And you move in a hostile way.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Quelques jours avant l’instant T.

Dans cette nuit noire qui s’achève, en emportant avec elle les épais et lourds nuages qui prestement roulent dans le ciel peu à peu clair, enfin le tonnerre s’éloigne, mais persiste dans l’air cette humidité écrasante et la fine pluie incessante. Les boots de cuirs envasées dans la terre boueuse, mes lucarnes azurées s’élèvent doucement sur les dunes aux nuances d’argent et d’or ainsi pelotonnées et fumantes dans la clarté pénombre d’une aube bienvenue. La pluie et la bruine s’éternisent, comme pour venir laver mes pensées sombres et horrifiques alors que la terre elle-même cherche à s’abreuver de ces larmes de paradis pour venir essuyer les pourpres nuances mortifères qui par abondance cette nuit ont coulés.

Le tonnerre de la nuit dernière a peut-être cessé de grondé, mais dans la brume diurne et le lourd rideau de l’averse flavescente persiste les échos et les cris de ces plaintes assourdissantes que j’ai par amour du crime arraché des gorges mortelles et si fragilement humaines…

- Quelle nuit remplie de surprises et pleine de rebondissements ! Je vois que nous n’avons pas perdu la main, malgré le temps et son œuvre. J’ignore si je dois m’en inquiéter ou m’en réjouir. Tu ne penses pas que l’on se fait trop vieux pour ce genre d’enfantillages, Salem ?

L’imposante et magnétisante silhouette de Bloom se consume dans la lumière qui à contre-jour comme un mirage le laisse apparaître et le redessine sous mes yeux. Nos deux armatures imbibés d’eau et toujours martelés par les restes de la tourmente céleste, nous apparaissons comme de sinistres et bien sombres présages ainsi debout en chiens de fiance au cœur de cette brumeuse clairière. Un soupire las et graveleux écorche le seuil de mes lippes alors que je tire mon visage harassé vers les cieux, laissant les goutes de pluie venir javelliser et lécher ces couleurs de brique qui patinent sur mes chairs et à toujours me présentent avec de biens sépulcrales manières. Car le pourpre et l’ambre sont ces éclats de couleurs qui coup de pinceau après coup de pinceau viennent enlaidir l’ignoble toile monstrueuse de mon génie à l’art de plus en plus sauvage et primitif. Car dans les larmes, la violence et la peur, mon œuvre à toujours reste belle et magnifiquement abstraite… un peu comme cette nuit où dans le tonnerre et la braise un mur des merveilles semble s’être érigé devant mes yeux fous et aliénés.

- Épargnes-moi tes commentaires de sage illustre, veux-tu ? C’est parfois en ce genre de gaminerie, que se cachent des enjeux plus antiques que peut l’être ton obsolète de mère ! Et cet infime détail, notre cher auditoire semble l’avoir capté et comprit. À ce sujet, comment se portent nos amis les miniers ? Que je m’enquière, sourire sibyllin étirant la commissure de mes lippes et dévoilant ainsi la rangée de mes trente-deux dents parfaitement bien alignées.

Le silence de mon bras droit jure sur la pertinence et c’est sans plus de cérémonie que je m’éloigne de lui pour venir retrouver notre charmant petit peloton d’heureux élus frémissants et terrifiés qui à pied de colline gisent ligotés et bâillonnés. Démarche gaillette, mâchoire bien haute dressée, yeux reluisant comme deux puits d’huile, j’ouvre grands les bras de chaque côté de mes larges épaules et leur passe le bonjour d’un affable :

- Bon matin, gentlemans. J’vais pas vous demander comment vous allez, parce que clairement même pour moi cette nuit est complètement pourrie et merdique ! Je ne rêve que d’une seule chose : rentrer chez-moi, mariner pour quelques heures dans un bain d’anti-inflammatoire et ronfler ma vie dans mon lit. J’suis à ça près d’exhausser cette prière, mais je reconnais que cela dépend de vous et uniquement vous ! Vous comprenez ?

La lignée de quelques hommes hoche la caboche avec hardiesse et dans un parfait synchronisme, ce qui est à la fois comique et pathétique à reluquer… parce que pour gagner cette implacable docilité, il m’aura fallu botter quelques uns de leurs culs et un rien malmener quelques unes de leurs tendres épouses chéries pour enfin ils comprennent que je suis autre chose qu’une petite raclure de macadam et qu’oser me défier peut leur risquer plus vaste encore qu’un complexe d’égo écorché et d’orgueil ecchymosé.

- Je vous offre une opportunité de vous délivrer de ces carcans qui vous étranglent et oppressent. Ensembles, nous pouvons accomplir de belles et grandes choses. Le respect, la dignité, l’estime de votre juste valeur, les belles et bonnes conditions de travail… tout ce flafla philanthropique, je vous garantis que vous pouvez l’avoir. Il n’en tient qu’à vous et vous seul de choisir la voie vers laquelle ce partenariat peut converger. Une belle et folle aventure ? Ou un séjour bouillant et récalcitrant dans les flammes de l’Enfer ? La balle est dans votre camp, gentlemans. J’espère que pour le bien de vos femmes et vos enfants, vous saurez prendre la bonne décision.

Car le pourpre et l’ambre sont ces éclats de couleurs qui coup de pinceau après coup de pinceau viennent enlaidir l’ignoble toile monstrueuse de mon génie à l’art de plus en plus sauvage et primitif. Car dans les larmes, la violence et la peur, mon œuvre à toujours reste belle et magnifiquement abstraite…

Et maintenant dans l’instant T…

Il va retentir, le petit prince.
Il va ressurgir. Et ça ne sera certainement pas pour me demander de lui dessiner un mouton…

bitch we got a problem.

Décembre 1869

Il y avait quelques jours, Kingsteen avait fait plusieurs rencontres. De drôles de découvertes lui étaient alors parvenues aux oreilles. Notamment sur les activités en zone d'ombre de la part de son paternel. Alors... l'héritier s'était renseigné. Et il avait fini par se confronter à son cher paternel. Résultat des courses : comptait pour King pour obtenir bientôt la tête de l'entreprise.
Normalement, ça aurait du attendre son mariage. Mais depuis qu'ils avaient découverts que Tallie était entre les mains d'Illyria, tout le monde semblait avoir prit une décision à sa place : qu'il faudrait lui trouver une nouvelle épouse. Mais Teeny n'était pas d'accord avec cette décision. Et en confrontant son père il n'avait pas non plus hésité à lui glisser que sa vie amoureuse ne le concernait pas et que tant pis si le mariage devait être reporté, il finirait par se produire.
Parce que oui, Kingsteen avait fait en sorte de récupérer Tallie seul, comme un grand. Tout comme il avait passé ses alliances afin de pouvoir redorer l'entreprise qu'il allait bientôt récupérer. Hors de question que cette fois il se passe des choses trop cruelle. Il compte bien ne pas finir comme son père. Un ange ? On ne dirait pas...

Malheureusement... il se peut que la petite tronche d'ange de notre King et son jeune âge ne fasse pas assez peur à certains de ses nouveaux alliés. Alors oui, parfois il avait du faire des concessions afin de pouvoir obtenir les meilleurs accords, mais ce n'était pas pour mettre la vie de ses employés en danger.
Ce matin là il fut cependant réveillé par... une très mauvaise nouvelle. On avait menacé ses employés, leurs familles et... tout ça pour quoi ? Pour des petites affaires sombres. Maudit Salem. Maintenant Teeny comprenait mieux pourquoi il avait eu besoin des adresses et du plan de la mine. Comptait-il utiliser tout ça pour son petit trafic ? Avait-il menacé ses employés si jamais ils ne faisaient pas parti du complot ? Oui. Et ça ne lui plaisait absolument pas. Et notre petit jeune tout droit arrivé dans la vie des adultes ne comptait pas se laisser faire.

Après un saut à la douche, avoir avalé quelque chose et s'être glissé dans son plus beau costume, Kingsteen fronce les sourcils et... deux secondes plus tard il traverse le portail pour attérir directement dans le bureau de Salem. Tant pis si le loup est en rendez-vous, il veut que son entrée soit fracassante. Et elle l'est. Continuant sa marche bientôt l'une de ses main se pose sur le bureau tandis que l'autre fonce droit sur le cou de Salem pour l'attraper et le rapprocher de lui.
Bon, Kingsteen n'est pas forcément l'homme le plus fort du monde. Mais sous le coup de la colère il réussit au moins à le faire se lever de son siège pour que leurs regards se croisent. D'ailleurs, celui de King est sombre et ne laisse rien présager de bon pour l'homme qui lui fait face. Oh, il sait sa nature. Mais étrangement il n'a pas peur. Pas aujourd'hui. Pas cette fois. Pas après ce qu'il a fait.

