Les crépitements de la nuit se faisaient entendre à travers la dense forêt recouvrant la majeure partie du territoire de la terre. Une charrette dirigée par des chevaux faisait sa route à travers le pavée de sable de ce sentier où un petit groupe de natif de San Phoenix se dirigeait vers Willow Fall pour participer à la foire qu’organisait la communauté avec ceux des autres nations. Ce petit groupe faisait partie d’une usine de fer qui produisait en grande masse divers articles pour le quotidien. Ils pourraient ainsi revenir avec des réserves en échange de leur service… sauf qu’un événement vint compromettre leur destin. [...] Informée de cette mission par l’un de ses informateurs, la grande reine des vampires qu’était Illyria décida de s’amuser un peu. Elle voulait en apprendre un peu plus au sujet des habitants de Willow Fall et peut-être même les villages voisins. Elle s’empressa de rejoindre ainsi ce petit groupe pour les intercepter de la manière la plus sauvage possible. Un véritable bain de sang… tous les marchants se firent littéralement éventrer par la créature de la nuit qui n’alla pas jusqu’à les vider complètement de leurs sangs. Illyria connaissait le processus de transformation d’un vampire – et sachant que ces habitants provenaient de San Phoenix, les chances de transformation furent plutôt élevées. Elle ne voulait pas compromettre son plan – pas pour l’instant du moins. Le carrosse fut complètement détruit, laissant une grande partie du matériel recouvrir le sol, elle relacha l’un des chevaux qui s’empressa de partir à l’horizon. Quant à elle, la vampire se recouvra d’une partie du sang de l’une des victimes, déchira le bas de son pantalon et frotta sa chevelure avec de la terre. Elle poussa un grand hurlement qui pouvait se faire entendre à des kilométres à la ronde. Illyria s’écrasa sous le chariot et resta inerte en attendant qu’on vienne l’aider. Elle avait entendu des bruits de pas grâce à son ouïe surdéveloppée d’ailleurs. Elle savait que des lycans se trouvaient tout près, la meilleure manière d’attirer l’attention de l’un d’eux…

Such selfish prayers.

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Mystifié, ton sourcil broussailleux laqué de cette légendaire cicatrice de guerre se hausse sous ton front gondolé par les profondes ridules de la perplexité alors que tes ambrés énigmatiques quittent les arcanes de ce terrestre manuscrit pour venir se perdre dans la sérénité de la faune alentour. Il n’y a pas à dire, cette histoire d’amour impossible entre cette Bella Swan et cet Edward Cullen t’a scié en deux et complètement laissé sur les rotules ! Dire que tu t’es emparé de cette saga pour creuser et approfondir tes connaissances générales dans la perception que peuvent avoir les Terriens sur le monde surnaturel et ses occultes mythologies… contre les cloisons osseuses de ton crâne, la voix toute chamboulée de la bibliothécaire résonne encore et maintenant tu regrettes amèrement d’avoir suivis ses recommandations…

- Il l’aime trop fort. Beaucoup trop fort. C’est pour ça qu’il doit prendre ses distances avec Bella. Mais Bella ne le comprend pas tout de suite et sombre dans une profonde dépression. C’est Jacob et ses tablettes de chocolat qui des mois et des mois après l’extirpera de son chagrin d’amour et raccommodera son petit cœur mutilé. Ce que Bella ignore, toutefois, c’est que le beau Jacob est un loup-garou et comme Edward son trop grand amour pour elle peut la mettre en danger… un triangle amoureux se forme et la rivalité s’installe entre le vampire et le loup-garou. Mais Bella et Edward c’est un OTP, tu comprends ? Ils sont faits pour finir ensemble. C’est pour que ça qu’ils finissent par se retrouver et se marier… mais l’aventure ne se termine par là… pendant leur lune de miel, Bella et Edward forniquent et quelques semaines plus tard Bella sent une présence dans son ventre et un autre quelques instants plus tard… Edward réalise que sa tendre aimée est enceinte ! Mais Edward sait que Bella peut mourir et refuse qu’elle mette au monde cet enfant… mais Bella refuse de ne serait-ce que songer à l’avortement. C’est tellement triste et déchirant… sniiiffff ! Tu dois absolument découvrir le génie de cette Auteure ! C’est un chef d’œuvre ! Tu ne le regretteras pas !

Cette terrienne de bibliothécaire visait juste sur un point. Dire que tu regrettes cette lecture est un doux euphémisme. À ton sens, « purge » et « perte de temps » sont les qualificatifs appropriés pour définir ce petit moment passé avec le museau de fourré dans ces bouquins infernaux. Les vampires brillent sous le soleil ? Les vampires peuvent se procréer ? Pourquoi cette Bella timide et empotée a choisie le vampire à la place du lycan ?! Sur le coup, toutefois, tu avoues être d’accord avec la déception et la tristesse de Charlie, le père de Bella, qui aurait tant rêvé et préféré voir sa fille être accrochée aux bras de Jake !

