OUBLIONS TOUS CES CADAVRES !!! @SORAYA MCKENZIE @CHARLIZE FLORES

Ce soir, j’en avais marre, j’avais vu plus de cadavres que jamais dans ma carrière de flic. Oui, en tant que chasseuse, j’en avais vu d’autres mais cela faisait un bail. J’avais l’impression que cela datait d’une époque tellement révolue que je ne la voyais plus comme ma vie. En réalité, depuis que j’avais changé de vie, j’avais oublié mon passé : difficilement au début, j’avais fini par en faire un trait. Pourtant, depuis quelques mois maintenant, ce passé me revenait en pleine face et cela avait commencé par la mort de mon mari. Après cela, tout s’est enchainé, mes parents sont arrivés, ils m’avaient retrouvé par le biais d’un lycanthrope, ce même lycanthrope qui avait tué mon James. Selon mes parents, ils l’ont vu de leurs yeux vus et à présent, ils venaient me prévenir, ayant appris que James était mon mari. Bien sûr, je devrais me méfier, je n’aurais jamais cru les croire et pourtant, aveuglée par la douleur et la tristesse, j’avais voulu les croire et j’avais foncé tête baissée dans leur piège, sans même que je me pose de questions. Aujourd’hui, encore, je ne sais rien de leur plan diabolique pour me ramener auprès d’eux, là où est ma place selon eux.

J’entrais dans la salle du médecin légiste où Charlize était de service. Charlize Flores était une collègue et plus j’avais de contacts avec elle et plus j’apprenais à l’apprécier. Aujourd’hui, nous étions devenues des amies de travail. Alors, après cette soirée remplie de cadavres et donc, de travail pour nous deux, j’avais envie d’aller boire un verre pour décompresser. Un ou deux, voire dix verres... J’avais juste un tout petit problème avec l’alcool, un tout petit, riquiqui... Ok, mon boss voulait que je stoppe et que j’aille voir un psy ou que j’aille aux alcooliques anonymes... J’avoue que pour l’instant, je n’étais pas prête à faire un tel pas alors, à la place, j’invitai mon amie à aller boire un verre pour décompresser.

« Alors chica ! Après une journée pareille, tu n’as pas envie qu’on aille faire un peu la fête ou du moins d’aller boire un verre ! »

Demandais-je alors que je m’approche d’elle par derrière et que je lui fais une bise sur la joue, comme une gamine qui donne un baiser à la volée.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR TEARSFLIGHT & PANCKI

Oh baby, look what you started.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Ay, ay, ay ! OH, Cielo ! J’ai passé la jounée, voire la semaine, à l’éviter. Ay, ay, ay ! OH, Cielo ! C’est minablement et lamentablement échoué. Ay, ay, ay ! OH, Cielo ! mais que vais-je dire à mon groupe de soutien, alias les AAA - pour accros affectifs anonymes ? Fière, un peu pédante, à foison perra, l’ego gonflé à bloc, les chevilles enflées comme une femme enceinte de 18 semaines, alors que nous étions grotesquement installés dans notre cercle ouvertement fermé à nous scruter l’amour propre et l’estime de soi,  je m’étais vantée de mes exploits et de mon abstinence, à mes acolytes.  Une semaine. Une fichue semaine que je mène cette vie de madone et de bonne sœur. À ce point Sister Act, que cela inévitablement turlupine et éveille les soupçons dans le cœur fervent de ma mère mexichrétienne qui (nouvellement abonnée sur FaceBook) a envahie, que dis-je ; spammé !, mon wall de petits mots soucieux, doux, encourageants et forts personnels en pensant m’écrire en message privé. Résultat ? Tous mes amis virtuels, dont une mystérieuse Ngoc Dae Kim, que je ne connais ni d’Eve ou d’Adam, sont au courant de mon cycle menstruel, savent aussi que je me suis fracturé le pif en jouant à la piñata lors de mon 8e anniversaire et le grand crû des petites choses pertinentes à savoir sur moi : Ricky Martin est mon crush de jeunesse et le fait que je dors tête sous l’oreiller va semble-t-il me causer des problèmes respiratoires à l’approche de mes vieux jours. Bref, adiós dignité et hola le ridicule qui me sied la dégaine comme la plus moulante des tenues de chez Gucci.

Tout ça pourquoi ? Ay, ay, ay ! OH, Cielo ! Tout ça pour voir débouler dans mes quartiers aka ma fortresse de solitude, cette fruta de la pasión juchée sur deux magnifiques cannes de serin et magnétisée d’un radieux sourire Colgate qui à tous les coups me désarme comme me charme. Pâmée derrière les amoncèlements de dossiers qui s’empilent sur mon aire de travail comme la tour de Pise… Ay, ay, ay ! OH, Cielo ! je le jure sur la tête de mon frangin adoré, que j’essaie vraiment de ne pas perdre mes moyens et de garder dans ma gueule cette langue gredine qui cherche à pendouiller de pâmoison sur la barrière de mes lippes crispées en cette moue mi-figue mi-raisin qui me congestionne les traits. Savoir qu’elle viendrait, je me serais poudré les pommettes et fardé les paupières… histoire de ressembler à autre chose que la pile de cadavres que j’ai reçu en funèbre cadeau sur l’inox gelé de ma table d’autopsie et qui maintenant repose presque en paix à la morgue. J’étais justement en train de finaliser dans la paperasse le compte rendu des pesées des corps et prélèvements d’organes, tissus, sang, urine, etc. Ce bordel impossible qui doit être envoyé sur le bureau du coroner pour demain matin…  

