Azuria Creek. À chaque fois que j’y posais un pied, je ressentais ces vibrations du passé qui venaient me hanter. Je me rappelais si bien de cette amie. Ara. Son joli sourire, son énergie vibrante et sa présence que j’appréciais depuis que nous nous connaissions. En fait, Ara bossait autrefois pour mon cabinet médical et c’est de là que nous nous connaissions. Native de l’eau, ça n’empêchait en rien que nous pouvions être de bonnes copines. Malheureusement, suite à la mort de son mari terrien, elle se mit à ressentir des sentiments que je ne partageais pas et notre relation s’est vite consumé de l’intérieur. J’étais désarmée par ce chavirement dans nos vies, mais je n’imaginerais jamais qu’elle puisse se faire piéger par Tharek lui-même, finissant par la transformer parmi les siens. Mi-Eau, Mi-Démon – que nous appellerions aujourd’hui – des sirènes. Comment pouvais-je me sentir plus coupable ? J’avais l’impression que sans mon rejet, elle ne serait pas retrouvée face à cette entité démoniaque et n’aurait jamais terminé en créature mythique. Pour en ajouter, Ara avait disparu suite à la fermeture de la brèche et plus jamais je n’eus de ses nouvelles. Tout comme mon fiancé à l’époque D’Hoffryn et ma sœur.

Azuria Creek. C’est là que je me retrouvais aujourd’hui. J’avais quelques patients à rencontrer à domicile et je devais faire un arrêt au dispensaire du village pour guérir quelques patients. Une femme souffrait beaucoup suite à l’effondrement de sa résidence suite à une tempête tropicale. Fallait dire que ce genre de catastrophe arrivait assez régulièrement. Nous n’avions malheureusement pas le contrôle sur tout – et ça, malgré le pouvoir des natifs de Elvendyr…

Enfin. Je venais de quitter la cabinet et je me rendis jusqu’au X Factor. Un restaurant-bar que j’adorais fréquenté. D’ailleurs, cette terrasse existait depuis si longtemps que je ne me souvenais pas le moment de sa fondation. Autrefois, j’y passais beaucoup de soirées avec Ara. Je commandais un Daiquiri à la fraise et pendant que la serveuse allait préparer mon verre, je décide d’observer un peu l’horizon. L’océan était vaste et magnifique. Je m’accoudais contre le rempart et tourne le regard vers les autres clients. C’est en observant finalement la plage que je vis une silhouette familière. Mes yeux plissèrent aussitôt, voyant celle que je n’avais jamais revue. ARA. « Impossible! » Hurlais-je sur un ton élevé. Elle était loin, elle ne me verrait pas certes, mais je ne pouvais pas la laisser filer. Pas après 40 ans. Je ferme les yeux un bref instant et pouff, je venais de disparaitre pour réapparaitre sur la plage face à mon ancienne amie. Apparue par magie, je lui affiche un grand et franc sourire. « Coucou princesse ! » Dis-je pour détendre l’atmosphère.
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« Coucou princesse ! »

Ara sursauta violemment. D’instinct, elle lâcha les échantillons d’algues qu’elle tenait dans sa main droite et remonta ses poings au niveau du visage. Hey, les cours de MMA avec Leah faisaient effet : leçon une, en cas d’attaque, protéger le visage.

Ce n’était pas une attaque cependant, c’était bien pire que cela. Il avait fallu à Ara des semaines pour rassembler le courage de traverser de nouveau la faille vers Elvendyr. Juste quelques heures, s’était-elle promis. In and out. Aucun contact. Ce n’est pas qu’elle se cachait, mais elle ne se cachait pas pas non plus, si cela fait sens. Pour faire simple, depuis qu’elle avait mis pied sur ses terres d’origine, elle vivait dans l’angoisse perpétuelle d’être reconnue… et venait de l’être. Qui plus est, par nulle autre que la Queen B. elle même, son amie de toujours — ou presque, Autumn.

— Damned, Autumn, qu’est-ce que je t’ai dit sur la téléportation !  laissa échapper Ara dans un souffle irrité.

