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Un dernier coup d’œil à mon miroir me permit de vérifier que ma mise était parfaite. J’étais rarement aussi impeccable, sauf en de rares occasions d’importance. Non pas que j’étais négligé, mes parents et mes domestiques s’assuraient que je ne fasse pas honte à la famille, mais je n’étais pas du genre à m’inquiéter de mon allure, et à préférer les vêtements confortables. Cette fois-ci pourtant, même moi je me souciais de mon apparence, voulant donner la meilleure impression possible à mon futur fiancé. Enfin possible futur fiancé. Après tout rien n’était écrit dans le marbre, même si personne ne se faisait d’illusions ; à moins d’un faux-pas quelconque, nous étions destiné à nous marier, pour la prospérité de nos familles. Que nous nous connaissions pas n’entrait pas en ligne de compte, ce qui ne me dérangeait pas vraiment. Je n’ignorais pas que nombre de jeunes filles de mon âge rêvait de romantisme, mais ce n’était pas mon cas. Peut-être étais-je trop terre à terre ? Ou alors le trait ambitieux de ma famille ressortait en moi à sa façon. Loin de me soucier d’argent, de pouvoir ou de réputation, je me souciais d’avancer dans le but de ma vie : développer la technologie sur Elvendyr, et en améliorer le mode de vie. Trouver « l’âme-sœur » n’était pas dans mon agenda, et je n’avais donc rien contre faire un mariage d’intérêt. A condition bien sûr que mon futur époux ne me mette pas de bâtons dans les roues quant à mes aspirations. Etait-il susceptible de le faire ? Je n’en avais pas la moindre idée, je ne connaissais que peu de lui : Kingsteen, héritier en devenir d’une des plus grosses compagnies minières du pays. Je supposais qu’il devait avoir une bonne réputation et aucune déviance apparente ou sinon mes parents ne m’auraient pas laissée l’approcher. Encore moins encourager une union avec lui.

Enfin, si union il devait y avoir, ce ne serait pas pour tout de suite. Pour l’instant, il s’agissait seulement d’un premier rendez-vous, destiné à nous permettre d’en apprendre plus l’un sur l’autre. Curieuse de nature, j’avouais que j’avais hâte de découvrir le jeune homme, en dehors bien sûr des maigres informations délivrées par ma famille, et des suppositions. Quel genre de caractère avait-il ? Que pensait-il de mon emploi ? Avait-il des exigences particulières ? Etant du genre à résoudre les problèmes, je n’aimais pas beaucoup les questions qui demeuraient sans réponse trop longtemps, aussi avais-je eu grande hâte de ce rendez-vous. Ce qui ne m’empêchais pas d’être nerveuse. Malgré moi, j’avais tout de même envie de faire bonne impression. Au moins ma tenue était irréprochable. Aussi adressais-je un dernier soupir à la glace, avant de me détourner pour sortir de chez moi. Il ne devait pas tarder à arriver pour me chercher, une demande express de mes parents, mais j’avais obtenu que nous sortions, ne voulant pas avoir mes parents sur le dos. Je sortis donc de ma chambre pour rejoindre le séjour, et passer les dernières minutes d’attente à convaincre mes géniteurs que leur présence n’était pas nécessaire – ce que je parvins à faire, par je ne savais quel miracle. J’étais donc seule quand un domestique fit entrer un homme de grande taille – mes yeux se situaient au niveau de sa poitrine – habillé de manière soigné, aux abords un peu froid que son regard clair n’améliorait pas. Un peu intimidé, je lui souris tout de même, et fis de mon mieux pour faire honneur à mon éducation. « Bonjour Kingsteen, ravi de vous rencontrer. J’espère que vous vous portez bien. Souhaitez-vous un rafraîchissement ? ». Quand bien même nous devions sortir, c’était la moindre des politesses de lui offrir à boire s’il le souhaitait. Et peut-être que cela briserait la glace. Il fallait dire qu’il avait un côté austère qui lui donnait encore plus l’air imposant. Et dire qu’il n’était pas beaucoup plus âgé que moi !

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1868

C'était officiel : Kingsteen allait faire la rencontre de sa future fiancée. Qui était-elle ? Il ne savait pas. Il ne la connaissait que par les "notre fille" énoncés de la part des parents de cette prénommée Tallie. Et vous connaissez l'avis de King sur les rumeurs ? Il ne faut pas en croire un mot. Parce que des rumeurs peuvent ne pas être fondées, parce que nous n'avons pas tous la même vision des choses, et quelqu'un peut paraître adorable aux yeux d'un homme et abominable aux yeux d'un autres. Donc, pour Teeny, ces paroles mêmes échangés avec les géniteurs de cette Tallie ne lui convenait pas, il les ignorait totalement. Partir à un rendez-vous avec une femme, qui deviendra votre épouse, il n'y a rien de pire pour vous faire très vite changer d'avis. Parce qu'il était clair que Tallie n'était pas la "gentille petit femme à attendre bien tranquillement son mari au retour du travail". Non. Et il espérait qu'elle ne le soit pas d'ailleurs.

