Je décide de passer ma soirée dans un bar. J'ai besoin de sortir. Je suis jeune et parfois je me sens seule n'ayant pas de petit ami ou parfois de copines qui veulent juste sortir en pleine semaine et s'éclater comme des malades. C'est chiant parfois. Je suis d'un tempérament fun et je ne pense pas au lendemain. Je bosse certes et j'assume mais je trouve que de se mettre des limites c'est parfois dommage. Ma Jaimie, ma meilleure amie, se repose ce soir ce que je peux comprendre. En ce moment, elle traverse de sacrés épreuves. Elle a besoin de temps pour elle je préfère qu'elle se repose sainement plutôt que de noyer les choses dans l'alcool, comme on l'a fait ensemble il y a quelques jours. Ce n'était pas à renouveler. Ma fille est gardée encore une fois. J'avais anticipé. Cela me laisse le champs libre pour profiter pour moi et moi seule. Je me sens toujours bête d'aller dans un bar seule, sans personne. On dirait une looseuse, sans amis, et prête à faire la bof devant tous. Mais non je suis juste une nana de trente balais qui a besoin de vivre et de se lâcher un peu. D'ailleurs, je danse seule sur la piste à peine arriver. J'adore me laisser aller, fermer les yeux, apprécier le moment. J'observe les gens. Je suis dans ma petite bulle. Y a tout type de personnes mais je remarque UNE personne. C'est Charlize ! Je suis la plus heureuse. Je fonce vers elle mais je la laisse finir sa phrase. Je la respecte et ne tiens pas à couper la conversation. Je sautille heureuse de la voir. Je la regarde comme ci je rencontrais le Père Noël.

It's a feeling that won't disappear.

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Plus tôt, ce soir là, mes éclats de rire se décharnaient et noyaient au chant du nectar alcoolisé qui de sa grisante étourderie obstruait mes esgourdes et distillait le stupre dans la fibre de mes os. Vide et avide de sentir se dérober sous mes pieds ce plancher des vaches que je ne reconnais plus et qui me donne l’impression de le fouler pour la première fois. Cette ville qui déjà non familière, m’est désormais étrangère et ma foi qu’une puta de mierda de belle grosse blague ! Des apparats trompeurs, pour des vies de pacotilles et des traintrains quotidiens totalement inutiles ! Nous sommes jamais que la préface d’un lugubre manuscrit, où le « abracadabra » et le « alakazam » se vautrent dans la manche du destin et nous livrent une histoire qui d’avance a été écrite et toute tracée. Un filet de ténèbres s’enroule autour de cette ville de merde, comme plongée dans l’absence des normalités alors que dans le commun des mortels vadrouillent une flopée de X-Men sans latex, ou super casque ou super masque ; mais juste se trimballant avec une barbante existence faisant rougir de jalousie tous les personnages de la série Skins.

Comble de ce foutoir, les vampires, loups-garous, polichinelles et la Reine d'Angleterre existent ! Dios mío, j’ai la trempe d’un Harry Potter à deux balles, pour sûr que la révélation ne passe pas et que je me morfonds dans les geôles de l’absurdité. Je suis médecin légiste, j’ai l’esprit cartésien qui vient avec et cette idée qu’on essai d’implanter dans ma matière grise… baaaahhh… ça ne passe pas ! Ça bloque.

- Et là c’est à mi amiga Jaimie de m’expliquer que les fantômes n’existent pas et que si Seb se tape à lui tout seul le remake de l’Exorciste d’Emily-Rosa ; c’est parce qu’il a le pouvoir de voler. DE VOLER !? T’entends ça, toi ?! No me lo creo, que je ventile, complètement perchée sur mon tabouret, m’enfournant dans le gosier un autre shooter de tequila alors que je martèle de mon poing ouaté par l’état d’ébriété la surface collante du zinc : Seb peut voler, mais les fantômes n’existent pas ? Ah ! La buena broma !

- Charlize… tu devrais peut-être ralentir un peu. Boire de l’eau ?
- Pourquoi ?
- Parce que tu t’adresses au vide depuis tout à l’heure et que je suis assis juste ici… de l’autre côté de toi…
- Hahahahaha ! Ça expliques pourquoi j’avais de la difficulté à te regarder dans le blanc des yeux !

À la lumière de cette révélation, je me tourne sur mon précieux séant chérie et désigne d’un fébrile index le poitrail de mon interlocuteur dont j’ai complètement oublié le nom :

- Laisses-moi te dire une cho---

Un genre de théorie du big-bang à vitesse grand V me fauche le coin de l’œil alors que ma moue chouineuse se rehausse d’un gigantesque sourire de banane.