Les mots aussi étaient sorti par habitude. Combien de fois, en trois-cents ans, l’ange l’avait-elle surprise en se téléportant à cinquante centimètres de son visage ? Combien de fois lui avait-elle dit de se téléporter à une distance respectable des gens ? Ou de les prévenir avant ? Ou de ne pas se téléporter du tout ? Ah, ces êtres éternels, toujours les mê… Que… Quoi ?

Ara l’avait reconnue avant d’avoir réalisé qu’elle l’avait reconnu.

— A-Autumn ?

Un cocktail d’émotions se lut sur son visage tout à la fois. Un mixte de surprise, embarrassment, joie, confusion, angoisse, culpabilité. Tout cela faisait beaucoup. Son visage se ferma, soudainement illisible.

— Qu’est-ce que tu fais là ?  demanda-t-elle rapidement d’un ton un peu rude, presque accusateur, qu’elle regretta immédiatement. Elle se reprit derechef avec une question plus… courtoise, même si le ton n’était toujours pas très chaleureux. — Hm. Qu’est-ce que tu deviens…  Ara glissa une mèche mouillée derrière son oreille. ... depuis le temps ?

Elle était gênée. C’était visible, palpable. Qu’est-ce que elle, Ara, faisait là, c’était plutôt ça la vrai question. De tous les endroits qu’elle avait visité pendant sa longue vie, elle ne s’était jamais sentie si peu à sa place. Azura Creek était un petit bout de paradis pour les autres, et son enfer personnel. Fût un temps où Autumn seule suffisait à la faire se sentir chez elle, après la mort d’Aedan. Les deux femmes s’étaient beaucoup rapprochées à l’époque, et bien sûr qu’elle s’était attachée, pensez-vous ! Ara avait fini par accepter l’idée qu’Autumn ne veule rien de plus qu’un peu d’amusement. Elle l’imaginait libre, vole au vent, butinant les amours comme un papillon passe de fleur en fleur. Non, le vrai coup bas avait été l’annonce de ses fiançailles avec D’Hoffryn. Ce n’était donc pas le concept d’engagement qui lui était étranger, mais bien l’idée de l’engagement avec elle auquel elle répugnait. Disons qu’elles ne s’étaient pas quittées sur les meilleurs termes.

— Je ne reste pas longtemps. se sentit-elle obligée d’ajouter.

Elle se pencha pour ramasser les algues tombées au sol. C’était la seule et unique raison de sa visite. Elvendyr, malgré tout ses défauts, disposait d’une flore dont les terriens ne sauraient rêver. Une petite séance de plongée pour récupérer quelques boutures à ajouter à sa collection personnelle et maintenant elle rentrait sur Terre.

HRP:

Comment devais-je réagir face à ma grande copine – disparue depuis si longtemps. Notre relation n’était certes des plus conviviales vers sa fin, sauf que je ne l’avais jamais oublié. Elle et son rire, elle et ses petites manies. Nous n’étions pas de grandes copines depuis toujours pour rien. J’appréciais mon peuple. Les anges étaient sympathiques, sauf que je m’avérais être continuellement plus familière avec les autres natifs. Ceux de l’ange, de l’air, même du feu. Ils avaient tout ce petit quelque chose d’intriguant, d’innocent même ? Sans doute était-ce en lien avec leur durée de vie restreinte ? ou le fait qu’ils pouvaient perdre les êtres qui leur étaient chers à tout moment. Ara s’avérait être différente. Elle possédait un pouvoir découlant de l’eau oui, sauf que l’immortalité lui avait permis de me soutenir depuis plusieurs siècles. C’était complexe tout ça, mais j’étais bien à ses côtés. Sans doute pas assez pour partager ses sentiments qu’elle m’avait soufflé à l’époque et que j’avais rejeté de la pire des façons. De toute façon, durant la guerre contre Tharek, c’était auprès de D’Hoffryn que je pouvais m’endormir. Cet homme était ma lumière, ma joie de vive et malheureusement pour moi, lui, ma sœur ainsi que ma grande amie Ara s’étaient tous retrouvés enfermés derrière le portail de Revealdown. Ainsi, de la voir, à l’horizon ne m’avait pas fait réfléchir. Durant un court instant, j’avais tout oublié de nos erreurs du passé, de nos rancunes et de nos crises. Je la retrouvais elle. Mon amie et je ne voulais pas la laisser filer.

