L’épée d’Yzanthar - Mythe ou Réalité ?

Décembre 1869

Oui, ça serait ce soir. Et si Salem voulait trouver cette fameuse épée - si elle existait - il fallait qu'il se décide à se bouger ce soir. Pas demain. Pas dans trois lunes ou dans cent. Ce soir. Et... si jamais il ne se décidait plus à quitter ce siège dans lequel il venait de se laisser tomber, alors Kingsteen n'irait pas. Parce qu'il n'y croyait toujours pas à cette histoire d'Yzanthar. Ce n'était pas parce qu'il venait de vivre une folle petite aventure dans ce temple maudit qu'il allait partir bêtement dans les mines. Surtout tout seul. Il connaissait son territoire mais on ne savait jamais : en cas de piège ça serait plus... difficile de s'échapper. Enfin si c'est ce vieux loup qui s'amuse à le piéger, le prendre avec n'était pas non plus une bonne idée. Mais tant pis.
Observant la boisson qu'on lui tendait, Teeny fit un nom de la tête. Ce n'était pas poli de refuser à boire. Surtout qu'il avait bien soif. Mais de l'eau aurait été plus appréciable. Il ne voulait pas que son esprit puisse douter pendant quelques secondes de ce qu'il verrait si... il il avait réellement quelque chose à voir.

Papy n'a plus la force de marcher ?

Petit sourire mauvais de la part de Kingsteen. Voilà qu'il se sent pousser des ailes en lui donnant un surnom ! Cette aventure pourrait bien l'avoir rapproché du gérant de ce maudit bar. Mais si ça leur permet de finir sur une excellente collaboration, alors il s'en fiche.
Finalement il attrape la bouteille et en boit une gorgée avant de la rendre à son propriétaire. Oui c'est officiel, ils ont définitivement fait de gros efforts dans leur relation ! Qui sait ce que donnera cette nouvelle alliance ? Il faudra voir. Une chose est sûre : Salem vivra certainement bien plus longtemps que lui. Il faut espérer qu'il ne lui fasse pas de sale coup tordu dans le dos pour tenter de lui voler l'entreprise. Oui, chasser le naturel de la méfiance et il revient toujours au galop. Mais c'est comme ça que l'on forge sa défense pour protéger son Empire.
Jetant un œil à sa montre, Kingsteen réfléchit quelques secondes. Si ses employés suivent bien les heures et ne s'amusent pas à faire des heures supplémentaires, en ce moment ils sont entrain de partir. Donc plus personne ne doit se trouver au fond. Puisqu'il connait les galeries par coeur - pas faute de les visiter régulièrement - il sait donc en visualiser complètement une pour pouvoir se faufiler dans l'endroit sans soucis. Se levant un portail ne tarde pas à s'ouvrir devant lui, menant vers un endroit de toute évidence assez sombre.

Vous avez une lumière ? Le temps d'en trouver une sur place pour allumer la galerie.

Sinon un saut pour aller en chercher une ailleurs sera obligatoire. Mais il faudra attendre un petit peu que les ouvriers partent afin de leur voler leur bien. D'ailleurs ne devraient-ils pas mettre un casque ? Après tout on ne sait jamais... Enfin tant pis. Salem avait la tête dure non ? Et Teeny comptait sur lui pour lui protéger les fesses. Clairement.

Loukoum

It's time to begin, isn't it?

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Bras ballants paresseusement de chaque côté de ma robuste armature humaine, tenant au creux d’un poing ma précieuse bouteille de fort… qu’il était tout simplement hors de question que j’abandonne comme une pauvresse au Skull and Bones alors que CE SOIR MÊME on doit se rendre dans le trou de balle d’une colline magique, pour trouver une épée magique et élire par des forces magiques un Petit Prince qui ne croit pas du tout en la magie de la belle légende que je lui ai raconté ; je me dis qu’ivre, au du moins assez pompette, ça risque d’ajouter un léger soupçon de magie en tout ça. Oui. Au cas où vous ne l’auriez pas compris, spectateurs de notre époustouflante aventure ; nos vies sont en train de devenir un remake plutôt curieux de lord of the rings. On espère que dans le détour, c’est pas un Gollum version Elvendyr qui nous attend et protège l’Artéfact parce que pas sûr d’être en état de confronter pareille horripilante petite chose…

Battant des cils, haussant et visage et museau vers l’horizon de pénombre qui comme un sombre océan de goudron s’étend à perte de vue devant nous, il prend plusieurs poignées de secondes à mes sens lupins, de s’acclimater au nouvel environnement et à mon regard de percer la noirceur des environs. La voix du Petit Prince m’annonçant la position plus ou moins exacte d’où est-ce qu’il se trouve, je tourne un visage  sibyllin alors qu’un théâtre des silhouettes et jeu des ombres doucement se délie et épanouie dans en l’ébène humide du lieu. L’envi de ne tout simplement pas lui offrir une source de lumière me traverse l’espace d’un instant l’esprit, anticipant divertissant et amusant l’idée de voir le futur empereur minier se casser la gueule sur les dalles de son propre empire, mais rapidement les nuances fallacieuses quittent l’antre de mes Azurs et de bon cœur je farfouille mes poches de ma paluche libre. Trouvant, dégainant et levant droit devant mon précieux et illustre Zippo que j’embrase dans la parade d’une dextre aussi habile qu’inutilement audacieuse. Le bruit de la pierre qui prestement se frictionne vient rebondir que les parois rocheuses et va se perdre d’un écho étouffé dans la profondeur des gorges alors que sourire gredin j’annonce :

- Et que la lumière soit !

La lueur chaude et orangée de ma flamme éclabousse et lèche les noires et sépulcrales ténèbres, y repérant le minois du Petit Prince au travers de son frémissant faisceau lumineux alors que du coin de l’œil je repère un objet qui d’ici quelques secondes me fera marrer comme un pitre. Je laisse le Petit Prince s’acclimater à la clarté naissante, les palabres de son labyrinthique royaume sous-terrain, me doutant fort sérieusement que Kingsteen n’est pas du genre fainéant, peu ambitieux ou peu intéressé par l’héritage et labeur familial. Noonnn. Kingsteen ? C’est le genre de patron hyper motivé, emballé, extatique, impliqué, au goût de leadership sur les lippes et qui slalome en bicyclette entre les bureaux de son entreprise. Il s’implique dans les vides de tout le monde, est au courant qu’Alphonsine va accoucher de son troisième marmot, lui garantit un congé de maternité avec un solde digne d’être nommé comme tel alors que Grégoire, le collègue d’à côté, souffre d’une tendinite alors une visite chez le médecin et financé par le budget de la compagnie s’impose ! Ouais. J’assume qu’il est très millénaire, comme  patron et que le cuir lustré de ses illustres chaussures a foulé la poussière de ces mines plus d’une fois et qu’il les connait comme le fond de sa poche. Il n’y a qu’à le voir ausculter les environs, j’y repère des familiarités avec un bébé gorille qui plus tard sera élu le roi de la jungle et au prix de sa vie protégera sa colonie de singes !

