MESSAGES : 4058 BARGE DEPUIS : 14/01/2019 ROYAUME : Empire State of Mind.
Sujet: written in blood. (AILEEN) Dim 23 Mai 2021 - 9:34
Blood red lips traced with a tongue they shine, cut thought a crowded room. A look can say a lot sometimes. And so I take all my past attractions and project on you. Every disappointment's and mistake, some resentment from a one-night heartbreak. My head is spinning. My hands go damp. There's still so much that we still don't know. But I'm fairly certain. That we just might work out right. Then again it can all go up in flames. And I'll take you down in the name of love.
Cela va faire deux minables et piteuses semaines que je suis de retour ici, ma chouette. En jouant les ermites encroutés, en m’autorisant à sortir qu’à la nuit tombée, je parviens à éviter le monde et je me vautre dans une clandestinité qui commence à me complaire. En le tombeau ouvert du poitrail, ce minuscule blueberry qui me sert de myocarde n’a pas assez de force ou de chambres -devenues trop restreintes- pour ne serait-ce qu’offrir asile à un lambeau d’émoi supplémentaire. Le traumatisme de l'an dernier est malheureusement encore là sournoisement tapit sous le cuir chevelu, lové contre les parois du crâne, comme une espèce de glaise écœurante et modelant la matière grise d’une sculpture aux effigies lugubres et mortuaires. La Mort éminente est une expérience que je ne conseille à personne, ma chouette. La Joie de vivre, comme éclipsé par l’écume du néant qui par ses houles vaporeuses érode les sens vers les flancs vitreux et spectraux de ces nuages colossaux pâmés à la merci de l’horizon ; t’as l’impression d’être coincé à l’intérieure d’une balle de ping-pong, tant que tout te semble impavide et blanc comme l’Heure du Trépas. Cette heure fatidique qui à la lourdeur d’un escadron suicide marche vers moi de ces allures de mont insurmontable.
Comble de l’ironie, arborer l’hygiène de vie d’un paria de la société, dans l’espace infini où plane la Solitude, il reste de la place pour les pensées inquisitrices et l’Angoisse de se retrouver seul avec soi-même. Bref ! Pour m’éviter de repeindre les murs de ma piaule avec les éclaboussures de ma propre cervelle, pour prolonger vers l’Immortel cette anesthésie fuyante vers les jours trop mortifères ; j’me suis autorisé une petite entorse à mes règles et j’suis sorti non dans la nébuleuse, mais par une belle et bouillante journée caniculaire.
- Bonjour ! Puis-je prendre votre commande ?
Mes opalines céruléennes la contemplent avec de rutilants et fluos points d’interrogation alors que l’albâtre de mes traits involontaires expriment le trouble de ce quidam qui rencontre le 4e type :
- Hin ?
- Votre commande. Puis-je la prendre ?
Oh, right ! J’suis au McDo. Du moins ma carcasse est presque échouée sur le comptoir de service, mais l’esprit lui vagabonde encore dans ce bassin de civilisation qui par flux colorés d’identités de toutes sortes et tous poils engorge le trottoir. Étouffé, oppressé, par le carcan tempétueux de ces âmes errantes en quête d’un traintrain quotidien aux mille et une histoires, j’essaie d’oublier la raison précise et exacte qui m’a poussé ici.
Gracieuse. Hypnotique. Envoûtante. Chimérique. Silhouette aussi astrale que céleste, aux pourtours cristallins et diamantés. Démarche gracieuse et indolente. Allure fauve et miroitante. Séraphique et diablesse. Un cygne voguant sur les moires d’Onyx du Styx. Docteure Davies. Toubib. Aileen ! Là. Fucking right there, de l’autre côté de la rue, sur le trottoir !!!! Arrêt cardiaque, j’me suis faxé comme un lâche entre deux tapons de gens, pour m’éclipser dans le premier commerce croisé. Et voilà où nous en sommes, ma chouette. Elle m’a pas vu. Sûr qu’Elle m’a pas vu. Impossible qu’Elle m’ai vu. Y’a trop de foule et de distraction. Nope. Nenon. J’en suis convaincu ; Elle m’a pas vu !
