Les yeux fermés, un drôle de sentiment envahissait la princesse des vampires qu’était la grande Illyria. Depuis combien de temps elle n’avait pas franchi le capte du monde terrien – et plus précisément la ville de Revealdown – en réalité, son dernier séjour datait d’il y avait presque 40 ans, vu qu’avant la fermeture de la brèche, Illyria se trouvait être enceinte et elle n’osait pas s’y aventurer – préférant se cloitrer dans le petit chalet qu’elle s’était dénichée dans le Emerald Kingdom. Enfin, elle en gardait un merveilleux souvenir – un puissant soleil sur sa peau, une plage splendide et une mer à perte de vue. Elle se rappelait même de sa fraicheur, de son odeur. Malheureusement pour elle, en traversant la source qui la conduisait de nouveau sur cette terre oubliée, c’était en pleine nuit qu’elle allait devoir s’y pointer. Depuis la fermeture, le démon Tharek mélangea son sang au sein la transformant ainsi en vampire sanguinaire et depuis ce jour, elle ne pouvait plus profiter de la sensation agréable du soleil qui tapait sur sa peau.

Une grande respiration et Illyria jonchait désormais le sol de Revealdown. Elle descendit la petite montagne qui la conduit rapidement jusqu’à une route pavée et s’arrêta au plein milieu de la route – arrêtant un automobiliste sur son allée – cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas croisé de véhicule roulant qu’elle en avait presque oublié leurs existences. « Bonjour ma p’tite dame, je vous ramène en ville ? » Lui dit-il après avoir abaissé sa vitre. Illyria fronça les sourcils et lui sourit. « Ça ne sera pas nécessaire. » Dit-il en ouvrant la portière et attrapant sa victime par le collet, dévoilant son visage vampirique et ainsi le vidant de son sang. […] Les roues de la voiture grincèrent à travers la forêt floridienne, laissant Illyria à son contrôle rouler jusqu’au centre-ville. Son manque d’expérience se faisait sentir vu que plusieurs têtes se retournèrent à son passage dût aux zigzags qu’elle faisait à l’épreuve de l’automobile. Une fois dans le centre, l’écriteau d’un bar attira son attention. « L’Elvendyr des Dieux. » Intéressant… Elle appuya sur les freins et délaissa son moyen de transport en plein milieu du stationnement du bar en question. Craintive, elle franchit le pas, dévisageant les hommes qui semblaient la dévorer du regard. Un profond dégoût lui montait à la tête. C’est à ce moment qu’elle vit au dessus de portes des titres lumineux « L’antre de Amara. – L’antre de Shaenna » et une pour chacun des dieux de son monde. Mais que se passait-il ici donc ? La vampire avança pour entrer à l’intérieur de celle de Amara où un homme croisa les bras en la fixant. « Il faut payer madame ! » Illyria s’avança de son visage de très près. « Tu vas me laisser passer si tu ne veux pas finir avec les yeux sorties de tes orbites mon mignon, d’accord ! » Rageait-elle en l’hypnotisant. Elle tourna la tête suivant le geste de la main de l’homme qui venait de lui ouvrir. Une affiche indiquait de s’assoir et de profiter. Illyria arqua un sourcil, mais prit place dans la petite cabine où une chanson s’activa et des spots de tous les couleurs faisaient vibrés la pièce. La vampire ne comprenait pas ce qui se passait. Amara avait-elle réussis à se libérer de l’emprise de son royaume ?

You're the one who's gonna lose

I gave it all and you gave me shit

- Mierda, mais c’est quoi ce bordel…

Clefs, vieux mouchoir, ribambelle de condoms de toutes les couleurs et grandeurs, vieux mouchoir numéro 2, rouge à lèvre, tampon, tampon, tampon, vieux mouchoirs numéro 3 et…

- BINGO!

- Juice, tu es demandé, l’antre de Amara!

Et bordel! D’un geste vif mais surtout peu subtile, je ressors ma main profondément enfouie dans le sac à main de ma tendre cliente de la table numéro 4. Glissant, dans une discrétion sans lendemain, le joli billet de 50$ à la poche de mon pantalon trop moulant pour être confortable.

