’il s’égosille, atterré par une telle affirmation, désormais aussi bleu que le cul d’un babouin.  

- M’enfin. La cavité temporaire va en quelque sorte nous aider à déchiffrer tout ce beau foutoir…

- Et comment vous allez faire ça ?

Un sourire gredin étire avec malice la commissure de mes lippes, alors que d’une main funeste, j’agrippe la scie circulaire gisant là sur ma table d’appoint et lorsque son cri aigue se fait entendre, mon gras interlocuteur se précipite déjà tête la première dans le lavabo…

La faute à la mayonnaise.
Bien entendu.

• • •

Un lit. Je donnerai mon âme, pour retrouver mon lit et y hiberner pour les trois prochaines journées ! La nuit a été folle et extrêmement harassante. Sur les rotules, je me suis traînée jusqu’à mes appartements, la clé à peine rentrée dans la serrure, que je sens qu’il y a quelque chose de pas normal, qui se trame sournoisement de l’autre côté de la planche de bois. Une énergie particulière. Une énergie qui n’est, en temps normal, pas présente. Une agitation palpable… tangible… trop ondoyante… trop lumineuse et radieuse. Un genre d’auréole rouge et vert, qui d’instinct vous enguirlande les tripes. Un émoi traverse ces patibulaires qui me servent de yeux, une lueur, plus reluisante encore que l’étoile des mages et qui doucement m’emporte sur la route des PARAPA PAMPAM tambourinant.

Que mierda ? Que sont ces réflexions de noël, en plein mois de février ? Pour en avoir le cœur net, j’ouvre la porte et la magie féérique des joyeux lutins du père noël m’éclabousse la figure comme une gifle en pleine gueule.

- CHARLÈNE! JE SUIS TELLEMENT HEUREUX DE TE RENCONTRER!!

Je n’ai même pas le temps d’assimiler qui est ce grand maigrelet qui se retrouve là chez-moi, que celui-ci m’enveloppe de ses longs bras ballants et m’enlace dans une chaleureuse étreinte qui non seulement donne à penser que des anges présentement lui sortent par les oreilles, mais ne manque pas de m’asphyxier dans un trop plein d’amour inconditionnel. Un amour pur, profond, qui fait peur à voir et surtout ressentir parce qu’on n’a pas élevé les cochons ensembles et que mierda mais qui c’est ce moineaux aux yeux de biches ?

- Sœurette ? SŒURETTE ?! Que je m’époumone, plaquant mes paumes sur son sternum, pour vivement le repousser et accourir je ne sais pas où précisément vers un coin de mon appartement, mais que tant que cet énergumène au sourire de psychopathe se tient loin de moi, mieux je me porte.

- PUTA ! ne me dis pas que tu es l’échappé de l’asile dont tout le monde parle à la télé ?

Peu rassurée, j’attrape le premier objet qui me passe sous la main et le brandit en direction de la menace. Mes yeux biglent sur mon arme improvisée ; j’ai en main une putain de boule de noël ! Et je réalise enfin ce que je n’avais pas remarqué depuis le début ; l’état de mon appartement. Ces guirlandes, ces lumières, cette odeur de cannelle épicé, MIERDA ! c’est à se croire au Pôle-Nord, avec les pingouins, les ours polaires, les rennes et tout !

Ce psychopathe voyeur s’est introduit chez-moi pour faire de mon appartement, un décore digne de la famille Griswold !? Non. C’est insensé !  

- Charlene ? Mi hija, cey bienne toua ?! Ayayayayay ! que siiii, cey bienne toua !

Elle en échappe son cul de poule parterre, bras s’agitant au-dessus de sa tête, elle accoure vers moi, agrippant à la volée l’autre vilain petit caneton poliçons et nous unis tous les trois au cœur de son amour de mère émue qui n’arrive pas à croire à son bonheur. Le flanc de la face bien niché sur son boobs droit alors que celui du grand brun est tout pelotonné sur le droit, elle s’exclame :

- Yé souis tellement, mais tellementé émouse, Charlene ! La pobre madre se sentir si seule, là-bas ! Ayayayayayay ! Toi voir qué je té ramené ton hermano, pour célébrer noël, en plein mois de février ?!  Yé souis tellement, mais tellementé émouse, Charlene !

Mon frère ?! Mon frère est ici ?
Mon cœur soudain s’emballe dans ma poitrine.
Lee. Mon phare dans la nuit.
Mon baume sur la souffrance de mes lésions.

- Lee est ici ? Où il se cache ? que je m’extase, à moitié asphyxiée entre les gros seins de ma mère.

- Lee ? Ici ? Lee, iciii ? Ayayay, Charlene. No. Te equivocas, lui pas ici. Yé parle de ton hermano cósmico, Exevardo ! Exevardo, bello nino, juste icitté, là, dans mey bras  avec toua, Charlene !

Mon cœur explose par millier de cristaux de nacre dans ma poitrine alors que je fusille du regard cet Exevardo de mes deux ! Il n’a pas osé prendre la place de mon frère, cet hijo de puta ?

- Tous ley dos, faire ample connaissance. À la cocinar, vous dos prendre de lait de poule et parlez !

Sur quoi, elle nous libère et nous pousse sur les retranchements de la cuisine.  

- Yé souis tellement, mais tellementé émouse, Exevardo et Charlene !