Être sage, je tournerai les talons. Être raisonnable, je disséquerai cette situation dans tous les sens praticables et soulèverai un bien sombre diagnostique. Ne pas être Charlize Flores, rien de tout cela serait arrivé ! Mais la vie ne fonctionne pas comme ça et je dois assumer pleinement la connerie que je m’apprête à faire. L’honneur de ma famille repose fragilement sur ce que maigre et riquiqui détail. Je serai folle de m’en passer et mierda on parle de mon grand-frère ici !
À ce sujet, il fabrique quoi ? Ça fait 20 minutes que je l’attends et il ne daigne même pas se montrer le bout du batte. Monsieur est à l’aise à monter sur scène et s’exhiber sans aucune pudeur sous les regards concupiscents de ces vieilles minettes en manque, mais venir me retrouver en toute chasteté sur une bordure d’autoroute d’un coin paumé de la Floride ne semble plus corresponde à ces petits passe-temps. Énervée, j’agrippe pour la mille et unième mon téléphone portable, reluque l’heure, jure entre mes dents grinçantes, plaque l’appareille contre ma joue après avoir signalé le numéro de celui qui m’a fait broyé du noir pendant des années.
- Hola, le conquistador des entres-jambes sèches. Tu fous quoi, bordel ? Ça fait une heure que je t’attends. Si tu ne veux pas que je raconte tout à maman, t’as intérêt à venir me retrouver. Je n’ai pas toute la journée !
Et c’est dans ces moments exacts que je me dis que la Tequila est ma seule meilleure amie sur laquelle je puisse compter. Je sais, je sais : me saouler la gueule en plein cœur du désert, sous un soleil de plomb, alors que le reste de RevealDown bouille dans l’effervescence et la canicule, c’est pas une bonne idée. Pas une bonne idée parce que j’ai pas de sombrero pour me couvrir la tête et que ma tentative de sauvetage risque d’être un échec cuisant. Vous avez vu où je me retrouve ? Tout ce cet endroit appel à un scénario de film d’horreur et je suis persuadée que là-dedans il y a un psychopathe fétichiste des clavicules qui sera prêt à m’étrangler avec les lacets de mes chaussures ! J’ai pas de lacets, mais vous comprenez ce que je veux dire.
Doutant sobrement de la raison précise qui m’a entraîné ici, à petits pas de souri, (même si je suis dehors et que personne ne peut m’entendre), je me rapproche du casse-croute, m’accroupie à l’une des fenêtres et viens épier en catimini la trépidante action qui se déroule à l’intérieure. Le pif retroussé en l’air, les yeux plissés en de fines mirettes attentives, je repère aisément ma cible et le sourire gredin qui me retrousse la commissure des lippes est sans égale !
- C’est ça, patapouf ! Savoure ton petit dej, pendant que tu ne le peux encore…
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Lee Flores
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Sujet: Re: he used to meet me on the eastside. (LEE) Mar 7 Mai 2019 - 14:55
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- CONNARD!!!
Que je m’entends de peine et de misère m’époumoner par-dessus le vacarme assourdissant de ces dix-huit pneus qui raflent le sol terreux avec violence. Je me tiens là, dans ce torrent de poussière, le frêle petit pouce élevé vers les cieux, priant d’être secouru par une âme bienveillante. J’aurais bien dû me douter que le Karma n’en resterait pas là aussi facilement. Si l’on récolte ce que l’on sème, j’ose croire que mon jardin de chiottes commence bien à fleurir sous le doux soleil du printemps! Mon frêle petit pouce élevé vers les cieux se transforme rapidement en grand doigt d’honneur bien fière; maudissant ce sixième camion qui me passe sous la tronche sans même me considérer une seconde. Une crevaison. Une crevaison en plein milieu de nulle part. Je te jure Karma, je t’emmerde bien royalement.
- HEY, TOI!
Que j’entends grogner au loin. Meuuh. Ce n’est qu’à ce moment que je réalise que ce gigantesque camion que j’envoie si glorieusement promener s’est arrêté sur le rebord de la route. Un homme, faisant facilement trois fois ma grandeur s’avance vers moi... Bandana au front, la chemise de cuirette sans manche grande ouverte sur son torse bedonnant et poilu; j’en viens à voir fleurir et faner sous mes yeux ce magnifique doigt d’honneur qui poussait avec fierté dans ma main. Ça y est... Karma y a mis le paquet. Je vais mourir sous le canif rouillé de ce vieux chauffard de route. Mi dio. Pobre dio. Assurez vous que mon joli visage soit reconnaissable. Faites-moi de merveilleuses et élogieuses obsèques. Et mi dio, pobre dio. Je t’en prie, faites que ma douce Mama ne fasse pas de crise d’hystérie en apprenant la mort tragique de son petit Leeboubou d’amour (ouais je sais, mais on choisit pas nos surnoms familiaux, que voulez-vous.)
***
- Encore une fois! S’il te plait, une dernière fois.
