Phoebe

« Still hungry ? Well, I brought something for you. This - the most important leaf in human history. It's full of stories. Full of history. And full of a future that never got lived. Days that should've been, that never were... This leaf isn't just the past, it's a whole future that never happened. There are billions and millions of unlived days for every day that we live ; an infinity. » Doctor Who

Il y a des soirs qui sont paisibles. Des soirs où je peux simplement me poser dans mon lit devant mon ordinateur sans que rien ne vienne perturber ma tranquillité. Mais ces soirs là ne valent pas la peine d'être racontés. C'est vrai après tout. Raconter une soirée sereine, où rien ne se passe, où personne ne débarque, où vous traînez sur les réseaux sociaux devant un épisode de Gilmore Girls ou de The Chilling Adventures of Sabrina, ça devient vite long et chiant. Ou court et chiant. A voir si on veut en faire des tartines.
Les soirées tranquilles existent, mais pas celle-ci. Pourtant, ça commençait bien ! Je m'étais installée avec le PC dans la cuisine pour manger. Jusque là, rien d'anormal.
Je ne sais pas pourquoi je m'évertue à écumer Netflix pour la 600ème fois alors que je sais qu'il n'y a aucun nouveau programme intéressant et que je vais forcément replonger dans Will & Grace. Sans doute par réflexe.
Vous voulez voir un tour de magie ?
Regardez bien.
Je suis assise devant ma série, je me lève, je tourne le dos à l’îlot central pour aller dans le frigo. Je me retourne. Et devinez quoi ?
Un bouquet d'hibiscus.
Trônant fièrement au centre de l'îlot, comme s'il s'était trouvé là depuis le départ.
Je me suis habituée au fait que l'inconnu aux hibiscus entre et sorte de chez moi à sa guise lorsque je n'y suis pas. J'ai autant envie de savoir de qui il s'agit que je n'en n'ai pas envie. Raison pour laquelle je n'ai pas installé de caméra, ni changé les serrures - à supposer que cela l'aurait arrêté.
Mais ce bouquet signifie qu'il est là, au manoir, depuis tout à l'heure. Et qu'il y est probablement encore.
-Dites moi tout, je suis rentrée trop tôt ou vous commencez à prendre un peu trop la confiance ? lançais-je en fermant le couvercle de l'ordinateur portable. Je voulais analyser les sons, sachant pertinemment que je n'aurais pas de réponse orale.
Je pourrais découvrir qui il est.
Je ne le veux pas.
Il n'a jamais été autre chose qu'un informateur dérangeant. Je n'ai pas la candeur de le croire inoffensif, mais je crois que j'aime l'idée d'avoir quelqu'un sur qui compter. D'une certaine manière.
Et une partie de moi continue à espérer qu'il s'agit de Mal, et que c'est sa façon à lui de me guider.
Qu'il ne m'a pas abandonnée...
Oh, la ferme.
-Fermez derrière vous en partant, lançais-je simplement en sortant de la pièce, non sans avoir attrapé la fidèle carte qui accompagnait toujours un bouquet au passage. Au resto était simplement inscrit :

Il est temps.

Difficile de ne pas immédiatement se tendre comme un arc en s'attendant à une attaque subite. Je me retournais brusquement, m'attendant presque à voir quelqu'un derrière moi. Ne m'accueillirent que le Vide et le Silence.
Toujours sur le qui-vive, je retournais la carte. L'inconnu aux hibiscus avait toujours eus un petit côté dramatique.

Grenier.

Saloperie...

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Phoebe

« Still hungry ? Well, I brought something for you. This - the most important leaf in human history. It's full of stories. Full of history. And full of a future that never got lived. Days that should've been, that never were... This leaf isn't just the past, it's a whole future that never happened. There are billions and millions of unlived days for every day that we live ; an infinity. » Doctor Who