- Pya !?

Une giclée de confettis sitôt est gerbée dans le mordoré caféiné de mes mirettes floutées et bouffies, me hissant sur les molletonneuses guiboles pour d’une démarche chaloupée venir à sa rencontre et juste… carrément me suspendre à son cou… ou plutôt me laisser tomber dans ses bras :

- Pya ! C’est toi ! Cómo estás mi hermosa ?! C’dingue, ça, de te tomber dessus comme ça. Et à chaque fois j’suis complètement ivre hahahahahahahahaha !!! Vas pas penser que j’suis une petite pocharde de macadam, hiiiinnn ?! Viens, viens, que je te présente à euh…

J’sais vraiment plus comment il s’appelle, le gus.

- Ce monsieur. Monsieur, voici Pya. Une amie. Une survivante, comme moi, à cette soirée de merde que je me tue à te raconter depuis tout à l’heure. Dis lui, toi, Pya, que je ne raconte pas de connerie et que tout est vrai !

Elle me reconnaît. J’ai un large coup de cœur pour cette personne. Elle me ressemble en bien meilleur. Quelle folie ! Quelle joie de vivre ! Je suis fan. Elle est franche, spontanée. Un vrai rayon de soleil. Je pourrai être grande amie avec elle car c’est mon style d’amie. Je me sens exister en plus car elle me reconnait, me considère. Elle est toujours avenante et prête à me faire rencontrer des gens, à partager et comme moi Cha’ a le goût de la fête. J’ai, en plus, envie d’en savoir plus sur elle. Quel accueil. Je vous l’avais dit c’est un amour cette fille-là. Je me demande qui elle est. Quelle est sa vie etc… Elle a l’air d’aller bien depuis la dernière fois. Je suis rassurée. Je la serre dans mes bras. Trop heureuse de la voir ! Comme je connais l'espagnol un peu, je vais me permettre deux trois mot dans la langue de Charlize.

- Hola amiga, muy muy bien y tu ? Je suis si contente de te retrouver. Ivre toi, non ? Pas grave ça. C’est rigolo. J’espère le devenir avec toi alors. Soyons folle. Je te paie un verre ? Tu m’as gâté l’autre fois avec ton alcool ? Quelle fois d’ailleurs… Tu vas bien depuis ?  

Je suis morte de rire. Elle ne sait même pas à qui elle parle. Quel numéro ! Je suis trop fascinée. Elle est topissime ! C’est toujours du grand n’importe quoi j’adore !

- Salut Monsieur, je suis Pya comme l’a dit Charlize, mon amie. Oui on est des warrior Monsieur, des vraies. C’est fou ce qu’on a vécu. Elle t’a raconté ça… Si tu savais… Je suis toute fière qu’elle me présente comme une amie. C'était de la pure folie et depuis c'est pas mieux. En effet, je sais que j'ai un don maintenant et depuis peu.

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On va se le dire, l’amigo, ce soir, je crois que je suis sérieusement en train de l’échapper. C’est pas grave. Ce sont des choses qui arrivent, no es así ? J’vais certainement pas m’écraser comme une pancake pas cuite, parce que je souhaite passer du bon temps en bonne compagnie et occulter dans un recoin sombre de mon esprit le traumatisme de l’autre nuit !? J’ai envie ce soir de l’échapper. J’ai envie d’oublier le nom de ce pauvre type avec qui je converse et j’ai surtout envie d’oublier les réminiscences de cet incident. Me lover, juste un tout petit peu, dans la soie et dentelle d’un parfait mensonge. Croire que je vais bien et papillonner au-dessus des monticules de misère et de l’épouvante. Atteindre, par la fenêtre de ce paradis artificiel, la coupole céleste et prétendre y gagner une sorte d’Éden. Un grisant et lénifiant exile. J’en ai de besoin. Oh, Dios mio, que j’en ai de besoin. Si je ne le fais pas, c’est ma vie au complet que je vais échapper et les morceaux en seront si tout pétés cette fois qu’il me sera impossible de les recoller. Je vais perdre le nord et devenir folle. Cette lucidité, ce soir, j’en veux pas !

- Estoy bien. Gracias, mi bella, que je déblatère, viscéralement, pour finalement tilter sur un détail et ouvrir de grands yeux étonnés : Waw ! Mais ton espagnol est top, très chère ! T’as suivi des cours ou tu as beaucoup voyagé dans les comtés des sombreros et mariachis ? Ooohhh ! Mais ne tardons pas à se bourrer la gueule dans ce cas. J’ai quelques verres d’avance sur toi, mais je sens que tu vas me rattraper bien vite. Je prendrai bien une bière. N’importe quelle. Ça va faire descendre tous ces mètres de tequila que je me suis sifflé avant ton arrivée.  