Je crois que le décor aurait passé plus vite si j’avais fait le trajet à la marche… Je vous présente Bob Bissonnette. Ou Big Bob B. comme il aime que ses intimes l’appel. Pas besoin de vous dire que je fais déjà parti de ce dernier groupe de privilégier. Chanceux, va! Big Bob B. est camionneur depuis 27 ans. Traverse les États-Unis en sa grandeur pour desservi le pays en croquettes de poulet congelées. Il est divorcé depuis 7 ans. Vit la vie de nomade. A 3 enfants dont deux illégitimes. Il adore le country. Les films de cow-boy et la bière tablette. Oh et j’ai oublié de vous dire, il est aussi le fan #1 (et surement le seul) de Sans Frontière au Grand Gallot 2, un film de série B, qui aurait pu être classé bien plus loin dans l’alphabète, et pour lequel j’ai fait la tête d’affiche….
- Tu vois ce lasso Pedro? C’est autour de ton petit cou qu’il va finir!
Réplique que je me vois répéter machinalement pour la énième fois.
- Bordel, le grand Lee Flores! Je peux pas croire que je t’ai ramassé sur le bord de la route comme ça!
Et ouais, comme la vermine, le Lee Flores dans son habit naturel, aime trainer tel une carcasse sans espoir sur les rebords de routes dans l’espoir éphémère de rejoindre les siens. Le Flores a un grand attachement à sa meute et cherche activement à complaire ses frères et sœurs. Charlize, je te jure tu m’en dois toute une si je sors en vie de ce périple grotesque.
- On y est! Sweet Patatoe! LE SWEET PATATOE! C’EST LÀ QUE JE DOIS DÉBARQUER!
Big Bob B. bien que déçu, ralentit son dix-huit roues à la hauteur du casse-croûte. C’est donc bras dessus et bras dessous, le cou bien trempé sous les aisselles suintantes de notre cher camionneur que je m’approche du restaurant, repérant assez aisément ma petite sœur, … accroupie sous une fenêtre entachée de plaque de gras du Sweet Patatoe … ???
- CHARLIZE!!!
Big Bob B resserre son emprise, complètement exalté et euphorique à l’idée de rencontrer la famille de sa vedette préférée.
- Charlize? Moi c’est Bob Bissonnette. Mais appelle-moi Big Bob B, je t’en prie! Répond-il extatique, le clin d’œil aux paupières et la patte bien fermement pointée de l’avant pour lui serrer la pince.
- Vous pouvez convaincre votre frère de signer mon jeans avant de partir vous croyez?
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Sujet: Re: he used to meet me on the eastside. (LEE) Jeu 16 Mai 2019 - 10:03
Accroupie sous la crasseuse fenêtre, je poursuis toujours ma petite séance d’observation/espionnage, reluquant l’activité matinale qui fermente à l’intérieure du fast-food, comme si je regardais l’aberrant documentaire du genre humain étudié dans son habitat le plus naturel et cyclique. La clientèle siégeant aux tables se résume à une poignée de camionneurs obèses ou des motards tout de cuir vêtu, affichant l’air bourru de ceux qui n’assument pas leurs âges et essaient de duper la plèbe avec barbiche de chèvre argentée et sombre teinture engluée dans leurs crinières gominées. Durant mon étude, j’en viens à me demander laquelle de ces deux catégories correspond le mieux au cliché de l’Américain gourmand, démesuré et patriotique ? Question piège et qui ne trouve pas sa réponse. C’est comme se demander qui remporterait la bataille entre un ours ou un requin ?! Ça fait des années que je me penche sur la devinette et pas un seul fait n’est venu trancher mon choix ! Oh, dulce jesus ! Oh, mi cielo ! Quand je commence à me perdre dans de pareilles réflexions, c’est qu’il est temps que l’action survienne et m’extirpe de la placide sérénité.
- CHARLIZE!!!
Sa voix est le clairon sonné et qui carillonne avec enthousiasme aux portes de ma conscience qui tout grand s’ouvrent. J’ai encore sur le cœur le caillot de sa ponctualité négligée, j’accepte pas son retard, j’accepte pas qu’il m’est laissé poireauté là comme un vulgaire déchet au bord de la route… même si tout ce cirque et la future boutade vient de mon propre chef et que mon dulce Juice/Lee/frère n’est que malheureux guignol dans ma propagande. Bref, je me relève et fais volteface sur…
- Moi c’est Bob Bissonnette. Mais appelle-moi Big Bob B, je t’en prie!
Je me vois contrainte de ravaler les jérémiades que j’étais sur le point de balancer à mon frère, mes lippes d’ailleurs figées dans leurs mouvements et restant pincées à l’effigie d’un bisou tout à fait incongru alors que mes prunelles enténébrées comme l’onyx biglent par trois fois sur l’image qui se tient devant moi. Le gros bras flasque -et couleur corail pour avoir été trop longtemps exposé sous le soleil- dudit Big But B (?) est fièrement enroulé autour du cou de mon frangin tout pelotonné contre le flanc suintant de ce camionneur à la mine trop souriante et trop sympathique et trop fraternelle pour moi qui désespère les contacts vivants. Si j’en viens encore à me demander ce que cette grasse caricature de The Rolling Stones branle là et ici avec mon frère, les réponses ne tardent à briller alors que Big Boobies B…euh… Boobies B Big... ? me souffle avec concupiscence son fantasme le plus exalté.
