Depuis qu'Althea s'était enfuit de Crimsondale, la rage s'était emparée de moi. En prenant la soeur de Freydis et Layden sous mon emprise, j'espérais un peu plus qu'une prisonnière. La belle Althea savérait être tout à fait de mon goût et j'essayais tant bien que mal de la conquérir. Qu'on lui touche me rendait complètement anxieuse et je devenais hors de moi. Bien sur, je n'osais rien montrer en public. Mes sbires connaissaient mes préférences, mais je gardais la tête de mon règne. Enfin, depuis un moment, je permettais des sorties à Al pour aller dans sa famille, sauf que dernièrement, elle n'était jamais revenue. J'avais tenté l'impossible en m'interposant à San Phoenix, mais aucune trace de la belle blonde. Je continuais ma quête pour la retrouver et cela me conduisait jusqu'à un petit village à quelques kilomètres de l'emplacement de Magnolia Light nommé Baywave. Un village dirigé principalement par un peuple d'ange, mais beaucoup moins influents que ne peuvent l'être les disciples de Shaenna.

La nuit était tombée et la fraicheur s'était installée dans ce village près d'un grand étendue d'eau, bordée par la forêt. Je tentais de passer inaperçu parce qu'une vampire n'était certainement pas la bienvenue dans l'Ether Kingdom. J'avais une petite robe noire sur le dos - un truc très léger qui permettait à mes courbes de s'exposer. Mes cheveux frisés ondulés dans mon dos et un léger rouge à lèvre d'un rouge vibrant. Je souriais aux passants que je rencontrais, mais ma quête se devait d'être plus précise. JE devais retrouver Althea à tout prix. Une fois dans le village, je franchis une petite ruelle où un jeune couple était en train de se lécher les amygdales."Bonjour." Dis-je d'un petit sourire. Ils me retournèrent ma salutation un peu intrigué. J'attrape aussitot le cou de la femme que je brise d'un mouvement de main. Les femmes sont beaucoup trop criardes. On risquerait d'alarmer les passants. Je retourne la tête vers l'homme et l'enfonce dans le mur. Ce n'était pas un ange, je le sentais. Je ne pouvais dire son élément, mais il était un natif. En espérant que son pouvoir ne l'aide pas. Je plonge sans attendre qu'il lève le petit doigt mon regard dans le sien et vint hypnotiser son âme. "Est-ce que tu connais une certaine Althea, elle est native de l'air et vit à Crimsondale, soeur de Layden et Freydis ; fille de James Morrow et Phadra." L'homme fit signe de nom. "Elle est blonde, de cette taille. Elle devrait porter un débardeur bleu foncé." Il continue à nier. "Et puis merde.. tu ne m'es d'aucune utilité..." Je soupire et dévoile aussitôt mon visage vampirique, enfonçant mes dents dans sa nuque, m'abreuvant de la totalité de son sang, le laissant ensuite tomber au sol comme un minable déchet.

Tu l'as retrouvé, enfin.

Il t'a fallu une dizaine de nuits, passées à parcourir plusieurs hameaux, te baser sur des cartes plus ou moins vieilles et faire appel à tes souvenirs ; mais tu y es parvenu. C'est dans ce village, que vous avez fêté votre union, ton époux et toi. C'est dans ce village que tout devait commencer. C'est dans ce village que tout s'est terminé. Tu aurais largement pu t'y tromper : la plupart des bâtiments n'ont rien à voir avec l'image que tu avais du coin, seuls quelques édifices clés peuvent te servir de point de repère à présent. Mais c'est déjà un grand pas.

†
Comment as-tu pu être aussi naïf, aussi con ? C'est ce que tu te demandes, tandis que tu mouronnes devant ton verre. Tu es là depuis une semaine et, à part le nom des rues principales, tu n'as rien trouvé de probant. Rien ! Même les habitants ne semblent pas savoir ce qu'il s'est passé ici il y a presque quarante ans ... Pas comme si la ville avait été refaite à neuf, peuplée de nouveaux venus ou petits jeunes ? A une question aussi conne, tu as un sourire, puis un rire nerveux. Était-ce de la rhétorique, ou viens-tu seulement de réaliser l'ironie qui allait avec ?

Bien sûr qu'il ne reste presque rien de l'ancien village. Il a été - littéralement - réduit à feu et à sang, lors de ce raid maudit. Tu en as été témoin, acteur qui plus est !