- Oh et Juice! Essaie de remettre le string qui te pend au poignet dans le sac de Mme Verlow avant de partir!

Figé sur place, je n’ose même pas regarder ledit vêtement qui me pendouille bêtement au corps, incapable du moindre mouvement avant le départ officiel de la coordonnatrice de scène. Mierda, mierda, mierda…

- Monica, je te jure que ce n’est pas ce que tu penses… en fait si, mais non. Pas tout à fait. C’est pas que... je - tu comprends, -  je suis pas un vieux vicieux! Je te le jure! Je suis pas ce genre de dérangé renifleur de vieux soutifs! Je le jure, je ne faisais que…

Voler une pauvre quinquagénaire? Vendre mon âme pour par cher? Gratter les fonds de sacoche pour une poignée de peanuts? Foutre à feu le peu d’estime et de fierté qu’il me reste?

- Juice, je n’en ai absolument rien à foutre. Je ne suis décidément pas payé assez cher pour gérer ce genre de connerie. Moi, tout ce qui m’importe c’est que ton joli petit cul de Mexicain se rende à l’antre d’Amara avant qu’on perdre une autre cliente!

- C’est pigé, Monica!

Même pas le temps de regarder le visage désapprobateur de ma tendre coordo que je me rue déjà à la salle demandée. Bordel, du fond du corridor j’entends déjà ma musique. Mierda, j’ai manqué mon intro… Hâtif, j’entre dans la pièce, un éclairage éclectique me lichant le derme déjà en sueur par mon entrée précipitée.

- HIIII-AHHHHH!

Que je lance en faisant claquer mon lasso au sol. Et ouais, bordel que j'ai l'air con! Mais je vous jure, cette dame va en avoir pour son argent ET son attente! C'est moi qui vous le dit! Avec mon pantalon à frange de cuirette, ma chemise blanche tirant sur le transparent entrouverte et mon chapeau de cow-boy de velours, je m’approche dangereusement de la mademoiselle. J’essaie de peine et de misère à cacher ma surprise à la vue de cette jolie demoiselle. Mais c’est que pour une fois elle n’aura pas droit au rabais âge d’or! Fort plaisant, et un brin malaisant!

- Prêt pour ton rodéo ma belle?
 

Les néons tournaient dans tous les sens dans la cabine où je me retrouvais assise en attendant qu’Amara se pointe. D’ailleurs, je ne me souvenais même pas avoir déjà vu de pareils lumières du temps où je trainais sur Terre. Le style avait beaucoup changé depuis 39 ans fallait croire et ce choix musical, il me donnait envie de me crever les tympans. Tout ça ne m’inspirait rien de bon, mais de savoir qu’Amara avait réussis à sortir de Onyx Kingdom et qu’elle régnait désormais sur ce paradis terrestre me rendait curieuse. Je souhaitais tout savoir sur son assomption. Croisant les bras sévèrement, je faisais rouler la pointe de mes doigts sur le revers de mon bras en attendant qu’il se passe quelque chose. Lorsqu’un homme – à moitié habillé – surgit de la porte arrière en dansant d’une manière des plus désinvoltes, je me lève d’un bond. Je me sentis crisper face à ce spectacle qui me donnait envie de gerber. Déjà que je n’appréciais pas du tout la compagnie des hommes, de voir un individu se ruer vers moi en tentant de me charmer, je ne pouvais pas supporter. Mes sourcils se froncent, ma lèvre supérieure se contracta vers le haut en laissant échapper un grognement. D’un mouvement rapide je me rive sur lui pour l’agripper par le cou et l’écraser avec pression sur le mur derrière. « Amara ! Où est-elle ? » Et qui s’habillait comme ça ? Ce monde était étrange. Je n’étais surement pas au bout de mes surprises en débarquant à Revealdown après tant de temps. Mes pupilles se dilatèrent lorsqu’elles entrèrent en contact avec ceux du danseur. J’espérais des réponses – enfin non, j’attendais des réponses… parce qu’il était certain qu’il allait tout me dire. « Répond moi, infecte homme des cavernes. »