- Un café. Je vais prendre un café. - D’accord. Autre chose ? - Euh. Un sucre deux lait ? - D’accord. C’est tout ? - Euh. - En trio. Avec un œuf McMuffin et l’un de nos délicieux chaussons aux pommes ? - J’sais pas. J’ai pas faim. Ugh ! Vas-y. Fais toi plaisir ! - D’aaaccooorrddd ! Et c’est tout ? - J’pense que c’est assez ! - Parfait. Cela fera un total de 10,38$ !
J’lui balance presque mon fric à la gueule pour m’empresser de libérer la voie et me cacher dans un coin tranquille pour attendre ma fichue commande ; à l’abri des regards et des fenêtres.
Elle m’a pas vu. Sûr qu’Elle m’a pas vu. J’suis freaking incognito, mais surtout pas bien dans ma peau !
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
Sujet: Re: written in blood. (AILEEN) Lun 24 Mai 2021 - 4:44
“Tear me to pieces.” & L'énorme fourmilière se gonfle d'un appétit gargantuesque. Inspirant l'existence même d'un unique souffle, elle dévore l'espace, les corps esseulés qui s'efforcent de regagner la surface. Et dans ce brouhaha lancinant de rires et de palabres inutiles, il n'y a pas une oreille pour capter l'agonie de son voisin. Sûr que l'un d'eux pourrait broyer une âme tourmentée, là, couchée sur l'asphalte sans même le remarquer. Sans doute sont-ils chanceux de ne point se détourner de leur voie. Comme Aileen souhaiterait en faire de même ! Mais là, dans la mélasse de silhouettes empressées, c'est toute la solitude de l'univers qui semble lui voûter l'échine. Immobile, parfois pantelante, elle cherche d'un œil fiévreux celui qui voudra bien la soutenir un instant. Ne serait-ce qu'une seconde où elle ne serait plus tout-à-fait Aileen, en cohésion peut-être avec un ailleurs nébuleux qui s'empresse toujours de lui échapper. En vain. Egarés probablement dans un orgueil furibond, il n'y en a pas un pour ralentir son éternelle course contre les minutes mortelles et folâtres. Craignent-ils de ne pas suffisamment vivre ? Bien entendu. Et qui serait-elle pour leur en tenir rigueur ? Alors dans un bruissement de tissus, Aileen se mêle à ce magma de chair et d'os. Il est tellement plus simple de paraître, de se mélanger à ce tohu-bohu cosmique. Car au bord de la chaussée, les spectateurs, eux, ne peuvent que s'évanouir dans l'inconstance. Qui voudrait réellement n'être qu'un souvenir lointain ? Pas elle.
Une énième œillade en direction de la petite horloge qui s'égraine à son poignet lui rappelle qu'elle n'a point le temps de flâner. De l'autre côté de la ville, un rendez-vous l'attend. Pourtant le myocarde recroquevillé dans son carcan de femme, Aileen se surprend à traîner de la patte. Comme ces enfants qui redoutent alors la piqûre à venir, son regard ne cesse de se raccrocher à la moindre vitrine, espérant naïvement gagner quelques secondes d'accalmie. Ridicule. A dire vrai, elle n'est pas encore certaine de s'y rendre. Et elle quête çà-et-là la raison qui pourrait l'encourager à ne pas se défiler. Dans le reflet d'un étalage, les pourtours d'une fillette semble lui offrir l'esquisse d'un rictus insouciant. Serait-ce le signe tant attendu ? Elle y croit. Seulement lorsqu'elle se tourne enfin pour lui faire face, il n'y a que le vide pour lui rendre son sourire. Voilà que son esprit se joue de ses espoirs délétères. Aileen agite alors sa petite tête brune, mais une gêne familière s'en vient tarabuster un peu plus son désarroi. Agitée par les affres d'une toux mortifère, elle s'adosse dès lors contre les pierres d'une façade, un foulard à hauteur de ses lippes. Le raclement arbitraire lui brise le poitrail dans un étau titanesque. Il lui faut bien quelques minutes pour calmer l'euphorie de son affliction. Etourdie néanmoins elle reste là, le souffle court et le regard humide. Mais là-bas, de l'autre côté de son monde morcelé, un visage se détache de l'assemblée.