Considérant qu'avec ce constat déprimant, tu as suffisamment progressé dans tes recherches pour la soirée, tu reviens à la table de bar et commande une nouvelle pinte. Que le tenancier va t'offrir généreusement, une nouvelle fois. Ca tombe bien, à part ton cul, tu n'as pas grand chose pour payer. Quoique, peut-être que ça lui plairait et-

†
T'étais vraiment trop sobre pour ces conneries. Ainsi que pour un vent, de la part du proprio. La réponse silencieuse qu'il t'a rendue, suite à ton invitation pas très discrète, a réduit en miettes le peu d'estime qu'il te restait ; et tu as décidé de passer aux spiritueux un peu plus chargés en alcool. A présent suffisamment imbibé pour que le voile d'inhibition se pose sur ton esprit, tu lui demandes, sans faire trop attention à qui pourrait l'entendre aux alentours.

"Hé ... A tout hasard, tu saurais pas où se trouvait la salle des fêtes, y'a une quarantaine d'années ?" Il te regarde bizarrement et tu commentes, "C'est juste ... J'ai entendu des histoires dessus, j'voulais voir si c'était vrai ..." Vu son regard, t'as surtout l'air paumé.

Et désespéré.

Ma quête ne faisait que commencer et déjà je m’avérais énervée de ne pas retrouver la trâce d’Althea. Après ces moments passés auprès d’elle, je ne comprenais tout simplement pas comment elle pouvait m’avoir échappée de la sorte. Je pensais qu’ensemble, nous pouvions tout affronter, que notre lien était fort et qu’elle s’amourachait de moi – comme je tombais amoureuse d’elle. Je l’avais même défendue face à mes sbires qui suggéraient à ce qu’on l’utilise comme sacrifice de l’air. Je ne pouvais m’en résoudre. Cette femme m’attirait comme un tison sur le brassier. Elle me hantait la pense et je me devais de la retrouver.

Après plusieurs tentatives, plusieurs personnes rencontrés et divers villages parcourus, je continuais à arpenter le royaume d’Ether, en espérant retrouver sa trace. Elle pouvait s’avérer être n’importe où à Elvendyr, comme sur Terre désormais. J’avais sans doute mal fait en lui faisant découvrir ce nouveau monde. Elle se trouvait munis de plusieurs nouvelles cartes pour s’en sortir parmi les humains… sans compter le don d’illusion qui lui permettait d’en faire beaucoup. D’ailleurs, elle pouvait s’amuser de moi, mais je reconnaissais son odeur désormais. Si elle était dans les parages, j’étais presque certaine que je le saurais. Bref…

Après avoir dévoré ce jeune homme pré pubère dans une ruelle, je rejoins une petite taverne à quelques pas de là. Je pousse la porte d’entrée et constate la bonne ambiance. Il y avait beaucoup de clientèle ce soir, un homme jouait de la guitare sur scène et la lumière restait très tamisée. Je m’approche du comptoir, voyant un homme discuté avec le barman. Je le sentis, je le savais. C’était un vampire. Je reste derrière son dos, passant ma langue sur mes lèvres et m’exprimais-je en souriant. « Tiens tiens, on est loin des siens à ce que je vois. » Les vampires n’étaient pas fervents des anges en tant normal. Il était même plutôt rares d’en croiser dans l’Ether Kingdom.

Tu ne l'as pas entendue arriver, mais tu as définitivement senti cette vague de froid dans l'échine. Tu restes un instant figé sur place, ayant un doute sur le sens du commentaire. Il te suffit d'humer l'air pour avoir un très gros indice : du sang, jusque dans son haleine. C'est une certitude à présent. Quelques semaines en Elvendyr et déjà tu tombes sur ton premier congénère. Joie. Te sentant plus menacé qu'autre chose, tu grommelles un "Oui, et ? Tu veux une médaille ? D'ailleurs, tu fais quoi ici, à cette heure ?" pour la renvoyer dans ses vingt-deux, avec une question rhétorique.

Le tenancier te fixe, visiblement surpris par ton changement soudain d'attitude. Merde ... Une seule remarque d'une inconnue et déjà tu es en train de mettre en danger tout ce que tu avais construit jusque là, avec ce bel homme. Enfin, Tout ça ... Une ardoise de consommations effacée à l'hypnose et un plan drague raté ... Tu devrais t'en sortir. Tentant - pas si - magistralement de te rattraper, tu fais mine de rouler les yeux au ciel devant le monsieur et lui explique "C'est une ex, elle est très famille ... Et un peu possessive ... Mhm ?", la fin étant clairement destinée à la demoiselle, en espérant qu'elle connaisse le concept de subtilité.

