Parsemé d’une envie remarquable de continuer sa route et de franchir le pas vers ce mystérieux tunnel qui conduisait à l’intérieur d’une montagne, les paroles craintives de ma cousine ne se faisaient que s’éloigner dans mon esprit. Mes réponses devenaient de plus en plus relatives, laissant échapper que des sons.. rien d’audible. La tirant jusqu’à l’intérieur, je ressentais par la pression qu’elle menait qu’elle me suivait enfin – totalement ouverte d’esprit et libre. J’en laissai échapper un sourire aux anges – si on pouvait utiliser ce terme. Nous voilà finalement à l’intérieur de ce passage. Un ruisseau coulait à côté de nos pieds. Une odeur délectable s’émergeait dans nos narines à un point où je ne contrôlais plus rien. « C’est magniiiiiiifique. » Dis-je en extase une fois de l’autre côté. La lune brillait dans le ciel. Un étrange sentiment me gagnait. J’avais l’impression d’avoir enfin réussis à conclure un jeu vidéo dont je venais de m’investir durant plusieurs mois. Je levais les bras dans les airs. Je ressentais la bruine sur ma peau. J’étais bien, j’étais paisible. Je me retourne vers ma cousine tout sourire. « Je t’avais diiiiit.. que tu ne le regretteras pas. » Je me mis à danser, une danse étrange qui ressemblait autant à une gigue écossaise qu’à une valse ?? Comment on pouvait décrire ça… c’était tout simplement impossible. Je continuais à avancer sur le sentier qui se dressait à travers la forêt. « C’est moi où le mercure a augmenté ? » Dis-je en ressentant toujours l’effet de l’alcool. Un petit village semblait se dessiner au loin. « Heyyyy Bridget !!!! Il doit avoir un autre bar là-bas et je suis certain qu’il est toujours ouvert !!! » Criais-je en agitant les bras dans les airs.

Plus question de faire marcher arrière. Ma curiosité remportait la partie, comme toujours. Ma réticence à suivre mon cousin jusqu’à l’intérieur et à découvrir ce qu’il semblait chercher avec impatience. Pas à pas, je semblais attirer, voir complètement ensorceler par cette force invisible. On aurait presque dit que quelqu’un me guidait, me murmurait à l’oreille de continuer. La conversation se fit bien plus courte, nos réponses ne pouvant être qualifiées qu’avec des sons. Que pouvais-je dire de plus? Ce n’est pas comme si j’arriverais à décrire ce que je ressentais. Quelque chose à l’autre bout du tunnel me donnait des frissons enivrants, comme si je ne m’étais jamais sentie aussi vivante qu’en traversant le dernier petit bout de chemin. Mes yeux se posèrent alors sur un ruisseau qui coulait juste à côté, alors que le vent caressait mes cheveux. Je fermais les yeux, acquiesçant silencieusement au commentaire de Hunter. Un lien qui se créait, comme si j’aurais toujours dû en arriver à ce point. Le paysage m’appelait, me suppliait de rester. La vérité est que je m’y sentais bien, l’anxiété de retrouver ma mère s’envolant complètement.

Nos regards se recroisèrent lorsque je mis fin à mes réflexions mentales. Son sourire éclatant me fit comprendre qu’il n’y avait pas plus heureux que lui en ce moment. Enfin … si, il y avait bien une personne d’aussi euphorique que lui. « C’est … c’est un vrai paradiiiis! Où est-ce qu’on se trouuve? » J’essayais de comprendre, de me situer, mais mon cerveau fut vite distrait par la danse de mon cousin, un mélange de gigue et de valse qui me fit pouffer de rire. Mon dieu! Même les sons que nous émettions, nos rires, nos voix … on aurait dit une mélodie magique. Malheureusement, aucun endroit n’est parfait. Malgré les apparences, il y avait un certain petit défaut; la chaleur qui nous étouffait. « J’ai chaaaaaud! » Je me tins parfois à certains arbres sur notre route, mes pas incertains, signe des effets de l’alcool qui traînait encore dans notre système. Le fait de marcher n’aidait pas la sueur horrible qui se formait sur mon front, mais elle nous pouss instinctivement à chercher de quoi boire, ou de préférence, un lieu où ils serviront au minimum de l’eau. « Tu crois que si on boit là-bas, ce sera encore mieux? Je sais pas pourquoi, mais on dirait que tout devrait être différent par ici. Je veux boiiiire, j’ai soif! » Je goûterais à tout ce qu’on m’offrirait, quitte à devoir partir avec mes propres moyen.

Aucune explication à nos questionnements n’arrivait et d’un sens, je m’en fichais complètement. Je continuais à avancer dans ce petit village qui me semblait fort sympathique. Pour quelles raisons ? Aucune particulière ? Pourtant ça ne me ressemblait pas de vouloir foncer sans que rien ne me dérange. Je m’emportais naturellement pour un rien, mais là, c’était de l’instinct. Je souriais à Bridget bien que je n’avais aucune réponse à lui fournir. « Take me down to the paradise city here the grass is green and the girls are pretty.» chantais-je aussitôt à tu-tête ramenant ce succès rock de Guns n’ Roses. D’un sens, j’ignorais indirectement sa question, mais j’y prenais beaucoup de plaisir. Je me mis à avancer pour observer les écriteaux sur les bâtiments. J’avais également bien chaud et terriblement soif. J’entendais ainsi une musique résonner à travers la grande rue principale. Ce qui était étrange, c’est qu’on ne pouvait pas comparer le style du village à celle de Revealdown – plus au lieu de tournage d’un film d’époque. Le sol en pavée, aucun asphalte, aucune route qui semblait permettre à un véhicule de s’y aventurer. « Dire qu’on a ce putain de village à quelques pas de Revealdown et que nous y étions jamais allés ! » Je rigolais en pointant le bar au loin. « VITE BRIDG!!!! L’ALCOOL NOUS APPELLE, JE L’ENTENDS, ELLE ME CRIE APRÈS ! » Je sautais sur place en agitant les bras dans les airs. Me voilà à la course jusqu’au bar qui se trouvait à moins d’un milles de nous. […] Finalement face au bâtiment, je m’arrête en fixant par la fenêtre à l’intérieur. On pouvait y observer un groupe de musique qui se produisait à l’intérieur, usant d’un style et d’une chanson dont je n’avais jamais entendu de ma vie. Je pousse les portes et lève les deux bras en l’air tout en hurlant : « FUCK YEAHHH ! Joue nous une p’tite de Scorpions cowboy ! » La musique s’arrêta et tout le monde se tournèrent vers nous.

Ce n’était pas dans mes habitudes de me promener dans un lieu parfaitement inconnu, sans me faire le moindre souci. En temps normal, je rationalisais, je cherchais à trouver un indice, un seul immeuble ou monument historique pouvant m’indiquer ma position géographique. Cependant, ce soir, cette crainte d’être perdue, au beau milieu de nulle part n’existait pas. Je suivais mon cousin, curieuse et enthousiaste à l’idée de poursuivre la fête. Trop de questions me parcouraient l’esprit, mais peu d’entre elles traversèrent mes lèvres. Voulais-je vraiment savoir où on avait débarqué? Pas vraiment. Mon esprit était complètement libre de tout ce qui m’alourdissait, dans mon quotidien. La preuve; me voilà en train de répéter les débuts de ce succès du groupe Guns n’ Roses, trouvant que de chanter me permettait d’extérioriser ma joie. Nos pas nous ramenaient peu à peu au cœur d’un village étrangement hors du temps. Rien ne ressemblait à Revealdown. En fait, on aurait dit que nous avions débarqué dans une autre époque, avec le sol en pavée, sans une seule trace de véhicule. Mon dieu! S’agissait-il d’un portail permettant de voyager à diverses époques?

Une douce musique commença à résonner, à nous appeler. Sans qu’on ne s’en doute, on s’approchait de la mélodie, ainsi que du bar. « Est-ce que tu crois que ces gens savent qu’on est à quelques pas d’eux? J’veux dire … comment ils font pour se déplacer s’ils ont même pas de voitures? Ou de bus? » Mon regard se promenait jusqu’aux fenêtres des maisonnettes, souhaitant plus que tout pouvoir scruter l’intérieur, voir quels autres secrets cet endroit nous cachait. Bien vite, les cris de Hunter me sortir de mes pensées. Le bar, le voilà si proche, maintenant! « ON Y VA! ON Y VAAA TOUT DE SUITE! » Je sautillais un peu avant de suivre mon cousin dans sa course. Il me tardait d’en savoir plus, oui, mais j’avais énormément soif. Et si les lieux me semblaient si distinct, j’imagine qu’il en sera de même pour l’alcool.

Bien vite, nous nous rapprochions du bar, et lorsque nos pas rapides nous permirent d’arriver à l’entrée, la musique de tout à l’heure se fit plus forte, plus présente. Un groupe de musique jouait, à l’intérieur, quoique le ton de cette mélodie ne me semblait pas du tout familière. On entra … ou enfin, Hunter entra avant moi, hurlant au groupe de jouer un peu de Scorpions. Je m’avançais à l’entrebâillure de la porte, et là, je remarquais tous les regards rivés sur nous, la musique s’arrêtant brusquement. « Hunter … je … qu’est-ce qu’il se passe? » Qu’avions-nous fait, pour mériter d’être dévisager ainsi?

Les bras dans les airs et un sourire niais sur le visage, je constatais que mon élan d’enthousiasme semblait surprendre tous les clients de ce petit bar. Un groupe de musique sur la scène qui jouait sans aucun micro ni système de son ? C’était assez étrange. Rien à voir avec tout le high tech qu’on possédait au Devil’s Tail. Je grinçais des dents en dévisageant les regards furtifs des autres clients en tournant les yeux vers Bridget qui démontrait sa surprise. « On se calme le cul un peu merde ! J’ai bien compris que c’est pas un style qui vous plait, alors ressortez nous la Celine à toi et nous, on se casse au comptoir boire une bière. » Dis-je à haute voix pour balancer la main en l’air comme pour démontrer que je me fichais d’eux. Je fis un signe de la tête pour pointer le comptoir où je me rendais finalement. Je pris place sur l’un des tabourets et sort un billet de ma poche. « Deux bières. Vous avez quoi, Budweiser ? » Demandais-je en souriant. Je remarquais le questionnement de la serveuse. « Hum… Bud quoi ? » Me répondis-je. J’arque un sourcil. « Ah oui je vois. Je ne sais pas si je vais m’habituer à recevoir à nouveau de la clientèle terrienne ici. Je peux vous servir deux bocks de notre bière maison. Importation locale et très appréciée de nos concitoyens, vous verrez ! » Je fige aussitôt. Qu’est-ce qu’elle voulait dire par terriens ? Je plisse les yeux en échangeant un regard silencieux avec ma cousine. « Hum… faut pas exagérer non plus et faire la drama queen Rupaul… on va te prendre de vos bières locales alors… mais arrête de nous prendre de haut comme ça. » J’étais un peu en colère qu’elle nous parle comme à des aliens. Elle se prenait pour qui cette idiote.

Si j’avais d’abord été poussée à suivre mon cousin jusqu’ici, l’alcool qui restait dans mon système me fit bien vite l’effet d’un poids lourd qui s’écrase sur ma tête. Maintenant, je sentais que nous nous étions beaucoup trop éloignés. Oui, les rues étaient enchanteresses, et je possédais toujours l’envie envoutante de rester, de découvrir le moindre secret de ce recoin si mystérieux. Cependant, en débarquant dans ce bar, j’eus un petit mouvement de recul, en remarquant le visage de certains clients. Et si on nous zyeutait déjà un peu, ce fut complètement autre chose quand Derek se mit à faire sa demande spéciale niveau musique. On aurait dit qu’il venait de prononcer des mots choquants, alors qu’en fait, c’est nous qui devrions être bouche-bée, en ce moment. Le groupe chantait, on l’a entendu même à l’extérieur … et pourtant, je ne vois pas une seule trace de micro, ni même de système de son. Comment était-ce possible? Je n’osais pas leur poser la question, me doutant que notre entrée ne nous permettait pas les interrogatoires. Je préférais hocher de la tête, quant à l’idée de Hunter. Une bière au bar, pendant que le reste des clients présents font la fête, c’est la meilleure façon pour eut de nous oublier, à force. Je le suivais donc jusqu’au comptoir, là où je m’installais sur un tabouret, en attendant qu’il passe la commande. Gentlemen, comme toujours, il tendit l’argent à la serveuse, tout en commandant des Budweiser. Une fois de plus, quelqu’un dans ce bar se surprit de notre demande. « Bah une Bud … c’est une bi… » Elle ne me laissa pas le temps de terminer ma phrase qu’elle dit soudainement avoir compris. Mais attendez, que vient-elle de dire, à notre propos? Des terriens? Mais où se trouve-t-on? Est-ce que mon cousin nous aurait téléporter jusqu’à une autre planète, avec son portail étrange? Une chose est sûre, en tout cas; Hunter n’a pas aimé son discours. Moi non plus, à vrai dire, mais je craignais plus que je ne parlais. J’attendis donc que la serveuse parte avant de relancer une discussion. « Où est-ce qu’on est, exactement? D’abord, le groupe avec leur musique bizarre et sans un seul micro. Là, la serveuse ne sait pas ce que c’est qu’une Bud, et nous traite de terriens. Je ne le sens pas, Hunter, mais pas du tout! » Advenant que l’alcool soit plus fort par ici, et que je me remette à boire, ce genre de soucis finirait par disparaître.