Le manoir O'Malley n'a de manoir que le nom. Lorsque l'on parle de manoir, on s'imagine souvent une bâtisse imposante, sombre, froide, hantée. On visualise des passages secrets, des bruits étranges et effrayants la nuit, une atmosphère pensante et chargée de mystères le jour.
C'est peut-être le cas ailleurs... mais en tout cas, pas ici. D'un point de vue extérieur, j'admets que le manoir O'Malley ressemble un peu... à une maison de sorcière. Il y a ce petit quelque chose dans son apparence extérieur qui est à la fois comique et magique. On pourrait presque croire que l'on verra la maison se transformer et changer d'apparence d'une seconde à l'autre. Et que l'entrée va vous avaler. Tout dépend de l'angle sous lequel on se place. Quoi que.
En lui-même, le manoir doit faire à peu près la taille de celui des Halliwell dans Charmed, mais avec un étage en plus. Tout ça pour dire qu'il s'agit davantage d'une grosse maison aux allures de manoir qu'autre chose.
En quatre ans, je ne suis jamais allée au grenier. A juste titre, d'ailleurs. Mon côté curieux a fait que j'ai plus ou moins fouillé la maison, n'en déplaise à ma grand-mère, puisque les informations sur le meurtre de mes parents sont supposés se trouver dans cette ville. Supposer qu'une partie de ces réponses se trouvent au manoir n'est pas une théorie idiote. Mais vous vous en douterez : rien. Le grenier est l'un des seuls endroit inexplorés de la maison ( disons que je n'ai pas non plus fait une fouille complète de la baraque, il y a tout de même une différence entre curiosité et perquisition ).
Très sincèrement ? Je ne veux pas entrer dans le grenier.
Ce n'est pas mon genre d'avoir peur, vous le savez.
Mais là, j'ai peur.
-Aller Parker... un peu de courage...
Il est effrayant de constater à quel point deux volées de marches sont vites montées. Le problème, c'est que je ne voulais pas me confronter à la troisième. Là haut... se trouvait immanquablement le repère de toutes ces horreurs à huit pattes que je retrouvais parfois ( voire trop souvent ) sur un mur en me réveillant le matin. Il doit bien y avoir toute une famille. Peut-être même trois, ou dix.
Nope.
Nope, nope, nope.
Je redescendis jusqu'à la cuisine avec une rapidité effarante, bien décidée à faire comme si rien ne s'était passé.
Sauf que...
Bien sûr, que j'ai envie de monter au grenier. Dans les films, le grenier est toujours une mine d'information, le musée poussiéreux des reliques familiales.
Mais c'est absolument hors de question !
D'accord, même mon inconnu aux hibiscus me dit qu'il serait temps que je me bouge le cul.
Et c'est vrai que j'ai un pouvoir. Et que la glace, ça tue les araignées. Est-ce que ça tue toutes les sortes d'araignées ? Si vous vous dites que j'ai rouvert le PC et que j'ai tapé sur google « araignée pôle nord »... vous avez tout à fait raison ! Et vous voulez que je vous dise ?

C'est mort. Comptez pas sur moi !

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Manoir O'Malley en images:

Phoebe

« Still hungry ? Well, I brought something for you. This - the most important leaf in human history. It's full of stories. Full of history. And full of a future that never got lived. Days that should've been, that never were... This leaf isn't just the past, it's a whole future that never happened. There are billions and millions of unlived days for every day that we live ; an infinity. » Doctor Who

Ving minutes plus tard...

