Nature, nurture, heaven, and home. Sum of all, and by them, driven. To conquer every mountain shown. But I've never crossed the river. Braved the forests, braved the stone. Braved the icy winds and fire. Braved and beat them on my own. Yet I'm helpless by the river.

Banquet des âmes. Théâtre succulent où dans les profondeurs avides et humides j’aime y tremper un doigt, pour plus tard en déguster les sirupeux arômes. Rivières pourpres et mers cramoisies. Houles rubigineuses faisant tressaillir le vieil endormi dans le treillis recourbé des côtes. Quel jadis ! Quelle bénédiction des Dieux ! Voltigeant dans les travers de notre époque vaurienne, mon âme fêlée s’alanguie et se peine toutefois sur nos récits de corail. Le Fer se mêle à l’Exquis et le Succulent devient Rebu. Ma mine extasiée cède au minois déconfit. Le Goût se rompt de dégoût. Le baquet des âmes devient âpre comme ces goulées de cire vermeille à la flamme. Imbuvable. Fade. Mort. La famine hurle son ennui mortifère dans la faim et le ventre bien creux voilà que je dois me faire une raison : ce sont Nos flots abracadabrantesques qui me manquent comme sur ma langue présentement se déprave le goût du Sang !

Enfer et damnation. Tu as emporté avec toi quelques uns de mes si délicieux soubresauts stomachiques et privé de mes sens c’est d’un espoir aveugle que je vais devoir à ta mélancolie m’offrir en pâture !

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- Malphas !

Sulfureux et doucereux leitmotiv qui vient s’évanouir dans la pénombre, les indolentes céruléennes percées dans la brume du crépuscule alors que ma silhouette séraphine tendrement s’emmitoufle de ton adoré sillage. Te retrouver, ô mon Rutilant Flambeau, c’est chose aussi viscérale qu’inévitable ; tu as percé l’armure de pierre, pénétré mes chairs et te voilà qui depuis siècles et des siècles sinue en les replis nécrosés de mon énamouré de cœur… cet organe trépassé que tu te prends un malin plaisir de pulvériser de tes blanches paumes de mortel repenti !

- Maaallllppphaaaaasssssss !

Tu es beau, lorsque assoupi comme ça dans ta petite couche de fortune, dans le vide ordure d’une ruelle aussi crade que ta précieuse et souple carne. Je pose un genou parterre, incline mon tombeau de poitrail vers toi et du revers polaire de mes doigts viens effleurer d’une infinie douceur les chairs fiévreuses de ton front appesanti de sommeil ; balayant au passage une mèche rebelle de ta soyeuse chevelure et crevant les oniriques suaires de tes beaux rêves avec ma persuasion luciférienne.

Réveilles-toi. Souviens-toi.
Comment nous aimions tout repeindre à la sanguine. Nages avec moi vers Nos flots abracadabrantesques. Goûte, ce flux de vie qui dans nos gosiers désaltérés glissait comme la sève, roulait dans nos veines comme un feu fluide… déliant dans les ondes empourprées nos esprits vifs et sereins.

Rapportes-moi les saveurs d’antan, Malphas !
Réveilles-toi. Souviens-toi.
Reviens-moi !

Denver & Malphas

The humbling river

D’un œil contemplatif, je fixe cette petite enveloppe translucide à présent vide. Je l’observe avec tant d’insistance, espérant par le simple pouvoir de ma pensée parvenir à la remplir de nouveau. À peine ai-je eu le temps d’ingérer son contenu que déjà j’anticipe le moment où les effets seront estompés. Je commence tout juste à ressentir l’enivrement des petits cachets, mes neurones devenant de plus en plus ralenties par une réaction chimique, mais je crains tout de même qu’ils ne parviennent pas à enlever ce fardeau qui pèse sur mes épaules. Peu importe les impacts néfastes sur mon système maintenant mortel, ce qui m’importe surtout est d’engourdir ces émotions qui me grugent les entrailles. Ce qui m’importe est d’oublier les immondices que j’ai pu infliger à d’incalculables âmes innocentes et suppliantes. Les remords et la culpabilité ne disparaissent pas comme par magie, mais ils sont au moins amoindris par le seul remède que j’ai pu trouver jusqu’à ce jour.

