Sosie

Je me promène en bord de mer. Cela fait du bien. J'ai fait garder Lola par ma meilleure amie Jaimie. Je sais que je peux compter sur elle. Elle et moi c'est une longue histoire. On a traversé tellement d'épreuves ensemble. Aujourd'hui nos vies se stabilisent et on profite des simples moments. Fini les travers, les conneries,... Elle adore ma fille et inversement. Je ne pouvais rêver mieux. Jaim' c'est comme une sœur.
Présentement, je balade avec une tenue légère car il fait bon. C'est agréable, il y a même du beau soleil. J'ai donc mes lunettes de soleil pour ne pas être gênée. J'avais cet envie de prendre l'air, de ne penser à rien. Je n'ai rien à penser en fait. Tout va pour le moment. J'aimerai rencontrer ma moitié car niveau mec, je ne tombe que sur des loosers et je n'arrive pas à trouver un gars stable... Des restes du passé je pense ! Le papa de Lola était un mec pas bien. Il m'a abandonné quand il a su qu'il allait être papa. Façon, ça n'aurait pas été l'homme de ma vie. Faut pas rêver. Je me rends compte que je n'ai jamais rencontré quelqu'un avec qui je me suis dit la fameuse phrase :" C'est lui ! ". Jamais... M'enfin...
Perdu dans mes pensées, je reçois quelqu'un de plein fouet sur moi. Mes lunettes volent. C'est sur c'est un homme car "aïe", j'ai mal. la carrure est de mise. C'est Garrett, un homme dont j'ai déjà entendu parler de nom mais je ne le connais pas du tout. Je ne sais même pas dans quoi il bosse etc... C'est juste une amie qui fantasmait sur lui qui me l'a déjà montré en photo. Je me relève et m'excuse. Quelle quiche. C'est sûrement de ma faute.

- Pardon Monsieur, je ne vous ai pas fait mal ? Je suis ... très distraite. J'adore marcher et j'étais déjà dans mes pensées lointaine. Du coup, je ne vous avez pas vu. Pardonnez-moi.

Décembre pointait déjà le bout de son nez et l'organisation de la soirée du Vintage se faisait des plus en plus prenante. Le pire, dans toute cette histoire, c'était que suite au meurtre de ma femme, j'avais tout tenté pour me changer les idées. Quelques jours dans ma maison dans les Hamptons pour finalement faire la rencontre d'un promoteur immobilier qui m'avait attiré dans un nouveau projet. Le Vintage de Revealdown roulait très bien, pareil pour celui de Manhattan - géré d'une main de fer par mon fils Finn Carpenter, ma fille Lena Carpenter et mes frangins. Enfin, j'étais conquis par l'empire que nous bâtissons, mais je ne pouvais pas en arrêter là. Après une réunion avec ma famille et mes investisseurs, nous avons décidé de lancer deux nouveaux projets hôteliers. Un Hôtel-Casino sur la strip de Las Vegas ainsi qu'un hôtel au coeur de Los Angeles. Comment se faire connaître et briller encore plus. Fallait dire que je n'étais pas en soif de projet. Ainsi, mon jet privé s'était posé aux petites heures du matin après avoir passé une partie de la semaine à Las Vegas pour mettre nos plans en exécution. J'avais profité de mon séjour pour arrêter à Sidebay et faire garder la petite Lili par ma soeur Kayle qui semblait bien se porter d'ailleurs. Une fois de retour dans les bras de sa nourrisse, je crus bon d'aller faire mon jogging sur la plage. Un peu de sport m'aiderait à la détente et je n'avais pas réussis à respecter mes bonnes habitudes lorsque j'étais dans le Nevada. Camisole et jogging, je courais depuis une bonne demi-heure jusqu'à ce que je rejoigne la plage de Harrington Spring - non loin de mon manoir et du Vintage. Je courais, dévorant la beauté de ses femmes en bikiki sur la plage lorsque je ne vis pas celle qui se trouvait devant moi, lui fonçant droit devant et terminant les fesses au sol, comme cette jeune femme. J'étais un peu déstabilisé, mais lorsque mes pupilles se posèrent sur celle que je venais de frapper, le choc. Ma bouche s'asséchait, mon coeur palpitait comme jamais. "Abby-chérie... non... c'est impossible..." J'ignorais les excuses qu'elle me faisait, zappant qu'elle ne semblait pas me reconnaître. J'attrape d'un geste naturel son visage entre mes mains et y pose mes lèvres, lui échangeant un baiser que je n'aurais jamais espérer vivre - ou revivre plutôt. Mon coeur bouillait à l'intérieur de ma poitrine tellement je ressentais quelque chose d'unique, un choc émotionnel.