Ton ex futur plan cul - et bouffe - part servir d'autres clients et aussitôt que le monsieur vous fait dos, tu te retournes et fixes la demoiselle ; le regard noir. "Ca va, pas trop l'impression de déranger ? Tant que t'y es, tu veux pas juste montrer les crocs pour que tout le monde ait une bonne raison de te faire la peau ?" Il ne te faut que trois secondes et demie pour réaliser ce que tu viens de lui proposer et deux supplémentaires pour commenter d'un "Oublie la seconde partie ...", avant qu'elle n'ait le temps de prendre ça au pied de la lettre.

Tu soupires un instant, revenant à des civilités d'usage. "Si tu veux, il y a un tabouret de libre." que tu commentes, en lui montrant l'assise à côté de toi. Tu la regardes faire, la jauges quelques secondes et la trouves surtout mignonne ; avec un petit quelque chose de familier. Un air de déjà vu ? Meh, tu t'en souviendrais. Bien que tu n'irais pas la draguer aussi lourdement - ou tout court -, comparée au serveur, tu te dis qu'elle est à croquer. Et tu as un petit sourire, en remarquant l'ironie de cette pensée.

Peut-être pour te donner bonne conscience, après avoir réagit aussi abruptement - et de façon puérile - tu lui demande "J'peux t'offrir quelque chose ?" ça va pas te coûter trop cher, de toute façon ... Suivi d'un "Mis à part gratifier les siens, qu'est-ce qui t'amène dans un coin aussi reculé ?"

Alors, Harper ... Il va falloir qu'on t'explique ce qu'est faire preuve de maturité.
Parce que là, tu régresses.

Faut dire que j’avais toujours eu l’œil pour les visages. Je me rappelais des gens, même si je m’approchais du siècle. Certes, les humains et les natifs changeaient avec l’âge, mais les vampires non et encore moins ceux que j’avais transformé. Harper était un pitoyable être lorsqu’il avait fui mon clan et je savais être rancunière. Je le dévisage clairement d’un faible sourire, voyant qu’il ne me replaçait pas. Moi qui étais de nature à m’amuser, je n’allais pas dévoiler mon identité sur le champ. Je pourrais lui soutirer des informations et pourquoi ne pas, me venger par la suite un peu. C’était un jeu que je pouvais gagner et ça, j’en étais certaine. Voyant qu’il me répliquait de manière sec pour commencer, je lui échange l’un de ses regards glaciales jusqu’à ce qu’il se calme et joue une carte beaucoup plus sympathique. Je m’approche de son visage et lui souffle. « Tu peux être certain qu’il est préférable autant pour toi que pour les individus de ce bar miteux que je garde mes crocs en place. » Je me mis à rire, tournant les talons pour m’installer au tabouret à ses côtés.. comme il venait de me le proposer. Je lève la main au barman. « Une coupe de vin rouge sur l'ardoise de monsieur, et que ça saute. » Je repose mon regard vers le vampire que j’avais créée. « je suis à la recherche de l’une de mes esclaves. Cette petite ignorante a pris la poudre d’escampette et je viens reprendre mes dues. Et toi… que fais-tu par ici mon biquet ? » Ajoutais-je en passant une main sur ma longue chevelure ondulée, feignant un geste de charme à mon interlocuteur. Je détestais les hommes plus que tout, mais je devais garder en tête mon personnage. N’avoir pas été vampirisée, j’aurais parfaitement pu devenir comédienne.

Ca va, les chevilles ?!

Déjà quand elle prend le temps de répondre à ta remarque purement rhétorique, tu te dis qu'elle a une sacré estime d'elle-même ; mais à entendre la suite ... Tu manques réellement de t'étouffer en avalant ta bière de travers. C'est quoi cette histoire d'esclave ? Machine à tuer tu veux bien, mais depuis quand ça inclus les harems ? Si ça se trouve, y'a même tout le package BDSM dans sa cave et ... Tu la vois, enfin l'imagines, l'espace d'un instant ; à porter une tenue moulante en latex et faire claquer le fouet.

La drogue, c'est mal.

Tu te demandes quand même c'est quoi le pire ... Que tu imagines ce genre de choses, ou qu'elle trouve ça naturel de croire - et dire à un parfait inconnu - que tout lui est dû ? Surtout la vie d'autrui. En un sens, elle ne fait que te faciliter la tâche : le justicier en herbe que tu es n'aura pas besoin d'investiguer beaucoup avant de rendre son jugement. Devrais-tu t'en débarrasser de suite ? Peut-être en savoir plus sur cette histoire d'esclave, être certain qu'il n'y a - littéralement - pas d'autres futurs cadavres dans le placard ?