Je savais que je n'aurais pas du vous faire confiance. Il faut croire que je ne vous ai pas fait assez peur la dernière fois. Pensez-vous vraiment que vous allez pouvoir user de ma mine pour faire passer vos petites conneries.

Loukoum

And you move in a hostile way.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Il va retentir, le petit prince…
Il va ressurgir.
Et ça ne sera certainement pas pour me demander de lui dessi---ffffrrergfd!!!

Mon souffle se meurt au cimetière de mes lèvres, de même que les spectres batifoles que deviennent mes prestes pensées qui si vite s’émoussent en l’éden nécrosé de mon esprit. Un clignement d’yeux suffit pour que la réalité rejoigne l’inéluctable distorsion… l’inévitable fraction, lorsque de son vortex fuligineux et vertigineux le petit prince ressurgit. Une impression de déjà-vu. Une étrange impression de déjà-vu. Cette pensée, égale aux autres, n’a pas le temps de prendre racine dans ma matière grise, car dans une bourrasque de dossiers et feuilles qui virevoltent aux 4 vents, l’enfant prodige surplombe mon vaste aire de travail pour sans aucun ménagement venir mouler l’étau de fer autour de mon cou, écrasant trachée, cordes vocales et j’en passe ! Mu par la violence du face-à-face qui trop rapidement devient un nez-à-nez, je ne peux qu’accuser la force de l’homme et quitter le confort de mon siège pour me redresser sur mes deux pattes lorsque l’invité surprise m’y oblige. Clope pendouillant mollement entre mes lippes pincées, mes célestes azurées sombrent doucement dans les jumelles, y découvrant des humeurs plutôt mauvaises et bien sinistres… dans le genre le calme avant la tempête.  

Battus par les vents glacés de ses vocifères, noyé en le rythme spectaculaire, mais- par tous les enfers- un vulgaire de son venin qu’il me crache à la figure, je dois reconnaitre que je ne m’attendais guère à une telle rentrée dans la matière ! Ma main, piteuse, joueuse, cherche le contact de ses carnes bouillonnantes et paisiblement vient se mouler au poignet du géant blond…

- B’soir, Kingsteen ! Je vous offrirai bien un verre, mais mon petit doigt me dit que c’est pas ce genre de cou---p que vous voulez prendre, dis-je, sourire caustique aux lèvres, mais que la voix asphyxiée et aseptisée dans des tonalités aigues enlève toute virilité et me rend aussi menaçant qu’un louveteau inoffensif. Allons, Kingsteen. Reconnaissez que le jeu de mot est de bon goût !

Mes opalines dérivent un instant de ses sombres prunelles, pour venir guetter ce qui se passe de l’autre côté de ces 4 murs, ayant crainte que l’entretien explosif soit intercepté par les mirettes inquisitrices des clients. Nous n’avons pas besoin de devenir le clou du spectacle, ce soir. J’ai pas besoin de nourrir les ragots de la plèbe, de devenir le sujet de conversation que balancera Monsieur à sa petite femme une fois rentré chez-lui et franchit l’insipide pas de sa morne demeure : « Hey, ma chérie en sucre, tu ne devineras jamais la tuile qui vient de tomber sur la gueule du gérant du Skull and Bones ! »

Ugh ! Cette éventualité à elle seule me répugne autant que m’exaspère. Blasé, impassible, entre mon pouce et mon index, je capture le poignet du petit prince, ressers ma prise jusqu’à ce qu’elle en devienne au départ un peu gênante… ensuite inconfortable… pour doucement devenir intolérable et exercer la puissance nécessaire pour qu’elle soit tout simplement insupportable. Profitant de cette veloute de douleur pure afin de lui retourner le bras dans un axe 70 degrés et à vu de nez comme ça humainement impossible. Ma main libre profite de la distraction pour venir s’abattre sur le flanc de son joli minois et l’étamper à plat ventre sur l’acajou lustré de mon bureau devenu qu’un vaste bordel impossible. Joue bien à plat sur le désordre, j’encage son corps trop long et trop en nerfs en-dessous du miens, plaquant mon genou dans la croupe de ses reins et venant lui tousser ces quelques paroles à l’oreille :

- Ta précieuse petite mine ne pourra que finir en tas de ruine, si tu continus à te comporter comme ces marmots gâtés pourris qui se croient au-dessus de tous et capables de rien ! Il faut croire que la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre. Rebelote, tu es aussi braillard que tes hommes ! Je te croyais plus futé que ça, Kingsteen !

Sans aucun ménagement, je le libère… ou plutôt l’envoi bouler de l’autre côté de mon bureau, lui désignant la chaise d’un hagard mouvement de paluche et défroissant de l’autre le col de ma chemise sérieusement malmenée.

- Tu brailles, mais t’as de la poigne. Tu me dois une nouvelle chemise, bonhomme ! Ceci dit : maintenant, calmement, fais-moi part de ce qui te choque autant ?

bitch we got a problem.

Décembre 1869

Salem : (...)

La mâchoire de Kingsteen se contracte. Le jeu de mot ne lui plaît pas. Encore moins de faire face à la créature qu'il tient au bout de son bras. Mais que voulez-vous. Sur le coup de la colère il a foncé sans réfléchir... Son père lui dirait surement "tu vois que tu n'es pas encore prêt". Et clairement, pour une fois, Aeglos aurait certainement raison. King ne se pensait pas aussi impulsif et pourtant il était là, tête à quelques centimètres de celle d'un loup-garou, qu'il vient clairement de menacer.
Mais... les menaces de notre pauvre petit homme d'affaires sont bien sûr... un divertissement pour la personne qui lui fait face. Et les deux doigts de Salem faisant pression sur son poignet le lui montre. Une petite grimace de douleur vient apparaître sur le visage de l'héritier alors qu'il tente de garder sa prise sur l'homme lui faisant face. Il ne veut pas lâcher. Il ne doit pas se montrer faible. C'est lui qui doit contrôler la situation ! Enfin, c'est ce qu'il aurait espéré.

La suite ? Elle était à prévoir. Et pour le coup Teeny ne peut rien faire pour y échapper. En une fraction de seconde un faible juron de douleur franchit ses lèvres tandis que son visage entre en contact avec le bois du bureau, amortie par les quelques feuilles qui ne se sont pas encore envolées avec le brassage d'air qu'ils sont capable de faire. Il ne peut pas répliquer. Clairement. Il n'a pas la force de le faire déjà avec un humain normal alors face à un loup, encore mois. C'est pour ça que Kingsteen ne se salit jamais les mains et opte pour des personnes - comme Salem - qui pourraient faire le travail à sa place.

Salem : (...)

Son corps si frêle finit par être relâché et propulsé de l'autre côté de la pièce. Et sans se faire prier face au mouvement que le gérant du bar lui fait, King laisse tomber ses fesses sur la chaise qu'on lui montre. De sa main gauche il masse doucement son poignet droit. La douleur est plutôt supportable, même s'il n'a clairement pas l'habitude d'être ainsi malmené. Pleurer ? Non, il ne le fera pas. Même si pendant quelques secondes, le nez sur le bureau, il avait faillit craquer. Mais il n'avait pas le droit.

Salem : (...)

Vos menaces. Mes hommes ne travaillent pas sous la menace. Je ne sais pas dans quoi mon père trempait réellement et je m'en fiche, clairement. Mais j'ai toujours mis un point d'honneur à ce qu'ils se sentent bien au travail. Sans main d'oeuvre pas de mine, et sans mine pas d'argent. Alors il faut répondre à leurs besoins. Et je doute que votre intervention de cette nuit et les menaces que vous avez pu faire envers leurs familles ne les motive à continuer à travailler pour moi.

Bien sûr, Teeny n'avait peut-être pas toutes les pièces du puzzle. On ne lui avait dit que quelque mot et... une fois seul il avait foncé tête baissé. Déjà être réveillé avec ce genre de nouvelle ce n'est pas agréable et terminer avec un poignet qui clairement vous fait souffrir, ça l'est encore moins. Mais si pour une fois il devait salir ses petites mains pour le bien de ses employés, alors il le ferait. Il devait gagner leur confiance et ce n'était pas avec l'intervention de Salem que ça allait l'aider !

