Le prologue d'une longue histoire
@kingsteen & Déméter Jones

Elle faisait claquer ses ongles de sa main droite contre son bureau dans un rythme régulier, l’autre main posée sur sa tempe. Si elle avait accepté de perdre la première bataille de cette guerre qui venait de s’ouvrir entre elle et son père, il fallait qu’elle prenne un coup d’avance pour la prochaine. Il ne serait pas aussi facile de détrôner le patriarche de la famille de son poste : il possédait de nombreux alliés et très puissant. Il fallait qu’elle soit maligne, fine et qu’elle attaque là où il s’y attendra le moins. Malheureusement pour elle, il n’y avait pas énormément d’opportunité. Elle allait devoir être patiente et observer. Devant elle, la liste des actionnaires ; cela ne lui coûtait rien de s’allier à ceux qui avaient envie de voir un changement de direction. Pourtant à la vue de leurs profils, elle savait que cela ne serait pas propre. Elle allait devoir se mettre dans la poche des gens sales. Déméter poussa un long soupir, elle aurait dû s’en douter : pour monter en haut de la tour, il faudrait forcément avoir de sombre connexion. Elles seront certes dangereuses, mais fortement utiles.

Toutes ces réflexions lui donnaient mal à la tête, il fallait qu’elle prenne l’air. Avant de sortir elle rangea dans son coffre les documents et éteignit son ordinateur. Inutile d’attirer la curiosité mal venue. Si son père tombait sur ce qui l’occupait, nul doute qu’il lui poserait des questions. Bien sûr elle pourrait jouer la facette de la jeunesse innocente en prétextant vouloir faire du nettoyage dans les actionnaires pour n’avoir que des profils propres, mais ce serait risqué de glisser le doute dans l’esprit d’un homme qui a déjà fait ses preuves au fil des ans. Lorsque Déméter fut sûr qu’il n’y avait plus rien de compromettant elle prit ses affaires et sortit du bureau.

- Je vais prendre un peu l’air, si quelqu’un appel je ne suis pas disponible et si c’est urgent redirigez sur mon portable. S’adressa-t-elle a sa secrétaire qui acquiesça d’un mouvement de tête. Oh et Jenny, ce soir faites moi plaisir, pas d’heure supplémentaire. Même si je suis encore au bureau. Prenez aussi un peu de temps pour vous.
- D’accord Mme Jones. Enfin…
- Jenny, il n’y a pas d’urgence en ce moment, c’est calme alors profitez-en pour vous occupez de vous. D’ici quelques semaines ce ne sera plus le cas. D’ailleurs vous savez quoi, votre journée se fini normalement dans 2 heures et je n’ai pas de rendez-vous de prévu ?
- Oui et oui.
- Dans ce cas, éteignez-moi votre ordinateur, prenez vos affaires et je vous donne votre après-midi.
- Mais…
- Faites le pour moi ? Si ça continue les gens vont dire que je vous maltraites ! Mauvaise image pour une directrice adjointe vous ne pensez pas ?
- Vous avez raison. Laissez moi juste le temps de finir un dossier.
- Très bien, je vous attends.

Déméter ne laissait pas le choix à son employé. Il était important pour elle de garder une bonne relation avec sa secrétaire et ces derniers temps elle l’avait fait resté jusqu’à tard le soir. Ce n’était donc pas grand-chose que de lui offrit une fin d’après-midi. Ce n’était pas totalement innocent non plus : elle assurait sa solitude à son retour pour s’occuper du dossier personnel qui l’occupait. Elle allait devoir creuser un peu plus en profondeur et elle ne voulait pas que des oreilles traînent dans les parages. Toute confiance qu’elle avait en Jennifer, qu’elle surnommait Jenny afin de lui offrir un sentiment de proximité et de complicité, Déméter était loin de lui confier ses plus sombres secrets.

Dans l’ascenseur elles discutèrent de futilité, Déméter voulant continuer la carte votre journée de travail est fini. Lorsqu’elles furent dehors et qu’elles prirent chacune leur route, la jeune femme poussa un long soupir de soulagement. Ces babillages féminins sur les loisirs du selfcare aurait fini par faire apparaître ce mal de tête qu’elle éviter. Non pas qu’elle n’aimait pas prendre soin d’elle, mais ce n’était pas un sujet de discussion qu’elle aurait qualifié de pertinent. Sans plus y penser elle se dirigea naturellement vers sa librairie à côté de l’Opéra. Déméter la qualifié de sa librairie car c’était là et uniquement là qu’elle allait pour s’offrir un livre. Le personnel la connaissait et si elle avait besoin d’une recommandation ils savaient voir juste. Son profil clientèle devant être à présent bien fournis sur ses goûts.