Barbotant joyeusement dans le bassin de la joie et l’ivresse, des constellations plein yeux, toute souriante et pimpante, je regarde mes deux interlocuteurs faire connaissance. J’vais pas vous mentir, mon attention et ma floue concentration est toute droite dirigée vers Pya. Cette petite brunette. Baume sur la soirée complètement pourrie que nous avons traversés. Sans elle à mes côtés, je le sais, je ne serais pas ici ce soir pour en parler et dire ô combien cela a été une épouvantable épreuve ! Je lui dois mon sursis, ce sourire bécasse et ce sentiment de vie qui de la tête aux pieds me grise. C’est une chic fille. Elle est gentille, sympathique, chaleureuse et super viva la vida. J’ai besoin d’une crème comme elle dans mon cercle social ! Comme quoi, malgré les désastreuses circonstances de notre rencontre, il reste un petit quelque chose de bénéfique à en y retirer…

- Tu entends ça, mon grand ? Des guerrières. T’as deux guerrières sous le nez ! Vois que je ne te raconte pas de la mierda !

J’enroule l’un de mes bras de mouche autour du coup de la brunette, la serre contre moi alors que pour célébrer le fait d’être jeunes, jolies et vivantes je m’exclame :

- Maintenant que tu es là, Pya, que la fête… la vraie… commence ! J’veux tout savoir et connaître de toi. La dernière fois, c’est trop parti en cacahuète pour qu’on puisse avoir la chance de le faire et je compte bien m’y reprendre !

J’oublie la présence du gus et franchement dans l’état qu’elle me met, la brunette, je ne m’en tourmente pas d’un iota. Très curieuse, intéressée, je la libère de mon étreinte, pour venir attraper nos consommations alors que mes yeux bouffis et rougis cherchent dans les périphéries une table de disponible.

- Là. Il n’y a personne. Allons-y avant qu’on soit obligées de terminer cette discussion, assises sur les bidets des chiottes. Hahaha ! C’est plein à craquer, ce soir, c’t’endroit !

Je suis ravie mon amie va bien. Je l’apprécie vraiment et la savoir bien me rassure beaucoup. La belle Charlize remarque mon bel espagnol. Cela a l’air de l’impressionner. C’est chou. J’ai été très assidue au cours de spanish et de plus je suis déjà allée dans des endroits où l’espagnol est maître. On est similaire car on aime la fête, boire et profiter. Cha’ est trop amusante car elle dit avoir de l’avance. J’ai des verres à boire pour combler ça. Je ris toute seule, ravie de la soirée qui se profile. Je suis trop contente. J’ai besoin d’évasion.

- Je suis rassurée. Hey hey, tu as vu ça. Je suis espagnole dans l’âme. J’étais bonne à ces cours là puis j’ai déjà eu des connaissances espagnoles. Tu viens d’où exactement ? Je souris et réponds : Go buvons ! Tu commences à me connaître. Je vais en effet te rattraper ! Bon courage. D’accord, choix sage ! Une bière pour la demoiselle ! Je m’écris cela à l’égard d’un serveur un peu plus loin. Je suis spontanée et ne fais pas attention aux autres. J’ai envie de m’amuser et ça va être le cas. Je me commande aussi une boisson une bonne vodka, red bull. J’adore cela. Let's go.

Elle parle de nous à ce gars inconnu. Elle insiste en nous présentant comme des guerrières. C’est bien nous, surtout Charlize. Elle a été courageuse. - Ouais elle te dit la vérité et en plus tu ne sais pas de quoi elle est capable. Tu ne peux pas être aussi fort d’esprit et courageux. On en a vu. Tu serais peut-être déprimé à cette heure si tu avais vu tout ça… Je m’en rappelle encore et encore… C’est très marquant. D’ailleurs Cha’, je suis ravie que ça va.. Elle me serre, trop chou et déclare que la fête commence. Je suis aux anges. Je veux aussi profiter autant qu’elle. Nous avons besoin de la même chose.