Mon esprit s’embrouille, un épais nuage vient tranquillement faire de l’ombre sur mes souvenirs douloureux, créant un sentiment d’apaisement que je recherche en tout temps. Mes paupières se ferment alors qu’un long soupir de soulagement traverse mes lèvres entrouvertes. Mon corps glisse doucement le long du mur sur lequel je suis appuyé pour me laisser emporter par les effets enivrants des psychotropes. Oublier le temps de quelques heures. M’enfoncer dans un sommeil sans rêve pour m’échapper de ma réalité.

* * *

« Malphas ! »

Un murmure lointain m’interpelle… Mais je chasse cette voix qui tente de briser mon moment de sérénité. Une caresse vient stimuler les terminaisons nerveuses de mon visage, me faisant tressaillir légèrement. J’imagine un geste doux, rempli de bienveillance et de bonnes intentions. Mon subconscient se monte un scénario invraisemblable alors que je crois être accompagné d’une vieille connaissance… Une âme aussi âgée et meurtrie que la mienne qui s’immisce à mes côtés pour apaiser mes maux. Je grogne imperceptiblement, son qui désir exprimer toute ma gratitude et reconnaissance. Alors que ce brouillard qui enivre mon esprit s’estompe tranquillement, ma conscience vient à se questionner. Comment peut-il être ici alors qu’il est là-bas ? Il y a quelques heures à peine, je déposais dans sa cellule un repas infecte en lui envoyant un regard qui se voulait fort et solide. Mes sourcils se froncent, convaincu de divaguer et avoir été déjoué par une quelconque sorcellerie.

La réalité est de retour et je sens aussitôt mon corps meurtri s’activer sur cette boîte de carton humide. Des cymbales s’amusent à faire tourner la tête alors que je tente de découvrir un regard agacé par quiconque ose venir déranger mon moment d’apaisement. Je grogne à nouveau, mais cette fois d’inconfort, aveuglé par la lumière d’un lampadaire qui se tape une crise d’épilepsie au-dessus de moi. Une silhouette se découpe pourtant dans mon champ de vision et il me fait plusieurs secondes avant de distinguer ses traits. Comme un mirage sur une route du désert, je crois halluciné un vieil ami qui n’a pas croisé ma route depuis plus d’une année.

« Denver ? » que je murmure d’un ton d’incompréhension.

Les muscles et le cerveau endoloris, je tente péniblement de me redresser contre le mur de briques derrière moi afin d’avoir une meilleure vue sur mon nouveau compagnon. Une de mes mains passe sur mon visage encore légèrement engourdi par le sommeil (ou les effets résiduels de ces fameux petits cachets), tentant de retrouver davantage mes esprits. Je lève de nouveau mon regard embrumé et la réalité me frappe plus violemment que jamais.

Mon acolyte. My partner in crime. Celui avec qui j’ai vécu une bonne partie de mes années vampiriques à instaurer chaos et détresse parmi la population d’Elvendyr. Un esprit aussi sadique que le mien lorsque je n’avais plus d’âme… Ma première réaction est l’incompréhension et l’hésitation. Comment m’a-t-il retrouvé ? Que sait-il de ma situation actuelle ? Certes, il doit sans aucun doute entendre mon palpitant dans ma poitrine et sentir ce liquide vermeille qui circule à nouveau dans mes veines. Quels sont alors ses intentions à mon égard ? Malgré mes interrogations, je ressens tout de même une pointe de nostalgie... Tout ce temps passé en tant qu'inséparables et tous ces mois sans même avoir de ses nouvelles.

« Denver… » que je répète naïvement, confus par mon cerveau ramolli et mes pensées contradictoires. « Ça… ça fait un bail… »

Une éternité pour l’esprit d’un homme qui retrouve subitement sa mortalité. Une poussière pour un vampire qui n’a pas à se soucier de l’effet du temps et de la culpabilité de ses crimes passés.