Avais-je été satisfaite de mon petit spectacle au sein de l’Ether Kingdom où je venais de dévoiler le merveilleux plan de notre grande déesse du mal Amara ? Totalement. Certes, nous n’avions pas réussis à faire un véritable bain de sang, mais jusqu’à présent, un humain et un élément de la Terre furent sacrifié. Oui, Freydis – la jolie et innocente petite sœur de Althéa – possédait la capacité de régénération cellulaire, sauf que son sang mythique coulait toute de même à celle de la source – ce qui était parfait. Bien qu’elle prit un certain temps avant d’agir, Shaenna décida de téléporter tous les habitants présents autour de la fontaine en dehors de ses contrés, nous laissant seuls avec notre guerre. Comment me gâcher complètement le plaisir ? Tant pis. J’étais ainsi rentrer au bercail avec le reste de mes vampires. D’un côté, on pouvait dire que j’étais restée sur ma faim et que j’avais encore l’eau à la bouche. […] Me voilà finalement de retour à Crimsondale, où mes bottes à talons claquèrent sur le marbre de mon manoir. Je poussais un grand cri strident qui résonnait à travers les couloirs de ma résidence. « ALBERT !!!! Apportez-moi quelque chose à manger ! et une coupe de vin. J’ai besoin de me détendre… cette affreuse rouquine m’a énervée ! » Je soupirais en retirant mon manteau que je jetais sur le sofa, désignant l’un des vampires à mes côtés d’un regard noir pour qu’il daigne s’occuper de mes vêtements. « Toi, si je vois un fils de travers, je t’arrache la tête et je joue au football avec. » C’est en arrivant vers la grande chambre où Althea se trouvait –que je m’arrête pour passer une main dans mes cheveux en bataille. Je passe un jet de rouge à lèvre sur ces dernières et je pousse la porte pour finalement venir m’installer près d’elle sur le sofa, les pieds sur le rebord du sofa pour me reposer un peu. « Thea chérie ! J’espère que tu ne t’es pas trop ennuyée de moi ? Au fait. Ta sœur te passe le bonjour. » Je rigolais de sa situation en inclinant la tête vers la gauche, puis la droite pour faire craquer l’os de mon cou.

Ca faisait maintenant environs 6 mois que j’étais retenue prisonnière au Manoir de Crimsondale, mais pour tout avouer, je ne regrette vraiment pas d’avoir sacrifié ma liberté pour protéger ma nièce, je ne me le serais jamais pardonnée s’il lui était arrivé quelque chose ce jour là. Et depuis je vis parmi les vampires, alors autant vous dire que je ne suis jamais tranquille lorsque je me balade au village, toujours sous surveillance, avec l’accord de sa majesté,  Cruella, celle qui m’a enfermée ici après m’avoir hypnotisé. Mon père, du temps où il était encore un homme sain d’esprit, me racontait sa vie sur Terre et ce qu’on pouvait y trouver, et il m’avait parlé d’un conte mettant en avant une certaine Cruella, hystérique, maléfique, sadique, imbue de sa personne, et c’est marrant, le portrait me fait tout de suite penser à Illyria !
En ce qui me concerne, je suis là mais je ne sais même pas pourquoi, je ne vois pas à quoi je peux bien lui servir, et malgré mon manège pour la pousser à bout afin qu’elle me libère, et bien elle semble vouloir me garder cloitrée entre les remparts de la ville. Clairement, ça me gonfle. Ma famille me manque, je m’inquiète pour eux, et je suis sûre qu’ils s’inquiètent pour moi aussi, du moins je l’espère.
Bien sûr que je ne doute pas de la volonté de ma très chère fratrie à vouloir me retrouver, mais enfin, j’ai vu personne essayer de venir me chercher pour l’instant, alors que je suis en train de croupir ici, entre les mains d’une femme machiavélique et complètement cramée.
Non c’est pas vrai, j’exagère un peu, je ne suis pas non plus en train d’agoniser, on ne me maltraite pas et je ne suis pas torturée non plus, je dirai même que je suis plutôt bien traitée comparé aux autres prisonniers ou aux esclaves que j’ai pu croiser. Si je n’étais pas là contre ma volonté, je pourrai même dire que mon séjour – interminable – ici ressemble presque à de petites vacances.

