La dernière lueur du jour disparut dans le crépuscule de Elvendyr et je pouvais désormais sortir de ma tanière. Maintenant que j’avais près de moi ma chère Althea, je pouvais profiter de mon emprise sur elle pour la maintenir à mes côtés. Cependant et malgré tout, je semblais démontrer une certaine attache pour elle. Elle me plaisait beaucoup et son petit caractère me faisait sans cesse frissonner pour elle. Je ne pouvais pas me permettre de l’éliminer – surtout que je savais qu’elle ne possédait pas le même élément que son paternel, ainsi je ne pouvais pas la transformer. Ce qui était amusant dans notre relation, c’est que je lui laissais beaucoup de liberté. Ce n’était pas n’importe quel esclave. Elle avait besoin de quelques fournitures qui se trouvaient chez elle et j’aurais bien pu envoyer un larbin récupérer le tout à San Phoenix, mais je préférais m’y rendre moi-même. Je savais tout le remue-ménage que ça allait provoquer, mais je m’amusais de cette situation. Le clan de James Morrow savait parfaitement que je pourrais l’éliminer si on s’occupait de mon cas. J’étais assez libre de faire ce que je voulais lorsque je me présentais sur place. Le petit et ignoble Oswald n’avait aucune chance de me vaincre de toute façon.

M’y voilà. L’affiche indiquant l’entrée de San Phoenix. J’avais toujours un plaisir fou à me présenter là-bas. Tous les regards furtifs qu’on me lançait – je ne pouvais que leur envoyer l’appareil avec de grands et hypocrites sourires. Je me faisais beaucoup de plaisir. Je me rendis jusqu’au ranch que Freydis partageait lors avec Althea. Faisant acte de présence par un petit tour du propriétaire – passant par le ranch, observant les animaux pour finalement me présenter face à la porte d’entrée de la petite maison. Je toquais tout en souriant pleinement. « Toc Toc Toc ! » Dis-je à vive voix. On m’ouvrit finalement. « Ma future belle-sœur adorée ! J’espère que tu vas bien jolie brune ? » Je sautillais sur moi-même en ne perdant pas ma joie de vivre sur mon regard. En réalité, Freydis ne connaissait la nature de mon lien avec sa sœur depuis son emprisonnement. Je m’en attachais et si je pouvais finir par l’épouser, j’en serais conquise.

Shadows of the night

ft. Illyria

(C) CSS by Disturbed.

Il est près de vingt heures et le soleil décline doucement dans le ciel, plongeant progressivement la ville dans la noirceur du crépuscule. Juste avant de tirer sa révérence, l’astre solaire a éclaboussé de rose et d’orangé les imposants nuages parsemant l’horizon, offrant ainsi aux Natifs un éblouissant spectacle coloré avant qu’ils ne se retrouvent prisonniers de leur logis. Ce soir, la nuit est particulièrement sombre, sans lune et sans étoiles. D’épais nuages sombres couvrent le ciel. Demain il pleuvra sans doute. Mon regard se promène par la fenêtre de la cuisine, alors que je m’affaire à laver ce qui a été utilisé lors du dernier repas. Soudain, je sursaute et mon visage se déforme en une grimace de douleur. En lavant la vaisselle à l’aveugle, je me suis ouvert le doigt sur la lame d’un couteau qui traînait au fond de l’évier. J’extirpe alors ma main de l’eau savonneuse et je l’approche de mon visage. Mon sang se mêle à l’eau qui coule le long de mon doigt, de ma main et descend le long de mon poignet. Je regarde la plaie se refermer doucement, jusqu’à ce que la peau soit comme neuve. Pour moi, ça n’a plus rien de fascinant, je ne compte plus le nombre de fois où j’ai observé ce spectacle, parfois beaucoup plus hardcore. Ma main propre cherche à tâtons le tiroir contenant les linges, tandis que l’autre demeure au-dessus de l’évier afin d’éviter de souiller le plancher. Au même moment, une voix retentit de l’extérieur « Toc Toc Toc ! » Cette voix m’est familière et elle évoque en moi une colère bouillante, trop souvent réprimée et ravalée. Je sens d’ailleurs déjà cette agitation monter en moi et affluer dans mes veines, aussi chaude et dévastatrice que de la lave. Et je dois me répéter au moins cent fois de me calmer. C’est dans ce genre de moments qu’il m’est impératif de garder mon calme et de faire preuve de logique. Les événements ont trop souvent tourné au drame pour que je ne puisse me permettre de laisser mes émotions prendre le dessus. Il y a beaucoup trop d’éléments en jeux.

Je nettoie ma main ensanglantée, tout en me dirigeant d’un pas hésitant dans le hall d’entrée, puis j’ouvre la porte, m’exécutant avec un calme démesuré dont je suis la première surprise. Mon visage aussi neutre que possible s’efforce de dissimuler toute la palette d’émotions qui m’éclabousse de ses couleurs criardes à l’instant. Et j’essaie de me convaincre que je suis forte, beaucoup plus forte que je ne le pense… mais j’ai envie de m’écrouler sur place en voyant son visage. Ce visage qui a été l’auteur de tant de souffrances et d’épreuves auxquelles j’ai dû faire face. Ce visage, c’est celui qui a transformé mon père à jamais et qui m’a arraché mon village alors que je n’étais qu’une gamine et c’est celui-là même qui m’a volé ma sœur et qui la garde présentement captive. Je donnerais cher pour lui transpercer le cœur. Là, maintenant. Mais c’est impossible. Pas tant qu’Althea et une poignée de villageois sont gardés en otages. Ils les tueraient sur le champ et un autre vampire prendrait simplement la place d’Illyria. C’est ainsi qu’ils nous manipulent de main de maître. Je n’ai même pas le temps d’ouvrir la bouche, qu’elle prend la parole : « Ma future belle-sœur adorée ! J’espère que tu vas bien jolie brune ? » Il était clair qu’elle tentait de me faire réagir et je n’étais pas prête à lui donner le loisir de laisser ses paroles m’ébranler. Je ne pris pas la peine de répondre à sa question, et me contenta de lui en renvoyer une.