Je suis complétement perdue. Cet homme m’appelle « Abby » alors que je ne suis pas Abby. Il doit me confondre ou alors penser à quelqu’un mais la suite me choque un peu plus. Il m’embrasse. Je ne sais pas qui est cette femme mais en tout cas, vu son baiser, il l’aime passionnément. Ce n’est pas désagréable mais je suis choquée car je ne le connais pas et j’ai pas l’habitude de ce genre de comportement disons. Qui est Abby ? Pourquoi moi ? C’est assez étrange. Je lui ai peut-être percuté la tête dans ma chute… Je ne comprends pas.

- Euh.. M... monsieur. Vous êtes sur que ça va ? Votre tête ? Je ne suis pas Abby. Je... je suis perdue. Je suis Pya... Pya Fuller. Vous vous trompez. Qui est Abby ?

Je n'ai pas une seule Abby dans mes contacts. Je cherche à savoir ce qui se passe en lui. Il me touche beaucoup. Il a l'air si... désemparé. Je dois l'aider. Une femme lambda lui aurait donné une claque en pleine tête mais moi je ressens son mal-être. Il a quelque chose, il a ce regard du gars qui a vécu un grand choc.

- Ça vous dit de marcher un peu à mes côtés pour discuter ? Je ne suis pas pressée. Sachez que je ne vous en veux pas. Je... je reste surprise je vous avoue. Vous êtes sûr de ne pas avoir mal ?

Je ne sais pas si cet homme m'écoute réellement. Il a l'air ailleurs, dans un autre monde. Il est happé par quelque chose. Je me demande ce qu'il se passe dans sa tête. Il me fait peur. Il semble si triste et quand il me regarde je me sens particulière, telle une déesse alors que je ne suis que moi, pas grand chose...

En posant mes lèvres sur les siennes, mon coeur s'emballa aussitôt. Je ne pouvais expliquer ce qui se passait. Était-elle une sorte de spectre ? Comme nous l'avions vécu lors de ce cauchemar de septembre ? Peut-être était-ce idiot de l'embrasser en sachant parfaitement que ça ne devait pas être elle, sauf qu'une partie de moi s'était ennuyé d'elle que je ne contrôlais plus mes gestes. Lorsque la réaction de "Abby" fut de me repousser doucement, mes yeux continuèrent à cligner. J'étais sous le choc et elle ne semblait pas me reconnaître, ni même affirmer qu'elle était Abigail. Comment était-ce possible. Je l'avais ressentie. En l'embrassant que ce n'était pas pareil, pas passionné comme Abby seule ne pouvait me l'offrir. Elle s'adressait comme étant Pya Fuller. Mes yeux s'écarquillent. « Pya... c'est impossible... vous êtes pareille... vous êtes son sosie, sa jumelle... vous avez de la famille à Sidebay ou en Californie ? Parce que vous êtes comme ... comme ma femme, Abby, elle est ... décédée.» Continuais-je en l'observant avide. « Non, je vais bien... mais... je ne comprends pas... vous êtes certaine d'être... Pya... ni un fantome... un spectre... un truc du style... hein...» J'avais réellement besoin de réponses et en ce moment, tout semblait improbable. J'étais perplexe. Je ne savais pas si je devais lui faire sincèrement confiance. Elle me mentait peut-être que pour me manipuler. Ce monde était étrange, si différent. Je n'arrivais plus à séparer le vrai du faux.

Je suis choquée qu’une femme puisse me ressembler autant. Apparemment, je serai comme cette Abby et cet homme m’aurait confondu. Je n’avais jamais entendu cette histoire. C‘est fou ça. On a des sosies partout, c’est connu. Cette femme à la même image que moi en était un. La suite me choque et m'attriste pour cet inconnu... elle est morte. Comment a-t-il pu croire que j'étais elle ? Les morts sont morts. Il doit avoir du mal à l'accepter ce qui est compréhensif. Je le conçois. Elle ne devait pas être décédée depuis longtemps. Le pauvre. Il avait l'air éperdument amoureux.

- Je suis désolée pour votre femme. Elle est partie y a peu ? Je ... je n'ai pas de jumelle et je suis sûre de ne pas être de famille avec Abby car je n'ai pas de Abby dans ma famille. Vous savez on a des sosies. Abby et moi devions être sosies. C'est énorme. Vous avez, enfin si ça n'est pas trop difficile... une photo d'elle. Je ne me rends pas compte du fait que je puisse ressembler autant à quelqu’un. Je suis très curieuse. C'est si voyant que ça ?