Ajustant sa coiffure dans le miroir de la salle de bain, son père arriva par la porte entre ouverte et déposa une claque amicale sur l'épaule de son fils. C'était Aeglos qui avait réussi à conclure ce mariage : lier l'énergie minière et l'énergie éolienne était quelque chose de plutôt intéressant, mais King aurait préféré que ce mariage ne soit pas pour lui. Il aurait aimé viser plus haut, toucher d'autres Royaumes mais bon, il ferait avec.
Nouant son bouton de manchette, il s'observa une dernière fois dans le miroir. Il avait troqué son costume noir habituel pour un costume bleu nuit. Pas de cravate cette fois, il avait même détaché les deux premiers boutons de sa chemise. Déjà qu'il avait l'air coincé, il ne fallait pas qu'il le soit aussi dans ses habits n'est-ce pas ?
Après avoir écouté le discours de son paternel sur "comme un homme doit se tenir" - ce qui fit bien rire Teeny qui avait pour père un ange - Kingsteen se décida enfin à partir.

Grimpant dans la calèche, il se demandait ce qui l'attendrait une fois là bas. Comment était Tallie ? Déjà, elle devait sûrement ressembler à ses parents. Surement rousse. Enfin en tout cas elle n'aurait pas les cheveux noirs comme la nuit. Quel était son caractère ? Au vue de celui de ses parents, King espérait qu'elle ne soit pas comme eux. Un brun rebelle mais pas trop. Il avait besoin d'une épouse qui sait se tenir, qui n'enfreint pas les règles : hors de question d'obtenir une mauvaise réputation à cause d'une femme. Déjà que ce cher Teeny avait passé quelques années à aller d'un lit à un autre... Rassurez-vous, ce n'était pas souvent, et maintenant qu'il se sait bientôt fiancé, il va se tenir à carreau. Enfin. Des tas de questions se bousculaient dans la tête de notre Héritier, et il espérait avoir quelques réponses avec cette première rencontre.

Lorsque son moyen de transport s'arrêta, il attendit qu'un de ses domestiques lui ouvre la porte pour sortir de son cocon. Son regard observa non sans admiration le Manoir que possédait la famille et suivit un domestique venu à sa rencontre.
Une fois à l'intérieur il ne tarda pas à la repérer : là, vêtue en toute beauté. Il avait gagné sur les cheveux. A moins que ce ne soit la lumière qui lui donne ces reflets ? En tout cas, elle était petite. Mais tant pis. Elle avait un visage agréable à regarder, c'était déjà un bon point n'est-ce pas ?

Tallie : (...)

Teeny fit un petit sourire et une petite courbette avant de s'emparer de la main de la demoiselle et l'embrasser délicatement, comme on le lui avait apprit. Il se redressa ensuite et afficha un magnifique sourire. Sincère ? Non, pas du tout. Mais il était tellement doué pour faire disparaître ses émotions que ça ne se lisait même pas sur son visage.

Moi de même Tallie. Je ne peux qu'aller bien en aussi charmante compagnie.

Charmeur ? Non, ce n'était pas dans ses habitudes. Mais pourquoi pas. Il devait bien gagner le coeur de cette fille non ? L'alliance entre leurs deux familles ne serait que profitable pour l'un comme pour l'autre, alors il n'allait certainement pas faire son charisme naturel faire le travail seul.

Je ne suis pas contre un petit verre d'eau histoire de me désaltérer.

Et lui permettre de se sentir un peu mieux. Oui, il ne le montrait pas non plus, mais il était quelque peu stressé. Enfin au moins l'image d'une fille affreuse, ronde et toute petite ne collait pas à ce qu'était Tallie. Elle était petite, mais elle avait un beau visage et un silhouette plutôt agréable à regarder, il fallait l'avouer. Elle ferait une belle épouse à son bras.

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- feat. Kingsteen -

Distraitement je lissais le devant de ma robe saumon, qui faisait ressortir les reflets auburn de ma chevelure, peu à l’aise dans ce vêtement ajusté, au touché doux, qui dévoilait plus de décolleté que ce à quoi j’étais habituée, sans être vulgaire pour autant. Il fallait dire, qu’habitué à travailler dans un milieu d’hommes, j’avais tendance à flouter les avantages naturels dont je disposais. Heureusement, puisque nous devions sortir, je n’allais probablement pas tarder à enfiler un manteau, un béret et une écharpe qui auraient tôt fait de cacher mon corps, à l’exception de mes bottes et collants noirs. Finalement ma nervosité s’apaisa un peu quand mon vis à vis me sourit, ce qui fissura son apparence sérieuse et froide. Très vite ma main agitée se retrouva dans la sienne, alors qu’il déposa un baiser dessus, comme les convenances l’exigeaient. Quand il releva la tête c’était un sourire encore plus grand qui s’y affichait, et j’y répondis malgré moi, sincèrement, charmée contre toute attente. Une fois la façade glaciale ébréchée, il était bien plus beau encore. Toutefois sa beauté, même si elle m’avait touchée, était loin d’être un critère essentiel à mes yeux. En réalité, même les doux mots enjôleurs qui suivirent n’étaient pas à même de me rassurer sur la pérennité d’une possible relation entre nous. Au contraire, n’étant pas des plus à l’aise en société – même si je savais tenir ma place sans faute – je détestais l’hypocrisie et par la même les hommes suborneurs. Je préférais de loin la sincérité. Et j’étais incapable de dire s’il était franc avec moi ou s’il exagérait ses propos parce qu’il pensait que c’était ce que je voulais entendre.