- Ouiiiiii, la FIESTTAAAAA. Trop contente ! Pareil. Je veux tout savoir. A toi l’honneur. Dis m’en plus. Cette soirée de fou, nous a coupé l’herbe sous le pied… On a nos verres, on est prêtes. On zappe ce gars inconnu et on s’assoit. Bon plan ! C’est très bien ici. Tu as raison. Tu veux que ton bel inconnu vienne avec nous. Il arrête pas de te regarder. Ouais carrément, un de ces peuple… C’est génial. J’ai besoin de cette folie.

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Fière d’entamer la discussion avec une autre espèce vivante que mon chat, ou autre chose telle que la poussière qui commence sérieusement à venir tapisser toutes les surfaces planes de mon appartement, j’appuie l’un de mes coudes sur la minuscule table ronde, voulant prendre la pose typiquement typique de celle qui est très intéressée par ce que peut bien lui partager son interlocutrice, mais qui se rend compte au dernier moment qu’elle a mal calculé les distances avec la bordure du meuble et s’apprêtait à s’accouder tout simplement dans le vide. L'air mine de rien, pendant que j'essaie de retrouver mon équilibre pour ne pas trébucher en bas de ma chaise :

- Il me regarde parce que je l’ai traumatisé avec mes histoires d’épouvantes de l’autre nuit. Avant que tu ne viennes à ma rescousse, cela faisait une heure que je le bassinais, dis-je, sourire gredin aux lippes, assumant pleinement que le seul émoi que je puisse inspirer chez les gens que je rencontre c’est un désastreux mélange entre l’incrédulité profonde ou l’ennui le plus assommant. J’suis pas très engageante et pimpante comme compagnie. Que la belle Pya m’aborde et désire faire la fête avec moi ce soir est un événement à marquer d’une pierre rouge sur le calendrier. Et franchement on va se le dire, nous avons tous les deux besoins de papoter entre filles et de s’oublier les existences au fin fonds de ces bouteilles alcoolisées.

- Toi en revanche, je crois que tu lui as fait de l’effet et tapé dans l’œil. À peine que tu es venue à ma rencontre, que le gars ne te quitte plus des yeux !

Fait avéré alors que mes sombres mirettes avec plus ou moins de subtilité lorgnent et épient ce que peut bien manigancer ce monsieur mystérieux dont j’ai oublié le nom. Et mon attention revient sur le charmant minois de la brunette, ma rétine éblouie par son radieux sourire à mille watts alors que mon petit cœur s’attendri comme du beurre fondant dans une poêle avec une telle palabre. Franchement, je comprends que mon ancien locuteur en pince pour elle ; qui ne serait pas appâté par ce visage de poupée d’albâtre aux traits fins et lisses ? Et on en parle de ces longs cils fardés qui rendent justice et valeur à ces deux billes de saphirs qui plongent dans le noir profond de mes deux yeux bouffies de bibiche pintée !

- Je suis originaire de San Diego. J’suis arrivée ici pour le boulot. Un poste à l’Oceanside Memorial Hospital s’est ouvert et mon patron a saisi l’occasion pour m’y transférer. Je suis médecin légiste. Huuuuummm… ma vie tourne autour de mon frère, mon chat et ma mère. J’ai déjà été une mariée une fois, mais l’union s’est vite terminée. Et je suis la seule à penser qu’Enrique Iglesias, c’est comme le porto et qui avec le temps se bonifie ?

Un moulin à paroles. Ivre, je suis un vrai moulin à paroles et j’exprime tout ce qui me passe à la tête. Le gosier asséché, dans l’éclat du sourire qui plane sur mes lippes, je m’hydrate ou plutôt déshydrate d’une longue gorgée de bière alors que de mon autre main je balaye l’air :

- Mais assez parlé de moi. Et toi ? Qu’est-ce que tu fais de bon dans la vie ? Je te croise ici ce soir parce que tu as quelque chose à célébrer ou c’est simplement la fièvre qui t’emporte ? Et Jaimie et toi ? Vous vous connaissez depuis longtemps ? Racontes. J’suis toute ouïe !

C’est peut-être trop tôt pour le dire, mais j’ai le feeling que Pya et moi pouvons devenir d’excellentes et bonnes copines ! Une copine qui aime faire la fête, qui plus est !

Je la trouve trop hilarante. Charlize est très naturelle. Le mec a l’air attiré et appeuré. Un sacré mélange ! Une heure qu’elle saoule ce gars avec ses histoires de folies, lui ne devait attendre qu’une seule chose en réalité. Il trouverait son bonheur ailleurs car Cha’ ne le gratifierait de rien d’autre. Moi j’étais arrivée au bon moment. Je l’avais sauvé elle d’un gros lourdaud et lui car ce type d’histoire ne semblait pas le rassurer disons. Je ris en entendant ses dires. Elle est excellente cette nana-là. Elle a du tout lui raconter, lui a du ne rien comprendre, la penser trop bourrée. Et le fait que je valide tout cela devait le perdre encore plus.
Ravie de t’avoir sauvé ma belle. Il t’aurait cru folle. Je pense qu’il voulait bien autre chose… Il va être déçu.