- Que veux-tu (espère de petit démon!!!) ? Pas question d’embarquer dans son jeux et de tourner innocemment autour du pot. Je voulais aller droit au but et abréger autant que possible cette conversation qu’on pourrait certainement qualifier des plus déplaisantes.

J’étais posée sur la palissade de la porte de chez Freydis en attendant qu’elle daigne me répondre. Certes, j’avais déjà usé de paroles pour l’interpeller bien que je savais qu’elle se trouvait à l’intérieur. Mes capacités de vampire me permettaient de sentir sa présence humaine et ça me plaisait bien. D’ailleurs, un pincement sucré venait de se frotter à mes narines. Comme j’adorais ce sang – et étrangement – je le trouvais plutôt différent de celle de ma proie. Je reconnaissais une certaine touche d’Althea, mais quelque chose de différent coulait dans ses veines. J’allais pouvoir m’amuser avec ma compagne et la questionner sur le sujet une fois de retour à Crimsondale.

La porte finit par s’ouvrir finalement et je ne peux m’empêcher de rouler les yeux suivant mon petit sourire crispée. Je savais que ma présence dérangeait beaucoup Freydis, mais je m’amusais bien de ses réactions. Elle ne prit que quelques secondes avant d’aller droit au but et cela me fit rire – un rire prononcé limite exagéré – je la fixais drôlement en avançant le bout du menton pour admirer ce qui se cachait à l’intérieur. « Olalah Freydis. Mais où sont tes bonnes manières ? Ce n’est pas comme ça qu’on reçoit de la visite. Surtout de la visite aussi précieuse. Je suis certaine que tu n’as pas oublié que j’ai une emprise sur ta petite personne… alors si tu n’es pas un peu plus convenable en ma présence, je pourrais m’amuser un peu avec ta sœur adorée. De toute manière, elle ne demande que ça cette jolie Althea. » Ajoutais-je en avançant d’un pas, virevoltant mon majeur dans les airs comme si je faisais de la magie ou un truc du genre. Je continuais à rigoler face à Freydis qui restait de marbres. « Puis-je entrer ? » Je n’avais pas été invitée par celle-ci, mais mon emprise sur sa sœur – qui résidait également dans ce ranch – m’avait donné cette permission par défaut. Quelle joie non ? J’avançais d’un pas en faisant comme si un champ m’empêchait d’entrer. Je fronce les sourcils grossièrement – l’air perplexe. « Allez Freydis. Je ne te veux aucun mal. Je veux seulement qu’on discute toutes les deux, papoter entres filles... parler shopping et chaussures ! » Je rigolais en la faisant un peu languir. C’est à ce moment que je ramenais mes mains vers mon buste pour prendre un petit élan et sautiller d’un bond jusqu’à l’intérieur du porche de sa résidence. « Oh oh ! Et me voilà à l’intérieur…. Au fait, ta sœur te passe le bonjour. » Je continuais à rire en levant les sourcils pour m’amuser d’elle.

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ft. Illyria

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À cette heure, la plus part des villageois sont rentrée chez eux et les agents de sécurités de San Phoenix effectuent des rondes fréquentes dans les différents secteurs du village. Je regarde par-dessus l’épaule d’Illyria et remarque au loin la voisine d’en face, observant furtivement la scène de par la fenêtre de son salon. Puis soudain, en voyant que je l’observe, elle s’empresse de refermer les rideaux d’un geste sec et va même jusqu’à fermer toutes les lumières de son logis. Rien n’est plus à prouver, la reine des vampires a une réelle emprise sur San Phoenix. Depuis l’attaque de Crimsondale qui a mal tourné, tout le monde se tient à carreau et plus personne n’ose se dresser contre elle. Voilà pourquoi elle a réussi à parvenir facilement jusque chez moi… tout simplement parce que personne n’a osé se dresser au travers de sa route. Je ne peux pas leur en vouloir. Ils ont peur. Elle a détruit leur village, assassinés leur famille, kidnappé des membres qui leur sont cher. Nous avons tous, de près ou de loin, été touchés par la perfidie de cette redoutable vampire. Et voilà que c’est moi qui vais devoir supporter sa présence et surtout, je vais devoir me débrouiller seule pour me débarrasser d’elle sans trop faire de vagues. Jouer les gentils moutons, si on veut.


Je savais pertinemment qu’elle ne répondrait pas à ma question. Ce n’est absolument pas son genre d’aller droit au but… elle est plutôt du genre à déstabiliser ses proies et s’amuser longuement avec elles. Cet instant est pour elle beaucoup plus jubilatoire que de se contenter de boire simplement leur sang. Je savais aussi qu’elle me parlerait d’Althea à un moment ou à un autre, puisque c’est son unique moyen de pression sur moi et qu’elle sait user des points faibles de ses adversaires. Elle a tout à fait raison. Le faite qu’elle détienne ma sœur doit être la seule et unique chose qui m’empêche de la tuer là maintenant. Et les mots me brûlent la gorge tellement ils ont envie de sortir : elle va bien? Tu ne lui as pas fait de mal? REND MOI MA SŒUR! Mais ce spectacle dégradant de pure faiblesse lui ferait beaucoup trop plaisir, alors je ravale tout ça et m’efforce de ne rien laisser paraitre. Je ne dis tout simplement rien. Je reste là, à la contempler, me répétant sans cesse les raisons pour lesquelles je ne peux pas lui régler son compte. Je me dis qu’alors, elle me trouvera peut-être tellement ennuyeuse qu’elle se dépêchera de partir. Mais j’aurais dut me douter qu’elle pousserait son numéro plus loin. Voilà qu’elle me demande tout bonnement si elle peut entrer chez moi. Et je ne peux m’empêcher de me dire qu’elle est encore plus insolente que je ne le pensais. Les vampires ne peuvent pas entrer chez les gens sans avoir eu un préalable une invitation de la part de son propriétaire. Il est absolument hors de question que lui donne le loisir de pouvoir aller et venir chez moi comme bon lui semble. Je croise alors les bras devant mon buste et soutient son regard.