Devant Ara qui s’avérait surprise, mais également bien familière, je me retrouvais perturbée. Elle s’était adressée à moi comme elle l’aurait fait avant. Mais je compris assez rapidement qu’elle venait de réagir par habitude. Sans réfléchir à son tour et cela me fit sourire. Je compris qu’elle était mal à l’aise face à ma présence et j’espérais qu’une chose, que ça se calme. « Ara, Ara, Ara !!! Merde. J’y crois pas. J’étais au X Factor et je t’ai vu sur la plage, damn. » Je me jette dans ses bras pour lui faire un calin. Son odeur, je l’avais oublié, mais il me revint à l’esprit aussitôt. Je me dégageais d’elle doucement pour garder mes mains sur ses deux avant-bras avant qu’elle se délasse et ramasse ses algues au sol. « Pas longtemps ? PAS LONGTEMPS ??? Non, mais tu rigoles !!!! Il faut qu’on prenne un verre, on a surement TELLEMENT à se dire. Ça va faire 40 ans que je n’ai plus aucune nouvelle de toi !!!! » M’exclamais-je avec beaucoup trop d’entrain. Oui, de s’allier avec Tharek avait causé beaucoup de mal dans l’entourage de mon amie – particulièrement à moi, mais j’avais culpabilisé si longtemps. Je devais tourner la page…

Encéphalograme plat. Appelez les médics, amenez le chariot de réanimation, faîtes quelque chose par pitié ! Autumn s’était jetée dans ses bras avec tout l’authentique excitement dont elle était capable. Ara était restée plantée là immobile, rigide comme une statue, visiblement toujours sous le choc de cette rencontre inopinée. La chaleur de son étreinte, la texture de ses cheveux, l’odeur de sa peau… Ces grands yeux bleus aussi, elle s’y était perdue autrefois. Les vagues sensorielles successives faisaient remonter à la surface un déferlement de souvenirs enterrés. C’était trop !

S’en était suivi l’échange le plus inconfortable de l’histoire (au moins tout ça) où Ara s’était dégagée du contact de son ami pour rassembler ses plantes — non mais sérieusement, on s’en tamponnait des boutures ! — et annonça son départ imminent. Cette nouvelle fût accueillie d’un tonnerre de protestations de la part d’Autumn qui laissa Ara interdite une fois de plus. Autumn n’était vraiment pas venue par courtoisie ou curiosité ou je ne sais quoi, elle était véritablement excitée de la revoir. A la réflexion, comment avait-elle pu croire qu’il en soit autrement ? Autumn avait toujours été nature, cent pour cent brut de décoffrage. C’était sans doute la raison pour laquelle elles s’était si bien entendues à la base. Zéro bullshit. Autumn avait été jusqu’à abréger son prénom d’Islara à Ara… Putain, mais ça aussi ça venait de là ! Elle venait de s’en rendre compte en entendant le prénom qu’elle avait adopté sur les lèvres de son amie. C’est donc que l’élémentale avait gardé son amie d’autrefois dans un coin de sa mémoire, qu’elle avait pensé à elle plus qu’elle n’osait l’admettre.

Ara, bordel, reprends toi ! Où est-elle donc, celle qui engueulait son amie comme autrefois ? Plus de ça ! Moins de poisson rouge croisé paillasson ! Une vie à regarder des séries et des films sur Terre lui avait appris que les enjeux étaient élevés lors de la première rencontre avec une ex. Certes, ce n’était pas avec des êtres éternels, et jamais qui que ce soit ne pourrait avoir la personnalité d’Autumn, mais tout de même !

— Ok, ok ! Tu as gagné ! Allons boire un verre !

Très bonne idée, quitte à se noyer dans quelque chose, autant que ce ce soit dans l’alcool. Pour sûr, cela lui remettrait les idées en place. Un Daquiri attendait déjà Autumn à leur table au X Factor. Ara lui lança un regard amusé, ses lèvres s’ourlant d’un sourire un peu narquois. Autumn n’avait pas attendu d’avoir des retrouvailles à célébrer pour se prendre un verre. La serveuse revint pour prendre sa commande.

— Rhum coca s’il-vous-plait. Oh, et une tournée de shots. Quelque chose qui brûle.