Tu manques peut-être d’objectivité, mais tu ne peux t’empêcher de te dire que ces Terriens n’ont absolument rien compris au monde occulte et que partit dans cette veine… votre monde… à leur yeux, il est mieux de leur rester secret. Mais tu n’as pas le temps de ruminer ou même de t’asseoir sur ces prestes pensées, car dans les profondeurs de la forêt est poussé un genre de cri de mort qu’hurlerait la plus fragile des femmes en détresse ! C’est peut-être à cause de la contagion Twilight, ça te rend fleur bleue et bon samaritain envers ton prochain… à tout dire tu ne cherches pas trop à comprendre cet élan chevaleresque qui soudain t’imprègne et te force à venir en aide à cette mystérieuse jeune femme en difficulté, parcourant les poussières de kilomètres qui vous distancent en un simple clignements d’yeux à peine ; les forêts d’Emerald Kingdom étant ton terrain de jeu depuis l’enfance et ta célérité lupine aidant beaucoup.

Extirpé de la verdoyante frondaison comme si tu surgissais d’un cauchemar, du haut de ton impressionnant 1 mètre 93, tu surplombes le seuil de ce sinistre panorama qui doucement se relève à tes émeraudes circonspectes, t’approchant lestement de cette allégorie de l’Horreur en détaillant les postures de chaque cadavre et les moindres nuances vermeilles de ce redoutable bain de sang qui jonche la terre souillée sur de grands écarts. L’arsenal de fer gerbés de la charrette renversée sont pour toi une information supplémentaire que tu t’empresses d’emmagasiner dans l’un des tiroirs de ton esprit alors que tes ambrés d’instinct se posent sur le géant gabarit du cheval effrayé qui en vain se cabre pour tenter de se libérer des débris de la carriole en hennissant sa tourmente et martelant le sol de ses lourds sabots… à travers le nuage de poussières et de sables que la bête soulève, tu aperçois le corps ensanglanté d’une femme gisant inerte parterre et qui à tout moment peut être piétinée…

Les chevaux sont animaux de proie et anxieux de nature, mais souffrent aussi d’une extrême empathie et ressentent la peur des Hommes. Pour sauver cette femme, tu dois en premier lieu libérer l’animal qui à tout dire représente le principal danger puisque les cadavres qui vous auréolent ne sont pas à risque de se réveiller de ci-tôt. Du moins, tu l’espères. Une fois le calme survenu, d’une sage lenteur et d’une extrême douceur, tu t’approches de la bête effrayée, annonces ta présente en te plantant dans son champ de vision et laisses s’égrainer les secondes. Barbu des bois, tu as l’habitude de materniser une panoplie de bestiole et les rituelles de confiances sont devenus pour toi avec les années un atout salutaire et quelque chose de viscérale. Ton flegme légendaire, ta minutie de père, aident beaucoup, t’approchant subtilement de la créature, laissant sa grosse truffe venir s’engouffrer dans les lianes de ta sombre chevelure alors que ta main s’élève pour aller lui masser les robustes vertèbres. De ta jumelle, tu viens agripper la barre engouffré dans sa gueule, apposant sa lourde tête dans le creux de ton épaule alors que tu t’accapares à délier les sangles le gardant captif de son redoutable fardeau de bois et durant ce preste labeur tu repères du coin de l’œil l’écusson brodé dans le cuir de la selle et qui ne vient que confirmer les doutes que tu avais au départ ; les victimes de ce massacre sans nom sont originaires du royaume d’Obsidian et donc ce carnage n’a peut-être rien à voir avec le sinistre engrenage des Hunters… une fois le cheval libéré des bras et sangles, tu lui rends sa liberté d’une petite claque sur le postérieur et sur la brune coincée sous la charrette tu reportes ton attention.

Un bref examen visuel sur tout ce foutoir te permet de constater que tu peux dégager la martyre de son sarcophage de bois sans risque d’hémorragie ou peur de lui broyer les os. Chose que tu t’empresses d’accomplir, usant de ta force surhumaine pour venir agripper les bordures inférieures du brancard, le soulever et l’envoyer valser dans les orties comme un paysan balance aux oubliettes sa botte de foin. Un genou posé sur le sol terreux, tu te cambres au-dessus du corps inerte, pour du revers de tes doigts venir examiner ses constantes :

- Madame ? Vous m’entendez ?

