❝ GUN IN MY HEAD, feat. Basile & Hunter Morrow. ❞

Le nez dans tes sudokus, tu profites de ce moment de plénitude, au calme et seul avec toi-même. Enfin. La journée t'as paru longue et interminable, en grande partie à cause des chamailleries d'Elkan et de Roxane. De véritables enfants que tu te dois de gérer au quotidien... tu ne t'es jamais autant senti papa qu'avec ces deux gros bébés de trente ans. Ce calme disparaît à l'instant même où tu entends la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Une vague de contrariété te submerge et compléter ton sudoku au stylos n'est plus envisageable. Tu trocs ton bic contre un crayon à papier et ta gomme mie de pain. La gomme mie de pain, un accessoire très important pour toi, n'est-ce pas? Cette gomme a le mérite de ne laisser aucuns résidus, réutilisable pendant des années et modulable à volonté. Humer son odeur adoucit légèrement le mécontentement qui se diffuse dans ton organisme.

Finalement, tu décides de te lever et de retrouver Roxane afin de t'assurer qu'elle va bien. T'enfiles tes pantoufles de grand-père et quitte la chambre mais un peu trop tard. La tornade blonde est déjà montée dans sa chambre pour se doucher, laissant comme à son habitude une tonne de bazar sur la table de la cuisine. Tu détestes quand elle met le bordel et tu as bon râler... elle ne t'écoute jamais. Probablement influencé par les émotions de Roxane, tu traînes ta grosse carcasse vers les compteurs d'eau et tu coupes l'eau chaude. Il s'écoule à peine cinq secondes avant qu'elle ne hurle et jures de t'arracher les tifs pour torcher le popotin d'Elkan avec. Tu juges la leçon suffisante et remet l'eau chaude car de toute façon tu as du pain sur la planche. Tu retrousses les manches de ton pyjama en flanelle et t'actives en cuisine pour ranger. Quelques pizzas surgelés, un pack de bière, des salades composés et un dossier de l'agence. Ah... Tu comprends alors que la blondinette va passer la soirée à étudier un dossier. Curieux, mais surtout déterminé à l'aider, tu décides de le consulter. Il s'agit d'une disparition douteuse, d'une mort probable, d'un certain Gaston. Jusque là, rien de particulier... Jusqu'à ce que tu trouves le nom Morrow dans le rapport.

Tes sourcils se froncent alors que ton petit cœur s'active. C'est quoi cette embrouille? Tant que tu entends l'eau couler, tu te permet d'approfondir ta lecture en consultant les dossiers sur les frères Morrow. Une chance pour toi, tu lis vite et enregistre très facilement les informations. Une petite visite chez Hunter s'impose, n'est-ce pas?

* * *

Pack de bières dans une main, un énorme sachet comportant des chips, du coca cherry, des reese's et deux pizzas surgelés dans l'autre, tu quittes ton véhicule pour tranquillement te rendre jusqu'au domicile de ton meilleur ami. Tu n'as eu de cesses de cogiter pendant les courses, pendant le trajet. Tu te questionnes et surtout, tu t'inquiètes. Qu'a t-il bien pu se passer? Pourquoi Hunter ne t'as parlé de rien? Dans le cas où il est coupable, bien évidemment. Coupable de quoi, d'ailleurs? Pas de cadavre, pas de crime. Ainsi est la loi. Sait-il quelque chose? Est-il menacé? Dois-tu attaquer de front? Non... non. Ce n'est pas la meilleure méthode. Tu réfléchis, te creuses les méninges mais te voilà déjà devant la porte d'entrée. Les mains encombrées, tu décides de sonner à la porte en utilisant ton coude. Cela te demande un petit exercice gymnique mais c'est bon! Tu entends la sonnerie retentir.

— Midnight margaritas, que tu hurles avec entrain lorsque la porte s'ouvre. Sauf qu'il n'est pas minuit et que je n'ai pas de margaritas. Mais j'ai les bières!