Loukoum

And you move in a hostile way.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Mes sentinelles de givres et de nacres lentement s’abaissent vers le poignet endolori du Petit Prince, le voyant se le masser pour fort probablement faire se dissiper la lancinante douleur qui le tiraille. Du fin fond des abysses ténébreux que devient ma cage thoracique, je sens se prolonger comme un suaire opalin les doucereux remords. Ce cancer. Cette maladie. Cette gangrène bien humaine qui toujours sert d’alcôve à la bête monstrueuse qui d’un sommeil bien fragile repose en la jungle de mes entrailles, pourrissant les insatiables aspics qui de rumeurs et horreurs se galvanisent. Un regret pur et simple qui de suite me fait comprendre que j’y suis allé peut-être un peu trop fort avec lui…

Les paroles rapidement trouvent refuge en mes conduits auditifs, ébranlant des barrières jusqu’à présent ignorées et que j’avais pourtant si scrupuleusement édifiées autour de ma bonne conscience. Afin de me préserver. Afin de me protéger. Afin de me garantir un semblant de sûreté, au sein de ce monde vaurien et assassin. L’hécatombe de la nuit dernière, confidente de mon rêve infini. Noble, caustique, malgré la récente débandade, je me lève de mon fauteuil, contourne mon ample aire de travail, pour me diriger vers le zinc et plonger la patte dans l’eau gelée du seau à glace. Attrapant une poignée de glaçons au creux de ma paume engourdie, enfin je me libère du récipient en acier inoxydable pour y laisser tomber ma cueillette sur une guenille, que je replie en boule et viens offrir à mon invité inespéré.

- C’est pour ton poignet, que j’avise alors que je lui tends sous le nez les glaçons enveloppés dans le linge alors que de l’autre patte je lui offre une bouteille de fort cueillie en chemin : et ça c’est pour acheter la paix et engourdir la douleur.

Quelle minable excuses ! Moi-même, je m’étranglerai pour de telles inepties. Mais considérant que j’aurai l’air fou, je préfère hausser mollement les épaules et venir asseoir mon cul sur le coin de mon bureau.

- Tu as raison. Je n’aurais pas dû. Je m’excuse. Gérer le Skull and Bones durant autant d’années, il faut croire que j’en ai gagné de mauvais plis. Je te promets que cela ne se produira plus.

Empruntant l’air austère de celui qui s’apprête à aborder un sujet délicat, je m’accoude sur mes cuisses, cambre l’échine et viens stabiliser mon visage de cerbère à la hauteur des mirettes furieuses du Petit Prince.

- Maintenant que nos pendules sont à l’heure, j’aimerais te montrer un truc, Kingsteen. Je te préviens… ça ne te fera pas plaisir, mais tu dois voir et comprendre…

Sur quoi, sans un mot supplémentaire, j’extirpe de la poche intérieure de mon blouson, une carte. Rien de spectaculaire pour le moment…

- Téléporte nous au royaume d’Obsidian, s’il te plaît.

bitch we got a problem.

Décembre 1869

Il bouge. Kingsteen l'observe. Il ne le quitte plus des yeux. Salem doit rester dans son champ de vision. Parce qu'il n'a pas envie de se prendre une autre raclée, clairement. Mais... la prochaine fois que le gérant de ce maudit bar lui saute dessus, cette fois il n'hésitera pas à plonger dans un portail. Direction... la terre peut-être. Ou le territoire des vampires ? Un endroit duquel il ne reviendra pas... entier. King n'a pas envie de se faire avoir deux fois. Alors s'il doit faire peur à cet homme, il n'hésitera pas. Peut-être que la force ne fonctionne pas, mais son esprit est plus rusé. Son père lui a apprit à penser toujours plus loin, toujours plus... noir. Et il y arrivait plutôt bien en réalité. Même s'il tentait de se défaire de l'emprise de son paternel.
Quand Salem s'approche de nouveau de lui, le regard noir que Teeny lui envoie est compréhensible. Puis finalement ce regard se pose sur ce qu'on lui tend.

Salem : (...)

En lâchant un "mouais" peu enthousiaste, l'héritier du Royaume Minier s'empare de ce froid qu'on lui tend et ne tarde pas à le poser sur sa main. Il fait un "non" de la tête face à la bouteille. Bien sûr ça ne veut pas dire qu'il refuse de faire la paix avec ce cher Salem mais... il n'a pas très envie de récupérer cette bouteille. On ne sait jamais, il pourrait très bien l'avoir empoisonné. Abaisser sa garde en prenant soin de lui et le poignarder dans le dos ensuite.

Salem : (...)

Est-ce que c'est le moment de lui faire la morale sur les promesses ? Kingsteen connaissait le refrain par coeur : "on ne fait pas de promesse en l'air si on est incapable de la tenir." Combien de fois avait-il entendu cette phrase ? Que ce soit de la bouche de son père ou de sa mère d'ailleurs. Et puis de temps en temps il avait même le droit à un "Tu finira en enfer si tu ne le fais pas." Drôle de phrase de la part d'un ange qui... est certainement aussi impur qu'un démon. M'enfin, King s'en fichait.

Salem : (...) (...)

Teeny fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il veut lui montrer là bas ? Il ne sait pas. Ce territoire, il ne le connait pas totalement. Le côté vampire et quelques coins qu'il avait visité dans sa jeunesse avec son père. Souvent des hauts lieux, dans lesquels il n'avait pas très envie de faire son apparition de ce fait. Son pouvoir... lui qui voulait le garder secret le plus longtemps possible, ça commençait à trop se savoir. Et ça ne lui plaisait pas. Déjà qu'il avait plus ou moins vendu son âme au diable...
Le petit prince se lève et pose le linge froid sur la chaise qui avait accueillit son postérieur quelques secondes plus tôt. Il observe Salem quelques instants et pousse un soupir.

Si c'est demandé si gentiment.

Kingsteen se retourne et son portail ne tarde pas à s'ouvrir devant lui. Il s'y engouffre et ressort un peu à l'extérieur de la ville. Un petit chemin qu'il avait visité une fois - parce qu'il s'était perdu, clairement - mais qu'il savait plutôt désert. Par chance, personne n'était dans les parages. Ca lui ferait mal de savoir que quelqu'un d'autre - qu'il ne connaîtrait pas en prime - ait connaissance de son pouvoir.
Une fois le loup arrivé à ses côtés, le portail se referme. Adieu le bureau de Salem. D'ailleurs est-ce qu'il compte sur Kingsteen pour y retourner ensuite ? Parce que ce n'est pas au programme de notre petit prince. S'il peut rentrer seul ça l'arrangera. Enfin... tout dépendra les révélations qui lui tomberont dessus. Franchement, avec tout ce qu'il lui arrive en ce moment, qu'est-ce qui peut être pire qu'une entreprise pourrie, une fiancée aux mains d'un vampire et des frangins qui vous cassent les pieds à longueur de journée ?

Loukoum

And you move in a hostile way.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

Un air d’été. Un air désert. Le soleil brûlant et pesant. Sa suffocante chaleur et les irradiantes misères qui la bordent. L’Obsidian Kingdom. Univers sans bornes, où s’acculent sur le sable rouge et bouillant ces nuées de macchabées qui sans peur, sans plainte et sans prière s’écroulent. Ces comme qui dirait papillons de nuits qui agités d’un envoûtement incompris, reviennent et tourbillonnent autour de cette lueur de bougie, aperçue si tendre dans la noire nuit. Assassine et sibylline flamme qui telle une succube ondule, charme, attire à elle, à son feu pâle de couleur, les serviles insectes qui papillonnent. Beaucoup y succombent. Trop s’en consument. Et tant d’autres à immoler alors que les survivants, désespérés, valsent et tourbillonnent autour de cette lueur de bougie qui accable les ailes et lèche les estropiés.

Vomis du portail céleste de notre Petit Prince, impassible, leste, je viens à la rencontre celui-ci et admire de mon œil lapé du reflet hagard, le charmant relief rubigineux qui nous entoure. Sur le marbre austère de ma figure, avec insolence vient apparaitre les premières fissures d’une indicible déception qui peu à peu se veut incrédule. Je lui promets une révélation époustouflante et le mieux qu’il trouve à faire est de nous chier ici sur se sentier perdu et ma foi si profondément creux dans le trou du cul de ce monde ? Le Skull and Bones à brûler, qu’il l’a fait délibérément et pour se venger !  

