Les Bunny

On aurait dû jamais revenir. On était bien à vomir dans les ruelles de Belfast. Qu'est ce que c'était bien, de s'exploser le foi, de se faire flipper dans un manoir hanté, de visiter des cites, de respirer le bon air frais. De rire comme deux gosses, de se comporter comme des gosses, d'avoir déclencher quelques bagarres et d'en avoir été victime. Même si on était surtout les deux gros cons qui les ont déclenché. Du rhum des femmes de la bière non de Dieu, une ambiance plus légère nous avait bercé le cœur. Ce roadtrip dans c'te Grande-Bretagne et c't'Irlande, c'était juste parfait. Et puis, fallait rentrer. Mais avant de rentrer, on est parti au Canada, pays des élans, pour voir ma grand-mère et mon père, savoir comment ils allaient leur montrer que j'étais toujours en vie. Et puis on est reparti. A croire qu'on avait plus envie de se quitter.

Mon cœur est p'tet plus léger, mais mon âme est toujours en miette. J'ai mis en pause mes problèmes, mais je sais qu'il faut que je les règle très rapidement. Il faut que j'aille de l'avant. J'en ai b'soin. J'ai b'soin de me retrouver, d'me recoller. J'suis bien ici, j'suis bien avec lui, donc ça devrait aller. Tout ira bien June. Tout ira bien. Et puis, ya pas à dire, qu'est ce que ça a fait du bien, ces concours de beuverie, c'était si con. Et c'était drôle aussi de s'être pécho quasi mutuellement dans des situations cocasses. Moi avec un gars dans une ruelle, lui dans la chambre de motel. Nos hurlement dans ces situations étaient si fous ! De vrais gosses. De vrais cons. Mais c'était cool. Même de dormir à la belle étoile, dans une bagnole sans essence, alors qu'il pleuvait. Ouais ... c'était parfait. Juste ce qu'il nous fallait.

Et maintenant que t'es de retour June. Qu'est ce que tu compte faire ? Comprendre. j'avais rien dit à Derek quand on était là-bas, parce que j'voulais qu'on se vide le crâne et le cœur de tout. Mais maintenant, faut revenir et il faut parler d'choses sérieuses. 3 jours après notre retour, j'lui ai envoyé un sms très succin : dans la forêt, 14h35. Sois pas en retard. Le message était clair, comme de l'eau d'roche. On a des choses à s'dire. Et c'est pas d'la rigolade. J'entends la caisse s'arrêter et les pas s'approcher. je regarde devant moi et j'fais un truc invraisemblable : une boule électrique se forme dans ma main droite et je la lance vers un arbre mort qui éclate. Je me tourne alors vers lui « Faut qu'on cause » et qu'on trouve des réponses sur ce qu'il se trame ici, parce que ça va me travailler cette histoire

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Not tryna be indie. Not tryna be cool. Just tryna be in this. Tell me, are you too? Can you feel where the wind is? Can you feel it through. All of the windows inside this room? But you'll never be alone. I'll be with you from dusk till dawn. Baby, I'm right here. I'll hold you when things go wrong. I'll be with you from dusk till dawn.

SUITE DE :written in blood.
Plus tard, cette journée-là.

Crack ! Scrouch ! Tic ! Ploc ! Bim-kaboom !
J’sais pas ce que mes pieds écrasent comme ça, ma chouette, pendant que j’enjambe les racines, rochers et autres entraves naturelles ;  mais cette dégaine et ces foulées de gros ours mal léché passent pas inaperçu et font fuir la faune alentour. Rienàfoutre ! J’suis furax et à un iota près de commettre un meurtre ! Le SMS de June ne pouvait pas mieux tomber. J’ai besoin de la voir. J’suis comme un junckie en manque de son shoot de cochonnerie dans les veines et là je ne réponds plus de mes actes ; l’état d’esprit claquemuré dans la geôle humide de ce maudit crâne fucked-up qui à toujours a tendance à débâcler ces fureurs de boxer et les impudences de ces idées de rixes obscènes ! Fièvre aliénante qui me gausse d’images pas tout à fait sympathiques, où je me vois pulvériser les reins du premier crétin qui croise ma route et lui sortir les boyaux du bid’ pour les lui faire bouffer à belles pelletés ! Ces humeurs furibondes m’effraient parfois… et louvoyer au côté de June dans les travers de ce monde morcelé durant la dernière année ça m’a empêché de trop souvent y penser. C’est mon rempart. C’est ma moitié d’âme… la meilleure partie de moi-même, tout compte fait ! Dans cette prison chamarrée par les barreaux d’hiver, t’es mon putain de rayon de soleil, Lola.