Ce bouffon a vu Sans Frontière au Grand Gallot 2, j’en mettrais mon bras complet au feu et mon visage tordu par le dégoût se rehausse gracieusement en un gargantuesque sourire espiègle qui très rapidement devient un rire trop franc, trop moqueur et trop gras.
- Él quiere una ortografía ... de ti ?! El miro Frontière au Grand Gallot… Dos ?! Y eso le gustó ?! HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !!!! Es hilarante, Lee ! HAHAHAHAHAHAHAHAHA !!!
J’en rigole si fort, si sincèrement, que j’en viens à rire du nez et comme un cochon. Je connais l’aversion et la honte que mon frère peut avoir sur ce sujet.
- Yyyyy eso le guuuuuustó ?! Onomatopé de grognement de cochon à imaginer ici, parce que c’est difficile à écrire pour la joueuse empotée derrière.
Du dos de ma main, j’essuie mes grosses larmes de crocodile joyeux et tends sous le pif de mon frangin un beau crayon permanant. (Qui pour des questions d’hygiène, on ne mentionnera pas où je l’avais caché, puisque j’ai pas de sac à main. Hum).
- Écoutez, très cher, Big Booboudibig Boobies, mon frère se fera un plaisir de vous dédicacer votre pantalon. S’il y a bien une chose qu’il adore accorder, c’est de signer son orthographe sur la fesse gauche de ses fans. Alors considérez que c’est votre jour de chance !
Sourire gredin et battement de cils de petite pouf’ charmante et invétérée. Ça, c’est pour me venger de son retard… le fruit de notre rendez-vous ici peut patienter encore peu…
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Sujet: Re: he used to meet me on the eastside. (LEE) Lun 30 Sep 2019 - 18:54
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Oh puta! Ce ton. Ce ton de mierda qui m’égratigne les tympans et fait frissonner mon derme d’une amer aisance. Ce petit ton sarcastique qui lui sert de signature, elle le possède depuis qu’elle n’est pas plus haute que trois pommes! Mi dio, Charlize. Tu n’as pas changé; petit démon aux allures volés des anges! Je me perds un instant à contempler les traits de ton visage, ceux que je me suis perdu à imaginer sous mes yeux fatigués un nombre incalculable de fois. Ceux que j’ai craints oublier si souvent et qui pourtant se dessinaient presque trop facilement au travers mon esprit englué dans l’acide de mes soirées que je disais « festives ». Pffff, festivité mon cul, de simples croyances relevant autant du déni que de la stupidité, oui! Parce qu’il n’y avait bien rien de festif dans ces soirées à empoisonner mon sang, à assombrir mon esprit et noircir mes pensées à l’image de mon cœur macéré par les échecs. Charlize, ma douce Charlize. Tu m’as manqué… - Oh toi, je te jure, je pourrais t’arracher la tête tant je t’aime, hermana…!
Que je me vois grimacer à la si douce et accaparante proposition de ma soeurette infernale. Et il est déjà bien trop tard, je vois déjà sourdre aux yeux brillant de milles feux du cher Big Bobby B le bonheur ultime de se voir signer la raie par sa célébrité préférée… Mierda! Et c’est le cas de la dire…
Heureux comme un paon, Big Bobby B, s’affaire déjà à détacher la boucle de sa ceinture pour mieux descendre sa fermeture éclair. Et Puta… Mon visage se fige peu à peu dans une moue qui se veut rassurante et décontractée tandis que les fissures d’un traumatisme grisant se dessinent tranquillement en arrière-plan, un merci tout spécial à ma soeurette adorée. Dans un ralenti presque abrutissant, je vois se déplier tous ses poils bien fiers qui voient enfin la lumière du jour au fur et à mesure que ses vieux boxers jadis blancs descendent le long de ses hanches. Je vous jure, de quoi me faire sentir pré-pubère avec ma barbe qui peine à rejoindre ma moustache et qui est clairsemé de trous infertiles à la pilosité de l’homme viril.
- Ça y est! J’y vais, je me lance…
Que je m’entends marmonner, davantage pour ma propre motivation que pour mes comparses. Et la descente s’amorce. Mon nez passant tel une carte de crédit en plein paiement entre ses deux fesses bien velues. Mon corps s’effondrant à genoux, léguant officiellement ma dernière once d’amour propre à qui bon la voudra. Et c’est dans ces moments bien précis qu’on se demande ce qu’on a fait de mal, qu’est ce qui a bien pu nous mené là, qu'elle était le point de non-retour... Dans le cas présent, honnêtement? Pas claire claire encore!
D’une main sûre d’elle, je saisis le flanc de cette fesse dans une prise qui se veut ferme et en contrôle. Je ravale ce reflux de bile qui me remonte au contact moite de cette peau ponctué de quelques furoncles conviviales. Et mes amis, j’y appose la plus belle et artistique des signatures, de quoi immortaliser sur le Walk of Fame d'Hollywood j’vous dis! Je me relève. Fier de mon œuvre. Sourire carnassier aux lèvres. Et m'approche rapidement de ma douce frangine d’amour.
- Charlize, Mi hermana d’amour! Quelle douce attention de partager mes petits plaisirs avec mes meilleurs fans!
