S. P. Wyatt Walker
ça dévore la vie, petit à petit, ne laissant même plus les os
| Lors de ce doux 8 mai 1994, ma tronche de cake est apparue dans ce monde apocalyptique qui s’avère être Revealdown. Vous pouvez le calculer au nombre de squelettes dans le placard, je déclare avoir 25 ans automnes. Puisque que je n’ai pas eu l’occasion de choisir la chaumière dans laquelle je suis arrivé, ma classe sociale appartient à celle des hurluberlus hippies-pauvres. Défais de ce moule, c’est ce qui m’aspire joyeusement à devenir auteur de textes/chroniques pour la radio et la télévision ainsi que clandestinement responsable d'une ligne d'urgences de détresses psychologiques que vous avez le malheur de croiser aujourd’hui. Dans les grandes confessions, je peux également vous annoncer que je suis fiancé à ce qu'il paraît, sans mon consentement... mais tout cela est plus une grosse blague qu'autre chose et que l’étiquette de pansexuel se colle à mon front. Qu’est-ce qui me rend si spécial à vos yeux de biche émerveillée ? Bah, voilà je peux créer des illusions , tromper vos sens. Avec tout ça, j’appartiens à la classe des Wind of change et qu’avec tout ça je me vois être gonflé d'être embarqué dans ce chaos alors que j'avais déjà assez de choses à gérer. Sans comprendre pourquoi, les gens me comparent à Cole Sprouse. Mais l’habit ne faisant pas le moine, comme on dit ! Je suis de nature spontanée et je veux que le choix de mon élément et pouvoir soit un choix du staff. |
Tu n'as peut-être pas choisi Wyatt, mais tu es un gentil. Cela veut juste dire qu'un gentil peut faire de terribles choses. Il n'est pas sûr de vouloir y croire, qu'il est un gentil. Cela remettrait trop de chose en question. Un équilibre brisé, une justice qui vacille.. comme si on lui enlève la dernière chose qui fait sens pour lui... Non, c'est mieux de croire que ce n'est pas un gentil. Plus facile.
Il est de ceux qui se satisfassent de peu. Une éducation hippie qui a laissé des traces. Parfois naïf. Parfois décalé de la réalité… mais tout de même marqué au fer rouge par celle-ci. Le cocon utopique lui a éclaté à la figure. Tiraillé entre trois mondes. Celui rêvé de ces parents, le réel… et Elvendyr. Tiraillé ? Déchiré serait plus exact. Encore plus si on ajoute à tout cela le monde des illusions… celui qu’il se construit presque malgré lui. Jamais il ne se serait imaginé de ceux qui vivent dans le passé. Qui s’accrochent à ce qui est perdu… Mais comment tourner la page lorsque celle-ci porte un prénom ? Sky.
Il est de ceux qui basculent dans le moment camp lors qu’il y a un vent trop fort. Malgré eux. Malgré leurs bonnes intentions. Il est de ceux qui ressentent trop et qui implosent, détruisant tout avec eux. Il est de ceux qui ne supportent pas être seul dans le silence mais qui ne sont pas fait pour être en communauté. Toxique. Tout finit toujours par virer au vinaigre. Une fois qu’il est attaché à vous, il est intrusif. Il ne peut supporter d’être impuissant une fois de plus. Il ne veut pas rater les signes… L’histoire ne doit pas se répéter… Il vous étouffe.
Bonnes intentions qui virent toujours à la catastrophe - intrusif -
étouffant - justicier de pacotille -
frustré par l’injustice - mélancolique -
curieux - maladivement attaché à ses proches -
faussement solitaire - aime le bruit -
extreme - rancunier -
imaginatif - brisé -
un poil irréaliste - perd facilement pied avec la réalité -
hanté - fumeur -
manque de tact - impatient -
amerEt si tu peux, éclaire-moi de ta lumière
SUNSHINE PEARL WYATT WALKER Sky Light, Sunshine Pearl et Sparkle Flower. Putain de hippies. Ses parents avaient toujours aimé fumer des substances illicites mais il aurait préféré qu’ils s’en abstiennent au moment de nommer leurs enfants. Tout comme il aurait apprécié que l’employé administratif refuse que de tels prénoms soit affublés à des gosses innocents. Sky s’en tirait bien. Il passait presque inaperçu… Lui avait le droit au prénom le plus ironique au monde. Enfant déjà, il était beaucoup trop renfrogné pour s’appeler ainsi… Après huit années de plaisanteries, il apprit à se présenter lui-même en tant que Wyatt, prénom de secours, plus présentable aux yeux de tous… Sa petite soeur n’avait pas cette chance. Sparkle. Le plus dur des trois à porter… Et pourtant, elle semblait s’en convenir, embrassant l’idéal fumeux de leurs parents.
