AREN'T YOU TIRED TO TRIED TO FILL THAT VOID.

- feat. Aldrick & Freydis -

La tempête qui a soufflé violemment la nuit dernière sur le royaume, a visiblement fait la vie dure au paysage d'Alder Lake. Assise sur la banquette encore humide, tenant les rênes à l'avant de ma modeste charrette, je constate avec étonnement l'ampleur des dégâts qui parsèment la route menant à San Phoenix. La pluie torrentiel à crée de gigantesques flaques d'eau là où il existait des dénivellations prononcées et le puissant zéphyr a emporté avec lui des branches, des feuilles, ainsi que des débris d'objets des villages voisins. Tout ce fouillis jonche la route et se mêle à la boue visqueuse du sentier, dans laquelle les sabots de ma jument s'engloutissent à chaque pas. On remarque que parmi les arbres majestueux longeant la voie, certains ont passé un moment particulièrement ardus. Bon nombre d'entre eux ont des rameaux cassés et d'autres encore courbent faiblement l'échine vers l'avant, comme pour tirer leur dernière révérence, avant de s'affaisser pour de bon. La route menant à San Phoenix est longue. Je dois m'arrêter dans des haltes en bord de route et dormir dans de petites auberges.

J'ai l'habitude de faire ce trajet. Je le connais sur le bouts des doigts et mon cheval aussi. Ma famille entretient depuis longtemps le commerce entre San Phoenix et Willow Fall. De plus, mes grands-parents habitent là-bas et y possèdent une terre fertile, sur laquelle ils font pousser toutes sortes de fruits et légumes délicieux. Ils ont également une petite serre chauffée, leur permettant de cultiver une certaine variété de végétaux en période hivernale. Aujourd'hui, à l'arrière de ma charrette je ramène quelques effectifs à San Phoenix. Des choses qu'on retrouve peu ou pas là-bas. Ces caisses en bois renferment entre autre, quelques bouteilles de bières provenant de la taverne Red hood, de délicieuses pommes rouges et croquantes, des légumes de saison, ainsi que l'incontournable sirop d'érable, dont ma fille raffole tant! Je garderai quelques trucs pour ma famille et je revendrai le reste aux habitants de San Phoenix, qui sont toujours ravis de fouiner dans mon petit butin et y trouver de quoi les charmer.

Je suis rapidement tiré de mes rêveries, lorsque je vois quelque chose obstruer la route au loin, droit devant. Je fronce alors les sourcils et rapetisse le regard, plissant ainsi les traits de mon visage. C'est un arbre... un gros tronc d'arbre imposant, tombé au beau milieu de la route, me bloquant inévitablement le passage. D'un regard méfiant, je balaie doucement la dense forêt qui m'entoure. Et bizarrement, c'est comme si tout à coup les arbres possédaient maintenant des yeux. Des centaines de paires de yeux qui sont braqués sur moi. Qui m'auscultent, qui scrutent le moindre de mes gestes. Qui me mettent en joug. Alors je suis aux aguets. Je suis alerte, prête à riposter au besoin. C'est un réflexe qui me suit désormais comme mon ombre, et je sais que je ne devrais peut-être pas, mais lors situations inattendues, j'ai tendance à songer d'emblée au danger et à la malveillance. Disons que je suis loin d'être naïve. J'ai perdu cette candeur il y a un certain temps déjà.

Une fois à proximité du feuillu, je tire lentement sur les rennes, pour indiquer à mon cheval qu'il doit s'immobiliser. Je dépose alors les brides juste à côté de moi et mon bras droit s'étire pour fouiller à l'arrière de la charrette, sans pour autant détourner les yeux du plausible danger, qui peut se cacher derrière chaque bout de verdure. Ma main cherche quelque chose, à l'aveuglette, tâtonnant sous la couverture qui recouvre le chargement. J'attrape enfin le manche de bois rigide que je cherchais. La hache! Sans perdre de temps, je descends de ma charrette et m'approche de cet arbre étendu de tout son long. Je remarque alors avec soulagement, que la base du tronc n'a pas été coupée volontairement. Mes muscles se détendent, visiblement moins à cran que tout à l'heure. Il aurait été possible que des vauriens cherchent à piéger les passants en leur bloquant la route, pour ensuite les dépouiller et possiblement les tuer. Ce ne serait pas la première fois! Néanmoins, dans ce cas-ci, tout porte à croire que c'est simplement la tempête qui a emporté cet arbre. Elle l'a fait danser une toute dernière fois! Le tronc devait déjà être affaibli, parce que vue sa taille, il fallait de sacrées rafales pour en venir à bout. Comme quoi rien n'est éternel! Et même le plus grand et le plus majestueux des conifères peut cacher derrière son écorce aux apparences robustes, un coeur tout fissuré et fragilisé par les tempêtes antérieures. Il semble fier et résistant, mais en fait, à chaque secousse, il peine à tenir le coup. Puis un jour il fléchit. Il flanche et le vent aura finalement raison de lui.

Je m'approche de l'arbre, essaie de le bouger, mais c'est peine perdue! Alors je décide de me mettre au travail, si je ne veux pas me retrouver en plein coeur de la forêt, au beau milieu de la nuit. Mes bras s'élancent vers l'arrière, prennent leur élan et frappent les branchages. Je prévois commencer par couper les branches et finir en sectionnant le tronc en plusieurs parties, afin d'arriver à les bouger plus facilement. Mais je pense que je sous-estime l'ampleur de la tâche...   

- ️ FICHE  BY DISTURBED -