- Je fais toujours cet effet. Je me vante pour rire bien sûr, j’espère que mon amie le comprendra. Je plais mais je ne suis pas une personne qui se la pète, va se mettre en avant ou autre. Je suis moi-même, simple. J'aime être coquette, femme et je sais même faire la femme fatale si je veux. Mais je ne joue pas. Je n'en fais pas des tonnes. Charlize doit beaucoup plaire aussi. Elle est très belle, sûre d'elle aussi et elle a un caractère qui fait qu'elle attire directement l'attention sur elle. Elle n'a pas l'air d'être posée. Elle doit en avoir des conquêtes ou des gens intéressés par elle. La liste doit être longue.

J’apprends à connaître Charlize enfin. C’est une personne captivante. Elle a une histoire, un passé et l’entendre me fait plaisir. Ce partage est important à mes yeux. Je tiens à savoir qui est cette tempête.

- San Diego ne te manque pas ? Ravie d’en savoir plus sur toi. Tu es médecin légiste, nonnn ? C’est total différent de ce qu’on peut s’imaginer. Je suis fascinée. Tu as l’air d’aimer ton travail et tant mieux car il t’a fait déménager. Trop chou tu es très famille dis donc. Mariée ? Wow tu es une personne incroyable. Tu es seule maintenant ? Je me permets pleins de questions ma belle. Je suis contente de pouvoir en savoir plus sur toit. Tu étais un sacré mystère. Et ouais ma belle tu es la seule à le penser.

Ma belle amie s’en veut de trop parler et veux me connaître. Moi ça me va de ne parler que d’elle. Je l’adore. Je vais quand même me livrer. Je bois ma vodka red bull en même temps et me rends compte qu’elle se vide déjà bien.

- Je suis éducatrice spécialisée. Je suis d’ici. Je suis là car la fièvre m’emporte. Besoin de m’amuser. Je me fais un peu chier en ce moment et j’ai besoin de vivre, de profiter. J’aime la fête. Ma meilleure amie m’accompagne souvent mais bon je suis moins rangée qu’elle et moins sage. Là elle n’est pas dispo et je veux profiter quand même, pas attendre demain. Je connais Jaimie depuis mes 13 ans, ça date. C’est mon amie de toujours. Elle est super. Ce n’est pas trop ça pour elle en ce moment. Elle devrait sortir mais la dernière fois que je l’y ai invité bah il s'est passé la catastrophe... C'était là où on s'est rencontré. Je comprends qu'elle se repose chez elle. Moi je continue de faire la fête malgré tout. Je me rends compte que je parle beaucoup. Je souris à cette idée. Je suis aussi bavarde et animée que la jolie Cha'.

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Si nous soustrayons les lourdauds lourdingues coureurs de jupons ; nous pouvons presque s’entendre pour se dire que l’ambiance de ce bistro-bar est agréable et avenante. Y’a de la bonne musique, une jolie clientèle et l’alcool servie –bien qu’elle ne change pas d’ailleurs- est buvable et nous ne défonce pas trop le porte-monnaie puisque à un prix raisonnable. C’est la première que je viens ici…. Quoique n’étant pas native d’ici, me diras-tu, l’amigo, qu’il m’arrivera souvent que je découvre un endroit pour la première fois. Seul point positif à être de la chair fraiche dans cette ville de merde : tout repose sur la lune de miel et l’attrait du « nouveau tout beau » ! L’ombre d’un sourire équivoque plane ou erre à la lisière de mes lippes alors que mes sombres prunelles plongent dans les eaux azurées de ma nouvelle amie que j’apprends à connaître. Comme un livre ouvert, elle se livre et me permet même d’en découvrir de retirer quelques voilages d’ombre sur l’intriguant personnage elle peut être.

J’suis une grande curieuse et fouille merde.  J’aime tout savoir et croquer à belles dents dans les petits potins croustillants !