Je suis intriguée vu le choc de ce Monsieur, je dois fortement lui ressembler. Il est tellement impressionné qu'il me parle de fantômes, de spectres. Je suis obligée de rire un peu. Je ne veux pas le vexer mais ça n'existe que dans les livres, ou films, ou dans mes rêves. Il veut sûrement tellement la retrouver. J'ai beaucoup de peine pour lui.

- Non non, tout ça ça n'existe pas et je suis Pya, je suis bien vivante. Je suis désolée d'avoir croisé votre route et de tant vous perturber. Je ne voulais pas... C'est pas mon but. Je suis une simple copie de votre bien aimée.

Le choc restait constant. Je ne contrôlais plus les battements de mon cœur au point où je ressentais une faiblesse. Je fixais la demoiselle devant moi, battant des cils pour être certain que je ne rêvais pas. Elle ne possédait pas son odeur, mais son visage était le même. Elle vint détruire mes espoirs en spécifiant qu’elle n’était pas Abigail, ni une jumelle, une cousine et qu’elle ne la connaissait pas. Je plonge ma main dans la poche de mon pantalon pour y sortir mon téléphone portable. Je l’ouvre et lui tends. La photo de fond de mon portable s’avérait être une photo entre Abigail qui tenait notre fille Lili dans les bras. « C’est Abigail, avec notre fille Lili. » Lançais-je en baissant les yeux vers la photo, un air triste dans le regard. Je soupirais de tristesse. C’était profond ce sentiment et je souffrais vraiment. Je constate qu’elle semble me prendre pour un fou lorsque je stipule qu’elle était possédée par l’un des esprits du site de Oak Valley. C’était bête, mais tellement probable en y repensant. « Désolé… je perds la tête faut croire… » Je n’accepterais pas de passer pour un cinglé non plus. Mise à part les autres participants de ce week-end infernal, personne ne connaissait l’existence de ses créatures qui s’en était pris à ma femme. « Je suis Garrett. Carpenter. Je possède le Vintage Hôtel, vous devez avoir entendu parler de nous ? » Peut-être avait-elle-même entendu l’histoire des chalets, du meurtre de ma femme, mais évidemment, rien à voir avec les spectres. La police s’était chargé de dissimulé l’affaire en accusant le propriétaire des lieux d’être un sanglant psychopathe.

Il me montrait la photo... Je restais là bouche-bée. Je suis choquée, elle me ressemble tellement. On dirait moi. C'est complètement fou. Elle est bien sur plus stylée. Physiquement, je me reconnais sur cette photo mais ce n'est pas moi. Je comprends tout à fait sa réaction disproportionnée. C'est normal et en plus il vient de la perdre et moi je suis là à me pavaner avec la même apparence qu'elle... Je m'en veux car je ravive la tristesse de cet homme. En plus, ils étaient parents. La petite aussi doit être si malheureuse. J'ai moi-même une fille et elle serait dévastée sans moi ma petite Lola. C'est marrant en plus on a choisi des petits prénoms pour nos filles, telle des jumelles. Je suis sur le c**. C'est trop fort !

- Elles sont trop belles. Et je suis choquée car Abby me ressemblait tellement. Je comprends votre réaction. On dirait des jumelles. Je ne comprends pas comment ça se fait. Elle est mon vrai sosie. Elle était bien sur plus belle et stylée que moi. Elle devait être super votre femme. Mes condoléances. En plus, j'ai une fille que j'ai appelé Lola, c'est similaire à Lili. Je suis désolée pour vous. La petite va comment ? Lola serait perdue sans moi.

Je l'avais reconnu mais je n'avais jamais vu sa femme. Il est très riche et célèbre cet homme mais quand on lui parle il reste normal et agréable. Je suis si triste pour lui. J'avais entendu qu'il était parti en weekend avec sa femme et d'autres gagnants d'un concours et que le propriétaire des lieux était devenu fou et avait tué... m**** c'est Abby qui est morte là-bas. Je fais enfin le rapprochement...

- Je suis désolée. C'est elle qui a été assassiné par ce timbré. Le cauchemar ! Sinon, si vous je vous connaissais de nom. Vous êtes fort connu.