- On sait très bien toutes les deux que je ne te laisserai jamais entrer. Illyria me dit qu’elle ne me veut aucun mal et qu’elle veut seulement qu’on discute toutes les deux entre filles. Je sais que c’est n’importe quoi, mais je réponds : On peut parfaitement parler de tout ça ici…

Contre toutes attentes, elle fait un petit bond et se retrouve en plein dans l’embrasure de ma porte… là où elle ne devrait pas pouvoir se trouver logiquement. Et j’avoue que l’effroi a déformé aussitôt les traits de mon visage. Mon cœur palpite dans ma cage thoracique et je suis prise d’un haut le cœur, en réalisant l’inimaginable ; Illyria peut entrer chez moi. Elle pourrait venir me tuer dans mon sommeil… mais ce n’est pas ça le plus effrayant. Je pense à Gyda. Elle n’est plus en sécurité. Et tout à coup j’ai peur, terriblement peur… je suis terrorisé. Mais je ne dois pas la laisser avoir raison de moi. Je dois me montrer plus maline. Lorsqu’elle m’annonce que ma sœur me passe le bonjour, je comprends tout.

- Tu as utilisé l’hypnose pour qu’elle t’autorise à entrer… c’est malin. Dis-je en hochant la tête, me déplaçant prudemment dans la pièce. Je lui fait signe de s’asseoir à table. Alors, sérieusement, de quoi veux-tu qu’on parle ? Je reste debout, à un endroit stratégique de la maison, tout près des escaliers, en haut desquels se trouve la chambre de ma fille. Je sais qu’elle est présentement en train de faire sa lecture, attendant d’être bordée. Avec un peu de chance elle restera silencieuse, absorbée par son livre.

Tout se déroulait comme je l’avais imaginé avant de franchir le seuil du ranch de Freydis et Althea. Manipuler cette pauvre innocente faisait sans doute partie de mes passes-temps préférés – après essayer de nouvelles fringues et me faire servir bien entendu. Freydis faisait partie de ses malheureuses qui tentaient de rester forte face au danger, mais qu’au final, se trouvait à être complètement dépourvue de tout courage. Je la trouvais admirable pour ce trait de sa personnalité, même que je n’aurais pas pu exiger mieux de sa part. Après tout, je n’avais pas seulement kidnappé sa sœur, j’avais détruit son village, vampirisée son paternel et éliminer une partie des habitants de son village. Comme la vie était drôle parfois. La brunette me répliquait – comme je le croyais – que je ne recevrais jamais une invitation de sa part, mais suite à mon petit saut, je ne pus que la provoquer encore plus en éclatant de rire. J’avançais en posant une main dans ses cheveux pour y faire rouler l’une de ses mèches entre mes doigts. « Toi non. Ta colocataire oui. » Évidemment, elle n’eut pas besoin de plus d’explication pour comprendre comment j’avais réussis à franchir le pas de son domicile et d’obtenir une invitation. Je sourie. Elle était rapide sur la compréhension. « Tu es une petite futée Freydis. Ta sœur te ressemble beaucoup d’ailleurs…. » J’avançais de quelques pas vers la porte qui menait sans doute à la chambre de sa fille. « J’espère que ta fille possède ce même instinct. » Et je tourne les talons pour me poser sur la chaise que me proposait Freydis. Je croise une jambe sur l’autre et je lève les épaules. « Je suis déçue, tu ne me proposes rien à boire, ni à manger ? Comme tu es mal élevée ? Pourtant, dès que je rends visite à ta sœur, elle… elle me permet de boire à la source même. D’ailleurs… j’ai appris quel est le don que tu possédais. Je n’ai encore jamais eu la chance de goûter à un sang régénératif…. Tu pourrais me permettre de jouir de ce bonheur un petit moment ? Une coupe m’irait. À moins que tu préférais que je goutte directement à la source ? » Évidemment, je continuais à jouer avec elle. Je n’allais pas venir jouer avec elle pour repartir 5 minutes plus tard quand même.

Shadows of the night

ft. Illyria

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J’ignorais que c’était possible… autoriser une créature de la nuit à entrer chez soi, alors que l’on se trouve à des kilomètres de son logis, dans une ville voisine, et ce, depuis des semaines! Et pourtant, je suis loin d’être une ignorante en matière de vampires. Ils font partie de ma vie depuis déjà bon nombre d’années… tant d’années que je possède très peu de souvenirs clairs d’avant qu’ils ne s’y fraient une place définitive. Il en est de même pour la plupart des habitants de San Phoenix. Pour survivre, nous n’avons eu d’autres choix que d’étudier attentivement le comportement de nos prédateurs. Reconnaitre leurs particularités et leur tempérament, prendre en compte leurs nombreux avantages, mais surtout, il nous a fallu déceler leur faiblesses afin d’arriver à les éloigner, ou au mieux, les éliminer. Les rayons brûlants du soleil, une atteinte au cœur ou la décapitation se révèle être les seuls moyen d’en venir à bout… mais au fil du temps, nous avons également réalisé que l’ail et la verveine leur sont hautement toxiques. Depuis ce temps, la plus part des habitants de villes voisines commencent leur journée avec une tisane à la verveine. J’effectuais moi-même ce sage rituel quotidien, avant de réaliser que ça ne m’étais d’aucune utilité, car étant donné que je possède un système qui se régénère ridiculement rapidement, mon corps à tendance à éliminer très vite de mon organisme toutes les substances que j’ingère. Il en est de même pour l’alcool, car mon foie se régénère très vite… d’où me vient justement ma réputation de tonneau sans fond. Je suis assez difficile à saouler… et la gueule de bois, je ne connais pas ça! Alors plutôt que de consommer la verveine, je me suis bricolé un tout petit pendentif en verre soufflé, renfermant à l’intérieur quelques feuilles séchés de cette précieuse plante.