- Vous sentez quelque chose ? Une énergie particulière ? Une force irrépréhensible ? Un charme ? Une vibrance cosmique ? Merde… un index d’un dieu quelconque qui vous poke l’épaule et pointe le chemin à emprunter ?!

Que je m’enquiers, en bon éclaireur, alors que je me rapproche d’une étagère, y dépose ma bouteille de fort, pour en contrepartie attraper un joli casque protecteur que je m’empresse de flanquer sur le crâne de notre Petit Prince ! Et comme anticipé, cette couronne de fortune m’étire la commissure des lippes en la forme d’un carnassier sourire de requin alors qu’au travers de mes trente-deux dents je siffle :

- Il faut protéger ce joli crâne d’œuf, votre altesse ! Le Diable seul sait ce qu’il nous attend.  

Trois légers coups de jointures toqués sur le dessus du crâne.
Ouaip. Avec ça. Clairement. Il est bulletproof, l’Élu !
Vraiment ! Protection de haut calibre. Pas besoin de mes gants d’acier. Je pourrais presque lui demander de me téléporter chez-moi. Où confortablement, ivre, j’attendrai son retour et écouterai les anecdotes de son périlleux voyage !
Moi ? Je me dédouane ?
À peine...

L’épée d’Yzanthar - Mythe ou Réalité ?

Décembre 1869

Il fait noir. Et les yeux de Kingsteen ont beau se faire à l'obscurité, à l'intérieur des mines il ne peut rien voir. Il n'y a aucun filet lumineux qui lui permettrait de distinguer quelque chose. Surement que sa tête doit faire rire Salem. Oui, ce vieux loup doit pouvoir le regarder non ? En tout cas qu'il se rassure : ce n'est pas de la peur qui se lit sur le visage de King. Mais plutôt du désespoir. Qu'est-ce qu'il fout ici ? Pourquoi est-ce qu'il continue de suivre ce vieux fou dans cette histoire d'épée ? Il aurait mieux fait de laisser tomber... Clairement cette histoire est ridicule.

Salem : (...)

Teeny protège ses yeux face à cette lueur vive qui lui brûle la rétine. Après avoir cligné plusieurs fois des paupières il finit par s'habituer à cette nouvelle source de lumière et observa la galerie qui s'étend devant lui. Il ne s'est pas trompé, ils sont bien au niveau -5. L'un des plus bas actuels de la mine. S'ils continuent tout droit ils tomberont sur l'ascenseur qui leur permettra de retrouver la sortie. Et ils trouveront aussi d'autres galeries qui s'enfoncent au coeur du Royaume de Topaz.

Salem : (...)

Rien de tout cela mon cher Salem.

Kingsteen tourne la tête pour observer la galerie derrière lui avant de reposer son regard sur son paternaire d'aventure qui... lui colle un casque sur la tête.

Salem : (...)

Vous feriez bien aussi de protéger vos vieux os.

Petit sourire moqueur de la part du petit Prince. Toujours est-il qu'il n'enlève pas le casque jaune présent sur sa tête. Bien au contraire. Il trouve d'ailleurs la petite lumière dessus et s'empresse de l'allumer. Il y verra mieux comme ça. Et puis si ça permet d'éblouir Salem au passage, c'est amusant non ?
Un bruit résonne au dessus de leur tête. Observant sa montre Kingsteen hoche la tête. A l'heure. Ses hommes ont tous officiellement quitté l'endroit. Les portes sont fermées. Et ne s'ouvriront plus avant le lendemain. Ils étaient prisonniers des entrailles de cette terre. Ou presque. D'un coup de portail magique King pourrait s'enfuir. Et peut-être même planter ce vieux loup ici. Mais il lui laissait pour le moment le bénéfice du doute.

Allons par-là.

Il tourne les talons et s'élance doucement dans le couloir de cette galerie dans laquelle ils se trouvent. En réalité il ne sait pas si c'est là qu'il doit aller. Mais en attendant un signe quelconque ou un "poke" sur son épaule comme le dit si bien Salem, Teeny compte bien jouer les charmants patron en allant vérifier le travail de ses employés. Non pas qu'il ne leur fait pas confiance, mais il aime s'assurer que le travail est bien fait. Peut-être qu'en cours de route... ils verront quelque chose s'illuminer ? Qu'un fantôme les guidera à bon port ? Que... allez savoir. Après son aventure dans ce temple, tout était possible.

Loukoum

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Un effet de pétard mouillé. Bien sûr. Ce casque jaune poussin que je viens de lui flanquer sur le crâne ? Il n’y a qu’un gars comme lui qui peut parvenir à le porter avec classe et dignité ! Outre ceci, il trouve le moyen d’en retirer profit et utilité. Sa petite lampe frontale ne tardant pas pour s’allumer et éblouir d’une blancheur d’opale les ténèbres. Aveuglé durant un instant par la clarté naissante, mes mirettes se plissent et mon nez se froisse. D’un geste circulaire du poignet, j’en viens même par faire mourir et éteindre la flamme de mon briquet. La blancheur immaculée de l’ampoule se veut aussi rutilante que le cul de la pleine lune et les rayons de lumières inondent les gorges caverneuses sur de grands écarts !

- Kingsteen. Il y a trois choses que je ne fais pas, dans la vie, que je persifle, dédaigneux à l’idée de m’affubler moi aussi d’un casque aussi grotesque : Prier. Danser. Et porter un foutu casque de sécurité.

Mes vieux os vont s’en tirer ou presque. J’suis trempé dans du béton armé et j’ai la tête aussi têtue qu’effroyablement très dure ! Notre petit prince peut s’avérer non seulement être un salutaire petit bâton de sourcier, mais un flambeau vivant éblouissant ! Walk, walk fashion baby. Mon pas s’enroule au sien, le laissant me guider dans la pénombre alors qu’un profond et bruyant soupire m’écorche le seuil des lippes. Marcher. Toujours et encore marcher. Tous ces kilomètres parcourus en une seule journée vont vraiment finir par m’user les boots de cuir !

- D’accord. Je vois.

Ça paraît pas, mais derrière mes grands airs d’Igor le croque-mort, je jubile en ce moment. Pluie de paillettes et péliades d’arc-en-ciel. Aussi exalté qu’une pile à plat, nous nous enfonçons et perdons en les galeries sous-terraines. Une étrange odeur d’œuf pourri s’invitant sans aucune pudeur en mes voies nasales hyper sensible. Cool. Lorsque les ténèbres nous embaument de ces flatulences des enfers, cela est signe que nous sommes sur une bonne voie…

Circonspect, mes fins sourcils blonds se tricotent bien serrés alors que ma paluche de vieux loup vient saisir l’épaule de l’héritier.

- Le soufre. Vous le sentez ?

Et en ces relents de pourritures sibyllines, s’élève dans la moiteur de l’air une brise polaire et mésosphérique. Elle s’échappe des profondeurs d’un tunnel qui emprunte les allures d’une béante et vaste gueule de gollem qui devant nous se présente et semble s’enfoncer vers des caveaux dédaléens. Et se mêle au tourbillon pestilentiel qui nonchalamment nous fouette la figure, ces voix d’outre-tombe que moi je n’entends pas, mais que visiblement le Petit Prince oui :

- L’Élu est arrivé !
- Vers le néant il doit plonger.
- Et de foi il doit s’armer !
- De la Flamme il doit s’éclairer.

Et trépassent les ténèbres de ces lieux, lorsque dans la pénombre moult paire d’yeux s’embrasent comme une myriade de lucioles et viennent dans un ballet hypnotique nous indiquer le droit chemin : la monstrueuse gueule de glollem. Étendard de fée clochette que moi je ne vois pas et dont le mystique spectacle s’offre que pour ses beaux yeux.  

- Suivez la voie, Kingsteen.
- Suivez la lumière !

Sourire caustiques aux lippes, je me permets :

- Un doigt d’un quelque chose vient de vous poker, n’est-ce pas ?

L’épée d’Yzanthar - Mythe ou Réalité ?

Décembre 1869

Salem : (...)

Il ne prie pas. Dans ce cas pourquoi croit-il à cette histoire d'épée d'Yzanbidule ? Si ce n'est pas un Dieu, cette épée viendrait de qui ? Salem devait bien avoir eu un de ces "pokes" sur son épaule pour lui dire que Kingsteen était "l'élu". Non mais regardez cette tête, est-ce qu'il peut vraiment l'être ? Ses bras ne seraient même pas capable de porter une pelle. Et ses mains trop belles pour venir se coller sur le pommeau d'une épée. Clairement.
Il ne danse pas. En même temps faire bouger ce vieux tas d'os ne doit pas être simple. Alors ça ne le surprend pas. Quoique, est-ce qu'avec une bonne dose d'alcool dans le sang et un vieux cigare qu'il connait bien planté dans la bouche le grand Salem serait capable de se trémousser sur une piste de danse ? C'était un défi assez amusant à relever. Qui sait, s'ils trouvaient cette fameuse épée, le loup se laisserait peut-être porter par une danse de la victoire ?
Il ne porte pas de casque. Une chance que ça ne soit pas l'un de ses employés car Teeny lui aurait planté sur la tête à l'aide d'un clou. Imaginaire bien sûr... ne croyez pas que le petit prince serait capable de le faire pour de vrai... Si ? Enfin bref. Salem est un grand garçon. Il sait ce qu'il fait. Et la caboche d'un loup doit certainement être très résistante.

Les voilà donc parti dans une nouvelle aventure. Dans une nouvelle quête. Dans la continuité de celle qui les aura affaibli tout au long de la journée. Et leur aura asséché le gosier. Après avoir souffert sous le feu de l'enfer, c'était dans les entrailles de la terre qu'ils allaient se perdre. Si avec ça ils ne trouvaient pas la porte du paradis une fois mort...
L'air devient alors... nauséabonde. Mettant son avant bras contre son nez pour venir sentir l'odeur de son costume plutôt que cet oeuf pourri qui pourrait lui faire recracher ses tripes, Kingsteen continue d'avancer. Il ne sait pas pourquoi, mais il le fait. Peut-être parce qu'il a le pressentiment que... quelque chose va se passer ? Un monstre de boue va sortir de terre ? Une pierre va tomber du plafond et s'écraser sur la tête de Salem ? Hum... ça serait amusant pour vérifier qu'il a la tête dure le vieux.

Salem : (...)

Alors c'est donc ça. Du souffre. Et ça sent vraiment pas la rose. Ce qui fait d'ailleurs tousser notre petit prince. Est-ce que ses employés sont obligés de supporter cette odeur alors qu'ils travaillent ? Il faudra qu'il leur demande... A moins que ça ne soit une manifestation magique de quelque chose. ou quelqu'un. Qui lui indiquerait le chemin de cette fichue épée ?
Soudain King s'arrête net. Ces voix. Encore elles ! Il tourne la tête à droite puis à gauche avant de l'avancer légèrement vers ce puissant trou qu'il y a devant lui. Les parois ne semblent pas avoir été creusée par la main de l'homme. Du moins en tout cas ce n'est pas le travail de ses gars. Ils ont un procédé à suivre pour que tout ne s'écroule pas et clairement... ce tunnel n'a rien de naturel. Ce qui est clairement flippant. Est-ce qu'il doit y aller ? Même si ces voix l'appellent ?

Salem : (...)

Teeny tourne vivement la tête vers Salem, l'éblouissant avec sa magnifique lumière au milieu du crâne. Il fronce les sourcils et observe le vieux loup avant d'enlever son bras de son visage, respirant tant bien que mal.

J'ignore ce qui vous amuse dans ce mot. Mais oui. Il semblerait que les esprits m'aient... "poké".

Il mime des guillemets sur le mot et retourne sa tête pour observer le tunnel. Il faut suivre la lumière. Et il y en a une, au bout de sa lampe, qui éclaire encore plus loin que celle du casque. Est-ce cette lumière ? En tout cas il n'y en a pas d'autre, même si King tourne la tête ailleurs.

Bon... il est temps de se jeter dans la gueule du loup.

Belle comparaison quand on sait que l'homme qui se tient à ses côtés en est un. Prenant une grande inspiration - avant de tousser à cause de l'horrible odeur - King essaye de se montrer brave et s'avance dans ce tunnel. Certes... l'idée d'entrer dans le temple était bien plus amusante que d'entrer dans ce tunnel sans fin. Mais il devrait aller au bout de sa quête. Sa curiosité était décidément trop attisée pour qu'il s'arrête en si bon chemin.