Toujours tant de questions depuis notre arrivée dans ce petit village lointain… lointain comment ? Sérieusement, j’en avais foutrement aucune idée, mais je savais que je me sentais bien à l’instant – même qu’on pourrait dire que je me sentais comme à la maison … ce qui était drôlement étrange, vu la situation présentement. Très différent de Revealdown – village que je n’avais jamais quitté de ma vie entière. Enfin, je continuais à dévisager les autres clients et la barmaid un peu louche qui s’enthousiasmait par notre venue. Tout était bizarre. J’échangeais un regard avec ma cousine et je glissais mon billet qui fit rire les quelques clients. « Bon habituellement, c’est pas la monnaie courante, mais je risque de pouvoir magasiner un peu sur Terre prochainement – on m’a dit que vous avez inventé des espèces de téléphones-radio ! » Mon sourcil ne cesse de faire des bonds tellement j’étais perturbé par la situation. Je n’ajoute rien à ce propos, attrape nos bières pour aller s’installer à une table plutôt que de profiter du comptoir – et de la CHARMANTE compagnie de la clientèle. « Rien à voir avec le Devil’s en tout cas… » Dis-je ironiquement à ma cousine qui me questionnait sur l’endroit. Je lève les épaules comme si de rien était et prit une gorgée de bière. « Aucune idée… mais ils font de la foutrement bonne bière ici sérieux. Et juste ça, ça vaut le détour. On doit être rendu en Géorgie. Ils sont bizarre là-bas. » Dis-je tout naturellement en écoutant la musique qui retentissait en echo à travers la petite place. Tout le monde dansaient, chantaient et semblaient réellement s’amuser. L’ambiance était cool. Donc pourquoi partir… surtout qu’ils ne semblent pas considérer les lois en vigueur sur la fermeture obligatoire des bars après 3h00 AM. Je repris ainsi une gorgée de bière. « Tu penses qu’ils font des ailes de poulet ici, parce que j’ai une faim de loup putain ! » C’est à ce moment que les clients à la table de côté froncèrent les sourcils et se mirent à parler à voix basse. Je détourne le regard et leur lança un regard noir pour me mettre à imiter un poulet, puis ensuite un loup… puis ensuite un poulet qui se fait dévorer par un loup. C’est à ce moment que la musique s’arrêta et que l’attention se porta sur nous. « What the fuck. C’est des blagues gang ! Sortez de votre trou et arrêtez de vous la jouer Kristen Stewart. On est pas dans Twilight ici… » J’en revenais pas.