Aucun souffle.
Aucun pouls.
Aucune blessure grave.
Mais beaucoup de sang.
Tu considères qu’avec un massage cardiaque et la respiration artificielle tu as peut-être une chance de la sauver… ce que tu t’empresses de faire, tes grosses paluches accaparées à la compression thoracique… pour ensuite lui pincer le nez entre ton pouce et index et t’apprêter à venir lui emplir les poumons d’air par le bouche-à-bouche…

HJ: toujours des rapports incestueux entre les personnages de ce forum Désolée, mais il le fallait

En planifiant cette petite scène des plus amusantes, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, mais je savais que je profiterais de cet instant. J’avais toujours été quelqu’un de très dramatique. Jouer les demoiselles en détresse, c’était une vraie passion. J’appréciais chaque partielle de la manipulation et je profitais du fait que Elvendyr ne débordait d’aucune technologie, permettant au monde entier de me reconnaître par mon visage plutôt que par mon nom. Il était beaucoup plus facile de mentir à ce propos que lorsqu’on se retrouvait avec un portrait. Enfin, étendue dans les décombres de cette charrette, je sentais la présence d’un homme au loin – d’après mon flair, il était loup. Ce qui était fort intéressant. Feignant d’être inconsciente, parce que c’était un aspect plutôt pratique d’être morte lorsqu’on voulait éviter une respiration. Jamais il ne penserait que je ne respirais pas uniquement par mon statut de vampire. De toute façon, les créatures poilus comme les lycans n’étaient que des êtres bêtes et n’avaient pas l’habitude de côtoyer de près des vampires. L’homme s’empressait de me dégager pour finalement poser ses lèvres et tenter une technique de réanimation. Je me retenais fort de ne pas m’éclater de rire – ou pire, de lui vomir dans la bouche. Les lèvres d’un homme, je ne me souvenais même plus la dernière fois que j’en avais frôlé une – en fait oui… c’était ce fameux soir où j’avais été violé. Depuis, je m’étais promise de ne plus jamais me faire avoir par l’un d’eux. Sensation qui ne m’avait guère manquer d’ailleurs. Après quelques minutes de technique désagréable, je feins de me réveiller, reprenant un semblant de souffle et posant une main sur mon front. « Mon sauveur ! » Dis-je en m’agrippant à son cou. Mélodramatique. Complètement ! Je réussis à perler de fausses larmes sur mon visage, glissant une main sur le torse bondé de mon supposé sauveur. « Vous êtes merveilleux, merci, j’ai eu si peur ! » Et je repose mon visage contre lui, je sentais son cœur battre et son sang coulé à vive allure dans tout son corps. J’avais soif, mais je ne devais pas. Bon dieu que je détestais les loups.

Such selfish prayers.

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Et ce qui était trépas soudain reprend vie. Ce qui était dépouille soudain s’agite et te révèle ce que le commun des hommes veut miracle. Un pantin à qui l’on a enfin démêlé les ficelles et qui se remue en des actions impulsives et inespérées. Démantelé au plus profond de toi-même, tu n’oses ou ne risque le moindre geste. Surpris. Soulagé. Rassuré. Redressant l’échine, comme elle se lève et vient se suspendre à ton cou. D’ordinaire taciturne, impassible et solitaire, il faut dire que tu n’as pas l’habitude des câlins… que tu juges trop intenses et volubiles pour toi. Un simple merci aurait suffit et tu t’en serais volontiers contenté. Gêné, tu laisses la lady se transformer en koala qui pleine de reconnaissance s’accroche à toi en te plombant de sa gratitude alors que tu as l’impression d’avoir l’estomac noué et le crâne de coincé dans un étau. Cette proximité t’oppresse, tes prunelles ambrées fouillant dans les profondeurs de la frondaison qui vous borde, à la recherche d’un point d’encrage pour t’empêcher de sombrer dans un excès quelconque et essayer de faire preuve d’un peu de clémence à l’égard de celle qui a et de trop près frôlé la soie saillante du faux sibyllin. Passif/agressif, d’une manière presque machinale, ta grosse patte mollement et paresseusement tapote le dos de la damzelle en détresse alors que ta voix atone parait comme resurgir d’une autre gorge que la tienne :

- Shh ! Shh ! C’est terminé, maintenant. Soyez prudente. Revenir d’entre les morts n’a rien à voir avec une petite ballade de santé.

Tant bien que mal, sans trop paraître manant ou odieux, tu parviens à retirer ton imposant gabarit de l’étreinte de la miraculée, écrasant tes paumes sur ses fragiles épaules dans l’idée subtile et ingénieuse de préserver une distance adéquate entre vous deux. Tes inquisitrices prunelles allant trifouiller les horreurs et perfidies de cette qui encore maintenant te rebute et mystifie totalement.

- Le prédateur rôde peut-être encore dans les parages. Vaudrait mieux ne pas s’attarder ici. Vous avez mal ? Vous pouvez vous relever ?

Et tu te perds dans le maze de la forêt, t’enfonçant toujours plus creux en les méandres de tes torpeurs et litanies lucifériennes.