Rochon, je roule les yeux, inspire profondément et redresse à nos mirettes ma mystérieuse carte du monde, histoire d’avoir une idée plus ou moins exacte de l’où nous sommes précisément en ce sauna à ciel ouvert. D’après l’instinct et l’orientation lupine, mon petit doigt me dit que nous sommes :

- Là, à lisière du village de San Phoenix et juchés à quelques kilomètres au nord de CrimsonDale. Hum. Nous sommes sur la Croisée des Landes, l’ancienne route qu’empruntaient les esclaves, qui désespérés cherchaient à échapper aux traites et au fléau d’Illyria. Ce sentier, par chance, peut nous conduire au Purgatory. Oui, c’est là-bas que je veux vous emmener. Vous ne craigniez rien. Faites-moi confiance.

Vadrouiller des milles et des milles à la ronde, en une telle moiteur et canicule va nous faire suer comme des cochons ! Une belle et bouillante croisade qui va nous offrir l’opportunité de faire plus ample connaissance, le Petit Prince et moi. Ça parait pas, mais je jubile en ce moment ! Bien que la frondaison alentour soit à moitié ravagée et calcinée par la Guerre Des Trente Jours, les quelques arbres qu’ils en restent vont pouvoir nous protéger de ce soleil de plomb qui bien haut suspendu au dôme azurée, consume les heures et brûle l’horizon. Côtes à côtes avec le fier héritier de l’empire minier, je nous invite à emboiter le pas et sibyllin je lui confie enfin :  

- La semaine dernière, un Natif d’Obsidian s’est tapé l’incruste au pub. Rien qu’à le voir, on sentait de suite qu’il venait de loin et de diable sait quel calvaire. J’ai l’habitude d’en voir, King’, des désespérés hallucinés. Mais ce dude… ce Natif, il était différent. Son arrogance faisait d’ailleurs écho à vous et c’est peut-être pourquoi est-ce que j’ai daigné l’écouter. Allez savoir. Il m’a déblatéré son histoire.

Du coin de l’œil, je l’observe, cherche à savoir si jusque-là entièrement son attention m’est livrée. J’ai besoin qu’il m’écoute.

- Dans la péninsule Obsidienne, se cache le temple d’Yzanthar. Un brave guerrier d’autrefois, qui lors du Maléfice de Tharek, a été engendré en vampire par l’un des sbires d’Illyria… pour finalement finir en vulgaire tas de poussières, peu avant le sacrifice des Dieux. Pour les Natifs du Feu, la légende d’Yzanthar est un culte. Ils sont fiers, vous comprenez ? Rarement une Nation peut se venter d’avoir vaincu guerrier aussi redoutable. La légende d’Yzanthar stipule qu’une journée suivant sa mort, les Natifs du Feu ont dispersés les cendres du défunt ici-même en cette forêt, en mémoire à l’Homme qu’il était autrefois. Son épée, par-contre, en décorum à la bête sanguinaire qu’il est devenu, a été plantée en la terre gorgée de sang de ses victimes… l’endroit même où aujourd’hui un temple à son effigie a été édifiée.  Devinez ce que mon visiteur a cherché à faire ?

Théâtrale, je lève les yeux au ciel et soupire un vannant :

- Il a profané le temple d’Yzanthar, pour en vain s’emparer de l’artéfact. L’épée n’était pas là. Par chance. Mais oser troubler le repos éternel d’une essence aussi maléfique que celle d’Yzanthar apporte son lot de punition. Croyez-moi, le petit con pillard de sanctuaire l’a payé de sa vie. Non, je ne l’ai pas tué. C’est autre-chose qui s’en est chargé. Quel est le rapport avec vous, Kingsteen ?

L’Obsidian Kingdom. Univers sans bornes, où s’acculent sur le sable rouge et bouillant ces nuées de macchabées qui sans peur, sans plainte et sans prière s’écroulent. Ces comme qui dirait papillons de nuits qui agités d’un envoûtement incompris, reviennent et tourbillonnent autour de cette lueur de bougie, aperçue si tendre dans la noire nuit. Assassine et sibylline flamme qui telle une succube ondule, charme, attire à elle, à son feu pâle de couleur, les serviles insectes qui papillonnent. Beaucoup y succombent. Trop s’en consument. Et tant d’autres à immoler alors que les survivants, désespérés, valsent et tourbillonnent autour de cette lueur de bougie qui accable les ailes et lèche les estropiés.

- Ma foi… absolument tout.

bitch we got a problem.

Décembre 1869

Il semble y avoir un petit... problème ? Oui. Clairement, Salem ne s'attendait peut-être pas à se trouver ainsi perdu. Enfin pour Kingsteen ce n'est pas forcément un coin perdu. Juste un coin qu'il connait un peu. Mais d'un autre côté il s'attendait à quoi ? A se retrouver là où il voulait aller ? Perdu. Déjà parce qu'il n'avait rien dit à Kingsteen. "Téléporte nous au royaume d’Obsidian". C'est que ce Royaume est vaste. Le nom d'un endroit aurait peut-être pu aider. Mais non. Et Monsieur le Loup semble contrarié puisqu'il se trouve à sortir une carte. Ah ben oui mon grand, tu réfléchiera la prochaine fois. Et puis il est déjà sympa notre King de prendre le temps de le transporter dans cet endroit. Il faut espérer qu'il ne se fiche pas de sa tronche maintenant.

Salem : (...)

Teeny glisse ses mains dans ses poches et fronce les sourcils. Ses connaissances sur le royaume d'Obsidian sont faibles. Il ne connait cet endroit que de nom. Et pour tout dire, il n'a clairement pas envie d'y aller. Les vampires il a sa dose. Et puis... que se passerait-il si on apprenait qu'il y avait mis les pieds ? Hum... Il avait peur. Mais d'un autre côté on pouvait dire que Salem avait attisé sa curiosité. Et il avait vraiment envie de savoir ce qu'il voulait aller faire là-bas.
Commençant à marcher aux côtés de Salem, le petit prince souffle. Il n'aime définitivement pas ce royaume. C'est bien trop... chaud ? Enfin il ne sait pas. L'ambiance n'est pas celle de son coin. L'air semble manquer. A moins que ça ne soit uniquement dans sa tête ? Toujours est-il qu'en écoutant les paroles de Salem, il tente de penser à autre chose qu'à cette chaleur.

Salem : (...) (...) (...)

Pourquoi faut-il que Salem se pense sur des planches de théâtre ? Kingsteen n'en sait rien. Mais il s'en fiche clairement. Cette histoire ? Pourquoi il lui raconte tout ça ? Bonne question. Et quel est le lien ? Qu'est-ce qui l'intéresse vraiment dedans ? Teeny n'a pas envie de s'amuser à jouer les devinettes. Il n'aime pas quand on le fait tourner autour du pot. Il a besoin qu'on aille droit au but. Parce qu'il n'aime pas réfléchir.

Je n'ai pas envie de jouer aux devinettes Salem. Alors allez droit au but. Sinon je retourne au frais.

Kingsteen avait dit ça sur un ton las, clairement. C'était bien pour lui montrer qu'il n'avait pas envie de jouer. Ce n'est pas parce que c'est un gamin à côté de lui qu'il aime ça : le jeu. Teeny n'a jamais prit le temps de jouer durant son enfance. Donc qu'on lui fiche la paix avec ça et ces devinettes. Pourquoi tout le monde a envie de le voir jouer et réfléchir ?
Pourtant quelque chose attise sa curiosité. Si les légendes sont fausses, cela veut dire qu'en réalité... les choses sont simplement... ailleurs ? Mais où. Se pourrait-il que les mines abritent quelque chose de bien plus important que ce à quoi il s'attend ? Il n'en sait rien. Et puis pourquoi viendraient-ils ici si c'était dans les mines qu'il fallait chercher ? Bonne question.