Loukoum

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Le Petit Prince tourne son visage halluciné vers moi, sa fichue lampe frontale ne manquant pas de m’éblouir et m’aveugler au passage. Incommodé, une moue agacée plaquée sur ma gueule, je plisse les yeux, lève une paluche vers ceux-ci pour en faire une visière et essayer d’entrapercevoir par le faisceau lumineux sa mignonne petite trogne. J’opine du chef, renifle un bon coup, dodeline la caboche, les relents nauséabonds du soufre s’invitant goulument en mes voies nasales alors que j’affirme à moitié asphyxié par la mauvaise odeur :  

- Et ce mot ne semble pas vous amuser du tout. M’enfin, ici-bas, je me demande ce qui serait passible de vous donner le sourire. Une statue de bronze, à côté de vous, me paraîtrait d’une éloquence exacerbée !  

Je hausse les épaules à cette remarque qui de toute évidence retombe là sur son impassible personnalité par plaisanterie, me surprenant à m’attacher à son humour inexistant et son humeur d’iceberg embaumé. Un trait de caractère primordial, pour les gens de la haute royauté ! Je le sais que trop bien. Et réalisant que je passe du coq à l’âne, je me secoue et retourne à nos moutons : ce mystérieux et sépulcral tunnel mystiquement creusé dans les ténèbres glaiseuses de la terre. À voir la tronche qu’a tiré Kingsteen, j’en conclus que ce terrier de lapin n’a rien à voir avec la main de ses hommes, mais peut être le fruit d’un phénomène surnaturel et occulte. Une magie opérée à la mille et une nuit, avec son fameux « Sésame, ouvre-toi » et qui bien entendu présenterait son bout de nez enchanté qu’en présence de l’Élu. Un sourire sournois vient creuser de fines fossettes à la commissure de mes lippes,  me disant que notre Petit Prince va s’en prendre plein la gueule ; s’il continu ainsi sur la voie du scepticisme.

- Quel incroyable jeu de mot, votre altesse. J’en suis tout ébroué ! Attention, la prochaine fois, je vais risquer de m’écrouler raide mort de rire parterre ! que j’ironise, le minois aussi expressif que l’auteur de la rubrique nécrologique de la gazette locale alors que je lui emboîte le pas.

N’empêche que je dois reconnaître qu’il a raison. Si se passage secret est apparue là comme par magie, cela signifie qu’il y a sûrement une deadline quelque part et que le passage secret peut à tout moment risquer de se refermer derrière nous. Mieux vaut ne pas traîner et se hâter à mettre la main sur l’épée d’Yzanthar. Qu’il soit paré, le Petit Prince… car tout le monde sait que la conquête du destin se trouve au bout du tunnel et non à son entrée !

À pas de loup, l’oreille tendue vers la moindre réverbération perçue en les affres du silence abyssal, je reste dans l’ombre de l’Élu, à mesure que nos silhouettes se font peu à peu avaler par les ténèbres. Les parois terreuses et glaiseuses du tunnel semblent doucement se refermer sur nos carcasses, la voie se voulant de plus en plus escarpée et étroite. Les ombres, l’air, l’ambiance, aussi claustrophobiques que dépaysant, par l’absence de lumière alors que les arômes infectes du soufre s’étiolent derrière un rideau de moiteur tout simplement accablant.

-Et moi qui croyait en avoir finit de suer comme un cochon ! Nous devons vraiment être sur le seuil de l’Enfer, pour ressentir pareille chaleur ! que je me plains, ronchon, balayant mon front perlant de sueur d’un revers de main  alors que je me prends la pointe de la boot de cuir sur la cime d’un rocher éventrant la terre.

… me faisant tout bêtement piquer du nez et trébucher tronche la première entre les omoplates du géant blond m’ouvrant la marche. Ooooppssssyyy ! Leste, malgré ma bourde, j’ai le réflexe de lui harponner l’encolure du blouson et de m’accrocher à la rugueuse paroi du mur de mon autre main pour nous empêcher de nous casser les figures au sol… découvrant avec effroi que la galerie s’achève ici sur puits d’obscurité s’ouvrant là à nos pieds. Déglutissant de travers, je nous recule de quelques pas sur l’arrière, libérant le col de son blouson alors que mes célestes azurés dégringolent avec vertige vers le bord du précipice.

- Wow ! S’était moins une ! que je m’exclame, complètement ahuri alors que j’hasarde un pas supplémentaire et me rapproche de l’abîme : Ce gouffre doit avoir des mètres et des mètres de profondeur ! J’vois pas d’échelle. C’est une impasse ?

Non. C’est ridicule ! Comme pour m’en prouver le contraire, j’extirpe mon Zippo de ma poche, l’allume et le balance stupidement dans le vide. Au bord du précipice, je voute l’échine, étire la nuque, pour regarder dégringoler et s’évanouir dans la vertigineuse noirceur ma pauvresse de petite flamme.

Pendant ce temps, les voix d’ici et d’ailleurs à nouveau se font entendre.

- La Foi, Kingsteen.
- Vous devez avoir la Foi.
- Le grand saut.
- L’ultime plongeon.
- La Foi, Kinsteen. Trouvez et gardez la Foi.
- Ainsi vous subsisterez à la merci du vide et de l’autre-côté vous ne tarderez à récupérer ce que vous êtes venu chercher.
- La Foi. Sautez. Plongez, Kinsteen !

L’épée d’Yzanthar - Mythe ou Réalité ?

Décembre 1869

Salem : (...)

Est-ce qu'il tente de faire de l'humour ? Parce que ... on ne peut pas dire que ça fonctionne. Bon ok, un petit sourire fait son apparition sur le visage de Kingsteen. Mais c'est plus par rapport à la tête que tire le loup avec cette lampe sur son visage. C'était beaucoup plus amusant que cette blague idiote. Emmerder Salem était un bon passe temps. Surtout que ce dernier venait le faire chier profondément avec son histoire imaginaire. Enfin ce n'était pas le moment de retourner dans ce débat.

Salem : (...)

Levant les yeux au ciel, Teeny prend donc la direction de ce tunnel. Il aurait préféré que Salem s'écroule à cause de sa blague. Un arrêt cardiaque du vieux aurait pu l'aider à ne pas aller jusqu'au bout de ce tunnel. Ben oui, même si ce n'est pas le grand amour, il lui aurait sauvé les fesses en le faisant passer dans un tunnel pour l'emmener... il ne savait pas trop où. Mais au moins auprès de personnes compétentes pour le sauver. Mais malheureusement il était encore sur ses deux jambes. Alors King devait avancer dans ce maudit tunnel.