Et pour marquer toute cette amour, j’appose ma paume encore trempe des jus de notre cher Big Bobby B. contre la douce pommette de ma soeur. D’un mouvement qui se veut emplie de bonté et d’affection je lui flatte la joue sans ménagement. - Qu’est-ce que je ferais sans toi Charlize?!
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Sujet: Re: he used to meet me on the eastside. (LEE) Lun 14 Oct 2019 - 10:04
Bon. Bon. Bon. Le moment est venu. C’est l’heure. L’instant fatidique où le karma le plus instantané s’abat sur moi et me ramène d’un prodigieux crochet du droit ma connerie. Coup douloureux à encaisser alors que ma dignité s’écroule plus bas que terre. Et avec le calvaire que traverse présentement mon frère, croyez-moi, j’étais loin de me douter que j’allais également être victime de ma sombre et répugnante connerie. Mes actes se retournent contre moi et je ne suis pas mentalement préparée pour un tel choc !
À voir l’horreur qui se délie sinistrement, j’en viens à comprendre pourquoi est-ce qu’au niveau de ces comtés, le soleil n’y brille jamais. Par le biais de ma profession, j’en aie vu passer des épouvantes et laideurs. Mais absolument rien ne peut se comparer à ça ! C’est d’un blanc laiteux à faire peur ! C’est à ce point si velu, qu’on ne peut s’empêcher de croire que c’est vivant ou qu’il cache dans son froc un pauvre et malheureux yorkshire ! C’est si humide et suintant d’humidité, que cela pourrait aisément servir de refuge à la faune amazonienne (ce qui après mûre réflexion expliquerait la présence dudit yorkshire qu’il se cache dans le froc). Et ce cratère, oh, cielos, ce cratère ! Le Kraken est relâché et on ne plus rien faire pour y échapper ! Il faut avorter cette mission suicide ! Il faut larguer les amarres et s’enfuir loin d’ici ! Et pourquoi, mierda, pourquoi, j’ai l’impression qu’on se retrouve dans l’une des réalisations de Bong Joon-ho ?! Est-ce à cause des effets du slow motion et du matérialisme de notre drame ? À n’en point douter, c’est ça !
Prisonniers du temps, mon frère et moi se transformons en canard. En surface, nous avons l’air paisible, complètement à l’aise, toutefois, sous l’eau, nos malheureuses petites pattes palmées ont le devoir de bouger sans arrêt, pour nous empêcher de couler, alors que Big Booboudibig Boobies s’exhibe le trou de balle impunément et je crois même y voir briller dans le creux de sa pupille une petite lueur concupiscente. Raie exposée, (bientôt autographiée par la main de son idole), j’ai envie de hurler, d’agripper mon frère par le bras et de le supplier de ne pas faire ça. Mais imperméable à ces pleurnicheries que j’essaie de lui communiquer par le biais de notre lien télépathie absent, mon frère immolé fléchit les rotules, empoigne le gras de la fesse gauche et signe le derme avec la grâce de Picasso. En retrait, j’essaie de leur paraître désinvolte et parfaitement cool, tandis que mon fort intérieur scande un mea culpa digne de la plus larmoyante des femmes de ménage.
Et mon cher frère adoré se redresse, tout sourire et tout fier de son œuvre. Et mon cher frère adoré se rapproche de moi, tout tendre et le cœur gonflé de bonnes intentions à mon égard. Sa main à jamais souillée qui doucement se lève à la hauteur de ma figure, mes yeux ne pouvant s’empêcher de loucher sur la paluche et de la reluquer comme s’il me présentait sous le pif un siphon à chiotte.
Le contact de sa paume poisseuse sur ma joue, la sensation de ces fluides corporelles qui sillonnent sur ma pommette, au gré de la douce caresse qu’il esquisse, tout ça, à jamais, Enfer et Damnation, imprégné dans ma mémoire alors qu’à l’intérieur je deviens un redoutable cataclysme. Pompéi. L'Antiquité. L’extinction des dinosaures. Hiroshima. Le succès mondial de la famille Kardashian. Toutes, absolument toutes les plaies de la planète, en moi, à cet instant précis, elles siègent alors que je subis la vengeance de mon cher frère adoré avec le peu de crédibilité qu’il me reste :
- Oh, hermano, c’est trop pour moi. Beaucoup trop pour moi. Oh, hermano, tu n’aurais pas dû !
Sourire alors qu’on a envie de pleurer ? Cela relève d’un exploit olympien, mais j’y parviens, essayant de me séparer de la main de mon cher frère adoré sans avoir l’air trop dégouté et cachant surtout mon envie de me liquéfier sur place. D’une poigne qui se veut ferme, autoritaire, castratrice, mais d’apparence saine, douce et gentille, j’agrippe mon cher frère par le col et amorce le pas salutaire vers ce satané fast-food.
- Aller, Big Boobies, le moment est venu de reprendre nos chemins respectifs. Vous avez une logue route à faire, je présume ?
Le gros dégueulasse nous contemple avec la mine déconfite qui me fait redouter le pire :
- Noonn. La route peut attendre encore un peu. Vous allez manger un morceau ? Vous me semblez être une famille unie et je dois vous avouer que cela me réchauffe le cœur. Vous êtes une source d’inspiration pour nous tous !