Alors qu’elle allait arriver à destination elle entendit un bruit inhabituel dans la ruelle à sa gauche. Elle n’avait rien de lugubre, juste une ruelle peu fréquentée et dont les principaux locataires sont des poubelles attendant sagement le jour de ramassage des ordures. Parfois il pouvait y traîner un serveur ou deux qui prenait sa pause clope après avoir livré son colis. Elle n’aurait donc pas du se soucier de ce bruit, mais ses recherches avaient réveillé sa paranoïa et elle se sentit sur le qui vive. D’un pas sûr elle bifurqua donc dans la petite rue et y découvrit un homme à l’accoutrement tout à fait particulier. Déméter leva un sourcil, surprise et perplexe. Il devait probablement s’agir d’un acteur de l’Opéra, seulement il était à quelques rues de celui-ci et elle ne savait pas qu’ils étaient autorisés à sortir avec leur costume.

- Un tournage dans le coin ? Je n’ai pourtant rien vu le signalant... Je ne savais pas que vous pouviez quitter l’opéra avec vos costumes ; faites attention à ne pas le salir dans ce genre d’endroit.

Comme à chaque fois elle imposait sa présence en douceur. Une simple interrogation et recommandation. La logique aurait dû lui faire tourner les talons, mais Déméter voulait savoir ce qu’il se cachait derrière cet homme. Une petite distraction ne lui ferait pas de mal puisque son objectif était de prendre l’air.

Le prologue d'une longue histoire

Décembre 1869 - 2019

Jaimie. Derek. Phoebe. Trois jours sur Terre, trois rencontres. Etranges, amusantes, gentilles, de bonne retrouvailles. Peut-être le début d'une amitié pour quelques uns, le retour d'une belle amitié, et euh... la dernière il ne savait pas trop comment la qualifié. En tout cas, Kingsteen avait découvert de formidables choses sur la Terre. Comme les voitures, qui roulent toutes seules sans être tirée par des chevaux. Il y avait aussi ces boissons qui se prenaient autant dans son monde qu'ici. Et enfin il y avait toujours un mystère sur cette Terre : Tallie. Impossible à trouver. Et Kingsteen commençait vraiment à flipper. Il avait peur que ses ennemis s'en soient réellement prit à cette demoiselle. A moins... que ce ne soit les ennemis de sa famille. Dans tous les cas, tout ça ne laissait rien présager de bon. Clairement. Et ça lui retournait les tripes à chaque fois qu'il pensait à sa fiancée disparue.

Alors aujourd'hui, pour le quatrième jour, il prit de nouveau la direction de la Terre. Si son père le savait... il allait surement le massacrer. Mais tant pis. Aeglos pourrait dire ce qu'il voulait, il pouvait être ravi : en attendant il n'avait pas son fils dans son ombre à observer ses moindres mouvements. Il pouvait être libre de faire ses petites affaires tranquilles. N'empêches que le petit prince lui faisait un rapport détaillé chaque soir. Ou presque. Son résumé était "toujours rien trouvé" et il n'y avait pas besoin de dire plus de choses de toute façon. Pourquoi s'amuser à en dire plus alors que tout ne concernait pas son père. Ses boissons, sa balade en voiture, la découverte de pouvoirs chez les humains... oui clairement il n'avait pas besoin de tout savoir. Et il n'avait pas très envie de tout détailler à son paternel. C'était sa quête, sa recherche. Pas besoin qu'il s'en mêle. Puisqu'il n'était pas capable d'user de ses relations pour la retrouver. Enfin... Kingsteen pensait que on père lui cachait quelque chose tout de même, mais impossible de lui faire cracher le morceau. Peut-être qu'un jour il y arriverait. A force de le voir partir sur Terre il lui dirait ce qu'il a vraiment trouvé non ? Après tout, c'était Aeglos qui l'avait envoyé chercher là-bas... peut-être pour l'éloigner de quelque chose d'autre ? Comme... des vampires ?

Enfin bref. Ce n'était pas le moment de douter de son père. Il devait faire confiance à son paternel. Même si ce n'était pas toujours simple. Et qu'il doutait beaucoup de lui ces derniers temps... Réajustant sa cravate, il ne tarde pas à ouvrir son portail et passe au travers rapidement. Arrivant dans une petite rue de Clear...quelque chose - il a oublié le nom - il réajuste son costume, passe une main dans ses cheveux et fut ravi de ne trouver personne. Cette rue, il l'avait repéré toujours vide. Il l'avait donc adoptée pour ses allers-retours. Enfin c'était son père qui lui avait proposé cet endroit. Et jamais Kingsteen n'était tombé sur quelqu'un. Alors ça deviendrait surement son endroit d'entrée pour ce monde.
Alors qu'il réajuste sa cravate, une silhouette apparait à l'extrémité de la ruelle. Kingsteen n'y prête pas attention. Pourquoi devrait-il lui accorder son attention de toute façon ? Enfin c'était ce qu'il avait prévu de faire, jusqu'à ce qu'une voix lui parvienne aux oreilles.

