Un ronron reconnaissant monta dans la frêle poitrine du chaton alors qu’elle lui grattait derrière les oreilles. La petite boule de poils avait été drôlement brave tout au long de l’examen et du plâtrage de sa patte cassée, et méritait donc bien quelques câlins.
La famille qui le lui avait amené était déjà repartie, ne pouvant -voulant ?- pas l’adopter. Ils l’avaient trouvé devant chez eux, probablement renversé par une voiture un peu plus tôt dans la journée.

Une fois sa dose de câlin avalée, Leah installa le chaton dans un petit panier rembourré, en quarantaine pour l’instant. Elle remplit le bol d’eau fraiche, ajouta quelques croquettes, et accueillit le petit miaulement qui suivit avec un sourire.

« Mais de rien boule de poils. »

Oui bon, bien sûr, n’importe qui vous dirait que ce chaton avait probablement juste miaulé pour une toute autre raison que de la remercier, mais après tout, elle comprenait et interprétait bien ce qu’elle voulait. Et elle était persuadée, sans savoir pourquoi, que ce petit animal venait bien de la remercier pour les soins qu’elle lui avait prodigué.
Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’elle avait ce genre de pressentiment, et elle le gardait généralement pour elle, refusant d’être prise pour une folle trop sensible, ou de peur de tomber également de trop dans l’anthropomorphisme.
La jeune femme secoua la tête, sa tresse rousse venant heurter chacune de ses épaules dans le mouvement. Bien, assez rêvasser, les animaux sauvages attendaient leurs soins dans l’autre bâtiment. Mais à peine était-elle sortit de celui-ci qu’une nouvelle voiture arriva dans l’allée. Aussitôt, son chien loup aboya, venant se plaquer contre ses jambes. Les instincts protecteurs de son Balto étaient en effet un peu trop présent, et l’une des raisons pour lesquelles son ancien propriétaire l’avait lâchement abandonné, sur le perron du refuge en pleine nuit. Quant à son nom… Elle était fan de Disney, vous n’aviez qu’à lui faire un procès !

Pendant que ses pensées s’emballaient à nouveau dans tous les sens, la voiture avait eu le temps de descendre toute l’allée au milieu des arbres et de se garer dans la cours. Un homme en sortit, faisant apparaitre un grand sourire sur le visage de la rouquine.

« Hunter ! »

Elle s’avança à la rencontre du jeune homme alors que Balto bondissait pour lui faire la fête, habitué à sa présence. Un même sourire s’afficha sur les lèvres de son ami lorsque son regard vert se posa sur elle, et elle attendit patiemment qu’il finisse de saluer pour chien pour le serrer dans ses bras.
Un baiser sur la joue plus tard, elle s’écarta et lui sourit de plus belle.


« Je suis contente de te voir ! Qu’est-ce que tu fais là ? »

Et avant même que son beau gosse d’ami puisse répondre, des couinements suivis d’aboiements se firent entendre à l’arrière de sa voiture. Arquant un sourcil, Leah lui lança un sourire espiègle en le taquinant.

« T’aurais pas quelque chose à me dire, toi ? »

HRP:

(HJ: Non non c'est parfait ! Je te comprends, c'est pas évident de lancer un personnage !)

Depuis que moi et mon frère Derek avions assassiné notre voisin Gaston – ne me faites pas de procès, juste d’y repenser et j’en faisais encore des cauchemars – la vie semblait tourner de manière beaucoup plus préoccupante. Je ne passais pas une nuit sans me réveiller en sursaut après avoir vu cet homme rôdé dans la cours ou moi en train de se faire passer les menottes pour cet acte odieux. Je savais que tuer un humain s’avérait être atroce et impardonnable, mais Gaston était cinglé. Il avait tenté de nous tuer après avoir agis à la manière d’un chien enragé. Oui, d’aller l’enterrer dans les bois au lieu d’alerter la police n’était sans doute pas la meilleure des solutions, mais je ne pouvais me permettre de finir en tôle – ni moi, ni Derek. J’avais déjà assez de merde sur les épaules comme ça. Pas besoin d’en rajouter. Enfin… ce qui commençait à m’agacer, c’était les hurlements du chien de Gaston qui ne cessaient plus. Ce clébard risquait de nous faire prendre à notre jeu si je ne faisais rien. Notre voisin n’avait pas de famille à Revealdown à notre connaissance, donc personne pour lui rendre visite. Sa femme était décédée depuis un siècle. Même que je me demandais depuis combien de temps il vivait seul dans cette maison… bref, ce n’était pas la question.