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Une autre soirée à moi ? Sérieusement ? Fallait dire que j’avais beaucoup bossé dernièrement et que je semblais surpris lorsque j’avais l’occasion de m’écraser devant la télévision. Mon enregistreur était plein à craquer tellement je n’avais plus le temps de rattraper mon retard dans mes films et séries préférés. Ouais, fallait dire que j’étais un éternel geek et de bosser jusqu’à la fermeture au Devil’s ne m’aidait pas à me mettre à jour. La dernière soirée de libre que j’avais eu, Majandra était débarquée en panique après avoir surpris un homme se transformer en loup-garou. WHAT THE FUCK. Certes, mais bon, je commençais vraiment à me faire à ce monde – qui sortait tout droit des plus grands films d’Hollywood. On pouvait dire que ça avait de la classe, d’un sens, j’adorais, mais ça me terrifiait également. Dead of the Living Dead, c’était le remake que je craignais le plus de voir débarquer sur mon perron… déjà que depuis que j’avais été dans l’obligation d’assassiner de sang-froid mon voisin Gaston… je n’arrivais déjà plus à dormir. Je connaissais ce vieux cinglé – et pot de colle – depuis ma tendre enfance, vu que j’habitais la maison de mon enfance et il ne nous avait jamais lâché les baskets depuis 40 ans… jusqu’à ce qu’il agisse en fou furieux et tente de nous tuer, Derek et moi. Vous voyez le genre…

Tandis que je fixais le téléviseur avec insistance, couverture replié devant mon visage, je ne pensais plus à rien d’autre que mon épisode de The Walking Dead qui se voyait très intense. Quoi de plus freak qu’une bande d’humains déguisés avec des restes de zombies. Beurk. C’est en entendant la sonnette retentir que je sursaute d’un coup. Un petit cri se fit échapper, mais rapidement j’attrape la télécommande et appuie sur pause. Je marche doucement vers l’entrée, allume la lumière de la cuisine – parce que sérieux, j’avais la trouille en ce moment.. Lorsque je vis à travers la porte la silhouette de mon meilleur pote – Basile, je souris et j’ouvre avec enthousiasme. Je vois aussitôt ce qu’il avait amené. « Vingt heures trente-quatre et des bières, c’est quand même assez intéressant pour te faire rentrer. » Dis-je ravi par cette visite improvisée. J’avais toujours aimé côtoyer Baz et il savait qu’il pouvait me visiter n’importe quand. Enfin, quand je ne bossais pas évidemment. Étrangement, mon regard parcourut la cours avant de refermer. Avec l’histoire de Gaston, celle du loup-garou, les vampires, les spectres et Elvendyr, j’en pouvais plus de craindre l’impossible. Je commençais même à craindre que mes proches soient devenues des vampires… depuis quand je n’avais pas croisé Baz en plein jour ? Avais-je bien fait de l’inviter à entrer. J’arque un sourcil en le suivant jusqu’au salon. Je jette un bref coup d’œil à la pizza surgelé qu’il venait d’amener. Les ingrédients. « OH MY GOD DE L’AIL ! » Hurlais-je spontanément en déposant la boîte et en usant d’un grand sourire. « Viens dans mes bras cowboy, ça fait tellement longtemps qu’on a pas fait ça. » Dis-je en faisant une accolade des plus viriles à mon ami = deux tapes dans le dos. « Ta vue le dernier épisode de The Walking Dead ? Je suis en train de chier dans mon froc mec ! »

❝ GUN IN MY HEAD, feat. Basile & Hunter Morrow. ❞

Tu espères que ton meilleur ami ne va pas s'éterniser. La température ambiante n'est pas des plus clémentes en cette nuit et tu commences sérieusement à geler. C'est comme ça depuis que tu as quitté ton appartement car bien sûr, depuis que Roxane a "emprunter" ta voiture, le climatiseur ne fonctionne plus. Impossible pour toi de te réchauffer alors tu n'as qu'une hâte, trouver la chaleur rassurante d'une maison en compagnie d'Hunter. Une chance pour toi, la porte s'ouvre rapidement et tu présentes ton passe-droit à Hunter : les bières.