Après avoir eu une nouvelle fois l’occasion de sortir du manoir, accompagnée évidemment, j’étais rapidement rentrée, franchement voir de pauvres humains servir en esclavage me brisait littéralement le cœur, mais bon on le savait, le sadisme de la reine n’était plus à démontrer !
Assise sur un petit canapé, dans la chambre que l’on m’a si généreusement refilé, j’attrape quelques feuilles et une plume, et me mets à écrire. J’aimais coucher sur papier mes pensées, mes émotions, mes ressentis face aux situations qui s’imposaient à moi, je crois que ça m’aidait à relativiser.
Perdue dans mes écrits, j’entends un hurlement soudain qui me fait sursauter, ça doit être Cruella ça encore, une hystérique je vous l’avais bien dit ! J’y fais pas plus attention que ça et continue ce que j’étais en train de faire quand elle entre tranquillement dans ma chambre, s’installant à mes côtés sans la moindre gêne. Je plie aussitôt mon papier et le pose plus loin, et écoute ce qu’elle me dit. Ennuyée d’elle non, en revanche je me faisais considérablement chier ici, ça c’était certain. Je tourne ma tête vers elle, un grand sourire forcé aux lèvres, avant de lui répondre le plus ironiquement du monde :

- « Tu sais à quel point ta présence m’est indispensable, au moins autant que vivre entourée de tes chiens de garde. »

Puis je l’entends parler de Freydis, elle me manque, j’aimerai la revoir au moins une fois, et Layden aussi, pour qu’il ne culpabilise pas de ce qu’il avait cru bien faire. Mais attends, pourquoi elle parle de ma sœur ? Je tilte d’un coup à ce qu’elle me dit, mon regard devenant rapidement plus sombre, et reprends, cette fois-ci beaucoup plus sérieusement :

- « Tu as vu ma sœur ? Qu’est-ce que t’as fait ? »

Couchée sur le grand divan aux côtés de celle que je retenais prisonnière, je me demandais bien comment elle prendrait les révélations sur le sacrifice de sa sœur ? C’était un fait, elle était immortelle d’une certaine manière et ça ne changeait en rien, sauf que je commençais à bien cerner Althea. Je savais que de lui annoncer ce genre de révélation risquait de me compliquer encore plus la tâche avec elle. Rien n’était gagné avec la belle blondinette et je ne voulais pas détruire la relation que j’avais à ses côtés. Elle était ma prisonnière, mais elle vivait beaucoup plus que tous ceux qui côtoyait mon ville – enfin vous comprenez que je parle des autres esclaves hein.. Je me tourne sur moi-même pour poser une jambe sur le rebord de la sienne, lui désignant un clin d’œil amusé avant de lui répondre sur ce ton si enjouée. « Tu sais chérie. Il reste une place dans mon lit. C’est toi qui préfère côtoyer mes mignons plutôt que de partager un merveilleux petit déjeuner au lit et beaucoup de rires à mes côtés. » Je glisse une main sur son avant-bras en battant de mes cils. Bien sûr, j’aimais la narguer. Je savais comment elle réagissait lorsque je faisais semblant de la charmer. Tout ça n’était qu’un petit jeu. Malsain. Mais ça me plaisait. D’un sens, rigolais-je vraiment ? Je ne voulais pas me l’admettre, mais j’appréciais la fougue et la beauté naturelle de Althea. Ainsi lorsque je suggérais que j’avais croisé sa sœur Freydis, cela mena à une autre question. Je voyais la crainte dans son regard et ça me fit sourire. « Qu’est-ce que j’ai fait ? Non, mais tu me prends pour qui Al ? Je ne ferais jamais de mal à une mouche. Nous nous sommes uniquement passé un petit coucou de loin – des plus conviviales et professionnelles. Rien de plus. » Je roule les yeux en continuant à faire semblant d’être insulté par sa question. Ma main se glissa près de ma poitrine comme pour accentuer la chose. « En tout cas, tu as raté une sacrée fiesta ! J’ai fait mon discours, tout le monde était là pour boire mes paroles et j’ai pu donner des nouvelles de notre chère déesse adorée. La grande Amara. Ahhhh oui ! Cette connasse de Shaenna n’a même pas pris le temps de s’arranger pour notre visite. Tu y crois toi, cheveux en bataille et peignoirs ! J’aurais dû immortaliser ce moment avec ces bidules terrestres pour prendre des photographies. » Ouais. Je parlais bien de téléphone portable.

Elle s’étale de tout son long, sur mon canapé, sans chercher à savoir si j’étais occupée ou non, sérieusement j’étais plus tranquille en étant enfermée au cachot au début de ma captivité, plutôt que dans cette chambre.
A sa réponse, je la regarde avec un air étonné affiché sur le visage, haussant un sourcil.