Elles avaient fait les quatre cents coups. Si seulement leurs anciens patients avaient sû la moitié de leurs activités nocturnes… On peut dire ce qu’on veut sur les anges, c’est Autumn qui lui avait appris ce qu’était vraiment une gueule de bois, comment s’en remettre et recommencer.

— Tu te balades toujours partout avec ta flasque ? demanda-t-elle, soudainement plus détendue à l’idée de l’état d'inhibition proche, en remontant ses cheveux humides dans un chignon négligé. Oui, son visage était maintenant dégagé, mais de toute façon, le plan distraction était parti en flamme.

Un côté de moi craignait le pire lorsque j’avais proposé ce verre à mon ancienne grande amie. Ara faisait partie de mon passé et sa présence m’avait sincèrement beaucoup manqué. Je savais qu’une fois le portail rouvert, que je pourrais la retrouver.. sauf qu’une partie de moi s’était retenue. Bien que je ne gardais aucune rancune envers elle – face à tout le drama qui s’était produit… autant face à ses révélations sur ses sentiments qu’à sa transformation en sirène et son allégeance pour Tharak. Cette entité démoniaque faisait partie du passé, alors c’était pareil pour moi. Je démontrais avec une énergie fulgurante mon excitation face à ce verre que je pourrais partager avec mon amie. « Oh ouiiiiiiiiiii ! Tu fais ma joie ma belle ! » Dis-je en touchant l’épaule d’Ara d’une main pour nous téléporter à nouveau sur la terrasse du X-Factor. Je ne lui avais pas demandé son avis, mais j’agissais comme bon me semblait comme toujours. Le serveur vint à notre rencontre et elle prit la commande de mon amie. Mon sourire explosait sur mon visage lorsque je l’entendis lancer une commande. « Oh que tu m’as manqué Ara-chérie ! Et tu me connais beaucoup trop bien. 40 ans, c’est rien au final. » Dis-je en rigolant. Je glisse une petite flasque de mon décolté que je pose sur la table. « Chuuuut. » Dis-je pour la ranger à sa place. De toute manière, on était dans un bar, on pourrait continuer à boire sans trop de retenue et … j’étais riche, donc aucun souci avec les finances. « Dit moi… vivre sur Terre, c’était comment ? Parce que oui, c’est ce que je suppose… plus de nouvelle de toi jusqu’à la réouverture du portail… c’est certain que tu étais là-bas hein… » Ajoutais-je en pinçant les lèvres, prête à entendre son histoire.

HRP:

La flasque, toujours là. De l’alcool à toute heure du jour et de la nuit. Cette excitation immodérée et contagieuse… Autumn était restait fidèle à elle-même. Les paroles de son amie résonnait encore dans son esprit… 40 ans, c’est rien au final…. L’ange lui avait réservé le même traitement quand elle était rentrée à l’époque, après Aedan, après quarante-six ans sur Terre. Ara avait eû le temps de vivre une vie complète, d’aimer, d’avoir des enfants et de les voir grandir, de voir la flamme des vies humaines vaciller… et Autumn était restée la même. Il était vraiment temps que ces shots arrivent, histoire qu’elle perde un peu pieds et se fonde enfin dans la fiesta éternelle qu’était l’ange.

« Dit moi… vivre sur Terre, c’était comment ? Parce que oui, c’est ce que je suppose… plus de nouvelle de toi jusqu’à la réouverture du portail… c’est certain que tu étais là-bas hein… »

Dure question. Étape indispensable de ces retrouvailles ? Quarante ans, pour un ange millénaire, ce n’était effectivement rien. Pour Ara, même avec déjà plus de trois-cents ans derrière elle, c’était beaucoup. Elle avait vu, vécu, et il s’en était passé des choses. Etait-elle la même personne que quand elle avait quitté Elvendyr ? Etait-elle seulement la même que quand elle était revenue la dernière fois ? Non. Indubitablement non. Et comment résumer cela ?

— Hm. Tu supposes bien. Je fais partie de la team qui s’est retrouvé coincée de l’autre côté. Mine de rien, on est beaucoup à être restés bloqués. Maintenant, hé, la planète bleu c’est la maison j'imagine.