Je baissais les yeux vers mes mains qui semblaient tremblantes. J’essayais de calmer ma panique… je savais désormais que Pya n’était pas Abigail, mais les similitudes de son visage en restait troublant. J’analysais chaque petit trait de son facial et je ne croyais pas qu’elle ne puisse pas avoir un sang commun. En plus d’être son parfait sosie, elle vivait la même ville ? Ce monde était vaste, certes nous avions tous des sosies, mais impossible qu’ils se partagent la vie commune dans un endroit que Revealdown. Ce n’était pas New York ou L.A ici, c’était une petite ville paisible de Floride. Il y avait quelque chose d’étrange et j’avais besoin d’explications. Le choc me laissait un goût amer comme si je retrouvais le meurtrier de mon épouse ou si j’apprenais qu’elle n’était pas réellement morte. Je pense que j’aurais vécu chacune des situations du même angle que celui-ci. Je soupire reprenant mon portable. Le regard de Pya démontrait sa sincérité. Elle paraissait tout autant sous le choc que je ne pouvais l’être. « Je ne peux concevoir que vous vous ressemblez à ce point… j’ai la mauvaise impression que quelque chose de plus grand ce cache derrière votre parfaite similitude avec Abigail. Je ne souhaite pas vous faire peur, loin de là mes intentions, mais cette ville… elle renferme une énergie… mythique, différente de partout ailleurs. Quelles étaient les probabilités que vous soyez le sosie de ma défunte épouse… » Elle m’expliquait un peu sa propre vie, une fille nommée Lola. « Ne me dites pas que vous avez un passé d’escorte de luxe, sinon, je ne sais pas ce que je fais… » Lançais-je sans vraiment me rendre compte de la gravité de cet aveux. Je vois que Pya me connait de nom, elle doit avoir suivi l’histoire comme tout le monde en ville et je m’en voyais navré. Je grinçais des dents au point où ça en devenait douloureux. « Lili… elle va bien, elle demande sa mère… mais vous savez, ce n’est qu’un bébé encore… elle ne réalise pas… mais… si… ah non, oubliez… » Un court instant, je voulais présenter Pya à ma fille, voir sa réaction, si elle la reconnaitrait et si elle se sentirait en sécurité avec elle… mais c’était déplacé. Je me sentais déjà mal, juste à l’idée d’y avoir songé, c’était malsain. « Oui, elle fait malheureusement partie des victimes de ces… ce … psychopathe… » Soufflais-je, concluant ma phrase sur un ton de plus en plus inaudible. Après tout, je savais parfaitement que ça n’avait rien à voir avec un tueur en série, mais bien avec des spectres surnaturels fous. La police et le maire faisait tout pour camoufler l’affaire… mais je ne restais guère rassuré.

Le bel homme ne concevait que je puisse autant ressembler à sa défunte femme. Il tremblait, je ne savais pas quoi faire pour l’aider à se senti mieux. Je le chamboulais complètement… Je le comprends, je n’ai jamais vu ça non plus. On est vraiment des sosies. J’ai l’impression que rien ne diffère. Du moins, j’ai cru que c’était moi sur la photo. Elle était, apparemment, escorte de luxe, avant d’être Mme Carpenter. C’est une drôle de vie. Original ! Je sais au moins que niveau job, je n’ai pas suivi son chemin.

- Je me doute. C’est fortement étrange. Je n’ai jamais vu ça. Je comprends que vous ça vous bouscule. Je suis vraiment désolée. Ne vous en faites pas, on a pas le même parcours pro. Je sais que cette ville est considérée comme particulière mais pas de là à faire deux êtres identiques. Quelque chose ? Vous pensez à quoi ? Je pense que c'est un grand hasard... très impressionnant. Abby n'avait jamais rencontré d'autres sosies ? Sait-on jamais...

J’ai mal au cœur pour cette famille déchirée… La petite Lili n’a plus de maman et Garrett n’a plus de femme. C’est horrible qu’un homme ait fait cela. Je suis choquée.

- D’accord, je comprends. Elle est sûrement perdue en ne la voyant plus mais elle ne comprend pas encore ce que cela ça veut dire. C’est délicat… Si je veux ? Euh… oublier ? Oublier quoi ? Aller y, n’hésitez pas à me dire ce qui vous traverse l’esprit. Et vous, ça va ? Vous avez pu parler à quelqu’un ? Cela doit être si difficile. Je suis navrée. C’est horrible… Je ne comprends pas cet homme. Pourquoi autant de folie…

Je me sens bête de demander comment il va alors que je sens toute cette tristesse... C'est affreux. J'ai envie tout naturellement de le serrer dans mes bras pour le rassurer mais je ne le connais pas et ça ne se fait pas mais face à cela on a souvent ce genre de réaction naturelle. Je me permets juste de lui tenir le bras, pour souligner mon soutien.