- « Beaucoup de rires ? Attends, t’es en train de me dire que toi, l’horrible créature sanguinaire, cruelle et dénuée de toute sensibilité, saurais rire et s’amuser sans mauvaises intentions ? *rigole en me moquant* Ouais j’te crois pas ! Les monstres ne savent pas faire ce genre de choses. »

C’était exactement comme ça que je la voyais en fait. Tellement mauvaise et machiavélique, que penser qu’elle pouvait ressentir la moindre chose qui serait un semblant d’émotion humaine, me paraissait totalement improbable. Un vampire restait un vampire après tout ! A part pomper le sang de leurs victimes, tuer, et torturer, ils n’aspiraient pas à grand-chose. Ah si ! Ils savent aussi hypnotiser et prendre en otage une pauvre fille pour qu’elle serve de dame de compagnie, car c’était un peu ce que je faisais ici en fait.
Je décide de ne pas relever sa première phrase concernant son invitation dans son lit, et n’y réagis pas non plus, préférant la laisser dans son délire pervers. Bon certes, elle n’était pas désagréable à regarder, au contraire même, mais alors son caractère mon dieu, c’était une véritable plaie !

Quand elle me répond sur ce qu’il s’est passé, prenant un ton ironique pour jouer l’innocente, ça me fait tout de suite froid dans le dos, et le reste de son récit n’arrange rien. Elle me raconte sa vie, sa rencontre avec Shaenna et je ne sais pas qui d’autre, et elle a en plus le culot de me dire que j’ai raté quelque chose, comme si c’était moi qui avait voulu rester coincée ici, la blague ! Par contre elle ne dit rien de plus sur ma sœur, voulant certainement jouer avec mes nerfs, et l’idée qu’il ai pu arriver quoique ce soit à Freydis me plonge dans un état d’inquiétude et c’est terrifiée que je me lève brusquement, la repoussant au passage, pour me placer debout en face d’elle, la peur se voyant clairement dans mon regard.

- « Je m’en fiche complètement de ta petite histoire, qu’est-ce que t’as fait à Freydis ?! »

C’était certain à l’avance, je n’aurais pas pu imaginer une autre réaction de sa part que celle-ci. Je savais ce que pensait Althea à mon sujet et je ne pouvais qu’en rire – parce que d’un sens, oui j’étais plutôt cruelle et sans cœur, mais j’adorais également m’amuser. Donc, elle avait faux vu qu’à ses côtés, ce serait souvent de petites rigolades après tout. J’arque un sourcil en me moquant d’elle. « Tu sais princesse Thea. Je sais être horrible par moment, mais j’ai le cœur à l’amusement constamment alors ne pense pas qu’on ne pourrait pas s’éclater toutes les deux – et si jamais, la solitude de cette grande chambre te manque, tu sais à quel porte cogner. » Dis-je en glissant doucement une main sur sa cuisse, bougeant au rythme de mon sourire les sourcils en guise d’incitation. « 6 mois sans toucher qui que ce soit, ça doit être horrible ! » Avouais-je. Parce que je n’avais aucune femme dans ma vie depuis un long moment, sauf que je savais m’éclater aussi. Ça arrivait souvent que je partageais une petite sauterie avec l’une de mes vampirettes. Malheureusement pour moi, Althea ne me laisse aucune chance. Elle me repousse assez froidement et se dresse face à moi. Je croise les bras comme pour partager son sentiment. Elle voulait en apprendre plus sur sa sœur. Je soupire en roulant péniblement mes pupilles. « Ahhh, jamais manière de s’amuser un peu avec toi. Bordel que tu peux être pessimiste dans la vie. Elle va bien ta sœur. Elle va peut-être avoir un peu mal à la gorge quelques heures, mais elle doit déjà être en train de repasser ses sous-vêtements et chanter une chanson pour s’endormir à ta nièce alors redescend sur Elvendyr et assis-toi. Toi tu as besoin d’un verre hein ? De toute façon, j’ai déjà commandé une bouteille de vin » Je poussais un grand cri. « ALBERT !!!! MON VIN PUTAIN DE MERDE ! » Je tourne la tête vers Al en grognant. « J’en connais un dont la tête va rejoindre la fausse aux lions. »