C’est après m’avoir fait réveillé un matin de plus par ce putain de chien que je décidais d’agir. Après le petit-déjeuner, j’informais Derek que j’allais ramener ce chien à la fourrière – ou trouver une solution pour m’en débarrasser du moins. Je l’installe à l’arrière de mon vieux pick-up et pars en direction du centre-ville. Une fois face au petit centre animalier où bossait Leah Blake – ma nouvelle amie, je décide de m’y arrêter. C’était surement la meilleure pour prendre ce chien sous son aile. J’arrête le moteur et je sors pour constater la présence de la jolie rousse sur le perron. Je lui passe un bonjour d’un geste de la main en la voyant me rejoindre, glissant ses lèvres contre ma joue. Un petit sourire coquin gagnait mon regard tandis que je lui répondis. « Leah, en fait je passais dans le coin… disons que j’ai ce chien qui traine autour de ma piole depuis quelques jours déjà… personne ne semble le réclamer alors je me suis dis qu’une grande amoureuse des animaux comme toi pourrais sans doute m’aider à m’en débarrasser. Enfin… à lui trouver un toit je veux dire… » J’humectais mes lèvres en espérant qu’elle ne prenne pas ma maladresse à la lettre.

Alors qu'un air taquin emplissait son regard, Hunter ne mit pas longtemps à lui expliquer sa présence au Refuge mais également la présence du chien-bruyant- dans sa voiture.

« Oh je vois ! »

Elle prit un air exagérément triste, portant la main à son coeur avec une voix désespérée digne d'une actrice de série B.

« Et moi qui pensais que tu venais spécialement pour me voir. Snif. »

Incapable de jouer la comédie très longtemps toutefois, un grand sourire retrouva vite sa place sur son joli visage avant qu’elle ne fasse un signe de la main au jeune homme, l’incitant à lui ouvrir le coffre.



« De quelle race est-il ? Combien de temps cela fait-il qu'il rode autour de chez toi ? »

Tout en essayant de l'apercevoir à travers les vitres, et après quelques autres secondes sous les aboiements incessants, elle ajouta :

« Il a montré des signes d'agressivité ? »

Les chiens l’étaient rarement sans raison, mais celui-ci n’avait pas arrêté d’aboyer et de grogner sur Hunter depuis qu’ils étaient arrivés, et elle trouvait cela étrange. Pourrait-il avoir la rage ?
Son visage se fit plus sérieux alors qu’elle fronçait légèrement les sourcils en réfléchissant à toute vitesse.
Une fois que son ami lui eut donné les informations, elle leva la main pour le stopper.

« Tu sais quoi ? N’ouvre pas tout de suite, on sait jamais. Je vais mettre Balto à l’intérieur et chercher une laisse et un harnais, des gants ainsi qu’une muselière. Ce sera de toute manière plus prudent le temps que je l’examine. »

Elle lui sourit puis fit volte face en sifflant pour appeler son chien à la rejoindre, avant de s’arrêter à nouveau pour tourner la tête vers son ami.

« Tu m’accompagnes ? »

La présence de ce chien me perturbait d’autant plus qu’il me rappelait le crime que j’avais commis que le fait que je détestais ce sale clébard. Un pincement de lèvre et un léger regard en direction de ma vieille camionnette pour finalement répliquer à mon amie.

« Disons que j’aurais bien préféré venir te voir que pour toi. » Avouais-je en toussotant doucement.

« Tu penses vraiment que je m’y connais en clebs ? J’en ai foutrement aucune idée, juge par toi-même, c’est toi la spécialiste après tout. »

Je lève les épaules d’un geste désemparé en écoutant les directives de Leah. Elle avait besoin de l’étudier un peu. C’était peut-être un peu trop intense comme procédure, mais bon, j’étais qui pour lui dire quoi faire. C’était son travail après tout et fallait rester prudent quand même.

« Je ne pense pas qu’il aille la rage ou une maladie quelconque, il est juste … énervant comme son maitre… »

Ah merde, qu’est-ce que je venais de dire.

« Enfin, je veux dire, j’imagine que son maitre doit être aussi chiant que lui, parce que ne pas apprendre à son chien à ne pas japper… c’est inhumain. »

Je finis par toussoter un rire nerveux, sachant à quel point je détestais ce vieux Gaston. « Ça doit faire un mois qu’il tourne autour de chez nous. »

Dis-je en la suivant jusqu’à l’intérieur du petit commerce.