Déméter : (...)

Lâchant sa cravate, Kingsteen lève la tête sur la demoiselle qui vient de parler et fronce les sourcils. Tournage. Opéra. Costumes. Beaucoup d'inconnus dans une seule parole. Et ca déstabilise notre petit prince. Comment trouver une excuse à ce qui est dit ? Euh... bonne question. Peut-être qu'il pourrait parler de ce truc... la serveuse lui avait parlé d'un... concours de déguisement ? Oh il ne savait plus. Sa mémoire était excellente mais assez sélective. Donc ressortir une excuse qu'il avait oublié, ce n'était pas simple.
Faisant quelques pas en direction de la demoiselle, il glisse ses mains dans ses poches et affiche un petit sourire. Allez King, réfléchit... Qu'est-ce que tu peux bien lui dire sur... ce qu'elle vient de te raconter ?

J'ignorai aussi qu'il y avait un tournage.

Ok. Pour le moment ça semble une phrase bien tournée et maitrisée. Même s'il ne sait pas ce qu'est un tournage. Quelque chose... qui tourne ? Hum... drôle de chose. Vous imaginez, des gens tourner sur eux-mêmes ? Ou peut-être tourner autour d'un bâtiment ? De la ville ? D'un endroit ? Ok Kingsteen, ce n'est pas le moment de partir dans des suppositions débiles. Peut-être qu'il en touchera deux mots à Jaimie. Au moins elle sait qu'il ne vient pas d'ici et l'aidera à comprendre ce qu'est un tournage.

En réalité je me rends à l'Opéra. Est-ce que... vous pourriez m'indiquer la route ? Je crois m'être perdu dans les rues de cette charmante ville.

Nouveau sourire de la part de notre petit prince. Il faut espérer que l'Opéra soit un endroit agréable. Et surtout un endroit. Elle semblait en avoir parlé comme en était un... donc si ses déductions n'étaient pas totalement fausses, ça devait être ça. En tout cas, il fallait l'espérer.
Bien sur Teeny n'avait pas peur de se retrouver dans un endroit inconnu. Il pourrait très bien s'y enfuir en une fraction de secondes. Restez à savoir si l'Opéra était un endroit dangereux ou non. Et si cette femme allait l'y conduire. Enfin elle avait un visage charmant, pourquoi serait elle méchante ?

Loukoum

Cette position, ce sourire et cette réponse, il se moquait d’elle ? Déméter se mordit la joue, signe de sa contrariété. Elle avait horreur d’être tournée en ridicule et avec cette simple interaction, l’homme de la ruelle venait de faire naître ce sentiment en elle. Son regard se fit plus dur, le jugeant de haut en bas. La réponse suivante ne joua pas en sa faveur et ce sourire, elle aurait bien envie de le lui faire ravaler. Sérieusement, il se moquait d’elle ce n’était pas possible. La technologie de nos jours était un outil puissant : si il était perdu, il lui suffisait d’utiliser la fonction carte de son téléphone portable. Quand bien même celui-ci n’aurait plus de batterie, il n’était pas difficile de retrouver l’édifice ; plus massifs que les autres, moins moderne et surtout il était écrit en gros dessus en toute lettre "Opéra" sur sa devanture, cela en sachant qu’il était visible après trois minutes de marche en dehors de la ruelle.

- L’ironie ne vous vas pas mon cher.

Sa voix était cassante, sa remarque tranchante. Elle n’était pas faites pour plaire, bien au contraire, elle était là pour lui faire sentir son erreur. Déméter aurait pu tourner les talons et suivre son plan d’origine, cependant elle ne pouvait laisser cette homme la traiter ainsi. Elle se posait la question de son intelligence... Soit il était un total benêt à ne pas savoir se repérer dans une ville, soit il voulait jouer la carte de l’idiotie pour lui dire de s’occuper de ses affaires. Hors les affaires de cette ville était en partie les siennes. Nul n’ignorait que Julia Jones était une des mécènes les plus importantes de l’Opéra et ceux depuis que sa fille s’y intéressait. Ainsi donc, un acteur dehors, en costume, était son affaire.

- Dites moi, quel est votre QI ? Car hormis une idiotie chronique, je ne vois aucune justification à votre comportement.