- Ne me parles même pas de cette journée. J’ai épuisé je ne sais combien de cartouches d’encre, à imprimer tout ça, dis-je, incrédule, hallucinée, faisant vaciller la tige de mon stylo entre mon index et pouce, histoire d’avoir l’air confortable et très à l’aise sur mon siège à roulettes qui immanquablement grince son manque d’huile lorsque mon dos se cale contre le dossier.

Vulnérable. Fragile. À fleur de peau. Lorsqu’elle me contemple de ces deux précieuses pierres de jade, je me sens si petite et à la fois si grande. À la fois si faible et puissante. Des contraires franchement mortifères sur mon petit cœur d’artichaut. Cœur d’artichaut qui inévitablement manque un battement, lorsque le corps de nymphe de la belle policière vient mourir à la pénombre de mon ombre, pour ainsi allumer le feu incandescent sous les carnes empourprés de ma joue de ce doux et éphémère bisou. Ay, ay, ay ! OH, Cielo ! elle doit arrêter de faire ça, c’est… dangereux !

- Je. Hum. Soraya, écoutes…

Si près et si loin. Je ne suis capable de rien, absolument rien, lorsqu’elle erre ainsi dans mon frémissant sillage. Nerveuse, timide, incertaine, je me passe frénétiquement une main dans les ondulations de ma sombre chevelure et essaie de recouvrer mes esprits en agrippant de mon autre main la bordure de mon bureau, pour subtilement m’éloigner de son charme de sorcière en m’enfuyant sur ma chaise à roulettes. Ce qui est aussi utile que ridicule avec ces couinements de souris en rûte qui m’accompagnent dans ma tentative d’évasion.  

- Je… jeeee…

Ay, ay, ay ! OH, Cielo ! au diable les nobles vertus, lorsque des anges déjà me sortent par le cul !

- Je serais plus que ravie d’aller faire la fiesta avec toi, ma vieille ! que je me redore l’âme, toute sourire, fringante, bondissant sur mes deux pieds et m’élançant vers mon casier pour aller y récupérer mes effets personnels.

Le seul moyen de se débarrasser d'une tentation, ce n’est-il pas d'y céder ?
Ay, ay, ay ! OH, Cielo !

OUBLIONS TOUS CES CADAVRES !!! @SORAYA MCKENZIE @CHARLIZE FLORES

Je me réjouissais de cette soirée, j’avais besoin de me déconnecter et depuis quelques temps, ce n’était qu’en buvant ou en sortant - ce qui n’excluait pas l’un ou l’autre - que j’arrivais à cet état. Faut dire que j’étais passée par de mauvaises périodes depuis quelques mois et franchement, je n’avais que très peu envie d’y réfléchir. Je n’étais pas certaine que Charlize l’accompagnerait mais j’en avais envie, parce que je commençais à l’apprécier et j’avais très envie de la voir un peu en dehors du boulot. Est-ce qu’elle pouvait me plaire ? Franchement : oui ! Elle était splendide et mes tendances bisexuelles ne restaient pas de marbre face à cette superbe plastique. Mais, je ne savais pas ce qu’elle pouvait bien penser de moi et franchement, je n’allais pas lui faire du rentre-dedans, en tout cas, pas à jeun, pas sans savoir si elle était aussi branchée que moi fille ou pas... Je rigole quand elle me dit qu’elle a épuisé un nombre certain de cartouches d’encre alors qu’elle joue avec son stylo. Je me mords un peu la lèvre, légèrement pour que cela soit imperceptible avant que je me dirige vers elle pour lui déposer un doux baiser sur la joue, tendre et amical... Ou pas... Elle bafouille et je suis un peu troublée, est-ce qu’elle pourrait être encline vers les femmes elle aussi ? Non, je me fais des idées, oui, je dois me faire des idées... Elle passe sa main dans ses cheveux et s’agrippe à son bureau pour faire rouler sa chaise plus loin de moi, je ne le prends pourtant pas pour moi... Elle couine un peu parce qu’elle se lance plus vite que prévu, à mon avis, et je rigole un peu dans ma barbe. Charlize est si mignonne de prendre ses moyens mais pourquoi ? Je ne me pose pas vraiment la question, elle me fait sourire c’est tout. Puis, elle semble reprendre ses esprits et me lâche clairement qu’elle veut faire la fiesta avec moi.