Il est content de te voir pourtant, y'a autre chose. Une couche plus vivace comme un relent de peur. Malgré toi tu sens tes entrailles se nouer sous l'angoisse. Au vu des circonstances t'es bien incapable de différencier tes sentiments de ceux d'Hunter. La joie de vous retrouver et la peur de quelque chose. Toi tu es terrifié à l'idée qu'il ai pu tuer Gaston. En vérité, tu as également peur pour Derek même si il ne te porte pas dans son cœur. C'est pourtant un grand sourire qui fend ton visage lorsque tu rentres dans le domicile des Morrow. Tu n'as pas besoin que l'on t'indique le chemin, tu te diriges tout naturellement vers le salon. Tu déposes tes affaires sur la table basse et souris en voyant Walking Dead sur l'écran de sa télé. Tu m'étonnes qu'il y'ai comme un relent de peur. Pour te mettre à ton aise, tu retires ton manteau que tu commences à plier soigneusement pendant qu'Hunter lit les ingrédients de la pizza. Tu hausses un sourcils, perplexe. Depuis quand il étudie la liste des composants? Il est devenu végétarien? Intolérant au gluten ou au lactose? Avec précaution, comme si il s'agit d'un nouveau né, tu déposes ton manteau plié avec soin sur un fauteuil. C'est à ce moment là qu'Hunter hurle, manquant de déclencher une crise cardiaque chez toi. Tu sursautes, te redressant pleinement. Ton palpitant s'emballe et t'as à peine le temps de te remettre de tes émotions qu'il t'agrippe pour une accolade. D'une certaine manière, tu ne vas pas t'en plaindre. Tu adores les câlins. Puis tu es encore gelé alors que lui est tout chaud. Tout comme lui, tu tapotes deux fois son dos avant que vous ne relâchiez votre étreinte.

— J'avoue ça fait longtemps. Faut dire qu'on a pas eu l'occasion de se voir en ce moment, entre ton boulot et le mien. Puis, je ne sais pas pour toi mais moi j'ai l'impression de ne pas avoir vu la lumière du jour depuis une éternité!

Ce n'est jamais qu'une façon de dire que tu travailles trop. Lorsque tu quittes l'appartement pour te rendre à l'agence, le soleil n'est toujours pas levé et lorsque tu la quittes et bien... la nuit est déjà tombée. Alors oui, il est vrai que ces dernières semaines, tu n'as pas vraiment eu l'occasion de profiter de l'astre solaire. Pour autant, ça ne te dérange pas tant que ça. Tu aimes tellement ton travail... sauf quand celui-ci t'oblige à interroger ton meilleur ami.

— Ouais, je sens ça. Y'a comme un relent de popo émanant de ton postérieur.

Tu fais mine de renifler son derrière avant d'éclater de rire. Tu n'aimes pas user de vulgarité mais pour cette fois... Tu peux bien te le permettre! Après tout, ce n'est jamais rien de plus qu'Hunter! Si tu ne peux pas te lâcher en compagnie de ton meilleur ami, avec qui d'autres tu peux le faire?

— Sinon oui, j'ai effectivement vu le dernier épisode! Elle est violente cette nouvelle saison!

Tout en parlant tu extirpes de ton sachet les chips et le coca cherry. Puis tu t'empares de la pizza pour examiner à ton tour la liste des ingrédients. Très vite une petite moue contrariée s'imprime sur ton visage.

— Je n'avais pas vu qu'il y'avait de l'ail. Tu me crois si je te dis que je me suis découvert une intolérance à l'ail?

Une bien drôle d'histoire mais dans l'immédiat, tu prends le chemin de la cuisine avec la pizza en question. Tu la déposes sur le plan de travail et te retrousses les manches. Une part de toi ne veux qu'une chose : profiter de la soirée avec Hunter. Malheureusement, tu ne peux ignorer la terreur qui lui noue l'estomac. Tu la sens, elle est bien là. Tu dois comprendre ce qui se trame et tandis que tu enfournes la pizza dans le four, tu réfléchis à la façon d'aborder les choses.

— C'est sympa chez toi, quand même. Tu ne dois pas avoir de problème de voisinage, je me trompe?

Tu balances ça l'air de rien mais du coin de l'oeil tu étudies la réaction de ton ami. Tu ne mets pas les pieds dans le plat mais tu espères que cette première allusion suffira à te rapprocher de la vérité.