Bref, donc je suis là, planté en travers de la pièce, alors que mon esprit, lui, cours comme un aliéné dans tous les recoins de ma tête, à la recherche de solutions. Et je m’en veux! Je ne peux pas croire que je n’aie pas envisagé cette option. Et si je l’avais su, peut-être aurais-je pu faire quelque chose pour l’empêcher?… mais ce n’est pas le cas, alors je dois absolument me hisser hors de cet océan de culpabilité qui s’abat sur moi et me projeter sur les solutions qui pourraient s’offrir à moi. Comment regagner ma maison, ma sécurité et surtout celle de ma fille?! Apparemment, elle n’a pas fini de se saisir de ce qui m’appartient cette satanée petite peste de vampire!!!

Illyria se rapproche de moi et tend une main près de mon visage, faisant tourner une de mes mèches de cheveux entre ses longs doigts fins, tout en me fixant avec cet air hautain et franchement amusée qui la quitte rarement. Je baisse les yeux vers sa main, sans sourciller. Puis elle me félicite de mon assimilation rapide et me confie que je ressemble beaucoup à ma sœur… et termine en formulant qu’elle espère que ma fille possède ce même instinct.

- Ça va de soit… Oh là… ça ne va pas du tout! Elle est sérieusement en train de franchir une limite d’où elle ne reviendra pas. Si mon regard pourrait envoyer un rayon tangible, je la transpercerais sur le champ. Mes poings se serrent à m’en blanchir les jointures. Je déglutis dans ma gorge serrée par l’émotion et ravale ainsi le venin qui me dévore l’œsophage. Mes pensées se bousculent, et j’essaie de comprendre les raisons de sa venue ici. Elle attend un service de ma part, elle vient me mettre en garde, ou m’annoncer une nouvelles, ou encore planifie-t-elle de me rompre le cou et s’en prendre à ma fille? Je crois que je suis en train de devenir paranoïaque. Et il est clair que je vais veux la tuer… avant qu’elle ne le fasse. Avant qu’elle ne s’en prenne à Gyda.

Je me déplace dans la pièce, lui présentant calmement une chaise pour assoir son petit derrière de reine, et je me plante tout bonnement à un endroit qui se veut plus ou moins stratégique… quelque part où je pourrai lui entraver la route advenant qu’elle se mette dans l’idée de jouer les kamikazes et de mêler ma fille à ses petits jeux diaboliques. Et je n’hésiterai pas lui arracher le cœur si elle me pousse à bout. Je trouverai bien de quoi accomplir cette besogne. Je suis très inventive… surtout lorsqu’il est question de protéger ma famille… en l’occurrence, ma fille. Le petit démon prend alors place sur le siège que je lui ai désigné et elle me réplique immédiatement sur un ton exagérément insulté; « Je suis déçue, tu ne me proposes rien à boire, ni à manger ? Comme tu es mal élevée ? Pourtant, dès que je rends visite à ta sœur, elle… elle me permet de boire à la source même. D’ailleurs… j’ai appris quel est le don que tu possédais. Je n’ai encore jamais eu la chance de goûter à un sang régénératif…. Tu pourrais me permettre de jouir de ce bonheur un petit moment ? Une coupe m’irait. À moins que tu préférais que je goutte directement à la source ? » Cette insolence dans ses mots et dans sa voix vient me chercher. Et je me demande ce qui se voudrait sage comme réponse? J’aimerais bien l’envoyer balader, mais présentement, avec ma fille à l’étage, il est clair qu’Illyria à l’avantage. Elle pourrait bien me faire faire tout ce qu’elle veut… mais je ne vais quand même pas la laisser se nourrir de mon sang. J’aimerais conserver le peu de dignité qu’il me reste. Alors je m’empresse de répondre par un mensonge.

- Loin de moi l’idée de vouloir te priver de cette expérience, mais je doute que tu apprécies le petit arrière-gout de verveine… Bien entendu je n’ai pas consommé de verveine aujourd’hui. Néanmoins, je porte toujours mon pendentif qui m’immunise contre l’hypnose vampirique… c’est déjà ça. Puis de toute façon, la morsure d’un vampire ne me serait pas mortelle, car il lui serait tout simplement impossible de me vider de mon sang, étant donné qu’il se régénèrerait en continue. Ce serait comme un buffet à volonté…. c’est un peu ce qui me terrifie en fait. Ça doit apparaître alléchant pour un vampire d’avoir à portée de main, une fontaine de sang vivante pour assouvir son appétit vorace.