Nous n’étions vraiment plus à Revealdown, et ça se voyait bien. L’ambiance, le paysage … il y avait un bémol qui me tracassait légèrement. Je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus, car de toute façon, mon taux d’alcool suffisait à me distraire juste assez pour ne pas me fixer sur des détails. J’imagine que sans cela, je ne me sentirais pas aussi calme. De nature normalement angoissée, j’ai tendance à me poser mille et une question, en faire presque une maladie, comme certains me le reprochent parfois. Le sujet de ma mère qui revient toujours au goût du jour, quand je me trouve au travail, et qui sert de preuve à mes supérieurs qu’on ne devrait pas me confier les cas reliés à la police. À mon avis, ils sous-estiment surtout mon talent. Tient, et si je profitais pour écrire un article sur mon blog, à propos de ce qu’on vivait, moi et Hunter, ce soir? Ça rapporterait certainement plus de clics. C’est un peu comme ça que je me faisais de l’argent supplémentaire, que je pouvais me payer quelques petits luxes, ici et là. En parlant d’argent, voilà que mon cousin paie justement la barmaid. La réponse de celle-ci nous laisse tout les deux avec des regards confus, une impression que nous ne nous trouvions pas nécessairement au bon endroit. Afin de ne pas rester trop longtemps au comptoir, je suivis Hunter jusqu’à une table. « Vraiment pas. On dirait vraiment que nous avons débarqué dans le monde à l’envers. » Je bus quelques gorgées de ma bière, espérant que cela m’aiderait à oublier ce qui venait tout juste de se passer. « Pas mal, je l’avoue! Mais les gens sont vraiment bizarre par ici. Géorgie ou pas, je ne sais pas si j’ai vraiment envie de revenir. » Un pressentiment. Nous marchions sur une corde raide, vraisemblablement. Oui, les gens autour semblaient plus détendus. Ils chantaient, dansaient, écoutaient de la bonne musique d’ambiance. Par contre, dès que nous nous mettions à discuter, ou à sortir quelques blagues complètement banales, les regards fusaient de partout, encore une fois. Je m’abstiens de répondre à mon cousin, lui qui semblait si affamé. Ses imitations ne furent pas très appréciés, je sentais le poids de la critique nous peser dessus, de plus en plus. « Hunter. Hunter, arrête! Je crois qu’on ferait mieux d’être discrets. Nous ne sommes pas chez nous. Essaie de te calmer. » Pourvu qu’il s’excuse et que ça s’arrête là. Autrement, j’imaginais déjà la façon dont ils nous jetteraient dehors. Et étant donné la nature étrange de ces individus, je n’ose pas estimer ce qu’ils nous feraient subir.

Orion se trouvait à l’arrière de son bar en train de gérer un peu la gestion, et de faire les stocks de la semaine pour voir ce qu’il devait commander histoire de ne pas se retrouver à court. La soirée s’était annoncée plutôt calme, alors il s’était dit qu’il en profiterait pour faire ça, et laissait ses employés gérer le reste. Il était donc plongé dans les papiers, se baladant de son bureau à la réserve quand il n’était pas certain de quelque chose. Et ça devait faire déjà une heure ou deux qu’il s’occupait de cela avant qu’un de ses employés ne viennent le voir. Ce qui était assez surprenant, parce qu’en général ils arrivaient à se débrouiller sans lui. Mais visiblement, ce soir-là, le problème venait de deux terriens qui s’étaient retrouvés ici sans que personne ne sachent trop comment, et de Raziel qui avait du mal à garder son calme face à tout cela. Comme c’était très souvent le cas pour elle, on va pas se mentir. C’était d’ailleurs pour cela qu’il la gardait, parce qu’elle avait tendance à calmer l’ardeur des petits cons qui s’aventuraient dans le coin.

Le blond laissa alors ses papiers de côté, rejoignant la salle réservée au public du bar, et congédiant par la même occasion Raziel en lui proposant –ou plutôt ordonnant- de faire une pause. Il put alors se rendre compte des deux terriens présents ici. Et qui étaient déjà sacrément torchés en passant. Orion fit alors signe au groupe de reprendre la musique, et se dirigea vers ces deux personnes pour essayer de calmer le jeu, et potentiellement aussi les renvoyer chez eux sans qu’ils ne se rendent compte d’où ils se trouvaient.

« Bonsoir, est-ce que je peux vous aider ? »

Orion souriait alors au couple, essayant d’user de son charme comme il le faisait souvent. Même s’il ne savait pas si ces deux personnes formaient un couple d’ailleurs, on ne pouvait pas dire qu’il y connaissait grand-chose, après tout. Mais cela n’avait pas vraiment d’importance pour l’instant.