Je réfléchis à ce qu’elle me dit, mais préfère ne pas répondre. 6 mois sans toucher quelqu’un, hum en vérité ça faisait plus que ça. Bien sûr j’avais eu des aventures ces dernières années, mais rien de concret, rien de pareil à ce que j’avais vécu avec Lyvie. Elle était celle que j’aimais, et on me l’avait enlevé. La personne qui fera battre mon cœur devra vraiment être quelqu’un de bien. Enfin, c’est pas toujours ce à quoi on peut s’attendre !
Son soupir m’agace au plus haut point, mais je ne dis rien, la laissant m’expliquer ce qu’elle a bien pu faire. Et au final je n’en sais pas d’avantage. Enfin, Freydis aura mal à la gorge, ça veut dire quoi ? Elle, elle avait le don de se régénérer automatiquement, alors elle l’avait peut-être torturé ? Ou même pire ? Et en plus elle ose parler d’amusement ? Mais quelle salope !

Alors qu’elle parle d’alcool – seule chose intéressante ici, je précise –  et appelle son toutou pour qu’il lui en apporte, je place une main devant ma bouche, imaginant les horreurs qu’elle a pu faire subir à ma sœur, et j’ai envie de parler, de lui dire à quel point j’ai envie de la tuer en ce moment même, mais aucun mot ne sort. Au lieu de ça, j’use de mon pouvoir, imaginant une scène des plus douloureuses pour un vampire, avant de la lui transférer dans son esprit. Illyria voyant son manoir incendié, en pleine journée, ses vampires mourant un à un sous l’emprise du feu, et elle obligée de fuir, dehors, sous le soleil qui lui brûle la peau et la consume peu à peu.

Quand elle m’a faite prisonnière, j’ai menti sur mon pouvoir, espérant le garder pour le moment où ce serait utile, mais là elle avait attaqué ma famille. Tant pis, si elle devait m’ordonner de ne plus l’utiliser sur elle.
Honnêtement, la faire souffrir ne m’apportait aucun plaisir, j’aimais pas me servir de mon don pour faire du mal aux autres, mais là elle était allée beaucoup trop loin. Je laisse l’illusion faire son effet quelques minutes avant de la stopper, et c’est à ce moment là que le Albert débarque avec le vin et des verres, avant de repartir, super au moins il sert à quelque chose !
J’attrape la bouteille et en bois directement quelques gorgées au goulot et retourne m’asseoir sur le canapé, ma boisson à la main, puis reprends avec un ton très très calme.

- « T’as vu c’est amusant de souffrir hein ? Si tu veux t’en prendre à quelqu’un, te gênes pas je suis là, mais laisse ma p’tite sœur tranquille ! »

Bien que je voie les réactions d’Atlhea et que je savais pertinemment qu’elle s’inquiétait pour sa sœur, elle ne se permit même pas de me relancer avec l’une de ses remarques cinglantes. Pourquoi ? Je ne cernais pas ses motifs. C’est alors qu’un hurlement se fit entendre dans le couloir. Le feu jaillit du dessous de la porte pour venir se frotter au plafond de la chambre. Rapidement, les flammes atteignirent les longs rideaux, laissant mes fidèles surgir du feu et exploser en poussière. Je me lève d’un grand bond en panique. C’était impossible. Que se passait-il ? « Oh non…. C’est eux. C’est ta putain de famille ça ? » J’avais pris toutes les précautions pour qu’il n’arrive aucun assaut de la sorte. Je pose une main sur le bras de Althea comme pour la protéger. Je la regarde droit dans les yeux. « Il faut sortir d’ici. » Hurlais-je jusqu’à ce que tout s’arrête. Je me mets à fixer la pièce comme si je venais de rencontrer un fantome. Plus de feu, plus de morts. Tout était normal. Je dévisage Althea paniquée. « Il vient de se passer quoi là ? » Je commençais à craindre le pire. Tout ça n’était qu’illusion… pourquoi ? Comment surtout. J’étais en train de penser que le groupe de Layden et Freydis s’étaient dénichés un illusionniste et qu’il commençait à nous attaquer de l’intérieur. C’était horrible. Je ne pouvais pas me permettre de paniquer comme je venais d’agir. Vint ensuite Albert qui entre comme si de rien était dans la pièce et nous sert notre vin. J’arque un sourcil en fixant Althea. Que voulait-elle dire. Elle était au courant de quelque chose. « Tu sais quelque chose. Tu sais ce qui s’est produit. » Mes sourcils se froncèrent. J’attendais une réponse, même que je n’avais plus trop envie de rigoler tout d’un coup.