Tant des questionnements hantaient mon esprit à l'instant. Je ne saisissais même plus la réalité et la fiction. Tout ce que j'avais vécu le week-end où on m'avait enlevé ma femme continuait à me tourner à l'esprit et je ne contrôlais plus mes questionnments. Personne ne semblait pouvoir me répondre. J'étais laissé seul dans le néant et je n'arrivais pas à pouvoir me confier sur mes incertitudes sans passer pour un cinglé. J'avais limite honte et je ne voulais pas que la presse me dessigne comme le fou du village non plus. C'était ma franchise complète qui risquait d'en patir. « Pas à ce que je sache. Je connais Abby depuis quelques années seulement, mais elle ne m'en avait jamais parlé auparavant. Elle n'était pas tant proche de sa famille - mise à part sa grand-mère, aujourd'hui décédé. C'est le seul membre de sa famille que je connaissais et je ne peux donc pas la rejoindre pour lui poser mes questions... Pensez-vous être dans la mesure de faire des recherches sur votre arbre biologique ? Peut-être trouverons-nous des explicaitons ? » Ajoutais-je en cherchant des réponses plausibles à toute cette histoire. Même si j'avais laissé tomber mon idée, Abby hum... Pya semblait vouloir insister. Devais-je vraiment continuer ? J'avais un psychologue suite à la mort de ma femme, mais à quel point je pouvais me confier à elle ? « Je... pensez-vous... voulez vous rencontrer ma fille ? Je sais que ça peut parraitre étrange, mais je pense que je pourrais satisfaire peut-être ses peurs... enfin... elle est si jeune, je pense que ça pourrait l'aider...» Je baisse les yeux, évitant son regard en attendant sa réaction.

Le bel homme se posait beaucoup de questions et il avait ce besoin de vérité, de réponses. Il avait du mal à se contenter de la thèse du sosie. Il souhaitait que je me plonge dans mon arbre généalogique. Cela ne me dérange pas. Je demanderai à mes proches. Y en a toujours un pour faire ce genre de recherche dans les familles. Je ne la connais pas c'est une évidence et elle est morte. Ça n'apporterait rien et ne changerait rien de savoir qu'elle serait de ma famille mais Garrett a besoin de reformer le puzzle. Je ne suis pas contre et ne le prends pas mal. Je suis juste étonnée de cette amour immense qu'il lui porte et cette tristesse phénoménale qui semble l'envahir et ne jamais partir... pas pour le moment.

- Je veux bien faire ça pour vous sans souci. Je vais vous donner mon numéro comme ça vous pourrait me contacter dans quelques jours. D'ici là, je saurai si elle appartenait à ma famille. Je vais faire ça pour vous. Elle n'avait pas de famille la pauvre... On doit se sentir si seul. Heureusement, elle avait vous et votre petite. Ça devait la combler de bonheur. Je pense tout haut. C'est parfois mon défaut. Je me sens bête mais je n'y peux rien. Je ne peux pas ne pas réagir quand on me dit qu'une personne n'a pas de proches. J'espère ne pas le vexer et que ce n'est pas trop difficile pour lui de faire remonter autant de choses.

- Je suis d'accord. Cela ne me dérange pas. Je pourrai l'apaiser, l'aider à comprendre. Je ne sais pas encore comment car en me voyant elle aura un choc j'imagine mais je veux bien faire ça pour vous deux également. Je trouve que c'est étonnant comme demande mais pas bête. Je n'ai jamais fait ça mais je peux ne vous en faites pas. Cela vous rassurerait ?

Je veux bien aider cette famille. Je ne le prends même pas pour un fou ou autre. Je trouve cela normal, même si je ne sais pas encore comment apaiser cette petite. Ma tête et mon corps sont une copie conforme de Abby... Elle va croire que je suis sa maman. M'enfin ! On verra ça plus tard. Je suis contente de pouvoir aider et apporter quelque chose à ces gens. Dans la vie, il faut savoir donner de son temps aux autres, écouter et aider si possible. Je ne vais pas dire non à ce gentil inconnu. J'ai confiance. Il n'a pas l'air d'un psychopathe.