Cette idée qu’il puisse chercher à manipuler par la séduction, plus qu’autre chose, me sortit de ma stupeur fascinée, et je repris contenance alors qu’il me demandait un verre d’eau. Avec un sourire, je tirais sur un cordon destiné à appeler un serviteur, avant de répliquer, un plus sûre de moi : « Tout de suite, Kingsteen. ». Quelques minutes plus tard, après qu’un domestique soit rentré et ressorti de la pièce, je me retournais pour lui faire face, et continuer les politesses d’usage. Après tout qu’il n’était qu’un homme, et j’avais l’habitude de traiter avec nombre d’autres qui se croyaient plus intelligents que les autres, il n’y avait pas de raison que je ne puisse pas m’en sortir avec celui-là. J’en avais d’ailleurs tout intérêt si je devais un jour l’épouser Aussi je lui demandai affabilité : « Comment se porte votre famille, Kingtseen ? J’ai cru comprendre que vous aviez deux jeunes cadets, c’est cela ? ». Une petite voix dans ma tête, celle qui avait l’habitude de se poser des questions sur le fonctionnement des choses, s’interrogea sur le choix de ce nom du genre auguste. Ses parents le lui avaient-ils choisi parce qu’il le savait héritier d’une grande fortune ? Ou parce qu’ils s’attendaient à ce qu’ils deviennent aussi grand de taille ? J’essayais – avec un certain amusement – de l’imaginer enfant, être appelé avec ce nom, et je me rendis compte qu’il avait dû grandir en devenant quelqu’un de plutôt fier. En serait-il de même pour le reste de sa fratrie ? N’en ayant pas moi-même l’expérience, l’idée d’un frère ou d’une sœur avait quelque chose de passionnant, et j’étais assez intéressée d’en savoir plus sur les relations qui les unissaient.

Un léger bruit à la porte indiqua que le verre d’eau était arrivé, et j’appelai pour que le domestique entre, déposant une carafe d’eau et deux verres sur la table avant de se glisser à l’extérieur quand je lui fis signe que ce serait tout. Mon attention revint sur le géant que je décidai d’appeler in petto « Teeny », en contradiction avec sa hauteur. Peut-être que mes parents n’avaient pas totalement tord lorsqu’ils disaient que j’avais un côté rebelle. Cette décision allait de paire avec ma volonté de ne pas laisser mon futur fiancé de m’intimider, et je continuai donc la discussion sur le sujet familiale, curieux de ses activités : « Votre famille vit des mines c’est cela ? Désolée si je me montre trop inquisitrice, mais je connais peu sur le sujet, et j’aime apprendre de nouvelles choses. ». Nul doute que mes parents n’auraient pas été ravi que j’avoue cette part de ma personnalité qu’ils trouvent inadapté à une « jeune femme du monde ». Mais je n’allais sûrement pas cacher ma nature à mon futur époux, alors autant lui donner un aperçu de qui j’étais.

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1868

Tallie : (...)

Cette phrase... Il avait l'habitude de l'entendre de ses domestiques mais de la part d'une femme de son rang c'était... étrange à écouter. Il fallait espérer qu'elle ne soit pas comme ça ensuite, à toujours lui dire "tout de suite" et répondre au moindre de ses caprices.
Oh, décidément, les mariages arrangés ce n'est vraiment pas agréable... Et pourtant il s'y préparait depuis ses 10 ans, et encore plus depuis son Harvest. Mais c'était... impressionnant. Autant ses rencontres avec la gente féminine étaient plutôt facile - il savait qui charmer aussi - autant là, avec elle, il ne savait pas trop comment se comporter. Lui qui était aussi froid qu'un bloc de glace habituellement...

Tallie : (...)

En effet. Ils peuvent être autant adorables qu'insupportables. Mais ils n'ont que 10 ans. Je me dis qu'en grandissant ils finiront par devenir sage.

Il rigola doucement à sa blague. Oh, pas sûr que les jumeaux finissent par se montrer sage, bien élevé et poli. Enfin il fallait tout de même garder espoir non ?

Si mes souvenirs sont bons vous êtes fille unique.

Et donc l'héritière de cet incroyable empire que possédait ça famille. Aeglos avait décidément fait un bon choix : unir ces deux là donnerait un empire incroyable pour leur descendance. Imaginez un peu tout ce qu'ils posséderont... Peut-être même un peu trop de grandeur et de gestion. Disons que King n'était pas pressé de reprendre l'affaire familiale d'ailleurs. Non pas qu'il avait peur des responsabilités, surtout qu'il suivait toujours son père comme son ombre. Juste qu'il avait peur de ne pas pouvoir profiter de sa progéniture le jour où il en aura une. Et avec deux empires, impossible.
Teeny observa la porte s'ouvrir et le domestique ramener deux verres et de l'eau. Il s'empara de la carafe et rempli les deux verres. Oui, il savait se servir un verre tout seul comme un grand ! Ce n'était pas habituel d'ailleurs. Généralement ce sont les domestiques qui faisaient tout à sa place. Ce qui avait le don de l'énerver d'ailleurs. Il prit les deux verres et en tendit un à Tallie avant de boire une petite gorgée du sien. Agréable.

Tallie : (...)

C'est bien cela. Je vous avoue que j'ignore tout de votre entreprise familiale moi-même. Enfin le fonctionnement des éoliennes. Si on parle contrat et business, là je sais de quoi on parle.

Il fit un petit sourire : parler travail c'était pas le programme du jour. Il fallait parler de lui, d'elle, de leur avenir et de ce que leurs parents envisageaient. Comment voyait-elle la vie plus tard ? Voulait-elle des enfants ? Se sentait-elle prête à abandonner certaines choses pour les élever ? Des sujets de conversation sérieux, mais qu'il faudrait aborder, ça ne faisait aucun doute. Après tout, unir sa vie à quelqu'un que vous ne connaissez pas c'est déjà compliqué alors si en plus vous ne partagez aucune valeur, c'est impossible.

Et si nous laissions tomber le travail, l'empire familial et quelques politesses ? Cela vous dérange-t-il si je vous tutoies ?