Je la voyais paniquer sous l’effet de mon illusion, et ça ne me plaisait pas spécialement, mais je n’avais pas eu le choix. Elle parle même, je ne sais pas à qui mais je suppose à moi étant donné que je suis la seule personne présente dans la pièce.
Sa réaction me fait esquisser un petit sourire moqueur, la voir en position de faiblesse et complètement déstabilisée était quelque chose de rare, comme quoi même la plus grande prédatrice peut avoir ses failles !
Je m’étais installée de nouveau sur le canapé, assise en tailleur, et j’avais gardé la bouteille pour moi, c’était pour ainsi dire la seule compagnie intéressante que j’avais ces derniers temps, et heureusement qu’Illyria me laissais me servir, sinon j’aurai vraiment touché le fond. Je suis loin d’être alcoolique, je précise, mais en ce moment je reconnais trouver pas mal de réconfort dans la boisson.
J’écoute ce qu’elle me dit, son air curieux sur le visage, elle met du temps à tilter, il est évident que je savais ce qu’il c’était passé, c’était même moi qui l’avait générer. Je la regarde à mon tour, faisant une fausse grimace d’incompréhension, avant de lui répondre, un peu amusée :

- « Je ne vois vraiment pas de quoi tu parle, qu’est-ce qu’il y a, tu te sens pas bien ? »

J’avais posé cette question avec un énorme foutage de gueule qui se comprenait très vite à ma façon de parler, et je lui lance un sourire plus que mesquin pour accompagner mes paroles. Je vous assure que voir sa tête perdue c’est franchement très marrant, j’ai même envie de rire mais je préfère garder ce côté taquin, rigoler ça risquerait de trop détendre l’atmosphère, ce ne serait pas amusant !
Je bois encore deux gorgées de la bouteille que je tenais en main, puis reprends, toujours sur un ton sarcastique :

- « Bah alors, son altesse a peur de quelque chose ? *approche légèrement mon visage pour lui chuchoter* Quand on joue avec le feu, on se brûle ! »

Si j’aurais encore un cœur qui bat, je suis certaine que je l’aurais senti me resserrer dans la poitrine. Comment pouvais-je avoir paniqué de la sorte suite à une illusion des plus réalistes.. Un côté de moi voulait me sauver la peau – comme la nombriliste que je savais être – mais l’autre essayait de mettre en sécurité Althea. Pourquoi avais-je eu cette pensée ? Cela m’énervait juste à l’idée que je pouvais m’attacher à cette idiote d’humaine.. Elle passait ses journées à me narguer, à me détester et me lancer des craques… pourquoi je voudrais qu’elle reste sous mon emprise à ce point…

Mes pupilles se lèvent et la fixe. Elle s’amusait de ma crise de panique. Elle savait certainement quelque chose sur le sujet. Je l’observe de manière suspecte. Je me doutais de quelque chose. « Arrête de te marrer ! Tu as quelque chose avoir avec cette crise de folie. DIT MOI CE QUE C’EST !!! » Me mis-je à hurler en attrapant Althea par le collet, lui faisant renverser sa coupe au sol. Je l’enfonçais contre le coussin du canapé et approcha mon visage à deux centimètres du sien, la fixant droit dans les yeux. « Explique moi, petite louve. » Ajoutais-je avec sérieux.

Mon petit tour de passe-passe ne lui a visiblement pas plût, elle commence à s’énerver, affirmant cette fois-ci que j’avais quelque chose à voir avec ça. Et beh, il lui en aura fallu du temps pour saisir, mais je comprends parfaitement sa réaction, se prendre une illusion sortie de nulle part dans la figure, ça a dû lui faire tout drôle, pauvre fille !
J’allais répliquer quelque chose quand elle m’attrape par le col de mon tee-shirt assez brusquement, me faisant m’avachir un peu plus sur le canapé, la bouteille s’écrasant au sol. C’est malin ça, moi qui pensais passer une soirée alcoolisée sympa, maintenant c’est fichu !
Je sens ses pupilles entrer en contact avec les miennes lorsqu’elle m’ordonne de lui expliquer, et je réponds, comme un robot dont on détient les commandes :

- « J’ai utilisé mon pouvoir d’illusion sur toi, pour que tu sache ce qu’est de souffrir. »

Que c’est vraiment horrible de ne plus contrôler son propre esprit, de ne plus avoir la main sur ses paroles. Cette femme est vraiment un monstre. Elle relâche son hypnose et je la repousse violemment, sachant très bien que quand elle aurait assimilé ce que j’avais dit, elle me donnera l’ordre de ne plus user de mon don sur elle. Le regard moqueur relevé d’un petit sourire en coin, je reprends :