Elle s’approcha de lui, faisant claquer ses talons sur le sol, la démarche altière, presque princière dans son maintien. Elle s’arrêta à quelques centimètres de lui, réajustant son costume, serrant légèrement trop la cravate. Tout était calculé, une pression menaçante, juste ce qu’il fallait pour lui rappeler quelle était sa place.

- La prochaine fois que vous souhaitez vous débarrassez d’un indiscret, éviter de le faire sur la fille d’un de vos mécènes les plus importants. Elle fit une courte pause dans son discours pour laisser le temps à son interlocuteur de percuter ce qu'elle venait de lui dire. Ainsi ce qu’un acteur, en costume, fait loin de l’Opéra me regarde.

Si il ne l’avait pas reconnu, c’était chose faite. Il était à présent l'idiot de l'histoire et si il lui restait un brin de sagesse il saurait qu’il serait plus prudent de s’excuser et demander pardon pour l’erreur, espérant que la jeune femme passe l'éponge sur l'affaire. Déméter épousseta la poussière invisible du costume avant de se reculer, l’inspectant de haut en bas, une main sur le menton, la deuxième sous la poitrine. Posture non verbale à la fois dans la réflexion et la fermeture.

- Après tout, il serait dommage que la famille Jones arrête de vous soutenir.

Le prologue d'une longue histoire

Décembre 1869 - 2019

Déméter : (...)

Ah, l'ironie il connait ! Mais Kingsteen n'est pas du genre à employer l'ironie quand il s'adresse à quelqu'un. Abaissant un peu ses épaules en signe de contrariété, un petit soupir de découragement lui échappe. Son excuse est pourrie. Pourquoi ? Bonne question. Mais ce n'est pas le moment de lui demander. Ce regard qu'elle affiche... les humains ont les mêmes expressions faciales que les gens de son monde. Alors il ne faut pas être bête pour comprendre qu'elle ne semble pas trop l'apprécier. Pourtant tout le monde l'aime notre petit prince non ?

Déméter : (...)

Est-ce qu'il venait de faire insulter de débile ? En partie. Son QI ? King ne savait même pas si ça se calculait sur Elvendyr. En tout cas il savait qu'il faisait parti des gens puissants. Maintenant restait à savoir si faire parti de la haute classe lui permettait d'avoir un QI élevé. Mais Teeny le savait : il n'était pas débile. S'il l'était, il n'arriverait pas à réfléchir rapidement, à trouver des plans pour bloquer son paternel dans de sombres affaires et... encore bien des choses.
Kingsteen la regarda alors s'approcher et attraper sa cravate. Elle la serra et il déglutit avec difficulté. Il n'osait pas bouger. Après tout certains humains avaient des pouvoirs, est-ce qu'elle en avait un ? Il ne voulait pas le voir si c'était le cas. Mais il aimerait bien reculer. King et les contacts physiques, ce n'était pas son truc. Le dernier qui s'était collé à lui s'était retrouvé dans une grotte de Topaz et il avait faillit l'abandonner là-bas. Et puis cette façon de lui serrer sa cravate. Elle est sérieuse ? Même sa mère ne se permettrait pas de le faire. Plus depuis qu'il avait 10 ans.

Déméter : (...) (...) (...)

Doucement Teeny comprenait quelques petites choses. Cette fille devait avoir le même statut que lui à Elvendyr. Haut placée, certainement l'héritière d'une grosse fortune et d'une grosse entreprise. Qui gère surement des Opéras. Franchement, il va falloir qu'il apprenne ce que c'est, parce que là c'est clairement dérangeant.
Reprenant du poil de la bête, il effectue un pas en arrière et desserre sa cravate. Il se fiche de ce que pourrait penser la jeune femme face à ce geste. Mais il ne lui appartient pas, ne travaille pas pour elle, et compte bien... ne pas tout révéler mais au moins lui faire comprendre qu'il ne vient pas d'ici. Enfin de Revealdown. Inutile de parler de son monde, de ses pouvoirs et d'autre choses. Contrairement à Jaimie, cette femme ne lui inspirait pas du tout confiance.

Veuillez m'excuser si mon comportement vous semble suspect mademoiselle Jones. Mais je ne suis en aucun cas un employé de ce que vous appelez Opéra. J'ignore même ce que c'est car dans ma ville ça... n'existe pas. Je suis ici pour un voyage d'affaires et je n'ai guère de temps à perdre dans une discussion où vous me pensez être un simple d'esprit.

