Le sommeil de Blanche était sporadique depuis plusieurs semaines déjà, elle ne saurait dire si c’était dû au stress constant des deux énormes contrats que son entreprise venait de signer ou bien d’autre chose, mais chaque minute de torpeur qu’elle pouvait grappiller lui permettait de garder la tête froide pour ses journées de travail.

Aussi lorsqu’elle sentit les rayons d’un soleil matinal caresser ses paupières, sans entendre sa sonnerie habituelle, l’architecte se retourna simplement et saisit sa couette pour se couvrir. Mais sa main ne saisit que le vide, sans doute sa nuit agitée l’avait conduite à jeter l’édredon. Qu’importe, elle ferait sans.

Une brise fit siffler les branches au-dessus de Blanche, et à ce bruit elle se raidit et ouvrit immédiatement les yeux. Elle n’était pas chez elle. La dernière Cassidy se releva et s’épousseta. Elle n’avait pas ses habits de la veille, ce qui impliquait qu’elle était bien partie se coucher comme elle s’en souvenait, mais elle ne portait pas se tenue de nuit non plus. Ce qui l’intriguait.

Les brumes vaporeuses d’un rêve mouvementé refaisaient doucement surface. Un besoin impérieux de voyager, besoin d’ailleurs présent depuis plusieurs mois, une playlist rythmée pour qu’elle choisisse sa tenue, la fermeture de la porte et clé et puis... Rien.

Elle vérifia dans ses poches et trouva bien le petit trousseau plat. Aux alentours il y avait des arbres, de l’herbe non entretenue et des sons d’animaux qu’elle estimait communs à proximité d’une forêt, pas de trace de voiture, pas de trace d’un sac à main... Étrange.

Blanche se mit à marcher dans une direction précise, elle n’avait aucune idée d’où elle était, mais si elle s’était rendue ici à pied, elle pourrait en repartir. Sa marche fut interrompue lorsqu’un bruissement sourd se fit entendre à proximité.

— Il y a quelqu’un ? se rendant compte de l’absurdité de la question, et du très cliché de la situation, l’architecte eue un léger rictus avant de poursuivre. Je me suis légèrement égaré, pourriez-vous m’aider à reprendre la route de Reavealdown ?

Bien que maitresse de ses émotions, Blanche ne pouvait empêcher un léger filet de peur de poindre en son intérieur. Elle ne s’attendait pas à voir surgir le grand méchant loup, mais les informations et séries récentes sur les serials killer suffisaient à la mettre en garde. Elle doutait qu’une phrase du style « Oh monsieur grand, que vous avez un gros couteau » lui permette de s’en tirer.