Mes yeux ne semblaient pas s’habituer au physique de la jeune Fuller. Je ne croyais en rien qu’elle puisse être le sosie d’Abigail, sans qu’une parcelle de ses origines aille quelque chose en commun. J’avais besoin d’explications sur le sujet et je ferais tout pour pousser le sujet plus loin. D’ailleurs, je connaissais des scientifiques assez prestigieux et j’enverrais son ADN au labo, voir si ce n’est pas réellement Abby. Peut-être qu’elle me mentait, peut-être avait-il une explication aussi étrange soit-elle. Après tout, Revealdown offrait une réalité hors du commun. Je l’avais vu lors de ce week-end aux chalets et je savais maintenant que tout pouvait être possible. Je continue à sourire et à analyser la femme devant moi. « J’ai tout fait pour la rendre comblée à mes côtés. C’est certain qu’elle n’avait personne dans sa vie et qu’elle méritait qu’on fasse attention à elle. » Elle n’était surement pas escorte de luxe pour rien. Je continue à lui sourire. Pya acceptait ma requête – bien qu’étrange soit-elle – je m’excitais à cette idée et commençais à penser à des trucs peut-être pas parfaitement normal même. « Je suis réellement ravi que vous acceptiez ma demande assez non-conventionnel. Je pense que pour Lili, ça va être un vrai soulagement et lui faire du bien, j’ai beaucoup de difficulté à la calmer depuis que sa mère nous a quitté… et je ne sais plus comment m’y prendre je vous dirais.. » Je baisse les yeux un moment au sol, repensant à la douleur que la mort de Abby me provoquait. J’espérais réellement que de revoir Pya nous ferait du bien, surtout pour vivre notre deuil.

Je souris, attendrie par ses dires. Il est très amoureux, enfin était… Je ne sais pas comment on dit dans ces cas-là car elle est peut-être morte mais l’amour reste éternel. Je le sais ça et à voir cet homme c’est encore plus croyable. Il est vraiment chou. Il a les yeux pétillants d’amour et de tristesse aussi. Sacré mélange ! Je suis dég pour lui que cette femme soit partie. J’aimerai trop qu’on puisse nous rendre nos défunts… Garrett paraissait heureux à l’idée que j’accepte de rencontrer sa fille. Je veux l’aider et si ça ça peut pourquoi pas ? Ça n’engage à rien et ça peut aussi accompagner cette enfant à faire son deuil à elle aussi. C’est vrai que c’est étrange et originale comme demande mais je peux le comprendre et ne pas juger. J’avoue que je ne sais pas trop ce que je vais faire une fois face à elle mais je trouverai sur le moment. Je sais que ça me viendra tout seul. Si je peux calmer cette petite et apaiser ce papa, ce mari meurtrie pourquoi pas.

- Je ferai de mon mieux. Ne me remerciez pas et surtout n'hésitez pas si je peux aider. Je peux venir plusieurs fois, je ne sais pas. En tout cas, je veux bien faire cette rencontre et apaiser votre fille. Je ne sais pas comment faire mais ça me viendra. Elle est fort énervée ? Elle ressent certainement l'absence, me voir pourrait en effet l'apaiser.

(HJ: Un méga désolé de l'énorme retard ! Je tente doucement de me remettre en jeu, malgré que l'été est toujours à nos portes )

Une chose était certaine, à chaque femme que j’avais marié, je fus sincèrement amoureux de chacune d’entres elles. Malheureusement, avec Abigail, la chose fut fort différente. Sachant que pour une fois, ce n’était pas de ma faute, si je ne pouvais plus vivre auprès de sa personne. Je ne l’avais pas trompé, ni dénigré – même que j’avais beaucoup travaillé sur la résistance entre autres avec mon assistante Kelly-Rose lors de mes visites à New York – Abby, on me l’avait arraché littéralement et j’en souffrais beaucoup. Je n’étais pas le père de l’année, loin de ça même. Je n’arrivais pas vraiment à encaisser de devoir jouer ce rôle de père célibataire et je tentais d’obtenir de l’aide partout où j’en avais. Des nounous, même mon ex-femme Amanda venait souvent à mon secours. Mes filles aussi. J’avais tout de même une certain chance de les avoir. Gérer une chaîne hôtelière, c’était plutôt prenant pour tout dire et si Pya pouvait venir m’aider et offrir en quelque sorte un visage familier à ma fille. Je ne pouvais pas cracher sur cette idée sordide. J’écoutais les douces paroles de cette femme. Elle me rappelait beaucoup ma femme. Ce grand cœur, cette franchise douce et aimable. « Vous êtes un ange vous savez, tout droit sortie du ciel. J’ai de la chance d’être tombé sur vous Pya. » Et sans attendre je l’attrape dans mes bras pour la serrer contre mon torse. Je ne savais pas si je franchissais la limite de l’acceptable, mais c’était plus fort que moi. « Vous avez raison, c’est un manque constant… lorsqu’elle veut sa mère, je ne sais plus quoi faire.. je n’ai pas l’habitude d’élever un enfant… » Ouais, c’était un peu idiot de dire ça quand on avait 7 enfants.. ça démontrait aussi à quel point j’étais un père indigne et égoïste. « Contre votre aide, je peux vous offrir un souper au restaurant ? à celui de mon hôtel. » Incitais-je avec charme.