Qu’il nous gueule, nous suivant à petits trots derrière, tandis que je traîne mon frère vers l’entrée du restaurant et que je lui murmure à lui seul :
- Lee, seigneur, mais fais quelque chose ! Sépare-nous de ce pot de colle !
Je n'attends qu'une chose : c'est d'aller dans les toilettes pour me laver la face !
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Sujet: Re: he used to meet me on the eastside. (LEE) Dim 8 Déc 2019 - 20:34
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Oh si! Oh si si! Los amigos, cette poigne, douce en surface et castratrice en profondeur, est le plus grand et riche héritage des Flores! Une tradition transmise de femme en femme, de génération en génération dans la famille! Tel les serres d’un aigle, je sens les ongles de ma douce Charlize se resserrer contre le collet de mon t-shirt. Je connais que trop bien ce regard sombre qui veut dire que la plaisanterie a assez durée, le seul hic chère frangine c’est que je n’ai absolument plus aucun contrôle sur ladite plaisanterie sur deux pattes qui me regarde ardemment avec des étoiles dans les yeux. Je lui retourne donc mon plus beau regard de mexicain innocent; celui qui crie : « Hehe, no lo se! ». Je hausse donc des épaules en suivant tout bonnement ma sœur à l’intérieur, Big Bobby B fermant la marche au trot derrière. Aussitôt entré à l’intérieur du casse-croûte, je suis accueilli par une lourde vapeur de steamé all-dressed tellement humide que je peux voir la pointe de mes cheveux en bataille frisée sous mes yeux : ah, le Sweet Patatoe, l’Antre de la frite sauce et du gras!
- Hey Bigs’, tu peux nous commander une pointe de tarte à l’érable?
Que je lance de mon air qui se veut le plus complice tandis que mon coude vient s’encastrer dans le bourrelet bien gras de mon comparse de circonstance pour accentuer toute cette connivence forcée. Elle adore les tartes à l’érable, elle a toujours adoré les tartes à l’érable. Sans même en attendre la réponse ni même lui jeter un dernier regard, je lui tourne le dos alors que mes pieds me mènent machinalement derrière les talons endiablés de ma sœur qui esquisse son chemin jusqu’aux toilettes. La regardant se ruer à la pompe à savon pour se faire une petite séance de purification, je me soulève d’un bon contre le comptoir du lavabo, déposant mon joli petit derrière de mexicain paresseux contre le vieux vinyle du meuble, bien encastré entre les deux seuls lavabos de la salle de bain défraîchie.
- Alors hermana, tu vas bien finir par m’expliquer ce qu’on vient foutre ici?
- AHHHH!!!
Petit cri strident. Petit cri strident?! Et quoi encore bordel?!
De nulle part – baon, en fait tout droit sortie d’une des cabines de toilettes – sort une femme dans la cinquantaine avancée braquant bien droit son téléphone cellulaire en ma direction.
- C’EST UNE TOILETTE POUR FEMMES VIEUX PORC!!! J’AI TOUJOURS SU QUE VOUS ÉTIEZ UN VIEUX PORC!!!!!
Que rugit la vieille mal baisée.
- ET ÇA S’EN VA DIRECTEMENT SUR LES MÉDIAS SOCIAUX! VOUS AVEZ BIEN ENTENDU??
Avec toute ma gaité, je lui dresse mon plus beau sourire.
- On peut la reprendre de ce côté, dis? C’est pas mon bon profil…!
Que je lance avec nonchalance. La dame, hoquetant de mépris quitte rapidement la salle, maugréant dans sa barbe tout une ribambelle d’injures. Mes yeux, éperdus, se retourne de nouveau vers Charlize lui donnant à nouveau mon meilleur air hébété de mexicain innocent.
Eh. Haussement d'épaules.
- Entonces. J’ose croire que tu ne m’as pas fait venir jusqu’ici pour partir des rumeurs de voyeurisme. Alors on fout quoi ici frangine?
Et c'est quoi de toute manière cette journée de mierda?!?!
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Sujet: Re: he used to meet me on the eastside. (LEE) Jeu 12 Déc 2019 - 16:58
Oh, cielo ! L’odeur de friture, elle fouette et décape les narines, ici dedans ! Croire aux choses qu’on ne voit pas, j’suis certaine que par le simple fait de respirer cet air gras, imprégné de sueur et d’huile, j’ai au moins pris 10 kilos et je ressortirais de ce fast-food avec une culotte de cheval ! Je ne vous parle même pas de mon cuir chevelu, qui je le sens très bien perd de son adorable volume et me donne des allures de chiwawa mouillé ! Sans songer à la pureté de mes pores de peau… je peux sentir poindre sur le bout de mon pif, l’escadron de points noirs et les bourgeons écarlates de l’acné. Oh, cielo, mais qu’ai-je fais, pour mériter un destin aussi tragique et cruel ?! J’ai été bouboule tout le long de mon adolescence et je paie une fortune en produits cosmétiques, pour arborer minois aussi poli et immaculé ! Oh, cielo !
Les chiottes. Je dois absolument les trouver. Quelles soient pour dames, pour hommes, j’suis pas difficile et prendrais même la plus sombre et crade des salles de bain. En autant que je puisse me purifier et l’âme et la figure ! La sueur de Big machin, je les sens me brûler les chairs comme de l’acide et j’ai impérativement besoin de me laver avant que je choppe la chaude pisse ou pire… devienne hétéro !