Il bu une autre gorgée de son eau et ne perdit pas son petit sourire, rendant son visage un peu plus affectueux et donc beaucoup moins froid. Commencer par faire tomber ce fameux "vous" serait un bon point. Cela les aiderait sûrement à parler d'autre chose. Et puis ils n'allaient pas se vouvoyer toute leur vie tout de même !

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- feat. Kingsteen -

Ma question sur sa fratrie amena une réponse taquine de sa part à l’encontre des jumeaux. Il rit même après avoir dit qu’ils étaient aussi adorables qu’insupportables, une évidente tendresse se traduisant derrière la critique. J’en fus touchée, même si je ressentais une certaine envie, moi aussi, de connaître le genre d’attache qu’ils existaient entre frères et, ou, sœurs. Peut-être que, après notre mariage, je pourrais développer ce genre de relation avec les jumeaux ? Enfin si j’en étais capable, j’avais bien sûr, conscience d’être une solitaire, peu douée pour les interactions sociales. Sans même réfléchir, je lâchais doucement : « J’espère que je les rencontrerai et que je m’entendrai bien avec eux. ». Ses paroles suivantes me firent dire : « En effet, même si je ne sais pas si c’est par choix de mes parents ou si le destin en a décidé ainsi. ». Ne sachant pas quoi ajouter à cela, je fus contente de l’interruption du domestique. J’observais mon prétendant nous servir à boire avec approbation. Même si j’avais toujours été entourée de serviteurs, il y avait nombre de tâches que je préférais faire moi-même, surtout les plus simples, et j’étais souvent agacée de voir mes parents déranger nos employés pour un rien. Heureusement Teeny ne semblait pas faire partie de ceux qui étaient dépendant de leurs domestiques, ce qui me rassura un peu sur le genre d’homme qu’il était. J’acceptai donc gracieusement le verre en le remerciant, avant de laisser ma curiosité prendre le dessus et l’interroger sur l’entreprise familiale.

Son explication – ou plutôt son manque d’explication – me déçut un peu, même si je comprenais qu’il devait en savoir plus sur les aspects juridiques et financiers plutôt que techniques. Aussi je n’insistais pas, comprenant que sur ce point, nous étions bien différents. Une différence que je lui sous-entendis lorsque je répliquai à mon tour : « En effet, ma famille est dans l’électricité éolienne, mais à vrai dire, je ne suis pas à l’aise avec la partie commerciale de l’affaire. J’ai un diplôme d’ingénierie, et donc la plupart du temps je suis sur des projets de réparation, d’installation ou d’amélioration d’éoliennes. ». J’hésitais à développer plus en avant – j’adorais parler de mon travail, c’était l’un des rares sujets sur lesquels je n’étais pas mal à l’aise et même plutôt prolifique – mais je n’étais pas certaine qu’il soit intéressé. Ma supposition fut confirmée quand il me proposa d’arrêter parler travail. Il n’avait pas tord. Aussi facile que ce serait de parler d’un sujet dont il était aussi simple de discuter pour moi, nous devions essayer d’en savoir plus sur nos modes de vies respectifs et essayer de déterminer s’ils étaient compatibles. Je hochai donc la tête avant d’enchaîner : « Oui bien sûr vous avez raison. Enfin je veux dire, tu as raison. ». Je lui offris un petit sourire  en réponse au sien, cédant à sa demande de se tutoyer, ce dont j’avais peu l’habitude, je devais le reconnaître, même si je comprenais la logique de cette proposition.

Entendant le léger tintement de l’horloge dans une autre pièce, je réalisai que le temps passait et que nous étions encore là. Ce qui pourrait amener mes parents à venir nous rejoindre. Une idée très peu réjouissante, qui me poussa à lui suggérer : « Peut-être devrions nous sortir si ça te convient. Je pense que cette conversation serait plus agréable dehors. ». Aussi ironique que cela pouvait avoir l’air, je savais en tout cas que ce le serait pour moi. Peut-être n’était-ce pas dans les convenances, mais lui-même avait demandé à laisser tomber les politesses, et j’étais volontiers du genre à en faire de même en privé, alors autant qu’il s’y habitue. Prenant les choses en main – être une des rares femmes ingénieures du pays m’avait appris à prendre les commandes quand nécessaires – je m’avançais vers la porte que j’ouvris, et je sortis, laissant Teeny me suivre. Dans l’entrée de la demeure une domestique se précipita avec mon manteau et accessoires, et une fois apprêtée, je me retournai vers Kingsteen, et m’enquis : « As-tu déjà une destination en tête ? Ou puis-je en proposer une ? ». Après tout, il n’était pas originaire de la ville si mes souvenirs étaient bons.

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1868

Tallie : (...)

Alors là. Si Kingsteen c'était attendu à une réponse de ce type. Un diplôme en Ingénierie. Elle avait donc un niveau supérieur au sien de ce domaine. Bon en réalité ça ne le dérangeait pas. Au final, tout ce qu'on lui avait apprit à faire dans sa vie c'était s'occuper des documents, de nouer des liens, de trouver les bonnes personnes pour vous soutenir et avoir le bon contact avec vos employés pour éviter qu'ils ne prennent la porte tout seul. Oui, les documents et les relations ça le connaissait. Comment fonctionnait réellement la mine, le travail que ça demandait de faire, il ne connaissait pas. En réalité, le travail manuel n'était pas pour lui. Être assit derrière un bureau était plus... normal. Ou c'était peut-être juste dû au fait de son éducation.

Cette réponse de la part de Tallie le laissait cependant assez pensif vis à vis de l'avenir. Si elle avait passé un diplôme pour devenir Ingénieure, c'est qu'elle souhaitait se salir les mains, étudier les éoliennes et peut-être même étudier d'autres choses. Mais est-ce que c'était vraiment la place qu'il voyait pour son épouse ? Déjà, il ne se l'imaginait pas comme ça... Dans ses rêves - ou dans ce qu'on lui avait gravé dans le crâne - son épouse ne devrait jamais briller plus que lui. Elle serait là pour lui donner des enfants et voilà. Chose étrange quand on sait que c'est pourtant l'amour qui a uni ses deux parents. Mais... Aeglos ne l'avait pas éduqué dans le but de se marier avec une femme qu'il aimerait. Peut-être que Castiel l'aurait laissé faire.

Tallie : (...)

Bien sûr.

King vida son verre et le déposa sur le petit plateau sur lequel le domestique l'avait ramené. Silencieusement il observa Tallie couvrir sa jolie tenue. C'est d'ailleurs à cet instant précis, en la regardant enfiler son manteau, que Teeny se rendit compte qu'il était entrain d'observer sa silhouette. Chose qu'il n'avait pas fait à son arrivée. Bien qu'elle se soit apprêtée magnifique bien, il n'avait regardé que son visage. Pas un regard vers son décolleté ou le reste de ses formes. Jusqu'à ce moment. Mais devait-on lui en vouloir ? Non. Et ça venait confirmer qu'elle était mignonne et méritait bien un gars tel que lui. Ou pas.

Tallie : (...)

Si tu avais prévu de sortir, je suppose que tu savais déjà où aller. Alors je te laisse le choix de notre destination.

Il lui fit à nouveau un charmant sourire charmeur et lui tendit son bras. Oui, Kingsteen avait de bonnes manières, parfois trop. Cette jeune fille n'avait peut-être pas envie de se balader à son bras.

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- feat. Kingsteen -

Quand bien même je n’avais pas vraiment laissé le choix quant à notre sortie, il semblait heureusement que Kingsteen était de mon avis. Il finit d’ailleurs rapidement son verre, alors que j’avais à peine touché le mien. Alors que nous nous apprêtions, j’avais l’esprit en ébullition. Il n’avait guère réagi quand j’avais annoncé mon degré élevé d’études et les activités qui en découlaient. Je ne savais guère comment interpréter ce silence : était-il suffisamment ouvert d’esprit pour qu’il ne s’en préoccupe pas plus que ça ? Ou désapprouvait-il mais était trop poli pour faire la moindre remarque ? De toute façon je ne comptais pas changer mon mode de vie, encore moins maintenant que la brèche avec la Terre était ouverte et que j’avais une chance d’aller étudier la technologie de là-bas. S’il ne pouvait pas vivre avec une femme qui aimait la science et participait activement à des découvertes destinées à changer le futur, et bien j’allais devoir décevoir mes parents et ne pas me fiancer avec lui. Etant majeure et ayant mes propres revenus, je pouvais me permettre de leur tenir tête si besoin. Je n’aimais juste pas perdre du temps à le faire, surtout que mes géniteurs avaient un don pour me faire culpabiliser, bien malgré moi. Bref j’étais prêtre à faire des concessions, mais mes recherches n’en seraient pas une. A la limite, travailler à mi-temps, je pouvais l’envisager, mais abandonner complètement, sûrement pas !

Je forçai mes pensées à revenir à l’instant présent en lui demandant s’il avait déjà une destination. A final il me laissa décider, ce que je voyais comme un signe positif : il n’avait pas de problème à laisser une femme prendre des décisions. Même si à vrai dire, en dehors de mon travail, j’avais tendance à m’accommoder aux autres, aussi en temps normal je ne risquais pas d’être autoritaire dans notre possible couple. Il me sourit et m’offrit son bras, que j’acceptai en lui rendant son sourire, avant de proposer : « Allons au "The Lullaby" dans ce cas. Le service y est excellent, ainsi que la nourriture et les boissons, et j’y apprécie la vue. ». En effet depuis le bar-restaurant, on s’offrait un magnifique panorama sur les montagnes. Pure fille du pays, les monts enneigés et les vallées à des centaines de kilomètres plus bas étaient la définition de la beauté. Un rappel de la grandeur des dieux qui se sont sacrifiés pour nous. Et cette sensation de notre petitesse en comparaison avait le don, à mes yeux en tout cas, de nous remettre nous autres simples créatures mortelles à notre place. Malgré mes envies de découvrir la Terre, mais aussi de voyager ailleurs à Elvendyr, pour moi Topaz Kingdom resterait toujours ma patrie et maison. Nous faisant quitter la demeure, je cherchais désespéramment un sujet de conversation adéquat – je n’avais aucun talent pour les échanges mondains – avant de finalement demander, faute d’une meilleure idée : « As-tu des passions ? Que fais-tu quand tu ne travailles pas ? ». Je n’étais pas très fier de mes capacités sociales, mais je ne pouvais pas me refaire, même si ma famille l’aurait souhaité.

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Premier contact... Quand Tallie accepta ce bras qui lui était offert, Kingsteen se sentit quelques instants perdu. C'était étrange d'offrir son bras à quelqu'un en sachant ce qui vous attend derrière : des fiançailles, un mariage, une vie ensemble. Autant, le donner à des filles qu'il ne connaissait absolument pas, pour dire de passer quelques minutes amusantes, ça ne le dérangeait pas. Mais avec elle, c'était différent. Déjà, il s'était promis de ne plus regarder les autres femmes ni de les approcher. Il s'était juré d'être fidèle. Et depuis que le prénom de Tallie avait officiellement été prononcé par son paternel, il avait d'ailleurs ralentit sur les contacts.
Au final, avoir une femme à son bras n'était pas dérangeant. Mais c'était cette pression qui pesait sur leurs épaules qui l'était. Pour le moment le courant semblait bien passer mais est-ce que ça aller durer ? Est-ce qu'il pourrait apprendre à l'aimer ? Parce qu'on ne pouvait pas dire que l'amour ait déjà frappé à sa porte et... ça n'avait pas été le coup de foudre. Loin de là l'idée de dire que Tallie est moche. Juste que... allez savoir. Le courant finira peut-être bien par passer. Il fallait l'espérer. Et de toute façon Teeny c'était promis de ne pas changer juste pour faire semblant d'être l'homme parfait. Si elle l'appréciait alors tant mieux. Si ça n'allait pas alors tant mieux aussi pour elle et pour lui, ils n'auraient pas à mentir pour leur restant de leur vie. Parce que les mensonges il n'appréciait pas notre petit homme d'affaires.

Tallie : (...)

Avec plaisir. Très bon choix.

Le jeune homme fit un charmant sourire. Ce bar-restaurant était un bon endroit pour discuter tranquillement. Bien qu'il risque d'y croiser quelques amis de son paternel. M'enfin, ce sont les risques quand on est quelqu'un comme lui. Et puis au final, est-ce qu'on faisait seulement attention à ce qu'il pouvait faire en dehors de l'entreprise et de son domaine ? Il ne savait pas.

Tallie : (...)

Tout en continuant de marcher, Teeny se contenta d'hausser les épaules.

Je... n'ai aucune passion. Je passe rarement du temps hors du travail. Il m'arrive d'aller boire un verre de temps en temps avec quelques proches mais le travail finit toujours par me rattraper.

Et c'était vrai. Il avait beau tenter de sortir, de se changer les idées, il fallait toujours qu'à un moment ou à un autre le travail lui revienne à l'esprit ou que son père n'arrive pour lui demander de rentrer. Et avoir pour paternel un ange qui se déplace partout, ce n'est pas très pratique... La seule chose pratique pour Aeglos, c'est que son fils peut rentrer seul à la maison en utilisant un portail. Enfin, une fois marié Kingsteen aurait peut-être un peu plus de liberté. Du moins il fallait l'espérer. Mais ce n'était pas pour ça qu'il forcerait Tallie à l'épouser.

Pour me demander ça, c'est que tu dois en avoir non ? Est-ce que tu penses pouvoir me les faire découvrir ?

Quelles étaient les passions de Tallie ? Il se demandait si elles étaient en rapport avec l'entreprise familiale et ce diplôme qu'elle avait. Peut-être aimait-elle monter en haut des éoliennes ?

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- feat. Kingsteen -

Ma proposition de se rendre au The Lullaby fut approuvée et soutenue par Teeny, et je lui souris, heureuse d’avoir eu son approbation. N’était-ce pas bizarre pour une jeune femme accomplie, diplômée et plutôt indépendant – voire même un peu trop – d’apprécier compliment ? Probablement, mais qu’il le fasse montrait qu’il ne prenait pas comme un dû que j’excelle dans les interactions sociales, ou du moins était-ce un signe en ce sens. Un peu moins stressée, je me permets donc de l’interroger sur ses passe-temps, et ce tout en marchant. Si j’étais une grande marcheuse, je n’avais pourtant pas l’habitude de le faire au bras d’un homme, c’était une nouveauté, encore une. Nous trouvâmes pourtant assez vite notre rythme, et si être à ces côtés n’étaient pas forcément devenu naturel – c’était trop tôt pour ça – ce n’était pas désagréable loin de là. Je compris donc que c’était un bourreau de travail, ce dont j’étais mal placée pour lui reprocher. Quelque part j’en étais rassurée. S’il avait été de ceux qui se contentait de ramasser l’argent gagner par ses employés pour les dépenser en jeux, alcools et femmes, j’aurais été réticente à l’épouser. Heureusement ce n’était pas le cas, et je le laissais donc me retourner la question, alors que nous quittions le chemin privatif qui menait chez moi et que nous arrivions en centre-ville.

Je lui répondis donc, après un instant de réflexion : « Je dois avouer qu’en grande partie mon travail est ma passion principale. C’est pourquoi j’ai fait tant d’efforts pour devenir ingénieure, j’ai toujours été fascinée par les travaux de mon grand-père sur l’électricité, et maintenant je mène mes propres recherches sur le sujet. Ce qui me prend bien du temps. ». Me refusant à l’assommer à propos de mes travaux, j’ajoutai, voulant quand même lui montrer que je pouvais m’intéresser à autre chose : « Mon autre passion est le dessin. Prendre le temps de me poser quelque part et de mettre un objet ou un paysage sur papier me détend, alors c’est souvent ce que je fais quand je ne travaille pas ou que je ne mène pas de recherche. Ou alors lire aussi. ». Des activités solitaires, mais je l’avais toujours été, encore une fois. Alors que nous continuions de nous avancer le bar-restaurant apparut dans notre champ de vision, et je réfléchis à sa demande celle de lui faire découvrir mes passions. Finalement, je lui dis : « Si tu veux plus tard je pourrais essayer de te dessiner ? Je dois avouer que dessiner les gens n’est pas ma spécialité, mais j’aimerais bien tenter si ça te dit. Quant à mes expériences sur l’électricité, ce doit pouvoir se faire. Tu sais on peut faire de la lumière avec électricité, comme ici à Wisteria Mount, mais on peut aussi faire du son ! ». Bon je jugulais la montée de mon enthousiasme, ne voulant pas le rebuter à cause de mon excitation sur le sujet. Heureusement, nous parvînmes au The Lullaby, et je le laissais mener la situation, sachant qu’il avait probablement plus l’habitude que moi. Et puis je serais moins inquiète de dire une bêtise aussi.

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1868

Tallie : (...)

Alors elle aussi avait pour passion son travail. Enfin, d'après ce qu'elle semblait dire, elle était plus du genre à chercher qu'à attendre bien sagement derrière un bureau. Il s'agissait donc là d'une demoiselle plutôt surprenante. Bien loin de l'idée que Kingsteen se faisait de sa future épouse. Mais d'un autre côté, pourquoi pas ? Avoir une femme qui fait autre chose que garder les enfants, c'est peut-être pas plus mal non ?

Tallie : (...)

Le dessin. C'était quelque chose de passionnant. Du moins à regarder une fois l'oeuvre terminée. Le temps de la réaliser, de la construire, c'est un temps précieux que l'on père pour faire autre chose. La lecture quant à elle pouvait très bien servir. Et c'est toujours appréciable de lire un petit livre quand on se balade ou avant de se coucher, pour se vider l'esprit et penser à autre chose le temps d'un rêve.

Tallie : (...)

Va pour une séance de dessin alors. Mais je préfère que tu dessines autre chose que mon visage. Pourquoi pas un paysage ? Que tu puisses me montrer tes talons en direct de dessinatrice ?

Oui, c'était beaucoup mieux que de jouer les modèles et ne pas bouger. Au moins en la regardant dessiner il aurait l'impression de faire autre chose que de regarder dans le vide en attendant qu'elle termine son dessin.

J'apprécie en tout cas ton intérêt pour le sujet de votre entreprise familiale. Je ne saurais même pas capable de descendre dans les mines et de travailler une journée là dedans. A part visiter et vérifier que les employés ne se mettent pas en danger, je ne suis pas du genre à me salir les mains.

Voilà qui était dit. Au moins, il était sincère : il était l'homme du bureau, celui qui vérifie que tout va bien et c'est tout. Et puis ne venait-il pas de lui montrer qu'il appréciait qu'elle fasse des expériences et s'intéresse à l'énergie ? C'était comme un encouragement à continuer ses recherches. Lui montrer qu'elle n'aurait pas besoin de tirer un trait sur ses projets si elle choisissait de l'épouser. C'était important de lui montrer qu'elle serait libre, pas une femme enchaînée et condamnée à juste apparaître à son bras lors de grosses soirées. Enfin, il fallait simplement qu'elle ne prenne pas toute la lumière dans leur couple, sinon se serait surement lui qui se ferait tirer les oreilles par son paternel et... disons que Teeny n'était pas encore certain à 100% de ce que pourrait faire son père mais il avait déjà de sacré doute et... ça n'a rien de très glorieux.

La porte d'entrée du restaurant arriva enfin. Pas besoin de l'ouvrir, un homme s'en charge pour Kingsteen, lui adressant au passage un magnifique sourire.

Bonjour Mr. Je vous installe à votre table ?

Avec plaisir.

Bien sûr, votre était un peu prétentieux, puisqu'il s'agissait de la table que son père demandait toujours. Il aurait pu dire non, mais l'avantage de cette table, située près d'une des fenêtres, permettait d'observer le Royaume et ses merveilles. Idéal pour fuir une conversation quand elle devient trop technique, et c'est ce que faisait souvent Teeny lorsqu'il était plus petit et devait suivre son père dans des réunions qui n'en finissaient jamais.
Le serveur conduisit donc le "couple" jusqu'à la fameuse table. Il s'empara du manteau que King lui tendit et le jeune homme aida Tallie à se défaire du sien pour le donner. Tirant la chaise, il fit signe à la demoiselle de s'asseoir avant de prendre place face à elle. Trop bonne éducation notre Kingsteen mais que voulez-vous...

J'espère que la table te convient. J'aime la vue qu'on a d'ici.

Loukoum sur CA

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- feat. Kingsteen -

Ma proposition de le dessiner n’eut pas totalement l’effet escompté. Au moins voulait-il me voir à l’œuvre, ce qui était plaisant bien entendu. J’étais tout de même un peu déçue qu’il ne veuille pas que je fasse un croquis de lui, mais je ne lui en tins pas rigueur, il en avait le droit après tout. J’étais d’ailleurs curieuse de son refus, et je m’interrogeais sur les raisons derrière – était-il pudique ? –  mais je ne pressais pas la question, décidant de laisser la conversation suivre son cours. Obligeamment je lui répondis donc : « Bien sûr, si tu ne veux pas être mon modèle, cela ne pose aucun souci. Et je serais heureuse de te montrer. Peut-être un peu plus tard si l’occasion se présente ? ». Je n’avais pas le matériel nécessaire sur moi, mais l’intérêt d’avoir rendez-vous près de chez moi, c’est qu’il ne faudrait que peu de temps pour aller chercher mes crayons au besoin. Les paroles suivantes de Kingsteen me surprirent un peu, et manquèrent de me faire rougir. C’était bien la première fois qu’on me complimentait pour m’intéresser à un domaine « d’hommes ». D’habitude ce n’était que récriminations de la part de mes parents et de la plupart des proches de la famille, quant à mes collègues, je savais que plusieurs pensaient de la sorte également, même s’ils avaient appris à ne pas le montrer et à n’en rien dire. Non Teeny, ne me reprochait pas d’être tant impliquée dans mon travail, et semblait même me complimenter à ce sujet, alors qu’il admit qu’il ne serait pas capable d’aller voir de lui-même ce qui se passait dans les mines. Gênée, je ne savais pas trop quoi répondre, et je lâchais du bout des lèvres encore sous le choc de l’émotion : « J’admets que moi-même je n’aurais pas très envie de descendre dans les mines. Puis il faut bien que quelqu’un s’assure que tout le monde fasse ce qu’il a à faire, et ça je ne sais pas si je saurais le faire. ». Enfin j’avais bien quelques techniciens sous mes ordres, mais cela n’avait rien à voir avec l’organisation de toute une entreprise.

Heureusement notre arrivée à notre établissement de destination mit fin à mon malaise, au moins pour le moment, alors que Kingsteen prenait les choses en main. A l’entrée un employé nous accueillit, souriant largement à mon prétendant, s’adressant exclusivement à lui. Si j’étais quelqu’un d’autre, j’en aurais sans doute été offusquée, mais en l’occurrence, ce n’était pas plus mal, puisque Teeny semblait être dans son élément, et cela me convenait de ne pas être sous au centre de l’attention. Je suivis donc les hommes, prenant le temps de m’imprégner de l’ambiance chaleureuse du restaurant en comparaison du froid à l’extérieur. Comme on pouvait s’y attendre, l’endroit avait une agréable odeur de nourriture contribuant à la bonne ambiance du The Lullaby. Très courtoisement, Kingsteen me prit mon manteau avant de le placer sous la garde du serveur, et m’aida à m’asseoir, preuve de ses bonnes manières auxquelles il n’avait pas encore dérogé. Je lui souris en remerciement, à sa question je répondis promptement : « C’est parfait oui ! La vue est sublime ». Et pour cause on avait pleine vue sur le panorama magnifique des montagnes. Puis réalisant que nous avions été directement mené ici sans même avoir pris rendez-vous auparavant, je lui demandais, ma curiosité toujours belle et bien là : « Tu viens souvent ici ? C’est la table que tu as l’habitude de prendre je suppose, c’est pour ça qu’on nous amené ici ? ». Je me permettais la question en l’absence de l’employé parti accrocher nos manteaux. Jamais je ne me serais permise de l’interroger à portée d’écoute des autres, même moi je savais que cela n’était pas de bon goût. Allez savoir où les oreilles indiscrètes pouvaient répéter leurs découvertes.

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Spoiler:

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1868

Tallie : (...)

Aucun soucis. Tant mieux. Et puis si jamais elle tenait tellement à faire un dessin de lui, elle pourrait toujours reproduire des photos. Ou plus tard profiter d'un moment où il dort pour le dessiner. Parce qu'il était clair qu'elle ne perdrait pas son temps à le regarder travailler derrière un bureau. Sans compter qu'un Kingsteen qui travaille, c'est quelqu'un qui ne tient pas en place : toujours debout à marcher en long en large et en travers dans le bureau. Ce qui lui valait toujours des réflexions de la part de son paternel mais il s'en fichait. Il avait besoin de marcher pour pouvoir trouver des solutions et réfléchir correctement. Avoir ses fesses toujours sur une chaise, c'était pas pour lui.

Tallie : (...)

Cette remarque afficha un petit sourire à Kingsteen. C'est vrai ça : tout le monde a ses compétences et ses domaines dans lesquels il se sent le mieux. Lui, il était mieux dans un bureau. Elle, sur le terrain. Et bien ça lui irait. Tant qu'elle ne se mettait pas en danger, il ne lui en voudrait pas. Après tout, se serait bête de perdre sa femme parce qu'il la laisse aller travailler. Déjà que son père ne prendrait peut-être pas très bien la nouvelle d'avoir une demoiselle qui travaille... Oh oui, la rencontre avec ses parents, il fallait espérer que ça n'arrive pas tout de suite. Il fallait qu'il prépare le terrain quand même.

Tallie : (...)

Kingsteen fit un sourire et tourna quelques instant le regard pour venir observer le Royaume. C'était vraiment magnifique. En temps de réunion. Mais pour maintenant, il avait une belle créature en face de lui. Alors rapidement ses yeux se reposèrent de nouveau sur Tallie.

Tallie : (...)

Oui. On fait souvent des réunions d'affaires ici. C'est la table fétiche de mon père, et j'avoue que je l'aime beaucoup moi aussi. Juste pour cette vue. Et j'ai mes petits plats favoris aussi. Est-ce que tu veux que je te les dise ou... tu préfères découvrir toi même le menu ?

Teeny fit un petit signe au serveur afin qu'il vienne jusqu'à eux. Au passage ce dernier s'empara de deux cartes et s'arrêta juste devant la table. Kingsteen lui fit signe de ne rien dire, attend alors la réponse de Tallie. Si elle voulait le menu cet homme lui en fournirait un. Si elle faisait confiance à Kingsteen pour manger les mêmes choses que lui, alors la commande serait vite passée. Encore fallait-il qu'ils aiment les mêmes choses et... notre petit héritier n'était pas certain d'avoir les mêmes goûts qu'elle. Quoique, on peut être vite surprit. Allait-elle le surprendre ? Elle l'avait déjà fait en lui annonçant qu'elle était plutôt du genre à aller sur le terrain travailler alors... jusqu'où irait les surprises pour cette première entrevue ? Cette femme l'intéressait grandement.

Loukoum