- « Félicitations, tout ce que tu obtiens de moi c’est seulement sous hypnose, c’est triste hein ? »

Dans moins d’une minute je ne pourrais certainement plus rien contre elle, enfin plus me servir de mon pouvoir déjà, alors si je dois faire quelque chose c’est maintenant, avant d’être de nouveau sous son emprise ! Peut-être qu’une illusion comme celle de tout à l’heure serait bien, non ? Non, la faire souffrir n’était pas amusant, en revanche, jouer avec elle.. J’avais bien compris avec ses avances perverses qu’elle ne serait pas contre une petite partie de jambes en l’air, pourquoi pas m’amuser de ses désirs ?
La scène que je lui envoie est celle de moi me jetant sur ses lèvres, la faisant reculer contre un mur, dans un baiser sensuel et passionné, mes mains se baladant sur le reste de son corps.
En général, avant de projeter une scène, si celle-ci n’est pas déjà dans mon esprit, je dois me l’imaginer. Et étrangement, je dois reconnaître à contre cœur que ce que je voyais ne me dégoutais pas autant que j’aurai pu le croire. Mais bon, ça reste Illyria hein, et rien que pour ça c’était très malsain. Je laisse durer l’illusion environs 2/3 minutes avant de la stopper, et me tourne vers elle, penchant légèrement la tête sur le côté.

- « Tu vois, ça par exemple, tu ne l’auras jamais. »

Me plongeant à l’intérieur de son regard, j’arrive à lui poser la question qui me donne une réponse satisfaisante. Mon front se plisse face à cette révélation dont je n’avais pas vu venir. Après tout, cette petite garce m’avait menti sur l’origine de son pouvoir. Comment avait-elle pu ? Pour me manipuler, c’était évident, sauf qu’elle en était-elle à sa première illusion sur moi ? Je le doutais sincèrement… je la fixe avec énervement tandis qu’elle reprenait conscience et continuait à me narguer. « Comme ça, tu te joues de moi depuis le tout début. » Je pousse un léger rire. « Tu es maline. Très maline même. » Un certain sourire en coin me conduisait à ne pas dévoiler mes faiblesses à Althea. J’étais énervée, mais je ne voulais pas lui démontrer. Je pourrais lui répondre l’une de ses répliques, sauf que je ne voulais pas qu’elle conserve cette vision de moi – faible et en panique. Avant que je n’aille le temps de faire quoi que ce soit, la voilà qu’elle se jette littéralement sur moi. Nos lèvres se touchent et aussitôt un long frisson parcours mon corps. Ma main se pose dans sa chevelure pour lui partager ce délicieux baiser. C’était passionnel et j’attendais ce moment sans vraiment m’en rendre compte depuis un long moment. Ma main se glisse dans son dos jusqu’à ce que tout s’arrête. Nous étions toujours à un mètre de distance… elle venait de recommencer. Mes dents grincèrent. « Petite garce. » Elle savait que j’en avais envie. J’avais mal joué mes cartes. Je l’attrape par le bras et la tire vers moi pour replonger une fois de plus mon regard dans le sien. « Tu vas oublier ce qui vient de se passer. Tu n’as plus aucun souvenir que tu as réussis à me manipuler … et que tu as vu mes faiblesses. D’ailleurs, tu ne pourras plus jamais utiliser ton pouvoir sur moi. » Et je cligne aussitôt des yeux pour retirer mon emprise.

Oups, je crois que je l’ai énervé ! Je ne réponds pas lorsqu’elle me dit, sûrement avec hypocrisie, que je suis maline, non ce n’est pas être rusé, c’est juste savoir profiter des faiblesses des autres. La vision suivante, même si je suis persuadée qu’Illyria a aimait ce qu’elle a vu, une fois revenue à la réalité cela ne lui à pas vraiment fait plaisir de constater que j’avais joué avec elle. Mais moi, honnêtement, ça m’amusait de provoquer ce genre de réaction chez elle, même si ça me vaut une petite insulte au passage, ça valait le coup !