Les larmes me montent aux yeux, yeux qui veloutés de détresse, cherchent avec désespérance, le panneau magique qui exorcisera tout mes maux ! Un souffle de vie soudain me badigeonne, me gonfle le cœur, lorsqu’enfin je l’aperçois et ricoche illico vers les salles de bain pour madames. Jamais un dessin de bonhomme allumette avec jupette ne m’aura aussi fait plaisir à voir, slalomant entre les tables, sans même prêter attention à ce que manigance mon frère dans mon dos, surtout trop engluée dans ma peine, pour ricocher un crochet du droit à ce gros crânios de motard, qui me pince une fesse et me demande d’une voix gredine une autre pelletée de patate douce avec son cheeseburger. J’ai tout juste le temps de le fusiller d’un regard qui veut clairement dire en sous-titre : j’ai la tronche d’unes serveuse, peut-être ?! que ma main tremblante se plaque contre la porte, qui jsouvre à grandes volées, pour y disparaître de l’autre côté, et finalement aller enfouir ma figure dans le fond du lavabo. D’une main, j’ouvre à pleine puissance le jet d’eau, alors que l’autre astique le bouton de la pompe à savon, comme jamais encore je n’avais astiqué quelque bouton que ce soit. L’oreille en alerte, j’entends la porte qui s’ouvre, le bruit ouaté d’un séant mexicain qui confortablement se tire une bûche sur le comptoir… lorsque la voix de mon détestable frère résonne contre les murs, je ne peux m’empêcher de rouler des yeux, mais puisque j’ai la tête sous l’eau, c’est aussi inutile que douloureux !
Merdia ! Parler la bouche pleine d’eau, c’est aussi une très mauvaise idée. Énervée, presque noyée, je me redresse l’échine, la figure dégoulinante, je pointe un index accusateur vers le sternum de mon frère, mais avant que je ne puisse lui hurler quoique ce soit dessus, un cri strident retentit alors qu’une dame avec portable en main s’extirpe d’une des cabines. Figée de surprise, j’observe cette scène ridicule et ne peux m’empêcher d’exhorter un fulminant :
- Hey, la prude, ce sont des toilettes mixtes ! Tu sais pas lire une affiche de bonhomme allumette avec cravate et jupette ?! Fais gaffes aussi à tes paroles, c’est de mon frère que tu parles ! Il n’est pas vieux et pas porc ! C’est celui qui le dit, celui qui l’est !
Mais la prude offusquée détale déjà au loin alors que mes sombres prunelles se posent avec amour et haine sur frangin. Il m’exaspère peut-être, me frustre au plus haut des niveaux, mais il reste que c’est mon frère et que je n’accepterai jamais qu’on l’insulte !
- Et à l’avenir, apprends à te servir de ton mobile comme bon il se doit : quand un truc louche se produit, appelles les flics à l’opposer de filmer ! L’opinion publique n’a jamais servie à rien de toute manière !
Une bouteille à la mer, je le sais, mais j’ai besoin de me défouler et après m’avoir essuyé la face avec un linge en papier, mon attention est déjà toute droite portée sur frangin. Sourire sournois, pommettes rougies d’hésitation savoureuse et de malice, je lui darde un clin d’œil avant de m’approcher de la porte.
- Chaque chose en son temps, hermano. En fait, non, j’en peux plus d’attendre. Allez, approche toi, viens voir un peu qui se cache de l’autre côté de cette porte et qui est présentement en train de savourer une bonne fritte sauce bien grasse !
Pour appuyer ma devinette, j’ouvre un seuil suffisamment assez grand, pour nos mirettes et nos truffes.
- Tada !! Je te présente Hercules Gontran Chicoine… ce gars, c’est le mari de la grosse mal baisée qui s’avère être la plus fidèle groupie de monsieur Juice… t’aurais envie d’aller lui passer le bonjour ?!
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Sujet: Re: he used to meet me on the eastside. (LEE) Lun 13 Avr 2020 - 21:51
All we do is chase the day
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- Un numéro 3, changer la frite pour une rondelle d’oignons. Pour emporter. Et il faudrait envoyer un busboy dans les chiottes, il parait qu’il y a encore un de ces pervers qui fou les jetons à nos clientes. Oh et, qu’il apporte le spray à ours, on ne sait jamais avec ces freaks des toilettes, ça a mal viré la dernière fois!
Que l’on entend presque distinctement dans le micro grinchant du Sweet Patato. Du comptoir de service, l’on aperçoit à peine deux jolis petits minois mexicains superposés qui dépassent timidement de la porte de la salle de bain. Je vous assure, on jurerait une affiche publicitaire cucul pour une nouvelle comédie romantique – et pourtant assurément meilleur que mes derniers "succès" du grand écran. Suite à l'introduction de ma sœurette, mes billes onyx valsent langoureusement entre le monsieur avec son sac banane qui s’englouti avidement une frite sauce et ma tendre frangine aux faciès un brin diablotin.