Je suis trop touchée et heureuse d'aider cet homme. Il est trop émouvant et je ne peux pas ne rien faire pour cette personne en détresse. Oui c'est un inconnu, vous me direz pourquoi je m'embête avec ça ? Et ben c'est simple, on ne peut pas ignorer ce genre de désarroi. Je le ferai et basta ! Ne me jugez pas. Je rougis bêtement. Il est trop mignon.

- Merci, je suis ravie d'avoir fait votre rencontre et de pouvoir vous aider. Je ferai au mieux. Il me serre. Et mince ! Je ne m'attendais pas à ça. Il est surprenant. Je le laisse faire et lui souris simplement.

- J'imagine. J'ai moi même perdu ma maman. J'avais 6 ans et ce manque est immense et ça ne vous quitte plus. Je comprends votre petite. Et vous aussi car élever seul un enfant ne doit pas être si simple, surtout si on a une vie bien remplie et qu'on se retrouve seul. Je sais de quoi je parle vu que j'élève aussi seule ma fille... J'imagine toute la difficulté et on ne possède pas le mode d'emploi. Je ne représente pas un modèle et je le sais. Le truc c'est de faire au mieux et d'aimer nos enfants plus que tout, leur montrer. Un repas ? Ensemble pour mon aide ? Je suis étonnée et flattée. J'accepte donc. Ça me changera.

- Ok, je vous remercie. Il ne faut pas. Je fais cela de bon cœur mais j'accepte.



HJ : Pas de souci Je te comprends et ne t'en veux pas! Je savais que le fofo marchait au ralenti et la raison je la comprends et j'ai apprécié être prévenu ! Puis comment t'en vouloir ? Merci pour la réponse bisous et bonne soirée

Tandis que Pya m’informait sur des détails de sa vie personnelle, je me questionnais sur la vie que je pourrais mener maintenant que j’avais la responsabilité complète de la petite Lili. La pauvre n’était pas tombé sur le père le plus présent et j’avais plusieurs autres enfants pour supporter ce point. Certes, je n’étais pas violent, ni mauvais pour autant, juste que ma carrière avait toujours passé en premier. Un gros défaut, surtout lorsqu’on faisait des enfants à chaque fois qu’on se trempait le pinceau. Je m’épris d’un petit malaise pour Pya qui avait passé par d’horribles événements à son tour. « J’ai perdu mes deux parents, donc je peux comprendre aussi. Ma mère est décédée lors de la naissance de ma dernière sœur – Kayle. Ensuite, c’est père qui nous a élevé en solo et je dirais que ça n’a conduit qu’à une suite d’événement catastrophique. J’espère ne pas offrir cet avenir à ma fille. Elle n’est pas unique, juste que les autres sont tous plus vieux.. enfin, excepté Thomas, mais ça on passe. » Parce que oui, j’avais abandonné Bree – sa mère – de manière complètement inapproprié. J’avais préféré disparaitre pour éviter un divorce sanglant où elle me prendrait encore une fois une partie de ma fortune familiale. Je ne voulais pas effrayer Pya avec ces histoires. Elle me trouverait surement horrible et irait peut-être jusqu’à ignorer mon offre finalement. Pour le moment, ça se passait bien et je voulais vraiment apprendre à la connaître d’avantage. Après tout, une partie de Abby, je ne pouvais pas passer à côté. Je lui souriais doucement. « Vous avez une fille ? Elle a quelle âge ? Nous pourrions peut-être les faire s’amuser ensemble… enfin, sauf si elle a 23 ans et est mariée… mais encore.. vous êtes si jeune, c’est impossible. » Je lui fis un clin d’œil amusé. « Vous êtes disponible ce soir ou vous préférez un autre jour ? » Ajoutais-je de manière courtoise. De toute façon, j’étais disponible n’importe quand pour un souper en bonne compagnie.