Loukoum

And you move in a hostile way.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

J’ai demandé avec un « s’il te plaît ». C’est déjà beaucoup. D’accord, l’absence de points cardinaux et géographiques a peut-être un peu handicapé l’truc, nous a vastement désavantagés et jusqu’à nous voir atterrir ici. Ici… nulle part. Bordel, mes aïeux sont le flux sanguin d’une dynastie de nomades, explorateurs, commerçants et détrousseurs de coeurs qui avaient pour habitude de parcourir les terres de l’Emerald avec comme points de repère locaux la position du soleil et la trajectoire des astres. Pas de boussole, pas de compas, pas de sens de l’orientation lupine, juste quelques villages décimés à çà et là sur le territoire et cette bonne vieille observation astronomique pour les guider ! Il s’étonne après que je sois aussi vague, flou, nébuleux et énigmatique que le royaume enseveli de Lazuli ? Okay, l'Obsidian, c’est un morceau de caillou qui se veut plus grand que ma gueule et aussi énorme que le cul d’Amara, mais quand-même ! Dans mon jeune temps, lorsqu’on me demandait de bouger mon boule à tel endroit, je m’y rendais et sans m’écarter des kilomètres à l’ouest ! Fucking hell, et me voilà qui chouine comme ces vieux de la vieilles âgés de 542 piges qui à toujours trouvent le moyen de nous faire rappeler que dans leur jeune temps, la vie, s’était pénible et que nous la jeunesse d’aujourd’hui est si paresseuse et faible.

Ugh ! It's gonna be a long long journey. Ce vide intersidéral et abstrait qui présentement le baigne des pieds à la tête lui siéent la dégaine dans la rutilance d’une condescendance et indifférence pour le moins éloquente ! C’est pas possible d’être aussi farouche et rancunier ! Je me suis excusé pour la petite bavure de cette nuit. Il veut quoi ? Que je me travestie en servante, juste histoire que je me mea culpa comme une bonne ? Jamais dans cent ans ! Sorry not sorry, your highness, mais j’ai une orgueilleuse réputation à tenir et les rotules de tes hommes à faire frémir !

Le Petit Prince emmitouflé dans sa suffisance, moi bien creux placardé derrière le mur de ma mauvaise humeur, côte à côte nous déambulons sur ce petit sentier cendreux, la voie se voulant plus escarpée et étroite nous oblige à poursuivre cette ballade de santé l’un en arrière de l’autre. Appelez-moi Pessimiste ou Sale Môme, mais à voir où il nous a téléportés, j’suis pas chaud à l’idée de le laisser ouvrir la marche alors je m’empresse de le devancer et de lui faire volteface :

- L’épée d’Yzanthar n’a jamais été entreposé dans ce temple. Pour la simple et bonne raison qu’Yzanthar n’a jamais été vaincu sur les terres obsidiennes. C’est l’escadron de la capitale de Wisteria Mount qui s’en est chargé et ce guerrier s’est éteint au cœur du royaume de Topaz. À pied de montagne, si ma mémoire est bonne. J’ai besoin de vous faire un dessin, où vous saisissez de quel mont je parle, monsieur l’empereur minier ?

Wink, sourire sibyllin et je lui tourne le dos pour poursuivre cette cuisante randonnée. Enjambant rochers, racines, arbustes, cactus et oh diantre un nid de Phénix, j’ajoute :

- Yzanthar est mort empalé par sa propre épée. La légende stipule que son essence démoniaque a été aspirée dans cette lame. La magie de cet artéfact a la réputation de corrompre son porteur, mais aussi de le protéger en lui prodiguant des facultés vampiriques. Force surhumaine, célérité, sens accrus, génération cellulaire instantanée et surtout… l’immortalité. Je vous laisse imaginer le bordel, si jamais un tel pouvoir est remis entre de mauvaises mains ?

Toujours accaparé à notre petite excursion, j’en profite pour m’en griller une, laissant volontairement planer mes volutes de fumées à la figure du Petit Prince.

- Dans les arcanes de cette légende, on y retrouve aussi la prophétie de l’Élu. L’épée d’Yzanthar ne peut appartenir qu’à une seule personne, voilà pourquoi est-ce qu’elle a la réputation de corrompre son porteur. Cet artéfact appartient à la dynastie de celle qui a vaincu Yzanthar par le passé. Et j’ai des raisons de croire que se sont de vos aïeux que l’on parle et que cette prophétie vous est toute droite destinée, Kingsteen.

Ma tige de mort toujours figée entre mes lippes, j’aspire de généreuses goulées de nicotine, avant d’asséner, fataliste :

- Nous allons au temple d’Yzanthar pour vérifier tout ça. Car le temple d’Yzanthar renferme les maux et tourments de ses victimes. Ses martyres, elles sont à l’origine mêmes de la prophétie. Et seulement l’Élu peut les délivrer du Mal et leur apporter le repos éternel.

Un cynique regard par-dessus mon épaule et je lâche :

- L’artéfact est à quelque part en vos mines, Kingsteen. Vos hommes doivent accélérer la cadence… creuser plus vite. Alors j’ai fait le nécessaire. Votre père ne doit pas mettre la main sur cette épée. Jamais.

bitch we got a problem.

Décembre 1869

Kingsteen marche bien sagement aux côtés de Salem. Il l'a déjà mis en rogne une fois, il n'a pas très envie de se le reprendre de pleine face. Surtout qu'il a vraiment l'air de bouillonner de se savoir à des kilomètres de l'endroit où il voulait aller.
Quand le chemin se rétrécit, King hésite mais... il n'est pas con. Il ne sait pas où ils vont, il n'a pas besoin de passer devant. Mais Salem accélère le pas alors il le laisse faire et continuer de marcher à vitesse normale.

Salem : (...) (...) (...)

Teeny lève les yeux au ciel. Il n'est pas con. Il connait Topaz par coeur. Enfin vu la tête qu'il lui tire, Salem se fiche clairement de lui, ça c'est sûr. Et le petit prince n'aime pas ça. Mais on va éviter de faire une réflexion à monsieur le loup. Son poignet lui fait encore légèrement mal.
La fumée arrivant dans la tête de Kingsteen lui arrache une petite quinte de toux. Autant il est capable de boire une coupe d'alcool pour se donner un style et copier celui des autres, autant fumer ce n'est absolument pas dans ses habitudes. Et il ne supporte pas la fumée non plus.
D'une oreille distraite le petit Prince continue d'écouter le grand méchant loup. Et puis quand il lui parle de l'élu et du fait qu'il descendrait de ce Yzanmachintruc, un ricanement s'échappe des lèvres de Kingsteen. Sérieusement ? Non, c'est une blague ? Parce qu'elle est bien drôle quand même. Et puis ol en aurait entendu parler de cette légende si en effet Yzanbidule avait été dans son arbre généalogique.

Salem : (...) (...)

Ca, il l'avait plutôt compris que l'artefact se trouvait là-bas. Enfin si la légende était vraie. Et si Salem ne courait pas après il ne savait trop quoi. Un rêve ? Surement. Mais autant aller jusqu'au bout de cette petite aventure. Parce que King est un curieux qui veut savoir si ce que le loup raconte est la vérité ou... simplement qu'il est temps de le faire interner.
En tout cas, il comprend mieux pourquoi Salem veut que ses hommes accélèrent pour creuser. Mais ce n'est pas dans les plans de notre futur héritier. Il refuse que ses hommes ne travaillent plus que ce qu'ils font actuellement, encore plus si c'est pour trouver quelque chose qui serait capable de... de faire quoi exactement ? Il ne sait pas trop. Il a écouté d'une oreille distraite. Mais ça m'a l'air d'être quand même bien dangereux cette histoire. Au premier soucis, il saute dans un portail et si Salem ne suit pas, tant pis pour lui.

Autrefois j'aurais pensé que mon père pourrait en faire bon usage si ce truc se trouve vraiment dans notre mine. Mais... il m'a montré que pour un ange il était bien plus pourri qu'un démon. En tout cas j'ignore d'où vous tenez ces renseignements et je doute qu'ils soient vrais. Mais allons donc nous amuser dans ce temple ! Par contre n'y aillant jamais mis les pieds, nous allons continuer à marcher. Alors on accélère le pas, aller.

King lui fait un petit sourire et accélère le pas, doublant Salem. La fougue de la jeunesse surement ? Allez savoir. Peut-être qu'il a aussi envie de mettre en rogne le loup. En même temps ne vient-il pas de dire qu'il se moque un peu de cette histoire qu'il vient de lui raconter ? Si, totalement. Mais c'est difficile pour Teeny de faire confiance.