Quelles sont les chances pour que j'ai des araignées de l'Arctique chez moi, hm ? ...D'accord, oui, je sais, les probabilités à l'envers sont proéminentes chez moi. Mais sérieusement, une araignée de l'Arctique en Floride ?
Et puis, plus j'attends pour me décider, plus il se fait tard.
Plus il se fait tard, plus c'est le moment où elles vont sortir.
Il faut que j'y aille. Je vais quand même pas y aller demain matin !
-Du nerf Parker, du nerf...
La main sur la poignée de porte du grenier, je ne me suis jamais sentie aussi peu sûre de moi. Confrontez moi à n'importe quoi, un psychopathe, un tueur en série, un fuckin' monde parallèle peuplé de... d'élémentaires et de loup-garou, mais pas à des araignées !!!!
Déglutissant avec peine, j'inspirais un grand coup. Et ouvrais la porte.
Vous vous souvenez, quand je disais que mes pouvoirs sont régis par mes émotions ? L'Enfer soit loué...
Dans un hurlement de terreur digne d'un film d'horreur, je levais les mains de part et d'autre de mon corps, congelant l’entièreté du grenier.
Honnêtement ? Je ne suis toujours pas rassuration après ça. Pourtant, il y a un côté apaisant à la froideur ambiante, à cette couche de blanc presque purifiante sur chaque mur, chaque objet, chaque recoins. Le sol ressemblait à une patinoire, quant au plafond... Holy. Mother. Fucking. Shit. Heureusement que tout a congelé...
-Tu n'as plus rien à craindre... tu n'as... plus rien... à craindre. Respire. Tu as toujours ton pouvoir. Rien de mal ne peut t'arriver. Tu peux toujours... rajouter une couche de glace. Je peux le faire.
J'étais juste tellement tendue que je pouvais sentir la glace crépiter au bout de mes doigts, prête à sortir en une nouvelle rafale. Heureusement que mon pouvoir n'était pas d'invoquer le feu...
Je vais le condamner ce foutu grenier. Je vais le faire bétonner. Comment ça y'a plus de trois mètres entre le sol et le plafond ? Je m'en bats les couilles, l'entrepreneur se démerdera, il va me bétonner tout ça. Nan, nan, nan. Qui a besoin d'un grenier de toute façon, hm ?
Quoi ? Une autre solution ? ...Mouais. Peut-être que la pièce pourrait être rendue vivable. Vous savez quoi ? Fuck off !
Puisqu'il faut bien commencer quelque part, j'attrapais une première caisse dans tout ce bazar et allais me poser sur l'espèce de petit palier devant la porte du grenier. J'avais beau fuir le grenier comme la peste, cette partie de la maison était ma préférée.
Essayant d'être méthodique, je décidais de faire d'une pierre deux coups : trier ( et donc, jeter certaines choses ) et chercher des réponses. Quelques heures et dix sacs poubelles plus tard, je tombais enfin sur quelque chose d'intéressant... et de perturbant.
Il s'agissait de vieilles coupures de journaux. Le nom des O'Malley n'était inscrit nulle part, en revanche on y voyait deux hommes souriant fièrement, fraîchement propriétaires d'un bar nommé le Skull and Bones. Jusque là rien d'anormal... excepté que je ne reconnaissais que trop bien la bouille du... loup-garou... de la dernière fois. En un peu plus jeune.
Rembobinage. Que fait ce... Salem dans le grenier de ma grand mère ? Et qui est l'autre à côté de lui ?
Quel est le lien entre ma grand-mère et lui ? L'inconnu aux hibiscus avait dit que la mort de mes parents n'était pas un accident. A-t-il un lien avec ce garou ?
Les heures s'égrenèrent, ne déposant que davantage de questions sur une pile déjà bien fournie. Il y avait des photos de ma grand-mère avec Salem et l'autre grand dadais qui avait l'air d'avoir un balai dans le cul. Rarement avec les deux ensembles sur la même photo, ou alors avec cet air forcé du je ne voulais pas participer à ça. Balais-Dans-Le-Cul ressemblait davantage à Elween que Salem. Étaient-ils de la même famille ? ...Était-on de la même famille ? Il y avait aussi une femme, assez belle, qui aurait pu être ma mère. De long cheveux noir, elle dégageait la confiance en soi et l'espièglerie. Elle ne ressemblait pas à ma grand-mère cependant. Peut-être une amie. Ce qui était étrange en revanche, c'est que je ne trouvais aucune photo de mon père, à n'importe quel âge.
Je n'avais même rien trouvé pouvant appartenir à un garçon dans ce grenier. Des robes, fussent-elles de bébé ou de jeune fille, des hauts, certains mieux conservés que d'autres, tous sentant indéniablement le moisi. Des poupées, des dessins, des rubans qui avaient dû être rose, il fût un temps... A croire qu'elle n'avait jamais eus de garçon.
Qui dit souvenir dit album photos, et je peux vous dire que j'en ai trouvé à la pelle ! Au moins deux coffres quasi pleins, remplis de souvenirs et de photos. Certaines très anciennes, qui devaient être la famille de ma grand-mère, d'autres plus « récente ». Des photos de bébés, les photos d'une femme n'ayant rien à voir avec la belle brune de tout à l'heure mais qui, elle, ressemblait davantage à ma grand mère... et à Salem. Des photos de famille, incluant deux petits garçons, dont il était facile de deviner la bouille qu'ils auraient en grandissant après avoir vu, justement, des photos d'eux adultes...
Non, non, non... quelque chose ne... colle pas. Déjà, quelles étaient les probabilités pour que je trouve des photos de Salem dans mon grenier ? Et ensuite...
Elween O'Malley est la mère de mon père. C'est elle-même qui m'avait expliqué qu'elle avait reprit son nom de jeune fille O'Malley après la mort de mon grand-père, Daniel Parker. Raison pour laquelle le nom de famille de mon père, et par conséquent, le mien, était Parker et non O'Malley.
Où est mon père sur ces photos ? Je sais ce que vous allez dire, et j'y pense aussi : mon père était peut-être un transsexuel. Né femme, se sentant homme, avec une chirurgie particulièrement bien réussie. Mais pas suffisamment réussie pour concevoir un enfant tout de même !
Autre proposition : mon père aurait eu une soeur. Sauf que... il ne nous en aurait jamais parlé... ?
Quant à cette femme sur les photos... Salem lui ressemble. Et l'autre garçon ressemble à Elween. Ainsi que leur... mère ?
J'attrapais plusieurs photos. Des avec Elween, d'autres avec la mère du petit Salem et de ce qui était par déduction son frère, une autre encore de la femme aux cheveux noirs, et les photos de Salem et Balais-Dans-Le-Cul adulte. Le tout pour aller me planter devant le grand miroir du hall.
Je ressemble un peu à cette femme aux cheveux noirs qui n'apparaît sur aucune des photos les plus anciennes. Je n'ai rien de commun avec celle qui semble être la fille d'Elween et la mère de Salem. Je ne me reconnais pas non plus dans les traits des garçons. Je crois ne reconnaître d'Elween jeune que sa posture, son air volontaire, la détermination qui se lit dans ses yeux.
Plus rien ne fait sens.

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Manoir O'Malley : le grenier: