La rage m’envahissait depuis ma petite visite à San Phoenix. D’apprendre tous ses détails sur le petit groupe de Layden aurait bien pu être anodine, sauf que je savais désormais que Silena s’octroyait le droit de concevoir une arme capable d’anéantir notre espèce à l’aide des rayons du soleil. C’était très dangereux et je ne pouvais pas les laisser faire. Moi, qui habituellement contrôlais tout, je me retrouvais face à une certaine crainte qui allait m’empêcher de dormir et c’est pourquoi je tentais de trouver le plan parfait. C’est en plein jour, tandis que je me reposais dans ma chambre que j’eus cette idée….

Je me retrouvais à l’extérieur près des frontières de la ville. Althea me suivait suite à ma requête, bien qu’elle ne sache pas encore tout ce que je voulais lui dire. Il faisait noir et je décidai de m’arrêter. Je tourne la tête pour la fixer doucement. Un semblant de sourire sur les lèvres et une main qui vint frôler sa joue. Mes pupilles entrèrent en union avec les siennes, plongeant ainsi mon âme dans la sienne. « Althea chérie. C’est aujourd’hui que je te permets de retourner près de ta famille. Dès maintenant, tu as la possibilité de sortir de Crimsondale, sauf que tu es obligée de rentrer avant le coucher du soleil à tous les soirs. J’exige que tu gardes notre petit plan secret. En aucun cas, tu pourras dévoiler quoi que ce soit à l’encontre de moi et de mes semblables. Tout ce que tu apprendras au sujet de leurs plans, des armes anti-vampires ou d’une quelconque attaque, tu auras l’obligation de venir me communiquer toutes ses informations. Puis tu vas leur faire croire que tu t'es échappée. » Et j’arrête de parler. Je continue cependant de la fixer pour conserver mon emprise sur elle, m’approchant de sa joue pour y déposer un petit baiser. Je me mordille la lèvre et me recule alors. Mes paupières clignent et aussitôt, elle revient à la normale. « Va, petit oiseau. » Ajoutais-je pour la laisser partir vers son village. Avais-je le cœur lourd ? Bien sur que non…

La nuit, lorsque je dormais, c’était l’un des rares moments où je pouvais être tranquille, retrouver un peu de liberté en me laissant aller, enfin c’est ce que je croyais jusqu’à présent. Plongée dans un profond sommeil, je sens quelqu’un à mes côtés qui me réveille, pas de la manière la plus douce qui soit, et j’ouvre brusquement les yeux, voyant Illyria face à moi. J’ai même pas le temps de chercher à savoir ce qu’elle fiche ici en pleine nuit, qu’elle m’ordonne me demande de la suivre à l’extérieur, et après m’être rapidement habillée, je lui obéis.
Pendant le court trajet à cheval, la situation soulève certaines questions. Est-ce qu’elle s’est enfin décidée à me libérer ? Ou alors elle a choisit de se débarrasser de moi, c’est pour ça qu’elle le fait assez loin du manoir, d’ailleurs on arrive proche des frontières du royaume.
Une fois au sol, elle s’avance vers moi et je commence sérieusement à m’inquiéter, elle doit avoir une idée derrière la tête, et clairement je le sens pas du tout ! Et ça ne loupe pas, elle capte mon regard et j’ai de nouveau cette sensation ressentie de nombreuses fois durant ces derniers mois, celle qui vous immerge sous l’emprise totale de l’autre, sans que vous ne puissiez le contrôler, vous soumettant entièrement à sa volonté. Je sens même son geste affectueux déplacé, mais je ne peux pas la repousser, étant occupée à m’imprégner de chacune de ses paroles.
Quand elle a terminé de pénétrer mon esprit, je reviens à moi et réalise alors la situation délicate dans laquelle elle venait de me mettre. D’un côté j’étais heureuse de pouvoir revoir ma famille, mais à quoi bon si c’était pour les trahir ? Concrètement elle ne me force pas à y aller, mais me l’autorise, sous certaines conditions. Mais quelle plaie cette fille franchement, jamais elle ne pourra faire quelque chose de réellement désintéressé ! J’ai envie de lui dire à quel point elle est salope, mais honnêtement je pense qu’elle le sait déjà, alors je ne dis rien et lui lance un regard noir, empli de mépris, avant de monter sur le cheval qu’elle m’a hypocritement laissé pour mon trajet, puis pars direction mon chez moi.

Ca fait plus de deux heures que je suis sur la route et j’en ai marre, je suis fatiguée, j’ai froid, et je suis énervée. En plus elle compte que je fasse les allers et retours tous les jours ? Certainement pas ! On est bien loin de la belle vie que j’avais à San Phoenix, entourée de ma famille, du ranch, un emploi que j’aimais énormément. Mais comment j’ai fait pour en arriver là, moi ? A me retrouver enfermée, parmi les suceurs de sang, aux mains de cette folle furieuse, non c’est clair le sort s’acharnait sur moi ! J’ai l’impression de ressembler à Raiponce, vous savez la fille séquestrée dans une tour, et sauvée par son prince charmant à la fin, l’un des contes venus tout droit du monde terrestre, que mon père me racontait quand j’étais petite. Sauf que moi, je l’attends toujours le prince, ou la princesse, qui viendra voler à mon secours ! Non, j’étais malheureusement coincée à Crimsondale encore pour un bon moment.

La vampire s’en était prise à mon père et à ma sœur, maintenant elle veut obtenir des données, et après ce sera quoi ? Elle s’en prendra à Layden, puis à notre pauvre mère, ensuite la petite, pour finir par me tuer moi ? Si on laisse faire, on y passe tous, il faut la doubler et trouver une solution pour attaquer avant elle. Mais moi je serai bien impuissante sur ce coup-là, d’ailleurs comment je vais me débrouiller si ma sœur ou mon frère projettent des plans devant moi ? Je ne peux pas les trahir et me trahir moi-même au passage, et je ne peux rien leur révéler, quelle merde ! J’aurai qu’à simuler un besoin de m’éloigner et je ferai en sorte de ne rien entendre de leur conversation, je ne vois que ça. Et oui, Illyria avait mal calculé ses mots, elle m’a laissé la pleine liberté de récolter des infos ou non.

Après un chemin plus qu’éprouvant, j’arrive à destination sous le soleil qui s’était déjà levé depuis une bonne heure, voir plus même, il doit être aux alentours de 7h30 je suppose.
J’attache négligemment le cheval pour ne pas qu’il parte, et m’avance vers la porte d’entrée de la maison, prenant une grande inspiration. La dernière fois que je suis venue, c’était pour autoriser l’entrée à Illyria, autant dire que j’ai eu de meilleurs souvenirs ici !
Avec un mélange de hâte et de stresse, je pousse la porte et entre dans la maison, me dirigeant vers la cuisine, pour tomber nez à nez avec mes deux cadets. Sans attendre je me jette dans les bras de ma sœur, la serrant fermement contre moi, comme si on allait de nouveau être éloignées l’une de l’autre. 6 mois, ça fait autant de temps que je ne les ai pas vu – ou me rappelle pas de les avoir vu plutôt – et je ne crois pas que nous ayons déjà été séparés aussi longtemps, ou même séparés tout court. Je me détache de Freydis et les larmes aux yeux, je place mes mains sur ses deux joues, souriant tendrement.

- « Ca va toi ? Je te promets que je la laisserai plus te faire de mal ! »

Je savais que ses blessures étaient superficielles, elle se guérissait instantanément, mais je pose deux doigts sous son menton, le relevant doucement pour observer sa gorge. Le blabla d’Illyria je m’en fichais complètement, j’avais besoin de voir de moi-même, je voulais m’assurer qu’elle allait bien.
Layden était à côté, et je ne l’avais pas oublié, je m’approche de lui, sourire aux lèvres, et le prends dans mes bras, avec autant d’amour que j’avais eu pour lui depuis le jour où il est entré dans ma vie.

- « Hey petit frère !  Vous m’avez tellement manqué tout les deux… »

Le soleil vint à sortir le bout de son nez et voilà que les rayons du soleil pénétrait la chambre de Layden annonçant l’aube. La clarté se faisait voir même sous ces paupière fermé et le jeune homme fini par ouvrir les yeux. Comme à son habitude, cela indiqué le début d’une nouvelle journée, il était temps de sortir du lit. Il avait sa routine, mais cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas prit du temps pour s’amuser. Son esprit pensait qu’à une chose; Althéa. De nouveaux plans voyaient le jour, de nouvelles armes confectionné par Silena, un plan pour la sauver était en cours. Bientôt Althéa sera parmi nous. Il n’y avait pas un jour où ces prière ne lui était pas destiné.

Il n’était pas encore 6h du matin que Layden marchait déjà jusqu’au ranch. San Pheonix était grand mais la distance était raisonnable. S’était son entrainement du matin. Et puis, rien ne lui faisait plus plaisir que de passer la journée avec Freydis. Il adorait la compagnie des animaux et bien trop souvent on pouvait compter plus sur la loyauté des animaux que celle des humains. Quand il passa la barrière qui grinça au mouvement de celle ci, il pouvait voir la tête de la brune déjà au travail. Un ranch, c’était tout qu’un entretient. Au départ Layden n’était pas expert, en réalité il y connaissait rien du tout, mais avec le temps il a fini par apprendre. Déjà il enfila les gants pour commençait par ajouter du nouveau foin dans les box à cheval. Il y avait certes le nettoyage des box, le moment le moins plaisant, mais essentiel. Quand enfin il eu fini l’installation du foin, Layden aperçoit Freydis qui lui fit signe d’entrer. Ce fut avec le sourire au lèvres qu’il partit rejoindre sa soeur à l’intérieur. Une petite pause ne faisait pas de mal.

— J’ai nourris les chevaux, me reste à nettoyer leur box et après je pourrais sortir Abbys un moment. Tu as reçu la commande?, questionna Layden avant de se mettre à son aise.

Layden s’était appuyé contre le comptoir de la cuisine, déposant ces gants derrière lui. Freydis lui offrit un verre d’eau qu’il but à grosse gorgée. Dehors, s’était si calme et nous pouvions le constater avec les fenêtres ouverte. Juste le son des animaux raisonnait à l’intérieur. Paisible. Depuis que sa maison avait été purifié, on pouvait enfin se sentir à nouveau en sécurité. Illyria ne pourra plus mettre les pieds ici. Freydis en avait assez bavé.

— Comment se porte Gyda? Elle dort encore?, questionna Layden.

Voyant que Gyda n’était pas présente peut être se cachait-elle dans sa chambre. Layden avait bien envie d’aller lui faire un coucou et alors que leur conversation s’étira un moment, la porte d’entré s’ouvrit se qui alarma les deux jeunes gens. Layden se redressa, posant son verre d’eau sur le comptoir. Qui venait d’entrer? Ce n’était clairement pas un coup de vent.

Quand Althéa se présenta face à eux, Layden avait soudain l’impression que ces jambes voulaient lâcher. Il dût même se retenir à quelques chose, un dossier de chaise, un mur, le comptoir. Il ne pouvait pas croire un instant que c’était bien réelle. Althéa se jeta dans les bras de Freydis et Layden se frotta les yeux pour vérifier qu’il n’hallucinait pas. Il tentait de parler mais aucun mot n’emmenait de sa bouche.

— Je deviens fou où tu es vraiment là... Althéa... c’est vraiment toi..!, réussit alors à dire Layden avant qu’elle ne se jette à son tour dans ces bras. Ce n’est pas une duplication de toi, une farce de mon esprit, tu es de retour, crois moi on a vraiment tout essayer pour te sortir de là, affirma alors Layden alors qu’il serrait dans ces bras sa grande soeur.

Une fois l’étreinte fini, Layden regarda la blonde devant eux. Combien de mois s’était-il écoulé? Six mois à culpabiliser chaque jour, de se sentir coupable de l’enlèvement de sa soeur. N’importe qui pouvait bien y dire qu’il n’avait pas à se sentir responsable, Layden savait qui avait orchestré cette attaque, c’était lui-même. Il porta une main devant sa bouche alors que l’émotion gagnait de plus en plus de terrain dur son visage. Ces yeux humide par les retrouvailles. Sa soeur semblait en santé, y avait-il seulement des marques de torture sur elle?

— C’est un miracle! Comment tu t’es enfouis des mains d’Illyria? J’aurai voulu lui voir la face à cette sangsue!, avoua Layden le sourire vainqueur au lèvres.

Si seulement il savait la vérité... Malheureusement la situation ne s’était pas déroulé exactement comme Layden l’a perçu. Mais là tout de suite, il avait besoin de s’asseoir pour recevoir toute cette explication sur sa liberté. La famille s’installa autour de la table, prenant place avant le moment des explications.

Le jour se lève sur San Phoenix et lentement le soleil se fraie un chemin à par delà l'horizon. Les premières lueurs de cette aube naissante viennent me titiller les paupières et sous l'effet de ce léger chatouillis, le sombre rideau de mes cils se met à remuer doucement, premier signe de mon réveil imminent. Mais je m'y oppose. Obstinément. Mon corps se repli aussitôt sur lui-même et mon visage s'enfouit dans le creux de mon oreiller dont le confort est beaucoup trop agréable pour que je conçoive l'idée de m'en éloigner. Qu'est-ce que je donnerais pour être en mesure d'arrêter l'astre soleil dans sa course. L'intercepter. Le figer dans le temps... juste une heure ou deux encore.  Je prends une ou peut-être dix poignée de secondes, qui s'écoulent comme des grains de sable entre mes doigts impuissants, avant d’entrouvrir enfin mes paupières d'une motivation qui manque franchement de vitalité.

Hier soir, alors que je m'apprêtais à mettre Gyda au lit, en proie à de vigoureuses protestations, l'une de nos juments - nommée Dazzler en hommage à sa crinière d'un blanc tout à fait éblouissant - a commencé son laborieux travail visant à mettre au monde son petit poulain qu'elle portait depuis déjà onze mois. Nous savions pertinemment que l'accouchement était imminent, mais inévitablement, à chaque fois, nous ne pouvons nous empêcher de frôler l'euphorie. Et par nous, je fais allusion à Gyda et moi. C'est donc pour cette raison que la petite ne s'est, finalement, pas mise au lit. Nos plans ont changé assez radicalement, alors que nous nous sommes retrouvés à assister Dazzler dans ce moment grandiose. Ce moment qui nous a occupé une bonne partie de la nuit, disons-le. Mais ces instants précieux et uniques, attrapés à la volé comme des papillons fuyards n'ont tout simplement pas de prix. Il faut les saisir et les savourer. C'est donc aux petits heures du matin, après avoir vérifié que l'état de santé du nouveau né ne laissait rien présager d'inquiétant, que j'ai pris ma grande fille de dix ans - qui s'était paisiblement endormit dans la paille après la naissance du petit - dans mes bras et que je l'ai porté jusqu'à sa chambre; tâche relativement ardue lorsqu'il fait sombre, que vous êtes complètement exténuée et que votre enfant pèse dans les trente-cinq kilos. Mais bon, j'ai vue bien pire comme situation.

C'est donc avec une lenteur inhabituel que j'ai entamé ma journée au ranch, prenant soin de ne pas réveiller Gyda en sortant de la maison, histoire de la laisser récupérer un peu. Comme à son habitude mon frère Layden était à l'heure et paré de son énergie débordante qui lui est fidèle. Pour tout dire, j'aurais volontiers pigé dans ses réserves inépuisables d'entrains pour me renflouer un peu, mais comme la vie n'est pas ainsi faite, la caféine se révélera être une importante alliée pour traverser cette journée qui n'en est encore qu'à ses premiers balbutiements. La nouvelle maman et son nouveau-né son au coeur de mes priorités. C'est donc pour cette raison que je me dirige d'emblée vers le box - plus grand que les autres - que nous utilisons pour accueillir les juments et leur rejetons. Je ne suis pas une spécialiste en soin animaux, mais je sais reconnaître un poulain en santé et ce dernier me semble en parfaite condition. Lorsque je pousse la petite porte de bois, le petit se détache des mamelles de sa mère et se lève sur ses quatre petites cannes mal assurés. Il n'y a pas a dire, il sont tout à fait craquants à cet âge. Et ces premiers instants de vie sont cruciale pour la suite de leur développement. Les désensibiliser à la présence humaine et aux manipulation demeure un détail très important et déterminera son aisance ultérieur envers notre race. Il faut dire que j'entretiens une relation très étroite avec chacune de mes bêtes. Ce ranch, cette maison, ces chevaux, notre fille, se sont les cadeaux d'adieux que Callum m'a laissé en quittant ce monde et chaque parcelles est empreint de précieux souvenirs.

Après ma petite visite à la nouvelle famille, je constate que mon café - dont j'ai à peine bu trois gorgée - est devenue glacé. Je grimace en y trempant mes lèvres. Puis je juge qu'un petit répit s'impose. En empruntant le sentier menant à ma demeure, j'aperçois Layden et lui fait signe de me rejoindre à l'intérieur. Tout de suite, je m'affaire à remettre de l'eau sur le feu de la cuisinière. Mon frère de tarde pas à faire irruption dans la cuisine, déposant ses gants, s'appuyant contre le comptoir à quelque pas de moi. Il me fait un topo de ses tâches effectuées et me questionne à propos d'une commande.

- La commande...? Pendant une demi-seconde où mes sourcils se froncent d'un air dubitatif, je fouille dans le désordre de mon esprit encore un peu embrumé, à la recherche des détails de cette fameuse commande. L'éclair me frappe en pleine gueule. Oh oui, la commande! les nouvelles scelles que j'ai demandé à un artisan de Willow fall. Celles que j'ai eu le loisir d'essayer et qui sont d'un confort incomparable. Layden avait hâte de les essayer! Elles remplaceront volontiers nos scelles qui ont  déjà pas mal de vécue. Je me tourne alors vers l'évier et entreprends de servir un verre d'eau à mon frère. Je le tends aussitôt vers lui, en lui répondant; Toujours pas reçu. Il m'a dit en avant-midi, mais connaissant Fergus, il est possible qu'il soit ivre mort dans le fond d'un ruelle à l'heure qu'il est. J'ai bien peur qu'on ne puisse pas espérer la réception de cette fameuse commande avant la fin de l'après-midi. Dis-je avec une pointe de déception dans la voix. Layden bu le liquide translucide d'un trait de déposa le verre contre le comptoir avant de me demander comment allait Gyda et si elle dormait encore. Mes yeux ne peuvent s'empêcher de se promener du côté de l'escalier menant la l'étage supérieur et aux chambres à coucher.

- Elle va bien. Elle m'a assisté hier soir pour la venue au monde de... hmm... de poupette. Je retiens un fou rire voyant le regard circonspect de Layden. Mes yeux roulent vers le haut alors que j’entame aussitôt mes explications; c'est le nom que Gyda a donné au petit rejetons.... et que j'espère qu'elle aura oublié ce matin. Rigolé-je en m'appuyant aussi d'un coude sur le comptoir. Je la laisse dormir un peu, ça été une longue nuit. Puis je me retourne vers la cuisinière en terminant; pour ma part, j'ai besoin de café...

Mais rien ne pouvait me préparer à la suite. Une apparition. Un visage que je n'espérais plus tant la vie avait tout mis en oeuvre pour me nous séparer. J'avais presque oublié la douceur des traits de son visage, le parfum floral de ses vêtements ainsi que la chaleur de son étreinte.

- Al!!! Mais... co... comment...? Comment est-ce possible!? Mon teint est livide. Mes muscles crispés. Je crois rêver! Mais, au fond de moi je le sais; c'est bien réel. Ce moment, cette étreinte, ma soeur. Alors mes bras se glissent autour d'elle et je la serre à mon tour contre moi. Très fort. Trop fort surement. L'émotion me submerge. J'ai envie de m'effondrer dans ses bras et de pleurer à chaudes larmes, mais je m'efforce de faire preuve d'une plus grande dignité. Mais je ne suis pas certaine d'y arriver aussi bien que je ne le souhaiterais, car lorsqu'elle s'écarte de moi et prends mon visage dans ses mains en me promettant qu'elle ne permettrait plus jamais qu'on me fasse du mal, quelque chose en moi se brise. Je ne suis plus aussi solide tout à coup. J'ai dégringolé du haut de mes convictions et je suis de nouveau une gamine dont les paroles rassurantes de sa soeur pansent toutes les blessures. Et dire que c'est moi qui suis sensé être à l'épreuve de tout. Mes mains serrent ses bras qui encadrent mon visage et en clignant des paupières, une larme déborde de mes yeux brillants et glisse le long de ma joue. Je n'ai toujours pas réussit à enligner le moindre mot lorsqu'elle lève mon menton, examinant ma gorge d'un oeil inquiet. J'en déduis aussitôt qu'Illyria lui a glissé un mot à propos des récents événements de Magnolia Light; autrement dit, cette fois où elle m'a tranché la gorge devant un auditoire.

Althea se dirige alors vers notre frère et lui offre la même étreinte, alors que je plaque une main contre ma bouche étouffant un sanglot. J'essuie mes joue humides et me dirige vers l'évier afin de préparer un autre verre d'eau, mais cette fois pour ma soeur. Sous les paroles de Layden, la questionnant à propos des circonstance de sa fuite, je tire un siège pour Althea et l'invite à y prendre place.

- Tu dois être épuisé, assied-toi. Tient. Dis-je en lui tendant le verre remplis d'eau fraîche. Je prends aussitôt place juste à côté d'elle, en posant une main sur son épaule, peinant encore à réaliser qu'elle soit de retour. Toi.... ça va? Articulé-je difficilement en pensant à tout ce qu'elle avait du vivre entre les griffes d'Illyria. Dieux que je m'en voulais de ne pas avoir réussit à la faire sortir de là. Le poids de mon échec me comprimait la poitrine comme un puissant étau.

Je ne m’attendais pas à une autre réaction de leur part, Evidemment, autant de temps sans s’être vu, parlé, sans avoir eu le moindre contact, il ne pouvait pas en être autrement de nos retrouvailles. Nous avions toujours été une fratrie très soudée et fusionnelle, et avec toutes les épreuves que l’on a eu à endurer, on pouvait dire qu’on revenait de loin.
Ma sœur ne me répond pas, mais je peux voir dans son regard tout le bouleversement que génère mon retour, et je n’insiste pas plus, essuyant doucement la larme qui coulait sur sa joue à l’aide de mon pouce, avant de porter mon attention sur mon frère.
Ce dernier a littéralement l’air d’avoir vu un fantôme, restant bouche bée devant moi, puis prend enfin la parole pour me demander à plusieurs reprise si je suis réelle et s’il n’hallucine pas. Me connaissant, j’ai envie de faire une petite blague mais je m’abstiens, l’heure n’était pas vraiment à faire de l’humour ! En revanche, une de ses phrases m’interpelle, celle où il dit qu’ils ont tout fait pour me récupérer, et je le sais, je n’en ai aucunement douté, pas une seule fois, même si je ne l’ai pas vu de moi-même, je sais qu’ils ne m’ont jamais abandonné. Je le regarde sérieusement, faisant un signe de la tête pour acquiescer :

- « Je sais, j’ai lu la lettre… »

Cette lettre que Freydis avait mise dans la boite qui m’était destinée, où elle me parlait des évènements de notre dernière rencontre. Cette journée dont je ne me souvenais absolument pas, et quand je l’ai lu, j’ai directement confronté Illyria face aux mots de ma sœur. En réalité, cette peste m’avait effacé mes souvenirs juste parce que j’avais décidé de m’enfuir, elle voulait m’enlever cette idée de la tête. Si elle savait que ce qui occupe mes pensées jours et nuits, hormis ma famille, c’était de trouver une solution pour pouvoir être libre !
Ma sœur me propose de m’asseoir, tout en me tendant un verre d’eau et je m’exécute, buvant quelques gorgées en écoutant leurs questions, alors qu’ils s’installent à leur tour à table. Par où commencer, j’ai tellement de choses à dire, et je ne sais même pas comment, surtout que je vais devoir omettre certaines informations, et ça même contre ma propre volonté.
Après m’être désaltérée, je les regarde et leur lance un sourire plein d’amour, ils allaient bien et finalement c’était tout ce qui m’importait. Je me mordille l’intérieur des joues quelques secondes, réfléchissant à mes mots, à ce que j’allais dire, puis commence, essayant de paraitre la plus crédible possible :

- « Emh.. Oui voila c'est ça, j'ai réussi à trouver un moyen de lui échapper, j'ai volé un cheval et je me suis enfuis. Elle doit sûrement être à ma recherche à l'heure qu'il est.»

Etre obligée de mentir à ma famille, ça devenait vraiment pathétique, j’étais tombée bien bas tout à coup, j’avais honte de ce que je faisais, alors que je ne pouvais même pas le contrôler. C’était comme si quelque chose m’empêcher de dire ce que je voulais, et perde sa liberté de parler et d’agir, c’est certainement ce qui peut exister de pire dans ce monde.
Sans leur laisser le temps de réagir à ce que j’avais dit, je reprends la parole rapidement :

- « Et moi oui ça va, enfin.. Vous savez, j'étais plutôt bien traitée là bas, je n'étais   pas torturée ou affamée, j’avais une chambre, de l’alcool à disposition, et j’avais la possibilité de sortir dans l’enceinte de la ville. Il fallait juste que je me coltine l’autre folle qui pense qu’on est amies, alors que pas du tout mais bon.. Il y’en a d’autres, beaucoup.. certains sont enfermés dans des cages, et d’autres sont réduits en esclavage. Ce sont des gens comme nous, c’est notre peuple, on ne peut pas les laisser comme ça, il y a des enfants aussi.. »

Je tourne la tête vers Freydis en disant cette dernière phrase, c’était une mère et elle serait surement la plus à même de comprendre la situation. Moi honnêtement je n’étais pas à plaindre, bon j’étais pas là bas de mon plein grès c’est clair, mais j’y avais pas la vie difficile, je dois le reconnaître. Les autres par contre oui, alors s’il fallait agir, c’était plutôt pour les en sortir eux, que moi. En plus, maintenant ils me croient libre alors comme ça.. Enfin dans tout les cas il faudrait mettre en place un plan, et je n’avais aucune envie de savoir lequel, après je serai obligé d’aller le raconter à la vampire !
Pour essayer de changer de sujet, et pour avoir également des nouvelles du reste de ma famille, je demande :

- « Bon alors, qu’est-ce que j’ai raté ? Comment va la petite ? Et maman ? »

J’espérait que ma nièce, que je n’avais pas revu depuis le jour de mon enlèvement, n’avait pas été traumatisée par le chaos qu’avaient semé les vampires, et par ma disparation soudaine, sous ses yeux.

Le verre d’eau en main, Layden avait alors écouter les paroles de sa soeur concernant la commande et l’état de santé de Gyda. Sans oublié le petit bébé qui vient d’arriver dans la famille. Poupette ? Si ce n’était pas le meilleur nom pour une pouliche ça! Layden n’a pas pu se retenir de rire, un rire agréable et mignon. Parfois les enfants, ils n’allaient pas dans la complexité. Ce temps lui manquait que trop souvent.

À l’arrivé de l’intrus, la découvert de leur soeur aînée, les accolades, l’émotion était au rendez-vous. Layden avait fini par tirer une des chaises avant de prendre place à la table avec ces soeurs. Layden n’avait pas pu s’empêcher d’émettre une remarque sur leur meilleure amie la reine des vampires. De ce qu’Althéa racontait, il en compris qu’elle avait donc fini par brisé cette hypnose pour ensuite s’enfuir. Ce qui n’était pas étonnant, Althéa avait plus d’un tour dans ces poches et après 6 mois de séquestration, elle a dût longtemps réfléchir. En soit, lors de leur visite surprise qui finalement fut un échec total - un autre échec à ajouter à la liste - Layden avait bien réaliser qu’Althéa n’était pas torturé, enfermé, voir même menotté aux sang. Louche venant d’Illyria. Mais au moins malgré leur courte rencontre, qu’Illyria a prit soin d’effacer des souvenirs d’Atlhéa, Layden avait pu réaliser que sa soeur était en vie, et en santé, qu’au finale elle allait bien.

Néanmoins il ne s’interrogea pas sur la partie technique de la situation, Layden fut automatiquement réjouis par le fait qu’Illyria devait chercher sa prisonnière. Un moment de silence pour se bonheur intérieur. Il était si loin du compte.

Freydis le ramena sur terre quand elle questionna Althéa sur sa santé. Comment elle allait. Visiblement on pouvait déjà affirmer que leur soeur allait bien, mais attendez qu’on vous enferme 6 mois sans voir ta famille, tes proches. Qu’on vous isole, qu’on joue psychologiquement avec votre esprit, peut être que physiquement on peux bien paraître, mais comment allait réellement Althéa sur ce qu’on ne peux pas voir. Les vampires étaient rusés. Il y avait milles façons de faire souffrir quelqu’un. Ils sont fort sur la persuasion, d’ailleurs Althea en avait été plus que victime. Si seulement Layden aurait pu prendre sa place... il l’aurait fait pour la sécurité de sa soeur. Il n’y a pas eu un jour où il sait dit que sa l’aurait dût être lui. Mais visiblement, Illyria avait d’autre projet.

Heureusement, Althéa leur confirmait le luxe de son enlèvement. Chose que Layden n’arrivait pas à assimiler.

— Elle avait besoin d’amie alors elle à prit son manoir pour un hôtel?, grogna Layden en tentant de comprendre la situation.

Du plus, la suite de ces informations rendait la situation encore plus loufoque qu’elle ne l’es déjà. Mais, la blonde souleva un point important; il y avait d’autre victime à sauver. Ce qui dans un sens amenait à songer que leur plan d’attaque en cours de construction pourrait s’avérer utile.

— En effet, on ne peux pas les laisser là bas, je suis d’accord avec toi. Comme tu l’as dit ils font parti des nôtres également. On avait déjà une nouvelle tentative pour te sortir de là, autant l’adapter et ça ne sera pas tout perdu!, avait alors affirmé Layden à ces deux soeurs.

Freydis était au courant du projet sachant qu’elle fait parti du groupe - du groupe toujours sans nom - alors forcément l’idée en soit n’était pas mauvaise, même potentiellement réalisable. Mais alors qu’Al venait juste d’arriver, voila qu’ils parlaient déjà d’aller sauver les autres. Le fait que la blonde leur questionna sur ce qu’elle avait manqué, lui fit comprendre qu’il voulait profiter du temps avec sa soeur, et pas qu’elle saute à nouveau dans la gueule du loup. Néanmoins il gardait pour lui cette marque d’affection, et se contenta de répondre après un regarde échanger avec Freydis.

— Maman... c’est maman. Quand elle travail pas, elle cherche à se garder occupé. Elle fait beaucoup d’aide humanitaire envers le peuple.. Elle aide à sa façon je suppose.. Attend qu’elle te vois elle n’en croira pas ces yeux.

Layden termina ces mots avec le large sourire aux lèvres. Layden s’était toujours senti coupable. Coupable sur leur échec. Sur cette erreur. Depuis, le groupe était moins ouvert, mais s’assurer de leur fidélité. Pheadra n’apportait pas un réel plaisir au groupe de Layden depuis l’enlèvement d’Althéa. Il y avait beau y avoir un traite qui s’était infiltré cela n’en demeurait pas moins sa responsabilité. Le jeune homme alternait son regard de la blonde à la brune. Ces yeux se posa sur Freydis qui parlait à son tour de Gyda et sur les changements durant ces 6 derniers mois. Après c’est quelques mots, Layden se redressa alors qu’il fut frappé par une pensée.

— D’ailleurs, tu es rendu vieille la soeur, 33 ans!, affirma alors Layden pour la taquiner dans l’amour pur entre un frère et une soeur. C’était plus pareille sans toi.. on n’a pas pu être avec toi le jour de ton anniversaire... Al, tu nous a tellement manqué... mais on était pas les seuls à qui tu manquait, sache que tes élèves ont pensé à te faire des cartes d’anniversaire pour ton retour, affirma alors Layden avant de l’oublier.

Les cartes résidaient sur sa commode qu’elle trouvera forcément en entrant dans sa chambre.

L'apparition surprise d'Althea me laisse l'étrange impression d'être plongé dans un rêve. Un rêve merveilleux, auquel je prends rapidement goût et dans lequel j'espère pouvoir me laisser bercer encore longtemps. Elle m'a tellement manqué - et c'est peu dire - la retrouver est un pure délice duquel je ne veux plus jamais qu'on me prive. Et j'ai le goût, moi aussi, de faire des promesses. Des promesses audacieuses qu'il me sera sans doute difficile de tenir; plus jamais... plus jamais je ne laisserai personne nous séparer. Je ne supporte plus qu'on lui fasse du mal. Qu'on fasse du mal à qui que ce soit dans cette famille. Chaque détails de cette précieuse étreinte qu'elle m'offre comme un cadeau de retrouvailles, me permet de croire en la véracité de ce moment. Oui, c'est bien vrai. Je le sais. Elle est là. Elle est revenue! Je ne rêve pas. Je ne me réveillerai pas habité par le vide immense que son absence a laissé dans nos vies. Et ça n'arrivera plus. Je ne le permettrai plus.

C'est alors qu'Althea nous annonce avoir lu la lettre. La lettre! La fameuse lettre. Ou plutôt, ce tout petit bout de papier déchiré à même une insignifiante feuille de courses, dont la superficie n'était clairement pas en mesure de contenir tout ce que mon coeur se languissait de lui dire. Non sans mal, j'étais arrivé à piger dans cet océan de non-dits qui s'accumulaient entre nous, sélectionnant méticuleusement les mots - les bons mots - à coucher sur le papier. J'avais tellement de choses à dire, mais trop peu de latitude pour me permettre de m'étaler dans des détails susceptibles de compromettre nos plans. Il y avait trop à perdre... et nous avions déjà tant été éprouvé. Je ne pouvais me permettre de faux pas. Néanmoins, dans chacune de ces lettres, tracées d'une main tremblante, j'avais pris soin d'insuffler tout cet amour et ces espoirs que je voulais lui transmettre. Et j'espérais de tout coeur qu'elle arrive à le ressentir. Qu'elle s'en nourrissent. Qu'elle s'en abreuve. Qu'elle s'en exhale. Pour compenser pour tout ces moments de solitudes où elle aurait pu se sentir seule ses derniers mois.

chère Al,
Saches qu'il n'y a pas une journée qui passe sans que nous pensions à toi. Pour éviter de donner des infos aux vampires, je vais m'en tenir à l'essentiel: Layden va bien. Il a récupéré depuis notre dernière tentative. Je sais que tu avais quelque chose d'important à nous dire, mais ne t'en fait pas, de notre côté, nous préparons quelque chose. Je ne peux pas t'en dire plus. Ne perds pas espoir. On se retrouvera bientôt.
s.v.p. Brûle ce message après ta lecture.
Je t'aime,
ta soeur Freydis

C'était il y a environ un mois. J'avais plié soigneusement le papier de façon à ce qu'il soit plat, mince et pratiquement imperceptible. Puis je l'avais glissé dans la poche arrière de son jeans préféré, disposé à travers une pile de vêtements et autres effets personnels qui figuraient sur une liste laissé par Illyria. Certains détails n'avaient pas manqués de me pousser aux réflexions. Pourquoi Illyria prendrait-elle la peine de ramener des effets personnels à une prisonnière? Qu'avait-elle a y gagner? N'était-ce que du matériel destiné à des fins de torture mentale ou quelque chose dans la même veine? Il y avait clairement anguille sous roche! C'est donc torturée par cette horde de questionnements que j'ai remis la boîte en question entre les mains d'un des sbires d'Illyria, la retenant un peu entre mes doigts crispés lorsque vint le moment de la lui céder. Puis je l'ai vue s'éloigner avec un morceau du monde de ma soeur - encore un morceau qu'on nous arrachait - sans avoir la certitude qu'elle en verrait la couleur. Les chances qu'Althea reçoive ce bout de papier étaient mince, voir même nulle, mais je caressais tout de même l'espoir qu'elle puisse recevoir ce petit bout d'amour et d’espoir qu'il renfermait.

Nous nous asseyons tous à table, comme nous avions l'habitude de le faire naturellement autrefois, et s'il ne régnait pas cette tension émotionnelle, on pourrait jurer que rien n'a changé entre nous. J'échange un regard avec mon frère, comprenant que je ne suis pas la seule à être complètement submergée. Je lui adresse alors un sourire en coin en guise de soutient, car je sais que les émotions se bousculent aussi chez lui. Il vient de passer des mois à s'en vouloir et à tenter de réajuster le tir après notre échec cuisant pour reprendre Crimsondale. En plus d'essuyer une défaite, nous avons dût enterrer plusieurs confrères Natifs et voisins. Les victimes étaient des gens bien qui avaient des familles... sans parler du nombre impressionnant de prisonniers qui ont été ramené de force à Crimsondale; homme, femme, enfants. Nous avons également perdu bon nombre d’alliés, qui face au risque de combattre ou même de s'afficher à nos côtés, ont plutôt décidé de nous tourner le dos. Mais notre alliance avec Silena et ses armes spécialement conçue pour éradiquer les vampires donne un nouveau souffle à notre quête. Nous sommes sur une nouvelle lancée et cette fois-ci, nous n'avons absolument pas droit à l'erreur.

Althea commence par nous expliquer les circonstances de sa fuite, nous expliquant qu'elle a volé un cheval et qu'elle s'est directement rendue ici. J'avale aussitôt de travers, songeant au danger qui nous guette. Illyria ne restera pas là sans rien dire. Elle n'acceptera pas la perte d'Althea, son joujou chérie... car oui, je le sais que la reine des vampires affectionne - supposant qu'on puisse utiliser ce terme - ma soeur. Mais Mais de façon malsaine, comme à son habitude. En fait, je dirais qu'elle se sert d'elle comme d'un trophée qu'elle aime bien exhiber. Puis elle doit se plaire a discuter - si l'on peut appeler ses monologues des discutions - avec une fille intelligente et allumée comme Althea, sans parlé de sa beauté, qui avouons-le, ne laisse personne indifférent. En dépit de toutes ses demi-certitudes, je me vois tout de même soulagée de me faire valider qu'elle recevait un bon traitement...

Contrairement à d'autre.  


Bien entendu, lorsqu'elle fait allusion aux enfants prisonniers, je sens un étaux me comprimer la gorge. Mes yeux s'humidifient de plus bel, alors que je fixe un point sur la table, le regard vide. Nous ne sommes clairement pas les plus à plaindre dans cette histoire et il va sans dire que nous devons à tout prix arriver à libérer ses pauvres prisonniers. Néanmoins, en regard de toutes les défaites que nous avons essuyer envers les vampires, il m'apparaît évident que nous devrons peut-être changer notre approche... car je ne veux plus jamais revivre ce genre de drame. Je reste muette. Je n'ai jamais été la plus bavarde des trois. Alors c'est plutôt Layden qui prend la parole, expliquant à notre soeur que nous n'allions certainement pas laisser les autres prisonniers là-bas et que nous avions justement un plan. Un plan qui s’échafaude tranquillement, au même rythme que les expérience de Silena. J'ai d'ailleurs accepté récemment de lui servir de cobaye pour ses expériences visant à chercher activement un remède susceptible de guérir les Natifs devenu mi-démon. Au début je ne croyais pas en ses projets, je la trouvais arrogante et prétentieuse... et pour tout dire, je la trouve toujours arrogante et prétentieuse, mais j'ai décidé d'essayer d’aborder le problème d'un nouvel oeil. Essayer une nouvelle approche. Silena pense que mon pouvoir de régénération pourrait être une bonne piste... ça reste à voir.

Puis, notre soeur jugea bon de changer de sujet pour apaiser un peu l'atmosphère. Elle demanda des nouvelles de notre mère, ainsi que de Gyda. Layden échangea un regard avec moi et prit la parole. Il raconta quelques détails à propos de notre mère, du fait qu'elle s'impliquait beaucoup à San Phoenix. Depuis la disparition d'Althea, elle accumulait les projets, comme pour se garder l'esprit occupé. Après tout ce qui avait bousculé notre famille dans les dernières années, la capture d'Althea avait été sans contre-dit un coup plutôt difficile à encaisser. Lorsque Layden eu finit de parler de notre mère, les regards se tournèrent aussitôt vers moi. Les yeux d'Althea était attentifs, excités, comme ceux d'un enfant à qui on s'apprête à lire une fabuleuse histoire. Le lien entre Gyda et elle a toujours été très étroit. Elle a emménagé chez nous après la mort de Callum et en plus d'avoir été d'un support émotionnelle inestimable, elle était toujours partante pour faire un peu de gardiennage lorsque je devais m'absenter, soit pour m'entraîner avec mon frère, ou encore pour faire des échanges ou des courses sur les territoires voisins. Elles ont toujours été très proche, mais la mort de Callum les a rapproché d'avantage.