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C’était un bon moment que je comptais partager avec Basile – bien que mes craintes me laissaient carrément nerveux. On dirait que depuis ce jour fatidique, je n’arrivais plus à fermer les yeux. Mes nuits étaient si agités que je n’osais même pas baisser ma garde un instant. Entre le meurtre de Gaston le psychopathe et la possibilité que des vampires, des spectres et je ne sais quel créature de merde puisse m’éventrer durant la nuit, ça en devenait invivable. D’un côté, je remerciais la vie de me faire bosser jusqu’aux aurores au Devil’s Tail. Ça me permettait de m’endormir une fois le soleil debout et ainsi craindre un peu moins qu’on m’arrache le cœur une fois au pays des rêves. Je prenais cette habitude malsaine depuis… de vérifier si ceux que je cotoyais ne s’avérait pas être une créature surnaturelle et pour le moment, Baze passait le test et j’en étais conquis jusqu’à ce qu’il me balance qu’il n’avait pas vu la lumière du jour depuis un bail. PUTAIN DE MERDE. Hurlais-je intérieurement. C’est clair, ça en ai terminé pour lui. J’aurais dû poser plus de questions à Freydis, comment vraiment les éliminer, parce que Basile n’était plus qu’un vampire démoniaque et il ferait qu’une bouchée de moi. « Quoi ???? Tu n’as pas vu la lumière du jour depuis longtemps…. Je.. hum… quoi… » Je bégayais solide, n’arrivant plus à mettre un mot devant l’autre. Mon regard cherchait quelque chose pour me défendre. Et maintenant, il est intolérant à l’air. Mes yeux s’écarquillent dans tous les sens et la panique m’envahie une fois de plus. « In…to…lé…rant.. à l’…ail.. » soufflais-je de manière saccadé et à peine audible. Je paniquais, je ne voulais pas me faire tuer aujourd’hui, pire, je ne voulais pas qu’il constate que je l’avais démasqué. « Ouais, c’est assez intense… » Dis-je en ouvrant le réfrigérateur en attrapant un pot d’ail émincé que j’avais acheté à l’épicerie. « Ça ne te dérange pas hein ? Je ne vais qu’en mettre sur ma portion. J'adore ça... moi je m'en suis développé une ... addiction !» Et j’en étends une quantité considérable sur une grande partie de la pizza au point où on ne voyait même plus la garniture sous toute cette ail. Baze continue avec les drôles de questions, j’arque un sourcil en levant à peine le regard vers lui, prenant le temps de bien étendre sur la pizza ce que je venais d’y ajouter. « Problème de voisinage ? C'est comme toujours hien... À part Derek qui n’a aucun respect pour ma collection de figurine Star Wars… non, je ne peux même pas dire que j’ai d’autres voisins… La plage est à côté et Gaston est … en vacances. » Je pince les lèvres totalement anxieux. Je devais changer de sujet, de toute façon, je devais trouver une façon de le démasquer. Freydis a dit que les trucs religieux, ça n’avait aucun sens pour eux… quoi d’autre… l’ail, le sang, l’invitation à entrer… le PUTAIN DE REFLET !!! « Attends-moi quelques minutes je reviens, je vais…. Au chiotte ! » Et je cours dans l’escalier pour rejoindre ma chambre. Je me mets à fouiller partout. Mais pourquoi deux hommes célibataires ne traînaient aucun miroir portatif avec eux. FUCK. Je vois ainsi ma lampe de chevet dont le motif du pied se voyait un petit miroir incrusté. Rien de très beau, mais c’était à ma mère et elle l’avait laissé ici en déménageant. Je cours jusqu’en bas, la lampe débranché à la main, risquant même de débouler les marches dût au fils qui tremblait dans tous les sens. J’arrive dans la cuisine et la pose sur le comptoir. Je souris – un grand sourire très forcé. « Elle est brisée. Tu sais la réparer ? » Demandais-je pour qu’il se rapproche. Je me pose derrière lui et tente de voir par-dessus ses épaules beaucoup plus imposantes que les miennes le reflet qu’il pouvait bien – ou pas – reproduire dans le petit miroir de la lampe sur pied de ma chambre.