Derek ?...
D'abord, l'Apparition lui scie les jambes. Est-ce bien réel cependant ? Elle n'est certaine de rien. Alors prise d'un élan courroucé, c'est d'un pas franchement cotonneux qu'elle traverse la rue bondée. Durant tout son périple, pas une inspiration ne s'en vient lui dégager les bronches. Qu'espère-t-elle dans le fond ? Elle-même l'ignore. Qu'Il soit ici signifierait qu'Il s'est contenté de l'abandonner lâchement, sans même un regard. Qu'Il ne le soit pas, en revanche, pourrait sous-entendre qu'un malheur s'est abattu sur Lui. Si elle ne Lui souhaite aucun danger, Aileen espère néanmoins n'être que victime d'une chimère obscène. Alors elle bifurque à son tour au coin de l'impasse et...
... le choc lui dévore les tripes. Il est là, con, comme un gamin que l'on aurait pris en flagrant délit. Et elle comprend rapidement; Sa fuite, Son empressement. Mille-et-une questions l'assaillent dès lors. Mais une seule ne cesse de l'ébranler: pourquoi ? Une douleur cinglante lui tiraille la cage-thoracique, tandis que ses émois ne savent plus de quelle manière se comporter. Colère. Déception. Tristesse. Soulagement. Un pêle-mêle indicible qu'Aileen ne parvient pas à dompter immédiatement. Se serait-Il moqué d'elle ? Non... Cette fois la colère s'affirme. Et c'est la totalité de son être qui fulmine d'une rage glaciale, silencieuse. Un pas de plus, et la voilà toute proche de Son ahurissement. Calmement Aileen s'empare du café tout juste fumant, retire l'opercule, pour le Lui jeter en pleine figure sans un traitre mot. Cette fois le malaise s'étiole librement entre Eux dans un mutisme assassin.
« - Vous aviez oublié mon numéro, peut-être, qu'elle demande au bout d'un moment, acide, instaurant cependant une distance manifeste, ou bien êtes-vous trop lâche pour vous comporter correctement ? »
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Derek Morrow
MESSAGES : 4058 BARGE DEPUIS : 14/01/2019 ROYAUME : Empire State of Mind.
Sujet: Re: written in blood. (AILEEN) Mar 25 Mai 2021 - 14:23
Blood red lips traced with a tongue they shine, cut thought a crowded room. A look can say a lot sometimes. And so I take all my past attractions and project on you. Every disappointment's and mistake, some resentment from a one-night heartbreak. My head is spinning. My hands go damp. There's still so much that we still don't know. But I'm fairly certain. That we just might work out right. Then again it can all go up in flames. And I'll take you down in the name of love.
Du coin de l’œil, servie sur un plateau en plastique, ma commande glisse jusqu’à moi sur le comptoir. Indifférent, distrait, agacé, je remercie la serveuse en l’envoyant cordialement se faire cuire un œuf ailleurs et m’empare du brûlant gobelet en carton de ma paluche de panda empotée. Avec vivacité, un trou béant s’ouvre dans la jungle abdominale, laissant remonter jusqu’à l’Azur des vapeurs sirupeuses et démentes ; exhumant des souffles ravagés et aliénés lorsque les pourtours d’une menotte gantée s’invite dans le champ de vision pour venir m’arracher le gobelet du poing devenu moite.