- Gyda va bien. Je m'éclaircis la gorge en pensant à sa condition et à toutes les embûches qu'il nous reste à traverser, mais je m'empresse de balayer ces craintes et focus plutôt mon attention sur la beauté de notre quotidien. Le tableau est déjà suffisamment sombre. Elle a mûrit, c'est fou! Elle m'aide beaucoup avec les chevaux depuis la fin des classes. D'ailleurs, cette nuit elle ma assisté pendant l'accouchement de Dazzler. C'est pour cette raison qu'elle dort encore, sinon elle serait déjà en train de cajoler le petit rejetons. Elle va être folle de joie de te voir. Dis-je avec beaucoup d'émotion dans la voix. J'ai envie de courir à l'étage la réveiller, mais je m'y résigne. Elle aura une belle surprise en se réveillant.


Layden lance alors à notre soeur qu'elle se fait âgée, faisant remarqué son anniversaire qui était passé pendant sa captivité. Trente-trois ans! J'ai d'ailleurs moi aussi fêté mes trente ans il n'y a pas si longtemps. Et je les ai fêté sans ma soeur. Ça été difficile... presque autant que mes seize ans sans mon père et que mes vingt six sans Callum. Mais cette fois c'était différent, car elle était en vie et je continuais de nourrir l'espoir de la retrouver dans un futur pas si lointain. Futur qui finalement arriva beaucoup plus vite que je ne l'aurais songé. Layden prit soin d'indiquer à Althea qu'elle avait manqué à tout le monde et particulièrement à ses ses élèves, qui lui avaient confectionnés des d'anniversaires. Je termine à précisant:

- Nous les avons mise sur la commode dans ta chambre. Mon regard dévie vers l'escalier menant aux chambres à l'étage, alors qu'un sourire arque mes lèvres. Tu vas voir, rien à changé. Nous avons tout laissé tel quel. Il manque seulement les choses que tu... que tu as demandé dans ta liste... Je découpe les trois derniers mots, hésitante, alors que mon esprit s'évade dans le souvenir de cette visite d'Illyria chez moi. Elle m'avait laissé une liste d'effets personnels écrite de la main de ma soeur. Tu as reçue la boîte... Dis-je plus bas, presque pour moi-même. Le vent change brusquement de direction et mon esprit prend un tout autre virage. Mon visage reprend des airs plus sérieux. Al... La dernière fois, tu voulais nous dire quelque chose de très important quand nous revenions de Crimsondale, juste avant qu'Illyria et sa bande ne nous tombe dessus... qu'est-ce que c'était? Demandé-je avec une curiosité non dissimulé. Il y a des mois que cette question me tourmente.

A la question de mon frère, traduisant son incompréhension face à mon récit sur ma captivité, je ne réponds pas, réfléchissant silencieusement. Il est vrai que la situation était assez étrange, ça faisait tout de même six bons mois que j’étais retenue prisonnière par Illyria, et j’étais presque considérée comme une invitée. Je dis bien presque, car il y avait quand même des moments où elle se servait bien de moi, comme le jour où j’ai été forcée de lui autoriser l’entrée de la maison, et en ce moment même où je lui sers d’espionne. Mais à côté de ça, ma foi j’étais plutôt pas mal à bas, j’avais tout ce que je voulais, les autres vampires ne pouvaient rien me faire, et si les circonstances avaient été différentes je suis certaines que j’aurai pu m’y plaire !
Quand il parle de plan, je réagis rapidement, peut-être trop vite justement, mais je ne voulais pas qu’il reprenne la parole à ce sujet, pas devant moi :

- « D’accord, et bien je vous laisserais peaufiner votre plan plus tard alors. »

Je hoche la tête pour accompagner mes propos, il ne fallait pas que je paraisse suspecte, quelle merde, mais comment je vais gérer ça moi ! Dans tout les cas il était certain que je ne donnerai pas à Illyria ce qu’elle attend, même si pour cela je devais sacrifier ma présence auprès de ma famille, il était hors de question que je mette un quelconque plan en péril.
Layden poursuit sur notre mère, suivit de Freydis qui me répond au sujet de Gyda, et je souris comme une enfant en écoutant la petite histoire de ma sœur. J’avais toujours été très proche de ma famille, et pas seulement de mes deux cadets. Les relations avec ma mère ont toujours été faciles, durant mon enfance nous étions assez fusionnelles, et en grandissant je lui étais d’une grande aide pour s’occuper de mes frères et sœurs, je la soutenais et malgré les évènements tragiques qui ont suivit nous sommes restés soudées. Lorsque j’ai apprit son infidélité auprès de mon père, je suis restée neutre, elle elle était là, ce n’était pas elle qui m’avait fait souffrir, et ce n’était pas elle qui avait tué ma petite amie. Gyda était ma nièce, je l’ai regardé grandir tout comme j’ai vu grandir sa mère, nous avons toujours été proches et vivre auprès d’elle a un peu plus resserrer nos liens. Je ne sais pas ce qu’il se serait passé ce jour là si je n’avais pas accepté de me livrer aux vampires, et je ne regrette pas de ne pas avoir eu à le découvrir. J’ai également eu une certaine complicité avec mon père fût un temps, lorsqu’il était encore celui qui me racontait les histoires de sa vie sur Terre, quand j’étais enfant. Mais aujourd’hui je ne veux entendre parler de lui, il a assez fait de mal à notre famille.

- « J’ai hâte de les voir aussi, j’ai tout mon temps maintenant de toute façon ! »

N’importe quoi, en plus c’était faux et avant la tombée de la nuit je devrais être de retour au manoir, Je sais même pas comment je pourrais disparaître sans qu’ils s’en aperçoivent. Il faudra que j’invente des excuses, j’aurai pas le choix !
Layden fait une petite remarque au sujet de mon anniversaire, m’informant au passage des cartes faites mes amours d’élèves. J’irai faire un tour dans ma chambre après pour voir tout ça. Ah mon anniversaire, habituellement je le passe en famille, et avec des amis, mais cette année non, j’étais seule. Enfin, pas vraiment, j’ai quand même eu le droit à un gâteau, une bouteille de vin, et la présence de la vampire – si on peut considérer que sa présence était une bonne chose –, au final bon, c’était pas si horrible que ça !

J’écoute ma sœur me dire que rien n’a changé dans ma chambre et ses paroles me réchauffent le cœur, ils savaient que je reviendrais, ils n’ont jamais perdu espoir.. Ensuite elle parle de la liste et malgré qu’elle baisse le ton, je perçois quand même ses mots et réponds aussitôt, haussant un sourcil :

- « La boîte ? Ah oui ! Oui euh.. en fait je suis partie précipitamment, j’ai pas eu le temps de la prendre avec moi.. »

La fameuse boîte contenait des objets précieux pour moi, des souvenirs, des cadeaux de ma famille, des choses dont je ne me séparais jamais, c’est pour cette raison que j’avais demandé à Illyria d’aller les chercher, et étonnamment elle avait accepté. Franchement, me faire mentir à moi, me faire jouer ce rôle alors que je suis la plus mauvaise menteuse qui puisse exister, de plus devant eux qui me connaissent parfaitement bien, c’était pas malin de la part de la vampire hein, et ça risquait surtout de me mettre dans une situation délicate s’ils découvraient que j’ai été envoyée ici sans bonnes intentions.
La question qui suit me laisse perplexe. Moi j’avais quelque chose à leur dire ? Il y a dû avoir un malentendu là, enfin bien sûr que j’ai un million de trucs à leur raconter, mais quelque chose de précis, je ne vois pas. En revanche, il est vrai que cette journée je ne m’en souviens pas, Illyria a éffacé ma mémoire concernant ce qu’il s’est passé ce jour-là, mais elle m’a expliqué les raisons, même s’il est clair que son blabla ne doit pas cru naïvement. Alors en effet peut-être bien que ce dont je voulais absolument leur faire part m’ait échappé, et il y a de fortes chances que ça justifie même l’hypnose de Illyria pour tout me faire oublier. Les deux doigts posés sur mon menton, comme pour réfléchir, je reprends :

- « Je ne sais plus.. elle m’a effacé mes souvenirs de cette journée, puis suite à ta lettre elle m’a dit que c’était parce que j’étais bien décidée à m’enfuir. Emh.. qu’est-ce qu’il s’est passé ce jour-là ? Je sais qu’on s’est vu, mais c’est tout, comment vous avez fait pour réussir à partir de là bas sans danger ? »

Sur l'annonce d'un plan pour la libération d'Althéa qui pourrait être utile pour libérer les restes des prisonniers, Althéa écourta le sujet. Elle ne chercha pas à en connaître d'avantage les idées, et c'était tout à fait compréhensible. Elle venait de s'enfuir après 6 mois de captivité. Il était évidant qu'il y avait d'autre sujet qu'elle voulait aborder. Layden se contenta alors de sourire au coin des lèvres en hochant la tête pour affirmer sa demande. Il ne pouvait qu'être d'accord pour libérer le reste des otages.

Althéa rayonnait de bonheur à entendre les dernières informations qui s’étaient déroulé ici au ranch et dans l'entourage de ces proches. Layden avait le cœur gros de voir sa sœur en chair et en os devant lui. Il ne pouvait plus cacher son sourire. Freydis parlait avec difficulté de cette boite. Boite qui visiblement l'a rassuré de savoir qu'elle fut arrivé à destination. Seulement c'était sans étonnement de savoir que la boite fut restée là-bas. S'évader d'une prison ne devait pas offrir un grand temps de manœuvre pour s’exécuter. Althéa ne devra surtout pas s'en vouloir d'avoir oublié ces effets personnels, c'est pourquoi Layden se redressa sur son dossier pour venir déposer sa main sur celle de sa grande sœur aînée.

- Ce n'était que des objets, nous allons nous créer de nouveau souvenir maintenant que tu es de retour. Nous ne te laisserons plus jamais tombé, affirma Layden en affirmant ces paroles yeux dans les yeux avec Althéa.

Intérieurement, il cherchera toujours son pardon. Il fera tout pour qu'elle puisse enfin se libérer de cette charge psychologique. Après cette remarque, Layden se recula de nouveau pour ainsi laisser à Althéa le contrôle de ces mains.

Quand Althéa affirma la perte de mémoire, plus précisément ces souvenirs effacés, cela inquiétait Layden. Le silence s'installa dans la pièce. L'un comme l'autre cherchait quoi dire. Althéa n'avait donc aucun souvenir de sa presque libération, ni du duel, ni de son sacrifice pour laisser partir sa famille, chose que Layden ne méritait même pas. Illyria s'était arranger pour qu'Althéa n'ai aucun souvenir de son presque sauvetage?

Layden joignit les mains sur la table, se rapprochant doucement pour mieux être attendu, ou plutôt pour bien entendre la réponse.

- Illyria ta fait oublier... que nous sommes venu te sortir de là cette journée-là? Nous étions à deux doigts de réussir, mais à la dernière seconde, elle et ces sbires nous ont barré la route, tentant d’expliquer Layden en retenant sa colère. Elle t'a aussi effacé le combat entre elle et moi? Un combat pour lequel tu t'es sacrifiée de ne plus tenter de t’enfuir pour qu’elle libère l’emprise qu’elle avait sur moi… Elle t’a donc fait croire que… que tu étais oublié? Qu’aucune manœuvre n’avait été entrepris pour te sauver, affirma Layden la voix tremblante à deux doigts d’exploser.

Cet aveux l’horrifiait, et ne faisait qu’alimenter sa rage envers Illyria. Il ne voulait pas la laisser gagner sur lui, mais elle avait une si grande emprise sur lui. Sa colère, était sans aucun doute aussi sa faiblesse. Parce qu’il se laissait facilement déstabilisé. Il ne pouvait plus tenir en place qu’il se leva de la table pour aller faire quelques pas dans la cuisine. Certes, heureusement que la lettre de Freydis est été remis à Althéa. Elle pouvait au moins savoir. Savoir qu’ils avaient tenté de la libérer. Mais pendant la majorité de sa séquestration, Althéa était sans nouvelle. Layden ne pouvait à peine imaginer l’horreur des pensées d’Althéa à ce moment-là. Il finit par se poser contre le comptoir, les yeux rivés sur ces sœurs. Il finit par tranquillement se calmer. La colère n’avait pas lieu d’être aujourd’hui, au contraire.

- Je me demande si elle l'a fait dans son intention de te garder, ou pour te punir psychologiquement davantage, tenta de comprendre Layden.

Et bien qu’Althéa devait certainement avoir d’autre question, ou qui sait, peut-être qu’elle était épuisé de sa route et ce qui lui ferait du bien actuellement c’est de se reposer. Au moins maintenant ils avaient tout leur temps pour expliquer à Althéa les dernières mésaventure, comme l'attaque d'Illyria en ville. Mais aujourd'hui, laissons place au bonheur des retrouvailles.

Freydis allait donc proposer à Althéa d’aller se reposer pendant qu’ils allaient préparer un délicieux petit déjeuner, mais voilà que la petite Gyda se pointa le bout de son nez. Des retrouvailles entre Althéa et Gyda s’en suivi.

Ensemble dans cette matinée ils mirent tous mains à la pâte pour faire de ces retrouvailles un merveilleux moment et contribuer à la création de ce repas avant de laisser Althéa a ces occupations.

> FIN <