Sans elle, c’est comme si je ne savais plus comment respirer.
Et la retrouver au cœur cette forêt sauvage, c’est savoir remonter à la surface après un long moment d’apnée. Ça fait un an que je me suis habitué à Nous… maintenant que je dois apprendre à revivre sans June… c’est comme si l’on m’amputait une partie de moi-même. La séparation est aussi douloureuse qu’insensée. Je le remarque alors que je viens retrouver la promiscuité de son ombre en laquelle je m’y pelotonne. Le myocarde pantelant soudain s’affole comme une colonie de papillons, ébrouant tout l’intérieur de ces émois que j’aime tant et allant se heurter contre le plafond putréfié de ma cage thoracique et laisser retomber dans le creux du sein quelques vestiges purulents. Les moires d’un sourire traverse doucement les traits bourrus de ma frimousse, l’Azur contemplant avec fierté les restes et ramures fumants de ce vieil arbre qu’elle vient de foudroyer de ses foudres. De jour en jour nous apprenons à maîtriser nos pouvoirs ; nous avons passés l’année entière à le faire et à comprendre ce mystérieux bordel !On doit se reprendre en main, à l’opposer de naviguer à l’image de ces âmes errantes et sans patries !

- On a fait beaucoup de conneries, June, mais j’crois que revenir dans ce trou pourri ; c’est notre plus belle et monumentale bourde ! On n’aurait pas dû rentrer à RevealDown.

J’veux retrouver notre cocon.
J’veux nous retrouver Nous.
J’veux retrouver ce qui je sens est en train de me filer entre les doigts.
Je tuerais, pour remonter dans le temps et reprendre le large.
Recommencer ce voyage.
Avec toi.

- Qu'est-ce qu'on fait ici ?

Étouffé par les affres de mon funèbre linceul, de peur de laisser jaillir quelques éclisses mortelles, j’emboîte le pas et ouvre notre excursion. Une partie de moi a envie de tout vomir… de lui confier ce venin et cette mièvre immonde qui depuis des mois s’agglutine à moi comme un écrin mortifère ;  mais révéler ma désastreuse mésaventure avec ma psy signifierait qu’elle prend de l’ampleur dans ma chienne de vie et ça je ne suis pas encore près de l’accepter.

Les Bunny

J'suis pas ici pour enfiler des perles. Dans la forêt, je m'entraîne, comme quand on s'entraînait pour nos pouvoirs, comme quand on allait aussi se beurrer la tronche d'alcool dans les différents pays Européens qu'on a visité. Je vous ai dit que la Belgique c'était le meilleur pays de la bière ? Non parce qu'on a pas que fait l'Irlande, l'Ecosse ou Londres. Nos foies nous ont détesté. Mais aujourd'hui, tout est différent. Il fallait revenir, il fallait reprendre notre réalité, il fallait qu'on l'affronte. Être revenue, est-ce une bonne chose ou pas ? J'en sais fichtrement que dalle, mais j'ai besoin de savoir ce qu'il se passe ici, ce que m'avait dit Aldrick, il y a plusieurs mois en arrière trônent encore dans ma tête. Elvendyr. Un monde dans notre monde. Ou l'inverse ? J'en sais rien, mais j'aimerais bien y aller, j'aimerai bien comprendre pourquoi on a ces pouvoirs avec Derek. J'aimerai comprendre tellement de choses.