❝ GUN IN MY HEAD, feat. Basile & Hunter Morrow. ❞

La peur, fourbe et sournoise, elle s'infiltre dans les pores de ta peau. La terreur, insidieuse, s'ancre dans ta chair. Tu frémis, une chair de poule qui ne t'appartiens pas. La boule d'angoisse qui se forme au creux de ton estomac t'alerte immédiatement. Ton ami a les pétoches. De quoi? De qui? Tu l'observes, suspicieux, mais tu t'efforces à rester impassible. Cependant, cette angoisse interfère avec tes propres pensées. Un truc cloche. On ne te fera pas croire que c'est l'épisode de The Walking Dead qui l'a mit dans un tel état. Il bégaie, cherche ses mots. Ton sourcil se hausse et tes mains deviennent moites. Une lutte entre tes sentiments et les siens. La suspicion se heurte à la terreur grandissante de ton ami.

Tu ne réponds rien, juste tu l'observes, toi et tes sourcils foncés. Tu réfléchis à la cause de son trouble. Tu revois ses réactions lorsque tu as mentionné l'absence de lumière dans ta vie et... l'ail. D'ailleurs, ce n'est pas humain de rajouter autant d'ail sur une seule et même pizza. Puis la lumière commence à se faire dans ton esprit. Tu affiches une mine déconfite. Merde. Non. Impossible. Se peut-il que d'une manière ou d'une autre... Non. Tu secoues la tête et préfères reprendre ton investigation principale. Tu l'interroge sur le voisinage, juste pour étudier sa réaction. Au vu de son état général, l taux d'anxiété que tu ressens, tu es incapable de l'interpréter. Dommage. Tu n'insistes pas dans l'immédiat. Le Gaston, en vacance? C'est une façon comme une autre d'envisager la mort.

— Pas de soucis, je t'attends.

Hunter se débine et toi tu en profites pour retrousser les manches de ta chemise. Un simple regard à la cuisine te hérisses les poils. Elle n'est pas sale, juste un peu en désordre... mais c'est assez pour te frustrer. Par ailleurs, tu vois un peu de vaisselles dans l'évier. Le temps que ton ami aille -supposément- au toilette, tu sors ton cellulaire de ta poche et met en fond sonore Drive me crazy de Britney Spears. Tu te laisses emporter par le rythme, la voix de Britney te détends, elle te berce et ton popotin se déhanche en rythme alors que tu enfiles des gants en plastique et astiques la vaisselle.

Le retour de ton ami ne se fait pas sans étonnement. Lors de son retour, tu cesses ta petite danse "sexy" et te retournes. Ton regard navigue entre Hunter et la lampe un moment, une assiette sale dans une main et l'éponge dans l'autre. Tu plisses les yeux, soudainement nerveux mais aussi méfiant. Une méfiance qui ne vient pas de toi.

— Ouais, que tu réponds sans grande conviction.

Tu ne doutes pas de ta capacité à la réparer. C'est de Hunter dont tu doutes. Tu es venu jusqu'ici dans l'espoir fou de le dédouaner d'un meurtre. Au lieu de quoi, tu as l'impression d'être plongé dans la quatrième dimension. Tu reposes éponge, vaisselles et gants sur l'évier, puis tu t'avances jusqu'à la lampe. La manière dont ton ami se glisse derrière toi et zieute par dessus ton épaule ne te plaît guère. C'est quoi, le soucis? Très vite, tu remarques le petit miroir incrusté. Hum. Tu décides de retourner la lampe, de sorte à ce que le miroir ne se trouve plus face à toi.

— Elle est cassée depuis longtemps?

Si tu le questionnes, c'est uniquement pour donner le change. Tu éprouves la certitude qu'elle n'est en rien cassée. Tu commences par retirer l'abat-jour pour vérifier si l'ampoule est bien visée. Ensuite, tu portes la lampe jusqu'à la prise la plus proche et tu la branches.

— Et la lumière fût.