Allais-je réussir à obtenir ce que je voulais ? La jugulaire de Freydis vibrait sur son cou et me donnais instinctivement l’eau à la bouche. J’en salivais depuis mon entrée dans son domicile et je ne savais pas si je pourrais gouter à ce délicieux nectar avant de repartir vers mon village. Ma visite ne venait pas de ce but premier, mais si je pouvais me nourrir d’un précieux sang – unique de plus – je ne cracherais certainement pas sur cette occasion en or. Je voyais que d’avoir amené la présence de sa fille dans la conversation la rendait anxieuse. Je comptais lui démontrer tout l’emprise que j’avais sur elle et ça, même sans avoir besoin d’user de mon hypnose ou de la force aussi. Je la fixais. Mes pupilles l’analysaient de la tête au pied et un sourire continuait à s’exprimer sur le coin de ma bouche. C’était malicieux, c’était arrogant, voir hypocrite. Je croise ainsi les bras face à sa réponse dont je n’étais pas d’accord… « Je suis certain que même avec de la verveine. Le goût de ton sang resterait un pur délice ! Loin de moi l’idée de t’effrayer, mais si tu m’offres un peu de ton nectar, je peux te promettre que rien de grave n’arrivera ce soir… ou pas, c’est toi qui voie beauté ! » Je lui fis un clin d’œil. Je m’appuie ainsi contre le coin de la table, pose mon menton contre la paume de mes deux mains jointes l’une dans l’autre et démontre ma dentition. « Jolie Freydis. Pitié. Fait moi ce plaisir. » Oh comme je m’éclatais à l’instant. C’était si drôle de s’amuser avec elle. J’avais bien choisi ma famille en transformant son paternel et en capturant sa sœur. Même le petit Oswald était l’un de mes joujoux préférés. Je me devais également d’en apprendre plus sur les origines de Freydis d’ailleurs. Le régénération cellulaire provenait d’un pouvoir de terre. Curieux vu ça ne correspondait en rien aux origines de ses « supposés » parents biologiques.

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ft. Illyria

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Parfois, je me demande s’il existe quelque part une créature qui puisse s’avérer encore plus insupportable qu’Illyria? Et à chaque fois, ça me paraît tout simplement impossible à concevoir. Elle est assurément l’être le plus invivable que j’ai croisé de toute mon existence. Et je peine à croire qu’elle ait déjà possédé une âme et qu’elle ait vécue parmi les autres Natifs d’Elvendyr comme quelqu’un de tout à fait normale. Enfin, autant qu’elle ait pu l’être à l’époque, car j’imagine que son comportement de petite garce odieuse aux requêtes de princesse gâtée, ne date certes pas d’hier. Sa condition de vampire n’a fait qu’amplifiés, malencontreusement ces quelques traits de caractère qu’elle possédait d’ores et déjà. Ajoutez à cela une absence de compassion, un goût exacerbé pour le sang, ainsi qu’une accablante tendance à la destruction… et on obtient la parfaite psychopathe prête à déployer son règne de terreur comme une ombre noir sur la totalité du royaume, rongeant toujours un peu plus de lumière… jusqu’à ce qu’il ne reste plus que les ténèbres. Oh, et puis, il ne faut pas oublier la horde de fidèles serviteurs sous sa gouverne, prêt à assouvir ses moindres envies… aussi extravagantes et déraisonnables soient-elles. On se retrouve alors avec un sacré problème sur les bras.

Et c’est mon cas. Là, maintenant!

Je suis affublé de ce satané problème. Je le tiens à bout de bras, l’offrant  généreusement à qui veut bien. Mais personne n’est là pour prendre le relais. Je suis seule. Vautré dans ce problème jusqu’au cou et je prie pour sombrer seule et ne pas emporter ma fille dans ma dégringolade aux enfers. Mais comment me débarrasser de ce paquet empoisonné avant qu’il ne soit trop tard? Parfois j’ai envie de tout abandonner. De tout laisser derrière et m’enfuir lâchement avec Gyda. Mettre autant de distance qu’il m’est possible d’en compter entre Sans Phoenix et nous. Nous installer quelque part où il n’y a pas d’Illyria. Quelque part où nous pourrions vivre hors sa portée. Hors de son ombre oppressante. Mais je sais que des monstres dans son genre, il en existe partout. Elle serait remplacée par une autre.  

Et puis de toute façon, je ne pourrais jamais me résoudre à abandonner le reste de ma famille. Althea, Oswald, ma mère… ils ont aussi besoin de moi.

La reine des vampires est juste là, assise devant moi, à ma table et continue impunément à me proférer des menaces. À moi et à ma fille. Et par je ne sais quel force d’esprit, je parviens tout de même à garder le peu de sang-froid qu’il me reste pour demeurer impassible, face à ses mots qui me font carrément l’effet d’une coulée de lave, me consumant des pieds à la tête. Je bouille intérieurement. Je frémis. Je brûle. J’implose. Et tout devient cendres et poussières. Les particules de ma colère refroidit flottent doucement dans les airs et m’enveloppent avec quelque chose qui ressemble à l’impénétrabilité d’un calme exemplaire. Pas de folie… ne fait pas de folie… Me répétai-je plusieurs fois dans ma tête, alors que ma mâchoire se comprimait fermement, serrant mes dents les unes contre les autres. Je me convins de demeurer empreins d’un flegme ennuyeux avec lequel elle n’aura pas envie de s’amuser plus longtemps. Avec l’expérience, je commence à connaitre les particularités de ses petits jeux, ainsi que les pions qu’elle se plait à utiliser méthodiquement. Illyria est constamment en quête de drames, de coups d’éclats grandioses et de feux d’artifices colorés… et je n’ai absolument pas dans l’idée de la divertir en lui offrant une scène à la hauteur de ses vicieuses attentes. « Jolie Freydis. Pitié. Fait moi ce plaisir. » Termine-t-elle sur un ton faussement implorant. Je vide mes poumons d’un soupir qui se veut impatient, puis j’avance de quelque pas, rétrécissant ainsi l’espace qui nous sépare elle et moi.

- Que vaut la parole d’un vampire au juste… ? Dis-je en baissant les yeux vers elle d’un air pensif.