Il était incapable de se rappeler de la maison familiale vide. Elle débordait toujours de monde. Il y avait les amis des parents, les amis de son frère, les amis de sa petite soeur, les cousins éloignés, les voisins, les inconnus… Une sorte de gros foutoir organisé simplement par le hasard et les desiderata de chacun. Au milieu de la nuit, il pouvait se réveiller et trouver quelqu’un disponible dans le salon avec qui parler. Il fallait s’y prendre dix minutes à l’avance si on voulait utiliser la salle de bain pour les toilettes… et ne pas avoir peur d’avoir de la visite. L’intimité était une notion abstraite et résumée à ne pas croiser les regards entre celui qui se brossait les dents, celui qui se douchait en chantant et le dernier qui tentait tant bien que mal de vider sa vessie.
Une possession est inutile si elle ne peut pas être partagée. Il n’y avait pas de verrous, pas même à la porte d’entrée.
Wya' Il parlait trop vite pour articuler les mots. Il avait trop de choses à dire. Tout le temps. Ses parents encourageaient ce trait de caractère. Si la parole était la manière qu’il avait choisi pour communiquer, qu’il en soit ainsi ! Sky était plus réservé sur les mots malgré sa personnalité chaleureuse. Sparkle, elle, préférait les gestes. A peine huit ans et il venait de se renommer lui-même Wyatt. Ou plutôt Wya’, il empruntait ce prénom à son grand-père. Il avait même convaincu son père de l’ajouter officiellement sur ses papiers d’identité. Borné et bavard.
Les Walker avaient des rituels étranges. Hippies jusqu’au bout des ongles, ils vivaient au rythme de la nature. Chaque soir de pleine lune, ils allaient se baigner dans une rivière en bordure de la ville. Leur mère chantonnait des mots incompréhensibles. Entre le chamanisme et la folie, Wyatt ne saurait trop juger, même aujourd’hui. A l’époque, il ne mettait pas en doute leurs croyances mais il se rendait peu à peu compte que les autres familles ne ressemblaient pas à la sienne.
Il n’aimait pas l’eau. Ce sentiment d’étouffer dès que sa tête était immergé le rendait fou. De l’air. C’était toujours Sky qui le rassurait, qui lui promettait qu’il n’avait besoin de rester que quelques secondes entièrement sous l’eau, qu’il était là et qu’il ne lâcherait pas sa main. Il était le seul à savoir pour sa peur. Leur soeur ne comprendrait pas… Leur père chercherait à tout prix à l’aider à dépasser ces crises d’angoisse en le confrontant à sa phobie. Il n’en avait pas véritablement envie…
Peut-être que leur quotidien était un chaos. Peut-être qu’il y avait trop de monde chez eux pour connaître ce que c’était la solitude. Peut-être que leurs parents n’étaient pas des exemples au niveau de leur… consommation… Ils n’étaient pas non plus à cheval sur les horaires. Combien de fois étaient-ils arrivés en retard pour l’école ? C’est vrai aussi qu’il n’y avait pas de luxe dans leur maison, qu’il arrivait que leurs habits soient troués… Mais ils étaient heureux. Ils ont appris tant de choses. Prendre soin de la nature. L’autonomie. Le goût de la liberté. Le réflexe du partage. Amour fraternel, maternel, paternel… Petites joies de tous les jours… Sauf que toute innocence se retrouve corrompue à un moment ou un autre.
Sun' Sky n’allait pas bien. Il entendait des choses. Des voix… Wyatt l’avait surpris à plusieurs reprises. Paroles toujours désespérées.