Je souris malicieusement, m’apprêtant de nouveau à répliquer, quand elle saisit mon bras, me rapprochant au plus prés d’elle, et j’essaye de la repousser en plaçant ma main sur son épaule, mais elle arrive une nouvelle fois à capter mon regard. Elle me demande d’oublier et.. oublier quoi d’ailleurs ? Je reviens à moi, voyant le visage de la vampire proche du mien, sa main tenant toujours mon bras, la mienne sur son épaule et je hausse un sourcil avec incompréhension.
J’attrape doucement son bras afin qu’elle me lâche, et me lève, remarquant au passage la bouteille éclatée au sol. Il s’est passé quoi ? Je crois que les quelques gorgées d’alcool me sont trop vite montées à la tête, j’espère que j’ai pas fait de conneries. Oh putain le malaise, faut vraiment que j’arrête de boire moi ! On était en train de parler de quoi ? Ah oui, elle m’a raconté pour Freydis ! Je me poste devant elle, l’air énervé, en reprenant :

- « T’es vraiment une connasse ! Ne touche plus jamais à ma sœur ! »

J’avais dit ça sans aucune crédibilité, encore un peu perturbée par la situation, je crois que je vais sortir un peu et faire une petite balade moi, ça me remettra certainement sur pieds ! J’avance jusqu’à la porte, avant de rajouter, sans me retourner vers elle :

- « Je vais prendre un peu l’air. »

Heureusement que j’avais le droit de sortir sans elle, je l’avais assez vu pour ce soir je pense ! Je quitte la pièce et commence à déambuler dans les couloirs du manoir, chose que je faisais souvent, même si à force je connaissais les lieux plus ou moins par cœur.
J’arrive dans la salle où trône au beau milieu un grand et magnifique bassin d’eau, enfin je crois que ça s’appelle une piscine, et je marche quelques minutes autour, la regardant de loin. Je ne sais pas nager, j’ai jamais eu l’occasion d’en voir une en réalité, mais si je reste là ou j’ai encore la tête en dehors de l’eau, c’est bon non ? J’enlève mes habits, restant en sous-vêtement, puis descends la petite échelle pour me retrouver presque entièrement sous l’eau, ma tête dépassant juste. C’est froid, mais après plusieurs minutes je commence doucement à m’habituer à la température, j’adore ! J’essaye de faire des mouvements de nage, et voyant que je me débrouillais pas trop mal je m’éloigne, me retrouvant de l’autre côté sans même m’en rendre compte. Enfin je réalise quand, en plein milieu de la piscine, loin des rebords, je peine à maintenir ma tête à l’extérieur de l’eau afin de reprendre ma respiration, et malgré le fait que je me débatte dans tous les sens pour remonter à la surface, je me sens inévitablement couler au fin fond du bassin.

Mes yeux clignent et mon emprise quitte aussitôt l’esprit de ma prisonnière. Je savais que de jouer avec son esprit pourrait avoir des répercussions dangereuses. D’un sens, avant ma transformation en vampire, j’avais ce pouvoir de manipulation empathique qui avait rendu le cerveau de mes proches en bouillit. C’était horrible, mais je ne pouvais me permettre qu’elle voie en moi de la sorte. Je reconnais la réaction qu’elle avait eu plus tôt en lien avec les révélations sur sa sœur et un léger sourire en coin se dessine sur mon visage. J’avais réussis une fois de plus. Je la laisse se libérer de mon emprise et prendre fuite. « Comme tu veux. » Dis-je pour reprendre un peu mes esprits. Sans que je ne veule l’admettre, ces mises en scènes venaient de me retourner l’esprit plus que je ne le pensais. Je me questionnais d’ailleurs sur les intentions d’Althea et de savoir surtout si elle m’avait manipulé auparavant avec ses illusions ? Qu’est-ce qui était vrai, qu’est-ce qui ne l’était pas. Je me pose sur le sofa en fixant le dégât sur le plancher. Je pousse un grand cri. « EMMA !!!! Ramassez ce fouillis ! » Hurlais-je en voyant ma servante me rejoindre. Je commence à lui expliquer ce que je voulais lorsqu’un ressentit étrange m’interpelle. Je tourne la tête vers la gauche et fixe le mur. Mon attention se porte sur la respiration de ma brebis. J’entends lors le cœur d’Al s’abaisser en rythme. Elle est en train de mourir, que se passe-t-il. Je pousse un petit cri et me déplace à une vitesse folle pour atterrir face à la piscine du manoir. Je saute dans l’eau pour la tirer. Je la pose au sol et écoute sa respiration qui semble avoir cesser. « EMMA, EMMA !!! PUTAIN DE MERDE VENEZ !!!!!!!!! » Criais-je en ressentant les larmes perler dans mes yeux. Je tentais un massage cardiaque, mais je n’arrivais pas à lui donner de l’air… parce que j’en avais pas. La servante me rejoint et me demande ce qui se passe. « Donnez-lui la respiration avant que je vous arrache la colonne directement par la bouche EMMA ! » Je paniquais. Je l’attrape par les cheveux pour la jeter au sol et lui fit signe de la main pour qu’elle s’active. Elle débute donc la respiration et je l’observe avec intensité.