Contrairement à Elvendyr. Qui n’était plus qu’un enfer palpitant et… La serveuse choisit exactement le bon moment, celui où Ara allait sombrer encore dans des pensées obscures, pour amener les shots. Ara s'en saisie immédiatement, presque pressée d'oublier.

— Allez, cul sec. A ta santé. A… Elle hésita un très court instant. Nos retrouvailles !

Un shot. Deux shot. La serveuse avait respecté les consignes : par l’eau sacré, ça brûlait ! Tout ne tarderait pas à aller mieux. Où en était-elle déjà ?

— Oui, donc. La Terre. Pendant un moment, on a essayé de rejoindre Elvendyr, de rouvrir la faille, mais en vain comme tu te doutes. Au bout d'un moment, j’ai pris un bateau et j’ai globalement fait le tour des océans et littoraux. J’ai fait pas mal d’humanitaire aussi. Tu savais qu’il y avait eu un gigantesque tremblement de terre au moment où… enfin, tu sais ? Bref, j’avais cette idée que peut-être les catastrophes naturelles sur Terre pouvaient être liées à des instabilités d’Elvendyr… Il fallait bien commencer quelque part de toute façon.  

Ara haussa les épaules. Elle y avait cru à cette théorie. Mais elle avait crû à beaucoup de choses, comme que les dieux avaient triomphé, qu'ils avaient guéris les hybrides, globalement que les conséquences de ses actions passées s'étaient vues lavées par le passage du temps.

—Je repassais régulièrement voir les visages familiers. Il y a quatre ans environ, j’ai décidé de m’installer à RevealDown pour quelques temps. Et… voilà. Je suis maître nageuse maintenant. Je passe mes journées à marcher dans le sable chaud, faire trempette, et réprimander des sales gosses qui se pensent cools.  Et mes nuits à boire et danser bien sûr. Ara afficha un léger sourire moqueur. Même si je n’ai toujours pas ma propre flasque.


Ara prit une gorgée de son rhum coca. Il était temps de retourner la courtoisie, de poser une question qui l'avait beaucoup turlupinée, dans sa curiosité morbide, et qui l'effrayait d'autre part.

— Et toi ? Elvendyr ?

Le passé, c’était le passé et je ne gardais aucune rancune envers mon ancienne copine. Nous nous amusions et j’appréciais de la retrouver. 40 ans, ça laissait en masse de temps pour laisser l’eau couler sous les ponts. Un shooter, deux shooters et je me sentais déjà fraiche et vivante. « Ah oui, ça doit être quand même effrayant de ne plus pouvoir rentrer… j’adore la Terre, j’aimerais même y vivre, mais de savoir que je ne puisse pas rentrer à Elvendyr, ça me ferait foutrement peur je crois. » Je lève les épaules comme pour m’aider à penser à autre chose, j’attrape un nouveau shooter et hop, disparue. Mon amie m’explique ensuite son parcours là-bas. Je pose mon menton sur le revers de mes jointures, écoutant avec le pétillant dans le regard les mésaventures de Ara. Tout ça, c’était vraiment intéressant et je ne m’attendais pas à ça en venant boire à Azuria aujourd’hui. « Ah oui ? Vous pensez sérieusement que les impacts météorologiques puissent avoir un lien avec les conflits de Elvendyr… c’est une théorie assez intéressante… parce que non, je n’étais pas au courant du tremblement de Terre qui a suivi la fermeture de la brèche. En tout cas, la chance, j'adore les clubs à Revealdown !!» Je ne savais pas comment réagir à cette nouvelle. J’imagine que ce ne fut pas facile pour les habitants d’Elvendyr. Pauvre eux… j’aurais aimé leur venir en aide à cette époque. Ara me retourna ensuite la question. Je marquais une pause pour réfléchir. « Hum… étrangement, ce n’est pas si mouvementé dans ma vie en 40 ans… ma petite sœur et mon fiancé sont restés coincés sur Terre… je n’ai jamais eu de leurs nouvelles… puis mon père… a été assassiné par un démon … ce fut assez difficile pour ma famille.. depuis ce temps-là, mon frère et ma mère semblent continuellement sur mon dos… reprendre l’entreprise familiale, c’est pas si facile que je ne l’aurais cru… » Je m’enfile un autre verre pour oublier, concluant par un petit rire pour détendre l’atmosphère.