Triple fun that way...

♫♪♫
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SUITE DE : l’épée d’yzanthar (...)
Le lendemain matin...

Aube flavescente.
Un silence glaçant.
Sur les flancs oxydés émerge un disque fauve et rutilant.

- KINGSTEEEEEEEEEEEEEENNNNNN, SALOPERIIIIIIIE !!!!!!

Ma beuglante déchire le voilage polarisé de ce paisible petit matin, comme ma carcasse de vieille bique mal lunée est chiée du portail et sans aucune finesse ou grâce vient s’écraser à la célérité d’une fusée éclairante dans un amont de dunes. Échoué sur l’étendu de sable blond et resplendissant, dans un nuage de poussière et de sable, pantin désarticulé et tout enguirlandé dans ses ficelles, je dégringole, déboule, chute, glisse et dévale les éminences sablonneuses avec la hargne de ces corbeaux effarés et balafrés dans la tempête. L'épine dorsale entortillé comme le fer d’un tir bouchon, les guibolles aussi molles que des spaghettis, le myocarde aux abois et sens dessus de dessous, sur le point de me péter la clavicule ou au mieux la nuque ; enfin je viens m’échouer comme un gros morse obèse sur le sol aride et avant que le sifflet me soit coupé j’en profite pour geindre :

- J’SUIS SÛR QUE TU L’AS FAIT EXPRÈS !  

Sale mioche ! Je sais que j’abuse du pain béni… que j’ai tendance à lui bouffer le bras complet lorsqu’il me présente deux crétines de phalanges ; mais de delà à m’éjecter comme ça pardessus-bord ?! C’est… tellement…. ARRRRRGGG ! Les mots et insultes me manquent ; la bouche trop pleine de gravas et de sables. Faisant concurrence au lama, dans les affres de mes étourdissements et ma douleur, je me redresse, grosses paluches moulées aux rotules, la despotique carrure inclinée vers l’avant, je crache ce bac à sable que je me suis pris dans la gueule alors que du coin de l’œil je vois la silhouette de notre Petit Prince atteindre le plancher des vaches à la légèreté d’une plume et la gracieuseté d’une fleur ; épée magique de juchée sur l’épaule.

- T’es fier de ta connerie ?! T’es véritablement fier de ta connerie !

C’est bon, entre mes deux biscuits, son message passe et à l’avenir j’abuserai de son pouvoir avec bon goût et modération. De mauvais poils, je m’ébroue la crinière, la barbe, les fringues pour me dépoussiérer et dépêtrer. Lorsque j’inverse l’intérieur de mes poches, c’est un quart du royaume de l’Obsidian qui retrouve ses poussières alors que j’ai l’impression qu’on ma encastré dans les esgourdes deux putains de sabliers.

Et tout ça sans avoir pris le temps de boire ma première lapée de café ; on ne peut pas dire que je walk on sunshine en ce moment !

- J’vais te rendre la monnaie de ta pièce, le pingouin fripé et déguenillé. Attends que je me réveille et récupère mes neurones.

Je jappe fort, mais bordel ne mord si peu. Kinsteen le sait et il en tire profit. Cette fraternité entre nous deux est parfois handicapante. Je ne ressemble à rien, ou sinon à ce pauvre hamster avalé dans les boyaux d’un aspirateur, dont la poche n’a pas été vidée depuis la Grande Apocalypse et c’est avec cette dégaine hirsute et poussiéreuse que nous gravissons les quelques marches du porche. Je pourrais rebrousser chemin, me refaire un brin de toilette, me poudrer la truffe un peu, mais à voir mon reflet de sac de farine dans la lucarne on comprend bien rapidement que j’ai assez donné dans la poudrerie de la chose.

Manant, plus rudement que nécessaire, de mes jointures je martèle la planche de bois… passe si près d’enfoncer la porte en toquant dessus. Malgré ma mauvaise humeur, rien ne semble pouvoir atténuer cette morsure béante d’ambition qui me grignote la colonne vertébrale, pour remonter sur mes cervicales et à belles dents me broyer l’encéphale. La hâte dévorante d’un cerbère écumé qui ne sait plus comment se comporter sous la couenne,  charriant en le magma des veines l’appétence d’un Roi soucieux de retrouver sa Reine…

Je fronce les sourcils, du coin de l’œil, je reluque le Petit Prince à côté de moi et cette analogie sur la haute royauté me semble tout à coup vraiment bizarre et biscornu.

Suck an Elf ! on va pas se retaper le délire de l'Empereur, sa femme et le petit prince !?
J’suis pas assez réveillé pour ça !

1. 2. 3. not only you and me.