A mon retour, tout était devenu plus ... facile. J'ai changé la déco de la maison, j'ai viré pas mal de trucs pour refaire une déco plus sobre et plus sereine, comme mon esprit. Le deuil est en marche, même s'il s'éternise malgré tout. Cette année m'a fait du bien. le retrouver, être avec lui, boire, manger, rire, discuter, découvrir ... toi et moi. A la vie, à la mort. Si j'pouvais, nous resterons à jamais ensemble. Le message fut envoyé il y a de bonnes longues minutes. Et c'est en entendant des craquements sur le sol, que je reconnais sa démarche. Je me retourne, déterminée. On doit avancer mon frère. On doit aller de l'avant, on doit bouger. On ne peut plus stagner, ça ne nous ressemble pas. « C'était pas une connerie Derek, c'était un mal nécessaire ». Derek. Quand je l'appelle ainsi, c'est que j'suis sérieuse.

Oui. Je le suis. Je m'avance vers lui et soupire, tandis que nous marchons ensemble, dans cette forêt paisible. Pourtant, nous ne sommes pas familier à ce type d'élément, nous sommes juste tout feu, tout flamme. Lol. La blague est drôle. Mais l'heure n'est pas à la vanne nulle. Vêtue d'un hoodie et d'un jean slim, les cheveux attachés dans une queue de cheval, mes rangers foulent le sol. Les mains dans les poche de mon hoodie, je garde mon regard droit devant « On a plus le temps de chialer tu sais. On a plus le temps pour ça, on s'est ... perdu d'vue » fis je en m'arrêtant pour planter mon regard déterminer sur lui « j'ai même l'impression qu'on est rouillé ! » fis je avec un sourire amusé en coin tandis que je reprends la marche.

Depuis mon aventure avec Aldrick dans la forêt, poursuivi par ces connards chelous, je n'ai plus eu affaire à eux. Faut dire que j'évitais leur QG, malgré des excursions en forêt de temps en temps, par simple curiosité et goût du danger. Derek est au courant de cette aventure, puisque je lui avais raconté tout le soir-même. Ecnore aujourd'ui, j'ignore qui sont ces tarés et ce qu'ils font de leur vie « T'as entendu parlé d'Elvendyr ? » demande je à Derek par curiosité

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Not tryna be indie. Not tryna be cool. Just tryna be in this. Tell me, are you too? Can you feel where the wind is? Can you feel it through. All of the windows inside this room? But you'll never be alone. I'll be with you from dusk till dawn. Baby, I'm right here. I'll hold you when things go wrong. I'll be with you from dusk till dawn.

Sa voix, comme une lame, déchire ma cervelle. Elle se réverbère avec la fulgurante rêche d’un choc électrique et pour une poignée de secondes court-circuite mes méninges. Comme si la bobine du film de ma vie était passée sur le mode arrêt, je me tétanise net et lui fais volteface. Derek. June ne m’appelle jamais ou rarement comme ça. Un voile d’incertitude retombe frugalement sur les traits déjà suffisamment tourmentés de ma figure d’albâtre alors que la chair de poule dégringole sur ma carne devenue bouillante.

- June…

Un étau m’enserre le myocarde, une lueur fauve est plantée dans mon thorax et pour un temps ce sont mes poumons qui recherchent de généreuses goulées d’oxygène. Ça ne va pas. Quelque chose ne va pas. Et ça remonte à loin. Très loin. Je déglutis de travers alors que je constate qu’elle a raison ; tout s'imprègne d'un goût d'amertume, on se lave de souillure et on se rouille dans les intarissables rivières de nos larmes. Cette inertie, cette vie entre parenthèse, elle en a assez… elle veut s’en arracher… et se sera un mal nécessaire. Sur le seuil des ombres, puis-je voir planer les moires de notre lointain passé et en l’âtre danser à travers les débris et de nos fous dédales nos deux spectres arrimés à un charme aussi curieux que puissant. Le goût du Danger. L’attrait de l’interdit. L’Everest de notre raison d’être. Et à quelque part, je vois mon âme-sœur se heurter et se déchaîner sur des rivages aux clameurs mortuaires et tranchantes comme le glaive ; la peur sourde de la voir risquer le tout pour le tout pour la quête de cette abrutissante vérité.

Elvendyr.
Ce maudit Elvendyr !

À grandes enjambées de géant, je lui emboîte le pas pour la rattraper et surtout pas la perdre de vu alors que nous nous enfonçons dans ces grands airs de prospecteurs qui nous embaumes.

- Oui. J’suis même déjà mort, là-bas.

Ah, bien bravo pour la finesse et la délicatesse !
Ça remonte à l’an dernier. Et encore je peux sentir ma carcasse se refroidir, comme je me vidais de mon propre sang dans les eaux mystiques de cette satanée fontaine. J’ai rien dit à June. Parce que je ne veux pas qu’elle s’intéresse à ce monde de fou…

Ce qui explique mon dégoût de revenir moisir ici.
En RevealDown. Les maux de ce royaume des damnés se déversent par grandes houles dans les gorges citadines. Et mon sang sacrificiel en est à quelque part responsable. Et c’est une putain de croix à charrier sur les épaules, ma chouette…

- June… je répète ma question : qu’est-ce qu’on fous ici ?

Et l’illumination divine me fauche d’une violence inouïe.

- TU VEUX ALLER LÀ-BAS !?!?!

Les Bunny

L'ambiance semble être soudainement électrique « Quoi ?! j'veux comprendre ce qu'il se passe depuis que j'suis arrivée dans c'te foute ville ! Tu crois que c'est normal ce qu'on est capable de faire ? Même à l'autre bout du monde j'peux griller les couilles d'un connard d'ivrogne ! » lâche je sans comprendre en gueulant. Parce que je ne fais que ça : gueuler, surtout quand j'comprends pas ce qu'il se passe et j'ai b'soin de comprendre, b'soin de savoir. Depuis not' retour, j'arrive plus à mettre la main sur ce sale cabot barbu et ça commence sérieusement à me courir sur le haricot ces conneries. Je soupire, alors qu'on marche dan c'te forêt, l'un à côté de l'autre. On aurait pu être ailleurs qu'ici, mais c'est mieux pour s'exprimer que le vide, la nature et juste nous.

Et ya un truc qui m'percute la tronche « COMMENT CA T'ES MORT LA-BAS ???? C'EST QUOI CES CONNERIES ????? » hurle je furax m'arrêtant, là, face à lui, rouge de rage et d'inquiétude. Qu'est ce qu'il veut dire là au juste ce gros con ? Qu'il est déjà allez là-bas et qu'il m'en a JAMAIS putain de parlé ? Derek perd aussi patience. Il me demande ce qu'on fou ici avant d'hurler si j'veux aller là-bas. Les dents serré, la rage dans le regard, j'lui décroche un coup de poing dans sa gueule avant de le choper par le col des deux mains et le coller à l'arbre « COMMENT CA T'ES MORT LA-BAS ESPECE DE SOMBRE CHEVRE ?????? POURQUOI TU M'EN AS JAMAIS PARLE ???? TU VEUX QUE JTE GRILLE LES COUILLES OU QUOI ??? TU CROIS QUE J'AI PAS ASSEZ DE PERDRE MON MEILLEUR AMI TU VEUX QUE JTE PERDE AUSSI ESPECE DE CRETIN D'EGOISTE ???? » hurle je à en perdre haleine, la peur au creux du bide, le cœur palpitant dans la poitrine comme un étalon lancé au quadruple galop pour sauver sa vie.

Je lâche Derek, non sans lui assigner un dernier coup dans l'ventre. « T'es qu'un connard. J'voulais juste savoir si tu connaissais c'te putain d'endroit. Alors j'vais t'le dire : j'voulais pas spécialement y aller mais là ouais, avec ou sans ta sale gueule de con j'irais ! » j'le laisse là, énervée, furieuse, vexée, blessée. Le souffle court, la mâchoire et les poings serrés, je suis furax. J'ai envie de lui casser la gueule pour lui enlever le goût de me refaire un coup pareil. Je tourne là, en rond comme une lionne dans une cage. Le souffle court, je m'arrête devant lui, les bras croisés « Maintenant tu vas cracher le morceau et tu vas cracher ce que tu sais. Tout. De. Suite » lui ordonne je. Il a pas intérêt à faire le con, parce que là, j'ai qu'une seule envie : c'est lui péter sa gueule. J'me sens trahie par mon frère d'armes, il sait TOUT sur moi et maintenant, MONSIEUR se permet de me faire des gosses dans le dos ? A MOI ? Là, maintenant, je le hais autant que je l'aime ... ce sombre con

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