Consommer et se taire ne faisaient certainement pas partie de mon vocabulaire. Je profitais de ce bar qui ouvrait beaucoup plus tard que n’obligeait la loi américaine pour continuer notre beuverie sauf que quelque chose clochait sincèrement. Je ne pouvais mettre le doigt dessus, mais je n’étais clairement pas le seul à le penser. Bridget semblait partager mon opinion et tout ça me laissait perplexe. Je porte ainsi mon verre de bière à ma bouche pour boire une bonne gorgée – tentant de réfléchir à ce qu’on allait pouvoir faire dans cette place de paumée – utilisant la partie de mon cerveau qui réussissait encore à réfléchir. « Ok…ok… je ne comprends quand même pas pourquoi ils se comportent comme des religieux en manque de cul. » Je roule les yeux en voyant un homme nous rejoindre. De ce que je comprenais, il devait bosser également dans ce mystérieux bar. Il nous demandait s’il pouvait nous aider. Mon sourcil fit ainsi un bond, s’arquant avec intensité sur mon front. Que nous voulait-il ? J’espérais surtout qu’il ne souhaitait pas nous renvoyer … parce que j’avais encore soif et que je ne pouvais pas me permettre d’arrêter la consommation de ce délicieux nectar. D’ailleurs, je devrais lui demander où il se procurait des barils aussi … unique. Je devais rentrer ça au Devil’s tail à TOUT PRIX. La clientèle serait sans doute affolée par ce délice – et surtout – je pourrais augmenter la compétition avec Emily Reddick et son bar miteux. Je fixe ainsi l’homme et répliqua aussitôt. « Nous aider ? Je ne pense pas. On vient picoler en toute quiétude. No stress bro ! » Dis-je en posant une main sur son épaule. Je pousse un petit rire en comprenant qu’il devait être haut placé ici. « J’imagine que c’est toi qui gère la place ici hein ? Entre gérant de bar, il faut se soutenir pas vrai ? » Je souriais de plus belle, même si mes yeux n’arrivaient même plus à garder le même rythme d’ouverture tellement l’alcool prenait le dessus sur mon âme.

Vu la raison de mes beuveries depuis mon retour à Revealdown, je me surprenais de ma courte sobriété du moment. On aurait dit que mon cerveau se mettait à rationaliser quand le doute s’installe. Et c’est que l’endroit ne résonnait guère avec l’énergie que je ressentais dans un bar, en temps normal. Où étaient les fêtards qui prennent beaucoup trop de place? Où sont les filles qui cherchent à ce que l’on paie les prochains verres? La musique me paraissait étrange, les traits des clients sur les lieux ne me rassuraient pas non plus. Merde! Il me fallait sincèrement plus d’une bière pour essayer de me calmer les nerfs. La commande de mon cousin fut donc la bienvenue, malgré les commentaires étranges de la barmaid. Encore un détail qui se rajoute à la liste. Trop de trucs qui clochent, et plus ça avance, plus ils commencent à prendre trop de place, mentalement parlant. Je ne pus m’empêcher de faire part de mes pensées à Hunter, mais je bus goulument, voulant m’intoxiquer jusqu’au point où rien ne me semble étrange. Autrement, je me mettrais à fixer les gens non loin. Je n’ose pas imaginer leur réaction, mais c’est que mon esprit ne réussit pas à divaguer sur le sujet car au même moment, un mystérieux individu s’adressa à nous. J’ai mal caché ma surprise, vu le petit sursaut sur ma chaise. Venait-il de demander … s’il pouvait nous aider? Mais à quoi? Je ne répondis rien, aux premiers abords, incertaine de la situation. Heureusement, mon cousin se jeta avant, me permettant de réfléchir à ce que je pourrais bien lui dire. Je ne fis donc qu’hocher de la tête, acquiesçant en silence à ce que Hunter lui disait. Pendant ce temps, mes pensées en revenaient à ce qui nous avait guidé jusqu’ici, et surtout, à l’énergie qui sembla me murmurer à l’oreille d’entrer par ce passage que mon cousin connaissait. Pourquoi est-ce que je n’ai pas pu résister à cet appel étrange? Quel genre de forces sont à l’œuvre, par ici?