- Hercule Grontan Chicoine…
Que je m’entends répéter instinctivement à voix basse. Il me prend encore quelques furtifs aller-retours visuels afin de confirmer l’idée satanique de ma sœur. - Tu plaisantes là j’espère Charlize! Non. C’est non! Tu ne vas pas nous mettre encore dans un de ces pétrins de mierda qui aboutis à tout coup avec mon popotin latin sur la ligne de mire pendant que tu t’en sors avec à peine une égratignure! Je la connais que trop bien notre ---
Ma voix s’enraille quand je comprends enfin qui j’ai sous les yeux; l’époux de l’habituée de la table 4… – bah ouais, j’ai jamais pris la peine d’apprendre son nom entre deux coups de bassin, que voulez-vous, j’ai plein d’autres belles qualités je vous jure! - Bordel, Charlize!
Que je peste en me rétractant du cadre de porte tout comme je me rétracte de ce foutoir dans lequel ma douce hermana veut que je plonge la tête bien basse. Mon regard s’embrume d’un étrange voile grisâtre tandis que mes pommettes s’empourprent d’une triste vilénie. - Mierda. À quoi tu penses Charlize?! J’ai pas ce beau boulot doré et respecté comme le tien, moi! Je suis pas un génie, premier de classe qui a fait sa médecin avec un doigt dans le nez! Ce mec, Hercule-je-sais-pas-quoi, et bien c’est sa triste vie de couple qui me permet de vivre de peine et de misère. Si ce n’était pas de toi Charlize, mon salaire me permettrait à peine de vivre ailleurs que dans une piquerie. C’est cette "grosse mal baisée" comme tu dis, qui est ma principale source de revenu… Si ce Hercule-truc-muche pouvait dévorer sa femme comme il dévore sa frite sauce je serais pas mieux que dans la rue…
Mes yeux cherchent désespérément un repère rassurant dans ce décor fort peut charmant que sont les toilettes semi-mixtes du Sweet Patato. Perdu dans mon torrent de pensées, j’entends à peine le petit cognement timide contre la porte de la salle de bain.
- Toc toc. Euhm. C’est que la tarte commence à refroidir Lee.
Big Bob B. Hercule-machin-chouette. La dodue de la table 4. Le pervers des chiottes. Bordel mais c’est quoi ce foutoir? On jurerait une mauvaise pièce de théatre - encore une fois surement meilleur que mes "succès" du grand écran...- - J’interrompe rien j’espère, hein Lee?! Que relance notre camionneur favori.
Est-ce qu'on peut me commander la fermeture du rideau rouge s'il vous plait? Je vous en prie.
nothing's gonna change my world
Charlize Flores
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Sujet: Re: he used to meet me on the eastside. (LEE) Ven 17 Avr 2020 - 14:09
Afirmativa. À mes heures, même si je peux me lever du bon pied, je peux m’avérer être une redoutable connasse… pour ne pas dire douillette, pour ne pas insinuer princesa et pour ainsi dire ne jamais sous-entendre que le monde entier me doit tout. La crise du bacon parterre, en plein centre commerciale, parce que notre madone de mère mexichrétienne me refusait la collection complète des Polly Pocket ou plus grave encore parce que mon Tamagotchi clamsait ? Croyez-moi, je l’ai fait et sinon pire. Sanguine, récalcitrante, bornée, névrosée, j’suis un putain de Chihuahua hystérique qui ne lâche jamais son osselet ou sa croquette une fois les quenottes misent dessus. Mon osselet du jour ? Afirmativa, qu’il s’agit de mon tendre et doux hermano ! Je veux lui sortir la grande voile, lui faire changer de cap, le faire glisser sous le vent et voguer au salut de bien meilleurs horizons ! Déjà qu’il m’a fallut près d’une décennie complète pour digérer le fait qu’il nous avait lâchement abandonnées, ma mère et moi, pour aller conquérir son grand rêve de venir l’America's Next Top Model de sa génération, pour finalement suivre sa carrière dans les revues à potins et voir la trajectoire de son étoile (plus filante que montante) venir s’échouer dans un métier de pseudo acteur à deux balles entraperçu dans les films de séries B… et découvrir… (DANS LE PLUS PERTURBANT DES HASARDS) que mon sang et ma chair se prostitue pour arrondir ses fins de mois ?! Oh, cielo, je ne sais pas pour vous, les chicas, mais je juge légitime qu’à quelque part dans tout ce fratas, mon abnégation cède et que ma mauvaise humeur précède ! C’est mon frère, nom de Dieu ! Le savoir embourbé dans une telle misère, sans rien que je ne puisse faire, ça me rend dingue et complètement hors de moi ! Il aurait pu m’appeler, me donner de ses nouvelles, solliciter mon aide, mais trop orgueilleux et emo… il a préféré se la jouer loup solitaire et ô diantre mais pourquoi moi la vie !? Son petit métier undercover ? Non. Je refuse. Il vaut mieux que ça. Il vaut vachement mieux que ça. Si mon petit speech de coach de vie de la dernière fois ne lui a pas encastré du plomb dans la tête… alors aux grands mots les grands moyens et à la guerre comme à la guerre !
- Un numéro 3, changer la frite pour une rondelle d’oignons. Pour emporter. Et il faudrait envoyer un busboy dans les chiottes, il parait qu’il y a encore un de ces pervers qui fou les jetons à nos clientes. Oh et, qu’il apporte le spray à ours, on ne sait jamais avec ces freaks des toilettes, ça a mal viré la dernière fois!
Nos deux minois de latinos à catimini visibles en l’embrasure de la porte, si distinctement l’annonce recrachée depuis la voie des ondes flotte jusqu’à mes oreilles et ne manque pas de me faire grands écarquiller les mirettes. Du spray à ours !? Oh, Cielo, c’est qu’ils ne rigolent pas, ces floridiens ! Mes petites menottes moulées contre le pan de la porte des chiottes empoignent avec moins d’assurance le pan de ladite porte, déglutissant de travers et humant déjà le léger fumet d’eau de boudin qui soudainement se plane dans l’atmosphère. Du coin de l’œil, je vois le visage ombrageux de mon frère quitter de mon champ de vision, comme le ferait un sinistre et sombre présage au cœur d’une nature sauvage et hostile. La pluie de vilenie ne tarde à pleuvoir sur ma nuque, faisant dégringoler sur mon échine, les amers et furieux frissons alors que je me redresse et fais volteface à ses enténébrés fielleuses et venimeuses qui plongent en les miennes pour mieux encore laisser brûler sur les brasiers de mon palpitant tout le magma de son poison.
Tu aurais dû m’appeler, Lee. J’aurais pu t’aider. Pourquoi tu ne l’as pas fait ?! Pourquoi ?!
De mon pouce et index, à un bon trois décimètres de ses lippes endiablées, je fais mine de les lui pincer entre mes doigts, pour une bonne fois pour toute lui intimer le silence alors que mon regard cloué au sien je lui vomis tout son venin… à noter que se disputer en murmurant, c’est rien de digne et crédible :
- Maldita sea, Lee ! C’est bon, t’as finis avec tes violons et tes apitoiements ?! J’fais pas partie de ton prestigieux fan club alors crois moi que c’est pas avec cette minable prestation de vie d’Artiste tourmenté et torturé que tu vas m’avoir ! Ce beau boulot doré et respecté, n’importe quand, de jour comme de nuit, il aurait pu t’aider et te rendre service ! Un coup de fil, un putain de mierda de coup de fil, Lee ! T’aurais pu outrepasser ton orgueil, ta fierté à deux sous, me lâcher ce putain de coup de fil et ta vie de peine et de misère aurait pu changer… au mieux encore t’être évité ! Tu veux savoir ce que je pense ?
Sidérée, médusée, rouge de colère, mon pouce s’enfourne dans le creux de mon poing dangereusement compacté alors que mon index accusateur se dresse sous son pif comme s’il s’agissait d’un glaive auguste :
- J’crois pas que tu veux t’en sortir. J’crois même que cette vie de chat de gouttière, elle te plaît et galvanise ! Jouer les putains de macadams ? T’aimes ça, parce que l’avarice, la gourmandise, la gloire, la luxure, ça te valorisent et te ramènent à ces belles années où tu avais le Monde à tes pieds. Tu vis dans une putain de fantaisie, hermano… et t’assumes pas que ton heure de gloire a passée. Tu ne veux pas qu’elle passe. C’est pas le salaire que tu mendies, mais les feelings grisants et bandants que te procurent ces mirettes et projecteurs braqués sur toi !
Et moi, la conne, à en crever, je me fais un sang d’encre pour lui !?
- Bastardo… tu n’es qu’un bastardo.
Pourquoi tu ne m’as pas appelé, Lee ?! Pourquoi ?
Et comme pour venir détendre cette tendue atmosphère de corde de string, la voix de notre camionneur non favori se fait entendre de l’autre côté de la porte, sans pour autant me ramener les pieds sur Terre. Comme la dernière fois, devant lui, devant mon frère, je suis trop sidérée et démunie. Écoutant cette voix chétive et suppliante qui recherche l’approbation de son Dieu honoré et glorifié, l’ironie doucement se peint sur le bronze de mes traits alors qu’un sourire hagard paresseusement étire la commissure de mes lippes :
- Tu n’interromps absolument rien, Big Boobies Bob. À tout dire, j’étais sur le point de m’en aller et te laisser avec ton héro.
À ces paroles, je me rapproche de mon frère, lui agrippe le poignet de mes mains tremblotantes, me hisse sur la pointe des pieds pour sirupeuse-ment lui murmurer à l’oreille :
- Bonne et belle descente aux enfers, mon cher frère. N’oublies surtout pas de sourire à la caméra.
Et je quitte les chiottes de la même manière que j’y suis rentrée et c’est-à-dire ; furax, désespérée, triste et complètement dépouillée. Avant de sortir de ce crade casse-croute, je croise dans mon flou sillage le fameux busboy, armé de sa bombonne luciférienne.
- Le pervers est toujours aux toilettes. Ne vous fiez pas aux apparences, c’est pas celui qui porte la petite moustache de pédo sous un nez de latino qui l’est, mais l’autre caucasien déguisé en cracra camionneur…
Et la tombée de rideau peut enfin être commandé…
THE END sujet terminé & clôturé.
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Sujet: Re: he used to meet me on the eastside. (LEE)