J’ignore ce qui s’avère être la meilleur décision à prendre.
Mais le temps me manque…

Enfin... je juge que je dois obtempérer, et ce même si je ressens un puissant sentiment de faiblesse en obéissant ainsi à mon oppresseure. Néanmoins, il en va de la vie de ma fille et je ne peux me permettre de commettre le moindre faux pas présentement. Je me mords le coin de la lèvre inférieure et déglutis difficilement dans ma gorge comprimé, alors que je m’assois à califourchon face au dossier de la chaise juste devant moi. Je lance entre mes dents :

- Je veux que tu quittes ma maison dès que... tu auras finit… et ne reviens pas…

Je relève le menton, comme pour paraître fière malgré le niveau pathétique de bassesse que je viens d’atteindre. Et je me répète qu'il n'y a pas d'autre choix. Que c'est pour Gyda. Je cligne des yeux à quelques reprises, ayant du mal à croire ce que je m'apprête à faire... Si c'est cela que je dois faire pour qu'elle parte sans accros... soit, je serai sa marionnette l'espace de quelques minutes.

Je ne pense pas vraiment avoir le choix....
vue la situation dans laquelle je suis empêtré.

Je le ressentais. L’odeur de son sang. Je savais dès lors que son sang serait délectable. Je ne pouvais que de fantasmer à l’avance de ce goût sur mes lèvres. J’arrivais à la convaincre. Je le savais et j’en appréciais ce petit moment. Allez petite Freydis, laisse-moi goûter un peu. Tu n’as rien à perdre de toute façon. Tu sais que je ne partirais pas sans y avoir goûté et je possède une emprise sur toi. Enfin, emprise ou plutôt quelque chose de précieux à quoi tu tiens. Ainsi, en voyant qu’elle acceptait finalement, je lève les bras en l’air tout sourire. « Alléluia ! » Dis-je en tapant d’un bon coup sur la table lorsque mes bras se baissèrent. Je lève la main droite pour claquer des doigts. « Sors-moi ta meilleure coupe – enfin, je m’attends pas avec du cristal avec toi, mais si tu pourrais au moins y retirer les toiles d’araignées avant de me servir un verre, ça serait très appréciable. » Je continuais à lui sourire. « Pendant que tu me sers via la source même, je vais t’expliquer un peu les réelles intentions de ma visite, parce que tu dois te douter que je ne me suis pas déplacé jusque chez toi pour tes beaux yeux ou pour ton goût à discuter pour les rideaux en satin. C’est Althea elle-même qui m’envoie. Elle m’a fait une petite liste… attend… » Dis-je en posant une main sur la poche de mon pantalon, pour lever les épaules comme si je démontrais que j’étais idiote. Je glisse ma main dans mon soutien-gorge pour y ressortir la liste en question que je déplie et pose sur la table. « Voilà. Elle avait quelques trucs qu’elle voulait que je récupère. Alors si tu pourrais me faire une petite boîte et directement envoyer quelqu’un à Crimsondale pour la livraison. Ce n’est pas vrai que je vais abimer ma manucure pour une boite de babiole et avec le cul que tu te trimbales, tu devrais penser à marcher plus souvent. Une bonne marche jusque par chez nous ne te fera certainement pas de tort. » Je m’arrête un moment en la dévisageant. « Bon ça vient ce sang. J’ai soif et je m'impatiente... » Mon regard changea. Mes sourcils froncèrent me laissant un air sévère s'abattre sur mon visage.

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ft. Illyria

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Les bras appuyés contre le dossier de ma chaise, je toise mon interlocutrice d'un regard lourd de sens et porteur d'une haine sans lendemain. Mes mâchoires se contractent, alors que l'ultime fantasme de lui enfoncer un objet pointue en pleine poitrine me traverse l'esprit aussi brièvement qu'un météore dans un ciel d'encre. Mais, je cligne des paupières et détourne le regard, m'empressant de désamorcer cette perspective qui s'installe à son aise dans sinuosité des plus sombres de ma raison, sur le point de dérailler. Non. Je dois demeurer lucide et me défaire de cette soif de justice sanglante qui me pousse aux limites de la témérité et met immanquablement mes proches en dangers. J'ai beaucoup trop à perdre dans cette partie et je ne suis clairement pas prête à jouer tout ce que j'ai pour oser tenter le coup fatale. Pas là. Pas maintenant. Néanmoins, je caresse tout de même l'idée que ce jour arrivera... et beaucoup plus vite qu'on ne le pense. Je dois seulement faire preuve de patience. Je saurai attendre. Et le moment venu, je savourerai pleinement cette victoire, en regardant les vestiges de son visage démoniaque - synonyme de tant de maux - s'envoler dans une nuée de petites particules de poussière.

Et ce, sans précipiter le fil des événements.
Sans mettre de vies - autre que la mienne - en danger.
Ça m’apparaît réalisable.
Alors je ravale. Je réprime cette haine et cette rage qui me monte à la tête.
J'arrose le feu ardent qu'elle se plait à allumer en moi.

Illyria semble tout à fait ravi que j'accepte de me plier à sa demande. Évidemment! Elle jubile la diablesse! Si ça se trouve, elle n'a même pas douté une seule seconde de mon bon consentement. Fidèle toutou que je suis. La reine des vampires m'a très bien calculé et, à mon grand désarrois, elle sait qu'elle peut facilement me manipuler à sa guise en utilisant ma soeur, en menaçant ma fille ou même le reste de ma famille. J'ai beau sembler invincible grâce à mes capacités, mais la fragilité des êtres que j'aime me rend tout aussi vulnérable que le plus commun des mortels. Voilà ma faiblesse, la façon de m'atteindre la plus pernicieuse qui soit. Alors je n'ai d'autre choix que d'abdiquer. À contre-coeur. Malgré la honte. Le goût acerbe de la capitulation ne manque pas de me faire grimacer d'aversion. Sa façon de s'adresser à moi comme à l'un de ses sous-fifre me fait littéralement grincer des dents.
Elle
n'est
pas
ma
reine...
Mais je souris. Enfin, j'arque - de façon tout à fait artificielle - la commissure d'un côté de ma bouche en un sourire de façade. Je ravale la honte. Je ravale le dégoût. Je ravale encore la frustration, et tout le reste qui me donne la nausée. Et c'est là que je l’aperçois. Un petit visage opalin qui s'impose timidement en travers du mur de la descente d'escalier. Ma fille. Livre d'histoire à la main, complètement figée sur place sur la dernière marche. L'inquiétude qui se lit sur son visage me révèle qu'elle a reconnu notre invité surprise. La façade de mon sourire s'effondre tout à coup. Une dangereuse fissure lézarde mes rempares. Une faiblesse menaçant tout le reste de la fondation. Rapidement, mes iris reviennent vers Illyria, pigeant dans toute mes réserves de sang froid pour ne pas trahir la présence de la petite rouquine au bas de l'escalier. Pour l'instant, la reine des vampire lui fait dos et ne semble pas avoir remarqué sa présence, beaucoup trop absorbée dans son monologue nombriliste.

Je reviens à moi.
C'est à mon tour! Les projecteurs sont braquée sur moi.
C'est ma réplique... je ne dois surtout pas foirer.
Je me lève, en poussant un faible soupire - de la façon la plus naturelle qu'il m'est donné de feindre - et je contourne la table, me dirigeant vers les armoires surplombant la cuisine.

- J'aurais du me douter que la bonne vieille morsure au poignet ce n'était pas ton type... Je n'aime pas du tout ça, car je m'éloigne de l'escalier et par conséquent, de Gyda. Mon rythme cardiaque s'accélère, malgré tout mes efforts pour me calmer. Je dois bien avoir quelque chose qui fasse l'affaire... Dis-je en ouvrant une armoire haute, qui m'oblige à me mettre sur la pointe de mes pieds. J'en sors une coupe à vin, tout ce qu'il y a de plus commun. Voilà! Est-ce que ça comble tes espoirs de petite princesse...? J'hausse légèrement les épaules et soupirant. De toute manière, c'est tout ce que j'ai, alors tu seras bien obligée de t'en contenter.

J'ouvre un tiroir d'une main tremblante et en sors un couteau relativement tranchant. Nous y voilà! Je me sens déjà un peu moins angoissée, me sachant désormais en possession d'un objet susceptible de l'intimider advenant qu'elle décide de pousser sa provocation un peu trop loin. Je m'approche d'elle, dépose la coupe sur le coin de la table et tends ma main gauche juste au dessus. Puis lentement, je glisse la lame affûtée du couteau contre ma paume, sentant le tranchant pénétrer facilement ma chair. Les traits de mon visage se crispent un peu face à cette sensation, disons-le, franchement désagréable, tan disque le liquide épais et vermeille s'extirpe de mes veines et coule en un petit filet dans la coupe translucide. Bientôt, elle est remplit à moité et j'attrape le linge de tout à l'heure pour essuyer ma main, ainsi que la lame de mon couteau... que je garde toutefois en main, parée à toute éventualités.

- Voilà... Je fais un bref signe de tête vers la coupe qui j'ai laissé sur table. N'y prend pas goût... ça ne se reproduira pas... Ajouté-je d'un ton amer.

Je m’enthousiasmais juste à l’idée que Freydis puisse accepter mes requêtes et me servir comme si elle faisait partie de mes dissipes. Elle était si naïve, elle ne réalisait pas à quel point je pouvais avoir cet emprise sur elle et sa famille. Je pouvais me permettre n’importe quoi et d’avoir sa sœur près de moi me comblait tout simplement de bonheur. Cette famille, j’en étais bien attaché. Que ce soit la belle et sexy Althea, la vicieuse Freydis ou le sournois Layden – ils étaient tous uniques et tellement amusants à torturer. On ne parlait pas encore des parents d’ailleurs. Je continuais à observer toute la petite mise en scène que déroulait Freydis devant mes yeux pour me tendre finalement une coupe et une partie de son sang. « Comme je l’ai dit, je ne m’attendais pas à des goûts luxueux de ta part. Juste à voir l’état de tes planchers, on sait toute suite en entrant qu’on va subir déception après déception sur ce sens du goût si désespérant qu’il serait préférable de subir la pendaison plutôt que de partager un repas dans un endroit pareil. Ta fille doit avoir honte d’inviter des amis à la maison d’ailleurs. » Dis-je en faisant un petit signe de la main comme pour faire salut en battant mes doigts. Je lève les yeux en souriant. « Tu ne croyais vraiment pas que je ne l’aurais pas vu. Je l’aurais senti à des kilomètres à la ronde. Tu me sous-estimes beaucoup trop Freydis. » Je vais poser la coupe à mes lèvres, mais je m’arrête. « Petite. Rejoins-nous. Ne reste surtout pas dans ton coin. » Et tandis que le regard de Freydis se posait vers sa fille, je prends ce petit instant pour utiliser mon sens de la rapidité pour glisser une partie de son sang dans une éprouvette que je comptais analyser une fois de retour au manoir. Je n’étais pas venue que pour être généreuse et boire un coup après tout.

Shadows of the night

ft. Illyria

(C) CSS by Disturbed.

Bien entendu je ne suis pas naïve. Je connais les capacités atypiques des vampires, et naturellement je me doutais bien que les sens décuplés de mon invité débusqueraient la présence de Gyda au bas de l'escalier. C'était prévisible. Inévitable! Néanmoins, il était de mon devoir de demeurer calme et de paraître en possession de mes moyens malgré tout. Laisser la panique s'emparer de moi, me pousserais immanquablement à commettre des erreurs et s'avérerait possiblement fatale. Et je ne peux laisser de marge aux bévues. Trop de fois j'ai agi de façon impulsive, sous-estimant la perspicacité de l'ennemie et, à tout les coups, des gens que j'aime en ont payé le prix fort. Maintenant que je connais les stratégies de mon adversaire, ainsi que la perversité de son esprit franchement dérangé, je sais pertinemment que chacun de mes gestes doit être mesuré, afin d'éviter de ne voir s'écrouler toute la structure du château de carte que nous nous efforçons d'ériger en ces temps de tempêtes dévastatrices. Je le sais mieux que personne, les conséquences peuvent être catastrophiques! L'assaut de Crimsondale en est d'ailleurs un bon exemple: vies décimées, maison rongées par les flammes et otages privés de liberté. Tel fût le résultat de notre témérité qui aura poussé l'audace sans doute un peu trop loin.

Mais les erreurs ne se répéterons pas!

Lorsque la vampire fît allusion à ma fille je me raidis un peu et m’interromps dans mon mouvement, tenant d'une main tremblante le linge avec lequel j'essuie ma main entachée. Je déglutis dans ma gorge nouée par l'anxiété et fais doucement glisser la lame du couteau contre le tissu pour en essuyer le liquide aux reflets carminés. Mes yeux rencontre ceux de ma fille alors qu'Illyria l'invite à nous rejoindre. J'hoche doucement la tête valider à Gyda qu'elle n'a rien à craindre et fais quelques pas prudent dans sa direction. Bien vite, elle accoure à ma rencontre et je la cintre fermement avec mon bras droit, comme si cette puissante étreinte maternelle pourrait la sauvegarder de ce monde infâme qui ne fait qu'une bouchée des belles âmes pures telle que la sienne. Ses doigts enserrent fermement le tissus de mon vêtement comme si elle s'y accrochait, de peur de me perdre. Je baisse la yeux et remarque le regard qu'elle adresse à notre indésirable hôte. Celui d'une enfant pétrifiée face à un monstre qui hante encore ses pires cauchemars. Elle se rappelle de ce visage et elle se souvient de chaque détails de cette horrible nuit où cette femme est venu semer la terreur à San Phoenix et où elle lui a arraché de force sa tantine. Sa précieuse Althea qui veillait sur elle ce soir là, comme tant d'autre avant cette nuit fatidique. Devant ses azurs je vois presque danser la lueur des flammes incendiaires qui hantent encore son esprit plus aussi candide que je ne le souhaiterais.

- Bien... je suppose que tu ne comptes pas gaspiller ce qu'il te reste de temps avant le levé du soleil pour discuter avec nous de bagatelles d'êtres humains? Tu as sans doute mieux à faire? Dis-je en crispant mes mâchoires. Mon regard émeraude s'abaisse alors vers le papier froissé reposant devant elle, sur la table. Vendredi, vingt-deux heures, je viendrai te déposer la boîte avec tout les effectifs, mais en échange je veux voir ma sœur et avoir la garantie qu'elle est en vie et bien traitée.

Terminai-je la gorge obstruée par l'émotion que me prodigue ce sentiment affreux d'impuissance. La garantie qu'elle est en vie et bien traitée ne me suffit pas! Je veux la ramener parmi nous! Et par dessus tout, je veux tuer cette garce de vampire et libérer le royaume de son emprise dévastatrice. Mais pour y arriver, je dois faire preuve de patience et garder mon sang froid. L'approche de Silena est différente de celle de Layden... et si ça se trouve, elle est peut-être la clef qui nous débarrassera enfin de la menace d'Illyria? Mais pour suivre son plan il faut se montrer sur la défensive plutôt que sur l'offensive. Du moins pour le moment.

... les erreurs ne se répéterons pas.

En stipulant que j’étais au courant de la présence de la fille de Freydis en ces lieux, je savais que je venais de toucher une corde sensible. La jolie régénératrice allait désormais me manger la main – bien qu’elle le faisait déjà. Je retenais sa sœur en otage, je menaçais la vie de sa fille, de sa famille et son village et je m’amusais à m’abreuver de son sang des plus délectables. Un petit rire se crispait sur mon visage, lançant sans cesse des regards en direction des escaliers où se cachait la petite Gyda. « Tatie Illyria ne te veut aucun mal. » Je lui faisais un signe de la main, analysant la réaction de la mère. Je m’éclate alors de rire en poussant la main dans le vide, comme pour dire de laisser tomber. « On se reprend la prochaine fois tu veux bien gamine. Je viens de terminer mon breuvage et il semble clair pour tout le monde ici que je ne suis pas la bienvenue. Quelle idiote, je suis en train de tout prendre votre temps. » Je me lève en posant la coupe toujours tachée du sang de Freydis et recule de quelques pas vers la porte. Freydis me jurait qu’elle m’apporterait mon due et j’en étais ravie. Althea serait peut-être d’humour plus joviale si elle savait que je lui permettais d’avoir ses affaires – encore plus si elle pouvait discuter un peu avec sa sœur. Évidemment, sous mon emprise, mais quand même. « Althea se porte à merveille, elle possède même sa propre chambre. Si tu le souhaites, tu iras lui porter ta boîte par toi-même, vous allez même pouvoir jouer à la poupée et à la dinette ! » Je me tortillais d’amusement. Je fis un petit signe de la main autant pour Gyda que pour Frey. « Allez, à plus mes chéries ! » et je disparus en usant de ma supervitesse, déplaçant rideaux et portes derrière moi.

TERMINÉ & VERROUILLÉ