Voilà qui était dit. Peut-être un juste retour de bâton. Enfin il fallait dire que Kingsteen n'aimait pas trop parler de cette manière. Mais tant pis, c'était chose faite, et de toute façon c'était elle qui l'avait cherché n'est-ce pas ?

Si vous en avez terminé avec votre démonstration de force et de charisme, que je félicite d'ailleurs, mon costume et moi-même aimerions pouvoir nous occuper de nos affaires désormais.

Petite courbette polie de la part de Kingsteen. Un geste du petit prince qui pourrait peut-être être mal interprété par Mme la râleuse ici présente. Allez savoir si elle était réellement Mme Jones, si elle faisait parti de ces familles influentes de la ville ou si elle n'était... rien et souhaitait simplement lui faire les poches. En tout cas Teeny ne comptait pas perdre un instant de plus à se faire insulter. Clairement.

Loukoum

Déméter était déçue, l’échange devenait ennuyeux... L’homme semblait avoir assez de réparti pour ne pas se laisser marcher sur les pieds pour autant, il ne donnait pas de saveur à cette petite joute verbale qu’elle avait commençait. Elle allait faire demi-tour et l’abandonner dans sa ruelle quand soudain une idée lui traversa l’esprit. Elle était passée, fugace, aurait dû rester qu’une fraction de seconde, mais la jeune femme l’avait attrapé au vol. Et si ? Voilà l’idée qui lui était venue. Cette tenue, ce maintien, cette façon de parler et l’ignorance d’une chose pourtant connu de tous… Déméter leva la main lui intimant de ne pas bouger avec ce geste. Elle l’inspecta encore une fois ; elle ne savait pas grand-chose du royaume des dieux, mais ce qu’elle savait c’est que les incohérences sociales qu’il présentait pouvaient coïncider.

- Elvendyr ?

Elle n’en dit pas plus. Elle ne voulait pas se ridiculiser si elle avait tord, mais en même temps elle en disait assez si elle avait raison. Quelque part elle voulait s’insulter de tous les noms pour croire à cette hypothèse folle et en même temps il aurait été idiot de ne pas lancer cette perche. Déméter n’avait aucune idée de ce qu’elle ferait si la réponse était positive. Dans le cas contraire elle balayerait la négation du jeune homme et reprendrait sa route d’origine : la bibliothèque. Soudainement elle était nerveuse, le temps qu’il mettait à répondre lui paraissait durer une éternité. C'était comme si les aiguilles du temps attendait sa réponse pour se remettre en route dans leur course folle. Dans les yeux de Déméter il y avait un mélange d’appréhension et de curiosité. Toute l’histoire de sa famille reposait sur ces dieux. Elle savait qu’ils avaient aidé à bâtir l’empire de sa mère, ils leur étaient redevables. C’était pour cette raison qu’ils déployaient un budget conséquent à la sécurisation d’un manoir qui malgré les demandes restait un terrain intouchable. Son exploitation aurait pu être rentable, mais il était hors de question de trahir les dieux.

Son esprit divaguait, la naïveté de l’enfance refaisait surface, tout comme la crainte d’être tombée sur plus puissant qu’elle. Cette peur la fit revenir à la réalité, elle avait commencé à jouer avec ses ongles pour la maîtriser. Ne pas montrer à l’adversaire ses émotions : il fallait qu’elle remette son masque neutre.

Ps : désolé pour le temps de réponse. J'ai fait assez court car la réponse de King décidera de la suite, il me semblait donc difficile d'ajouter beaucoup plus.

HRP:

Le prologue d'une longue histoire

Décembre 1869 - 2019

Alors qu'il allait passer à ses côtés, une main se leva devant son torse. Baissant le regard, Kingsteen observe ce membre humain qui l'empêche de passer. Est-ce que s'il la pousse elle va avoir une force surhumaine et l'envoyer de l'autre côté de la route ? Pour qu'il reste coincé ici ? Hum. Il ne sait pas. Mais si c'est le cas il ouvrira un portail sous ses fesses et disparaitra ainsi. Tant pis si cette femme découvre son pouvoir. Elle n'a pas l'air commode et il n'a pas envie de se lancer dans une bataille avec elle. Son regard remonte alors sur le bras de la jeune femme pour l'observer dans les yeux.

Déméter : (...)