Loukoum

And you move in a hostile way.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace. Je n’ai pas besoin d’avoir l’infaillible perspicacité de Bloom, mon inestimable bras-droit,  pour comprendre que le Petit Prince ne croit pas en un traitre mot de la petite légende que je viens de lui raconter. Comment lui en vouloir ? Le scepticisme n’est-il pas le commencement de la Foi ou voire même l'élégance de l'anxiété ? L’un comme dans l’autre, s’il ne c’est pas encore carapaté en l’un de ces fichus portails, cela signifie que j’ai au moins piqué sa curiosité et qu’il toujours motivé pour me suivre jusqu’au bout de ce petit périple ! Ce qui va rendre la fin de ce voyage d’autant plus divertissant et distrayant. Je risque de me bidonner un brin.

Le poids de la culpabilité m’écrasant toujours la conscience à l’égard de son poignet et le petit coup de pute que je lui ai fait la nuit dernière, c’est sans rechigner que je le laisse me doubler et ouvrir la marche ! D’une indolente pichenette, j’envoi valser mon mégot de cigarette sur le sol, prenant le soin de l’écraser à l’aide de ma plante de pied… les incendies ça va deux siècles, mais après il faut bien donner une chance à ce royaume de renaître de ses cendres.

- Nous vivons et survivons en un drôle de siècle et royaume. Votre paternel fait ce qu’il y a à faire, pour ne pas se retrouver tout en bas de la chaîne alimentaire. Il a la notoriété, le pouvoir, l’argent et surtout le respect de toute une nation. Nous ne pouvons juger ses actes, Kingsteen. Il est avant tout un père qui veut assurer un avenir prospère à son fils héritier. La loi du plus fort rendra n’importe qui ripoux. La nuance, c’est qu’il faut savoir comment gérer la gangrène et surtout bien placer ses pions…

Est-ce que je joue les avocats du Diable ? Non. Je ne défends ou n’approuve pas les méthodes de cet homme d’affaire. Aeglos  n’est jamais qu’un môme avare et capricieux qui voit en son empire qu’une gigantesque fourmilière avec laquelle il peut s’amuser pour servir ses propres dessins. Il manque d’ambition et d’envergure. Il ne voit pas plus loin que le bout de son nez. À quoi bon être un seigneur du crime, si ce n’est que pour devenir qu’une pâle et insipide copie des ambitions bafouées de la ténébreuses Amara ?

- Ce n’est pas d’où, mais depuis quand, que je les détiens ? Ces renseignements, que j’annonce, sans aucune explication supplémentaire, errant dans l’ombre de Petit Prince qui bientôt deviendra Roi…

• • •

Mes célestes et opalines doucement se lèvent vers la myriade de pierres sacrées. Pour arriver à la péninsule obsidienne, ça nous a pris le reste de l’après-midi. Encore merci, Kingsteen ! Imbibé de sueur, essoufflé comme un taureau écumé,  je souffle à bout de souffle :

- Nous y sommes.

Tous les deux âmes vagabondes vers les confins du vallon vaporeux et bouillant, une forte odeur nauséabonde nous inonde les narines. Le soufre. Diable que je déteste le soufre ! Écœuré, je grimace et lorgne d’un regard circonspect les environs. La pointe de ce bout de terre n’est bordée que par de gigantesques dunes de sables aux reflets rubigineux et moirés. L’air est suffocant et le disque fauve s’incline vers la terre d’une rutilance sans nom. De toute sa sibylline et majestueuse éminence, le temple d’Yzanthar se hisse comme un mirage vers  la voûte des cieux. Le sable et la poussière a couvert  une majeur partie des écritures mystiques et ancestrales gravées dans la pierre de l’arcade. Mes fins sourcils blonds se tricotent bien serrés à cette vision :

- « Mequem-o-voidre. Ivra-drantit-mouiros. Ti-jeme-an soutium. An viviante fagairma. » C’est de l’Obsifiques. La langue primitive que parlaient les Anciens. Vous savez ce que ça dit ?! Que je lui demande, fielleuses mirettes allant observer en biais le Petit Prince, l’ombre d’un sourire goguenard planant sur le seuil de mes lippes… l’air comme qui dirait plutôt fier de ma connerie : Ils ne vous apprennent plus à décrypter les langues mortes, à l’école ?

J’ai beau me moquer de lui, reste que l’époque où l’on me bourrait le crâne de ces balivernes et foutaises remonte à loin et que son souvenir n’est plus très frais dans ma mémoire. À l’aube des 80 piges, souffreteux de plusieurs commotions cérébrales, les blancs de mémoires, c’est plutôt propice, me diriez-vous ?!

- C’est une énigme. Non. Une invitation à rentrer. Non. Attendez…

J’suis peut-être vieux, mais pas amnésique !

- « Mequem-o-voidre.» Mequem, c’est malheur. Voidre, ça veut dire vif… non… saloperie d’orthographe... j’ai toujours galéré avec ce mot : Vivant. Ça veut dire vivant. Oui. C’est ça : Malheur au vivant ! Ça veut dire malheur au vivant, Kingsteen !  

Wow ! Je me tapoterai moi-même dans le dos pour me féliciter de cette découverte !

- C’est une mise en garde. Un avertissement. Malheur au vivant…

Tout sourire, je regarde le Petit Prince.

- Malheur au vivant. Qui se réjouit dans la Mort.  Soutium, c’est sanctuaire. Hum. Non. C’est pas ça. Sang ? Oui, sannngggg ! Mais bien sûr ! Ça fait tout son sens ! Sinon, l’autre, il ne serait pas mort !

Victorieux, j’assène un coup de poing sur l’épaule de Kingsteen et lève  les opales vers la voûte céleste.

- Malheur au vivant. Qui se réjouit de nos atterrissements. Son sang, versé sur nos poussières. Pour que le chemin s’éclaire. La porte a besoin de quelques gouttes de votre sang, pour s’activer et s’ouvrir ! Seul l’Élu peut rentrer. Sinon… bah… on claque raide mort d’une malédiction ! C’est ce qui est arrivé à l’autre gars, la semaine dernière ! N’est-ce pas mémorable, Kingsteen ?!

Enflammé, je dégaine de son fourreau une lame rutilante et bien affilée… que je tends par le manche vers la paluche du Petit Prince.

- Une entaille. Ce n’est jamais qu’une petite entaille. Et c’est ici que nos chemins se séparent. Le reste du voyage. Vous devrez l’accomplir seul…

bitch we got a problem.

Décembre 1869

Salem : (...)

Est-ce que Salem a des descendants pour pouvoir parler aussi bien du rôle de père et des sacrifices qu'il faut faire pour sa progéniture ? Bonne question. Mais Kingsteen ne se sent certainement pas assez proche et en confiance pour lui poser ce genre de questions. En tout cas, peut-être que Salem a raison sur un point. Aeglos a peut-être sali son nom et a agit dans l'ombre pour faire de l'entreprise ce qu'elle est aujourd'hui. Sans tout ça, Teeny ne serait pas né avec une cuillère en or dans la bouche, c'était évident. Alors peut-être qu'il devrait pardonner à son père ? Hum... Non. Kingsteen ne voulait vraiment pas prendre le risque de salir l'image qu'il renvoyait. C'était un petit prince parfait... et puis son pouvoir avait tellement la classe qu'il ferait des envieux une fois qu'il serait totalement révélé. Il aurait le respect non ? Et... s'il récupéré cet artefact. Merde. Voilà qu'il était entrain de croire ce vieux fou.

Salem : (...)

Hum c'est vrai ça, depuis quand il les tient ces affirmations ? Si ça se trouve, on envoyait Salem dans un piège et comme un gentil petit toutou Kingsteen allait l'y suivre. Oh, pourvu que ce loup ne se soit pas fait piégé. Ou se paye sa tête... Kingsteen n'est pas quelqu'un de naïf mais sa curiosité pourrait le rendre ainsi.

Le bout du chemin arrive enfin. Il fait chaud. Marcher aussi longtemps n'est pas dans les habitudes du petit prince. Mais il ne le montre pas. Droit comme un I et avec toutes ses bonnes manières il sort un mouchoir - propre bien sur - de sa poche et essuie son front avec élégance. Il n'accorde pas un regard au loup et observe cet endroit devant lequel il se trouve. Est-ce que c'est le moment de sauter dans un portail ? Oh pour aller prendre un bon bain et revenir au lendemain, ça pourrait être pas mal.
Une forte odeur lui chatouille alors les narines et il éternue. Une chance que le mouchoir soit encore dans sa main. Maintenant, il est clair qu'il est sale... Le chiffonnant il le range dans sa poche et fait une grimace. Cette odeur est vraiment atroce. Mais il va devoir faire avec !

Salem : (...)

De l'Obsiquoi ? Kingsteen n'a pas apprit cette langue. Et disons qu'il n'a pas très envie de l'apprendre. Est-ce qu'au moins ça s'apprend encore sur Elvendyr ? Son père doit surement connaître. Rectification : il a du la parler dans une ancienne vie et vu qu'il en a recommencé une nouvelle, pas sûr que cette langue soit encore gravée dans sa mémoire. Enfin tant pis. Ce n'est qu'un détail. Si Salem fait son intéressant, c'est qu'il est capable de traduire non ? Sinon... il saute dans un portail illico.

Salem : (...) (...)

Ah ben voilà vieille branche, toi aussi tu ne sais pas ce que ça veut dire ce charabia ! Qu'est-ce que Kingsteen a bien envie de le lui faire remarquer et de lui rire au nez... Mais en réalité il n'est pas très bien. Être face à ce truc, ça prouve que la légende du bidule et de l'épée doit être réelle. Et il n'a pas très envie d'entrer là-dedans. Déglutissant avec difficulté, il lève la tête pour tenter d'apercevoir le sommet de l'endroit. Wouah...

Salem : (...)

Oui et ? Tu veux une médaille ? Clairement le regard que King lui lance est sans appel. Il s'en fiche. Du moins c'est ce qu'il tente désespérément de faire croire alors que ses boyaux sont entrain de se tordre à l'intérieur. Il a beau être un petit prince, il n'est pas forcément le plus courageux... Sauf quand il s'agit de sauver sa peau ou d'aider ses proches. Et là, Salem n'est clairement pas un proche qu'il a envie d'aider. Rho, pourquoi l'a-t-il suivi jusqu'ici ? Ca lui apprendra à être trop curieux. Son père le lui avait pourtant souligné que "la curiosité est un vilain défaut". Faudra écouter plus papa la prochaine...

Salem : (...)

Son regard se pose sur l'objet qui lui est tendu. Est-ce que c'est le moment de dire "Dites à ma famille que je les aime". Ca ferait tellement téhâtral. Tellement héros. Tellement sacrifice... Oh oui ça serait beau. Mais ce n'est pas ce qui traverse l'esprit de King à cet instant précis. Prenant une grande inspiration il attrape le poignard, observe la lame et... s'entaille bientôt la main. Pas une larme ne coule sur son beau visage. C'est qu'il peut avoir du cran quand il veut. Lui qui serait capable de pleurer parce qu'il s'est prit une écharde... Cette aventure va peut-être le rendre un peu plus résistant ?

La suite ? Il ne sait pas trop ce qu'il se passe. Mais le sol tremble et il se trouve presque comme aspiré dans l'endroit qui lui fait face. A moins qu'il ne soit entré volontairement et avec excitation là-dedans ? Bonne question. Toujours est-il que la porte se referme derrière lui. Maudit Salem. S'il s'est fichu de lui, la lame qu'il tient encore dans sa main ira se loger droit dans le coeur de ce loup ! Mais King n'a pas le temps de s'imaginer planter cette lame dans le coeur de l'autre dehors que... de choses étranges se produisent. Des formes blanches se dessinent tandis qu'une voix résonne. Le petit prince y répond, bien qu'hésitant puis... la conversation continue.
C'est étrange de parler à quelqu'un que vous ne voyez pas. Et ces formes blanches bougent sans cesse que ce n'est pas possible de voir leur visage. Est-ce que ce sont... des fantômes ? Bonne question. Mais Teeny ne la posera pas. Il se contente d'écouter les ordres qui lui sont donnés. Les indications qu'on lui fait. Et puis bientôt un courant d'air et le voilà dehors. Ses cheveux en bataille, son costume légèrement de travers, il rigole et regarde Salem.

Who ! Alors ça. C'était extra.

Il rigole et remet en place ses affaires avant de passer une main dans ses cheveux pour
y remettre un peu d'ordre. Combien de temps Salem a du l'attendre ici ? Bonne question. Mais pour lui ça lui a semblé durer à peine deux minutes.

Fichtre, j'ai laissé votre couteau là-bas. J'espère que ce n'était pas sentimental ?

Un regard sur la blessure qu'il s'était infligé quelques minutes plus tôt mais... plus rien. Décidemment... C'était vraiment étrange. Tout ce qu'il s'était passé là-bas... Alors soit c'était réel soit... quelqu'un savait faire apparaître des esprits, une autre personne était capable de soigner et une autre encore pouvait prendre une voix caverneuse. Avec tous les pouvoirs que l'on trouve ici ça ne serait pas étonnant.
Oui, même après ce qu'il venait de vivre, Kingsteen ne croyait pas totalement à toute cette histoire. Mais est-ce qu'on pourra réellement le lui en vouloir ?

Loukoum

And you move in a hostile way.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

- Le sang de l’Élu s’est déversé.
- Le sang de l’Élu a coulé.
- Sur nos poussières les quelques gouttes carmines sont tombées.
- D’un long et profond sommeil, nous nous éveillons. Vivons.

Les murmures glissent et errent sur les murs. Moires et réminiscences des âmes damnées et maudites. Elles ne peuvent êtres vues, sinon qu’entraperçues au détour du regard. Elles ne peuvent être vues, mais se doivent d’êtres entendues. Simulacres opalins et satinés qui dans l’écho de tous les âges ne font qu’à dessein régner sur les ruines et décombres d’une citée qui n’est plus.

- L’Élu est parmi nous.
- L’Élu est blessé.
- Vite, il faut le soigner !
- L’Élu doit savoir.
- L’Élu doit comprendre. Embrasser sa destinée.
- Pour enfin nous délivrer !
- De l’épée, il doit s’emparer.
- De la Providence, il doit se gorger !
- Au couché du soleil, il devra prêter une oreille.
- Pour entendre la colline chanter
- Au cœur de la montagne, il devra aller !
- S’enfoncer dans les entrailles malades de la Terre.
- Jusqu’à son noyau creuser.
- Pour enfin trouver.
- L’épée d’Yzanthar !
- De Foi et de Force, il aura besoin !
- De clairvoyance et de sagesse, il devra s’armer !
- D’innocence et de pureté, il est baigné !
- Notre aide, il aura de besoin !

• • •

Pendant ce temps, à l’extérieur du temple.

Lourdement, mon dos repose contre la paroi rugueuse et bouillante des pierres sacralisées du temple, là où même mon pied est allé y retrouver assistance, puisque faisant le pied de grue depuis plusieurs poignées de minutes ; aussi bien me mettre à mon aise et me distraire les méninges en ne faisant pas grand-chose au final ! Bras croisés sur la robuste armature de mes pectoraux bien ciselés de mes nerfs naturellement tendus, impassible, la dégaine imperturbable, interdite, j’attends docilement l’arrivée TRÈS espérée et attendue de mon petit prince bientôt roi ! Vouloir tuer le temps en fumant une clope, mais ne pas pouvoir le faire puisque paquet épuisé lors de cette longue et interminable randonnée ! Bloooddyyyy heeeelll ! Jusqu’au bout de ce périple, ce satané Kingsteen et sa téléportassions à la rallonge me les auront cassées, les baloches ! Ronchon, bouillant de rage, l’Azur métallique se lèvent vers le berceau oxydé et dans les flammes de l’Enfer, j’envoi mon compagnon de crimes se faire roussir ! Il ne perd rien pour attendre, celui-là ! Je me vengerai et avant même d’avoir le temps de le voir filer à l’anglaise au travers de l’un de ces maudits portails !

Speak of the devil…
Dans une bourrasque aussi incendiaire que décoiffant, les lourdes portes du temple s’ouvrent et sur le seuil béni apparait comme par enchantement la silhouette nerveuse et longanime de l’empereur minier à en devenir. Ébouriffé, émoustillé, exalté, habits de travers, les pleureuses de l’autre-côté ne l’on pas ménagé et le pire c’est qu’il s’en réjouit comme un pitre ! Suck an Elf ! Savoir que ça lui prenait ce genre d’épopée un peu sanglante pour le voir sourire et s’abrutir les neurones comme tous les autres gamins de son si jeune âge ; plutôt je l’aurais balancé dans ce fichu temple ! La joie, ça lui sied plutôt bien la gueule ! Et Diable qu’il est plus commode sans ce manche à balai d’encastré dans le cul !