Il faut que vous arrêtez ! Il faut que vous me laissez tranquille ! Folie. Le mot n’osait pas franchir les lèvres de la maisonnée. Interdits. Ce n’était pas la même chose que les herbes de leurs parents. Oh non. Sky comme Wyatt savaient reconnaître les symptômes. C’était autre chose. Quelque chose de plus terrifiant. Il avait l’impression de voir son frère ainé se liquéfier jour après jour devant ses yeux. Les fumées de beuh embaumaient les murs depuis leur naissance… tout pour facilité l’apparition de la schizophrénie.
Sky. Celui qui l’avait toujours protégé, soutenu, perdait pied.
Et une fois encore, c’était l’ainé qui rassurait le plus jeune…
Eh, Sun’ t’inquiète pas, ça va aller… Fais pas cette tronche, tu vas rester figé… Va voir maman, faudrait que tu l’aides à trouver la robe de Sparkle… Il avait une voix douce. Il n’avait pas besoin de crier ou ordonner pour se faire entendre. Il était le seul à l’appeler ainsi. Pour ses parents, il était encore Sunshine. Pour sa soeur, il était Pearl… parce qu’elle savait que c’était ce qui l’emmerdait le plus. Pour le reste du monde, il était Wyatt. Sky et Sun. Il n’y avait pas l’un sans l’autre.
La robe ne fut jamais trouvée. La voix de Sky plus jamais entendue.
L’eau. Son pire cauchemar venait d’emporter la personne la plus chère à son coeur. Désarroi. L’incompréhension de leurs parents. Naïfs. Aveuglés par leur utopie, ils pensaient que leur fils était juste fatigué. Le bavard Wyatt devint avare de mots. La fougueuse Sparkle se transforma en tigresse sauvage.
Wyatt Il ne restait plus que Sparkle et lui dans la maison familiale. Vidée. Comme une carcasse sans ses tripes. Leurs parents avaient besoin d’air frais.
De fuir. Il avait lancé l’accusation avec colère. Diluée par les effets de l’herbe, elle fut bien vite oubliée. Père et mère Walker disparus, les amis de famille s’effacèrent peu à peu. La solitude, il n’avait jamais connu cela. Un creux en lui. Il se rendait compte qu’il détestait le silence. Il aimait les bruits qui grouillaient à toute heure… Il n’en voulait pas à sa soeur de passer de plus en plus de temps à l’extérieur. La maison puait le vide. La mort.
La folie le gagna lui aussi.
Lorsqu’il fermait les yeux très fort en pensant à Sky… Il pouvait les rouvrir et le voir. Là, juste devant lui. Il arrivait même à lire sur les lèvres de ce dernier
Sun. Et puis tout s’évaporait. La douleur de son absence revenait encore plus fort. Refermer les yeux, très fort, repenser à Sky, le voir, et puis plus rien. Encore. Encore. Encore. Si seulement il pouvait le garder plus longtemps, quelques minutes de plus…
Un soir… Il put approcher assez Sky pour pouvoir le toucher. Alors qu’il tendait les doigts vers lui, Sparkle débarqua en pleurs dans la maison. Elle s’arrêta net. Wyatt suivit son regard. Elle le voyait. Elle voyait Sky aussi net que lui. Folie double. Réalité mince. L’espoir qu’on leur offrait une nouvelle chance de vivre avec leur frère. Sauf qu’il disparaissait toujours…
De fil en aiguille, les détails se connectaient entre eux. C’était lui qui faisait apparaître Sky. Seule, sa soeur ne le voyait pas. Elle recommença à passer du temps chez eux. Nouveau rituel. Lorsque la nuit s’épaississait, ils se retrouvaient tous les trois. Comme avant. Soir après soir. Mais… les limites se firent sentir… Sky n’était pas réellement là. Sparkle repérait les incohérences. Le tatouage qu’il avait au bras, un loup menaçant, avait une griffe de trop à chaque patte. Wyatt n’y avait jamais fait attention. Le lendemain, l’erreur était corrigée. Illusion. Tout cela était faux ! Creux ! Pour valider cette amère impression, il se concentra sur autre chose. Fermer les yeux. Très fort. Leurs parents étaient assis sur le canapé, joints à la main. Faux. Décors en carton.