Kingsteen fronce les sourcils. Vient-elle bien de dire ce qu'il croit avoir entendu ? Vient-elle bien de prononcer le nom de son Royaume ? Comment... comment le connait-elle ? Les humains... ont connaissance de ce qu'il se passe là-bas. Enfin en parti. Jaimie lui avait parlé d'une amie à elle qui faisait des rêves de son pays. Alors... est-ce que c'était la femme qui se tenait en face de lui ? Ou alors... elle était comme Nandrew ? Une native d'Elvendyr coincée sur Terre ? Décidément, il y en avait des questions qui se bousculaient dans la tête de notre petit Prince. Il était loin de s'imaginer que les humains connaissaient autant son monde. Enfin son nom. Pas sûr qu'elle le connaisse bien en réalité. Peut-être qu'elle s'imaginait qu'Elvendyr était un havre de paix, avec des arc-en-ciel et des licornes. Les filles ça ne rêve pas de licornes ?

J'ignore comment vous connaissez mon royaume, mais c'est bien de là que je viens. Est-ce que votre curiosité est satisfaite ? Me laissez-vous enfin vaquer à mes occupations ?

Il l'observe de haut. En même temps ce n'est pas difficile au vue de sa taille. Que cherche-t-il à faire ? L'intimidité. Pour qu'elle lui lâche la grappe. Mais généralement... les gens qui apprennent que vous venez d'un autre monde ne veulent pas vous lâcher. Ce genre de personne veut tout connaître de vous. Et puis c'était normal. Teeny voulait connaître tout de la Terre maintenant qu'il y avait mis les pieds. Mais sa curiosité n'était pas encore prête à être assouvie. Avant il avait autre chose de plus important à faire.

Loukoum

Elle vacilla ; pendant une fraction de seconde Déméter perdit l’équilibre, faisant un pas en arrière. Alors tout était vrai... L’histoire de sa famille n’était pas qu’un tissu d’histoires et de légendes fantasmées. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle devait faire, ni comment réagir. L’homme qui se trouvait en face d’elle pouvait être dangereux et en même temps il devenait fascinant. Il était l’un des Dieux, probablement un descendant de ses ancêtres, ou avec une connexion. Sur l’instant, elle se trouvait bien idiote : elle n’avait jamais imaginé ce genre de scénario et ne savait que faire. Poser des questions, oui, mais lesquelles ? Il fallait qu’elles soient pertinentes, qu’elle l’aide à comprendre comment le pouvoir s’obtenait quand il s'agissait d'humain et y-avait-t-il d’autre descendance comme elle sur Terre ? Ici à Reveldown ou bien ailleurs dans le monde ? Tout se bousculait à la seconde et alors qu’elle allait enfin parler, elle poussa un long soupir, se prenant l’arrête du nez entre les doigts.

- Vu notre départ, inutiles de vous poser des questions, vous n’y répondrez pas. Je vais simplement m’excuser pour mon comportement. J’ignorais votre statut et je n’aurais pas dû préjuger de votre infériorité.

La jeune femme faisait rarement des excuses, surtout en se mettant en tord. Cependant il fallait qu’elle le reconnaisse, elle venait de merder comme une débutante. Cet homme aurait pu lui être utile dans sa guerre et elle venait probablement de se le mettre à dos. Il fallait faire profil bas, mais Déméter n’était pas connue pour abandonner. Elle se décala d’un pas sur le côté pour laisser le passage libre à l’homme et lui offrit en même temps sa carte de visite.

- Si je peux vous aider pour me racheter, n’hésiter pas à me contacter. Je suis sûr que nous trouverons un arrangement à la situation.

Elle paraissait calme, dans sa posture altière et son rôle de femme d’affaire. Pourtant à l’intérieur elle bouillonnait de rage contre elle-même pour avoir était si prompt à se défouler sur un inconnu et avoir raté une chance en or.

Le prologue d'une longue histoire

Décembre 1869 - 2019

Elle soupire. A-t-elle fait une bêtise ? N'empêche qu'elle semble réfléchir. Et puis... voilà qu'elle s'excuse.

Déméter : (...)

Son statut. Un être inférieur. Kingsteen arqua un sourcil. Il ne comprenait pas tout. Et pour le coup, cette fois, sa curiosité était piquée. Il se demandait bien pourquoi quelqu'un comme lui devrait être plus important qu'un homme à qui elle aurait parlé. Parce qu'il vient d'Elvendyr ? Pourtant un Terrien ne serait pas traité comme un être supérieur dans son monde s'il venait à y arriver.
La voix est de nouveau libre. Plus de bras pour venir lui barrer la route. Enfin il y a quand même cette main qui se tend. Avec une carte.

Déméter : (...)

Du bout des doigts King l'attrape et l'observe en se pinçant les lèvres. Qu'est-ce qu'elle veut qu'il fasse avec ce morceau de papier ? Il n'est pas capable de lui téléphoner, ça capte mal à Elvendyr. Faudrait même que les téléphones existent pour que ça fonctionne. Et puis... l'adresse, impossible. Teeny ne connait pas cette ville, comment pourrait-il s'y rendre ? Il rangea le morceau de papier dans la poche intérieure de sa veste et lui tendit son coude.