Doucement le petit prince avance donc dans cet endroit. Son regard est rivé vers la lumière au loin. Il ne fait pas très attention à l'endroit où il marche. Il lève ses pieds, évite les cailloux, observe droite devant lui et puis... il y a cette tête qu'il se prend dans le dos, entre les deux omoplates. Et bientôt son regard s'ouvre en grand sur le vide au dessous de ses pieds. Par il ne sait quel moyen voilà qu'il se recule de quelques pas, tirés en arrière par son camarade d'aventure. Son coeur s'emballe. C'était moins une. Il ferait peut-être mieux de remercier son sauveur. Mais les remerciements attendront encore un peu. Il est trop choqué pour pouvoir être capable de réfléchir.

Salem : (...)

Kingsteen récupère son souffle et observe le loup s'approcher du gouffre. Lui donner un coup de pied dans l'arrière-train serait amusant. Histoire de lui faire une petite frayeur. Mais il vient de lui sauver le derrière, ça ne serait vraiment pas gentil.
Et puis... il y a ces voix. Qui reprennent. Encore. Poussant un soupir de découragement, Teeny se redresse et observe le vide. Il doit sauter. Mais est-ce qu'il a assez de cran pour le faire ? Non. Mais il n'a pas le choix. Il avait survécu à cette première épreuve du matin, il pourrait survivre à la seconde ? Et puis au pire c'est Kaïlyan qui serait content : il deviendrait le nouvel héritier. Et son père garderait encore le pouvoir sur la mine pendant encore quelques temps.
Enlevant le casque il le fiche sur la tête de Salem, se défait de sa veste qu'il pose dans les mains du loup et pousse un nouveau soupir. Allez Kiki... il est temps.

Merci de m'avoir sauver la vie mon cher Salem. Si vous voulez rentrer...

Un portail s'ouvrit derrière le duo, pour permettre à Salem de retourner dans son bureau. Du moins si l'envie lui prenait. Et pour Kingsteen... il ne se fit pas prier. Et se laissa tomber en arrière dans le trou. PLus effrayant. Mais au moins s'il y avait une chute, il ne la verrait pas arrivée. Fermant les yeux il sentait la vitesse le gagner. Et la peur lui tirailler les entrailles. Et les voix qui devenaient de plus en plus forte. Maintenant il fallait espérer que ce ne soit pas... une illusion. Et qu'il n'allait pas mourir bêtement.

Loukoum

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Ça ne sent pas bon. Pas bon du tout. De l’eau de boudin mélangé à une odeur de merde bien liquide et un fond de froc pas lavé depuis des semaines. Oui, à ce point, ça pue ! Mes claires diaphanes avec doute et appréhension plongent fatalement dans les mirettes du Petit Prince. Son audace, son assurance et son aplomb me font peur. Quelque chose est sur le point d’arriver et je n’aime pas ça. Je vous l’ai dis, tantôt, on s’attache incroyablement vite et fort à ces petites bêtes là ! L’idée qu’il risque quelque chose de complètement barré et stupide me glace le sang dans les veines. J’veux pas qu’on le décoiffe d’une seule mèche de cheveux. Je veux que son minois de pédant reste tel quel et surtout j’veux pas qu’il fasse quelque chose d’irrémédiablement téméraire. Genre aller chatouiller les doigts de pied d’un géant ferré ou aller arracher les poils de nez d’un cerbère assoiffé de chair fraiche. Rien à foutre qu’il soit l’élu et que des voix de l’au-delà lui parlent ! Y’a des limites à l’entendement, pour tous les diables !


- King---

Même pas le temps d’achever l’aspiration de papa poule qui soudain draine l’air de mes poumons et me coupe le souffle. Fier comme un pan, la dégaine endimanché dans une hardiesse absolument surprenante, le Petit Prince me flanque sur le crâne son foutu casque de protection (oh-ho !) et abandonne sa veste en mes mains (OH-HO !)

- Quoi?!

Encore une phrase inachevée, comme emportée et envolée aux souffles des 4 zéphyrs cosmiques qui s’ouvrent et explosent dans mon dos. Il vient d’ouvrir l’un de ses satanés portails et ce n’est certainement pas pour main dans la main se carapater ensemble vers un endroit où il fait bon vivre ! Seul, le fou, il veut que je rentre à la maison et pour sûr que je ne valide pas cette opportunité. Frustré, halluciné, effrayé, le visage tantôt écarlate, tantôt blanc comme le cul de la lune, je lui brame, lampe frontale soulignant la chose d’une nuance un rien dramatique :

- Non. Ne faites pas ça ! Kingsteen ! Putain ! NOOOOOOOOONNNNNN !!!!!

La patère humaine qu’il m’a contraint à devenir laisse lourdement tomber la veste sur le sol terreux, voyant le long corps de liane du futur empereur minier tout simplement être avalé par le vide et la sépulcrale obscurité. C’est absurde ! C’est grotesque ! C’est tout simplement surréaliste ! C’est pas tous les jours qu’on voit un mec sauté dans le vide comme ça et franchement je comprends pourquoi. Ça glace le sang dans les veines et vous pétrifie nette sur place ! Statue de bronze aux guiboles aussi molles que des spaghettis… à l’image d’une pleureuse invétérée je m’agenouille vers le bord du précipice, empoigne la bordure du main alors que la seconde avec drame plonge vers le vide…. Vaine tentative d’agripper ce qui n’est déjà plus là et bien profond retombé.

- Kingsteen ! Enfoiré ! Petit con ! Mais pourquoi t’as fait ça !? Pourquoi t’as sauté !? Bordel ! Puuuuuttaaaaaaaaaiiiiinnn !!!

J’viens de pousser au suicide l’héritier de l’empire minier….
J’viens de tuer l’Élu !
Shiiiiiittttt ! Qu’est-ce que je fais ?!
Et c’est quoi, ça, dans mes yeux ?! Des larmes ? Je pleurs ?
SÉRIEUX !?

L’épée d’Yzanthar - Mythe ou Réalité ?

Décembre 1869

Ne pas lui laisser le temps de parler, le temps de réagir, le temps de le retenir. Kingsteen se précipite. Peut-être vers la mort. Mais tant pis. Il s'en fiche. Il aura au moins vécu une belle vie. Même si Tallie n'est pas de retour à ses côtés. Il échappera à la pression de l'entreprise et à bien des choses.
Sa vie. Voilà qu'il était entrain de la faire défiler sous ses yeux alors que son corps tombait encore et encore. Dans une chute sans fin. Comme ci... la montagne l'emmenait droit au centre de la terre. Et puis... d'un coup il fut stoppé. Son souffle lui manqua quelques secondes avant qu'il n'ouvre les yeux en reprenant une respiration correcte. Flottant à quelques centimètres d'un sol il finit par y tomber. Le peu de peau qu'il avait sur les fesses suffit à le soutenir dans cette chute de deux centimètres. Mais il aurait surement un bleu le lendemain.