- Ah, tiens ! Mais c’est amusant, ça. Il est vrai qu’à première vue j’ai pas l’air de la fille au cœur de glace qui aime disséquer de la viande humaine au bistouri. Bizarrement, en dehors de toutes ces phobies qui me gangrène la crédibilité ; la vue du sang et les morts ne m’effraient pas le moins du monde. En fait… ça me passionne…

Je fronce les sourcils, pince les lèvres, réalisant que cette phrase peut paraitre glauque et un rien folle. Idée de dissiper le malaise, j’attrape ma bouteille de bière, avale une rasade et revient dans un autre vif du sujet :

- San Diego me manque comme tu n’as pas idée. Ma vie, ma famille, mes quelques rares amis et mon patron. Tout me paraissait facile et naturel… alors qu’ici j’ai l’impression de batailler pour garder la tête hors de l’eau. La catastrophe de la dernière nuit n’aidant pas à trouver ses repaires et ne pas se sentir dépaysée. Hahahaha ! Ils disent que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ? Puta, ma grande, y’a pas à dire qu’on sera blindée dans du béton armée avec tous les dangers qui rôdent ici !

Sarcasme et humour. Deux excellents lubrifiants sociaux ! Bien que toujours captivée par les palabres de mon interlocutrice, je remarque du coin de l’œil qu’elle a une bonne descente et qu’à vu de nez son drink se vide comme des petits pains chauds si vite sont vendus. D’un geste de main, je capte l’attention du barman et lui faits signe qu’on reprendra la même chose.

- J’avais pas deviné que tu étais du genre party animal. Je pensais que ta vie ne tournait qu’autour de longs pèlerinages et les cérémonies du dimanche.

Je lui fais un petit wink complice.

- Parlant de ton amie… l’autrefois… elle m’a semblé ne pas être dans son assiette et un rien préoccupée. Ce ne sont pas de mes oignons, mais est-ce qu’elle va mieux ? Je trouve ça beau, votre histoire et votre amitié ? C’est une denrée très rare. À part mon frère qui me connait depuis les couches, j’ai pas la chance d’avoir une sœur de cœur dans mon cercle social. C’est comment, dis-moi ? Faire les emplettes avec une meuf ? Y’a un code d’honneur ou que sais-je ?

Vais-je apprendre à papoter nonchalamment avec un brin de sérieux, dios mio ?!

Charlize m’explique un peu son métier, sa passion. C’est assez étrange. Je suis intriguée. Elle aime tout ça : le sang, la mort ne la dérange pas. Je n’aurais pas dit cela d’elle. Je ne juge pas loin de là mais comme quoi l’habit ne fait pas le moine. Je ris car elle a raison elle n’a pas cette allure disons. Elle a l’air de comprendre ma remarque et cela me rassure. Je ne suis pas attirée par tout cela et ça me fait même peur. Je serai incapable de faire ce qu’elle fait. Je suis fascinée. Elle est pleine de surprise cette nana. Elle doit effrayer certains hommes ou femmes qu’elle côtoie. Cela peut faire fuir j’imagine.

- Tu as tout compris. Sans jugement bien sûr mais je n’aurai pas cru cela. Tu es impressionnante. Ca te passionne ? Carrément ? Tu as eu comment cette passion ? Comment tu t’es dit je vais faire ce métier ? Il n’est pas facile et peu de monde choisi cette voie. Désolé je t’interroge beaucoup. Ma nouvelle amie boit un coup, je fais de même et elle reprend le fils de ses explications, de son histoire. Je suis toute ouïe.

La belle me dit que sa ville lui manque. Je comprends cela et j’ai un peu de peine pour elle. Ce n’est pas facile quand tu es rattachée à ailleurs. On sent son attachement. Même son patron lui manque. Elle devait être si bien là-bas. Je l’écoute à 100% et la laisse continuer. Je la regarde et ses yeux traduisent ce qu’elle raconte. Très touchante ! Même ton patron ? Je vois… Tu devais être bien là-bas. Ici tu ne te sens pas bien ? Tu es à ta place. C’est vrai qu’en plus avec l’autre fois… ça n’aide pas. Je suis désolée pour toi ça ne se voit pas que tu es mal… Je ravale ma salive, encore touchée par l’évènement que nous citons beaucoup. On a besoin de penser à autre chose. Je suis dég pour Cha’. Elle n’est pas si bien que ça, elle qui est si pétillante. Je suis d’accord avec toi… Ca craint… Ca ne s’arrange pas. On finit nos boissons et la jolie recommande les mêmes verres. Je suis trop contente. Je me sens bien.