Néant Il faudrait… je sais pas Pearl… Faudrait que t’arrête tout ça. Putain. J’sais pas ce que tu fous mais c’est pas quelque chose de beau. Les illusions peuvent être puissantes. Destructrices. Une arme. Sky était le sage entre eux deux. Wyatt, lui, était l’émotif. La douleur peut brouiller nos valeurs. Tout semblait plus facile lorsqu’on pouvait faire croire à qui l’on voulait ce que l’on voulait. Tromperies des sens. Bouleversements des aperçus. Fourbe. Cela avait commencé simplement. Une justice qu’il devait rendre… Son voisin n’était pas un homme bon. La violence semblait être son seul moyen d’expression. Wyatt était fatigué de fermer les yeux sur les marques qu’il voyait fleurir sur la peau de l’enfant d’à côté. Plus jamais spectateur. Il pouvait agir. C’était si simple… A chaque fois qu’il entendait des cris… il attendait que l’homme se retrouve seul. Il finissait toujours par aller fumer dans son fauteuil devant la télévision. Wyatt avait une vue directe depuis sa propre fenêtre. Il suffisait alors de créer une vision d’horreur. Un cauchemar si réaliste que l’homme finissait par tomber de son siège. Des membres désarticulés. Du sang. Une odeur de chair brûlée… Juste quelques minutes, assez longtemps pour que les images soient gravées dans sa rétine à jamais.
Il le torturait.
Et pourquoi s’arrêter à une seule personne ? Plus l’état psychologique de son voisin se dégradait, moins il frappait sa fille. Mais cela ne guérissait pas cette dernière. Elle continuait à espérer de l’affection de la part de son père. Elle prenait même soin de lui lorsqu’il vomissait ses tripes sous l’horreur. Elle s’appelait Julia. Son visage s’était éclairé brusquement lorsque l’illusion de son père l’articula avec douceur. Amour paternel. Il lui dit à quel point, il l’aimait et qu’il était désolé… désolé pour tout mais qu’elle devait quitter la maison parce qu’il risquait de recommencer. Parce qu’il ne pouvait pas se contrôler… Il sous-estimait le syndrome de l’enfant battue. Jamais Julia n’abandonnerait son père. Son illusion n’avait fait que confirmer l’espoir qu’elle avait en elle, que tout ce qu’elle endurait ce n’était pas pour rien.
Le son de l’ambulance était distordu.
C’est fini, Pearl. C’est fini. Deux brancards sortirent de la maison d’à côté. La maison fut vendue aux enchères deux mois plus tard.
Wyatt Walker Trente-deux jours qu’il avait accepté de donner un coup de main à un ami de sa soeur. Il suffisait qu’il réponde au téléphone… C’était simple à première vue. Compatible avec le fait qu’il travaille à domicile à écrire des textes pour les animateurs de la radio et la télévision. Il planchait sur la voix off d’un documentaire animalier… C’était aussi une manière de se racheter. Par téléphone, pas d’illusions possibles. Ligne d’urgence pour ceux qui n’ont personne à qui parler. Suicidaires, dépressifs, petites déprimes passagères, choses que l’on n’ose pas avouer,… En à peine un mois, il en avait entendu des atrocités. L’anonymat de l’appel peut être salvateur…
Il faut que je parle… il faut que je le dise à quelqu’un… je deviens fou depuis que j’y suis allé… Les vannes étaient ouvertes. La pièce du puzzle qui lui manquait depuis le début lui était enfin offerte. Elvendyr. Putain. Tout explosait à sa gueule. Un mauvais film de fantasy. Il ne voulait pas y croire mais… tout concordait. Tout glissait trop bien dans la réalité qu’il vivait pour que cela ne soit pas vrai ! L’eau ! Cette foutue eau ! Elle n’avait pas seulement noyé son frère, c’était elle qui l’avait lentement faire sombrer dans la folie en révélant ses pouvoirs… Leurs pouvoirs. Cela voulait aussi dire qu’il y avait de grands risques que Sparkle vive cela également. Cela voulait dire tellement de choses !
Il y avait pleins de gens qui devaient être comme Sky et lui, coincés entre deux mondes… Il fallait trouver un moyen de les aider ! Mais pour cela, il avait besoin d’en savoir plus sur cet univers caché. C’est ce qu’il devait faire, pour éviter aux autres les destins de Sky.