J'étais fortement étonnée et attristée aussi. Ce mec là, malgré les apparences, n'avait pas eu la vie facile. Comme moi au final... Sur lui, ça ne se lit pas car il paraît classe, riche et sur de lui. Comme quoi les apparences sont très trompeuses. Je le regarde toute désolée. Personne.ne mérite ça.

- Vous en avez du mérite ! Vous n'avez pas la vie facile. Je suis sure qu'elle aura un bel avenir votre petite, même si ses débuts sont difficiles forcement. J'ai du mal à croire que des tarés puissent foutre des vies en l'air comme ça sans prévenir, sans penser aux conséquences. C'est de la folie pure. Je suis sur les fesses...

Il en demande plus sur moi. Je le livre facilement. C'est cool on fait connaissance. J'aime bien puis ça va c'est pas si privé et il me fait rire en plus. Je rit donc.

- Lola a 3 ans. 23 je serai une maman enfant. Ça serait bien magique ! Elle est fun ma petite. Lili est sociable ? Elles pourraient se voir oui. Ça ferait du bien au deux. Je suis surprise de cette demande mais pas offusquée. C'est étonnant et rapide certes mais ça me va. Je ne suis pas disponible à ce moment là mais je vais demander une autre date.

- Mercredi prochain ça vous convient ? Je ne suis pas disponible. Je dois m'organiser.

Étais-je à plaindre ? Ce n’était guère facile à comprendre, mais j’en avais beaucoup bavé dans le passé avec mon paternel. Un homme froid, sévère et limite psychopathe. Je n’étais pas au courant de tous les supplices qu’il avait fait subir à mes sœurs, sauf que je savais que je lui pardonnerais jamais pour ses actes. Il méritait sa place parmi les défunts. Tout ça pour une question d’argent, ça me répugnait. Je ne savais pas ce que ma charmante mère lui avait trouvé d’ailleurs, surtout pour lui faire 4 enfants. La pauvre. J’espérais qu’elle n’avait pas souffert comme ses enfants après sa mort. Je souris doucement – légèrement émotif – en évitant durant quelques instants le regard compatissant de Pya. « Oui… ma famille n’a pas vécu que des bons moments dans les dernières années… mais bon, mon père étant désormais décédé, nous n’avons plus rien à craindre. Revealdown est un renouveau pour moi et j’espère y trouver la sérénité que je souhaite depuis toujours… bien que désormais en père monoparentale. » Je marquais une pause. De savoir en plus que Pya était mère d’une fillette de 3 ans me fit sourire à mon tour. « Ah oui, c’est clair qu’elles devraient bien s’entendre toutes les deux. Peut-être deviendront-elles les meilleures amies du monde. » Et j’opte pour un clin d’œil amusé. Avais-je une arrière-pensée en lui disant cela ? Enfin, mon offre était retenue, mais pas pour ce soir. Je baisse les yeux doucement. « Ce n’est pas grave, Mercredi c’est parfait, je vous attends à l’hôtel dès que vous êtes disponible. Je ne vous dérangerais pas plus longtemps Mademoiselle Fuller. » Ajoutais-je poliment.

Ce mec là est vraiment trop cool, trop charmant aussi. Il se rend bien compte que la vie n'a pas été tendre avec lui et sa famille et il se batd pour avoir un avenir meilleur ! Le mauvais était parti et RD est sa rédemption. Tant mieux ! J'admire beaucoup cette façon de penser de se battre. Il est maintenant seul et a perdu sa femme. Quelle horreur ! Mais il semble toujours vouloir trouver son bonheur, même en papa solitaire. Je ne sais pas si il connait sa force. C'est fou. Il est incroyable.

Garrett est sur que nos filles pourraient s'entendre et devenir proche. Je n'en doute pas. La Lola est sociable. Elle adore les plus petites qu'elle et je la connais elle va la prendre vite sous son aile, comme son petit bébé. Ça risque d'être super rigolo ! Garrett a raison. Ça serait cool pour son enfant qui a l'air seule.

Ensuite le bel homme accepte que je vienne mercredi. Il me parle avec aisance et classe. Je lui souris. Il ne veut pas m'ennuyer plus longtemps, bien qu'il ne m'ennuie pas du tout. Je vais quand même y aller.

- Merci beaucoup. On se voit Mercredi alors. Et je suis ravie de vous avoir rencontrer malgré la circonstance originale disons. Je suis désolée pour vous. Je ... à mercredi Garrett. Ça va être super sympa ! Merci à vous.

Je lui offre une petite accolade et je m'en vais.