Doucement, observant avec curiosité l'endroit, Kingsteen se redressa. Son regard se leva vers le haut mais il n'y avait aucun trou qui aurait pu dire qu'il venait de là haut. Dommage que notre héritier ne connaisse pas Alice au Pays des Merveilles. Parce qu'on y était presque là non ? Manquait plus que le petit gâteau "mangez-moi" et il pourrait partir telle une souris à l'aventure dans un monde fantastique.
Des ombres semblaient bouger le long des murs et les voix commencèrent à reprendre.

Quoi ? Mais ne parlez pas tous en même temps...

Voilà qu'il se mettait à s'adresser à elles ! La folie de Salem était surement contagieuse. D'ailleurs où diable ce loup se trouvait à cet instant précis ? Est-ce qu'il avait sauté dans le portail avant que ce dernier ne se referme ? Il fallait l'espérer. Sinon il passerait la nuit dans les tunnels de la mine. Enfin ça ne devrait surement pas effrayer cet ancêtre si ?
Le petit prince écouta alors attentivement ce qu'on lui disait. Et malheureusement il ne comprenait pas un traitre mot de ce qu'il pouvait être énoncé par ces voix. Surement une langue ancienne... parce que quelques mots ressemblaient à des mots familiers. Et puis sans qu'il ne sache réellement pourquoi un coin de la pièce sembla s'illuminer.
Tournant le corps vers cet endroit, il hésita quelques instants. Puis s'approcha doucement pour venir observer cette fameuse épée de... Yquoidéjà ? Bonne question. Mais ce n'était pas le moment de venir foirer la récupération de cet objet... qu'il se devrait de détruire une fois sortie d'ici. Est-ce que Salem l'aiderait à s'en débarrasser ? Ou alors... il l'utiliserait ? A moins qu'en fait... King soit encore assit dans le bureau du vieux loup depuis le matin... que tout ceci ne soit qu'un songe dans lequel on l'aurait plongé pour... pour quelle raison ? Là était la question.
C'est tel Arthur que Teeny attrapa le manche de l'épée et l'extirpa de sa prison en verre. Elle était belle, il n'y avait pas à dire. Et puis il y eu d'autres paroles et paf. Il disparut. L'ensemble de la pièce changea instantanément. Et il se retrouva debout, derrière Salem, accroupit devant le trou géant dans lequel il avait sauté précédemment.

Tu attends quelqu'un papi ?

Note d'humour dans sa voix. Mais le petit prince avait bien flippé tout de même. Peur de ne pas revenir. Et pourtant il était de retour. En vie. Entier. Et avec cette maudite épée.

Loukoum

It's time to begin, isn't it?

♫♪♫
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Elle perle à la commissure de mon œil, danse d’un équilibre précaire sur mes cils et pleine de grandiloquence choie et puis roule sur ma joue. Une larme ? Je verse une larme pour ce petit con suicidaire ?! Vraiment ? Un périple traversé ensemble et ma loyauté lupine s’est déjà épris de lui ?! J’y crois pas. J’en reviens pas. Mais c’est plus fort que moi. Agenouillé auprès de ce précipice de malheur, mes cobalts vitrifiés de peur et chagrin contemplent les abîmes safranés, cherchant dans les ténèbres ce qui y a été englouti et puis perdu. Kingsteen. Diable d’elf, mais pourquoi il a fait ça ? Pourquoi il m’a accompagné ? Pourquoi il m’a écouté ?! Les questions sont nombreuses, les réponses pas assez et le silence mortuaire qui sinistrement se love sur ma frémissante carcasse est d’un froid aussi funèbre que pétrifiant. Je ne me vois pas revenir à la surface sans lui. J’vais devoir descendre. Récupérer son corps. Transmettre mes condoléances à la famille. Parce que… parce que j’ai tué le Petit Prince. Ce n’est pas le loup qui l’a fait…. Mais moi. J’ai tué le futur empereur de l’empire minier !

Je suis un assassin.
Un meurtrier.
Un monstre.
Un…

Une voix erre dans mon dos, mais claquemuré dans ma misère, ce parfum de gouffre, mon désarroi, mon abrutissante incrédulité, j’en fais abstraction, le tronc toujours suspendu au-dessus de l’abysse qui m’obverse ce cet œil lugubre, pénétrant et sombre…

- Sors delà, toi, ce n’est vraiment pas le moment ! que je brame en parfait marmot gâté pourri, reniflant un bon coup pour ravaler et mes larmichettes et mon ô combien affligeant malheur.

Jusqu’à ce que le peu de neurones encore intactes qu’il me reste s’active et assimile enfin le message. Une voix erre dans mon dos. On m’a parlé. Il… m’a… parlé. Have de stupeur, je redresse le front et lentement bien lentement me redresse sur les guiboles…. Et pour tout aussi doucement me retourne en direction de la source.

- Kingsteen ?!

De haut en bas, reluisantes mirettes scrupuleusement bridées, je le regarde… il a toujours cette posture coincée du gars qui s’est empalé sur le manche d’un balai, mais sa coiffe et ses fringues débrayées accusent qu’il vient de passer un drôle de quart d’heure. Et là, dans son poing, pendouillant paresseusement le long de son gabarit de liane ? C’est… Non ? Si ?!

- Tu… tu l’as fait ?! Hum. J’veux dire. Vous l’avez trouvé ?! Et vous êtes toujours vivant ?! La chute ne vous a pas tué ?!

Et ça me surprend comme la chiasse, bras grand ouvert, énorme sourire de gamin sur la gueule, les joues inondées de larmes de joie et d’un chagrin qui par soubresauts s’étiole, je me précipite sur lui… l’enveloppe tout fort contre moi et dans une étreinte aussi paternaliste qu’amical…. Hasardant même une flopée de tapes viriles et chaleureuses dans son dos.

- Ne me refaites plus jamais ça, Kingsteen. Je vous croyais mort ! Vous saisissez ? Mort comme dans le sens décédé ! Par tous les enfers, je suis tellement heureux de vous revoir ! Vous n’avez pas idée !

Profond et long soupire. Je souris toujours comme un dégénéré, déglutis de travers… relâche mon étreinte et me décale de quelques pas. L’air à peu près confortable et à l’aise avec ce flagrant délit de tendresse.