Je ne réplique à ses dires au contraire je pouffe de rire et il est difficile de m’arrêter. Elle est trop forte. Je suis fan de cette nana, que dire ? Je lui rends son clin d’œil.
On parle ensuite de ma meilleure amie Jaimie. Charlize voudrait comprendre pourquoi elle était mal le jour de leur rencontre à cette fameuse grosse party. C’est très intime. Je ne pourrai pas tout lui dire. Elle a été violée plus jeune dans ce type de lieu… Je ne peux pas dire ça. On nous rapporte nos verres. Je trinque avec ma nouvelle amie.

- Oui elle a vécu un malheur dans sa jeunesse dans ce type de lieu je vouais l’aider à exorciser cela. Je ne suis pas une bonne meilleure amie parfois car au final ça a mal tournée… Je voulais faire bien et l’accompagner, je ne pensais pas que ça irait mal. Elle ne m’en veut pas ouf. J’avoue que je ne sais pas trop… En ce moment, elle est discrète. Je la vois peu. Ce n’est pas son genre. Je pense qu’elle file un mauvais coton mais je passe chez elle, elle n’est jamais là etc… Je n’ai pas le fin mot et mes SMS restent souvent sans réponse. Ce n’est pas son style. Il y a quelque chose. On est proche comme des sœurs. Je l’adore très fort.  J’avoue que c’est rare. Je suis chanceuse. On se connait depuis longtempsss. Ton frère c'est beaucoup pour toi. Tu n’as pas une amie proche, que tu connais depuis perpète ? C’est trop bien. Tu as une alliée toujours. Tu t’amuses toujours : emplettes, soirées, soutien pour tout, comme une sœur. Y a pas de code, tout est naturel. On se donne naturellement soutien, protection et dévouement. Comme dans un gang ! Je peux pas croire que tu n’as pas ce type de lien. Tu es très sociable et pleine de valeurs ça se sent.

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Les discussions s’enchaînent, l’alcool coule à flot et j’ai pour bonheur d’en apprendre plus sur cette charmante Pya. Les pommettes empruntent à peu à peu les couleurs d’un rouge écrevisse bien prélassé et grillé sous le soleil. Je croule et me liquéfie littéralement sous l’amont de compliments et gentilles remarques qu’elle me livre. J’ai un cercle social, disons, plutôt restreint et je n’ai pas pour habitue de recevoir autant de lauriers. À ce rythme, j’aurais les chevilles aussi enflées que deux belles pastèques et ma caboche sera si énorme qu’elle ne pourra même plus passer par les cadres de portes. J’ironise beaucoup, mais les paroles et petites attentions de Pya me touchent beaucoup. Vraiment. Se connecter avec une âme, tisser un lien avec quelqu’un, c’est un événement à marquer d’une pierre rouge dans le calendrier. Et je me surprends à me laisser aller. À parler sans trop réfléchir. À simplement partager ce qui me traverse l’esprit sans crainte de le regretter plus tard. Et mon interlocutrice semble sincèrement s’impressionner et s’intéresser à ce que je peux bien lui raconter. C’est étrangement bon et tendre pour le moral. C’est quelqu’un de bien, qui a tant à offrir et recevoir. On gagne à la connaître. Je m’estime chanceuse !

- T’excuse pas. En même temps, tu ne le ferais pas, que le sujet de conversation se presserait comme un citron et si vite s’épuiserait, que je la rassure, toute sourire, posant les menottes sur la surface de la table, mes bouts de doigts accaparés à triturer des restes d’écailles de cacahuètes traînant là tout près d’un panier piteusement vide : ma tante était médecin légiste. J’imagine que cela a fait son petit bonhomme de chemin dans mes aspirations et m’a donné la piqûre. Cette femme me fascinait et à la fois m’effrayait. Quand j’étais gamine. Dès mon plus jeune âge, elle m’a appris à apprivoiser la mort… à la comprendre… au lieu de l’appréhender. Et ça va peut-être te paraître cliché, mais je raffole des polars et thriller policiers. Ç’a toujours été des sujets d’histoires qui me passionnent énormément. De fil en aiguille, la voie de ma profession s’est doucement dessinée. Ne t’en fais pas, j’vais pas te sortir mon bistouris et mes éprouvettes pour sur toi pratiquer une autopsie. Je réserve ce supplice pour mes macchabées uniquement.

Je suis consciente que parler de la mort, ça peut être glauque et lourd en les cœurs de certains. Alors j’essaie toujours d’aborder le sujet avec une petite once d’humour. Et mes sombres prunelles doucement viennent saluer les miettes d’écailles qui s’égrainent sur la table, un spleen soudain mais pas désagréable s’emparant de moi. Ç’a toujours cet effet, de parler de ma vie d’avant. Faut croire que je n’arrive pas encore à croire que je me suis retrouvée ici à RevealDown. Cette ville qui plus que je me l’imaginais me trouble et perturbe.

- Oh, ça va. Ce n’est rien. C’est une période d’adaptation. Je trouverai ma place. J’ai confiance. Peu à peu celle-ci se taille. À commencer par ta belle rencontre. L’halte à quelque part se fait toujours mieux lorsque nous trouvons un point d’encrage. Tu ne penses pas ?

Et je déglutis de travers, constatant que je suis en train de m’avancer sur un champ de mines, au sujet de sa copine Jaimie. L’embarras et le malaise se voit comme un nez au milieu de la figure. Je ne voulais pas la gêner. Si loin de là. Mes ses confidences et impressions peu à peu me redessinent et le sourire bécasse doucement se fond vers une moue compatissante et navrée.

C’est moche ce qui leur arrive. Elles semblent traverser un tortueux chemin et parfois lorsque le cœur et l’âme s’y pâment nous avons tendance de s’y écorcher à vif. Le bonheur, la sécurité de sa copine lui tient à cœur. Ce que je peux comprendre. Et je peux aussi comprendre la position de Jaimie. Cette situation me rappelle celle que je traverse présentement avec mon frère. Qui comme je l’ai mentionné plus tôt représente absolument tout pour moi. Je saisis les tourments et inquiétudes de la demoiselle.

- Je vois. Tu crois que se serait en lien avec l’autre soir ? Peut-être que cela a rouvert de vieilles blessures et cicatrices ? Elle n’a pas pour habitude de s’isoler et de jouer les fantômes. Elle a peut-être besoin de cette solitude, pour laisser la poussière retomber et mieux se reconstruire. Qu’est-ce qui t’effraie ? Est-ce que tu sais ce qu’elle fait, pour occuper ses jours, ces temps-ci ?

Je soupire, lève les yeux vers son minois :

- Tu ne pouvais pas savoir ce qui allait arriver. Tu sais. Pour l’autre soir ? Je crois que personne ne pouvait s’attendre à une telle retombée. Te flageller ne changera rien. Ça ne pourra que vous faire du mal… à tous les deux. Vous êtes trop proches et précieuses l’une pour l’autre pour laisser une histoire pareille te polluer l’esprit.

Je suis si bien ici : alcool, soirée, discussion... J’apprends à connaître une personne que j’adore. Je savais dès la première fois que je l’ai vu qu’elle serait ma grande amie. On était faites pour se rencontrer. Je le sens ! Elle est super. J’ai trouvé une amie qui me va à ravir. J’en avais besoin ça tombe à pic. Je me sens seule. Ma best ne me parle plus. Elle est une vraie bénédiction cette nana.

- Tu es adorable, dis-moi tout. Je l’écoute. Elle est géniale. Je la trouve atypique et touchante à la fois dans ses dires. On sent l’attachement à sa famille. Elle a beaucoup de récit à raconter.

- Je pense que c’est ça la fascination t’a fait arriver à ce choix de carrière. C’est beau, quelle transmission. Moi, elle m’aurait fait flipper je pense. Elle devait être un sacré mentor. La comprendre ? Tu étais drôlement mature ma belle. Je n'étais pas comme elle moi.

- Non ce n’est pas cliché je trouve. C’est bien ça alimente ta passion. C’était une évidence en soi. J’adore. Je me mets à rire. Oui merci, ne me fais pas ça hein. Je serai pas un bon sujet.

On boit pas mal et on parle sans s’arrêter. C’est une soirée qui me plaît. Je fais signe au serveur pour qu’il ramène d’autres boissons. Je vais péter le budget et ça me fait plaisir. Je suis heureuse.

- J’en doute pas et je peux t’aider à te sentir mieux ici, tu as une alliée. Tu es trop chou. Contente de t’avoir rencontré. Oui ça va passer, je suis confiante aussi et tu mérites que tout aille. Je suis tout à fait d’accord avec toi.

On parle de ma Jaimie. Je suis un peu triste. Elle me manque… Ma nouvelle amie semble aimer notre lien et me comprendre quant à mon désarroi. Elle est d’un grand soutien. Je la regarde avec gratitude.

- Je crois et aussi parce que son compagnon est parti… Il l’a laissé tomber. Tu as sûrement raison. J’ai peur qu’elle… replonge. Elle a eu beaucoup de travers par le passé. Je ne veux pas la voir flancher. Je pense que soit elle se morfond soit elle fait n’imp. Je ne réplique pas plus. Je fais "oui" de la tête et la remercie. On verra bien.