Voilà qu'elle te donne un peu de répartie et qu'elle recentre la conversation sur toi. Tu es agréablement surpris, de voir qu'elle n'est finalement pas si imbue de sa propre personne et ... Attends ... Elle n'est quand même pas en train de ... Un sourire angélique digne d'une publicité pour dentifrice, l'orientation de son visage incitant clairement à poser le regard sur son décolleté, la main dans sa crinière l'Oréal ... Si si ... Elle est bien en train de te faire du rentre-dedans.

C'est pas supposé être l'inverse ?
Platoniquement, bien sûr. Quoique.

Tu juges un peu vite, Harper. Combien de messieurs dit-hétéros apprécient en réalité un petit doigt et ... Ahem. Tout à fait : là n'est pas le propos. Mais t'en sais quelque chose, avoue ! Tu as un petit sourire, rempli de gêne. Tu luttes pour ne pas baisser le regard sur sa poitrine et imaginer de nouveau les scènes salaces, avec ses propos douteux d'esclave. C'est d'ailleurs le moment où ta conscience te rappelle que, toi aussi, tu aurais l'air sacrément sexy dans la même tenue. Surtout avec les talons aiguilles, ça te fait des cuisses et un cul, grands Dieux !

Tu prends une nouvelle gorgée pour te donner du courage - ne pas avaler, ne pas avaler ... De travers - puis tu réponds, toi-même un peu paumé "Je cherche un ancien bâtiment, dans les environs. Mais je crois qu'il a été détruit, depuis ..." Trois-quart de seconde, les images des flammes et du sang ; et ta trique morale retombe aussi vite que si ta mère t'avait surpris au pieu avec ton copain. Le regard de nouveau perdu dans ta nostalgie, tu continues, incapable de la fermer devant un vampire tout méchant pas gentil que tu devrais exterminer - comme si c'était si simple - "Je suis même pas sûr d'y trouver ce que je cherche en fait ... J'ai déjà visité le cimetière et retourné le village ..." Tu soupires, déjà fatigué de tout ça "Je sais pas où il est ..."

Et tu réalises - ou te réveilles - enfin.

Un éclair de lucidité traverse ce qu'il reste de ton esprit embrumé et tu lui demandes, l'espoir dans la voix "Tu saurais ce qu'il s'est passé ici, il y a presque quarante ans ?" Maintenant que tu en as besoin, elle n'est plus si méchante et à exterminer de suite, hein ?

Attends qu'elle se présente.

Je balançais tout mon poids sur mes coudes qui se trouvaient appuyés contre le comptoir de ce bar de quartier. Je pinçais les lèvres, comme pour retoucher mon rouge à lèvre, sirotant doucement le verre de vin d'un rouge sanglant qu'on venait tout juste de me servir. Un petit sourire en coin et un regard à en frisonner, je vois le serveur noter ma commande sur la facture du vampire à mes côtés. Faire partie de l'élite vampirique et des premiers, créés par Tharek lui-même faisait de moi une personne très influente au sein de Elvendyr. Je connaissais ma puissance et le pouvoir que je pouvais exercer que via mon nom. Illyria - la grande reine du peuple vampire de Crimsondale, amante occasionnelle de la déesse Amara et signe de noirceur. La plupart des gens ne connaissaient que mon nom et mon statut, mais pas mon visage, ça me permettait amplement de jouer les innocentes et de mener ces natifs en bâteau.

Je tourne ainsi à nouveau mon regard vers ce jeune vampire assit à mes côtés et écoute ce qu'il peut bien me raconter. Il ne me replace réellement pas, ce qui m'amusait encore plus. Je me demandais bien les raisons qui le conduisaient jusqu'à ce petit village de Ether Kingdom et ce qu'il y cherchait. "C'est quoi comme bâtiment ? Parce que Elvendyr, c'est clairement plus grand que le cul de ce charmant monsieur assis au bout du comptoir... faut être plus précis." Je n'étais pas une fervente d'histoire non plus, mais la guerre contre Tharek avait été des plus délectables pour mon peuple. Ce spécimen ne semblait pas trop comprendre ce qui s'était passé il y a 40 ans. Curieux... J'arque alors un sourcil. "Tu as vécu sur Terre tout ce temps je paris ?" Dis-je en buvant une gorgée de vin.