- Euh. Hum. On devrait rentrer. Ne pas s’attarder. Qui sait ce qu’on a éveillé, lorsque vous avez mis la main sur…

Du bout du doigt je la pointe, l’épée… l’artéfact…. Omg ! Elle est là… Elle est vraiment là, dans les mains de l’Élu.

- J’peux la toucher, dites ?

L’épée d’Yzanthar - Mythe ou Réalité ?

Décembre 1869

Salem : (...)

Un fin sourire étire les lèvres de Kingsteen face à la remarque de Salem. Voilà qu'il le tutoie. Il faut dire, les paroles que le petit prince lui avait dit étaient aussi sur un ton plus familier. Est-ce que cette aventure était entrain de les rapprocher ? Vous me direz... avoir un allier tel que Salem, c'était vraiment une bonne nouvelle. Alors si les barrières des balais dans le derrière pouvaient enfin tomber... Enfin c'était sûr qu'au vue de l'éducation de King, les barrières seraient difficiles à faire tomber.

Salem : (...) (...)

Teeny rigole, affichant un air fier sur son visage. Et non, il n'est pas mort ! Il a survécu à cette chute. Et il l'a ramené cette fichue épée ! Il la tient, là, dans sa main. Et qu'est-ce qu'il se sent bien ! Et voilà que deux secondes plus tard le corps du loup s'écrase contre le sien, le serrant dans ses bras heureux de le voir ici. En vie.
Dans un premier temps le petit prince ne réagit pas. Quelque peu surprit d'autant d'affection venant de Salem. Enfin venant de n'importe qui. Il n'en a pas l'habitude. Et puis voilà qu'il se laisse aller et serre doucement le corps imposant du loup entre ses deux petits bras fétiches, épée toujours tenue entre ces mains. C'est officiel, leur relation évolue réellement, passant d'associés à... partenaires d'aventures ? Hum, bonne question.

Salem : (...)

Je suis ravi de ne pas avoir rejoint le monde des morts, croyez-moi.

Il rigola doucement et lorsque Salem le lâcha il fit lui aussi un pas en arrière. Pas besoin de plus de contact, c'était assez suffisant. Et dire que leur dernier contact était lorsque Salem lui avait broyé la main... comme quoi, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis sur les gens. Ils avaient réussi à bien s'entendre, autour de cette étrange quête commune.

Salem : (...) (...)

Je vous l'échange contre un bon cigare et le verre de votre meilleur alcool !

Sur ces mots, Kingsteen tourna le dos et ouvrit un portail droit dans le bureau de Salem. Il s'y engouffra et une fois arrivé se laissa tomber dans le fauteuil. Il déposa l'épée sur le bureau du loup et se massa les tempes.
La question qui lui brulait les lèvres maintenant était de savoir ce qu'ils allaient faire de cette fameuse épée. Mais pour le moment... Teeny avait juste besoin de prendre un bon verre et de se reposer. Maintenant que ces voix avaient enfin fini de tambouriner dans son crâne, que cette histoire était enfin fini, il fallait bien fêter ça !

Loukoum

It's time to begin, isn't it?

♫♪♫
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Avec moi qui normalement respire la joie de vivre d’un radiateur en panne. Avec lui qui en d’autres circonstances exalte la bienveillance d’un iceberg embaumé. Il va s’en dire que la naissance de notre bromance est effarante et dépaysante. Vous vous souvenez des conjonctures  de notre première rencontre ? Vous souvenez vous de sa petite dégaine de gosse de riche et de ce minois tout plein d’effronteries drapé ? Comment que je me suis cassé les dents et le pif sur les dalles de sa condescendance et sacrément endommagé la dignité dans ses palabres de petit bourseaux pédant au cœur sec ? Un psychorigide ascendant coincé, dont la prétention et la suffisance n’a d’égale que ce long et robuste manche à balai qu’il a de bien encastré là où vous pensez. Savoir, me douter, qu’un jour je m’enticherai de ce petit présomptueux déguisé en pingouin ; je me serais bidonné comme un pitre et j’aurais vendu le Skull & Bones au premier offrant et finirait mes vieux jours sur les trottoirs du Red Light. Parce que oui un avenir de prostitué me semble plus envisageable que de consentir à ce que lui et moi sommes présentement en train de devenir. À savoir deux potos unis dans la dentelle d’une amitié forte avec un potentiel émotionnel viscéralement élevé et où le level d’affection frôle le Cucul la praline. Il faut faire attention avec cette pente glissante, parce que si vite on va risquer de se retrouver lovés en spooning lui et moi.  

Se partager le goulot d’une même bouteille de fort ? Oui.
Partager le même oxygène et le même lit ? Non.
J’ai eu une frousse bleue, mais on va pas charrier non plus.
BREF ! le portail s’ouvre sur mon bureau et c’est dans un slow-motion plein de badass attitude que nous y pénétrons et y regagnons la promiscuité de ce monde d’ivrognes et magouilles. Home sweet home !

Pendant que je nous serre quelques phalanges de bourbon dans deux verres presque propres, je risque une œillade sur la nuque du Petit Prince et je m’enquière alors :

- Tu tiens le coup, bonhomme ? C’est le poids de ta destinée qui te rentre dedans ou la Foi qui te fait réaliser que… je te racontais pas des conneries ?

Humour de merde. Je m’en excuse, sa majesté. La journée et soirée a été longue. J’arrive pas à croire que tu sois toujours vivant et putain que je pu un mélange de sueur, de larmes et de fin fond de grotte. On a besoin d’une douche parce que toi aussi tu sens pas la rose ! Chose que je constate alors que je rafle son niveau, lui tend chaleureusement le verre et que mes cobalts javellisés croisent la rutilance de la lame gisant sur le bordel de mon bureau. Right. J’ai pas eu le temps de faire un brin de ménage depuis son entrée fracassante de tout à l’heure.

Un frisson dégringole sur mon échine tandis que le charme de l’épée d’Yzanthar semble déjà avoir ses effets de miel et de sèvre sur moi. Étrange, cette sensation d’inéluctabilité et de puissance qui à l’effet de typhon s’empare de vous. Je ne peux pas l’approcher. C’est dangereux. La légende disait vrai aussi à ce sujet…

- Tu vas devoir la cacher. La mettre en sureté, Kingsteen.

Parlant de fatalité… un prénom en lettre bien fluorescentes et en surbrillance se calque alors en les ténèbres de mon fourbe esprit.