A chaque millième de seconde qui passait, je plongeais un peu plus profondément dans la piscine, et j’avais beau chercher à me débattre pour remonter à la surface, rien n’y faisait ; j’étais en train de me noyer. Je retiens ma respiration le maximum de temps que je le peux, avec un infime espoir que quelqu’un vienne à ma rescousse avant qu’il ne soit trop tard, avant que je ne manque d’air. J’aurai jamais cru que cette mort là serait la mienne, sérieusement avec tout ce que j’avais eu à vivre jusqu’à présent, les vampires, les combats, finir bêtement noyée, tout ça à cause de ma curiosité incontrôlable, c’est ridicule, je sais même pas nager en plus, quelle idée j’ai eu de venir me foutre ici ! J’espère au moins que quelqu’un retrouvera mon corps inerte, histoire que je puisse avoir un enterrement correct. Mais alors que seulement quelques petites minutes passent, suffisamment pour que je me retrouve à bout de souffle, je n’essaye même plus de résister et je peux sentir mes poumons se gorger d’eau, et je ferme les yeux, sombrant peu à peu dans l’inconscience.

J’ai l’étrange sensation de mains qui appuient fortement au dessous de ma poitrine, et de lèvres collées aux miennes, avant de me réveiller dans un sursaut tout en recrachant toute l’eau qu’avaient absorbé mes poumons. Putain mais il se passe quoi ? Je suis morte ça y est ? Pendant que je peine à respirer correctement, restant assise au sol, je regarde rapidement autour de moi, et vois Illyria à mes côtés, ainsi qu’une femme, une servante à elle je crois. Elles ont dû me sortir de l’eau et me réanimer, je ne sais pas comment et je ne veux pas le savoir. Je ne sais pas non plus si je dois les remercier pour ça, mais soyons honnête, si je n’étais pas coincée ici je n’aurai jamais eu l’idée de venir me baigner pour échapper à l’autre hein !
Etant complètement dans les vapes, et le froid mêlé à l’épuisement et à la peur que j’avais eu précédemment se faisant ressentir, je me laisse glisser dans les bras d’Illyria sans même m’en rendre compte. En réalité ça aurait pu être n’importe qui à ce moment là, j’avais juste besoin de réconfort. D’une voix faible, je dis difficilement :

- « Je.. Je suis.. fatiguée.. »

J’étais encore dans tous mes états. Comment j’avais pu la laisser sans surveillance de la sorte ? Je lui donnais de plus en plus de liberté et me voilà à risque de la perdre. Althea aurait pu se noyer sous mes yeux, je craignais le pire juste à m’imaginer la perdre. Comment était-ce possible ? Pourquoi ressentais-je un attachement de ce type pour elle ? Elle était ma prisonnière… mon moyen de pression pour la famille du clan James Morrow. Je remerciais intérieurement ma servante d’avoir su bien réaliser cette procédure de réanimation pour qu’elle soit toujours de ce monde. Je fis ainsi un regard noir à la servante pour qu’elle nous laisse tranquille et repose mon attention vers Althea qui se blottissait dans mes bras. Je pouvais entendre son cœur battre, le sang dans ses veines vibrées. Il était chaud et sans doute délicieux. Je me mordais l’intérieur de la bouche juste à l’idée de boire de son sang… sauf que ce n’était pas le moment. Je croque ainsi mon poignet, fusionne mon regard au sien. « Bois ma belle. » Je voulais qu’elle reprenne des forces. Je ne souhaitais surtout pas qu’elle aille des séquelles suite à cette pseudo-noyade. Je lui souris une fois nourris et essuie sa lèvre du revers de mon doigt. « Je te conduis à ta chambre. Ferme les yeux. » Dis-je doucement en l’attrapant dans mes bras et me dévoilant à toute vitesse pour la déposer sous les couvertures. Elle semblait toujours dans les vapes. Elle venait de vivre un choc et je comprenais sa faiblesse. Je passais une main sur son front pour y jouer doucement dans ses cheveux…. Que se passait-il présentement… je ne pensais à rien. Je voulais que son bien-être…