Puisque vous semblez avoir envie de vous racheter, m'accompagneriez-vous jusqu'à ce fameux Opéra que je ne connais pas ? Je suis curieux de découvrir cet endroit. Et de vous entendre me dire ce que vous savez de mon monde.

Il fit un sourire. Qu'il ne voulait pas charmeur, juste sympathique. Mais c'était difficile de faire la différence. Et puis il se souvient : Jones. Déméter d'après ce qu'indiquait la carte. Et il ne s'était pas présenté. Cet affrontement verbal lui avait presque fait perdre ses bonnes manières. Mais... ce n'était pas le moment de se présenter n'est-ce pas ? Il venait de lui poser des questions et attendait une réponse. Tout comme il attendait qu'elle s'empare de son bras pour marcher dans cette ville. Alors son identité pourrait se faire attendre encore un peu.

Loukoum

Une légère rotation de sa tête indiqua sa surprise, l'homme ne semblait pas être si rancunier que cela. Bien au contraire il se montrait d'une curiosité qui lui semblait naïve. Elle ne s’attendait pas à rendre service de suite mais n’allait pas s’en plaindre. Avec un sourire en réponse à l’homme elle posa sa main sur son coude pour le redescendre doucement. Ce n’était plus vraiment dans les mœurs terrestres de se balader de la sorte, encore moins lorsque vous n’êtes pas un couple.

- Je crois qu’il va falloir vous mettre à jour. Nous ne nous baladons plus de la sorte ici, même si j’apprécie votre geste, gentleman.

Elle lui offrit un sourire honnête. Avant de se montrer à nouveau pensive en le regardant. Elle ne pouvait pas s'afficher avec lui habillé ainsi dans la rue, ni se présenter à l'Opéra, cela semblerait étrange. Il fallait donc dans un premier temps remédier à cette situation, pour leur image à tout les deux.

- En parlant de vous mettre à jour, avant d’aller à l’Opéra, que diriez-vous d’aller vous changer ? Je connais une boutique de prêt à porter masculin tout à fait adapté à deux pas d’ici. Bien sûr, je prendrais les frais à ma charge. La moindre des choses pour m’excuser.

Tout en parlant, elle l’avait invité à avancer avec elle dans la rue principale, marchant côte à côte. Ils ne leur fallut dépasser que deux magasins pour arriver dans une boutique de luxe de vêtement pour homme. Déméter fit un clin d’œil à cet être venu d’ailleurs avant d’entrer dans la boutique où elle fut de suite accueillit par un vendeur. Sans laisser le temps à qui que ce soit d’agir elle prit la parole en premier. Il fallait qu’elle dissipe l’étrangeté de la tenue et elle n’avait pas eu à réfléchir très longtemps pour cela.

- J’ai fait une horrible erreur et j’ai renversé mon café sur les habits de cet acteur. Du coup il n’a plus que son costume a porter. Je me sens coupable de l’obliger à se balader dans la ville ainsi... Pourriez-vous nous aider à lui offrir une nouvelle tenue ? À ma charge évidemment.

Le vendeur acquissa avant d’aller récupérer plusieurs vêtements à proposer au jeune homme. Il ne fallut pas plus de deux minutes à celui-ci pour revenir avec deux ensembles de costard qu’il proposa d’essayer dans les cabines juste au fond du magasin.

- Allez-y, assurons-nous qu’ils vous vont et ensuite je vous emmènerais à l’opéra. Je pense qu’à cette heure-ci il y a peut-être quelques répétitions en cours, si cela vous dit, je peux faire jouer mon nom pour que nous puissions regarder.

Déméter évitait volontairement le sujet d'Elvendyr. Non pas qu’elle ne voulait pas en parler, seulement, moins elle en disait, plus elle se sentait en sécurité. C’était étrange, mais ici, sur Terre, là où l’être divin ne connaissait pas grand-chose, elle avait la sensation de pouvoir encore contrôler la situation. Sa mère serait probablement en train de la sermonner si elle la voyait ainsi à ne satisfaire que la moitié des désirs de son invité imprévu. Peu lui importait : elle voulait garder la sensation de contrôle. L'idée même d'être impuissant lui donnait des sueurs froides, si bien qu'elle réprima cette pensée aussitôt qu'elle apparut.

Le prologue d'une longue histoire

Décembre 1869 - 2019

Kingsteen observe la main de la jeune femme et fronce les sourcils en la voyant abaisser son coude.

Déméter : (...)