You're the one who's gonna lose

I gave it all and you gave me shit

Le temps de me remettre sur le tempo, de me moduler au rythme des notes qui tintent, et me voilà qui suinte la luxure comme une champlure sous pression. Bon j’ai dû sauter quelques mouvements de bassin du à mon retard, mais j’ai toujours dit à Thunder que l’entrée à quatre pattes était vraiment dépassée et clairement out of character pour cette chanson! Voyons. Une entrée du genre pour le mécanicien-sexy, le professeur-sexy ou encore pour le comptable-sexy, certes. Mais pas pour le cowboy sexy?! Voyons,c ’est d’une évidence déconcertante. Mais bon, ce sont toujours les mêmes qui ont leurs mots à dire sur la chorégraphie. Et bien entendu, le charme de Thunder ne passe jamais sous le nez coké de notre chère coordonnatrice de scène.

- Amara ! Où est-elle ?

Notre jolie brunette, comme qui dirait emportée par autre chose que la musique, vient me saisir au col pour m’enfoncer bien tendrement les fesses de mexicain perplexe contre le mur voisin. Ok, señorita! Propagar el fuego del amor! En toute honnêteté, mon cœur vacille entre deux réactions bien distinctes et fortes en émotion. D'un côté, mon cœur se crispe vivement dans le creux de ma poitrine à l’idée d’être obligé de repasser ma seule et unique chemise propre. De l'autre, ma petite caboche de gogo-dancer paumé se dit qu’un petit extra pour un poco de intensidad sur la facture me ferait pas de tort pour arrondir la fin du mois. Après tout, je dois encore 27,30$ à Charlize pour mes dernières extravagances à l’épicerie!

- Réponds-moi, infecte homme des cavernes.

Mais c’est qu’elle est insistante notre bonne femme.

- Amara? Mais, elle est juste ici ma jolie!

Que je lui susurre tout juste à l’oreille - du mieux que je peux m’étirer sans que la madame ne m’étrangle complètement. Mi dio, mais c’est qu’elle à une poigne de fer celle-là! Aussitôt, je presse vigoureusement le petit bouton magique qui siège fièrement sur ma boucle de ceinture à l’effigie de Jack Daniels. Et hop. Un petit show de boucane pour la mademoiselle. D’un geste habile. Je commence à dézipper mon pantalon.

- Si, si. Juste aqui!
 

L’heure n’était clairement pas à la rigolade. J’étais prête à retrouver ma charmante déesse – prise dans son royaume depuis beaucoup trop longtemps. Je n’avais aucunement envie de subir les tourments d’un pauvre et dégoutant spécimen masculin, drôlement vêtue. Continuant ma poigne sur son col, je m’attendais à une réponse rapidement. Malheureusement pour moi, ce dernier ne semblait guère comprendre ce qui se tramait présentement et suggérait qu’elle sortait tout droit de son … entre-jambes sous l’aspect de fumée. SÉRIEUSEMENT ! Je sentais la rage m’envahir, il reprit sa danse comme si de rien était, mais mon regard lançait des poignards présentement. « Quoi ? Mais qu’est-ce que vous êtes ? Vous êtes en train de me dire que la déesse a été transformé en une espèce de fumée volatile et que vous gaspillez son essence. » Je tentais de chasser la fumée à l’aide d’une main pour le rattraper – mais cette fois par la taille et l’enfoncer à nouveau dans le mur. La puissance de ce mouvement venait d’enfoncer le mur de fibre qui se trouvait derrière, craquelant le plâtre sous la pression. « Arrêtez cela toute suite et donnez-moi cette ceinture. » Je tendais la main devant moi. « Quel est votre nom, démon !? » Il fallait que je vienne en aide à notre déesse. Elvendyr était fichue s’il venait qu’à voir notre grande Amara disparaitre sous la brume. Je n’arrivais pas à croire que tout ça m’avait passé sous le nez sans que je ne puisse aider. Il me semblait que dernièrement, elle était toujours dans sa prison de verre à me guider dans ma quête. J’avais une folle envie de boire de son sang, de le faire souffrir comme il venait de détruire notre glorifiante déesse.