« J’espérais bien que tu acceptes cela ma belle ! »

Je me rapproche alors d’elle et lui fais un clin d’œil alors que je lui caresse doucement le bras, pas forcément sensuellement, juste comme une amie qui était proche d’une autre amie... Ou pas...Pendant que Charlize récupère ses affaires, je suis déjà sur le pas de la porte, je l’attends avec la tête un peu penchée, elle est vraiment belle.

« Je te propose d’aller au Néon, ça te va ? »

Et nous voilà partie vers la fiesta et peut-être plus si affinité ? Arrivées sur place, une longue file se profile mais j’ai plus d’un tour dans mon sac et je m’approche du videur. Je lui fais un clin d’œil et il me sourit immédiatement ;

« Madame McKenzie ! Ne faites pas la file ! Entrez ! »
« Merci Chuck ! »

Et je lui fais à nouveau un clin d’œil tandis que j’entends les plaintes de ceux qui sont encore dans la file et qui trouvent injuste que nous passions devant eux. Nous nous dirigeons vers le bar où deux places sont justement libres, entre deux mecs qui semblent à la fin de leur vie...

« Qu’est-ce que tu veux boire ? Moi j’commence par une vodka ! »

Tant qu’à boire, autant que je boive quelque chose de fort non ?

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR TEARSFLIGHT & PANCKI

Oh baby, look what you started.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Une gamine. Une foutue gamine !
Une niña inexpérimentée et aux joues rosies de timidité. Voilà ce que je suis, en sa présence. Rien de plus. Rien de moins. C’est d’un ringard à faire pleurer. C’est d’un culcul la praline à faire gerber. Je déteste lorsque je suis comme ça : incapable de me gérer et malhabile comme pas deux. J’ai l’habitude de la côtoyer au boulot, d’apprendre à la connaître par les biais de nos professions respectives et d’apprécier sa compagnie dans l’épluchage de certains dossiers. En les morbides casse-têtes de ses enquêtes et les affres horrifiques de mes autopsies, j’ai découvert chez la belle lieutenante une coéquipière de choix, dont il serait fort dommage et désolant de s’en séparer. Nos rapports, jusqu’à maintenant, n’ont jamais rencontrés quelque chose dépassant le formel et professionnel. Alors ce qui se passe présentement entre nous deux me surprend et me procure une curieuse sensation dans l’intestin grêle.  Un petit je-ne-sais-quoi de refoulé qui sournoisement me hâte sur des attentes peut-être un peu trop élevées sur l’issue de ce soir… ?

Trop cœur d’artichaut. Trop fleur bleue. Trop à l’eau de rose. Je me fais des films. J’hallucine. J’ai fumé ou alors je suis déjà pompette et je ne le savais pas avant. Mais une partie de moi a envie de croire et de me dire que ces murs d’impossibilités dressés entre nous, ce soir, ils s’écroulent. Elle me vend du rêve ! Ce sont en ces manières qu’Elle a de me regarder. Ce sont en ces manières qu’Elle a de me sourire. Ce sont ces frivoles et terribles passions qu’Elle sait à mon plus grand dam donner vie en les braises de mes entrailles et ainsi laisser glisser sur ma nuque la caresse de son feu dévastateur. Je ne peux rester de marbre ainsi emmitouflée dans la soie de sa verve et sa prose langoureuse comme affectueuse à mon égard.

Les sous-sols aseptisés de la morgue et ses terribles cas qui encore cette nuit reposent dans la chambre froide ne sont désormais que vagues et flous simulacres. Les augures et promesses de cette soirée encombrent la totalité de mes pensées alors que nous pénétrons enfin dans la touffeur et fièvre de la boîte de nuit. Les aises de ma cavalière m’étonnent et me surprennent agréablement. La belle flic ténébreuse est une habituée des lieux et cela lui offre une dignité qui l’a rend d’autant plus séduisante !

- Woah ! un peu plus et il te déployait le tapis rouge, le fameux Chuck ! Dis-je, sourire moqueur flottant sur la lisière de mes lippes alors que je pose mon adorable séant sur le dernier tabouret de libre.

Accoudée sur la surface du zinc, mes prunelles charbonneuses embrassent un court instant les périphéries, me laissant déjà doucement bercer par la musique lougne qui rebondit sur les murs et les quelques corps grisés qui à çà et là sur la piste de danse s’entortillent et s’entremêlent. La soirée est encore jeune, mais l’ambiance est déjà là et fait du bien.

- Pour moi ça sera quatre shooters de tequila, s’il vous plait ! Que je lui annonce, avec une petite lueur de défit crépitant dans le creux des pupilles alors que je guette l’arrivée du barman.

- Je n’étais jamais venue ici avant. Cette boîte est complètement géniale ! Et à voir comment le staff t’accueille, mon petit doigt me dit que tu n’es pas à ta première visite, n’est-ce pas ?  Je me fais des films ou il y a un petit quelque chose de tendancieux qui se trame entre Chuck et toi ?

Du moins, c’est l’impression qu’il ma donné, lorsque nous avons franchies le seuil… et pourquoi ce détaille m’intéresse ? C’est pas comme si c’était de mes oignons !