Heureusement qu'elle justifiait son geste. Parce que clairement, il l'aurait très mal prit. Il avait été éduqué avec ces bonnes manières. Et voilà qu'on les lui refusait. Ce n'était pas habituel. Certainement pas dans son monde. Comment les humains avaient-ils évolués pour en arriver à ne plus avoir de telles politesses ? Peut-être qu'elles n'avaient pas totalement disparus. Qu'elles avaient tout simplement changé en réalité.

Déméter : (...)

Changer d'habits. Avoir d'autres choses qui pourraient... mieux convenir sur cette Terre. Il ne se souvenait pas, durant ses trois dernières visites des jours précédents, que ça avait dérangé beaucoup de monde. Enfin tant pis, il s'en fichait. Si cette jeune femme voulait qu'il ait une nouvelle tenue, alors il se laisserait faire. Pourquoi devrait-il lui dire non ? Ca serait un super souvenir de la Terre. Un nouveau costume. En espérant que ça se porte bien. Et que ça lui aille bien, forcément ! Mais... tous les vêtements vont à notre petit prince non ?
Gentiment Teeny avait donc prit le temps d'avancer, en compagnie de cette inconnue. Sans la tenir. Puisque ça ne semblait plus être dans les coutumes des nouveaux terriens. Il valait mieux qu'il se montre docile. Il ne comptait pas se mettre des gens à dos. Alors il avançait. Et son regard se posa sur ces rues qu'il ne connaissait pas. Observant les deux boutiques et leur devanture. A moins que ça ne soit la tignasse rousse de Tallie qu'il cherche désespérément à l'intérieur ? Il finit par suivre la dénommée Déméter à l'intérieur de cette boutique de vêtements. C'était ici qu'il allait obtenir un look de terrien. Il avait bien hâte de voir tout ça.

Déméter : (...)

Mme Jones était douée en mensonges. Et le vendeur s'exécuta sans même rien dire. Curieux le petit Prince observa alors cet homme, chercher au milieu de divers costumes celui qui pourrait le convenir. Comment pourrait-il le savoir ? Il ne le connaissait pas, ne lui avait pas posé de question, ne connaissait surement pas sa taille... D'ailleurs, les vêtements taillaient-ils pareil sur Elvendyr et sur Terre ? Aucune idée. Les vêtements de notre héritier étaient fait sur mesure. Donc la taille... il ne la connaissait pas. Surement pour ça que tout lui allait bien. A tenir debout des heures durant pour finir par avoir un costume qui vous va comme une seconde peau, ça se mérite.

Déméter : (...)

Je doute qu'énoncer le nom de Kingsteen nous permette de rester, en effet. Il fonctionnerait à Elvendyr. Surtout à Topaz.

Il lui offrit un petit sourire et suivit l'homme jusqu'aux cabines. Les présentations étaient faites. De manière tout à fait... étrange, peu conventionnel. Mais de toute façon tout depuis leur rencontre n'était pas comme il fallait, comme on le lui avait apprit.
Se débarrassant de ses vêtements il se glissa alors dans le premier costume mais... il s'en défit bien rapidement pour se vêtir du second. Ce dernier, noir, lui allait beaucoup mieux. Il n'était pas correctement taillé, mais il ferait l'affaire pour son cours moment sur Terre. Quittant la cabine, vêtu de ce costume qui serait désormais le sien, il observa l'homme puis la femme. Il ouvrit la bouche pour faire un commentaire sur la qualité et le fait que ça ne soit pas du sur mesure mais il préféra la fermer bien rapidement. Déméter avait déjà l'aimabilité de lui payer ces vêtements, il ne faudrait pas qu'elle le plante et change d'avis.
Il observa alors ses affaires dans la cabine et les prit dans ses mains. Il pourrait aisément s'en débarrasser au travers d'un portail mais... ce n'était pas le moment de démontrer ses pouvoirs. Surtout en présence d'un autre humain qu'il ne connaissait pas. Si Miss Jones avait su lui prouver qu'elle connaissait son monde, elle n'avait pas manifesté de pouvoirs. Pas comme Jaimie. Alors il devait taire le sien. Comme bien souvent. C'était... mieux. De ne rien dire.

Je crois que celui-ci me convient. Auriez-vous l'aimabilité de me donner quelque chose pour pouvoir transporter mes affaires en attendant que je puisse retourner chez moi ?

Il déposa ses affaires dans le sac qu'on lui tendit puis laissa Déméter payer. Après tout, elle avait bien dit que c'était elle qui s'occupait des frais non ? Peut-être qu'il aurait du demander des retouches... Enfin s'il s'était lancé dedans, Kingsteen serait encore dans la boutique au coucher du soleil.

Loukoum