- Je connais quelqu’un qui pourrais nous fournir des renseignements et nous aider. Ou du moins pousser des recherches sur l’épée. J’ignore ce que tu veux en faire, mais je veux que tu ne cours aucun risque avant de le faire. Elle saura peut-être quelque chose…  

Silena. C’est le moment de venter ses mérites… et de plus ça me donne une chance de lui rendre une clandestine visite en mode evening, my love. I know it's been a while. But look what we found ! =D

Elle en sera toute émoustillée.
Je le sens…

L’épée d’Yzanthar - Mythe ou Réalité ?

Décembre 1869

Salem : (...)

Et dire qu'il en avait douté. Pendant de longs moments... Tout le long de cette aventure pour tout dire. Et surement qu'au fond de lui une part continuait de douter des paroles de Salem. Mais maintenant qu'il avait eu cette épée entre les mains, qu'elle était là sous ses yeux, Kingsteen devait se résoudre à l'évidence... toute cette histoire était vraie. Et si c'était ça... Alors Salem avait raison, sur les deux plans : il venait de prendre conscience que la légende était vraie et il se retrouvait au coeur d'il ne savait trop quoi. Peut-être aurait-il mieux fait de prendre connaissance de cette histoire correctement dès le début, et ne pas l'écouter d'une oreille distraite.
Son regard se pose quelques instants sur le verre, qu'il prend entre ses mains et s'empresse de porter à ses lèvres. King n'est pas un grand fan d'alcool ni un grand connaisseur. Mais là il en a vraiment besoin pour être capable d'assimiler toute cette formidable aventure. Le regard rivé sur l'épée, Teeny se pose doucement dans le fond du fauteuil et pousse un soupir de découragement. Que va-t-il faire de ça ? N'avait-il pas assez d'ennemis déjà pour posséder un tel objet ? Il aurait mieux fait de le laisser là où il était... mais il serait surement devenu barge avec toutes ces voix. Et Salem aurait fini par le pousser lui même dans le trou.

Salem : (...) (...)

Levant lentement le regard, le petit prince le pose sur le vieux loup face à lui. Durant son incroyable existence, bien plus grande que la sienne, il doit certainement connaître des personnes dignes de confiance pour s'occuper de cette épée. Mais est-ce que King est capable de lui faire entièrement confiance ? Qui dit qu'il ne l'avait pas poussé lui-même à trouver cette épée pour pouvoir ensuite se le mettre dans la poche et gouverner le monde à sa manière ? Hum... pas sur que ce vieux loup soit de ce genre. Tremper dans de sales affaires et s'occuper de son commerce, c'est tout ce qui doit certainement lui importer.

Moins de personnes seront au courant pour cette épée mieux ça sera. Mais si vos connaissances sont moindre sur son utilité maintenant qu'elle a été sortie de sa cachette alors... dans ce cas je pense qu'il va falloir en parler à d'autres. Lui faites-vous vraiment confiance ?

Si Salem lui fait confiance, alors Kingsteen devrait pouvoir être capable de faire de même avec cette personne lui aussi. Si il savait de qui il parlait ? Absolument pas. Mais quand il lui fera face... Alors il saura qu'il pourra lui faire confiance, forcément. Et les yeux fermés.
Mais pour le moment le petit prince ne bouge pas son regard de Salem, il guette le moindre mouvement sur son visage qui pourrait trahir une arrière pensée mauvaise. Parce que si c'est le cas, King attrape l'épée et saute dans un portail pour la mettre loin d'Elvendyr... Là où Salem ou quiconque de ce monde ne pourra la retrouver.

Loukoum

It's time to begin, isn't it?

♫♪♫
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Je dois rendre à ce Petit Prince un hommage profond. Limite lui lever et bien haut mon chapeau. Avec les affres qu’il vient de traverser, beaucoup se seraient claquer l’infarctus du siècle et m’auraient envoyé paitre d’une superbe non pareille. Mais pas Kingsteen. Il a le cœur solide et l’échine trempée en du béton armé. Tout du long de ce tortueux voyage, je n’ai jamais douté de lui ou voire même sous-estimé ; pour être honnête j’avais peu d’attente à son égard. Je le savais pas assez mal élevé ou culoté pour me tourner le dos, mais je le savais assez sceptique pour prendre part à l’aventure avec l’implication ou l’abnégation d’une vieille souche rongée par les termites.

Il me surprend, agréablement. Même sa perception qu’il peut avoir de l’artéfact, relève d’un exploit olympique. Réalise-t-il seulement l’étendu de son influence et pouvoir ? S’il en est le cas, il le fait toute en nuance et subtilité. Par prudence et précaution, je préserve une salutaire distance avec l’épée, évitant de la regarder de peur que celle-ci m’envoute de son indicible charme.

- Tu as raison. Cette trouvaille doit rester un secret et n’impliquer qu’une faible poignée de personnes, que j’approuve, les azurs perdus vers un sibyllin avenir ne comprenant peu d’astres ou ni voile. Le fardeau de ce secret que nous serons bientôt trois à supporter nous garantissant un horizon tumultueux où trembleront moult éthers et univers. Et j’espère que la clarté entraperçue dans le cœur de ce Petit Prince sera préservée et aussi rutilante que le médaillon fauve. Je lui vois une destinée de Roi. Et tant que je serai en vie je veillerai à ce qu’il en reste ainsi. Parole de loup qui aura bouffé le scout !

Un tendre sourire malgré moi naquit sur la lisière de mes lippes imbibées de bourbon, malgré que le myocarde depuis quelques temps trempe en les sinuosités d’un langoureux doux-amer, ma confiance en Silena demeure implacable et aveugle. Me drapant d’ombre et de mystère, parce que je sais qu’il adore ça, le futur roi, ma dégaine de vieux cerbère harassé s’élève d’un lustre nouveau et comme révolu :

- Avec ma vie… avec chaque cellule de mon corps, Kingsteen. J’ai une confiance aveugle en Elle. Tu découvriras que tu peux en faire de même.

Pour preuve, peu de personnes sont au courant de ma « double-vie » ou « double identité ». Plusieurs me pensent natif de la terre et propriétaire d’une taverne aussi crade que louche… sans jamais se douter qu’il y a un loup de tapit en leur charmante bergerie. Ceux qui le réalisent, c’est parce que je les ai laissés venir à moi. À dessein. Ou autre raison…

- Demain, dès l’aube, nous irons La voir. En t’emparant de l’épée, j’ignore si au fin fond de ce gouffre nous avons débalancé et réveillé des forces mystiques. Pour ta sécurité, je propose que tu dormes ici. J’ai une chambre d’ami plutôt confortable et y’a les cigares que tu me demandais.

Je ferme les yeux.
Please, faites que notre nuit ne soit pas visité par l’embusque d’une armée ou bestiole revenu d’outre-tombe. J’ai vraiment besoin de dormir…