Décembre 1869

Alors tout est réel. Depuis que Kingsteen avait fermé les yeux, prit le temps de se débarbouiller et de dormir, il s'était rendu compte que... cette maudite l’épée d’Yzanthar était belle et bien réelle. Salem ne l'avait pas mené en bateau. A moins qu'il soit encore sous son emprise d'alcool il ne savait quoi ? Non... Le petit prince l'avait analysé sous tous les angles cette épée. Et il s'était même coupé pas inadvertance l'index en caressant la pointe de la lame. Enfin il l'avait cherché, vous me direz.
Maintenant... il fallait faire disparaître cette chose. Si seulement ils n'avaient pas prit la peine d'aller la chercher tous les deux, il n'aurait pas fallut la détruire ou la cacher de nouveau. Elle serait restée dans les mines encore longtemps. Jusqu'à ce que Kingsteen rende son dernier souffle et que l'épée se trouve un autre élu. Franchement... qu'avait-il de si particulier ? Il n'était même pas capable d'enlever Tallie des mains des vampires.
Il faut avouer que pendant de nombreuses heures, cette nuit, il avait pensé à ça : foncer au beau milieu du nid de ces créatures abominables et récupérer Tallie. Avec son portail, ça aurait été un jeu d'enfant. Mais malheureusement... ces créatures sont tellement malsaines qu'elles le retrouveraient. Et pour tout dire, King n'avait pas très envie de se mettre à dos Illyria. Vraiment pas.

Aujourd'hui, retour au Skull & Bones de ce cher papi Salem. Il devait lui présenter quelqu'un de son entourage capable de les aider à faire disparaître cette chose. L'avantage des portails, c'est que Teeny n'avait pas eu besoin de traverser les territoires sur un cheval épée à la main. Personne ne l'avait vu passer du Manoir Cristal au Bureau de ce bon vieux loup. Personne hormis Salem. Qui n'avait pas encore fait de crise cardiaque. Mais c'était à noter : de lui flanquer une frousse pas possible à l'avenir. Pour lui faire regretter de l'avoir attiré dans cette histoire.
L'Obsidian. C'est la destination du jour. Un royaume que Kingsteen connait bien. Du moins quelques bons endroits. Et des endroits plus discrets pour un atterrissage tout en douceur. Mais pas pour tout le monde.

Salem : (...) (...)

Un fin sourire étire les lèvres de King alors qu'il observe ce pauvre Salem tenter de se débarrasser du sable. S'il a fait exprès de le faire trébucher ? Bien sûr que non. Mais faire apparaître le portail juste devant une petite pierre qu'il faudrait enjamber ? Bien sur que oui. est-ce le temps de rappeler au vieux loup qu'il oublie sa canne ? Non. Vu sa tête, il vaut mieux éviter de le mettre encore plus en colère. Et la vision est déjà assez amusante, pas besoin d'en rajouter une couche n'est-ce pas ?

Salem : (...)

Pingouin fripé et déguenillé. Un rire s'échappe des lèvres du petit Prince. Là, il ne peut le retenir. Cette comparaison est vraiment... très amusante. Même si elle le concerne, il s'en fiche. Encore, pingouin, on le lui avait déjà fait remarquer. C'est ça de porter régulièrement des costumes et une cravate prête à vous étouffer. Mais il avait l'habitude. A croire qu'il était né en costume. Mais un pingouin fripé et déguenillé. Alors là, Salem y allait fort. Mais ce n'était pas le moment de lui faire une réflexion ou de se prendre la tête avec lui. L'épée que Kingsteen avait à la main finirait par attirer les regards si jamais ils se lançaient dans des joutes verbales. Et il valait mieux rester discret jusqu'à ce qu'ils arrivent à leur point final. Où allaient-ils d'ailleurs ? King ne savait pas. Il lui suivait aveuglement. Son père lui dirait surement qu'il ne faut jamais faire confiance aux autres, surtout à un vieux loup tel que Salem. Mais ces deux derniers jours avaient été remplis en émotion pour eux deux donc... il pouvait lui faire confiance. Les yeux fermés.
Lieu final. Un endroit qu'il a l'impression de connaître. Enfin non, qu'il connait. Qu'il a déjà vu. Qu'il a déjà parcourut. Trop de fois. Pour des affaires, intimes comme professionnelles. et voilà longtemps qu'il n'avait pas vu ce visage se dessiner dans l'encadrement de la porte. Et quelle ne fut pas sa surprise.

Silena ?

Regard interrogateur vers Salem. Comment Silena pourrait les aider là dedans ? Kingsteen n'en sait rien. Et puis comment il la connait d'ailleurs ? Enfin ce n'est pas ses oignons. Chacun a son carnet d'adresses, c'est tout.
Teeny ne se fait pas prier pour entrer. Passant aux côtés de la jeune femme, il ne manque pas de lui déposer un délicat baiser sur la joue, comme il avait si souvent l'habitude de le faire lorsqu'ils se voyaient. Et dire qu'elle aurait du être son épouse... Clairement, non merci. Rassurez-vous, elle n'est pas moche, même très belle. Mais pas au goût de notre petit Prince. Car son caractère est très... loin de l'idéal de la bonne épouse qu'on lui a mit en tête. M'enfin, sans Absolem dans le coin les "et si vous étiez mariés" ne devraient pas pleuvoir aujourd'hui. Donc l'épée pourrait être le centre de cette conversation.

Loukoum