Aileen. C’est une flèche qui atteint sa cible. C’est un coup de poignard en plein cœur. C’est un souffle de dragon qui balaye les contours brumeux de cette réalité étiolée vers ces miasmes diluviens. Sorte de pluie acide crevant les filtres de ce redoutable instant et consument ce voilage de ténèbres étourdissant ces claires-obscures retrouvailles. Le temps est dérisoire, mais la mémoire se libère comme elle s’enivre d’Elle et laisse maladroitement échapper sur le palpitant déchainé quelques merveilleuses idées enfouies. Les cœurs se fêlent, dans la disharmonie et la fureur nos âmes papillonnes dans le Mal se révèlent. Je peux les sentir s’ébrouer d’une seule et même houle, emportées vers les cieux dans le ballet et arabesque de mille et un tremblements. Coupable et odieux, la Honte et la Peur sont les œillères qui me privent de la mosaïque de Ses si envoûtantes Émeraudes ; même pas assez de dignité ou de considération pour regarder ce minois trop familier. Minable, lâche, martyre consentant qui ploie la nuque vers la guillotine et s’offre nonchalant à Celle qui a souffert et Se désespère de me faire boire les flots impétueux de Son grand et poignant emportement. Grisé et désespéré. Ébloui et hanté. Enchanté et mortifié. Le couvercle du gobelet est retiré et déjà les muscles de ma mâchoire se crispent. L’âme altière devine et le myocarde anticipe.
Impériale dans Sa rieuse ou grave indolence, Elle me balance à la figure ce geyser brûlant et incandescent :
- FILS DE CHIENNE, QUE C’EST CHAUD ! PUTAIN DE SALOPERIE DE BORDEL DE MERDE : QUE ÇA BRÛLE !
Jesus Christ ! Bloody Hell ! Aileen, you, nasty women !!! &%#$? !!!! Pendant que j’ai l’impression de me faire atomiser la tronche à grands coups de météore incandescent, les vasculaires et les nerfs de la figure emportés dans cette cascade de magma qui me dégouline sur les chairs ébouillantées, j’outrepasse mon envie de lui défoncer Son si adorable minois furieux d’un revers de mandale en allant emboutir mes poings sur le comptoir d’un vacarme tonitruant. Les jointures blêmissent, les ongles s’enlisent dans la peau des paumes, je ravale mon fiel, encaisse la douleur et inspire profondément. Le silence retombe à la lourdeur d’une stèle et il se veut aussi creux et vaste que les émois qui présentement s’enlisent en l’ornière du poitrail. Dans la fibre fragilisée du plexus solaire, c’est un astre fauve et resplendissant qui se plante et consume le moindre lambeau rougeoyant du cœur. Une piqure de rappelle. Menaçante et brutale. L’échine se raidit comme une corde de piano, je voute les épaules jusqu’à la hauteur des esgourdes et ploie le front vers le salut de mes poings.
Ses paroles, infâmes blasphèmes et dans les replis de l’âme tourmentée un ultime œdème. Ses accusations et Sa voix glissent sur mes chairs avec la précision de la Faucheuse et pénètrent insidieusement la carne avec les sinuosités de ces débris de verres clairsemés et acérés. Déchiré et crevé. Achevé et vaincu. Nous ne sommes qu’une illusion de tandem, à quelque part perdu dans les torts et travers de ces retrouvailles fuligineuses…
- Lâche ? Moi, toubib… Lâche ?!
Un sourire ironique érafle la barrière tordue de mes lippes, je redresse la colonne vertébrale et Lui fais volteface : Hypocrite ou Fourvoyée ? Vous préférez vraiment me déclarer la guerre, Aileen ? Comme pour me sanctifier de Son venin, je me passe une main sur le feu des joues et essuie au passage les bavures brunâtres de cette saloperie de café qu’Elle m’a gerbé à la figure.
- Qu’est-ce que vous me voulez ? Des excuses ?
D’une atroce paresse, dans tout le corps et l’âme c’est la dantesque Lassitude qui s’éveil et s’anime. Lenteur sacrée ou moqueuse. Je l’ignore encore. Sans grignoter la distance qui nous sépare et nous protège tous les deux, j’hasarde :
- J’suis pas désolé, Aileen ! Non, je ne le suis pas ! On ne se devait rien. Absolument rien. Vous vous souvenez ? Aucunes entraves et surtout pas de chaînes. Libres de tout et prisonniers de rien.
N’est-ce pas ce que vous voulez ? L’évasion éphémère, mais pas délétère.
- J’vais pas m’excuser d’avoir respecté vos propres termes et exigences, toubib !
Et je La contourne gauchement, le souffle absent dans les poumons, les azurs floutés cherchant de quoi pour me rafraichir la tronche ; prétexte parfait pour ne pas laisser transparaitre les couches de vernis qui dangereusement s’écaillent.
Elle ne doit pas savoir. J’dois enfermer tout ce grandiloquent bordel dans un coffre-fort et égarer la clé à quelque part. Les Oubliettes, se serait parfait, ma chouette !
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Aileen Davies
MESSAGES : 298 BARGE DEPUIS : 26/01/2020 ROYAUME : RevealDown, où bizarreries règnent et gangrènent le souffle.
Sujet: Re: written in blood. (AILEEN) Mer 26 Mai 2021 - 6:21
“Tear me to pieces.” & Comment a-t-il pu ?... Et cela tourne entre les murs défraichis de son vieux mausolée. Litanie tourmentée qui ne cesse de lui piquer l'âme et le myocarde. Mais qu'avait-elle cru, espéré, peut-être ? Quelques jours heureux sur le parvis d'une cabane au bord de l'océan ? Une accolade éternelle pour veiller la fuite inexorable de ses heures ? Une romance alambiquée, sans queue ni tête ? Non. Aileen n'est pas de ces femmes-là. Pourtant la fêlure est profonde, douloureuse dans le cercueil de ses espoirs délétères. Elle détourne ses mirettes, cherche un point d'amarrage dans le lointain, une infime particule qui pourrait l'arracher à cette rencontre tant de fois imaginée. Car jamais Il saurait l'Enfer qu'elle a traversé depuis Son départ, ni même le désarroi qu'elle n'a pas su repousser. Souvent, elle a cru mourir d'une agonie suzeraine. Souvent, elle a voulu planter ses griffes en le sein-même de son organe chétif juste pour taire la danse de ses soubresauts. Un brin d'amour, alors, dans ce torrent de haines et de ressentiments ? Bien sûr. Mais jamais elle ne l'avouerait. Pas même à l'instant, tandis qu'Il semble lutter contre la brûlure de son geste, contre un fiel plus néfaste encore. Sûr qu'Ils pourraient simplement s'étreindre de s'être trouvés loin de l'autre. Seulement l'amertume s'étiole chaque minutes un peu plus. Et bientôt, Aileen n'a plus qu'une fièvre délirante à Lui dégueuler. Les phalanges crispées autour de la cartonnette encore tiède, Aileen attend néanmoins le sursaut qui pourrait excuser ces mois de silence. Mais ce qui vient après cela n'a rien d'une caresse...
Aileen ne cille pas immédiatement. Dans son fort intérieur, l'information peine à trouver raison. A-t-elle bien entendu ? Certainement. Pourtant ses mirettes sont hagardes lorsqu'elles se posent une nouvelle fois sur Lui. Sonnée, comme martelée par des poings oniriques, elle en oublie le gobelet tout chiffonné qui, lentement, s'échappe d'entre ses mains éperdues. Quelle mouche L'incite à parler ainsi ? Aileen ne comprend pas. Ou bien ne le souhaite-t-elle pas. Cependant, elle ne peut contenir davantage l'émotion vive qui lui traverse l'échine. Tel un animal sauvage que l'on aurait gardé captif trop longtemps, l'émoi se diffuse par-delà la muraille et les remparts. Très vite, son corps de femme n'est plus qu'un étau souffreteux dans lequel elle ne peut que se rompre un peu plus, sans main tendue pour l'en arracher. L'iode lui cingle la rétine, mais cette fois elle ne s'en cache pas. Tout est trop aveuglant, trop assourdissant autour d'elle. Comme dans une ronde d'ivrognes. Elle en occulte jusqu'à sa propre personne. Comment s'appelle-t-elle déjà ? Peu importe. L'encéphale ne parvient même plus à envoyer les bons signaux. Tout en elle se court-circuite. Et elle croit sombrer dans un gouffre de tourments et d'insomnies. Pourquoi faites-vous cela, Derek ? Pourquoi t'efforces-tu de nous perdre dans le noir ? Une larme chemine finalement le long d'une pommette, qu'elle balaye d'un revers tremblant d'effroi.
« - Très bien, qu'elle articule péniblement, le timbre brisé par quelques flots impétueux.
Et elle songe à tout abandonner, là, sans même un regard. Tourner les talons, traverser la chaussée en priant pour que la course folle d'un véhicule ne vienne finalement taire les sanglots pathétiques de son cœur. Comme il est injuste de se prendre le revers de sa propre médaille, n'est-ce pas ? Tout ce qui lui passe par la tête n'est qu'une vague bordélique d'insultes et de cris stridents. Mais seul le silence s'en vient répondre à son chagrin. Que reste-t-il de Leurs souvenirs désormais ? Rien qu'une rature mortifère, à l'encre de Leur sève.
- Alors je crois que nous n'avons plus rien à nous dire.
Il est grand temps de partir. Mais son corps, lui, s'enracine. Dans le fond, elle voudrait qu'Il s'anime enfin de cette fougue adorée. Sûr qu'elle serait prête à tout balayer. Pas tout de suite. Pas tout à fait. Bientôt. Devant Son incroyable impotence, un rire sardonique agite cependant ses frêles épaules d'une aigreur à peine contenue.
- C'est tellement plus facile, n'est-ce pas, de se terrer dans son trou, de se cacher derrière quelques excuses toutes prêtes ? De rejeter la faute. De ne pas tout simplement assumer ses choix. Je constate, par ailleurs, que nos séances n'ont pas porté leurs fruits. Vous êtes toujours le même homme: fuyard.
Et de faire un énième pas en Sa direction, la démence au creux de l'Emeraude.
- J'imagine que votre fille serait fière de son papa.
Elle le regrette sur-le-champ, mais l'incendie qui l'abîme ne connaît désormais plus de limite. Elle en frôlerait presque l'hystérie, tandis qu'elle s'approche un peu plus.
- Bravo Derek, qu'elle souffle, rejetant sur Lui les frasques de sa méchanceté, tu as tout sali. »
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Derek Morrow
MESSAGES : 4058 BARGE DEPUIS : 14/01/2019 ROYAUME : Empire State of Mind.
Sujet: Re: written in blood. (AILEEN) Jeu 27 Mai 2021 - 20:47
Blood red lips traced with a tongue they shine, cut thought a crowded room. A look can say a lot sometimes. And so I take all my past attractions and project on you. Every disappointment's and mistake, some resentment from a one-night heartbreak. My head is spinning. My hands go damp. There's still so much that we still don't know. But I'm fairly certain. That we just might work out right. Then again it can all go up in flames. And I'll take you down in the name of love.
Elle appelle à la Haine. Elle appelle à la violence. Je sens Son ombre dangereusement venir se blottir contre la mienne alors qu’éperdument on se perd vers le soufre et les sirupeux abîmes. Prenez garde, Aileen. Attention, docteure Davies. Soyez prudente, toubib. C’est le délabré agonisant au creux du sein qui soudain se meurt doucement en suppliant ! Désespéré, fou, j’accélère le pas… comme pour m’éloigner de cet instant de pénombre qui inattendu nous absorbe dans sa gueule aux mille et une dents. Insurgé, excédé, je réalise que je suis trop focalisé sur ce que je viens d’entendre, pour faire preuve d’un peu d’instinct de conservation et je ne peux m’extirper vivant de cette mâchoire dantesque qui avec vivacité se referme sur mon échine. Clac ! La cassure n’a pas de grâce, se réverbère jusqu’au bout d’un temps et d’un autre espace. Je me brise et vestiges épars je me perds au fin fond de ce maze cruel qui pâmé sur l’horizon flou se profile. Vous venez de Nous perdre vers un sibyllin Ailleurs, docteure Davies.
Le cœur pourrissant désormais se décomposant vers les poussières de la désolation et l’entière dépossession. Altier, ô ma séraphique Veuve Noire, vous m’inspirez aussitôt que nos ruines et nos deuils. Grisé d’un orgueil douloureux, les coins des lippes courroucés d’un rictus amer, l’effroi souffle sur le front brûlant une fièvre à jamais mal éteinte. Nous devenons ces deux spectres damnés qui se condamnent alors qu’Elle m’immole de ses perfides et répugnantes paroles. Seulement, ô ma séraphique Veuve Noire, cette fois, je ne plierai pas le genou et vos futures excuses n’auront pour salut que de m’aliéner de zéphyrs rugissant qui n’auront pour ultime échos que ces belles promesses de liesses que vous venez de déshonorer. Vicieuse, misérable, Elle n’est que le triste guignol aux membres désarticulés qui s’ébroue et s’évertue en ce théâtre aussi abject qu’immonde. Traite et cruelle, pour étaler ici mes plus violentes douleurs et s’en repaître parce que la Haine se veut tant cynique qu’elle La repousse vers les plus odieuses bassesses.
Sidéré par Sa vilenie grossière et déloyale, je me retourne pour en le vitrail de Ses ruisselantes Émeraudes y voir se réfléchir le reflet de ces Azurs qui dévisagent avec tant de froideur et de dédain :
- Tu n’as pas le droit, Aileen. Tu n’as pas le droit de parler d’Elle. Tu n’as pas le droit de l’Invoquer.
Mes sourcils se froissent, comme une question cruciale s’enlise dans le mélimélo des folles et prestes pensées. Je me rapproche de Son funèbre lustre et lui vomis à la figure :
- Pour qui est-ce que tu te prends ? Qui t’es vraiment ?!
Je secoue la tête, soupire et abdique ; ça n’a tellement aucune importance. Le corps frémissant peu importe Sa réponse s’orne tout de glace et de cire. J’ai quitté cette ville de merde comme un Martyre et j’y reviens pour mieux guérir. Certainement pas pour souffrir !
- Vas au Diable, Aileen ! Que les flammes de l’Enfer brûlent et consument ta fierté à deux balles. Que les Ténèbres engloutissent ton maudit visage à deux faces ! Que la fièvre emporte ton esprit fêlé et malade ! C’est de ma fille que tu parles. C’est sa mémoire que tu essaies de salir ! Et je t’interdis de l’utiliser pour espérer m’atteindre ! Rejoue moi cette carte et je te l’enfonce si creux au fond de la gorge que plus un seul homme ne sera passible de t’arracher le moindre éclat de voix en s’enfonçant en toi ! T’as peut-être l’habitude d’obtenir tout ce que tu veux en écartant les cuisses, mais ce luxe avec moi s’arrête ici et maintenant ! Tu fermes ta gueule, tu vas sagement te faire foutre et tu laisses ma fille en dehors de tes obscénités malsaines.
L’étau s’empare sans aucun ménagement de Son biceps, pour avec dédain et fureur L’approcher de ma carrure despotique et impériale. Je l’étouffe de ma colère abjecte et mon désespoir immonde. Son si beau corps de femme, devenu objet Hideux et Angoisse de mon monde écartelé :
- Tu étais ma raison de partir. Tu étais ma raison de rester. Tu étais celle qui pouvait tout changer. Et parce que tu pouvais tout changer, Aileen, j’ai préféré occulter l’au revoir… parce qu’une simple parole ou un simple regard allait me convaincre de rester ici.
Je repousse cette folie au loin, dans la terreur sourde qu’elle me gagne alors que sans aucun ménagement je La délivre de mon emprise en L’envoyant valser sur une table adjacente.
- C’est con, pas vrai… de t’avoir donné une si grande importance ? J’vais demander à ton incompétente de secrétaire de me référer à quelqu’un d’autre. J’crois que le prochain va savoir fermer sa gueule. J’te souhaites une belle vie, toubib !
Sous les regards intrigués et mystifiés de la plèbe, sans la moindre considération pour Elle, je tire ma révérence et m’évanouis dans le tumulte de cette ville qui désormais et pour de bon me rebute jusqu’à m’en rendre malade.
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