- Oh, ne vous en faites pas pour le couteau. Y’en a une panoplie, au Skull and Bones, que je rassure, débonnaire, balayant l’air de ma main alors que je me désencastre l’échine de contre le mur du temple.

De bas en haut et de haut vers le bas, je l’ausculte sous toutes les coutures… histoire de voir s’il a bien tout ses morceaux et si les pleureuses de l’autre-côté ne lui ont pas trop dépucelé l’Innocence et l’Incrédulité. Moi ? M’inquiéter et m’en faire pour ce gosse de riche ?! Pfff ! Même sous la contrainte, jamais je l’avouerai !

- Alors ? S’était comment ? Vous savez où le trouver. L’artéfact ? Que je demande, curieux, impatient, hors d’haleine, alors que j’emboîte le pas vers le sentier de pacotille…

Pour finalement tilter et me retourner vers lui :

- Vous pouvez nous téléporter au Skull and Bones ? Aux alentours de l’alcool de votre choix, nous discuterons de tout ça…

À têtes et pieds reposés.
Please !

bitch we got a problem.

Décembre 1869

Salem : (...)

Au moins Kingsteen n'avait pas à s'en vouloir d'avoir abandonné la lame là-bas. Quoique attendez... Qu'en avait-il fait ? Il était là, debout, la lame dans la main. Et puis il a parlé. Il a discuté longtemps avec ces formes. Et il la tenait toujours en main, il en était certain. Alors... quand avait-elle disparu ? Peut-être quand il avait été propulsé dehors. Les âmes avaient du la garde comme un trophée ? Vous me direz... c'est mieux ça que de lui prendre un œil, un bras ou pire ! Que ces esprits gardent donc la lame s'ils le souhaitaient, il s'en fichait. Et puisque Salem aussi, le voilà qui était rassuré.

Salem : (...)

Kingsteen penche la tête de côté en observant Salem commençait à faire le chemin arrière. Est-ce que l'attente et la chaleur lui avaient fait fondre les neurones ? En tout cas ça allait à notre petit Prince de le laisser ici et de l'attendre patiemment au Skull and Bones, un verre à la main. Combien de temps mettrait le loup à rentrer ? Combien de temps mettrait-il avant de se rendre compte qu'il lui avait faussé compagnie en l'abandonnant ici ? Oh oui, c'était vraiment très tentant de le mettre en rogne. De tenter de le doubler avec cette épée de malheur. Mais il fallait l'avouer : sans Salem notre pauvre Teeny serait perdu. Le loup était plus... sage ? intelligent ? Hum... disons qu'il a plus d'expérience et croit réellement à cette histoire donc sera en mesure de trouver plus rapidement cette épée.
Alors qu'il ouvre la bouche pour rappeler à son camarade d'aventure qu'il peut les ramener d'un claquement de doigts - comme Joséphine... ok King ne connait pas - dans le bureau de Salem, ce dernier fait demi-tour et s'approche de lui. Ah ben, tous les neurones n'ont peut-être pas grillés. Il faut juste que les connexions se fassent. La chaleur doit les rendre plus longues à se transmettre.

Salem : (...)

Le petit prince fait un "oui" de la tête et bientôt son vortex apparaît. Se faufilant dedans en premier il ne le referme que lorsque Salem est complètement à l'intérieur. Se serait dommage de le priver d'une jambe ou d'un morceau de fesse quand même. Après tout c'est grâce à lui qu'il est l'élu. L'élu des ennuis oui...
N'attendant pas que Salem l'y autorise, King se laisse tomber dans le fauteuil qu'il avait occupé avant cette aventure et pousse un soupir. Il serait peut-être temps de lui raconter ce qu'on lui a dit non ?

Je vais vous éviter le blabla inutile de certaines de ces âmes, mais l'épée est comme vous le pensiez au beau milieu de la mine. D'après le message capté, il faudra y aller ce soir. Normalement... je devrais pouvoir être capable par je ne sais quel phénomène étrange de pouvoir ressentir l'objet de cet Artefact et donc de le trouver. Ce qui me semble totalement ridicule mais que voulez-vous... Faisons confiance aux voix dans ma tête.

Aux voix dans sa tête... Il passerait pour un fou si quelqu'un d'autre l'entendait. Mais peut lui importait. Il montrait à Salem qu'il ne croyait toujours pas à fond à cette histoire. Et si quelqu'un s'était amusé à le plonger dans un rêve au fond de cet endroit pour lui faire croire qu'il est en effet l'élu de quelque chose, alors autant passer pour un fou jusqu'au bout.
Est-ce qu'il avait hâte de se rendre dans les mines ? Il ne savait pas trop. Mais si... ça permettait à Salem de laisser ses ouvriers tranquilles, alors soit. Il ferait son charmant petit bâton de sourcier pour le mener à l'artefact et l'assommerait surement avec pour lui rappeler sa supériorité.

Loukoum

And you move in a hostile way.

♫♪♫
(C) CSS + Crossover by Disturbed.

La docilité et l’obéissance de ce grand gaillard fortuné me surprend. Agréablement. Vois-je là une opportunité à saisir ? Peut-être. Au bout de se périple, nous est-il possible de passer l’éponge sur nos différents et de voir apparaître une véritable alliance ? Peut-être. Je dois reconnaitre que le Petit Prince est une espèce très rare, voire en voie de disparition, dans le vaste étendu de mon cercle social. Agents de la paix et politiciens ripoux. Raclures de macadams, barons de la drogue et seigneurs du crime sans aucun doute gangrenés jusqu’à la moelle. Un partenaire sur deux qui me la fait à l’envers alors que je dois ruser de paranoïa pour ne serait-ce qu’entr’apercevoir une stratégie et anticiper  les risques que je prends au travers des associations criminelles et officieuses. Ma vie est un putain de jeu d’échec, où au dédale des manches, dans les travers de chaque pion placé, j’ai développé le sens de la circonspection et celui de la prévoyance. Je me méfis de tout et de tous. Du monde, j’en connais beaucoup. Des amis, sur les doigts d’une seule main, je les compte.

Silena.
Ariana.
Bloom.
Freydis.

À savoir dans lequel des deux camps siégera notre Petit Prince ici présent ? Cela reste à voir pour l’instant.

- Ce soir ?! que je ne peux m’empêcher de faire écho, mon magnifique cul musclé venant à peine d’embrasser le confort de mon siège en cuir alors que viscéralement j’extirpais d’un tiroir une bouteille de fort qu’il me tardait de nous faire découvrir : Nous venons à peine de rentrer ! Ce gros con de soleil est actuellement train de se coucher et la soirée va d’une seconde à l’autre nous poindre au-dessus du crâne sa foutue lune !  T’es certain que c’est ce soir ?! Et pourquoi pas demain ?!

Oui, paresseux, ronchon, très embêté, je remets en question les impénétrables Voix de l’au-delà. Qu’elles soient étroitement liées avec des forces cosmiques et supérieures… Suck and Elf, mais j’en ai rien à carrer ! Elles ne pouvaient pas décaler le truc d’au moins une seule journée ?! Idée que j’ai le temps de me doucher et saouler la gueule… de préférence les deux activités en même temps.

En voyant le minois imperméable et très hermétique de l’Élu, j’abdique, soupire profondément et arbore l’attitude d’un marmot gâté qui n’a pas envie d’aller visiter mamie, mais qui le fait quand-même puisque c’est pas lui le visage de l’autorité dans le bahut.

- En selle, sa majesté. Nous allons visiter vos mines et mettre la main sur ce qui vous appartient ! Dis-je, avec la joie vivre d’Igor le croque-mort alors qu’à même les canines je mords le bouchon de liège et débouche la bouteille de fort.

Le liquide alcoolisé se délie dans l’œsophage, sa brulure me tordant les boyaux, mais temporisant ma mauvaise humeur. Je me lève, contourne mon bordélique bureau et tends la bouteille vers la paluche du grand gaillard.

- Vous avez besoin de carburant. Ivres, cette petite excusions dans vos montagnes nous paraîtra peut-être moins pénible.

Peut-être. Ouais.

- Oh, j’y songe ; Auriez-vous l’amabilité de nous téléporter chez-vous ?

Sourire Colgate.

THE END
sujet terminé & verrouillé.