En d'autres circonstances, tu afficherai un sourire radieux, fière d'avoir aidé ton ami... et c'est exactement ce que tu décides de faire. Tu affiches un sourire victorieux pour noyer le poisson. Tu cherches un moyen efficace de lui faire cracher le morceau et tu redoutes de viser juste. Et si il savait pour les créatures surnaturelles? Tu cherches une autre explication. Il y'en a forcément une autre. Tu espères être paranoïaque. Tu décides donc de tester les limites d'Hunter. En reposant la lampe sur la table, tu fais "accidentellement" tomber la pizza sur le sol.

— Nom d'un petit bonhomme en mousse! que tu t'indignes. Je suis désolé.

Tu t'arranges pour que le ton de ta voix sonne faux. En arrière fond, la chanson Drive me a crazy continue de jouer et tu regrettes cette ambiance tendue car tu aimerais bien pouvoir te trémousser sur cette chanson. Mieux encore... la vaisselle t'attends et maintenant, le sol est crade. Oh que ça te démange de nettoyer cette cuisine au complet mais tu ne peux pas. Avant, tu veux des réponses de la part de Hunter.

— Hunter, on se connait depuis longtemps. N'est-ce pas? Alors si tu me disais clairement ce qui se passe? C'est ton épisode de Walking Dead qui te met dans un état pareil? Parce que si c'est le cas, je te passe mes saisons de "Chair de poule", c'est axé pour la jeunesse.

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Le stress m’envahissait. Je n’arrivais pas à croire que mon meilleur copain pouvait s’avérer être un vampire. Un putain de vampire, blême et suceur de sang. Il ne méritait tellement pas un tel châtiment. Avec qui j’irais faire trembler le cœur de ses dames en exposant nos abdominaux sur la plage moi ? Le soleil brillant et chaud sur notre peau bronzé. J’en pouvais plus, j’étais horrifié à cette idée et je voulais qu’une chose, serrer mon vieil ami dans mes bras pour le consoler de son terrible sort… sauf qu’au final, si je faisais ça, il risquait de plonger ses dents dans la chair de ma nuque et aspirer chaque litre de sang que contenait mon pauvre corps et … je l’aimais mon sang moi. À l’intérieur de moi…

Après être revenu avec la lumière de ma table de chevet, je le laisse commencer à observer ce qui se tramait. Évidemment, elle n’avait rien, mais c’était le temps pour moi de vérifier son reflet dans le petit miroir incrusté de la lampe. Le pire, c’est que Basile était un putain de GÉANT et que derrière lui, je n’arrivais tout simplement à rien voir. Sur la pointe des pieds, je tentais d’observer par-dessus son épaule, puis ensuite vers la gauche et via le dessous de son épaule. « Tu as trouvé ? Parce que c’est embêtant… de se lever la nuit sans rien voir, je suis presque rendu à battre mon records personnel de petite orteil écrasé contre le coin du meuble de la chambre… et la dernière fois j’ai réveillé Derek tellement j’ai hurlé… » Mon sourire zigzaguait par mon mal-être. Il me demandait si ça faisait longtemps. « Ah oui SUPER longtemps. » Réponse tellement évasive en prenant trop d’intensité sur mon SUPER que ça en était bien louche. Merde, il venait de la tourner. Je ne pouvais plus rien voir. Il alla jusqu’au mur pour la brancher et réalise qu’elle était bien fonctionnelle. Je lui offre un grand sourire, feignant d’être surpris. « OH WOW !!! Merci merci Baze, tu me sauves littéralement la vie, mec sérieux, c’est wow, toujours mon héro ! » Et je lui fais toute suite une accolade pour le remercier, lui tournant ensuite le dos face à la pizza qui venait de rejoindre le sol. Ça en était trop. Je frissonnais de peur là. Il se mit à me questionner sur The Walking Dead et ma propre frayeur. Je tourne les talons, pose une main sur un couteau que je n’attrape pas, juste au cas où, pour me défendre. Je lui souris malaisé. « Ah hum… non non, il y a rien, c’est juste que …. » Et je regarde sa dentition. « TU AS UN PUTAIN DE MORCEAU DE BASILIC ENTRE LES DENTS !!! Viens on va aller t’enlever ça devant le miroir de la salle de bain, ça va être mieux. » Et je l’attrape par le bras pour le tirer de toute mes forces jusqu’aux toilettes.